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149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
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27 février 2015

Louis Dubois (1893-1914).

Louis_Dubois

Louis Henri Dubois voit le jour le 3 août 1893, dans le lieu-dit « chez Cartier » près du petit village des Fins, dans le département du Doubs. Son père, qui exerce la profession d’agriculteur, se prénomme Jules Cyprien, sa mère se nomme Marie Pourchet.

Sa fiche signalétique et des services lui donne un niveau 3 pour son degré d’instruction ; cet homme sait donc lire écrire et compter. Une fois sa scolarité terminée, Louis devient agriculteur tout comme son père.

L’année 1913 arrive, il est temps pour lui d’effectuer son service militaire. Classé n° 1 sur la liste du canton de Morteau, Louis Dubois est inscrit sous le numéro 43. Le jeune homme est incorporé le 26 novembre 1913 comme soldat de 2e classe. Il doit rejoindre la ville d’Épinal pour intégrer le 149e R.I..

Au début du mois d’août 1914, il sert dans la 11e compagnie du 149e R.I. sous les ordres du capitaine Erhard. Sa participation à la campagne contre l’Allemagne est brève…

Le soldat Dubois est inscrit dans la liste des disparus du J.M.O. du régiment à la date du 21 août 1914. Ce n’est que le 2 mai 1918 que sa mort est véritablement officialisée, suite à un jugement rendu par le tribunal de Pontarlier.

Louis Dubois pourrait reposer dans le cimetière national mixte « la Valette » d’Abreschviller. Son nom, accompagné du n° du régiment d’appartenance,est inscrit sur la plaque de l’ossuaire n° 1.

Ossuaire_Abreschviller___Louis_Dubois_

Concernant les circonstances de son décès, une autre version des faits est enregistrée sur sa fiche signalétique et des services.

« Décédé le 20 janvier 1915 des suites de ses blessures de guerre et inhumé à Strasbourg, par les autorités allemandes. »

Une source à ne pas oublier en cas de disparition d’un soldat… Il ne faut pas hésiter à consulter le site du Comité International de la Croix Rouge. En effet, les familles ont souvent fait des recherches pour essayer de retrouver la trace des leurs, ce qui est le cas pour Louis Dubois.

Fiche_C

Toutefois, le nom de cet homme ne figure pas dans une liste de prisonniers, ce qui laisse à penser qu'il est peut-être effectivement tombé le 21 août et non mort des suites de ses blessures. Mais les deux hypothèses sont impossibles à départager avec les sources disponibles.

Son nom est inscrit sur le monument aux morts de la commune des Fins.

Le portrait de Louis Dubois est fixé sur le monument aux morts des Fins qui se trouve sur la place du 8 mai, juste en contrebas de l’église de ce village.

Sources :

La fiche signalétique et des services Louis Dubois a été consultée sur le site des archives départementales du Doubs.

Les photographies du monument des Fins et du portrait du soldat Dubois ont été réalisées par G.Tisserand.

La fiche de Louis Dubois provient du site du Comité International de la Croix Rouge.

Croix_Rouge__logo_

Un grand merci à M. Bordes, à A. Marguet,  à A. Carobbi et à G. Tisserand.

20 février 2015

Témoignage de Louis Cretin : du col de Saales à Val-et-Chatillon...

Louis_Cretin__Abreschviller_

Tous mes remerciements à D. Browarsky et à T. Cornet qui me permettent  de retranscrire sur ce blog le passage suivant du témoignage de Louis Cretin qui a été à la C.H.R. du 149e R.I. du début à la fin du conflit.

Le 14 août, réveil à deux heures du matin, et c’est la marche en avant. Nous traversons la frontière au col de Saales. Les Allemands avaient incendié le poste de douanes, la poste ainsi que les deux ou trois maisons qui forment le village de Saales français. Aussitôt la frontière passée, le jour s’étant levé, le combat s’engage. Les Allemands sont solidement retranchés et nous attendent. Leurs obus de 77 fusants éclatent sans discontinuer. Heureusement qu’ils font plus de bruit que de mal. Des chevaux ont peur des éclatements et versent leur convoi dans le fossé. Nous en remettons plusieurs sur la route en passant. Toute la journée, la bataille fait rage, mais, sur le soir, les Allemands battus abandonnent leurs positions et les nôtres les poursuivent. La nuit, nos avant-postes nous protègent, nous couchons au village de Saint-Blaise-la-Roche.

