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149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
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25 décembre 2012

Le grand départ.

À Gilbert Monne,

                 Mobilisation_generale

Je dédie tout le travail qui va suivre sur plusieurs semaines à Gilbert Monne, une des toutes premières personnes à m’avoir fait confiance et à m’avoir encouragé lorsque j’ai commencé ce blog.

Le 149e R.I., qui fait partie des troupes de couverture, doit quitter ses lieux de casernement quelques heures avant l'ordre de la mobilisation générale. La mobilisation générale permet de faire passer la force militaire nationale du temps de paix à celui du temps de guerre. Une fois celle-ci décrétée, le plan XVII est mis en route afin de concentrer les troupes face à l’ennemi et engager les opérations.

Pour éviter toute « attaque brusquée » de l’adversaire pendant la période de concentration, les troupes casernées à la frontière forment un rideau défensif appelé « couverture ».

Le 26 juillet 1914, le 149e R.I. est en manœuvre sur le terrain du camp du Valdahon.

Ce camp se situe dans le département du Doubs à 140 km au sud d Épinal. Les permissions sont supprimées et le régiment doit rentrer d’urgence pour regagner ses quartiers à la caserne Courcy. 

Le 27 juillet 1914, le soldat Armand Henriot raconte dans une lettre destinée à son père, le retour du 149e R.I. dans ses cantonnements spinaliens. La pluie est au rendez-vous et la troupe n’est pas ménagée. Malgré les évènements décrits, Armand se veut rassurant pour l’avenir.

                 Armand_Henriot

Épinal, le 27 juillet 1914 

Cher père, 

Je suis déjà de retour à Épinal. Nous sommes restés guère plus d’un jour là-bas. Arrivés samedi après-midi, nous sommes repartis lundi à 2 heures du matin pour Épinal par le train qui est arrivé à 1 heure de l’après-midi. Nous étions dans des wagons à bestiaux. Il n’y faisait guère bon, il n’y avait pas de place, nous étions 55 dans notre wagon. 

                 Gare_du_Valdahon

 Nous avons eu de la pluie tout le temps du voyage. Au Valdahon, c’était encore pire. Il ne fait pas bon là-bas quand il pleut, c’est plein d’eau et de boue. Il faisait froid, la nuit on était couchés par terre sur une paillasse avec un polochon de paille et une couverture.

Je n’ai pas pu aller vous voir hier soir dimanche, nous avons été au tir jusqu’à midi. On a déjà été rincés comme il faut. Je comptais aller vous voir dimanche prochain, mais il n’y a plus moyen maintenant depuis Épinal. On a été surpris quand on nous a dit qu’il fallait déjà repartir. Le général a reçu une dépêche dans la soirée de réintégrer la brigade de suite dans sa garnison. Ça a fait un beau branle-bas de combat de tout remonter pour partir, surtout qu’il pleuvait à verse. Quand on a été embarqués, nous étions tout trempés.

Le 158e est rentré aussi à Bruyères. C’est une mesure de sécurité en-cas où la situation s’aggrave, mais, jusqu’ici, il n’y encore rien de grave. C’est à cause de l’Autriche et de la Serbie qui, je crois maintenant se sont déclarées la guerre. Si la Russie intervient pour soutenir la Serbie, l’Allemagne soutiendra l’Autriche qui est son alliée et la France sera obligée de s’en mêler aussi pour aider la Russie. Mais je vous le répète,  jusqu’ici, il n’y a encore rien de grave et il faut croire qu’il n’arrivera rien. Ce sont des mesures de précaution qu’il faut prendre. Je vous envoie une carte du Valdahon, je n’ai pas pu vous l’envoyer depuis là-bas. Il pleut ici aussi. 

Je me porte assez bien et je vous embrasse tous.

 Armand  

À cette période, le 149e R.I. est composé de 41 officiers, de 109 sous-officiers et de 2165 caporaux et soldats, soit un total de 2315 hommes. 

                       Tableau_1_premier_echelon

                     Tableau_2_premier_echelon

Ce régiment forme une brigade avec le 158e R.I.. Cette brigade qui porte le numéro 85 est elle-même rattachée à la 43e D.I. qui avec la 13e D.I., forment le 21e C.A..    

