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149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
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28 janvier 2022

Verdun 1916, Henri Pichenet témoigne (1ère partie)…

Le transport des torpilles au fort de Vaux

 

Un énorme livre de plus de 500 pages, consacré à la bataille de Verdun, est publié en 1933. Pour le réaliser, son auteur, Jacques Péricard, écrivain et journaliste, a eu à disposition un ensemble considérable de témoignages laissés par les anciens combattants.

 

Parmi les nombreux récits envoyés figure celui du sergent Pichenet, un sous-officier ayant appartenu à la 7e compagnie du 149e R.I..

 

Le 149e R.I. est au cœur de très violents combats à la mi-mars 1916. Une partie du régiment occupe le tunnel de Tavannes et le fort de Vaux. Ces lieux sont connus pour être de bons abris, mais les conditions de vie y sont déplorables. Leurs abords sont très exposés. Cela a fortement marqué les souvenirs de ce combattant.

 

Jacques Péricard a utilisé deux parties du témoignage rédigé par Henri Pichenet. Ces passages se trouvent aux pages 184 et 336 de l’ouvrage.

 

En 2018, Nicolas Bernard fait don de l’ensemble des témoignages aux archives départementales de la Somme. L’original du récit du sergent Henry Pichenet peut se consulter sur place.

 

La vie au tunnel de Tavannes

 

 

Nous y cantonnons pour la première fois dans la nuit du 14 mars. C’est une existence exempte de charme, même pour des gars de l’infanterie ! Un seul avantage, et il est appréciable : nous sommes à l’abri des marmites, quelle que soit leur taille, sous des dizaines de mètres de terre et de rocs.

 

Les premières heures sont toutefois très pénibles : les deux orifices du tunnel sont pilonnés sans arrêt par des projectiles de toutes sortes. Un violent appel d’air fait refluer jusqu’à nous gaz lacrymogènes et toxiques. Il faut garder les masques pendant de longues heures dans une obscurité totale.

 

C’est à tâtons, la plupart du temps, que nous ouvrons les rares boîtes de singes dont nous pouvons encore disposer et qui composent, pendant plusieurs jours, notre seule nourriture. Rien à boire. Il faudrait se risquer jusqu’à une source qui est située en direction d’Étain, sous la batterie du tunnel et des camarades qui ont voulu, ceinturés de bidons de deux litres, se sacrifier, un seul est revenu avec la plupart des bidons troués.

 

Nous recueillons, partout où c’est possible, à la lueur d’un briquet et à l’aide de cartes postales, l’eau qui suinte des parois. Celui d’entre nous qui parvient à remplir son quart est un privilégié.

 

À l’aide de débris de caisses à grenades, nous avons bien tenté à plusieurs reprises d’allumer du feu, mais la fumée que dégageait ce bois humide ne nous a pas permis de continuer. Il faut rester là, dans le noir, allongés entre les rails, ne pouvant satisfaire nos besoins naturels que dans les caniveaux qui bordent les parois à vingt centimètres de nos têtes ! Là-haut «  à la face de Dieu » comme l’écrivait Péguy, alors que chante l’alouette, des camarades sont frappés et succombent, pour nous, qui dans quelques jours, ce soir peut-être, allons les rejoindre.

 

Le séjour au tunnel nous offre la vivante image d’une antichambre de la mort. Un poids nous oppresse, l’inaction nous accable. Nous vivons sous une impression d’écrasement jusqu’à l’heure où, la nuit venue depuis longtemps, nous irons ravitailler le fort de Vaux, transporter des barbelés jusqu’à la redoute qui domine le bois Fumin.

 

Ce n’est pas cependant qu’à de certains moments des incidents vraiment baroques se produisent ! En voici un au hasard : Bressy est un homme de ma section dont les idées semblent parfois un peu incohérentes, sans enchaînement. À travers mille dangers, la veille du jour où nous devons être relevés, les cuisiniers sont parvenus jusqu’à nous, repas presque chaud, quart de vin, jus, quelques bougies.

 

C’est le paradis par anticipation. Tel n’est pas sans doute l’avis de Bressy. Son quart de vin au poing, je le vois qui remâche dans sa moustache, je ne sais quelle parole. Il regarde de droite et de gauche si nul ne l’observe, puis ‘en va, sans doute en guise de libations à quelque Dieu connu, vider son pinard dans le caniveau !

 

Je suis tellement sidéré que, sur l’instant, je ne trouve rien à dire, mais d’autres que moi ont vu et bondissent. De quelles invectives le malheureux n’est-il pas l’objet ? C’est à croire qu’il va être écharpé ! Il en entend de cruelles. On le secoue comme un prunier, mais lui affirme très nettement qu’après plusieurs jours passés sans « pinard », il en a oublié le goût et que, ne voulant pas faire de jaloux en l’offrant à quelque camarade, il a jeté ce quart de vin qui d’ailleurs lui appartenait et dont il devait pouvoir librement disposer.

 

Le mot de la fin est dit par Régimbaud, un enfant de la Cannebière : «  Il est fada, le pôvre » ! Ce que personne ne songe à contester.

 

Au secours du fort de Vaux

 

Depuis déjà trois jours, nous sommes en réserve au tunnel de Tavannes. Trois jours au cours desquels nous n’avons été ravitaillés qu’une fois et avec quelle parcimonie !

 

Chacun de nous dispose, comme matelas, d’une des traverses de la voie ferrée qui va de Verdun à Étain. Comme oreiller, du rail ! Nos sacs étant restés à la caserne Bévaux.

 

La soif nous torture. Heureux encore quand nous pouvons, après une longue attente, capter dans nos quarts, à l’aide d’une carte postale, quelques gouttes d’eau, qui sourd des parois du tunnel.

 

Fort de Tavannes

 

Ce soir, comme les veilles, nous gagnons Tavannes, vers 21 h 00, par la sortie nord du tunnel. Dure épreuve que de déboucher au milieu d’un marmitage qui ne cesse pas ! Aussitôt arrivés au fort, dont les voûtes d’accès ont été crevées en maints endroits, nous sommes munis, gradés et hommes, sans distinction, d’une torpille à ailettes, du poids de 16 kg, qu’il nous faut transporter jusqu’à Vaux.

 

Les abords immédiats du fort sont relativement calmes. Nous descendons, en file indienne, un petit vallonnement pour remonter ensuite et tourner sur la droite, en direction du fort.

 

Aucun boyau praticable. Seul, de loin en loin, un petit élément qui nous abrite jusqu’aux genoux.

 

Le bombardement qui s’intensifie à mesure que nous approchons atteint toute son ampleur quand nous arrivons à quelques centaines de mètres de l’ouvrage.

 

L’horizon n’est plus qu’un rideau de poussière et de feu, que ponctuent sans cesse l’écrasement des 210, les sifflements des éclats et les éclairs fulgurants des shrapnells.

 

À plus de dix reprises, au cours du faible trajet qui nous reste à couvrir, nous nous jetons par quinze ou vingt, en bloc, dans d’immenses entonnoirs. Combien de temps y restons-nous ? Deux minutes ? Un quart d’heure ? Nous ne savons pas.

 

Toute faculté de penser, de réfléchir est abolie en nous. Un seul désir : aboutir !

 

Chaque fois que nous reprenons, en titubant, notre course, c’est plusieurs des nôtres qui restent en arrière, grièvement frappés.