Le lendemain, à 15 h 00, défilent plusieurs centaines de prisonniers, des convois, des canons, des mitrailleuses et le drapeau du 99e régiment allemand, pris dans la bataille par le 1er B.C.P.. Notre victoire était belle.

Le 16, nous progressons et nous allons cantonner dans un hameau du champ du Feu. C’est là qu’étaient les positions d’artillerie allemande et leurs réserves. Nos 75 avaient fait merveille, les tranchées et les emplacements de leur batterie étaient jonchés de débris. En parcourant le champ de bataille, nous glanons toutes sortes de choses, cartouches, bidons, équipement. Nous sommes cantonnés chez un bon vieux qui cause très bien le français. Grisés par notre victoire, nous nous voyons déjà à Mutzig, à Strasbourg et au bord du Rhin. Mais il refroidit notre ardeur par des paroles plutôt graves. C’est ainsi qu’il nous dit : « Une bataille gagnée n’est pas toute une campagne. Méfiez-vous des Allemands. Ils sont très forts. En 1870, j’ai fait campagne dans l’armée française, nous avons été battus. Croyez-moi, ils sont encore plus à craindre. Ils sont nombreux, ils ont beaucoup d’hommes « Nous aussi ! », beaucoup de mitrailleuses et de canons « Peuh ! Ils ne font que du bruit ! » Ils ont surtout de grosses pièces « Nos 75 les démoliront ». La guerre durera plus longtemps que vous ne pensez «  Nous lui rions au nez. » Bref, un tas d’objections qui nous le faisait prendre pour un fou.

Le lendemain 18 août, nous quittons notre cantonnement de grand matin. Le vieux « dingo » vint nous serrer la main à tous. « Bonne chance mes enfants » nous dit-il. Puis, comme nous partions, il écrasa une larme sur sa joue parcheminée. Il s’adressa à sa digne compagne. « Ces pauvres enfants, combien reviendront-ils ? Dieu seul le sait, mais moi, jamais je ne les reverrais. » Ses mains se tendirent vers nous en signe d’adieu. Les premiers instants de notre marche, nous ne parlions que du vieux « Père la défaite ». Non mais ! Tu as entendu le grand-père avec ses boniments à la noix. Nous nous moquâmes de lui copieusement. Nous étions ignorants de ce qui se passait en Belgique et sur les autres parties du front. Nous pensions être vainqueurs partout. Hélas !

Plus tard, les paroles du soldat de 1870 devaient nous revenir à la mémoire. En conscience, nous devions reconnaitre qu’il avait été bon prophète.

Nous traversons les petites villes de Rothau et de Schirmeck au pas cadencé. Quelques drapeaux tricolores flottent sur les édifices. Puis nous quittons la vallée de la Bruche. Au lieu de continuer en direction de l’est, nous remontons franchement au nord et escaladons le massif du Donon.

Nous pénétrons en Lorraine. Le soir, épuisés par cette marche forcée de 40 kilomètres, nous bivouaquons dans un bois près du village de Saint-Quirin. Après quelques heures de repos (nous avons dormi le sac au dos), le 19 à l’aube, nous arrivons à Abreschviller où le régiment prend sa formation de combat. Des compagnies partent sur la verrerie de Vallerysthal. Le reste va prendre position sur la droite de Sarrebourg. Pour la première fois, nous voyons des aéroplanes allemands qui viennent nous survoler. Ils laissent tomber des fusées lumineuses. Quelques instants plus tard, les 105 fusants éclatent au-dessus de nous. La bataille s’engage, violente… Des coloniaux blessés, en position sur notre gauche, reviennent des lignes fort démoralisés… Ils racontent que les leurs se sont fait massacrer par les mitrailleuses allemandes, en chargeant à découvert, sur plus de 400 mètres. Un vrai carnage ! ajoutent-ils. Nous marchons un peu au hasard, à la recherche de nos blessés. Durant deux jours, nous bivouaquons dans des champs de blé.

