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149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
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18 février 2022

Alexandre André Edmond Eugène de Parseval (1896-1918)

Alexandre de Parseval

 

Alexandre André Edmond Eugène de Parseval vient au monde le 29 janvier 1896, au domicile de ses parents, situé au numéro 1 de la rue du moulin de Saint-Étienne, à Senlis, dans le département de l’Oise.

 

Son père, Paul Édouard, est âgé 33 ans. Il vient tout juste d’être nommé capitaine, une promotion qui a entraîné son affectation au 153e R.I., en garnison à Toul, le 30 décembre 1895.

 

Sa mère, Léonie Marie Virginie Escallier, est âgée de 33 ans. Elle éduque déjà deux enfants. Les Parseval donneront encore la vie à trois garçons.

 

Genealogie famille de Parseval

 

Alexandre fait ses études au collège Stanislas à Paris. Devenu bachelier, il choisit de suivre les traces paternelles et celles de son frère aîné. Il tente le concours d’entrée de l’École spéciale militaire de Saint-Cyr. Le jeune homme est reçu aux épreuves écrites. Toutes les chances sont de son côté.

 

Mais les évènements internationaux qui aboutirent à la déclaration de guerre contre l’Allemagne en août 1914 empêchent les futurs admissibles de passer la 2e partie du concours qui ne put avoir lieu.

 

Tout comme ses camarades de la 99e promotion, ultérieurement nommée la Grande Revanche, Alexandre fut déclaré reçu au concours avec dispense des épreuves orales. Pour cause de conflit, les élèves de cette promotion n’auront pas la possibilité de suivre les premiers cours.

 

Le 2 février 1915, Alexandre de Parseval signe un engagement volontaire de 8 ans à la mairie de Châteauroux pour le 90e R.I. au titre de l’école spéciale militaire.

 

C’est en tant que simple soldat qu’il commence ses apprentissages sous l’uniforme à la caserne Bertrand. Alexandre devient élève aspirant après avoir passé des examens les 13 et 14 mars 1915. 

 

Il est nommé aspirant le 25 août, puis sous-lieutenant à titre temporaire le 26 octobre 1915. Le 2 novembre, il est affecté au 149e R.I., une unité dans laquelle sert déjà son frère aîné.

 

Pour en savoir plus sur Georges Joseph Roger de Parseval il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

Georges Joseph Roger de Parseval

 

Le 11 novembre, Alexandre reçoit l’ordre de se rendre sur la ligne de front. Une fois sur place, il lui est demandé de suivre le cours donné au chef de section, prévu au centre d’instruction du 21e C.A., pour parachever sa formation d’officier.

 

Le sous-lieutenant de Parseval effectue ce stage entre le 22 novembre et le 6 décembre 1915.

 

Le lieutenant-colonel Gothié, responsable du 149e R.I., lui confie ensuite le commandement d’une section de sa 5e compagnie. Alexandre n’a pas encore fêté ses 21 ans.

 

À  cette époque du conflit, le 149e R.I. occupe un secteur à proximité d’Aix-Noulette en Artois.

 

Le 31 décembre, Alexandre de Parseval est touché à l’oreille gauche et dans les jambes par plusieurs petits éclats d’obus. Les premiers soins lui sont donnés à l’ambulance de la 81e D.I., installée dans le secteur 104.

 

Le sous-lieutenant de Parseval est ensuite évacué par train sanitaire en direction de la Bretagne. Pris en charge par le personnel soignant de l’hôpital mixte de Lorient à partir du 5 janvier 1916, il reste dans cet établissement pendant 4 mois.

 

Sorti le 11 mai, il est envoyé au dépôt des convalescents de la sous-préfecture du Morbihan avant de partir se reposer à Marmande, entre le 13 mai et le 13 juin 1916.

 

Ce 13 juin, Alexandre de Parseval doit rejoindre le dépôt du 149e R.I.. Le retour au front n’est pas pour de suite.

 

Le 3 septembre, il fait un stage au centre des grenadiers de Langres. Alexandre rentre au dépôt le 13 septembre. Il part de nouveau en formation entre le 18 octobre et le 11 novembre 1916 pour suivre le cours de la série A, dans le centre de mitrailleurs de Chaumont.

 

Donnant pleine satisfaction à ses supérieurs, le jeune officier est maintenu au centre de mitrailleurs de Chaumont encore un mois en tant qu’instructeur auxiliaire pour le cours de la série B.

 

Le directeur du centre, le capitaine Péricot, l’évalue de la manière suivante : « C’est un excellent officier et un excellent instructeur. Très actif, très dévoué, très énergique et très discipliné. Il a de l’initiative, de la décision et beaucoup d’allant. Il a beaucoup travaillé et il s’est intéressé à l’instruction du personnel des équipes de son dépôt.

 

Excellente instruction technique, très bonne instruction pratique, très apte au commandement d’un peloton de mitrailleuses. »

 

Alexandre de Parseval retrouve le dépôt du 149e R.I. le 17 décembre 1916.

 

Le 2 janvier 1917, il est renvoyé dans une unité combattante du 149e R.I.. Cet officier fut intégré durant quelque temps à la 2e compagnie.

 

Le 20 février 1917, Alexandre de Parseval est affecté à la compagnie de mitrailleuses du 1er bataillon du régiment.

 

Il gagne ses galons de lieutenant en avril 1917.

 

Le capitaine Vial, le lieutenant Rejou et le sous-lieutenant de Parseval

 

Le lieutenant-colonel Boigues, responsable du 149e R.I. depuis le 12 mai 1917 note ceci dans le feuillet individuel de campagne du lieutenant de Parseval, à la date du 29 septembre 1917 : « Il a remplacé, pendant plusieurs semaines, son capitaine évacué pour maladie. Malgré son extrême jeunesse, il a su faire preuve d’une réelle autorité et d’une aptitude certaine au commandement. A de belles qualités morales. Actif et courageux. »

 

En février 1918, ce même officier supérieur écrit : «  Montre une maturité au dessus de son âge dans le commandement de sa compagnie de mitrailleuses qu’il dirige bien et avec autorité. Il s’est distingué le 23 octobre 1917 à la bataille de l’Aisne. Officier doué de belles qualités. »

 

Alexandre de Parseval est nommé dans le grade supérieur à titre temporaire à partir du 19 mai 1918.

 

Dix jours plus tard, il est blessé, touché par une balle au cours des combats qui eurent lieu dans le secteur de Cuiry-Housse, au sud-est de Soissons.

 

Pour en savoir plus sur la journée du 29 mai 1918, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

 

 

Les lieux d’hospitalisation et de convalescence où il fut soigné ne sont pas connus, tout comme la date de son retour au sein du régiment.

 

Le 26 octobre 1918, le capitaine de Parseval, qui commande la 3e compagnie du 149e R.I. depuis seulement 18 jours, est mortellement blessé par une balle reçue dans la poitrine. Il meurt aux alentours de 10 h 00, durant l’attaque de la Hunding-Stellung, près d’une carrière située à environ 400 m à l’ouest de Banogne.

 

Pour en savoir plus sur l’attaque de la Hunding Stellung, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

 

26 octobre 1918

 

Ce jeune capitaine allait bientôt fêter ses 23 ans. Il fut le dernier des officiers du 149e R.I. à être tué durant le conflit.

 

Les circonstances de sa mort sont évoquées dans un des carnets rédigés par l’aumônier Henry à plusieurs reprises. Voici ce que celui-ci a écrit :

 

Extrait du carnet pour la journée du 26 octobre 1918 

 

« …Le capitaine de Parseval est tué. Un blessé nous en apporte la nouvelle. Sa compagnie était la plus avancée ; il voulut se rendre compte de ses liaisons avec les compagnies voisines ; il se leva ; ce fut un geste malheureux ; vu, il fut aussitôt visé, atteint par une balle ; il tomba en criant : « A moi ! » et s’écroula sans pouvoir dire un mot.  « Nous perdons gros, s’il est vraiment tué ! » ajoute le blessé dont le chagrin est réel et profond.

 

Il était fort aimé de ses hommes ; il avait pour lui la séduction de la jeunesse, de la bravoure, du dévouement à ses hommes. Sa mort mettra en deuil le régiment tout entier qui était fier de ce capitaine de 22 ans. L’état-major, où sa place semblait marquée à côté de son frère, partagera ces regrets. Capitaine à 22 ans, deux fois blessés, intelligent, soldat de race, il voyait devant lui s’ouvrir l’avenir le plus brillant. C’était trop beau ! Dieu a coupé cette fleur brillante. Pauvre frère ! Pauvres parents ! »

 

Extrait du carnet pour la journée du 27 octobre 1918 

 

« … Le corps de ce pauvre de Parseval a été ramené dans la nuit. Une balle dans la poitrine cela a suffi. La mort n’a point défiguré cette figure qui a conservé sa jeunesse. Il faut, avant de l’emmener plus loin, prévenir son frère aîné, capitaine à l’Infanterie divisionnaire. C’est le Docteur Rouquier qui s’en charge. Scène pénible, toute en larmes. »

 

Extrait du carnet pour la journée du 28 octobre 1918 

 

L’aumônier Henry rapporte dans son journal une conversation qu’il a eue avec le général Michel, chef de la 43e D.I. à propos de la mort du capitaine de Parseval.

 

« Mon général, nous nous doutons bien que nous jugeons mal de l’opportunité ou de l’inutilité des efforts qui sont demandés et que les chefs ont des raisons qui nous échappent. Il n’en est pas moins vrai que quand le succès immédiat couronne leurs efforts, les soldats sont plus encouragés.

 

Les dernières affaires ont été coûteuses. Les pertes ont été sensibles peut-être plus encore par la qualité que par la quantité ! Ah oui ! reprend le général, il y a ce petit de Parseval ; c’est une perte douloureuse, oui, ce sont les plus courageux les meilleurs qui tombent !… Je n’ai pas été surpris… Il était marqué celui-là ! »

 

Le médecin aide major de 2e classe Raymond Bonnefous, ami du capitaine, évoque son ressenti, dans une lettre adressée à sa mère, datée du  29 octobre 1918.

 

«… Mon bataillon, qui avait fourni une compagnie d’attaque, a perdu son meilleur officier, le petit de Parseval (22 ans), tué d’une balle. Jamais la mort d’un officier ne m’a été aussi pénible. Pendant la dernière période de repos, où il nous avait rejoint, nous avions passé toutes nos journées ensemble, et nous nous entendions très bien. Ses hommes l’adoraient et il avait dans l’armée un très brillant avenir. »

 

Alexandre de Parseval est inhumé par les soins du G.B.D. de la 43e D.I. au cimetière militaire de la ferme du Tremblot, dans une sépulture portant le numéro 46.

 

Son corps a été restitué à la famille dans les années 20. Le nom du cimetière où il repose actuellement n’est pas connu.

 

Decoration capitaine de Parseval

 

Décorations obtenues :

 

Croix de guerre avec 3 palmes et une étoile d’argent

 

Cité à l’ordre de la 43e Division d’Infanterie n° 103 du 15 janvier 1916.

 

« Jeune officier, brave, énergique, plein d’allant, exemple de courage et d’abnégation pour ses hommes. Blessé le 31 décembre 1915 devant Angres en maintenant sa section sous un bombardement des plus violents. »

 

Cité à l’ordre de la VIArmée n° 27 en date du 30 novembre 1917.

 

« Jeune officier commandant la compagnie de mitrailleuses, d’une bravoure, d’un calme et d’un jugement remarquables. À l’attaque du 23 octobre 1917 est parti avec la première vague. Arrêté par un feu intense de mitrailleuses, a donné l’exemple de la plus belle bravoure, en commençant lui-même la progression, l’outil à la main pour la réduction de ses mitrailleuses. »

 

Cité à l’ordre de la VIArmée n° 604 en date du 15 juillet 1918.

 

« N’a pas hésité sous un feu violent de mitrailleuses à se porter en avant de la ligne pour reconnaître des emplacements de mitrailleuses. A été blessé au cours de cette mission en faisant preuve de la plus grande bravoure. »

 

Cité à l’ordre de la VArmée en date du 7 décembre 1918.

 

« Officier d’élite. Les 25 et 26 octobre 1918 a entraîné sa compagnie à l’assaut de positions puissamment défendues, exécutant une importante progression sous un feu de mitrailleuses et d’artillerie d’une violence inouïe. A été mortellement blessé, au moment où, parmi les éléments les plus avancés de sa compagnie, il observait le mouvement de l’ennemi. »

 

Pour visualiser la généalogie de cet officier, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

Geneanet

 

Pour prendre connaissance de la généalogie de la famille de Parseval, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

Les Parseval et leurs alliances - genealogie et souvenirs de famille - Copie

 

Sources :

 

Dossier personnel consulté au Service Historique de la Défense de Vincennes.

 

Fiche signalétique et des services lue sur le site des archives départementales de l’Indre.

 

« Livre d’or de la promotion de la Grande Revanche, Saint-Cyr 1914. »

 

Témoignage inédit de l’abbé Henry.

 

Correspondance inédite du médecin aide major de 2e classe Raymond Bonnefous.

 

 La carte avec les chars a été réalisée par « Tanker » un intervenant du forum « Pages 14-18 ».

 

La photographie de groupe présentée dans le 1er montage fait partie du fonds Raymond Bonnefous propriété de N. Bauer.

 

Le capitaine Alexandre de Parseval est évoqué dans le roman de Nathalie Bauer « Des garçons d’avenir » publié aux éditions Philippe Rey en 2011.

 

Contrôle nominatif du 4e trimestre 1915 du 149e R.I. des malades et des blessés traités dans les formations sanitaires détenu par les archives médicales hospitalières des Armées de Limoges.

 

Un grand merci à N. Bauer, à M. Bordes, à A. Carrobi, à J.L.Poisot, à M. Porcher, à la famille de Parseval, au Service Historique de la Défense de Vincennes et aux archives médicales hospitalières des Armées de Limoges.

11 février 2022

Gaston Edmond Viard (1888-1918)

Gaston Edmond Viard

 

Gaston Edmond Viard est né le 18 novembre 1888 à Saint-Didier, faubourg de Langres, au domicile parental, dans le département de la Haute-Marne.

 

Sa mère, Marie Reine Détourbet, est âgée de 25 ans. Elle vient de donner vie à son 2e fils. Son père, Alphonse Didier, a 35 ans. Alphonse et Marie travaillent tous les deux comme jardiniers.

 

Très bon élève, Gaston continue ses études jusqu’au lycée. Une fois son baccalauréat obtenu, ses parents l’inscrivent à l’institut national agronomique de Versailles où il suit les cours à partir de 1908.

 

La même année, le jeune homme est déclaré « bon pour le service armé ». Le fait de poursuivre des études supérieures lui octroie le droit de ne pas être incorporé avec les éléments de sa classe.

 

Le 2 avril 1909, le conseil de révision de la Haute-Marne lui accorde un sursis supplémentaire d’un an. Gaston devra effectuer ses obligations militaires à la fin de ses études.