 

Enfin, voici l’entrée du fort qui se distingue à peine du terrain environnant. Avec un bruit express qui vient de frapper, plusieurs projectiles arrivent à ce moment. Ils nous font nous jeter quelques-uns, sous une petite poterne qui donne accès à un poste où veillent plusieurs des nôtres de la 11e compagnie.

 

Nous y restons quelques instants pour reprendre haleine, juste assez pour voir, à chaque coup du monstrueux bélier qui pilonne la terre, l’unique lanterne du poste s’éteindre comme au souffle d’un ouragan.

 

Nous pouvons enfin pénétrer et nous gravissons, avec notre fardeau, l’escalier qui donne accès aux principales galeries du fort. Le sol des couloirs est déjà recouvert d’une poudre grise, impalpable, de béton qui se détache des voûtes sans arrêt et s’accumule sous nos pas.

 

De-ci, de-là, se voient, mises à nu, les tringles de fer qui forment l’armature des souterrains. Comme les jours précédents, ceux d’entre nous qui ont pu arriver sans encombre forment la chaîne. Les torpilles passant de mains en mains, sont entreposées dans l’un des locaux du fort.

 

Il est près de minuit. Sortir est impossible pour l’instant.

 

Les brancardiers, envoyés au secours de nos camarades blessés, dont on percevait les appels, sont partis depuis longtemps déjà. Ils ne sont pas encore revenus.

 

Les heures s’écoulent et l’orage de fer ne s’apaise pas. Enfin vers 4 h 00, les éclatements s’espacent un peu. Un calme relatif succède à ce martèlement forcené. Nous pouvons rentrer au tunnel avec seulement 2 blessés en cours de route. À notre arrivée, l’aube est proche et surtout, la relève est là.

 

Nous rassemblons nos musettes, et longeant le P.C. en planche établi en direction de Verdun, nous sortons du tunnel.

 

À peine au loin, quelques éclatements. Autour de nous, le silence complet. Quel contraste avec les heures précédentes ! Nous suivons la voie ferrée qui descend en pente douce sur Verdun.

 

De loin en loin quelques oiseaux se font entendre. Pauvres pinsons, pauvres alouettes, qui n’avez point, même au plus fort de la tourmente, quitté ces zones de mort et dont on entendait parfois, la nuit, l’appel éperdu, quand quelque projectile vous chassait brusquement vers le ciel enténébré !

 

Nous marchons en silence, comme accablés sous le poids de notre lourd destin, levant la tête de temps en temps pour nous considérer les uns les autres et lire sur nos traits les traces que huit jours de souffrances, qui débutèrent à l’étang de Vaux, ont imprimées dans notre chair. Haudainville, le canal, Dugny, le repos enfin !

 

Repos, que les pièces à longue portée et les avions troubleront plus d’une fois, mais repos néanmoins, avec les joies du nettoyage, de la soupe chaude et des lettres.

 

Horrida Bella

 

30 mars 1916 à midi 

 

Une file ininterrompue de camions, de fourgons, de caissons, s’achemine à travers Dugny. Elle se dirige vers la gare où vers Dieue.

 

Le rassemblement d’une compagnie de territoriaux, qui va procéder au rechargement des routes, provoque un arrêt de la colonne des véhicules. Bientôt, naît dans la masse, une certaine confusion.

 

Aux rayons d’un chaud soleil, nous sommes assis sur le seuil de nos cantonnements. Repos bien gagné, après les dures épreuves des jours passés !

 

Une série d’éclatements mous, comme ouatés, nous fait lever la tête : « Encore un Fritz » disent quelques-uns, en suivant du regard un avion tout blanc dans l’azur et minuscule comme un oiseau.

 

Quelques secondes encore, quelques obus de plus à l’adresse de l’ennemi, puis soudain, un sifflement bref, un éclair, une détonation violente qui nous soulève à demi et, dans cette masse d’hommes et de chevaux qui stationnent, un tumulte sans nom !

 

Le boche à lâché une première bombe et celle-ci est venue s’abattre au centre du village, là où se croisent les routes de la gare et de Dieue, sur un petit ponceau. Deux autres tombent presque aussitôt en arrière de nous, dans les terrains labourés, sans dégâts. C’est assez, certes, de la première !

 

Après un instant de stupeur, parmi les fils téléphoniques hachés, les tuiles broyées, les vitres pulvérisées par l’explosion, nous nous précipitons. Quel spectacle ! Jamais, même aux heures les plus rudes de Lorette et du fond de Buval, je n’ai assisté à une telle horreur !

 

L’engin a fait mouche, à la lettre, au plein de la compagnie de territoriaux, creusant dans le macadam un trou profond dont les pierres, jointes aux éclats, ont toutes porté.

 

La première vision qui se présente à mes yeux est celle d’un pauvre vieux « pépère » écroulé au seuil de sa guérite, tenant encore son fusil. Un éclat de pierre ou de métal a perforé la tête sans cependant ressortir, soulevant en une énorme bosse une partie de l’os frontal.

 

À deux pas, des chevaux, le ventre arraché, se débattent encore faiblement parmi les traits que l’on coupe à la hâte.

 

Trois civils, parmi les rares demeurés au village, sont étendus sur la chaussée, demi-nus, noircis, comme frappés de la foudre. L’un d’eux est amputé d’une jambe, projetée Dieu sait où ! Quelques mètres encore, et c’est une main, un pied coupé au ras du soulier que ramasse Morel, un homme de ma section.

 

De l’une des églises du village, transformée en ambulance, les secours sont déjà parvenus. Les brancardiers transportent en une longue théorie, morts et mourants.

 

J’ai toujours, sous les yeux, la vision de l’un de ces derniers dont tout le côté droit est arraché, pend par lambeaux et dont on voit, à l’intérieur la cage thoracique, se soulever convulsivement les poumons.

 

Pour achever dignement ce spectacle horrifique, une scène digne du Dante nous est offerte à la popote des officiers de notre bataillon.

 

Dans la salle du premier étage d’un immeuble voisin, où le commandant Schalck, entouré de ses cadres, prend son repas, un éclat est rentré. Il a frappé Vichet, notre major, à la nuque, l’a décapité et a projeté sa matière cérébrale sur tous les convives.

 

Au soir venu, on colportait dans les rues du village que 40 hommes au moins avaient été victimes du monstrueux engin.

 

Pour en apprendre plus sur le médecin aide-major de 2e classe Vichet, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

Henri Leon Desire Vichet

 

Dans le cours de la nuit suivante, notre bataillon rejoignait Bévaux, puis remontait en soutien, non loin des casernes Chevert.

 

Il n’y avait pas eu, il n’y eut jamais pour moi, au cours de plus de trois années de front, un drame comparable à celui qui se déroula ce midi du 30 mars 1916.

 

Aucun n’a laissé, dans mon âme de fantassin, une impression plus profonde que ce carnage accompli brutalement, loin à l’arrière du front, par une claire matinée de printemps.

 

À partir du 31 mars, l’ennemi reprend ses attaques dans la région de Vaux.

 

Depuis la veille, le bombardement s’est encore accru. Sans interruption, jour et nuit, les obus ont ravagé nos secteurs. Les 77, les 105 et les 150 forment des tirs de barrage. Les 210 s’acharnent sur les abris. Les 420 cherchent à couper la route de Fleury et creusent tout aux alentours de formidables entonnoirs. Le 31 mars, les Allemands encerclent trois de nos compagnies dans la partie ouest du village de Vaux que nous perdons.