                         Carte_frontiere_2

                                      Legende_carte_frontiere_aout_1914

 Une forte partie des troupes de couverture de la frontière de l’est furent concentrées par mesure de précautions dans les tout derniers jours de juillet 1914. Dans l’après-midi du samedi 1er août, la mobilisation est décrétée. Un régiment d’active comme le 149e R.I.est déjà en route. Il s'apprête à rejoindre la ligne virtuelle marquant la zone neutre qui se trouve entre elle et la frontière. La France a adopté une position défensive. Les Allemands franchiront la frontière les premiers. 

                 Caserne_Courcy      

                        Le temps des manœuvres est terminé. Le 149e R.I. à rendez-vous avec son destin.

 Jeudi 30 juillet 1914

Dans la soirée, un ordre est donné à la 2e compagnie. Cette dernière, une fois complètement mobilisée, devra partir par voie de terre. Elle assurera la garde de la voie ferrée qui s’étend du village d’Arches au pied du tunnel de Bruyères.                   

 Vendredi 31 juillet 1914

                  Carte_journee_du_31_juillet_1914_ 

                                       Legende_carte_1__aout_1914

Dans la nuit, à 3 h 00, le 149e R.I. reçoit l’ordre de se mobiliser. Il doit se tenir prêt à quitter le dépôt à 7 h 00.

À 5 h 30, la 2e compagnie, sous l’autorité du capitaine Crepet, se rend par voie de terre sur la commune de Docelles. 

En début de soirée le régiment reçoit communication d’un télégramme qui est ainsi conçu « Faites partir les troupes de couverture. L’heure d’origine de la mobilisation des troupes de couverture est 19 h 00. » 

Samedi 1er août 1914

Tôt dans la nuit, les 1er et 3e bataillons du 149e R.I. quittent la caserne Courcy pour se rendre à la gare. Le jour n’est pas encore levé que les quais sont déjà en pleine activité. Après les adieux aux familles pour les plus chanceux, les derniers éléments du 3e bataillon montent dans le train qui est prêt à partir. Il est 4 h 30, destination gare de Bruyère ou il doit arriver à 6 h 30. La garde de police est effectuée par un officier de la 10e compagnie. Il doit s’assurer du bon déroulement  des opérations. Ce premier train embarque également l’E.M. de la 85e brigade et l’E.M. du régiment. Un peu plus tard, un second train se charge des 1ère, 3e et 4e compagnies. Son départ a lieu à 5 h 50. Il dépose les hommes du 1er bataillon dans la petite gare de Laveline-devant-Bruyères, il est  6 h 30. 

                 Gare_de_Laveline_devant_Bruyeres

En milieu de matinée, un 3e train doit transporter le 2e bataillon. Ce dernier quitte la gare spinalienne à 10 h 10. Il  arrive en gare de Bruyères à 12 h 15.

Une fois arrivé à destination, le régiment se pose dans les cantonnements.

L’E.M., la C.H.R., les 2e et 3e bataillons s’installent dans Bruyères. ; La C.H.R. se retrouve au centre, le 2e bataillon dans la partie sud-est et le 3e bataillon dans la partie nord-ouest de la commune.

La 1ère compagnie et les sections de mitrailleuses vont s’établir dans la partie nord-est de Laveline-devant-Bruyères. À quelques encablures, les 3e et 4e compagnies posent les « l’as de carreaux »  à la Chapelle.

 Il est 17 h 15, le régiment reçoit communication par l’intermédiaire de la 85e brigade d’un télégramme du ministre qui est ainsi libellé : « Ordre de mobilisation générale. Le 1er jour de mobilisation est le 2 août (deux août) » 

                 Carte_journee_du_1er_aout_1914

                                     Legende_carte_2__aout_1914

Dimanche 2 août 1914 

À la mobilisation, l’appel des réservistes est combiné de telle sorte qu’en quelques jours le régiment d’active reçoit un nombre suffisant d’hommes pour compléter son effectif du temps de paix. (2e échelon).  Une fois ce 2e échelon mis sur le pied de guerre, il part pour la zone des opérations, où il rejoint le 1er échelon. Les autres réservistes, en fonction des classes, arriveront au fur et à mesure au dépôt du régiment pour assurer le remplacement des pertes. 

La troupe occupe les mêmes emplacements que la veille. 

Sources bibliographiques :

J.M.O. du 149e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 696/8.