 

Le 5 octobre 1910, il intègre le 149e R.I., une unité qui tient garnison à Épinal. Le nouveau conscrit est affecté à la 5e compagnie du régiment dès son arrivée à la caserne Courcy.

 

5e compagnie du 149e R

 

Il a deux ans de plus que la plupart de ses camarades de classe. Sa maturité et son niveau scolaire très élevé lui offrent la possibilité de suivre les cours du peloton d’instruction des élèves caporaux, grade qu’il obtient le 26 septembre 1911.

 

Gaston ne souhaite pas faire de carrière militaire. Il est envoyé dans la disponibilité de l’armée active le 25 septembre 1912, à la fin de ses deux années de service obligatoire. Une fois son uniforme restitué à l’habillement, il se retire à Brennes, où ses parents se sont installés depuis peu, avec son certificat de bonne conduite en poche.

 

Il passe avec succès le concours de vérificateur-rédacteur au crédit foncier de France. Devenu inspecteur à la division des prêts hypothécaires, il s’installe à Paris pour exercer ses nouvelles fonctions professionnelles.

 

L’équilibre politique européen est devenu instable après l’attentat de Sarajevo survenu le 28 juin 1914. Un conflit armé contre l’Allemagne est sur le point d’éclater à la fin du mois suivant.

 

Gaston Viard reçoit un ordre de mobilisation individuel à son domicile, situé au 29 avenue de Tourville, dans le 7e arrondissement. Il retrouve son ancien régiment le 1er  août.

 

Le caporal Viard reste au dépôt durant les 20 jours suivants. Il rejoint le régiment actif juste à temps pour participer aux combats dans le secteur de Menil-sur-Belvitte. Le 149e R.I. retraite, talonné par les Allemands.

 

Sa présence au front est de courte durée. Blessé par une balle reçue à la main droite le 25 août, il est évacué vers l’arrière pour être soigné à l’hôpital n° 57 de Saint-Amand-Montrond, dans le département du Cher.

 

Une fois rétabli, Gaston Viard est renvoyé au dépôt du 149e R.I. à la date du 30 septembre 1914. Les compagnies de dépôt ont été transférées depuis peu à Rolampont dans le département de la Haute-Marne.

 

Rolampont

 

Le caporal Viard ne rejoint pas la ligne de front avant plusieurs mois. Les documents consultés ne permettent pas de savoir ce qu’il a fait durant cette longue période. Ils nous informent simplement qu’il est de retour au régiment actif à la date du 21 mai 1915 pour être aussitôt affecté à la 3e compagnie.

 

Huit jours plus tard, le régiment attaque pour la énième fois dans le secteur d’Aix-Noulette. Gaston Viard est de nouveau blessé à la main droite. Cette fois-ci, il est touché par des éclats de bombe.

 

Comme le présume sa fiche signalétique et des services, il aurait probablement été soigné à proximité de la zone de front, ce qui laisserait supposer une blessure légère. La date exacte de son retour au régiment actif n’est pas connue.

 

Nous savons simplement qu’il occupe les fonctions de caporal fourrier à la 3e compagnie à la date du 23 juillet 1915, puis celles de sergent fourrier à partir du 9 octobre, dans la même unité.

 

Durant cette période, ses missions, plus proches de l’intendance que du Lebel, lui ont probablement offert une protection relative lorsque sa compagnie se trouvait en 1ère ligne, notamment en Artois en septembre 1915 et à Verdun en mars et en avril 1916.

 

Le 9 octobre 1916, Gaston Viard est de nouveau sergent de compagnie. Il prend le commandement d’une section de la 3e. Il n’attend pas bien longtemps pour se faire remarquer par ses supérieurs. Le 17, il est cité à l’ordre du régiment.

 

Le 1er décembre 1916, le sergent Viard est nommé sous-lieutenant à titre temporaire. Le lieutenant-colonel Pineau, responsable du 149e R.I. depuis la capture du lieutenant-colonel Gothié, lui confie le commandement d’une des sections de sa 2e compagnie à partir du 13. Dix jours plus tard, il rédige la note suivante dans le feuillet individuel de campagne du jeune sous-lieutenant :

 

« Venu des sergents du corps, s’est montré chef de section énergique, allant, solide, sur lequel on pouvait compter. A montré de réelles qualités militaires qui en feront, sans aucun doute, un excellent officier. »

 

L’année suivante, le 149e R.I. occupe plusieurs secteurs à proximité du chemin des Dames. La zone est très exposée, mais le régiment n’est pas engagé dans une grande offensive avant le mois d’octobre.

 

Le sous-lieutenant Viard est un officier fraîchement nommé, sorti du rang. Il doit être instruit à l’art du commandement. Envoyé en stages à plusieurs reprises, il effectue une 1ère période de formation sur le fusil mitrailleur du 12 au 20 février 1917, une seconde période de formation sur le fusil R.S.C. (Ribeyrolle Sutter Chauchat) du 19 avril au 26 avril puis une 3e période de formation sur les grenades du 12 au 21 juillet.

 

Gaston Viard est ensuite nommé responsable des cuisines et des voitures à eau. Il participe de manière indirecte à la bataille de la Malmaison du 23 octobre 1917.

 

Le 1er novembre 1917, le lieutenant-colonel Boigues écrit : « Rien n’a été modifié au jugement posé sur le sous-lieutenant Viard au semestre précédent. A pris la direction du T.C. à l’attaque du 23 octobre 1917. Il a très bien assuré ce commandement modeste, mais très délicat. »

 

Le 27 novembre 1917, Gaston Viard est de nouveau affecté à la 3e compagnie du 149e R.I..

 

Fin mai 1918, le 149e R.I. tente, avec toutes les unités des 4e et 43e D.I., de mettre fin à une vaste offensive allemande lancée sur le chemin des Dames, entre le moulin de Laffaux et la ville de Reims. Les combats sont rudes, mais l’attaque ennemie finit par être contenue. Le sous-lieutenant Viard est cité à l’ordre du corps d'armé.

 

Pour en apprendre davantage sur cette période, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

 

Arcy-Sainte-Restitue

 

Le 15 juillet 1918, les Allemands attaquent en Champagne dans le secteur du trou Bricot. Le 149e R.I. résiste sur sa position. Il est impossible de dire si le sous-lieutenant Viard a participé aux combats, ou non. Les informations fournies par sa fiche matricule et par son dossier individuel, ne permettent pas de le dire.

 

Le 11 septembre 1918, le capitaine Kaetzel écrit ceci sur son subordonné tout juste versé à la 7e compagnie: « Quoique n’ayant que depuis peu cet officier sous mes ordres, j’ai été à même de le juger très favorablement. Excellent officier, ayant une bonne instruction générale et une excellente éducation, très énergique, possède une grande autorité sur ses hommes. »

 

Le chef de bataillon Froment ajoute « Le lieutenant Viard paraît devoir faire un bon commandant de compagnie. Il suit dans ce but le cours fait au G.A.. Bonne éducation, belle conduite au feu. »

 

Gaston Viard est promu sous-lieutenant à titre définitif le 25 septembre.

 

Le sous-lieutenant Viard meurt à l’âge de 29 ans, dans la nuit du 24 au 25 octobre 1918, durant l’attaque de la Hunding-Stellung. Une rafale d’obus de gros calibres tombe près de lui. Son corps est criblé d’éclats. La mort est instantanée.

 

L’aumônier Henry évoque la fin de cet officier dans un de ses carnets.

 

« Le lieutenant Viard est tué ! Il a été tué hier, dans la nuit. Il fait partie des cinq signalés comme tués. Il paraît que son corps était tellement abîmé qu’il était complètement méconnaissable. Dieu l’accueille dans son saint Paradis ! J’aime à me rappeler que je l’ai vu à la messe le dimanche ; c’était un bon camarade et un chef sympathique. Je n’en ai entendu dire que du bien ; en plus, c’était un modeste. »

 

Gaston Viard est dans un premier temps inhumé par le  G.B.D. 43, dans la tombe n° 20 du petit cimetière construit à proximité de la ferme Tremblot.

 

Pour en apprendre davantage sur cette période, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

25 et 26 octobre 1918 bataille de la Hunding-Stellung

 

Le 4 juin 1920, il est exhumé puis déplacé au cimetière militaire de le Thour. Sa nouvelle sépulture est enregistrée sous le n° 568.

 

Le corps de Gaston Viard est à nouveau sorti de terre le 4 avril 1923. Cette fois-ci, il est définitivement enterré dans la nécropole nationale de Rethel dans une tombe portant le n° 2096.

 

 

Décorations obtenues 

 

Croix de guerre avec une palme, une étoile de vermeil, une étoile d’argent et une étoile de bronze.

 

Citation à l’ordre du régiment n° 267 en date du 1er novembre 1916 :

 

« Chef de section d’un sang-froid et d’un coup d’œil remarquables. Le 17 octobre 1916, la compagnie devant occuper, pendant la nuit, une position ennemie, a conduit sa section dans un ordre parfait et a su obtenir de ses hommes, le plus grand rendement dans l’organisation de la position. Blessé deux fois au cours de la campagne. »

 

Citation à l’ordre du 21e C.A. n° 211  en date du 9 juillet 1918 :

 

« Officier au front depuis le début, s’est toujours fait remarquer par son courage, notamment le 31 mai 1918, où il est resté sur une position pendant plus d’une heure, sous un feu très intense de mitrailleuses ennemies, criant à haute voix : ʺNous tiendrons jusqu’au bout. »

 

Citation à l’ordre de la division n° 362 en date du 14 août 1918 :

 

« Chargé avec sa section d’enlever un groupe de combat ennemi, s’est montré d’une bravoure et d’une conscience exemplaires en enlevant la position et s’y maintenant malgré les contre-attaques successives. »

 

Citation à l’ordre de l’armée (J.O. du 25 mars 1920) :

 

« Officier du plus beau courage. Au front depuis la guerre, s’est toujours fait remarquer par son entrain et sa bravoure au combat ; est tombé glorieusement le 25 octobre 1918, en se portant à l’attaque des positions ennemies. »

 

Chevalier de la Légion d’honneur à titre posthume (J.O. du 25 janvier 1920)

 

« Officier du plus beau courage, au front depuis le début de la guerre, s’est toujours fait remarquer par sa bravoure et son entrain au combat. Est tombé glorieusement, le 25 octobre 1918, en se portant à l’attaque des positions ennemies. A été cité. »

 

Monuments aux morts de Langres et de Brennes

 

Le sous-lieutenant Viard a son nom gravé sur les monuments aux morts de Langres et de Brennes. Il est également inscrit sur le monument aux morts de la colline des Fourches de Langres.

 

Pour prendre connaissance de la généalogie de la famille Viard, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

Geneanet

 

Gaston Viard  ne s’est pas marié et n’a pas eu de descendance.

 

Sources :

 

Dossier individuel consulté au Service Historique de la Défense de Vincennes.

 

La fiche signalétique et des services et l’acte de naissance du sous-lieutenant Viard ont été lus sur le site des archives départementales de la Haute-Marne. Son acte de décès a été visionné sur le site des archives de la ville de Paris.

 

Livre d’or « À la mémoire des anciens élèves et élèves de l’institut national agronomique morts pour la défense du sol français. »

 

Témoignage inédit de l'abbé Henry

 

Les clichés représentant les monuments aux morts de Langres et de Brennes proviennent du site « Mémorialgenweb ».

 

La photographie de la sépulture du sous-lieutenant Viard a été réalisée par J.F. Pierron.

 

Un grand merci à M. Bordes, à P. Baude, à A. Carobbi, à J.F. Pierron, à J.L. Poisot, à M. Porcher, au S.H.D. de Vincennes et aux archives départementales de la Haute-Marne.

21 janvier 2022

Maurice Henri Pichenet (1889-1961)

Maurice Henri Pichenet

 

Maurice Henri Pichenet voit le jour le 6 septembre 1889 au domicile parental, situé au n° 6 de la place de l’Hôtel de Ville, à Montigny-le-Roi, dans le département de la Haute-Marne. Son père, Paul Antoine Alexandre a 26 ans. Il travaille dans une épicerie.

 

Le 17 janvier 1889, cet homme s'est remarié avec Marie Cécile Desloges après les décès de sa première épouse et de son fils unique. Marie Cécile, également âgée de 26 ans, ne pratique pas d’activité professionnelle lorsqu’elle donne vie à son fils Henri. Le couple Pichenet n’aura pas d’autre enfant.

 

Montigny-le-Roi

 

La fiche signalétique et des services d’Henri Pichenet mentionne un degré d’instruction de niveau 3. La lecture, l’écriture et le calcul sont donc bien maîtrisés lorsqu’il quitte les bancs de l’école communale. Henri gagne ensuite sa vie comme épicier. 

 

L’année de ses vingt ans, il est déclaré bon pour le service armé par le conseil de révision réuni à la mairie de Montigny-le-Roi. Son départ pour la conscription est prévu en octobre 1910.

 

Incorporé au 149e R.I. d’Épinal, Henri Pichenet intègre la caserne Courcy le 4 octobre. Discipliné et bon soldat, il est encouragé par sa hiérarchie à suivre la formation des élèves caporaux. Il est promu dans ce grade le 26 septembre 1911. Un an plus tard, le chef d’escouade Pichenet retourne à la vie civile avec l’obtention de son certificat de bonne conduite.

 

En avril 1913, le jeune homme vit à Faverney, une petite commune située au nord de Vesoul.

 

L’année suivante, les relations avec l’Allemagne se dégradent à tel point que la  guerre ne peut plus être évitée. Comme des centaines de réservistes, Henri Pichenet doit rejoindre le dépôt du 149e R.I. le 3 août 1914.

 

Son registre matricule ne fournit pas les détails nécessaires à la bonne compréhension de son parcours de fantassin pour les premiers mois du conflit.

 

Malgré ce manque, nous supposons qu’il a participé à la presque totalité des combats effectués par son régiment entre le début des hostilités et la date de son retrait du front en mars 1915.

 

Henri Pichenet souffre de rhumatismes, une maladie probablement à mettre sur le compte des nombreux séjours effectués dans les tranchées humides et glaciales sur les fronts de Belgique et d’Artois.

 

Le 15 mars 1915, il est évacué à l’hôpital n° 25bis à Lyon. Une fois soigné, le caporal Pichenet est dirigé sur le dépôt de convalescence à partir du 29 juin 1915.

 

Trois jours plus tard, il est envoyé en congé de convalescence pour une durée de 15 jours. Le 18, c’est le retour au dépôt du 149e R.I..

 

Henri Pichenet rejoint la zone des combats le 2 octobre 1915 pour être versé à la 7e compagnie du 149e R.I.. Son régiment vient de subir d’énormes pertes après des attaques menées durant plusieurs jours dans le secteur du bois en Hache, en Artois.

 

Mars 1916, le régiment spinalien doit se rendre dans la Meuse. Les Allemands viennent de lancer une grande offensive commencée le 21 février. Ils veulent prendre la ville de Verdun.

 

Durant cette période de la guerre, les compagnies du 149e R.I. vont effectuer deux séjours distincts en 1ère ligne : le premier du 8 au 17 mars, le second, du 31 mars au 10 avril.