 

Signé : H. Pichenet

 

Caporal, 149e R.I., 7e compagnie

 

Sources :

 

Témoignage inédit rédigé par Henri Pichenet. Archives départementales de la Somme. Fonds Péricard. Cote 179 J 78.

 

129038389 - Copie (2)

 

Le dessin a été réalisé par I. Holgado.

 

Un grand merci à M. Bordes, à F. Charpentier à A. Carrobi, à X. Daugy, à I. Holgado, à L. Klawinski  et aux archives départementales de la Somme.

21 janvier 2022

Maurice Henri Pichenet (1889-1961)

Maurice Henri Pichenet

 

Maurice Henri Pichenet voit le jour le 6 septembre 1889 au domicile parental, situé au n° 6 de la place de l’Hôtel de Ville, à Montigny-le-Roi, dans le département de la Haute-Marne. Son père, Paul Antoine Alexandre a 26 ans. Il travaille dans une épicerie.

 

Le 17 janvier 1889, cet homme s'est remarié avec Marie Cécile Desloges après les décès de sa première épouse et de son fils unique. Marie Cécile, également âgée de 26 ans, ne pratique pas d’activité professionnelle lorsqu’elle donne vie à son fils Henri. Le couple Pichenet n’aura pas d’autre enfant.

 

Montigny-le-Roi

 

La fiche signalétique et des services d’Henri Pichenet mentionne un degré d’instruction de niveau 3. La lecture, l’écriture et le calcul sont donc bien maîtrisés lorsqu’il quitte les bancs de l’école communale. Henri gagne ensuite sa vie comme épicier. 

 

L’année de ses vingt ans, il est déclaré bon pour le service armé par le conseil de révision réuni à la mairie de Montigny-le-Roi. Son départ pour la conscription est prévu en octobre 1910.

 

Incorporé au 149e R.I. d’Épinal, Henri Pichenet intègre la caserne Courcy le 4 octobre. Discipliné et bon soldat, il est encouragé par sa hiérarchie à suivre la formation des élèves caporaux. Il est promu dans ce grade le 26 septembre 1911. Un an plus tard, le chef d’escouade Pichenet retourne à la vie civile avec l’obtention de son certificat de bonne conduite.

 

En avril 1913, le jeune homme vit à Faverney, une petite commune située au nord de Vesoul.

 

L’année suivante, les relations avec l’Allemagne se dégradent à tel point que la  guerre ne peut plus être évitée. Comme des centaines de réservistes, Henri Pichenet doit rejoindre le dépôt du 149e R.I. le 3 août 1914.

 

Son registre matricule ne fournit pas les détails nécessaires à la bonne compréhension de son parcours de fantassin pour les premiers mois du conflit.

 

Malgré ce manque, nous supposons qu’il a participé à la presque totalité des combats effectués par son régiment entre le début des hostilités et la date de son retrait du front en mars 1915.

 

Henri Pichenet souffre de rhumatismes, une maladie probablement à mettre sur le compte des nombreux séjours effectués dans les tranchées humides et glaciales sur les fronts de Belgique et d’Artois.

 

Le 15 mars 1915, il est évacué à l’hôpital n° 25bis à Lyon. Une fois soigné, le caporal Pichenet est dirigé sur le dépôt de convalescence à partir du 29 juin 1915.

 

Trois jours plus tard, il est envoyé en congé de convalescence pour une durée de 15 jours. Le 18, c’est le retour au dépôt du 149e R.I..

 

Henri Pichenet rejoint la zone des combats le 2 octobre 1915 pour être versé à la 7e compagnie du 149e R.I.. Son régiment vient de subir d’énormes pertes après des attaques menées durant plusieurs jours dans le secteur du bois en Hache, en Artois.

 

Mars 1916, le régiment spinalien doit se rendre dans la Meuse. Les Allemands viennent de lancer une grande offensive commencée le 21 février. Ils veulent prendre la ville de Verdun.

 

Durant cette période de la guerre, les compagnies du 149e R.I. vont effectuer deux séjours distincts en 1ère ligne : le premier du 8 au 17 mars, le second, du 31 mars au 10 avril.

 

Henri Pichenet quitte la 7e compagnie au cours du 2e séjour pour être, temporairement, affecté à la 10e compagnie.

 

Le 4 avril 1916, le caporal Pichenet est blessé à proximité du fort de Vaux. Un éclat d’obus frôle la carotide avant de finir sa course à proximité de la clavicule. La mort est évitée de peu.

 

Pour en savoir plus sur les événements qui se sont déroulés au cours de cette journée, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante. 

 

 

Du 7 au 30 avril 1916, il est soigné à l’ambulance des armées n° 10/13. Henri Pichenet bénéficie ensuite d’un congé de convalescence d’une semaine.

 

De retour dans la zone des armées, il est nommé sergent le 19 juin 1916. Sa santé, devenue fragile, lui impose une évacuation à l’ambulance n° 12/1 à partir du 29 août 1916. Une longue période de soins commence.

 

Le sergent Pichenet est, dans un premier temps, pris en charge à l’hôpital n° 16 de Royallieu, près de Compiègne.

 

Le 1er octobre 1916, il est transféré à l’hôpital temporaire n° 54, au château de Beaudiment, dans le département de la Vienne.

 

Le 20 novembre 1916, le sous-officier est envoyé à l’hôpital temporaire n° 12 à Châtellerault. Deux jours plus tard, il obtient un congé de convalescence de 15 jours.

 

Le sergent Pichenet rentre au dépôt le 7 décembre 1916. À partir de cette date, il est impossible de reconstruire son parcours militaire.

 

Sa fiche matricule indique simplement une mutation au 146e R.I. à compter du  2 août 1918.

 

Combien de temps est-il resté au dépôt du 149e R.I. ?  A-t-il été affecté au C.I.D. de la 43e D.I. durant une longue période ? Est-il retourné dans le régiment actif ? Il est difficile de répondre à ces questions.

 

Le dépôt divisionnaire du  21e R.I. de Langres le met en congé illimité de démobilisation à partir du 5 août 1919.

 

Henri Pichenet entre au petit séminaire de Bourbonne-les-Bains juste après le conflit.

 

Il est maintenu au service armé avec un taux d’invalidé inférieur à 10 % pour troubles digestifs, suite à une décision prise par la commission de réforme de Chaumont réunie le 21 juin 1921.

 

Henri Pichenet n’est pas devenu prêtre. Le 7 juin 1927, il épouse Léontine Hélène Delacure à Langres. Le couple aura deux enfants.

 

Le 15 octobre 1930, l’ancien sergent du 149e R.I. passe dans la 2e réserve. Le 10 août 1934, il est inscrit, en tant que père de famille, dans la classe de mobilisation la plus ancienne de la 2e réserve (article 58 de la loi du 31 mars 1928).

 

Dégagé de toutes obligations militaires, il doit tout de même rester à la disposition du ministre de la guerre pour servir, en cas de nécessité, dans la défense passive.

 

Henri Pichenet a exercé les fonctions de secrétaire de la section cantonale des anciens combattants de Montigny-le-Roi durant plusieurs années.