J.M.O. de la 85e brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 520/9.

Historique du 149e  Régiment d’Infanterie. Épinal. Imprimerie Klein, 1919.

Guides illustrés Michelin des champs de batailles « l’Alsace et les combats des Vosges, 1914-1918, volume 1, 1920.

Les archives du Service Historique de la Défense de Vincennes ont été consultées. 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à É. Mansuy, à M. Porcher et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

18 décembre 2012

Avant les jours sombres de la guerre...

                 Groupe_de_musiciens

Après avoir été dissous en 1814, le 149e R.I. voit de nouveau le jour à Épinal en 1887. Le 24 mars 1888, le général gouverneur de la cité spinalienne remet au colonel Vidal de Lauzun et à son régiment un drapeau flambant neuf ou figurent inscrits en lettres d’or, les noms de Fleurus, Bautzen et de Goldberg. 

À partir de la date de sa reconstitution et jusqu’à la déclaration de la guerre en août 1914, le régiment est commandé respectivement par les officiers suivants :

                 Les_chefs_de_corps_du_149e_R

De 1887 à 1899, le 149e  R.I. est caserné à Contades, un vieux quartier d’Épinal construit par la ville en 1740 et qui, jusqu’en 1870, n’avait abrité que des régiments de cavalerie. En 1899, les trois bataillons actifs du régiment vont occuper le quartier neuf de Courcy, établi sur le plateau de Chanteraine.

                 Caserne_Contades_1

Les deux photographies suivantes sont extraites de cartes-lettres militaires. Le premier cliché nous fait découvrir l’entrée principale de la caserne, le second représente une vue générale de la partie est des bâtiments prise depuis le terrain de manœuvres. 

                 Photo_1__preambule_

                 photo_2__preambule_

Les trois cartes postales suivantes donnent une vue globale extérieure des bâtiments de la caserne.

                 Photo_3__preambule_

                 Photo__4__preambule_

                 Photo_5__preambule_

 Pour mieux se repérer… 

                  Positions_du_photographe

L’annuaire de l‘armée française pour l’année 1905, qui peut se consulter sur le site « Gallica », donne la liste de l’effectif du 149e R.I.. La plupart de ces officiers dont les noms figurent dans cet annuaire sont certainement représentés sur cette photographie de groupe, extraite de l’album photo correspondant à la même année. 

                Photographie_groupe_officiers_du_149e_R

                Composition_du_149e_R

                Composition_du_149e_R

                Composition_du_149e_R

Le 149e R.I. possède également un quatrième bataillon. Ce dernier constitue, avec les quatrièmes bataillons des 21e, 44e et 60e R.I., le groupe de forteresse de la place d’Épinal. En 1913, il formera le 170e R.I.. 

               Caserne_Contades_2

Ce groupe de forteresse occupe la caserne Contades qui hébergeait anciennement le 149e R.I.. 

(Il faut cliquer une fois sur les trois images suivantes pour avoir accès aux albums-photos). 

             Groupe_de_forteresse_4e_bataillon_149e_R  Groupe_de_forteresse_4e_bataillon_149e_R  Groupe_de_forteresse_4e_bataillon_149e_R

Début juillet 1914, le régiment est en plein préparatif de fête. Une affiche indiquant la date du 9 juillet donne le programme des réjouissances. 

                                  Affiche_149e_RI

Pour une meilleure lecture, voici la retranscription du texte de l’affiche avec son contenu en patois.

 

                                FÊTE DU 149e RÉGIMENT D’INFANTERIE

                                           ÉPINAL, 9 JUILLET 1914      

                                                                        PROGRAMME

                                                                      Première partie

              6 heures  -  Réveil en musique

              9 heures -  Revue dans la cour du Quartier, Honneurs au Drapeau.

             10 heures – Dans chaque compagnie, commentaire de l’historique du Corps.

                                                                    Deuxième partie

                       14 heures 30 – SÉANCE GYMNASTIQUE ET SPORTIVE

              (Prix offerts par le Général de brigade, le Colonel et les Officiers du régiment)

   1         Entrée comique – Les « Jackmin’s Simon’s » dans leurs exercices

   2         Les représentants du collège de la folie-Pinet

   3         Lutte de traction, 110 m haies

   4         Velausel par le peloton cycliste

   5         Fête du village (deux divers) avec le concours de la chorale de Sainte Barbe-             en-feigne

   6         Grand concours de tir

   7          Escrime à la baïonnette

                                         Distribution des Récompenses

                                                  ENTR’ACTE

                                               Troisième partie

                                                AU THÉATRE DES « FOLY-COURSY »

BOURRÉE LIMOUSINE  par les Ouvergnats de Clermont-Ferrand et d’Ambert.