 

Henri Pichenet quitte la 7e compagnie au cours du 2e séjour pour être, temporairement, affecté à la 10e compagnie.

 

Le 4 avril 1916, le caporal Pichenet est blessé à proximité du fort de Vaux. Un éclat d’obus frôle la carotide avant de finir sa course à proximité de la clavicule. La mort est évitée de peu.

 

Pour en savoir plus sur les événements qui se sont déroulés au cours de cette journée, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante. 

 

 

Du 7 au 30 avril 1916, il est soigné à l’ambulance des armées n° 10/13. Henri Pichenet bénéficie ensuite d’un congé de convalescence d’une semaine.

 

De retour dans la zone des armées, il est nommé sergent le 19 juin 1916. Sa santé, devenue fragile, lui impose une évacuation à l’ambulance n° 12/1 à partir du 29 août 1916. Une longue période de soins commence.

 

Le sergent Pichenet est, dans un premier temps, pris en charge à l’hôpital n° 16 de Royallieu, près de Compiègne.

 

Le 1er octobre 1916, il est transféré à l’hôpital temporaire n° 54, au château de Beaudiment, dans le département de la Vienne.

 

Le 20 novembre 1916, le sous-officier est envoyé à l’hôpital temporaire n° 12 à Châtellerault. Deux jours plus tard, il obtient un congé de convalescence de 15 jours.

 

Le sergent Pichenet rentre au dépôt le 7 décembre 1916. À partir de cette date, il est impossible de reconstruire son parcours militaire.

 

Sa fiche matricule indique simplement une mutation au 146e R.I. à compter du  2 août 1918.

 

Combien de temps est-il resté au dépôt du 149e R.I. ?  A-t-il été affecté au C.I.D. de la 43e D.I. durant une longue période ? Est-il retourné dans le régiment actif ? Il est difficile de répondre à ces questions.

 

Le dépôt divisionnaire du  21e R.I. de Langres le met en congé illimité de démobilisation à partir du 5 août 1919.

 

Henri Pichenet entre au petit séminaire de Bourbonne-les-Bains juste après le conflit.

 

Il est maintenu au service armé avec un taux d’invalidé inférieur à 10 % pour troubles digestifs, suite à une décision prise par la commission de réforme de Chaumont réunie le 21 juin 1921.

 

Henri Pichenet n’est pas devenu prêtre. Le 7 juin 1927, il épouse Léontine Hélène Delacure à Langres. Le couple aura deux enfants.

 

Le 15 octobre 1930, l’ancien sergent du 149e R.I. passe dans la 2e réserve. Le 10 août 1934, il est inscrit, en tant que père de famille, dans la classe de mobilisation la plus ancienne de la 2e réserve (article 58 de la loi du 31 mars 1928).

 

Dégagé de toutes obligations militaires, il doit tout de même rester à la disposition du ministre de la guerre pour servir, en cas de nécessité, dans la défense passive.

 

Henri Pichenet a exercé les fonctions de secrétaire de la section cantonale des anciens combattants de Montigny-le-Roi durant plusieurs années.

 

Au début des années trente, Jacques Péricard, journaliste et écrivain français, souhaite rédiger un ouvrage consacré à la bataille de Verdun, uniquement construit à partir des témoignages d’anciens combattants. Le 4 octobre 1931, Henri Péchinet lui adresse le courrier suivant :

 

« Mon cher camarade,

 

J’ai lu à plusieurs reprises votre appel en faveur d’une « histoire de Verdun » écrite par les seuls anciens combattants. J’applaudis à votre initiative, mieux encore, je souscris à votre vœu.  C’est, sans doute, une bien faible contribution que la mienne. Je puis du moins affirmer que les deux récits, narrés bien simplement, que je vous communique, ont été vécus en mars-avril 1916, en des heures où l’on faisait bon marché de soi.

 

Si « Jacques des Gachons » dont j’envie tout à la fois et les œuvres et les contes alertes que publie « La Victoire » peut-être satisfait de mon petit grain de sable apporté à son édifice, c’est encore moi qui l’en remercierai. 

 

Agréez, mon cher camarade, l’expression de mes sentiments bien cordialement dévoués.

 

H. Pichenet ex-sergent du 149e R.I. »

 

Deux extraits de ses récits seront publiés dans l’ouvrage de Jacques Péricard.

 

Maurice Henri Pichenet décède le  30 janvier 1961 à Montigny-le-Roi.

 

Il a été décoré de la croix de guerre avec une étoile d’argent.

 

Citation à l’ordre de la division n° 437 en date du  4 mai 1916 :

 

« Pendant les combats d’avril 1916, sous un feu violent, a toujours conservé un sang-froid remarquable, et fait preuve de la plus belle bravoure. A puissamment contribué à la défense d’un ouvrage important où il fut blessé. »

 

Pour prendre connaissance de la généalogie de la famille Pichenet, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

Geneanet

 

Sources :

 

Les informations concernant ce soldat sont extraites de sa fiche signalétique et des services, de son acte de naissance et du registre de recensement de la ville de Montigny-le-Roi de l’année 1906. Tous ces documents ont été consultés sur le site des archives départementales de la Haute-Marne.

 

La lettre rédigée par Henri Pichenet à l’adresse de Jacques Péricard fait partie du fonds Péricard enregistré sous la  cote 179 J 78 aux archives départementales de Somme.

 

Archives départementales de la Somme

 

Le dessin a été réalisé par I. Holgado.

 

Un grand merci à M. Bordes, à F. Charpentier à A. Carrobi, à X. Daugy, à I. Holgado, à L. Klawinski,  aux archives départementales de la Somme et de la Haute-Marne et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

21 janvier 2022

Henri Léon Désiré Vichet (1890-1916)

Henri Leon Desire Vichet

 

Henri Léon Désiré Vichet voit le jour le 3 décembre 1890 à Pontarlier, dans le département du Doubs.

 

Son père, Louis Auguste, est âgé de 23 ans. Il travaille comme distillateur, probablement employé dans une des entreprises fabriquant de l’absinthe. Sa mère, Élisabeth Platel, a 24 ans. Elle n’exerce pas d’activité professionnelle.

 

Une sœur naît en 1892.

 

Genealogie famille Vichet

 

Henri est un élève brillant. Il poursuit sa scolarité bien au-delà de l’école obligatoire. Son registre matricule indique un degré d’instruction de niveau 5, ce qui signifie qu’il est détenteur d’un baccalauréat ; il a obtenu ce diplôme après avoir fréquenté le lycée Carnot de Dijon.

 

Henri Vichet quitte la préfecture de la Côte-d’Or pour poursuivre des études de médecine à l’école de Besançon.

 

Ecole de medecine de Besançon

 

Lorsque le temps des obligations militaires arrive, il se retrouve classé dans la 7e catégorie de la classe 1911. Il peut poursuivre ses études en toute tranquillité.

 

Henri Vichet n’en a pas tout à fait terminé avec sa formation de médecin lorsque l’ordre de mobilisation générale est placardé dans toutes les communes de France, en août 1914.

 

Cet étudiant aux 14 inscriptions (7 années d’études validées) a obligation de rejoindre le dépôt du 149e R.I. le 22 août 1914. Une fois sur place, il est habilité à exercer les fonctions de médecin auxiliaire.

 

Henri Vichet n’a pas reçu de formation militaire. Il est donc invité à rester à l’arrière durant plusieurs semaines.

 

Le jeune homme quitte le dépôt le 30 octobre 1914, avec un petit groupe constitué de cinq officiers, de 18 sous-officiers et d’un soldat. Le 1er novembre, il intègre l’équipe médicale du 1er bataillon du régiment actif installé dans le secteur de Notre-Dame-de-Lorette, en Artois.

 

Ses nouvelles missions sont multiples. Sous l’autorité directe du médecin aide major du bataillon, il se préoccupe de la santé de plusieurs centaines de soldats. Il est chargé des vaccinations, des problèmes d’hygiène. Il veille à ce que les hommes reçoivent, le plus souvent possible, une nourriture correcte. 

 

Les 2e et 3e bataillons sont envoyés en Belgique peu de temps après son arrivée au régiment actif. Le 1er bataillon reste en Artois avant de les rejoindre à la fin du mois de novembre. 

 

L’ensemble du régiment réintègre le secteur de Notre-Dame-de-Lorette à la fin de l’année 1914. Il y restera jusqu’en décembre 1915.

 

Lorsque son régiment est en 1ère ligne, Henri Vichet travaille au poste de secours le plus proche du bataillon pour donner les premiers soins aux blessés. Combien en a-t-il sauvé sur le front d’Artois ? Probablement des dizaines.

 

Le 18 juillet 1915, il est légèrement blessé à la main gauche par un éclat d’obus.

 

Le 13 novembre 1915, Henri Vichet est promu médecin aide-major de 2e classe. Ce changement de grade lui permet de toucher la solde d’un sous-lieutenant.

 

Le 2 janvier 1916, il est muté au 2e bataillon du régiment, sous les ordres du commandant Schalck.

 

Deux mois plus tard, le 149e R.I. est en partance pour Verdun. Les Allemands viennent de lancer une vaste offensive nécessitant l’intervention de nombreuses unités. Il faut à tout prix contenir l’attaque ennemie pour empêcher la prise de la ville.

 

Pour en apprendre davantage sur cette période, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

 

Verdun 30 mars 1916

 

Henry Vichet est tué le 30 mars 1916, suite à l’explosion d’une bombe lâchée par un avion ennemi alors que son régiment était au repos.

 

Certains papiers officiels laissent supposer un décès à l’ambulance n° 3/70 installée à Dugny. La réalité semblerait être toute autre. Les circonstances de la mort de ce médecin sont évoquées de manière très détaillée dans deux témoignages rédigés par des anciens du 149e R.I.. 

 

Le premier, rédigé par L’abbé Henry, aumônier à la 43e D.I., dit ceci :

 

« Le 149, hier également à Dugny, a reçu des bombes d’aéros : Vichet tué, et avec lui, au moins 40 soldats. Vichet était à table dans la salle au 1er. L’éclat d’obus est entré par la fenêtre et est venu lui emporter la tête. Mon Dieu que tout cela est navrant… »

 

Le second, écrit par Henri Pichenet, caporal au 149e R.I., est encore plus explicite.

 

« Dans la salle du premier étage d’un immeuble voisin, où le commandant Schalck, entouré de ses cadres, prend son repas, un éclat est rentré. Il a frappé Vichet, notre major, à la nuque, l’a décapité et a projeté sa matière cérébrale sur tous les convives… »

 

Ces deux extraits établissement de manière certaine et concordante une mort instantanée.

 

Le chef de bataillon Magagnosc, qui assure le commandement par intérim du 149e R.I. depuis la blessure du lieutenant-colonel Abbat, rédige la note suivante dans le feuillet individuel de campagne du médecin aide-major de 2e classe Vichet :

 

« Tué à Dugny par une bombe d’avion ennemi le 30 mars 1916. Médecin très consciencieux, très dévoué, ayant une haute conception de son devoir. S’est fait remarquer maintes fois par sa bravoure, notamment le 9 mai 1915, à Notre-Dame-de-Lorette Il était très estimé, très aimé de tous pour ses belles qualités militaires et professionnelles. »

 

Décorations obtenues : 

 

Croix de guerre avec une palme et une étoile d’argent.

 

Citation à l’ordre de la division  n° 56 en date du 25 mai 1915 :

 

« Dévouement remarquable et inlassable dans la recherche et le transport des blessés, particulièrement au cours des combats du 9 et 13 mai, n’hésitant pas à transporter lui-même, sous un feu des plus vifs, les officiers et hommes blessés. »

 

Citation à l’ordre de l’armée  n° 139 en date du 1er mai 1916 :

 

« Au front depuis le 1er novembre 1914, a pris part, d’abord comme médecin auxiliaire, puis comme médecin aide-major à tous les combats livrés par le régiment et s’est, en toutes circonstances, fait remarquer par le zèle et le dévouement les plus absolus dans les soins qu’il a pratiqués aux blessés jusqu’en première ligne. A notamment assuré d’une façon remarquable, pendant la période du 8 au 17 mars 1916, l’évacuation de tous les blessés, malgré les rafales d’un bombardement les plus violents. Avait été blessé une première fois en juin 1915, a été tué par une bombe d’avion ennemi le 30 mars 1916. »

 

(La date de sa blessure indiquée dans cette citation n’est pas identique à celle relevée dans son dossier individuel disponible au S.H.D. de Vincennes.)

 

Le médecin aide-major de 2e classe Vichet a été fait chevalier de la Légion d’honneur à titre posthume (J.O. du 17 octobre 1919).

 

Henri Vichet ne s’est pas marié et n’a pas eu de descendance. Il repose actuellement dans le cimetière communal de Pontarlier.

 

 

Le nom de ce médecin est inscrit sur le monument aux morts et sur la plaque commémorative de l’église Saint-Bénigne de Pontarlier, sur la plaque commémorative 1914-1918 de l’ancienne école de médecine et de pharmacie de Besançon et sur le monument aux morts du lycée Carnot de Dijon.

 

Monuments aux morts et plaques commémoratives portant le nom de Henri Vichet

 

Sources :

 

Dossier individuel consulté au Service Historique de la Défense de Vincennes.

 

La fiche signalétique et des services du médecin aide major de 2e classe a été lue sur le site des archives départementales du Doubs.

 

Le portrait du médecin aide-major de 2e classe Henri Vichet provient du tableau d’honneur de la guerre 14-18, publié par la revue « l'illustration ».

 

La photographie de la sépulture de cet officier à été réalisée par P. Baude.

 

La carte postale représentant l’école de médecine et de pharmacie de Besançon provient du site « Ville de Besançon, mémoire vive, patrimoine numérisé de Besançon ».

 

Site memoire vive patrimoine numerise de la ville de Besançon

 

Les circonstances de la mort du médecin aide major de 2e classe Vichet sont extraites d’un carnet inédit rédigé par l’abbé Henry, aumônier à la 43e D.I., propriété de J.L. Poisot, et du témoignage inédit rédigé par Henri Pichenet déposé aux archives départementales de la Somme en 2018. Fonds Péricard Cote 179 J 91.

 

Archives départementales de la Somme

 

Les clichés représentant le monument aux morts et la plaque commémorative de l’église Saint-Bénigne de Pontarlier, de la plaque commémorative de l’école de médecine et de pharmacie de Besançon, du monument aux morts du Lycée Carnot de la ville de Dijon ont été trouvés sur le site de « Mémorialgenweb ».

 

Un grand merci à M. Bordes, à F. Charpentier à A. Carobbi, à X. Daugy, à L. Klawinski, à M. Porcher, à J.L. Poisot, au Service Historique de la Défense de Vincennes et aux archives départementales du Doubs et de la Somme.