 

Au début des années trente, Jacques Péricard, journaliste et écrivain français, souhaite rédiger un ouvrage consacré à la bataille de Verdun, uniquement construit à partir des témoignages d’anciens combattants. Le 4 octobre 1931, Henri Péchinet lui adresse le courrier suivant :

 

« Mon cher camarade,

 

J’ai lu à plusieurs reprises votre appel en faveur d’une « histoire de Verdun » écrite par les seuls anciens combattants. J’applaudis à votre initiative, mieux encore, je souscris à votre vœu.  C’est, sans doute, une bien faible contribution que la mienne. Je puis du moins affirmer que les deux récits, narrés bien simplement, que je vous communique, ont été vécus en mars-avril 1916, en des heures où l’on faisait bon marché de soi.

 

Si « Jacques des Gachons » dont j’envie tout à la fois et les œuvres et les contes alertes que publie « La Victoire » peut-être satisfait de mon petit grain de sable apporté à son édifice, c’est encore moi qui l’en remercierai. 

 

Agréez, mon cher camarade, l’expression de mes sentiments bien cordialement dévoués.

 

H. Pichenet ex-sergent du 149e R.I. »

 

Deux extraits de ses récits seront publiés dans l’ouvrage de Jacques Péricard.

 

Maurice Henri Pichenet décède le  30 janvier 1961 à Montigny-le-Roi.

 

Il a été décoré de la croix de guerre avec une étoile d’argent.

 

Citation à l’ordre de la division n° 437 en date du  4 mai 1916 :

 

« Pendant les combats d’avril 1916, sous un feu violent, a toujours conservé un sang-froid remarquable, et fait preuve de la plus belle bravoure. A puissamment contribué à la défense d’un ouvrage important où il fut blessé. »

 

Pour prendre connaissance de la généalogie de la famille Pichenet, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

Geneanet

 

Sources :

 

Les informations concernant ce soldat sont extraites de sa fiche signalétique et des services, de son acte de naissance et du registre de recensement de la ville de Montigny-le-Roi de l’année 1906. Tous ces documents ont été consultés sur le site des archives départementales de la Haute-Marne.

 

La lettre rédigée par Henri Pichenet à l’adresse de Jacques Péricard fait partie du fonds Péricard enregistré sous la  cote 179 J 78 aux archives départementales de Somme.

 

Archives départementales de la Somme

 

Le dessin a été réalisé par I. Holgado.

 

Un grand merci à M. Bordes, à F. Charpentier à A. Carrobi, à X. Daugy, à I. Holgado, à L. Klawinski,  aux archives départementales de la Somme et de la Haute-Marne et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

21 janvier 2022

Henri Léon Désiré Vichet (1890-1916)

Henri Leon Desire Vichet

 

Henri Léon Désiré Vichet voit le jour le 3 décembre 1890 à Pontarlier, dans le département du Doubs.

 

Son père, Louis Auguste, est âgé de 23 ans. Il travaille comme distillateur, probablement employé dans une des entreprises fabriquant de l’absinthe. Sa mère, Élisabeth Platel, a 24 ans. Elle n’exerce pas d’activité professionnelle.

 

Une sœur naît en 1892.

 

Genealogie famille Vichet

 

Henri est un élève brillant. Il poursuit sa scolarité bien au-delà de l’école obligatoire. Son registre matricule indique un degré d’instruction de niveau 5, ce qui signifie qu’il est détenteur d’un baccalauréat ; il a obtenu ce diplôme après avoir fréquenté le lycée Carnot de Dijon.

 

Henri Vichet quitte la préfecture de la Côte-d’Or pour poursuivre des études de médecine à l’école de Besançon.

 

Ecole de medecine de Besançon

 

Lorsque le temps des obligations militaires arrive, il se retrouve classé dans la 7e catégorie de la classe 1911. Il peut poursuivre ses études en toute tranquillité.

 

Henri Vichet n’en a pas tout à fait terminé avec sa formation de médecin lorsque l’ordre de mobilisation générale est placardé dans toutes les communes de France, en août 1914.

 

Cet étudiant aux 14 inscriptions (7 années d’études validées) a obligation de rejoindre le dépôt du 149e R.I. le 22 août 1914. Une fois sur place, il est habilité à exercer les fonctions de médecin auxiliaire.

 

Henri Vichet n’a pas reçu de formation militaire. Il est donc invité à rester à l’arrière durant plusieurs semaines.

 

Le jeune homme quitte le dépôt le 30 octobre 1914, avec un petit groupe constitué de cinq officiers, de 18 sous-officiers et d’un soldat. Le 1er novembre, il intègre l’équipe médicale du 1er bataillon du régiment actif installé dans le secteur de Notre-Dame-de-Lorette, en Artois.

 

Ses nouvelles missions sont multiples. Sous l’autorité directe du médecin aide major du bataillon, il se préoccupe de la santé de plusieurs centaines de soldats. Il est chargé des vaccinations, des problèmes d’hygiène. Il veille à ce que les hommes reçoivent, le plus souvent possible, une nourriture correcte. 

 

Les 2e et 3e bataillons sont envoyés en Belgique peu de temps après son arrivée au régiment actif. Le 1er bataillon reste en Artois avant de les rejoindre à la fin du mois de novembre. 

 

L’ensemble du régiment réintègre le secteur de Notre-Dame-de-Lorette à la fin de l’année 1914. Il y restera jusqu’en décembre 1915.

 

Lorsque son régiment est en 1ère ligne, Henri Vichet travaille au poste de secours le plus proche du bataillon pour donner les premiers soins aux blessés. Combien en a-t-il sauvé sur le front d’Artois ? Probablement des dizaines.

 

Le 18 juillet 1915, il est légèrement blessé à la main gauche par un éclat d’obus.

 

Le 13 novembre 1915, Henri Vichet est promu médecin aide-major de 2e classe. Ce changement de grade lui permet de toucher la solde d’un sous-lieutenant.

 

Le 2 janvier 1916, il est muté au 2e bataillon du régiment, sous les ordres du commandant Schalck.

 

Deux mois plus tard, le 149e R.I. est en partance pour Verdun. Les Allemands viennent de lancer une vaste offensive nécessitant l’intervention de nombreuses unités. Il faut à tout prix contenir l’attaque ennemie pour empêcher la prise de la ville.

 

Pour en apprendre davantage sur cette période, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

 

Verdun 30 mars 1916

 

Henry Vichet est tué le 30 mars 1916, suite à l’explosion d’une bombe lâchée par un avion ennemi alors que son régiment était au repos.

 

Certains papiers officiels laissent supposer un décès à l’ambulance n° 3/70 installée à Dugny. La réalité semblerait être toute autre. Les circonstances de la mort de ce médecin sont évoquées de manière très détaillée dans deux témoignages rédigés par des anciens du 149e R.I.. 

 

Le premier, rédigé par L’abbé Henry, aumônier à la 43e D.I., dit ceci :

 

« Le 149, hier également à Dugny, a reçu des bombes d’aéros : Vichet tué, et avec lui, au moins 40 soldats. Vichet était à table dans la salle au 1er. L’éclat d’obus est entré par la fenêtre et est venu lui emporter la tête. Mon Dieu que tout cela est navrant… »

 

Le second, écrit par Henri Pichenet, caporal au 149e R.I., est encore plus explicite.