Le 21, de grand matin, un bombardement intense tombe sur nos lignes. Des « marmites » font leur apparition. Des 105 et 130 fusants et percutants se succèdent par rafales sans interruption. Nous maintenons nos positions, une partie de la journée, mais nous sommes débordés sur la droite et la gauche. Nous sommes obligés de battre en retraite. En traversant la gare d’Abreschviller, les éclats d’obus résonnaient d’une façon lugubre sur les wagons. Le pont sur la rivière était très dangereux à franchir. Nous préférons traverser la rivière à pied. Pendant ce temps, nos batteries d’artillerie usent leurs munitions et débouchent à zéro, sur les vagues d’infanterie allemande, avant de se replier. Les artilleurs se joignent à nos arrière-gardes, ils font le coup de feu avec leur mousqueton. Peu de pièces furent sauvées ! Les attelages décimés par les balles ou la mitraille, tombaient en entrainant la perte de la pièce. Les Allemands nous poursuivent à marche forcée. Le Donon est déjà entre leurs mains, nous ne pouvons pas retraiter par là. C’est sur Cirey-sur-Vezouze que nous repassons la frontière. Le soir nous sommes à Val-et-Chatillon… Quelques heures de repos… Nous sommes exténués par notre marche avec les obus qui nous pourchassaient constamment.

Sources :

Témoignage de Louis Cretin.

Un grand merci à M. Bordes,  à D. Browarsky et à T. Cornet.

13 février 2015

Victor Mathieu (1881-1914).

Victor_Mathieu

Victor Mathieu voit le jour le 24 février 1881 à Raon-aux-bois, une petite commune située dans le département des Vosges. À sa naissance, son père Auguste, âgé de 27 ans, exerce la profession de manœuvre. Sa mère, Marie Augustine Grosjean est une manouvrière âgée de 20 ans.

Ce jeune homme gagne sa vie durant plusieurs années en travaillant à la blanchisserie-tannerie de Thaon-les-Vosges. Dans l’après-midi du 1er août 1914, le tocsin de l’église du village se fait entendre. La menace de guerre contre l’Allemagne se profile. Une partie des réservistes va devoir rallier son régiment d’affectation dans les jours à venir. Victor Mathieu, maintenant âgé de 33 ans, fait partie du nombre.

N’ayant pas eu accès à sa fiche signalétique et des services, il est impossible de savoir la date exacte où Victor Mathieu rejoint le dépôt du 149e R.I. à Épinal.

Ce soldat de la classe 1901 est incorporé à la 10e compagnie du régiment, une unité du 3e bataillon qui se trouve sous l’autorité du capitaine Laure. Peu de temps après avoir endossé la tenue de fantassin, le 21 août 1914, le soldat Victor Mathieu est tué dans le secteur de la Valette, près du bois de Voyer, au nord d’Abreschviller, un petit village du sud mosellan situé dans le massif du Donon.

Sa compagnie, commandée par le lieutenant Marcel Michelin, a reçu l’ordre de protéger le repli du 3e bataillon du régiment qui se trouve en très mauvaise posture, suite à une attaque allemande.

Victor Mathieu est inscrit dans la liste des blessés du J.M.O. du régiment à la date du 21 août 1914. Ce n’est que le 11 février 1920 que sa mort est véritablement officialisée suite à un jugement rendu par le tribunal d’Épinal.

Victor a obtenu la croix de guerre avec étoile de bronze. Sa Citation est publiée dans le Journal officiel du 9 septembre 1920.

« Soldat brave et dévoué. Tombé en résistant à une attaque ennemie, le 21 août 1914, à Abreschviller.»

Victor Mathieu repose actuellement dans l’ossuaire n° 2 du cimetière national mixte « la Valette » d’Abreschviller.

Ossuaire_n_2_Abreschviller

Son nom est inscrit sur le monument aux morts de la commune de Thaon-les-Vosges.

Sources :

Le portrait de Victor Mathieu est extrait du livre d’or des membres du personnel de la blanchisserie et teinturerie de Thaon, mort pour la France au cours de la guerre 1914-1918.

L’acte de naissance de Victor Mathieu a été consulté sur le site des archives départementales des Vosges.

La citation obtenue par le soldat Mathieu a été trouvée sur le site de la bibliothèque virtuelle « Gallica ».

La photographie de l’ossuaire n° 2 du cimetière national mixte « la Valette » d’Abreschviller a été réalisée par J.C. Balla.

Un grand merci à M. Bordes, à J.C. Balla et à A. Carobbi.

6 février 2015

Robert Petermann (1893-1914).

Robert_Petermann

Robert Georges Pierre Petermann est un Monbéliardais né le 24 juillet 1893, au domicile de ses parents, rue de l’Hôtel de Ville. Son père, Charles Adolphe dirige à cette époque « le Quatorze Juillet », un journal local qui est publié deux fois par semaine. Sa mère, Blanche Rosalie Robert-Tissot, âgée de 28 ans, n’exerce pas de profession. Un peu moins d’un an plus tard, elle donne naissance au frère cadet de Robert, celui-ci est prénommé Pierre.