7 janvier 2022

Gaston Samuel (1881-1918)

Gaston Samuel

 

Gaston Samuel voit le jour le 7 octobre 1881, à Baccarat, une ville située à l’extrême sud du département de la Meurthe-et-Moselle. Son père, Prosper, alors âgé de 29 ans, exerce le métier de commerçant. Sa mère, Caroline Alexandre, a 31 ans. Elle ne pratique pas d’activité professionnelle. Gaston est le second enfant du couple. Une sœur, prénommée Fernande, est née l’année précédente. Un frère, André, viendra au monde en 1884.

 

Genealogie famille Samuel

 

Le jeune Gaston quitte l’école communale avec un degré d’instruction de niveau 3. Il maîtrise parfaitement la lecture, l’écriture et le calcul lorsqu’il rejoint le milieu du travail.

 

En 1901, ses parents vivent alors à Rambervillers. Le registre de recensement correspondant à cette année nous apprend que son père était marchand de bestiaux.

 

Comme pour la quasi-totalité des registres matricules du bureau de recrutement du département des Vosges, il n’y a aucune inscription enregistrée dans la case « détail des services et mutations diverses » sur la fiche signalétique et des services de Gaston Samuel. Cette absence de renseignements rend impossible la reconstruction de son parcours militaire.

 

Nous savons simplement qu’il a été déclaré « bon pour le service armé » par le conseil de révision qui s’est réuni à la mairie de Rambervillers l’année de ses vingt ans.

 

Gaston a probablement effectué ses obligations militaires durant l’année 1902, puis quitté la caserne trois ans plus tard, avec l’obtention de son certificat de bonne conduite. C’est tout ce que nous pouvons dire concernant cette période.

 

De retour à la vie civile, il retrouve son poste d’employé de commerce.

 

Le 1er août 1914, la France rappelle ses réservistes. Un nouveau conflit contre l’Allemagne est sur le point d’éclater. Les classes en âge de revêtir l’uniforme ont ordre de rejoindre leurs dépôts d’affectation, ce qui est le cas de Gaston Samuel.

 

Comme il a été dit précédemment, sa fiche matricule reste obstinément muette sur son vécu de soldat.

 

Il est donc impossible de dire quoi que ce soit sur ce qu’il a fait durant les premières années du conflit. Était-il déjà caporal au moment de la mobilisation, un grade qu’il aurait pu obtenir durant sa conscription ? Rien dans les documents disponibles ne permet de répondre à cette question.

 

Le texte qui accompagne sa Médaille militaire nous apprend qu’il a été blessé entre le début des hostilités et le mois d’avril 1917. Il n’y a pas plus de précision sur cette blessure.

 

En effet, son nom ne figure sur aucun état des pertes du 149e R.I. couvrant la période d’août 1914 à septembre 1915. Il n’est pas plus inscrit dans les registres des contrôles nominatifs des malades et des blessés traités dans les formations sanitaires de ce régiment ; ces registres sont détenus par les archives médicales hospitalières des armées de Limoges. Cela voudrait-il dire qu’il servait dans un autre régiment avant cette blessure ? C’est une éventualité.

 

Mais où et quand a-t-il été blessé ? Encore un blanc dans son parcours qu'un document permettra peut-être un jour de combler.

 

Une citation à l’ordre du 149e R.I. gagnée en septembre 1916 lui accorde le droit de porter la croix de guerre. Cette citation valide sa participation aux combats menés par ce régiment dans la Somme. Sa présence dans ce département, en tant que sous-officier, est confirmée par le texte qui accompagne sa Médaille militaire obtenue quelques mois plus tard.

 

Mais à quelle période a-t-il été nommé sergent ? L'absence de sources empêche de le savoir.

 

Le 10 avril 1917, un groupe de sous-officier du 149e R.I. est photographié loin de la zone des combats.

 

Les sous-officiers de la 10e compagnie du 149e R

 

Grâce au livre de Francis Barbe « Et le temps, à nous, est compté », il est tout à fait réaliste d’associer un visage à un nom pour ce cliché. Un tirage similaire, reproduit à la page 179 de l’ouvrage, est accompagné des 17 noms des hommes représentés. Le sergent Samuel est dans la liste. Tous ces sous-officiers appartiennent à la 10e compagnie.

 

À quel moment le sergent Samuel a-t-il été affecté dans cette compagnie ? Il n’est pas possible de répondre à cette interrogation.

 

Le régiment qui a pour devise « Résiste et mord » occupe plusieurs secteurs particulièrement exposés, à proximité du chemin des Dames. Mais il ne sera pas engagé avant l’offensive de la Malmaison du 23 octobre 1917.

 

Le sergent Samuel a-t-il participé à cette attaque ? Il est difficile de l’affirmer.

 

Un acte de décès permet de retrouver sa trace à la fin de l’année 1917.

 

Gaston Samuel est témoin de la mort accidentelle du 1ère classe Claude Luc survenue le 26 décembre 1917. La lecture de l’acte de décès de ce soldat nous apprend qu’il servait à la 12e compagnie du 149e R.I., une compagnie non combattante rattachée au centre d’instruction de la 43e D.I. le jour de sa disparition. Même si nous n’en connaissons pas les raisons, cette information est d’une grande importance, puisqu’elle confirme la présence du sergent Samuel au sein du C.I.D. à cette période de la guerre.

 

Le sergent Samuel est ensuite affecté au 31e B.C.P. puis au 67e R.I.. À quel moment et pour quel motif a-t-il été affecté dans ces unités ? Il est impossible de donner une réponse satisfaisante à ce questionnement.

 

Gaston Samuel est tué en Belgique le 8 novembre 1918 près du village de Zingem, que l'on trouve parfois écrit "Synghem". 

 

Un article de presse, publié dans le journal « le télégramme des Vosges », nous indique que le corps de ce sous-officier a été rapatrié par convoi ferroviaire à Rambervillers le 4 juillet 1922.

 

Le nom du sergent Samuel est gravé sur la plaque commémorative de la Synagogue de Saint-Dié-des-Vosges. Il n'est pas inscrit sur les monuments aux morts de sa ville de naissance (Baccarat), de sa ville de résidence (Saint-Dié-des-Vosges), et encore moins sur celui de Rambervillers où son corps repose. 

 

Les décorations du sergent Samuel

 

Décorations obtenues :

 

Croix de guerre avec une étoile de bronze :

 

Citation à l’ordre du régiment du 26 septembre 1916 :

 

« A, par beaucoup d’initiative et de dévouement, aidé son chef de section dans l’organisation des positions conquises. A fait preuve d’un grand courage. »

 

Médaille militaire (J.O. du 24 avril 1917) :

 

« Sergent de la territoriale au 149e R.I.. Sous-officier dévoué et brave qui s’est distingué, comme chef de demi-section aux attaques de septembre 1916.  Une blessure (a déjà été cité). »

 

Le fil conducteur reliant la fiche individuelle figurant sur le site « Mémoire des hommes » à la fiche matricule et au portrait de la photographie a été très difficile à établir. Les citations trouvées dans le livre d’or des Israélites dans l’armée française, la lecture du registre matricule de son frère André, souffrant également d’une très forte myopie et l’acte de décès du soldat Luc, ont beaucoup aidé à tisser le lien identitaire.

 

La destruction intégrale des registres d’état civil de la ville de Saint-Dié-des-Vosges, durant le 2conflit mondial du XXe siècle, ajoute un blanc supplémentaire à l’histoire du sergent Samuel. Une recherche généalogique approfondie est inenvisageable. Gaston Samuel a-t-il été marié ? A-t-il eu une descendance ? Il est impossible de le dire.

 

Sources :

 

Fiche signalétique et des services du sergent Samuel lue sur le site des archives départementales des Vosges.

 

Livre d’or des Israélites dans l’armée française.

 

« Et le temps, à nous, est compté » Lettres de guerre 1914-1919. Albert Marquand, présentation de Francis Barbe, postface du général André Bach. C'est-à-dire Éditions mille mots chuchotés. 2011.

 

La photographie de groupe représentant les sous-officiers de la 10e compagnie du 149e R.I. provient du fonds Gérard (collection personnelle).

 

Un grand merci à M. Bordes, à R. Mioque, à A. Samuel, à F. Barbe, à A. Carobbi, à O. Gaget, à T. Vallé, aux archives départementales de la Meurthe-et-Moselle et des Vosges  et au Service Historique de la Défense de Vincennes.  

17 décembre 2021

Émile Auguste Nicolas Chevalier (1894-1918)

Emile Auguste Nicolas Chevalier

 

Émile Auguste Nicolas Chevalier naît le 26 novembre 1894, à Corgirnon, une petite commune du département de la Haute-Marne. Il voit le jour dans la maison de ses grands-parents maternels où vivent également ses parents.

 

Sa mère, Marie Louise Voirey, est âgée de 33 ans. Elle n’exerce pas d’activité professionnelle. Son père, Auguste Alexandre, a 29 ans. Il travaille comme cultivateur.

 

Une sœur naît le 21 février 1901. Le couple Chevalier n’aura pas d’autres enfants.

 

Le nom du père n’est pas inscrit sur le registre de recensement de l’année 1901, au domicile des grands-parents maternels. Seuls y figurent ceux de son épouse et de ses deux enfants. Nicolas, le grand-père, ancien cultivateur, est devenu propriétaire exploitant. En 1906, cet homme, qui a perdu son épouse, est devenu trop vieux pour exploiter ses terres. Il les confie à son gendre, Auguste Alexandre. Malgré son âge, Nicolas continue de gagner sa vie comme ouvrier agricole.

 

La fiche matricule d’Émile Auguste Nicolas Chevalier indique un degré d’instruction de niveau 3. Il sait correctement lire, écrire et compter lorsqu’il quitte l’école communale.

 

Sur les traces de son grand-père maternel et de son père, Émile devient à son tour ouvrier agricole en travaillant sur l’exploitation familiale.

 

Corgirnon

 

Émile Chevalier fête ses 20 ans en 1914. C’est l’année où il doit se présenter devant le conseil de révision. Déclaré apte aux obligations militaires, il devrait normalement commencer sa conscription en octobre. Mais la situation européenne, de plus en plus tendue, en décidera autrement. Un nouveau conflit armé contre l’Allemagne débute en août 1914. La classe d’Émile se retrouve appelée par anticipation. Le jeune conscrit reçoit sa feuille de route peu de temps après le début des hostilités.

 

Elle lui impose une présence au dépôt du 149e R.I. pour le 1er septembre 1914. Ce dépôt, initialement implanté à Épinal, a été déplacé à Jorquenay à partir du 4 août.

 

Les cantonnements sont trop exigus pour accueillir les nouveaux arrivants. Le logement chez l’habitant n’est plus possible. Il faut prévoir un nouveau déplacement du dépôt. Celui-ci a lieu le 21 septembre. Les hommes s’installent à Rolampont, une petite commune située au nord-ouest de Jorquenay.

 

Les conditions de vie sont éprouvantes. La formation militaire est accélérée. Il faut envoyer tous les hommes de la classe 1914 sur la ligne de front au plus vite et avec un minimum d’instruction militaire.

 

En novembre 1914, Émile Chevalier, rejoint le régiment actif avec un renfort de jeunes soldats. Il est affecté à la 10e compagnie qui vient de subir d’importantes pertes ; ces pertes ont eu lieu au cours d’un combat mené dans le secteur de Wytschaete le 5 novembre.

 

Fin décembre, le 149e R.I. quitte la Belgique. Il s'installe en Artois près de Notre-Dame-de-Lorette, un secteur qu'il occupera jusqu'au mois de décembre 1915.

 

La fiche matricule d'Émile Chevalier nous apprend qu’il devient soldat de 1ère classe le 13 février 1915 avant d'être nommé caporal le 14 mai 1915.

 

Le jeune homme est touché par un éclat d’obus en juillet 1915. Il est noté sur sa fiche signalétique et des services qu’il a été blessé le 15.

 

Le contrôle nominatif du 3e trimestre 1915 du 149e R.I. ( concernant les malades et les blessés traités dans les formations sanitaires ) indique la date du 13 juillet. Son nom n’apparaît pas, sur les listes de juillet, dans l’état des pertes du 149e R.I..

 

Pris en charge par l’ambulance 2/66 du 21e C.A., Émile est envoyé vers l’arrière pour y subir les soins appropriés.

 

La date de son retour dans la zone des armées n’est pas connue. Il est donc impossible de retracer son parcours de combattant durant une longue période. A-t-il participé à la bataille de Verdun en mars-avril 1916 ? Difficile de l’affirmer !

 

Nous savons simplement que le caporal Chevalier a été nommé sergent le 19 septembre 1916, peu de temps après la reprise du village de Soyécourt, dans le département de la Somme.

 

Une photographie réalisée le 10 avril 1917 dans le Haut-Rhin, près de Belfort, confirme toujours sa présence au sein des sous-officiers de la 10e compagnie du 149e R.I..

 

Les sous-officiers de la 10e compagnie du 149e R

 

Le même cliché figure à l’intérieur de l’ouvrage de Francis Barbe « Et le temps, à nous, est compté » à la page 179. Tous les sous-officiers représentés y sont clairement identifiés.

 

Quelques semaines plus tard, la 10e compagnie est en 1ère ligne du côté d’Aizy-Jouy, à proximité du chemin des Dames. La zone est dangereuse. Elle est régulièrement exposée aux tirs de l’artillerie allemande.

 

Le sergent Chevalier participe à la bataille de la Malmaison. Le 23 octobre 1917, sa compagnie est envoyée en tête d’attaque avec le reste du 3e bataillon dans la 2e phase de l’opération, après avoir été en soutien d’offensive durant la 1ère phase. Il reçoit une citation à l’ordre de la division pour ses actions au feu.

 

Pour en apprendre davantage sur cet évènement, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

 

 

Le 15 juillet 1918, les Allemands attaquent en Champagne dans le secteur du trou Bricot. Le 149e R.I. défend fermement sa position.

 

Le sergent Chevalier manque à l’appel du soir. Personne ne l’a vu tomber sur le champ de bataille. Les deux témoins nécessaires à la validation administrative de sa mort ne se présenteront pas devant l’officier d’état civil chargé de l’enregistrement des décès. Émile Chevalier a probablement été inscrit comme disparu dans les listes des pertes du 149e R.I. pour cette journée.

 

La famille, ne recevant plus de nouvelles, s’inquiète fortement. Elle entreprend des démarches auprès des instances officielles pour tenter d’en savoir plus. Les parents espèrent leur fils en captivité. Le retour fait par le Comité international de la Croix rouge n’est pas rassurant. Il n’y a aucun prisonnier répondant au nom d’Émile Auguste Nicolas Chevalier enregistré sur les listes des prisonniers en Allemagne.

 

 

Le 11 novembre 1921, le tribunal de Langres officialise le décès du sergent Chevalier en le déclarant « mort pour la France » à la date du 15 juillet 1918.

 

Émile Chevalier ne s’est pas marié et n’a pas eu de descendance.

 

Il n’a pas été retrouvé de sépulture individuelle militaire à son nom.

 

Le sergent Chevalier a été décoré de la croix de guerre avec une étoile de vermeil, une étoile d’argent et une étoile de bronze.