 

« Dans la salle du premier étage d’un immeuble voisin, où le commandant Schalck, entouré de ses cadres, prend son repas, un éclat est rentré. Il a frappé Vichet, notre major, à la nuque, l’a décapité et a projeté sa matière cérébrale sur tous les convives… »

 

Ces deux extraits établissement de manière certaine et concordante une mort instantanée.

 

Le chef de bataillon Magagnosc, qui assure le commandement par intérim du 149e R.I. depuis la blessure du lieutenant-colonel Abbat, rédige la note suivante dans le feuillet individuel de campagne du médecin aide-major de 2e classe Vichet :

 

« Tué à Dugny par une bombe d’avion ennemi le 30 mars 1916. Médecin très consciencieux, très dévoué, ayant une haute conception de son devoir. S’est fait remarquer maintes fois par sa bravoure, notamment le 9 mai 1915, à Notre-Dame-de-Lorette Il était très estimé, très aimé de tous pour ses belles qualités militaires et professionnelles. »

 

Décorations obtenues : 

 

Croix de guerre avec une palme et une étoile d’argent.

 

Citation à l’ordre de la division  n° 56 en date du 25 mai 1915 :

 

« Dévouement remarquable et inlassable dans la recherche et le transport des blessés, particulièrement au cours des combats du 9 et 13 mai, n’hésitant pas à transporter lui-même, sous un feu des plus vifs, les officiers et hommes blessés. »

 

Citation à l’ordre de l’armée  n° 139 en date du 1er mai 1916 :

 

« Au front depuis le 1er novembre 1914, a pris part, d’abord comme médecin auxiliaire, puis comme médecin aide-major à tous les combats livrés par le régiment et s’est, en toutes circonstances, fait remarquer par le zèle et le dévouement les plus absolus dans les soins qu’il a pratiqués aux blessés jusqu’en première ligne. A notamment assuré d’une façon remarquable, pendant la période du 8 au 17 mars 1916, l’évacuation de tous les blessés, malgré les rafales d’un bombardement les plus violents. Avait été blessé une première fois en juin 1915, a été tué par une bombe d’avion ennemi le 30 mars 1916. »

 

(La date de sa blessure indiquée dans cette citation n’est pas identique à celle relevée dans son dossier individuel disponible au S.H.D. de Vincennes.)

 

Le médecin aide-major de 2e classe Vichet a été fait chevalier de la Légion d’honneur à titre posthume (J.O. du 17 octobre 1919).

 

Henri Vichet ne s’est pas marié et n’a pas eu de descendance. Il repose actuellement dans le cimetière communal de Pontarlier.

 

 

Le nom de ce médecin est inscrit sur le monument aux morts et sur la plaque commémorative de l’église Saint-Bénigne de Pontarlier, sur la plaque commémorative 1914-1918 de l’ancienne école de médecine et de pharmacie de Besançon et sur le monument aux morts du lycée Carnot de Dijon.

 

Monuments aux morts et plaques commémoratives portant le nom de Henri Vichet

 

Sources :

 

Dossier individuel consulté au Service Historique de la Défense de Vincennes.

 

La fiche signalétique et des services du médecin aide major de 2e classe a été lue sur le site des archives départementales du Doubs.

 

Le portrait du médecin aide-major de 2e classe Henri Vichet provient du tableau d’honneur de la guerre 14-18, publié par la revue « l'illustration ».

 

La photographie de la sépulture de cet officier à été réalisée par P. Baude.

 

La carte postale représentant l’école de médecine et de pharmacie de Besançon provient du site « Ville de Besançon, mémoire vive, patrimoine numérisé de Besançon ».

 

Site memoire vive patrimoine numerise de la ville de Besançon

 

Les circonstances de la mort du médecin aide major de 2e classe Vichet sont extraites d’un carnet inédit rédigé par l’abbé Henry, aumônier à la 43e D.I., propriété de J.L. Poisot, et du témoignage inédit rédigé par Henri Pichenet déposé aux archives départementales de la Somme en 2018. Fonds Péricard Cote 179 J 91.

 

Archives départementales de la Somme

 

Les clichés représentant le monument aux morts et la plaque commémorative de l’église Saint-Bénigne de Pontarlier, de la plaque commémorative de l’école de médecine et de pharmacie de Besançon, du monument aux morts du Lycée Carnot de la ville de Dijon ont été trouvés sur le site de « Mémorialgenweb ».

 

Un grand merci à M. Bordes, à F. Charpentier à A. Carobbi, à X. Daugy, à L. Klawinski, à M. Porcher, à J.L. Poisot, au Service Historique de la Défense de Vincennes et aux archives départementales du Doubs et de la Somme.

14 janvier 2022

25 octobre 1918, l’aumônier Henry témoigne…

25 octobre 1918 l'abbe Henry temoigne

 

Le 149e R.I., tout juste remis des attaques de septembre, se prépare à repartir au combat. Un bataillon reconstitué avec les effectifs réduits du régiment est mis sous l’autorité du commandant Froment.

 

Le lieutenant-colonel Vivier prend le commandement d’un groupe composé de 2 bataillons du 1er B.C.P. et du bataillon Froment. Les chasseurs seront les premiers à être engagés. Le bataillon Froment, plus en arrière, constituera la 3e vague d’assaut.

 

L’aumônier Henry quitte Lor pour rejoindre le P.C. du lieutenant-colonel Vivier installé à le Thour. Le P.C. est éloigné de la 1ère ligne. Les informations arrivent par téléphone. Elles sont souvent contradictoires.

 

De Lor à Le Thour

 

Messe à 6 h 30.

 

Le Boche est resté très nerveux jusqu’au déclenchement de notre artillerie à 6 h 30. Il est certain qu’il se doute de quelque chose. Il ne faut pas compter sur l’effet de surprise, il faudra que notre artillerie donne son plein.

 

Le tir boche est si ennuyeux que je ne peux commencer ma messe qu’à 6 h 30. Dès 5 h 30, le G.B.D. est venu se mettre à la disposition de M. Rouquier qui a expédié Papoz et ses hommes à M. Jourdan au 1er B.C.P.. Cela fait bien du monde dans la rue à un moment quelque peu dangereux. La voix claironnante de Clairac indique que M. Vignot est arrivé avec son état-major.

 

6 h 30. Au moment où je commence ma messe, le tir général se déclenche. Quelle musique ! Les 280, qui sont proches de nous, sont particulièrement désagréables. À chaque coup, les ardoises descendent des toits. Tout tremble dans les maisons déjà si peu solides.

 

7 h 30. Première nouvelle. Elles sont mauvaises. Cette nuit, le bataillon Froment a eu, par un seul obus, 5 tués et 6 blessés, sur la route de le Thour.

 

Mon Dieu, de grâce, épargnez-nous ! C’est la 6e compagnie qui a eu ce coup malheureux. L’obus est tombé en plein sur la section !

 

Visite de M. Vuillaume, de M. Vigneault. Ces M.M. ne savent rien de l’attaque.

 

9 h 00. Voici des blessés, une dizaine (158e, 1er B.C.P., un artilleur), deux Boches, utilisés comme brancardiers. On signale un officier boche prisonnier qui vient d’entrer à l’I.D., en face. Quelques ypérités. Les Boches ont envoyé des obus à ypérite surtout sur les batteries. Il est fort heureux que les Boches soient à court d’ypérite ; il nous ferait beaucoup de mal et nous gênerait considérablement.