                                              BEYSSERIAS tiendra l’accordéon

 2  BOURRÉES BERRICHONNES par les Gâs et les Drollières ed’ Boûrges anqu’ el’ maît’ cornemusieux

                                            LANGERON ed’ Foécy-en-Berry

 3   ODE A FLEURUS, par le caporal BEUCHERT, interprété par le Soldat Robert CAPON

 4   « COURS'Y ! » Revue, par le soldat BÆTZNER.               

                                                                                                     APOTHÉOSE

 

Nous sommes à un mois, jour pour jour, du baptême du feu du régiment…  

Sources bibliographiques : 

Annuaire de l’armée française de l’année 1905. Celui-ci peut se consulter sur le lien suivant : 

B

 

Couverture_historique_du_149e_RHistorique du 149e  Régiment d’Infanterie. Un texte approuvé par le colonel Radiguet à Épinal en 1905. 

 

 

 

 

 

 

 

L’affiche annonçant la fête du 149e R.I. provient d’une collection privée. 

Exemple de carte de carte-lettre militaire : 

Carte_lettre_militaire_1

Carte_lettre_militaire_2

Pour en savoir plus sur l’histoire du 149e R.I. : http://amicale.149ri.free.fr/

Un grand merci à M. Bordes, à  A. Carobbi, à M. Porcher et à Monsieur et Madame Lalau.

4 décembre 2012

Foucaucourt-Soyécourt, septembre 1916, du côté des postes de secours...

                   Raymond_Bonnefous         

De nouveau un très grand merci à N. Bauer pour son autorisation de publier ici les passages inédits provenant du carnet laissé par son grand-père Raymond Bonnefous. 

Le 18 août 1916, le G.B.D. 43 est installé à Framerville. Le médecin sous - aide major Raymond Bonnefous, du groupe de brancardiers divisionnaire de la 43e D.I., nous fait part de ses observations concernant l’attaque menée par la 85e brigade, depuis son poste de secours. 

                   Carte_Framerville

 Samedi 2 septembre 1916 

Repos au cantonnement. Préparatifs de l’attaque ; on termine la composition des équipes, l’approvisionnement des postes.  

Dimanche 3 septembre 1916 

Grand-messe à Framerville. L’attaque est vraisemblablement pour demain, et le soir, je reçois l’ordre de monter avec douze hommes au poste de la Boulangerie. La nuit s’écoule tranquille et le matin…

                              Groupe_de_brancardiers

                              Somme 1916. Une partie de l équipe de brancardiers de Raymond Bonnefous

                                       (Ce dernier se trouve debout au centre de la photographie)

 Dimanche 3 septembre 1916

Grand-messe à Framerville. L’attaque est vraisemblablement pour demain, et le soir, je reçois l’ordre de monter avec douze hommes au poste de la Boulangerie. La nuit s’écoule tranquille et le matin… 

Lundi 4 septembre 1916

… nous apprenons que l’attaque se déclenche à 14 h 00. Je descends déjeuner à Framerville en hâte et, à midi, je reçois mes renforts : ma première section et la troisième avec Martin.

À 14 h 00, les vagues d’assaut sortent des tranchées. Grimpés sur les parapets, nous les voyons monter au pas, à droite de Soyécourt, précédées d’un tir de barrage de 75 formidable. Les canons tirent à toute vitesse et bientôt la vue est barrée par un nuage de fumée ; on voit dès le début de l’attaque des groupes se détacher : ce sont des prisonniers qui descendent ; nous sommes enthousiasmés. À 4 h 00, les blessés commencent à affluer ; toutes les équipes entrent en service et jusqu’à 10 h 00 du soir, il n’y a pas une minute d’interruption. À 8 h 00, je monte voir un P.S. de relais sur le trajet du 149e, puis le P.S. du 3e B.C.P., et je redescends pour avancer mon poste, qu’avec difficulté, sous l’averse qui vient de se déchaîner et en continuant les évacuations, je porte au boyau du parc, ce qui me permet d’utiliser les brouettes porte-brancards plus longtemps. Les équipes peuvent se reposer trois heures dans la nuit et je m’étends moi aussi de minuit à 5 h 00, tout mouillé et gelé. 