 

Citation à l’ordre du régiment n° 257 en date du 11 juillet 1915 :

 

« A, par beaucoup d’initiative et de dévouement, aidé son chef de section dans l’organisation des positions conquises, a fait preuve d’un grand courage. »

 

Citation à l’ordre de la 43e D.I. n° 267 en date du 27 novembre 1917 :

 

« Sous-officier très brave, a brillamment entraîné sa troupe à l’assaut d’une position très fortement organisée. Une blessure, une citation. »

 

La Médaille militaire lui a été attribuée à titre posthume. Cette décoration donne également droit au port d’une étoile de vermeil sur sa croix de guerre (publication dans le J.O. du 4 janvier 1923).

 

L’acte de décès de ce sous-officier a été transcrit le 18 novembre 1921 à la mairie de Corgirnon.

 

Monument aux morts, calvaire et monument commémoratif de l'église de Corgirnon

 

Le nom de cet homme a été inscrit sur le monument aux morts, sur le calvaire placé à l’intérieur du cimetière et sur le monument commémoratif de l’église de la commune de Corgirnon.

 

La généalogie de la famille Chevalier est consultable sur le site « Généanet ».

 

log geneanet

 

Sources :

 

La Fiche signalétique et des services du sergent Chevalier et les registres de recensements des années 1896, 1906, 1911 et 1921 de la commune de Corgirnon ont été consultés sur le site des archives départementales de la Haute-Marne.

 

Contrôle nominatif du 3e trimestre 1915 du 149e R.I. des malades et des blessés traités dans les formations sanitaires détenu par les archives médicales hospitalières des Armées de Limoges.

 

La photographie de groupe est extraite du fonds Gérard (collection personnelle).

 

« Et le temps, à nous, est compté » Lettres de guerre 1914-1919. Albert Marquand, présentation de Francis Barbe, postface du général André Bach. C'est-à-dire Éditions mille mots chuchotés. 2011.

 

Un grand merci à M. Bordes, à R. Mioque, à F. Barbe, à A. Carobbi, T. Vallé, aux archives départementales de la Haute-Marne, au Service Historique de la Défense de Vincennes et aux archives médicales hospitalières des Armées de Limoges. 

19 novembre 2021

Jules Georges Hippolyte Robinet (1889-1973)

Jules Georges Hippolyte Robinet

 

Enfance et adolescence

 

Jules Georges Hippolyte Robinet est né le 12 août 1889 à Rasey, une petite bourgade rattachée à la commune de Xertigny, dans le département des Vosges. Son père, Hippolyte Jean Baptiste, âgé de 33 ans, travaille comme cordonnier. Sa mère, Marie Julie Léonie Ferry, exerce le métier de couturière. Elle a 23 ans.

 

Le couple Robinet donne vie à deux autres enfants, un garçon né en 1890 et une fille née en 1898. Hippolyte Jean Baptiste délaisse son métier de cordonnier pour celui d’épicier, un emploi qu’il exercera quelque temps avant de devenir cultivateur.

 

Rasey

 

La famille Robinet n’est pas enregistrée dans le registre de recensement de la commune de Xertigny  en 1906.

 

Georges termine sa scolarité avec un degré d’instruction de niveau 3. Il sait parfaitement lire, écrire et compter. Détenteur du certificat d’études primaires, l’adolescent n’a pas la possibilité de poursuivre des études. Il doit rapidement gagner sa vie  en allant  travailler à la ferme.

 

Attiré très jeune par l’uniforme, il rêve de s’engager dans un régiment de Spahi. Son père ne veut pas en entendre parler. Très respectueux de l’autorité paternelle, Georges attendra d’être appelé sous les drapeaux pour franchir le seuil d’une caserne.

 

L’année de ses 20 ans, il se présente devant le conseil de révision qui se réunit comme chaque année à la mairie de Xertigny. En pleine forme physique et ne présentant pas d’anomalie particulière, le médecin le déclare « bon pour le service armé ».

 

De la conscription à l’engagement

 

Le 3 octobre 1910, Georges est à Épinal, incorporé à la 4e compagnie du 149e R.I..

 

Le 20 octobre 1910, il est admis au peloton d’instruction pour devenir caporal. L’accès rapide à cette formation est probablement lié au fait qu’il est détenteur du certificat d’études primaires.

 

Le 4 février 1911, il épouse, à Rasey-Xertigny, Marie Augustine Baudoin avec qui il aura trois enfants.

 

Travailleur assidu, Georges Robinet se retrouve classé 3e sur 64 élèves caporaux au mois de mars 1911. Le jeune homme est titularisé dans le grade de caporal le 11 avril. Son instruction militaire prend fin le 20 septembre 1911. Six jours plus tard, il est nommé sergent.  

 

Georges Robinet reçoit pendant son service actif, l’instruction des mitrailleuses de place en tant qu’adjoint de chef de section.

 

Quelques négligences lui valent d’être puni à 3 occasions au cours de l’année 1912.

 

Releve de punitions du sergent Robinet

 

Septembre 1912 : la période sous l’uniforme en tant que conscrit touche à sa fin. Georges Robinet a beaucoup d’appétit pour la vie militaire. Il ne souhaite absolument pas quitter la caserne Courcy à la fin de son temps réglementaire. Le 19 septembre, il contracte un engagement d’une durée de deux ans.

 

Caserne Courcy

 

Le 19 juin 1914, il signe à nouveau pour deux années sans savoir que ce nouveau contrat ne pourra pas être honoré. Une nouvelle guerre contre l’Allemagne est sur le point de commencer.

 

Le conflit qui n’a pas pu être évité par voie diplomatique débute en août 1914. Le sergent Robinet est dans l’obligation, pour cause de guerre, de mettre fin à sa préparation au concours d’entrée de l’école d’officiers d’active de Saint-Maixent.

 

Début du conflit 1914-1918

 

Nous savons de manière certaine que le sergent Robinet commence la campagne dès le 2 août 1914, et qu’il a été promu au grade d’adjudant le 10 septembre 1914. Nous ne pourrons pas être aussi catégoriques concernant les années 1914-1915.  

 

La lecture de son livret matricule d’officier, de son livret matricule d’homme de troupe, de son feuillet du personnel consultables dans son dossier individuel au S.H.D. de Vincennes, les informations trouvées dans son dossier de la base Léonore et sur le quelques documents fournis par la famille de Georges Robinet, laissent planer un doute énorme concernant son appartenance complète au sein des effectifs du 149e R.I. entre le début de la guerre et le mois de novembre 1915.

 

Un long passage au 349e R.I. n'est pas à écarter, mais sans date précise, il est impossible de savoir si ce passage a eu lieu au début du conflit où bien plus tard.

 

Aucun des documents cités précédemment ne peut nous éclairer sur le sujet. Ils ne sont pas assez clairs pour affirmer des certitudes étant donné qu’ils ne disent pas tous la même chose. Les informations trouvées dans le dossier de la base Léonore concernant Georges Robinet indiquent bien une présence permanente au 149e R.I., mais n’est-ce pas tout simplement une référence à l'unité d'active d'affectation ? Un autre document, provenant de son dossier individuel du S.H.D. de Vincennes, indique explicitement un passage au 349e R.I..

 

Le nom de l’adjudant Robinet n’apparaît nulle part dans les listes des blessés figurant à l’intérieur du J.M.O. du 349e R.I.., ni dans les différentes listes des blessés du 149e R.I.. Il n’apparaît pas non plus dans les contrôles nominatifs trimestriels des malades traités dans les formations sanitaires du 149e R.I. couvrant la période allant de 1914 à 1915, ce que confirme une notice rédigée pour sa Légion d’honneur.

 

Cette notice indique qu’il n'a jamais été blessé au cours du conflit à l'exception d'une exposition au gaz. Il sera donc difficile d’en savoir plus.

 

Probablement mobilisé au 149e R.I., l’adjudant Robinet est rattaché au 349e R.I. lorsqu’il est nommé sous-lieutenant à compter du 28 avril 1915 (J.O. du 5 mai 1915). Ce jour-là, il reçoit son ordre d’affectation pour le 9e bataillon du 149e R.I., une unité nouvellement créée.

 

La date de son passage dans une unité combattante reste inconnue ; on sait simplement qu'il est encore au 9e bataillon en novembre 1915. La suite de son parcours sera, heureusement, beaucoup plus facile à reconstruire.

 

Années 1916, 1917 et 1918, 5 palmes et pas une égratignure !

 

Le 149e R.I. est engagé dans la bataille de Verdun entre le 6 mars et le 8 avril 1916. Fortement malmené, il est amené à reconstituer une grande partie de ses effectifs à la fin de son passage dans la Meuse. Le 20 avril 1916, le sous-lieutenant Robinet est au régiment actif. Il commande une section de la 6e compagnie.

 

Le régiment quitte la Meuse à la mi-avril 1916. Le lieutenant-colonel Gothié a repris le commandement du 149e R.I.. Après une petite période de repos à Landrecourt, le sous-lieutenant Robinet se rend en Champagne. Les 3 bataillons du lieutenant-colonel Gothié prennent position dans un secteur peu exposé, situé entre les buttes de Tahure et celles de Mesnil, près des Deux-Mamelles.

 

Georges Robinet est envoyé en formation durant cette période d’accalmie relative. Il suit la 4e série du cours de l’école divisionnaire des grenadiers du 4 au 11 juin 1916. Dans la foulée, du 14 au 16 juin 1916 inclus, il enchaîne avec la 3e série du cours d’instruction du canon « Viven-Bessières ».

 

À la fin de ces deux stages, il bénéficie d’une permission du 1er au 12 juillet.

 

Début août 1916 le 149e R.I. est à l’entraînement à Châlons-sur-Marne. Le 17 août, il arrive à Harbonnières, dans le département de la Somme. Georges Robinet est photographié sur son cheval, à proximité de l’église de cette commune.

 

Le lieutenant Robinet photographié devant l'église d'Harbonnières

 

Début septembre 1916, le régiment spinalien est engagé dans le secteur de Soyécourt. Il conquiert le terrain prévu par le plan d’attaque et parvient à s’y maintenir en repoussant les nombreuses contre-attaques ennemies.

 

Le sous-lieutenant Robinet est décoré de la croix de guerre, avec citation à l’ordre du corps d’armée, pour ses actions menées en tant qu’officier grenadier.

 

Le 11 novembre 1916, Georges Robinet stoppe une attaque allemande sur le front de son unité avant de lancer ses hommes à la contre-attaque. Cette conduite au feu lui vaut une citation à l’ordre de l’armée.

 

La promotion ne tarde pas, il est nommé dans le grade supérieur à titre temporaire le 23 novembre 1916 (J.O. du 9 décembre 1916).

 

Le 23 octobre 1917, le lieutenant Robinet participe à la bataille de la Malmaison. Son courage et sa témérité sont remarqués par ses supérieurs. Le lendemain, le lieutenant Robinet est décoré de la Légion d'honneur, à proximité du champ de bataille. Cette décoration lui donne également droit au port d’une nouvelle palme sur sa croix de guerre.

 

Remise de decoration au lieutenant Robinet au PC Ilhe

 

Pour en savoir plus sur la bataille de la Malmaison, il suffit de cliquer une fois sur le dessin suivant.

 

La Malmaison

 

Le 5 décembre 1917, Georges Robinet est promu lieutenant à titre définitif puis capitaine à titre temporaire à partir du 17 mai 1918.

 

Fin mai, le 149e R.I. tente, avec l’ensemble de la 43e D.I. et de la 4e D.I., de stopper une offensive allemande lancée sur le chemin des Dames, entre le moulin de Laffaux et les abords de la ville de Reims Les combats sont violents, l’avancée Allemande est difficile a contenir, mais elle fini par être stoppée. Le capitaine Robinet est une nouvelle fois cité à l’ordre de l’armée.

 

Pour en savoir plus sur les évènements qui se sont déroulés durant cette période, il suffit de cliquer une fois sur la carte postale suivante.

 

Arcy-Sainte-Restitue 1

 

Le 15 juillet 1918, l’ennemi attaque en Champagne dans le secteur du trou Bricot. Le 149e R.I. s’accroche sur sa position. Le capitaine Robinet peut mettre une nouvelle palme sur sa croix de guerre.

 

Il participe ensuite aux combats de septembre et d’octobre à la tête la 2e compagnie du régiment. Sa compagnie est très éprouvée durant les combats de la bataille de Champagne et d’Argonne. Elle perd trois de ses chefs de section. Georges Robinet voit la mort de près.

 

L’aumônier Henry raconte : « Le corps de Saintot est là. Les brancardiers ont pu le retrouver et le rapporter. Cela n’a pas été sans peine. Saintot était avec trois ou quatre autres dans un bout de tranchée hâtivement creusée. À côté de lui, dans un autre élément de tranchée qu'on n'avait pas encore eu de temps de faire communiquer se tenait le capitaine Robinet. Un obus malheureux tomba juste sur le groupe Saintot, les blessant ou tuant tous, et les enterrant en même temps. Il fallut littéralement les déterrer pour les avoir. Saintot était sous les camarades, tellement recouvert de terre que son casque seul dépassait. Quant à Robinet, il ne dut la vie qu'au barrage de 50 cm qui le séparait de Saintot, barrage que, heureusement, on n'avait pas eu le temps d'abattre.»

 

Pour en savoir plus sur les évènements de septembre 1918, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

 

Carte 1 journée du 26 septembre 1918

 

Le conflit touche à sa fin. Le capitaine Robinet ne participe pas à la bataille de la Hunding-Stellung, dernier combat mené par le 149e R.I..

 

Sa carrière dans l'entre-deux guerres

 

Georges Robinet retrouve la vie de garnison après l’armistice. Il obtient une dernière citation à l’ordre de l’armée en décembre 1918.

 

Le 7 avril 1920, le 149e R.I. embarque à destination de l’Allemagne. Il est affecté à l’armée du Rhin. Le régiment cantonne à Dortmund lorsqu’il est dissous en novembre 1923.

 

Le capitaine Robinet est provisoirement affecté au 17e Régiment de Tirailleurs algériens.

 

Il souhaite être versé dans l’artillerie. Sa demande est acceptée. Georges Robinet est détaché au 120e R.A. comme officier chargé du matériel.

 

Le 25 juin 1925, il est nommé capitaine d’artillerie à titre définitif.

 

Une décision ministérielle publiée dans le J.O. du 24 juillet 1927 le classe à l’E.M.P. comme chef de service départemental du service de l’éducation physique des Vosges. Très actif, très sportif, il est apprécié des sociétés de préparation militaire.

 

En 1931, il fait un stage de 25 jours. Il se montre peu apte à commander une batterie, faute d’instruction et d’entraînement antérieur.

 

Le capitaine Robinet est affecté au 33e R.A. suite à une  décision ministérielle du 7 octobre 1938 (J.O. du 9 novembre 1938) pour y exercer les fonctions de major.

 

Georges Robinet est promu au grade de commandant le 28 décembre de la même année. Maintenu comme major au sein du 33e R.A.N.A., il reste affecté à l’E.M. de l’éducation physique du département des Vosges pour convenance personnelle.