 

10 h 00. Déjeuner de bonne heure, afin de pouvoir gagner le Thour le plus tôt possible. Il est vrai que rien ne presse encore.

 

C’est le 1er B.C.P. qui attaque ce matin ; le commandant Froment, avec son bataillon, est toujours en réserve, en avant du village de le Thour. L’objectif de la division à atteindre dans la journée est assez considérable et comporte pas mal de difficultés ; un simple coup d’œil sur la carte suffit pour s’en rendre compte.

 

Le 1er B.C.P., partagé en deux bataillons, forme les deux premières vagues d’assaut ; le bataillon Froment partira en troisième vague. L’objectif des chasseurs constitue le gros morceau à enlever.

 

Ils doivent prendre le système de tranchées connu sous le nom de « Hunding stellung ». C’est une véritable forteresse à enlever, constituée par plusieurs tranchées et je ne sais combien de réseaux de fil de fer.

 

La partie de la ligne la plus difficile à enlever est certainement le village de Banogne que les Boches ont organisé comme ils savent le faire. Le mouvement du 1er B.C.P. avec les différentes préparations d’artillerie doit occuper toute la matinée.

 

Ce n’est guère que vers midi que le 149 s’élancera à l’assaut en troisième vague. Son objectif est de presser le Boche quand celui-ci aura été bousculé par le 1er B.C.P. et chassé de son repaire « Banogne et Hunding » et de le poursuivre jusqu'à Hannogne. Objectif intéressant, a déclaré le colonel, car ce sera de la guerre en rase campagne, de la guerre de manœuvre.

 

La partie se joue en ce moment. Depuis deux heures, les chasseurs, appuyés par le 158, à qui revient le périlleux honneur d’enlever Banogne, à droite, sont partis de l’avant. Où en sont-ils en ce moment ? Ici, nul ne le sait ; c’est trop loin du P.C. du colonel.

 

Un officier de l’I.D. que j’interroge me déclare qu’à l’I.D. on ne sait rien encore. Je commence à savoir interpréter ces réponses évasives. Aux jours d’attaque, « Pas de nouvelles » veut dire « Mauvaises nouvelles », du moins, je le crains et c’est le cœur plein d’appréhensions que je prends le chemin de Le Thour.

 

Je m’en vais seul, le docteur Rouquier n’a pas les mêmes raisons que moi de se presser. Il est 11 h 00. En partant, j’aperçois le sergent Arnould, de la musique, qui marche en traînant le pied ; un éclat d’obus ou une pierre, je ne sais au juste, lui a contusionné le pied. Rien de grave, mais le voici hors de service pour quelques jours.

 

De Lor à le Thour, 2 km 500. À droite et à gauche, des canons, des caissons, des munitions. Les attelages sont alignés le long de la route. Les canons de 185 et de 75, tout fumants de l’effort qu’ils ont fait depuis 6 h 30, ne crachent plus leur mitraille que par intermittence. Et pourtant, si je me souviens bien du plan des opérations, ils devraient en ce moment donner leur plein pour l’attaque du 149.

 

Carte 1 temoignage aumonier Henry du 25 octobre 1918

 

Non vraiment, je n’augure rien de bon ! Le soleil a beau briller dans le ciel et jeter sur la campagne sa lumière réconfortante et joyeuse, je sens qu’il fait de plus en plus nuit dans mon cœur. Non, non, si brillant soit-il, ce soleil n’est pas celui d’Austerlitz. À gauche, à la sortie du village, un cimetière boche ; sur chaque tombe, une croix en pierre basse et massive, remarquable de mauvais goût.

 

Ce que je vois sur la route n’est pas fait pour dissiper ma tristesse : des cadavres de chevaux ; ce serait peu ; mais voici un soldat dont le corps est étendu sans mouvement sur le bord de la route ; plus loin un autre. Près d’un bois, un poste de G.B.D.. Ils ont vu passer un certain nombre de blessés, mais ils ont surtout évacué des ypérités.

 

Enfin, voici le village de le Thour : des maisons éventrées, des cratères de mines avec des amas de décombres, de plâtras de charpentes renversées. Le village est détruit, détruit comme Souain, comme Deniécourt. Mais ici ce ne sont pas les obus, ce sont les mines qui ont opéré. À l’entrée du village, encore un mort ; détail macabre, sa capote brûle, le feu doit être dans sa cartouchière ; j’essaie de la retirer ; je n’y réussis qu’en partie.

 

P.C. du colonel. C’est une cave, une de ces caves que les boches n’ont pas cru devoir faire sauter. Il en reste quelques-unes qui ont été épargnées ; le P.S. du 158 est dans la cave voisine. Le père Bruneau assiste là les blessés. La première nouvelle que j’apprends en arrivant, c’est que tout le P.S. du 31e, installé à la sortie est du village, a été ypérité. Le père Poirot, le médecin, eux-mêmes ont été évacués, très gazés.

 

Au P.S. du colonel, je n’ai pas besoin de demander où en est l’attaque, je vois la réponse sur les figures : « Ça n’a pas collé ? – Non ; c’est le bec ! – Alors ? – On va essayer de remettre ça ! »Le coup est manqué ; on va essayer d’y revenir ; je connais ça, c’est le coup d’Orfeuil. Gare à la casse ! À l’avance, je tremble.

 

Le lieutenant Viard est tué ! Il a été tué hier, dans la nuit. Il fait partie des cinq signalés comme tués. Il paraît que son corps était tellement abîmé qu’il était complètement méconnaissable. Dieu l’accueille dans son saint Paradis ! J’aime à me rappeler que je l’ai vu à la messe le dimanche ; c’était un bon camarade et un chef sympathique. Je n’en ai entendu dire que du bien ; en plus, c’était un modeste.

 

L’attaque reprise ce soir n’a pas donné les résultats espérés ; mais, par contre, elle a été fertile en incidents. Au P.C. du colonel, je les ai vécus dans cette soirée, heure par heure, minute par minute. Chaque unité a sa manière, son genre.

 

Les façons des chasseurs ne sont pas celles des fantassins ; le 1er B.C.P. ne rend pas le même son, ne donne pas la même note que le 31e. Le 1er a son genre ; le 149 a le sien qui est autre.

 

L’idée de mettre en ménage deux unités de caractère, deux tendances aussi différentes, n’était certes point banale ; je n’ose dire qu’elle était heureuse.

 

Ces tendances particulières se sont affirmées ce soir par des manifestations répétées qui les ont mises en plein jour. Le soir arrive : où en sommes-nous de l’attaque ? On compte, on calcule au P.C. du colonel. Ici ce n’est pas tout à fait comme dans la vie normale : les mauvaises nouvelles vont moins vite que les bonnes.

 

Dans ces moments d’attente qui paraissent interminables, le P.C. prend une physionomie qui vaudrait la description. On sent l’angoisse au fond de toutes les âmes, mais une angoisse qui ne veut pas se laisser voir, que les attitudes s’appliquent à ne pas trahir.

 

Quelle fièvre, c’est le téléphone qui semble à ce moment le point vital du P.C.. Sur lui, tous les regards sont fixés : pauvre téléphone qui n’en peut plus, mais c’est à lui qu’on s’en prend, c’est sur lui que se déverse la mauvaise humeur. S’il se tait, on le secoue pour le faire parler. Allô ! Allô ! - S’il parle, on l’écoute avec humeur !

