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149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
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31 décembre 2021

25 et 26 octobre 1918, l’attaque de la Hunding-Stellung

25 et 26 octobre 1918 bataille de la Hunding-Stellung

 

Octobre 1918 : la 1ère ligne allemande est débordée et dépassée dans le département de l’Aisne. La Ve Armée du général Guillaumat stoppe devant la ligne défensive de la Hunding-Stellung.

 

Les unités de la 43e D.I. sont intégrées à la Ve Armée à partir du 17 octobre.

 

Dans la nuit du 20 au 21, des éléments de cette division, subordonnée au 21e C.A., relèvent une partie de la 16e D.I. rattachée au 13e C.A. depuis le 11 septembre 1918.

 

La 43e D.I. occupe une zone située dans les Ardennes entre La Croix et Le Thour. Son secteur a été divisé en deux parties. Le groupement Chabert (31e B.C.P. et 158e R.I.) est placé dans le sous-secteur de droite, le groupement Vivier (1er B.C.P. et 149e R.I.) dans le sous-secteur de gauche.

 

Carte 1 bataille de la Hunding-Stellung

 

Le lieutenant-colonel Vivier, commandant du 149e R.I., vient d’être nommé à la tête d’un groupement ; celui-ci est constitué de deux bataillons du 1er B.C.P. sous les ordres du capitaine Manceaux et du capitaine Launay et d’un bataillon de son régiment, sous l'autorité du commandant Froment. L’unité constituée est appelée « groupement Vivier ».

 

 

Les 2 bataillons du 1er B.C.P. commandé par le commandant le Bleu relèvent le 85e R.I. en 1ère ligne.

 

21 et 22 octobre 1918

 

Carte 2 bataille de la Hunding-Stellung

 

Le bataillon Manceaux occupe la ligne de front jalonnée par le ruisseau des Barres depuis La Croix jusqu’au point 62.12, à environ 300 m au nord des lisières de le Thour.

 

 Le bataillon Launay est en 2e ligne dans le bois situé à 1000 m à l’ouest de le Thour.

 

Le bataillon Froment se tient en réserve derrière le bataillon Launay.

 

Des reconnaissances ont été effectuées par les 31e B.C.P. et le 85e R.I.. Il semblerait que les Allemands aient déjà abandonné une bonne partie de la Hunding-Stellung.

 

Les premiers éléments ennemis ont été repérés sur la ligne de crête cote 109 - cote 127.

 

23 octobre 1918

 

De nouvelles reconnaissances sont effectuées dans la nuit.

 

Les Allemands, qui n’ont pas lancé de grande contre-attaque, ont opté pour une attitude attentiste depuis l’offensive française des jours précédents. L’ennemi compte probablement sur la ligne Hunding-Stellung pour stopper l’avance de la Ve armée. Seuls les nombreux tirs de ses mitrailleuses rappellent la dangerosité du secteur.

 

Les reconnaissances envoyées par le capitaine Manceaux valident les observations faites la veille par les 31e B.C.P. et 85e R.I.. Elles ont constaté qu’une grande partie du terrain a été abandonnée par l’infanterie allemande. Les officiers supérieurs décident de faire progresser les compagnies du 1er B.C.P. plus en avant.

 

24 octobre 1918

 

Plusieurs patrouilles progressent dans le no man’s land tout au long de la journée.

 

Les deux bataillons du 1er B.C.P. avancent à nouveau leurs positions dans la nuit, se tenant prêts à lancer l’offensive prévue le lendemain. Le bataillon Froment du 149e R.I. est toujours en réserve. Il constituera la 3e vague d’assaut.

 

Les chars du 4e bataillon du 502e régiment, composé de l’A.S. 310, 311 et 312, sont mis à la disposition de la 43e D.I..

 

Dans la nuit du 24 au 25 octobre, les blindés gagnent leur position de départ sur la rive nord du ruisseau des Barres. Ils ont été mis sous la protection des avions pour masquer le bruit de leurs moteurs.

 

25 octobre 1918

 

Carte 3 Bataille de la Hunding-Stellung

 

De nouvelles reconnaissances sont envoyées. Il n’y a pas de changement constaté dans les positions allemandes.

 

La préparation d’artillerie française débute  à 6 h 30. L’infanterie attaque à 7 h 00.

 

Les compagnies du capitaine Michaux avancent derrière un tir de barrage roulant. Elles sont suivies par le bataillon Launay.

 

La progression est délicate. Les chasseurs rampent pour aller de l’avant. Les tirs des mitrailleuses ennemies, particulièrement efficaces, empêchent le bataillon Manceaux d’atteindre son objectif.

 

Le bataillon Launay dépasse le bataillon Manceaux à 13 h 20. L’attaque sur la Hunding-Stellung reprend à 15 h 30 sans plus de succès. Seul l’objectif intermédiaire est atteint en fin de journée. Des éléments du 1er B.C.P. sont tout de même parvenus à pénétrer dans la 1ère ligne de la position allemande.

 

Les chars de l’A.S. 312 affectés au groupement Vivier sont intervenus au cours des deux attaques menées par le 1er B.C.P..

 

Les pièges antichars allemands non détruits par l’artillerie (pièces antichars, mines, canon de 77 enterrés au ras du sol, minenwerfer) leur ont infligé des pertes sévères.

 

Malgré cette situation, ils sont parvenus à détruire un nombre conséquent de mitrailleuses, sauvant ainsi de nombreuses vies. Grâce à leur action, un groupe de chasseurs est parvenu jusqu’aux réseaux de barbelés de la Hunding-Stellung.

 

La carte suivante indique la progression approximative effectuée par les chars du 4e bataillon du 502e régiment au cours des attaques menées les 25 et 26 octobre 1918.