 

Le commandant Robinet rejoint la P.M.I. C.R./20 le 27 mai 1939. Il est présent au D.A.M. 60 à partir du 2 septembre 1939.

 

Le 2 novembre 1939, il rejoint le D.A. 20. Quatre jours plus tard, le commandant Robinet est au D.A. 220 en tant que major du dépôt.

 

Entrée dans la clandestinité

 

Le 7 juillet 1940, Georges Robinet prend le commandement du parc de récupération de l’arrondissement de Villeneuve-sur-Lot.

 

Le 15 novembre 1940, il est placé en congé d’armistice. Il est mis à la disposition de la sous-direction du service de l’artillerie par décision ministérielle du 6 novembre 1940.

 

Le 1er janvier 1941, le commandant Robinet est nommé commandant du camp de Bias, à 3 km de Villeneuve-sur-Lot.

 

Ce camp est devenu un dépôt de matériel sous contrôle allemand après l’armistice. Georges Robinet s’inscrit rapidement dans le clan de ceux qui n’acceptent pas la défaite. Il entre dans la clandestinité dès juillet 1940, au service du camouflage du matériel (C.D.M.). Chef départemental du C.D.M. du Lot-et-Garonne, il se dépense sans compter pour dissimuler une grande partie de son matériel afin que celui-ci ne tombe pas entre les mains ennemies. Le commandant Robinet s’oppose régulièrement aux demandes des commissions allemandes de contrôle.

 

Il réussit à camoufler un nombre conséquent d’armes, de munitions et de véhicules militaires de toutes sortes grâce au concours de personnes connaissant bien la région. Une grande partie de ce matériel et de ces armes sera destinée à l’Armée Secrète après avoir été remis en état de fonctionnement.

 

De jour comme de nuit, le commandant Robinet mène ses équipes en conduisant lui-même des camions chargés d’armes.

 

Le 12 août 1941, il est maintenu dans ses fonctions à titre civil jusqu’à ce que les statuts du corps du service du matériel soient promulgués et que soit statué son maintien ou non dans le corps. Le même jour, Georges Robinet est rayé des contrôles de l’armée active pour limite d’âge.

 

Un arrêté ministériel du 29 décembre 1941 le fait nommer adjoint technique principal de 2e classe du corps du service des matériels de l’artillerie. Cette nomination prend rang à partir du 28 décembre 1938.

 

Novembre 1942, les Allemands franchissent la ligne de démarcation. L’occupation allemande de cette partie de la France génère de nouvelles difficultés pour la conservation du matériel. Avant tout, il faut se méfier des fouineurs qui cherchent à s’approprier le matériel caché en vue de le livrer à l’ennemi. Pour ceux-là, l’appât du gain prime avant tout ! Georges Robinet et quelques personnes sûres réussissent à sauver 15 tonnes d’armes, 20 de munitions, 1200 hectolitres de carburant et plus de 1000 véhicules.

 

L’année suivante, Georges Robinet est nommé chef du réseau action C.D.M. pour les départements du Lot-et-Garonne, du Lot, du Gers et de la Gironde sous les ordres du responsable national, le colonel Mollard.

 

Il est en contact régulier avec les groupements de résistance de ces départements. Le commandant Robinet fournit des armes, des munitions et des camions au groupe Franc-Pommiès. Il se met en rapport avec le groupement du commandant Marnac. Il organise, en accord avec le colonel Mollard, des groupes de résistance à Villeneuve-sur-Lot, Agen, Fumel, Montflanquin et Villeréal. Il participe activement à l’équipement de ses groupes en surveillant la fabrication des blousons de cuir, de sacs et de chaussures.

 

Il se sait surveillé par la police secrète nazie, mais cela ne l’empêche pas de poursuivre ses activités. Le 20 mai 1943 au soir, le commandant Robinet et sa future épouse, Anne Marie Suzanne Demeusy, sont arrêtés par la Gestapo suite à une dénonciation. Le couple est dans un premier temps conduit au camp de Bias avant d’être envoyé à la prison d’Agen. Georges Robinet est interrogé avec brutalité par la Gestapo d’Agen. Il n’avoue rien. Sa future femme parfaitement informée de ce qui se passait ne parle pas non plus. Le 24 mai,  ils sont envoyés à la prison des Fleurs à Toulouse.

 

Le commandant Robinet est ensuite transféré à la prison de Fresnes, Anne Marie Suzanne Demeusy à Romainville. Le couple se retrouve à Compiègne ; il est placé dans le centre de rassemblement de femmes et d’hommes des prisons de France avant de partir pour les camps de concentration de l’Allemagne nazie. Fin janvier, ils quittent Compiègne. Anne Marie Suzanne Demeusy est déportée à Ravensbruck, Georges Robinet à Buchenwald.

 

En déportation

 

Les camps de concentration ou a ete interne Georges Robinet

 

Buchenwald du  30 janvier au 13 mars 1944

 

À la descente du train, les effets personnels sont supprimés. Montre, alliance photographies, vêtements. Il ne reste plus rien. Les hommes, nus, passent devant un médecin uniquement pour le comptage des dents. Une équipe de coiffeurs polonais leur passent la tondeuse partout. Ils sont ensuite habillés et immatriculés. Georges Robinet est assigné au block 62. En février, il est chargé de l’épandage des immondices du camp dans les champs où poussent les betteraves.

 

Dora du 13 mars au 30 juillet 1944

 

Le camp fabrique des V2. Le commandant Robinet travaille au bétonnage de la chaussée devant la « Minéralwager ». Il souffre terriblement de problèmes de hanches. Georges Robinet doit puiser au plus profond de lui-même pour trouver l’énergie suffisante à sa survie.

 

Osterhagen du 31 juillet au 7 novembre 1944.

 

Osternhagen est une tête de ligne où se construisent des voies ferrées. C’est un camp très dur, constitué d’un simple rectangle de barbelés où il n’y avait qu’une seule baraque, la cuisine, les dortoirs et les logements des gardiens. À l’extérieur, encore des barbelés et cinq miradors. Les lavabos et des fosses sont en plein air. Il n’y a pas d’eau potable à disposition. Elle est distribuée avec parcimonie. La nourriture manque et les vêtements sont en haillons. Dans ces conditions extrêmes, il faut chaque jour manier la pelle, la pioche et pousser la brouette par m’importe quel temps. Beaucoup y laissent leur vie.

 

Le 6 novembre 1944, Georges Robinet est envoyé au camp de Wiéda.

 

Wiéda du 7 novembre au 4 décembre 1944.

 

Transporté par camion dans ce nouveau camp, il est dans un premier temps conduit à l’infirmerie avant d’être envoyé à Dora. Soigné à la « va-vite »,  il reçoit de nouveaux vêtements et des chaussures avant de retourner à Wiéda.

 

Mis à la corvée des peluches, il travaille pendant dix heures de rang à la préparation de la soupe pour 1300 personnes.

 

Le 7 avril 1945, les hommes valides quittent Wiéda. Les alliés avancent. Les valides sont embarqués dans un train en  groupes de 106 hommes par wagon. Le voyage dure plusieurs jours. Le train atteint Magdebourg le 11 avril. Il est dirigé sur la petite gare de Letzingen à une trentaine de kilomètres à l’ouest de Magdebourg. Une soupe va être servie sur le quai. Deux avions canadiens volant en rase-mottes mitraillent le convoi. Les Allemands prennent la fuite. Georges Robinet et quelques camarades en profitent pour s’évader. Pendant plusieurs jours, ils vont se cacher dans les bois avoisinants.

 

Beaucoup d’hommes avaient réussi à s’enfuir après le passage des avions. L’alerte passée, les Allemands récupèrent environ 1200 hommes du convoi. Le vendredi 13 avril 1945, ils les entassent sur de la paille imbibée d’essence, dans un hangar à Gardelegen. Ils les mitraillent avant de mettre le feu au bâtiment. Deux d’entre eux réussirent à survivre.

 

Le commandant Robinet et ses camarades n’ont pas été repris. Ils échappèrent à une mort certaine. Le groupe continue de se cacher dans les bois en attendant l’arrivée des  Américains.

 

Retour en France et fin de carrière

 

Georges Robinet gagne Bruxelle en voiture avant de prendre l’avion pour Paris. Après les formalités de rapatriement et quelques jours de repos, il retourne à Rasey auprès de sa mère.

 

Le commandant Robinet est mis à la disposition du directeur du service du matériel de la 20e région militaire avant d’être affecté à Montauban, comme chef d’escadron à partir du 1er octobre 1945.

 

Il est promu au grade de lieutenant-colonel à titre définitif du cadre des adjoints techniques pour prendre rang du 25 mars 1943.

 

Le lieutenant-colonel Robinet est nommé directeur du dépôt de réserve générale du matériel de Montauban.

 

Admis sur sa demande, agréé au bénéfice de l’article 5 de la loi de dégagement des cadres du 5 avril 1946, il est renvoyé dans ses foyers le 31 octobre 1946. Le 1er novembre, il est rayé des cadres de l’armée. Nommé dans les cadres des officiers de réserve, il se retire dans le Lot-et-Garonne.

 

Son mariage avec Marie Augustine Baudoin est dissous par jugement de divorce le 25 juillet 1951. Georges Robinet épouse Anne Marie Suzanne Demeusy le 1er décembre 1951 à Bias.

 

En 1970, le général Mollard, son ancien chef de réseau, lui remet les insignes de Grand Croix de la Légion d’honneur.

 

Le general Mollard remet les insignes de Grand croix de la Legion d'honneur au lieutenant-colonel Robinet en 1970

 

Jules Georges Hippolyte Robinet décède le 23 avril 1973 à l’âge de 83 ans. Il repose dans le cimetière communal de Bias.

 

Decorations Georges Robinet

 

Décorations obtenues :

 

Croix de guerre avec 5 palmes, et une étoile d’argent.

 

Citation à l’ordre de la 43e D.I. n° 157 en date du 13 septembre 1916 :

 

« Officier grenadier de beaucoup d’activité, d’énergie, de sang-froid et d’expérience. A fait preuve, pendant les attaques des 4, 5 et 6 septembre 1916, d’un entrain et d’un courage superbes. Chargé d’assurer la liaison entre  les unités de 1ère ligne et le commandement, l’a maintenu constante, en parcourant lui-même, sous les tirs de barrage, la chaîne des coureurs qu’il avait établi. »

 

Citation à l’ordre de la Xe armée n° 243 en date du 10 décembre 1916 :

 

« Jeune commandant de compagnie d’une énergie et d’un coup d’œil remarquables. Le 11 novembre 1916, après avoir arrêté net une attaque avec flammenwerfer sur le front de son unité, a rétabli par une contre-attaque brillante à la baïonnette, conduite avec un entrain superbe, la situation dans le secteur voisin. A fait preuve en ces circonstances d’un à-propos et d’une bravoure de premier ordre. Déjà cité à l’ordre de la division. »

 

Citation à l’ordre de la VIe armée n° 587 en date du 10 juin 1918 :

 

« Officier d’une bravoure et d’une conscience exemplaires. A fait preuve de qualités militaires, hors de pair, en attaquant avec sa compagnie  une position ennemie. Attaqué par un ennemi très supérieur en nombre, a exécuté trois contre-attaques successives, prenant, perdant, reprenant et conservant enfin la position. Officier d’élite. »

 

Citation à l’ordre de la IVe armée n° 1365 en date du 5 septembre 1918 (J.O. du 15 décembre 1918) :

 

« Modèle incomparable de bravoure, de sang-froid et de décision. Les 15 et 16 juillet 1918, à la bataille de Champagne, s’est porté inlassablement d’un groupe de combat à l’autre sous les feux les plus meurtriers. Combattant lui-même à la grenade et au fusil au milieu de ses hommes, les électrisant, exaltant leur moral et leur insufflant sa propre bravoure. »

 

Citation à l’ordre de la IVe armée n° 1551 en date du 24 décembre 1918  (J.O. du 27 mars 1919) :

 

« Officier d’un courage hors de pair faisant preuve d’un coup d’œil sûr et de décision rapide. A entraîné sa compagnie à l’assaut d’une tranchée ennemie sous de violents feux de mitrailleuses, capturant de nombreux prisonniers et un important matériel pendant les combats du 26 septembre au 4 octobre 1918. »

 

Chevalier de la Légion d’honneur pour prendre rang du 24 octobre 1917 (J.O. du 16 février 1918) :

 

« Commandant de compagnie de la plus haute valeur. Le 23 octobre 1917, a enlevé sa compagnie d’une façon superbe, réduisant de haute lutte et malgré une résistance acharnée, plusieurs nids de mitrailleuses. A manœuvré avec une décision et un coup d’œil  qui ont assuré le succès sur un front important. »

 

La décoration ci-dessus comporte l’attribution de la croix de guerre avec palme.

 

Officier de la Légion d’honneur par décret du 2 octobre 1920.

 

Officier de la Légion d’honneur inscrit au tableau spécial pour prendre rang le 16 juin 1920 par arrêté ministériel du 2 octobre 1920 (J.O. du 4 octobre 1920).

 

Commandeur de la Légion d’honneur (décret du président du gouvernement provisoire de la république du 21 mai 1946).

 

« Résistant animé de la volonté la plus farouche de nuire à l’ennemi dès juillet 1940. A soustrait, de sa propre initiative, le maximum de matériel du parc sous contrôle allemand de Bias qu’il commandait. Très vite rallié au C.D.M., en est devenu le pilier dans le secteur du Lot-et-Garonne, formant une équipe à son image et se dépensant sans compter, de jour comme de nuit, en opérations ininterrompues de camouflage de véhicule auto, d’armes, de munitions et de matériels divers, enlevés ou détournés des parcs sous contrôle, malgré la surveillance de l’ennemi. Après le 11 novembre 1942, bien que s’étant mis dangereusement en vedette, est resté sur place pour sauver son matériel. A tenté l’impossible pour mettre le maximum de moyens aux mains des troupes de résistance. A achevé ainsi de se compromettre sans aucun souci de sa sécurité personnelle. Arrêté par la gestapo et déporté en Allemagne, a toujours été un modèle de foi dans les destinées de la France. »

 

Cette promotion au grade de Commandeur de la Légion d’honneur lui donne également droit au port de la Croix de guerre avec palme.

 

Promu à la dignité de grand Officier de la Légion d’honneur par décret du 28 septembre 1957 (J.O du 3 octobre 1957).

 

Grand Croix de la Légion d’honneur par décret du 19 janvier 1970 inséré au journal officiel du 22 janvier 1970.

 

Autres décorations :

 

Médaille de la résistance avec rosette rang du 14 juin 1946

 

Médaille d’or de l’éducation physique (1929)

 

Officier d’académie (juillet 1938) (J.O. du 6 août 1939)

 

Médaille interalliée de la victoire

 

Croix du combattant

 

Médaille commémorative française de la Grande Guerre

 

Pour prendre connaissance de la généalogie de la famille Robinet, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

Geneanet

 

Le lieutenant-colonel Robinet possède un dossier individuel dans la base de données « Léonore » sur le site des archives nationales. Pour le consulter, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante et d’inscrire son nom et ses prénoms  dans la rubrique appropriée pour avoir accès aux documents.