 

Il parle ! Il signale des fusées vertes sur la ligne Hunding. Vite on interroge le code : fusées vertes = objectif atteint. Quoi ! Ce serait trop beau ! Voilà qui demande confirmation. Allô ! Téléphone !… Mais parle donc ! Il parle.

 

C’est bien vrai : le commandant du 1er B.C.P. signale que ses intrépides chasseurs ont atteint leurs objectifs. Pourtant, le colonel du 149e reste soucieux. Est-ce que vraiment la joie fait peur ? Il me semble qu’il transmet à l’I.D. cette nouvelle en des termes qui manquent d’enthousiasme.

 

Il a sans doute ses raisons pour cela. Pour moi qui, à toutes ces histoires, ne connais rien de rien, je note simplement que les renseignements successifs qui arrivent coup sur coup ne semblent pas toujours faciles à concilier.

 

Je ne vois pas, par exemple, comment les chasseurs peuvent occuper les lisières ouest de Banogne (ce qui fait partie de leur objectif) tandis que le 158e continue de faire tirer à coups de 155 sur le village lui-même. Je ne vois pas comment… mais, après tout, de quoi vais-je me mêler ? Est-ce que je vais me donner le ridicule d’essayer de voir, de comprendre des choses qui ne sont pas de ma compétence !

 

Quoi qu'il en soit, voici des prisonniers ! J’en compte une vingtaine, dont un officier ; un petit lieutenant qui parle français et qu’on fait descendre au P.C. aux fins d’interrogatoire.

 

Avec une parole un peu sèche, quoique polie, il veut bien expliquer en quel endroit il a été fait prisonnier. C’est un point tellement en arrière de notre ligne, qu’on hésite à le croire. Mais il est formel : il était là avec sa compagnie réduite à 40 hommes ; son capitaine blessé s’était retiré, il a pris le commandement. Il s’est défendu tant qu’il a pu, bien qu’il ait manqué de munitions. Les soldats français étaient passés sans le voir. Par deux fois, il avait envoyé chercher des munitions ; ses hommes ne sont pas revenus. Alors se voyant cerné, sans moyen de défense, il s’est rendu.

 

On essaie d’obtenir d’autres renseignements, peine perdue. Avec une candeur trop polie pour être honnête, il coupe court à toutes les questions : « Écoutez, Monsieur, je ne sais pas, je suis arrivé hier soir d’Allemagne sur le front ! » Ah ! Mon vieux, si tu crois que je te crois ! Tu ne veux rien dire ! Suffit ! À une question du lieutenant Barge qui lui demande s’il a des cartes sur lui, il répond froidement qu’il les a déchirées. Il est temps de renvoyer ce bonhomme ; avec son air de ne pas y toucher, il deviendrait impertinent.

 

Catastrophe au G.B.D.. Une nouvelle épouvantable arrive de Lor. Deux obus sont arrivés coup sur coup dans la cour où stationnait le G.B.D. et ont fait dans le personnel, dans les blessés qui attendaient, un véritable massacre. Tués : MM. Guillaumont, Dessagne, Goix, Luyton et plusieurs autres ; Morise mourant. M. Vuillaume blessé gravement, MM. Vignot, Clairac … etc, blessés. C’est la grosse, très grosse catastrophe ! Nous sommes tous atterrés. Jamais le G.B.D. n’a été éprouvé aussi gravement !

 

Message rectificatif du commandant Lebleu. Les chasseurs n’ont pas du tout atteint leur objectif ; ils n’ont pas du tout pris la ligne Hunding. Ils sont arrêtés à la route Saint-Quentin, Banogne…

 

Mais les fusées vertes lancées ? … lancées par les Boches ? … mais les comptes-rendus ? … à éclaircir…

 

Stupéfaction générale ! Mais stupéfaction dans laquelle il n’entre pas ou presque pas d’étonnement. Alors maintenant, il faut démentir tous les renseignements envoyés précédemment. Allons ! Pauvre téléphone ! Marche ! Transmet ! Et les exclamations se devinent à l’autre bout du fil ! …... Inouï… Incroyable ! … ça vous étonne !

 

Le général n’est pas content ! Il le fait savoir ! Docile, le téléphone transmet toujours ! Protestations ! « Ah, mais non ! Je n’accepte pas ! Je n’encaisse pas ! » Tout le monde est furieux.

 

Le pire c’est que les chasseurs se sont épuisés dans l’effort. Ils ont eu de la casse en hommes, en officiers. Le commandant demande à passer en deuxième ligne pour pouvoir reformer le bataillon désorganisé par les violences du coup.

 

Il demande. Mais c’est déjà fait. Le 149 est passé en première ligne. Le commandant Froment s’est porté en avant afin de parer au danger. Dans ces mouvements opérés d’urgence, la liaison n’a pas pu s’établir assez vite avec l’arrière. Le téléphone reste muet ! Tout n’est pas rose pour les officiers de liaison. Et ce qui complique tout, c’est que la nuit est venue, une nuit d’encre, où on ne voit pas à deux pas devant soi ! Que Dieu guide les agents de liaison.

 

Voilà donc le 149 en première ligne ! À lui maintenant de marcher ! L’officier boche prisonnier a déclaré que non seulement les Boches n’avaient pas l’intention de se replier, mais qu’ils avaient, au contraire, ordre formel de tenir coûte que coûte jusqu’au dernier !

 

Mon Dieu, que nous réservez-vous pour demain ? Allons-nous revivre les mauvais jours d’Orfeuil ? Il fait nuit ! Nuit sur la nature ! Nuit dans les cœurs.

 

Dans l’attente des évènements, je n’ose revenir à Lor. Ici pas de place ! N’importe, on peut dormir sur une chaise !

 

Et les tanks ? Ils étaient partis une quinzaine avec les chasseurs. Il en reste trois ! Le même canon anti-tank en aurait démoli onze à lui seul, dont quatre ont pris feu.

 

Sources :

 

Témoignage inédit de l’abbé Henry.

 

Le portrait de l’aumônier Pierre Henry provient de la collection personnelle de J.L. Poisot.

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à J.L. Poisot et au S.H.D. de Vincennes.

7 janvier 2022

Gaston Samuel (1881-1918)

Gaston Samuel

 

Gaston Samuel voit le jour le 7 octobre 1881, à Baccarat, une ville située à l’extrême sud du département de la Meurthe-et-Moselle. Son père, Prosper, alors âgé de 29 ans, exerce le métier de commerçant. Sa mère, Caroline Alexandre, a 31 ans. Elle ne pratique pas d’activité professionnelle. Gaston est le second enfant du couple. Une sœur, prénommée Fernande, est née l’année précédente. Un frère, André, viendra au monde en 1884.

 

Genealogie famille Samuel

 

Le jeune Gaston quitte l’école communale avec un degré d’instruction de niveau 3. Il maîtrise parfaitement la lecture, l’écriture et le calcul lorsqu’il rejoint le milieu du travail.

 

En 1901, ses parents vivent alors à Rambervillers. Le registre de recensement correspondant à cette année nous apprend que son père était marchand de bestiaux.

 

Comme pour la quasi-totalité des registres matricules du bureau de recrutement du département des Vosges, il n’y a aucune inscription enregistrée dans la case « détail des services et mutations diverses » sur la fiche signalétique et des services de Gaston Samuel. Cette absence de renseignements rend impossible la reconstruction de son parcours militaire.