Une fois ses études supérieures terminées, le jeune Robert décide de se lancer dans une carrière d’officier. Il vient d’être admis à l’école spéciale militaire de Saint-Cyr par décision ministérielle du 23 septembre 1913.

Le 7 novembre 1913, Robert Petermann se rend à la mairie de Lons-le-Saulnier pour venir y signer un engagement volontaire d’une durée de 8 ans.

Au cours de cette période, ses parents demeurent à Belfort. Plus tard, ils franchiront la Méditerranée pour venir s’installer à Casablanca.

Robert Petermann intègre la promotion saint-cyrienne dite « la Croix du Drapeau ». Il est loin de s’imaginer que ses études vont devoir s’arrêter bien avant la fin de sa formation ! En effet, neuf mois plus tard, les élèves de cette promotion s’apprêtent à quitter Saint-Cyr à cause de la guerre. À la fin du mois de juillet 1914, les tensions internationales sont à leur maximum, le commandement de l’école vient de recevoir l’ordre de suspendre les cours. Les élèves des promotions Montmirail et de la Croix du drapeau doivent rejoindre leurs nouvelles affectations au plus vite.

Robert Petermann, muté au 149e R.I., arrive au corps le 3 août 1914. Il est nommé sous-lieutenant trois jours plus tard. Le jeune saint-cyrien fraîchement promu arrive sur le front le 16 août pour être affecté à la 5e compagnie. Il doit aussitôt se mettre sous les ordres du capitaine Micard. Robert Petermann a à peine le temps de faire connaissance avec les sous-officiers qui se retrouvent sous son commandement. Le 21 août 1914, il est tué d’une balle dans la tête, au tout début des combats qui se sont déroulés près de la Valette, un petit hameau situé au nord d’Abreschviller. Il a à peine 21 ans.

Le sous-lieutenant Petermann est inhumé avec plusieurs hommes de son régiment et quelques soldats allemands, dans une tombe commune à l’ombre des arbres de la forêt de Voyer. Tous ces hommes n’ont pu être mis en terre, que le 24 août, par la population civile des environs.

Peu avant le deuxième anniversaire de l’armistice une commission d’exhumation fait rassembler les corps des Français qui ont été enterrés dans le secteur d’Abreschviller. Le 15 septembre 1920, la tombe commune dans laquelle repose le sous-lieutenant Petermann est ouverte par les fossoyeurs sous le regard attentif du sergent Arcabusquey et du secrétaire Manière. Une lettre est trouvée dans l’une des poches de la vareuse de l’officier. L’écriture est encore bien visible sur le papier malgré les six années passées sous terre. Robert Petermann demande à reposer à l’endroit exact où il aura trouvé la mort. Ses dernières volontés vont être respectées. Sa mère, devenue veuve en 1915, vit toujours au Maroc. Elle est informée de la situation.

Sepulture Robert Petermann

Il y a de fortes probabilités pour que cet officier ait honoré le serment prononcé le soir du 30 juillet 1914 par tous les camarades saint-cyriens des promotions Montmirail et la Croix du Drapeau. Ce serment engageait chacun d’entre eux à aller au feu, la première fois, en « casoars et gants blancs ». Sur son compte-rendu d’exhumation, il est stipulé que des « boutons de Saint-Cyr » ont été retrouvés sur lui.

Actuellement, Robert Petermann repose toujours sur le même lieu.

Citation à l’ordre n° 44 de la Xe  l’armée en date du 11 janvier 1915 :

« Saint-Cyrien nouvellement promu, a été tué le 21 août à la tête de sa section qu’il entraînait au-devant d’une attaque ennemie débouchant à très courte distance »

Chevalier de la Légion d’honneur (J.O. du 25 janvier 1920).

Sources :

Dossier individuel consulté au Service Historique de la Défense de Vincennes.

« Commémoration à la tombe du sous-lieutenant Petermann, le 24 août 2008 à Voyer ». Fascicule réalisé par la mairie de Voyer.

La photographie de la sépulture du sous-lieutenant Petermann à été réalisée par Y. Willaume.

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à Éric Mansuy, à M. Porcher, à Y. Willaume et au Service Historique de la Défense de Vincennes et à la mairie de Voyer.

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