 

Site base Leonore

 

Sources :

 

Dossier personnel consulté au Service Historique de la Défense de Vincennes.

 

La fiche signalétique et des services du lieutenant-colonel Robinet, les actes d’état civil de sa famille, les registres de recensement de la commune de Xertigny des années 1896, 1901, 1906 et 1911 ont été visionnés sur le site des archives départementales des Vosges.

 

« Souvenirs de la guerre 1939-1945 à la mémoire du résistant le colonel Georges Robinet » écrit par Anne-Marie Demeusy-Robinet.

 

Témoignage inédit de l’aumônier Henry.

 

Les portraits du lieutenant-colonel Robinet proviennent de la collection personnelle familiale.

 

Le portrait qui se trouve sur le montage représentant ses décorations est extrait de son dossier personnel consulté au Service Historique de la Défense de Vincennes.

 

La carte indiquant les emplacements des camps de Buchenwald-Dora est extraite du site « Mémoire des déportations ».

 

Les camps de concentration et principaux lieux de genocide des juifs d'Europe

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à J.L. Poisot, à M. Porcher, au Service Historique de la Défense de Vincennes et aux archives départementales des Vosges.

5 novembre 2021

Ernest Charles Pétot (1896-1965)

Ernest Charles Petot

 

Enfance et jeunesse

 

Ernest Charles Pétot voit le jour le 11 mai 1896, à Marey-sur-Tille, dans le département de la Côte d'Or. Son père, Henri, exerce la profession de maçon. Il a 27 ans à la naissance de son fils. Sa mère, Jeanne Prandi, d’origine italienne, est âgée 22 ans. Le couple Pétot aura deux autres garçons.

 

Marey-sur-Tille

 

Le registre matricule d’Ernest note un degré d’instruction de niveau 4, ce qui signifie qu’il a obtenu le brevet de l’enseignement primaire. Ce diplôme lui offre la possibilité de devenir élève maître de l’école normale.

 

Lorsque le conflit contre l’Allemagne débute en août 1914, Ernest est bien trop jeune pour porter l’uniforme. Futur conscrit de la classe 1916, il n’est pas affecté par l’ordre de mobilisation générale.

 

Ernest Pétot sait que sa classe ne se présentera pas devant le conseil de révision avant longtemps, tout du moins en théorie.

 

La guerre qui ne devait durer que quelques mois s’inscrit malheureusement dans le temps. Les pertes en hommes sont très importantes. L’état-major français doit à tout prix maintenir ses effectifs en équilibre sur le long terme. Parmi les solutions appliquées, la classe 1916 se retrouve appelée bien avant l’heure de la conscription en temps de paix.

 

Sous l’uniforme

 

Ernest Pétot bénéficie d’un sursis d’incorporation. Le jour où il se présente devant le conseil de révision, il est classé dans la 7e partie de la liste.

 

Pourtant, à partir du mois d’avril 1915, il est mobilisé comme n’importe quel autre conscrit de la classe 1916. Le jeune homme a l’obligation d’être à Épinal pour intégrer les effectifs du 170e R.I. dès le 4.

 

Son niveau d’étude, très supérieur aux autres, lui permet de franchir en un rien de temps l’ensemble des grades de sous-officier dès la fin de l’année 1915. Le 10 décembre, il est nommé caporal. Le 20 décembre, il devient sergent. Le 1er janvier de l’année suivante, il est promu aspirant.

 

Le 26 février 1916, Ernest Pétot est affecté pour mobilisation au 149e R.I..

 

Au regard des éléments fournis par sa fiche matricule, il est difficile de  donner une date, même approximative, de son arrivée au sein du régiment actif.

 

Combien de temps est-il resté au dépôt du 149e R.I. après son départ du 170e R.I. ? Est-il passé par le 9e bataillon du régiment ? Était-il présent durant l’attaque sur le village de Soyécourt qui a eu lieu au début du mois de septembre 1916 ? Il est impossible de répondre de manière sûre à ces questions.

 

Un cliché réalisé le 10 avril 1917 permet d’affirmer sa présence au sein d’une compagnie combattante du 149e R.I. à partir de cette date. Ce jour-là, Ernest Pétot a été photographié avec l‘ensemble des sous-officiers de la 10e compagnie, dans le Haut-Rhin, près de Belfort.

 

Les sous-officiers de la 10e compagnie du 149e R

 

L’identification de cet homme a été rendue possible après lecture du livre « Et le temps, à nous, est compté » rédigé par Francis Barbe. Une photographie identique se trouve à l’intérieur de l’ouvrage à la page 179. Chaque sous-officier représenté est nommé en marge de l’épreuve.

 

Début octobre 1917, le 149e R.I. est en préparation d’attaque. Une vaste offensive est déclenchée le 23 octobre dans le secteur de la Malmaison, près du chemin des Dames.

 

Les probabilités sont suffisamment fortes pour affirmer la présence de l’aspirant Pétot au sein de la 10e compagnie durant les combats.

 

Pour en savoir plus sur les évènements qui se sont déroulés durant cette période, il suffit de cliquer une fois sur la carte ci-dessous.

 

 

En avril 1918, le 149e R.I. est en formation près de Compiègne. Fin mai, avec l’ensemble de la 43e D.I., il contient une offensive allemande dans le secteur d’Arcy-Sainte-restitue.

 

Pour en savoir plus sur cette période, il suffit de cliquer une fois sur la carte postale suivante.

 

 

Une décision ministérielle du 8 juillet 1918 nomme l’aspirant Pétot au grade de sous-lieutenant, à titre temporaire, à compter du 1er juillet 1918. 

 

Une semaine plus tard, l’officier, nouvellement promu, se porte volontaire pour prendre le commandement d’un groupe de couverture dans un secteur de Tahure particulièrement mouvementé. Les Allemands attaquent. La lutte est rude. À court de munitions, le sous-lieutenant Pétot et les survivants de son groupe sont faits prisonniers.

 

 

Envoyé en Allemagne, Ernest Pétot est interné dans un camp d’officiers à Helmstedt.

 

Carte des camps de prisonniers officiers en Allemagne

 

L’après-guerre

 

L’armistice est signé le 11 novembre 1918, mais ce n’est qu’en janvier 1919 que le sous-lieutenant Pétot est rapatrié en France. Il est envoyé en congé illimité de démobilisation le 22 septembre 1919 depuis le dépôt du 27e R.I.. Ernest Pétot se retire dans son village natal.

 

En septembre 1920, il vit à Ampilly-les-Bordes et exerce son métier d’instituteur public.

 

Le 19 avril 1922, il se marie avec Pauline Jeanne Talfumier à Baignieux-les-Juifs.

 

Une décision ministérielle du 7 décembre 1923 le fait rattacher militairement au 25e régiment de tirailleurs.

 

Le 21 décembre 1928, Ernest Pétot dépend du centre mobilisateur n° 203 suite à une nouvelle décision ministérielle publiée dans le J.O. du 29 décembre 1928.

 

Son épouse décède le 14 janvier 1931.

 

Le 21 mars 1931, le sous-lieutenant Pétot est rattaché au centre d’instruction d’infanterie n° 81.

 

Ernest Pétot se remarie le 3 février 1932 à Oigny avec Marthe Huguenot, une femme qui exerce le métier d’institutrice. Un enfant naîtra de cette union. Le couple est installé à Sainte-Seine-l’Abbaye en novembre 1932.

 

Entre le 9 et le 24 septembre 1938, l’ancien officier du 149e R.I. accomplit une période d’exercices au 27e R.I.. Ernest Pétot est nommé lieutenant à titre définitif pour prendre rang à partir du 20 août 1921. Rappelé à l’activé militaire le 24 septembre 1938, il retourne à la vie civile dès le 5 octobre.

 

Deuxième rencontre avec les Allemands

 

Un nouveau conflit mondial est sur le point d’éclater. Ernest Pétot doit revêtir son uniforme d’officier à partir du 23 août 1939. Il est âgé de 44 ans. Les Allemands envahissent la Pologne le 1er septembre 1939. La France se prépare à vivre un nouveau conflit avec son ancien ennemi. L’Allemagne entre sur le territoire français le 10 mai 1940ce qui met fin à la « drôle de guerre ».

 

La bataille de France débute. Le 17 juin 1940, le lieutenant Pétot est, pour la seconde fois de sa vie, envoyé en captivité. Trois jours plus tard, le gouvernement français signe l’armistice. Promu capitaine de réserve par arrêté du 10 août 1940, Ernest Pétot est rapatrié et démobilisé le 8 septembre 1941.

 

Rayé des cadres militaires le 11 mai 1951, il est admis à l’honorariat de son grade à partir de cette date.

 

L’ancien aspirant de la 10e compagnie du 149e R.I. meurt le 10 juin 1965 à Dijon à l’âge de 69 ans.

 

Décoré de la croix de guerre 1914-1918, le capitaine de réserve Pétot a obtenu les citations suivantes :

 

Citation à l’ordre du corps d’armée en date du 25 juin 1918 :

 

« Sous-officier plein d’entrain, a brillamment conduit sa section au cours des dernières opérations dans des conditions très difficiles et maintenu sa section sous un feu violent de mitrailleuses. »

 

Citation à l’ordre de l’armée n° 20026 du G.Q.G. en date du 3 juillet 1919 :

 

« Officier excellent, réputé dans son bataillon par sa bravoure et sa brillante conduite dans toutes les circonstances de la guerre. Le 15 juillet 1918, en Champagne, comme chef volontaire d’un groupe de couverture, a opposé à l’ennemi une résistance acharnée. Ayant épuisé ses munitions, submergé par un ennemi très supérieur en nombre, fut fait prisonnier après plusieurs heures de combat désespéré, sacrifiant gaiement sa liberté à l’accomplissement intégral d’une mission de confiance qui lui avait été confiée. »

 

La généalogie de la famille Pétot peut se consulter sur le site « Généanet ».

 

log geneanet

 

Sources :

 

La Fiche signalétique et des services du sous-lieutenant Pétot a été consultée sur le site des archives départementales de la Côte-d’Or.

 

La photographie de groupe est extraite du fonds Gérard (collection personnelle).

 

« Et le temps, à nous, est compté » Lettres de guerre 1914-1919. Albert Marquand, présentation de Francis Barbe, postface du général André Bach. C'est-à-dire Éditions mille mots chuchotés. 2011.

 

Un grand merci à M. Bordes, à R. Mioque, à F. Barbe, à A. Carobbi, à T. Vallé aux archives départementales de la Côte d'Or et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

29 octobre 2021

François Auguste Adrien Jeudy (1883-1918)

François Auguste Adrien Jeudy

 

Enfant naturel, François Auguste Adrien Jeudy voit le jour le 2 juin 1883, dans la maison de son grand-père maternel, à Amage, dans le département de la Haute-Saône. Sa mère, Belzamine Jeudy, est âgée de 38 ans.

 

François est le dernier enfant d’une fratrie composée d’une fille et de trois garçons, tous nés de père inconnu sur l’état civil.

 

Belzamine se marie le 3 décembre 1884 à Raddon-et-Chapendu. Elle épouse François Alexandre Bernard, un maçon, veuf de Marie Josèphe Galmiche et père de 6 enfants. Ce couple donnera vie à deux garçons qui ne survivront pas à la petite enfance.

 

François Jeudy quitte l’école communale avec un degré d’instruction de niveau 2. Il sait lire et écrire, mais sa maîtrise de l’arithmétique et de la géométrie reste insuffisante.

 

Le livre d’or de la blanchisserie et de la teinturerie de Thaon-les-Vosges nous apprend qu’il a travaillé durant 7 ans dans cette entreprise.

 

Le 3 février 1904, François Jeudy se marie avec Marie Joséphine Honorine Offerlé à Fontaine-lès-Luxeuil. Deux filles et un garçon naîtront de cette union.

 

La photographie suivante, prise durant le conflit 1914-1918, le représente au côté de son épouse.

 

 

Comme pour la plupart des registres vosgiens, la fiche matricule de cet homme ne dévoile rien de sa vie de soldat. Seuls y figurent son état civil, son signalement et la décision prise par le conseil de révision lorsqu’il s’est présenté devant lui.

 

À partir de là, il nous est donc impossible de reconstituer son parcours militaire. Heureusement, son livret militaire et quelques photographies conservés par la famille permettent de remédier, en partie, à ce problème.

 

Sa fiche signalétique et des services indique un ajournement pour faiblesse en 1904. Son livret militaire mentionne un passage dans la réserve de l’armée active en 1907. Ces deux informations laissent supposer une arrivée au régiment en 1905.

 

Une photographie datant du début du 20e siècle confirme sa présence au sein du 149e R.I., une unité qui tient garnison à Épinal. Le cliché qui suit le montre en uniforme de sergent.

 

Portrait de François Jeudy au service militaire

 

De retour à la vie civile, François Jeudy retrouve un emploi en blanchisserie et teinturerie.

 

En 1911, il travaille comme chauffeur à Thaon-les-Vosges.

 

Été 1914 : une nouvelle guerre contre l’Allemagne est sur le point de commencer.

 

La logique voudrait que le réserviste Jeudy ait rejoint la caserne Courcy dès le début des hostilités, c’est à dire au moment du rappel de sa classe. Comme nous l’avons signalé plus haut, la partie « détail des services et mutations diverses » de sa fiche matricule est vide. Il est donc impossible de valider cette hypothèse à 100 %.

 

Quelques éléments retrouvés dans plusieurs documents permettent de reconstituer de façon fragmentaire son parcours de soldat.

 

Son nom figure à deux reprises dans les contrôles nominatifs trimestriels du 149e R.I. des malades et des blessés traités dans les formations militaires.

 

Le 23 août 1915, François Jeudy entre à l’ambulance n° 6/21 installée à Bruay-en-Artois. L’identité de ce sous-officier apparaît une 1ère  fois dans le registre du contrôle nominatif du 3e trimestriel de l’année 1915. La colonne correspondant à la compagnie indique une présence au sein de la 1ère compagnie du régiment.

 

Nous retrouvons son nom inscrit quelques pages plus loin, mais cette fois-ci, avec un enregistrement à la 34e compagnie du 149e R.I.. Comment interpréter ce changement de numérotation ?

 

Il quitte le jour même l’ambulance n° 6/21 pour une destination inconnue. Est-il retourné au dépôt ? A-t-il été envoyé vers l’arrière pour y être soigné ? A-t-il rejoint le régiment actif ? Il est impossible de répondre à ces questions en l’état actuel des informations trouvées dans les différentes sources.

 

Le 10 avril 1916, François Jeudy entre à l’hôpital militaire de la ville d’Épinal. Il en sort 13 jours plus tard.

 

Un document signé par le commandant du dépôt du 149e R.I. datant du 13 février 1917 fait savoir que le sergent Jeudy a été blessé durant le conflit, mais il n’est fait aucune mention de la date de cette blessure.