 

Carte 4 bataille de la Hunding-Stellung

 

Durant cette journée, les Allemands ont opposé une vive résistance. Les objectifs fixés par le plan initial français n’ont pas été atteints.

 

26 octobre 1918

 

Carte 5 bataille de la Hunding-Stellung

 

La situation est identique à la veille au soir. Les éléments de tête du groupement Vivier sont placés à 200 m au sud de la route Banogne-Saint-Quentin-le-Petit.

 

Le groupement Chabert est stoppé devant le village de Banogne et les premiers réseaux de la position Hunding-Stellung.

 

La 170e D.I.,qui a réussi à enlever le village de Saint-Quentin-le-Petit, se relie au groupement Vivier à proximité du point 94.

 

L’offensive reprend à 9 h 00. Le groupement Vivier doit contourner Banogne par l’ouest, le groupement Chabert par le sud.

 

Le bataillon Froment dépasse le bataillon de tête du 1er B.C.P. pour attaquer la tranchée de Neptune. Il est soutenu par deux sections de chars reconstituées. La 3e section du lieutenant de Bayenghem accompagne sa compagnie de gauche. La 1ère section de l’aspirant Laugier soutient sa compagnie de droite.

 

Carte 6 bataille de la Hunding-Stellung

 

Les deux compagnies du 149e R.I. se collent au tir de barrage. La route de Banogne-Saint-Quentin-le-Petit est franchie à 10 h 00. Les chars arrivent rapidement à la tranchée de Neptune. Une forte brume a favorisé leur approche. L’infanterie est stoppée par les tirs de flanc des mitrailleuses ennemies installées à l’ouest de Banogne et à gauche du point 78.55  de la tranchée de Neptune. L’attaque est stoppée.

 

Le bataillon Froment reprend l’offensive à 15 h 30 après une préparation d’artillerie d’une heure. Sans plus de succès, elle est stoppée nette par les mitrailleuses allemandes qui n’ont pas été réduites au silence.

 

Les compagnies du bataillon Froment et les sections de chars ne peuvent pas aller au-delà. Une fois de plus l’attaque est un échec.

 

L’infanterie se terre pour s’accrocher au terrain conquis. Les chars se replient derrière les escarpements situés à 100 m au nord de la route. À la nuit, ils regagnent leur position d’attente au cimetière de le Thour.

 

En fin de journée, la ligne de front du groupement Vivier est approximativement jalonnée de la manière suivante :

 

Tranchée K1- moulin de Banogne – ligne à environ 200 m au nord de la route Banogne-Saint-Quentin-le-Petit.

 

La carte ci-dessous offre une meilleure visualisation des déplacements effectués par les éléments de la 43e D.I. durant la période allant du 22 et le 26 octobre 1918.

 

Carte 7 bataille de la Hunding-Stellung

 

Deux officiers du 149e R.I., le capitaine de Parseval, de la 3e compagnie et le sous-lieutenant Viard de la 7e, perdirent la vie ce jour-là. Deux sous-officiers et 12 soldats ont également été tués au cours des combats. Cinq hommes ont été enregistrés comme « morts pour la France » les 27 et 28 octobre. Il est certain que sans l’appui des chars les pertes auraient été bien plus conséquentes. 

 

                             Tableau des tués pour les journées des 25, 26, 27 et 28 septembre 1918

 

27 octobre 1918

 

Le 1er bataillon du 170e  R.I. relève le bataillon Froment au cours de la journée. Ainsi s’achève la dernière opération de guerre du 149e  R.I.. En effet, pendant les quinze derniers jours du conflit, le 149e R.I. ne sera plus engagé jusqu’à la signature de l’armistice.

 

Sources :

 

J.M.O. de la 43e D.I. Réf : 26 N 344/8.

 

J.M.O. de la 170e D.I. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 462/2.

 

J.M.O. du 1er B.C.P. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 815/6.

 

J.M.O. du 3e B.C.P. S.H.D. de Vincennes.  Réf : 26 N 816/5.

 

J.M.O. du 27e R.I. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 601/6.

 

J.M.O. du 85e R.I. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 666/13.

 

J.M.O. du 116e R.I. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 682/4.

 

Les armées françaises dans la Grande Guerre : La campagne offensive de 1918 et la marche au Rhin (26 septembre 1918 - 28 juin 1919) Deuxième volume et cartes.

 

Les cartes n’ont qu’une valeur approximative. Les emplacements des différentes unités ont été trouvées sur plusieurs cartes à échelle différente provenant des J.M.O. consultés.

 

Historique du 502e régiment de chars blindés

 

J.M.O. de l’A.S. 310 : S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 1244/25.

 

« Les chars d’assaut, leur création et leur rôle pendant la guerre 1915-1918 » du capitaine Dutil, agrégé d’histoire. Éditions Berger-Levrault, 1919.

 

La carte des chars a été réalisée par «Tanker» qui intervient régulièrement sur le forum « pages 14-18 ».

 

Un très grand merci à M. Bordes, à A. Carrobi, à M. Porcher, au Service Historique de Vincennes, à Google-Earth et pour tout ce qui concerne les chars à « Tanker » du site « pages 14-18 ».

Commentaires
P
Comment ces hommes, après ces 4 années de guerre, trouvent encore la force de combattre avec ferveur. Certes la plupart sont de la classe 14 et 15, mais garder une telle volonté dans les affrontements est tout à fait admirable. Ils ont tous connu les grandes batailles où les pertes ont été considérables, malgré cela ils restent combatifs, respect à eux. Merci Denis pour ces instants révélés sur ces valeureux. Dire qu'il ne restait que moins d'un mois de guerre.
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