 

Nous savons simplement qu’il a été déclaré « bon pour le service armé » par le conseil de révision qui s’est réuni à la mairie de Rambervillers l’année de ses vingt ans.

 

Gaston a probablement effectué ses obligations militaires durant l’année 1902, puis quitté la caserne trois ans plus tard, avec l’obtention de son certificat de bonne conduite. C’est tout ce que nous pouvons dire concernant cette période.

 

De retour à la vie civile, il retrouve son poste d’employé de commerce.

 

Le 1er août 1914, la France rappelle ses réservistes. Un nouveau conflit contre l’Allemagne est sur le point d’éclater. Les classes en âge de revêtir l’uniforme ont ordre de rejoindre leurs dépôts d’affectation, ce qui est le cas de Gaston Samuel.

 

Comme il a été dit précédemment, sa fiche matricule reste obstinément muette sur son vécu de soldat.

 

Il est donc impossible de dire quoi que ce soit sur ce qu’il a fait durant les premières années du conflit. Était-il déjà caporal au moment de la mobilisation, un grade qu’il aurait pu obtenir durant sa conscription ? Rien dans les documents disponibles ne permet de répondre à cette question.

 

Le texte qui accompagne sa Médaille militaire nous apprend qu’il a été blessé entre le début des hostilités et le mois d’avril 1917. Il n’y a pas plus de précision sur cette blessure.

 

En effet, son nom ne figure sur aucun état des pertes du 149e R.I. couvrant la période d’août 1914 à septembre 1915. Il n’est pas plus inscrit dans les registres des contrôles nominatifs des malades et des blessés traités dans les formations sanitaires de ce régiment ; ces registres sont détenus par les archives médicales hospitalières des armées de Limoges. Cela voudrait-il dire qu’il servait dans un autre régiment avant cette blessure ? C’est une éventualité.

 

Mais où et quand a-t-il été blessé ? Encore un blanc dans son parcours qu'un document permettra peut-être un jour de combler.

 

Une citation à l’ordre du 149e R.I. gagnée en septembre 1916 lui accorde le droit de porter la croix de guerre. Cette citation valide sa participation aux combats menés par ce régiment dans la Somme. Sa présence dans ce département, en tant que sous-officier, est confirmée par le texte qui accompagne sa Médaille militaire obtenue quelques mois plus tard.

 

Mais à quelle période a-t-il été nommé sergent ? L'absence de sources empêche de le savoir.

 

Le 10 avril 1917, un groupe de sous-officier du 149e R.I. est photographié loin de la zone des combats.

 

Les sous-officiers de la 10e compagnie du 149e R

 

Grâce au livre de Francis Barbe « Et le temps, à nous, est compté », il est tout à fait réaliste d’associer un visage à un nom pour ce cliché. Un tirage similaire, reproduit à la page 179 de l’ouvrage, est accompagné des 17 noms des hommes représentés. Le sergent Samuel est dans la liste. Tous ces sous-officiers appartiennent à la 10e compagnie.

 

À quel moment le sergent Samuel a-t-il été affecté dans cette compagnie ? Il n’est pas possible de répondre à cette interrogation.

 

Le régiment qui a pour devise « Résiste et mord » occupe plusieurs secteurs particulièrement exposés, à proximité du chemin des Dames. Mais il ne sera pas engagé avant l’offensive de la Malmaison du 23 octobre 1917.

 

Le sergent Samuel a-t-il participé à cette attaque ? Il est difficile de l’affirmer.

 

Un acte de décès permet de retrouver sa trace à la fin de l’année 1917.

 

Gaston Samuel est témoin de la mort accidentelle du 1ère classe Claude Luc survenue le 26 décembre 1917. La lecture de l’acte de décès de ce soldat nous apprend qu’il servait à la 12e compagnie du 149e R.I., une compagnie non combattante rattachée au centre d’instruction de la 43e D.I. le jour de sa disparition. Même si nous n’en connaissons pas les raisons, cette information est d’une grande importance, puisqu’elle confirme la présence du sergent Samuel au sein du C.I.D. à cette période de la guerre.

 

Le sergent Samuel est ensuite affecté au 31e B.C.P. puis au 67e R.I.. À quel moment et pour quel motif a-t-il été affecté dans ces unités ? Il est impossible de donner une réponse satisfaisante à ce questionnement.

 

Gaston Samuel est tué en Belgique le 8 novembre 1918 près du village de Zingem, que l'on trouve parfois écrit "Synghem". 

 

Un article de presse, publié dans le journal « le télégramme des Vosges », nous indique que le corps de ce sous-officier a été rapatrié par convoi ferroviaire à Rambervillers le 4 juillet 1922.

 

Le nom du sergent Samuel est gravé sur la plaque commémorative de la Synagogue de Saint-Dié-des-Vosges. Il n'est pas inscrit sur les monuments aux morts de sa ville de naissance (Baccarat), de sa ville de résidence (Saint-Dié-des-Vosges), et encore moins sur celui de Rambervillers où son corps repose. 

 

Les décorations du sergent Samuel

 

Décorations obtenues :

 

Croix de guerre avec une étoile de bronze :

 

Citation à l’ordre du régiment du 26 septembre 1916 :

 

« A, par beaucoup d’initiative et de dévouement, aidé son chef de section dans l’organisation des positions conquises. A fait preuve d’un grand courage. »

 

Médaille militaire (J.O. du 24 avril 1917) :

 

« Sergent de la territoriale au 149e R.I.. Sous-officier dévoué et brave qui s’est distingué, comme chef de demi-section aux attaques de septembre 1916.  Une blessure (a déjà été cité). »

 

Le fil conducteur reliant la fiche individuelle figurant sur le site « Mémoire des hommes » à la fiche matricule et au portrait de la photographie a été très difficile à établir. Les citations trouvées dans le livre d’or des Israélites dans l’armée française, la lecture du registre matricule de son frère André, souffrant également d’une très forte myopie et l’acte de décès du soldat Luc, ont beaucoup aidé à tisser le lien identitaire.

 

La destruction intégrale des registres d’état civil de la ville de Saint-Dié-des-Vosges, durant le 2conflit mondial du XXe siècle, ajoute un blanc supplémentaire à l’histoire du sergent Samuel. Une recherche généalogique approfondie est inenvisageable. Gaston Samuel a-t-il été marié ? A-t-il eu une descendance ? Il est impossible de le dire.

 

Sources :

 

Fiche signalétique et des services du sergent Samuel lue sur le site des archives départementales des Vosges.

 

Livre d’or des Israélites dans l’armée française.

 

« Et le temps, à nous, est compté » Lettres de guerre 1914-1919. Albert Marquand, présentation de Francis Barbe, postface du général André Bach. C'est-à-dire Éditions mille mots chuchotés. 2011.

 

La photographie de groupe représentant les sous-officiers de la 10e compagnie du 149e R.I. provient du fonds Gérard (collection personnelle).

 

Un grand merci à M. Bordes, à R. Mioque, à A. Samuel, à F. Barbe, à A. Carobbi, à O. Gaget, à T. Vallé, aux archives départementales de la Meurthe-et-Moselle et des Vosges  et au Service Historique de la Défense de Vincennes.  

149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
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