Mardi 5 septembre 1916

À 5 h 00, je monte en reconnaissance avec Ducuing. Nous pataugeons dans les boyaux C5b et Brière de l’Isle, et nous décidons sur ce dernier l’établissement d’un P.C. de relais, qu’à 9 h 00 du matin, je viens installer  avec 12 hommes de la 1ère dans un grand abri allemand à deux entrées et très profond, situé au milieu de la première maison de Soyécourt. Le mouvement des blessés, un peu ralenti pendant la nuit, a repris dès le petit jour, avec de grosses difficultés pour les brancardiers.

Par un boyau très marmité, je vais voir le médecin du 149e. Une 2e attaque se déclenche, nouveaux prisonniers, peu de blessés.

À 4 h 00 du soir, mes équipes exténuées ont enfin un moment de détente et nous en profitons tous pour manger un morceau en hâte. Puis les évacuations de blessés allemands couchés continuent jusqu’à la nuit,  ce qui me force à garder un officier saxon. Je reçois pour la nuit deux équipes de territoriaux, qui suffisent à assurer le service et permettent à mes équipes 8 heures de repos. 

                   Position_du_G

 Mercredi 6 septembre 1916

Au matin, le défilé des blessés allemands continue. Ce sont tous des Saxons, en général jeunes et vigoureux, plutôt sympathiques. Comme les prisonniers que nous voyons depuis la veille passer en file, ils sont tous du 102 et du 103.

À 4 h 00 de l’après-midi, une troisième attaque se déclenche ; elle est pour nous un peu plus meurtrière que les précédentes et ne donne aucun résultat, car nos poilus, sans ravitaillement et dans la boue depuis trois jours, sont exténués. Le soir, je reçois une équipe de renfort du G.B.C.A. 35 (depuis notre entrée en ligne, nous sommes rattachés au 35e C.A.) et les 4 équipes fonctionnent à peu près sans interruption jusqu’à 1 h 00 du matin où le mouvement s’arrête enfin. 

Jeudi 7 septembre 1916

La journée est très calme. Deux nouvelles équipes du G.B.C.A. 35, que je reçois, n’ont rien à faire. Je peux descendre déjeuner à Foucaucourt (dorénavant, je descendrai y prendre tous mes repas avec Martin) et l’après-midi je monte avec Côme faire le tour de Soyécourt ; nous montons dans les anciennes lignes allemandes et admirons le travail parfait de notre  artillerie : tranchées et boyaux sont nivelés, les abris sont effondrés ou murés ; des abris de toutes sortes, casques de tranchées, équipements, grenades, cartouches, traînent partout. On voit de nombreux cadavres allemands dans la première et la deuxième ligne ; quelques cadavres français à découvert sur la plaine. Les boyaux ne sont plus que des sentiers reliant les trous d’obus. Devant nous, on voit Vermandovillers, dont la 86e brigade tient les 3/4 ; un peu partout et pas loin, les Allemands marmitent. 

Vendredi 8 septembre 1916

Journée calme. L’après-midi, deuxième promenade dans les lignes. Sur le soir, rapide visite du médecin-chef. Cinq ou six blessés sont évacués avant la nuit et nous dormons tranquilles.  

Pour en savoir plus sur Raymond Bonnefous (cliquer sur l’image suivante) :   

                                        Raymond_Bonnefous

Sources : 

Toutes les informations présentées dans cette petite notice m’ont été données par N. Bauer, la petite-fille de Raymond Bonnefous. 

La photo utilisée pour le montage est extraite du site suivant :

 http://defouloir.forumactif.org/visite-memorial-14-18-h31.htm : 

Merci à son auteur qui vient de me donner son autorisation pour que je puisse l’utiliser ici. 

L’histoire de Raymond Bonnefous durant la Grande Guerre peut se lire dans le roman de Nathalie Bauer « Des garçons d’avenir » publié en 2011 aux Éditions Philippe Rey. 

Un grand merci à N. Bauer et à M. Bordes.

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