 

Livret militaire

 

Deux permissions sont enregistrées dans son livret militaire. La première a été obtenue du 10 au 16 octobre 1916, la seconde du 7 au 18 mars 1917.

 

À la fin de l’année 1917, le sergent Jeudy est responsable des 15e et 16e escouades de la 35e compagnie du 9e bataillon du 149e R.I..

 

 

La date de son retour au front n’a pas pu être retrouvée. Nous savons simplement qu’il a intégré les effectifs de la 7e compagnie le jour où il a rejoint le régiment actif dans la zone des armées en 1918.

 

Le sergent Jeudy est tué au cours d’une attaque qui a lieu dans le secteur de Sommepy-Tahure le 28 septembre 1918, à la tête de sa demi-section. Il était âgé de 35 ans.

 

Pour en savoir plus sur les évènements qui se sont déroulés durant cette journée, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

28 septembre 1918

 

Même s’il reste encore de nombreuses zones d’ombre dans la reconstitution du parcours de combattant de ce sous-officier nous pouvons quasiment affirmer qu’il a toujours porté l’uniforme du 149e R.I..

 

La famille n’a pas réclamé le corps dans les années vingt. Le sergent Jeudy repose actuellement dans la nécropole nationale de Sommepy-Tahure. Sa sépulture porte le n° 796.

 

Sepulture de François Jeudy

 

François Jeudy a été décoré de la Médaille militaire à titre posthume.

 

« Chef de demi-section plein de courage et d’entrain, possédant un grand ascendant sur ses hommes. Tombé glorieusement pour la France, le 28 septembre 1918, près de Somme-Py en conduisant sa fraction à l’assaut. » 

 

Cette distinction lui donne également droit au port de la croix de guerre avec une étoile d’argent.

 

Le nom de ce sous-officier a été gravé sur le monument aux morts de la commune de Thaon-les-Vosges.

 

Monument aux morts de Thaon-les-Vosges

 

Il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante pour prendre connaissance de la généalogie du sergent Jeudy.

 

Geneanet

 

Sources :

La fiche signalétique et des services de François Jeudy a été consultée sur le site des archives départementales des Vosges.

 

Contrôles nominatifs du 3e trimestre 1915 et du 2e trimestre 1916 du 149e R.I. des malades et des blessés traités dans les formations sanitaires détenus par les archives médicales hospitalières des armées de Limoges.

 

Livre d’or de la blanchisserie et de la teinturerie de Thaon-les-Vosges.

 

Les documents et les photographies présentées ici proviennent tous de la collection de la famille descendant de ce sous-officier. Je remercie tout particulièrement madame A. Ehlinger pour son aide et son autorisation de publication.

 

La photographie de la sépulture du sergent Jeudy a été réalisée par N. Galichet.

 

Un grand merci à M. Bordes, A. Ehlinger  à N. Galichet, à I. Mazingand, à A. Carobbi, au Service Historique de la Défense de Vincennes, aux archives médicales hospitalières des armées de Limoges et aux archives départementales des Vosges.

1 octobre 2021

Jules Auguste Charnotet (1889-1918)

Jules Auguste Charnotet

 

Jules Auguste Charnotet naît le 19 octobre 1889 au domicile de ses parents, à Bussières-lès-Belmont, dans le département de la Haute-Marne.

 

Son père, Victor Henry, a 38 ans lorsque son fils voit le jour. Sa mère, Rosalie Amélie Charnotet, prénommée Marie sur la plupart des actes de naissance de ses enfants, a 34 ans lorsqu’elle lui donne vie. Jules est le dernier enfant du couple.

 

Les témoins, Alexandre Debellemanière et Louis Charnotet accompagnent Victor Charnotet à la mairie pour signer le registre d’état civil. Les trois hommes, qui exercent la profession de vannier, sont reçus par le maire Jean-Baptiste Robinet.

 

Les parents de Jules, mariés depuis 1872, ont eu 8 enfants. Deux de leurs filles n’ont pas survécu.

 

Pour nourrir les siens, Victor Charnotet doit effectuer plusieurs déplacements dans des fermes situées en Haute-Marne et en Haute-Saône ; il fait ces déplacements entre 1872 et le début des années 1880. Victor Charnotet, dans ces fermes, vend ses services comme manouvrier. Sa famille le suit. Celle-ci s’agrandit au fur et à mesure des changements de lieu de travail. Devenu vannier, il finit par se fixer à Bussières-lès-Belmont avec son épouse et sa descendance.

 

Genealogie famille Charnotet

 

La fiche signalétique et des services de Jules indique un degré d’instruction de niveau 3. Jules sait lire, écrire et compter correctement lorsqu’il quitte son instituteur. L’adolescent devient vannier, probablement après avoir été formé par son père.

 

Conscrit de la classe 1909, Jules Charnotet est classé dans la 1ère partie de la liste du canton de Longeau. Le conseil de révision vient de le déclarer « bon pour le service armé ».

 

À compter du 5 octobre 1910, le jeune homme se retrouve incorporé au 149e R.I. un régiment qui tient garnison à Épinal. Il passe deux années à se former au métier de soldat. Il quitte la caserne Courcy le 25 septembre 1912. Jules Charnotet est versé dans la disponibilité de l’armée active après avoir obtenu son certificat de bonne conduite.

 

De retour à la vie civile, il reprend son emploi de vannier.

 

Le 25 juillet 1912, Jules épouse Clémentine Joséphine Charnotet, une femme originaire de Bussières-lès-Belmont.

 

Le 16 mars 1914, le couple s’installe à Saint-Broingt-le-Bois. C’est dans cette commune qu’il lit l’affiche annonçant l’ordre de mobilisation générale. La France s’apprête à rappeler ses réservistes. Une nouvelle guerre contre l’Allemagne est sur le point de commencer. Jules est rappelé à l’activité militaire dès le 1er août 1914. Le jour même, il doit être à la caserne Courcy.

 

Une fois équipé, il s’attend à partir avec le 2e échelon du régiment qui se prépare à rejoindre le 1er échelon déjà en route pour la frontière. Ces supérieurs en décident autrement. Le 4 août, le dépôt du 149e R.I. est déplacé à Jorquenay.

 

Jules Charnotet suit la troupe transférée dans ce nouveau lieu. Les réservistes qui ne sont pas partis avec le 2e échelon et les nouveaux arrivants des classes plus anciennes s’installent dans ce petit village haut-marnais, situé au nord-ouest de Langres. Ils sont logés, pour beaucoup d’entre eux, chez l’habitant.

 

Le 14 août, le soldat Charnotet quitte le dépôt du 149e R.I. avec un renfort de 531 hommes pour rejoindre le régiment actif. Le régiment vient de subir ses premières pertes. Elles sont sévères. Le 16 août 1914, le renfort, séparé en deux groupes, arrive dans la région de Saint-Blaise-la-Roche. L’ancien réserviste est affecté à la 11e compagnie.

 

Jules Charnotet participe aux attaques d’Abreschviller, de Ménil, Thiaville et Saint-Benoît, de Souain, du bois de Bouvigny, de Wyschaete, en Belgique, de Notre-Dame-de-Lorette et du Fond de Buval.

 

Il est nommé caporal le 25 juin 1915.

 

Le 25 septembre, le 149e R.I. participe à une attaque de grande ampleur visant la prise du bois en H en Artois. L’ensemble des unités de la 43e D.I. est engagé dans cette opération. Jules Charnotet est blessé le 26 septembre. Transporté par les brancardiers, depuis le bois en H, à travers un dédale de boyaux très encombrés, il est soigné à l’ambulance 4/13 avant d’être évacué vers l’arrière par voie de chemin de fer. 

 

Pour en savoir plus sur les évènements qui se sont déroulés durant cette journée, il suffit de cliquer une fois sur dessin suivant.

 

En memoire de Merieux, impressions septembre 1915

 

Si la nature de sa blessure n’est pas connue, celle-ci fut certainement grave. Sa fiche matricule mentionne un retour dans la zone des armées à la date du  26 septembre 1916, c’est à dire un an après avoir bénéficié des premiers soins à l’ambulance 4/13 !

 

Sa deuxième citation, à l’ordre de la division, obtenue le 27 juillet 1917,  pourrait contredire cette information. Le texte qui accompagne son étoile d’argent nous dit que celle-ci a été gagnée suite à sa participation à une attaque qui a eu lieu un 4 septembre. Cette date pourrait correspondre à la prise du village de Soyécourt.

 

Le numéro de la compagnie dans laquelle le caporal Charnotet a été versé à son retour au régiment n’a pas été retrouvé.

 

Le 23 octobre 1917, Jules Charnotet prend part à la bataille de la Malmaison. Au cours de cette offensive, il est de nouveau blessé après avoir tué plusieurs Allemands en contact rapproché.

 

Pour en savoir plus sur les évènements qui se sont déroulés durant cette journée, il suffit de cliquer une fois sur dessin suivant.

 

La Malmaison

 

Guéri, Jules réintègre la zone des armées le 29 janvier 1918. La date de son retour au régiment actif n’est pas connue.

 

Il participe à la bataille d’Arcy-Sainte-Restitue à la fin du mois de mai 1918 avec la 9e compagnie.

 

Pour en savoir plus sur les évènements qui se sont déroulés durant ces journées, il suffit de cliquer une fois sur le cliché suivant.

 

Arcy-Sainte-Restitue 1

 

Le caporal Charnotet est nommé sergent quelques jours avant l’offensive allemande de juillet 1918.

 

Fin septembre 1918, le 149e R.I. est engagé dans la bataille de Champagne et d’Argonne. Le 4 octobre 1918, le sergent Charnotet est tué par un obus à proximité du village d’Orfeuil.

 

Pour en savoir plus sur les évènements qui se sont déroulés durant cette période, il suffit de cliquer une fois sur l’image ci-dessous.

 

4 octobre 1918

 

L’aumônier Henry évoque la mort de ce sous-officier dans un de ses carnets. Voici ce qu’il a écrit :

 

« Le capitaine Prenez a voulu se rendre compte. Il a vu Bessac. Sa première parole est un glas de mort : « Charnotet, tué ! – Adam, tué ! ». Stupeur générale !

 

Le sergent Charnotet ! L’as du régiment ! Celui qui n’avait peur de rien, celui qui entraînait sa section partout, celui que la légende disait invulnérable, tué. Il a reçu en plein un obus ! »

 

La famille n’a pas réclamé le corps après la guerre. Le sergent Charnotet repose actuellement dans la nécropole nationale d’Orfeuil. Sa tombe porte le n° 494.

 

 

Jules Charnotet n’a pas eu de descendance. Son épouse, qui ne s’est pas remariée, est retournée vivre chez ses parents.

 

Décorations obtenues :

 

Croix de guerre avec 1 étoile de bronze, 3 étoiles d’argent et deux palmes

 

Citation à l’ordre du régiment n° 200 en date du 17 octobre 1915 :

 

« Brillante conduite au cours de l’attaque des 25 et 26 septembre 1915, devant Angres. Blessé grièvement à l’assaut du 26 septembre. »

 

Citation à l’ordre de la 43e D.I. en date du 27 juillet 1917 :

 

« Caporal très brave et très courageux. Le 4 septembre s’est porté brillamment à l’assaut d’un village fortement organisé par l’ennemi. Arrêté par de violentes rafales de mitrailleuses, a rallié ses hommes et les a reporté à l’attaque de la 2e ligne allemande. A repoussé de fortes contre-attaques ennemies dans lesquelles il s’est particulièrement distingué en tuant de sa main des ennemis et en ramenant des prisonniers. »

 

Citation à l’ordre de l’armée n° 527 en date du 30 novembre 1917 :

 

Caporal d’une bravoure frisant la témérité. Au cours du combat du 23 octobre 1917 a tué plusieurs Allemands qui opposaient une résistance acharnée. Blessé au cours de l’action, s’est laissé évacuer que sur ordre formel de ses chefs. »

Médaille militaire et croix de guerre avec palme en date du 11 octobre 1918 pour prendre rang le 11 juin 1918 :

 

« Gradé d’une bravoure à toute épreuve et un allant incomparable, a pris part à toutes les actions du régiment depuis 1914. Deux blessures, titulaire de trois citations très élogieuses. S’est fait au bataillon une réputation de vaillance qui grandit avec chaque engagement. Pendant les opérations du 28 mai et du 4 juin, s’est conduit très brillamment dans toutes les circonstances, se défendant sans compter aux points particulièrement dangereux, donnant à ses hommes, l’exemple du plus beau courage et une confiance illimitée. »

 

Cité à l’ordre de la 43e D.I. n° 344 en date du 19 juillet 1918 :

 

« Sous-officier d’un courage et d’un dévouement remarquable. S’est particulièrement distingué pendant les journées des 15 et 16 juillet 1918, a mené brillamment une contre-attaque permettant de reprendre un emplacement perdu. »

 

Cité à l’ordre de la 43e D.I. n° 377 en date du 7 septembre 1918 :

 

« Excellent sous-officier, chargé de conduire un détachement d’attaque au cours d’un coup de main le 28 août 1918. S’est acquitté de sa mission en faisant preuve d’un esprit méthodique et clairvoyant, d’une maîtrise de lui-même au dessus de tout éloge. Au cours de l’opération a repoussé une forte contre-attaque ennemie. »

 

Chevalier de la Légion d’honneur pour prendre rang du 23 juillet 1918 (J.O. du 21 novembre 1918) :

 

« Sous-officier d’un dévouement et d’un courage à toute épreuve. Le 15 juillet 1918, tenant un poste avancé, a maintenu courageusement la position malgré des conditions difficiles. Le 16 juillet, à la tête de son détachement, s’est porté à l’assaut d’un emplacement de groupe de combat dont l’ennemi venait de s’emparer et a reconquis la position de haute lutte. »

 

Le nom de ce sous-officier est inscrit sur les monuments aux morts des communes de Bussières-lès-Belmont et de Saint-Broingt-le-Bois, sur le calvaire du cimetière de Bussières-lès-Belmont et sur le monument commémoratif placé dans l’église de Saint-Broingt-le-Bois.

 

Monument aux morts de Bussières-les-Belmont

 

Sources :

 

La fiche signalétique et des services du sergent Charnotet, les registres d’état civil et de recensement des communes de Saint-Brouing-le-Bois, de Bussières-lès-Belmont, de Pierrecourt et de Fouvent-le-Haut ont été consultés sur les sites des archives départementales de la Haute-Marne et de la Haute-Saône.

 

La photographie de la sépulture de Jules Charnotet a été réalisée par J.F. Pierron.

 

Son portrait a été trouvé sur le site « Généanet ».

 

La composition de la famille Charnotet a pu être reconstituée grâce au registre de recensement de la commune de Saint-Broingt-le-Bois de l’année 1896. Plusieurs arbres généalogiques incomplets ont été vus sur le site « Généanet ». 

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à G. Chaillaud, à M. Lozano, à J.F. Pierron, aux archives départementales de la Haute-Marne et au Service Historique de la Défense de Vincennes. 

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