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149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
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23 février 2024

Un père et un fils « morts pour la France » au 149e R.I.

Famille Larnac

 

Durant la Première Guerre mondiale, deux frères ont  parfois été déclarés « morts pour la France » après avoir servi dans le même régiment. Les cas père-fils semblent beaucoup plus rares. Un seul a pu être identifié au sein du 149e R.I.. Il s’agit de la filiation Larnac.

 

Emmanuel Antoine Hippolyte Larnac (1895-1915).

 

Emmanuel Antoine Hippolyte Larnac

 

Emmanuel Antoine Hippolyte Larnac est né le 26 juillet 1895 au hameau de Saint-Cézaire, rattaché à la ville de Nîmes, dans le département du Gard.

 

Son père, Eugène Ernest, 23 ans, travaille comme comptable. Sa mère, Lydie Élisa Duprat, 22 ans, n’exerce pas d’activité professionnelle. Unique enfant du couple, il perd sa mère à 13 mois. Le père ne s’est pas remarié du vivant de son fils.

 

Emmanuel Larnac poursuit sa scolarité jusqu’à la fin de ses études secondaires. Le jeune homme aspire à une carrière militaire. Grâce à son baccalauréat, il peut passer le concours d’entrée de l’École spéciale militaire de Saint-Cyr.

 

Il réussit les épreuves écrites, mais les événements internationaux ne lui permettent pas d’aller plus loin. Le conflit armé avec l’Allemagne, qui débute en août 1914, rend impossible aux futurs élèves officiers de la 99e promotion saint-cyrienne toute présentation aux examens de la deuxième partie du concours.

 

Comme tous les autres candidats à la promotion, surnommée plus tard « la Grande Revanche », Emmanuel Larnac est déclaré reçu au concours, dispensé des épreuves orales, sans avoir la possibilité de suivre la formation d’élève officier. Cette situation tout à fait particulière lui impose, comme à tous les candidats éligibles à cette promotion, de signer un contrat d’engagement de huit ans avec l’armée ; c’est la condition pour conserver son statut de futur officier.

 

Le 12 août 1914, il se rend à la mairie de Nevers pour signer son acte d’engagement. Il présente une attestation d’admission, un extrait du journal officiel prouvant son inscription à l’école spéciale militaire de Saint-Cyr, un certificat de bonnes mœurs délivré par le maire de Fourchambault ainsi qu’un certificat médical militaire ; ce dernier atteste qu’il n’est atteint d’infirmités, qu’il a la taille et les autres caractéristiques nécessaires pour rejoindre le 13e régiment d’infanterie, l’unité qu’il a choisie pour effectuer sa formation initiale de fantassin.

 

Le 14 août, Emmanuel Larnac débute sa carrière comme simple soldat à la caserne Pittié. Son ascension dans les grades militaires est très rapide puisqu’il est directement nommé sous-lieutenant à titre temporaire pour la durée de la guerre, sans passer par les grades intermédiaires.

Ce changement de grade l’affecte au 95e R.I., un régiment stationné à Bourges. À la mi-janvier 1915, le sous-lieutenant Larnac quitte la caserne Condé et rejoint le 149e R.I.. À ce stade du conflit, ce régiment occupe un secteur proche du village de Noulette en Artois.

 

Le lieutenant-colonel Gothié lui confie le commandement d’une section de la 9e compagnie sous les ordres du capitaine Baril.

 

Le 3 mars, sa compagnie contre-attaque suite à une violente attaque allemande. Le sous-lieutenant Larnac est tué à la tête de sa section.

 

Pour en savoir plus sur les événements qui se sont déroulés le 3 mars 1915, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

 

Carte 2 journee du 3 mars 1915

 

Quelques jours après sa mort, le commandant Laure, responsable du 3e bataillon, évoque son subordonné dans une correspondance familiale :

 

« … Quant au petit Larnac, c’était un enfant : il est parti bravement à la tête de sa section et a été tué d’un seul coup, avec, sur son visage, un rayonnement de juvénile enthousiasme. »

 

Le 15 avril 1915, le chef de corps du 149e R.I. écrit ceci dans le feuillet individuel de campagne du sous-lieutenant Larnac :

 

« Jeune officier, admissible à l’école de Saint-Cyr, avait fort bien débuté au régiment et avait donné à ses hommes un fort bel exemple de bravoure au combat du 3 mars devant Noulette où il a été tué. »

Le corps du sous-lieutenant Larnac a pu être ramené à l’arrière.

 

Il repose actuellement dans le carré militaire du cimetière de Sains-en-Gohelle. Sa tombe porte le numéro 61.

 

Sepulture sous-lieutenant Emmanuel Larnac

 

Décorations obtenues :

 

Croix de guerre avec palme

 

Citation à l’ordre n° 55  de l’armée la Xe armée en date du 20 mars 1915 : (J.O. du 8 avril 1915).

 

« Le 3 mars, lors d’une attaque allemande sur les tranchées de 1ère ligne devant Noulette a été tué à la tête de sa section en l’entraînant à la contre-attaque en avant des tranchées avec une grande bravoure. »

 

Le sous-lieutenant Larnac a reçu à titre posthume la Légion d’honneur qui reprend le texte mentionné pour sa citation à l’ordre de l’armée. (J.O. du 26 décembre 1919).

 

Emmanuel Larnac ne s’est pas marié et n’a pas eu de descendance.

 

Son nom est inscrit sur le monument aux morts de la commune de Fourchambault.

 

Cet officier est cité dans le livre d’or de la promotion de la Grande Revanche. Son nom apparaît dans un chapitre destiné aux personnes dont les familles n'ont pas pu fournir d'informations sur leurs antécédents, avec le petit texte suivant :

 

«Tué le 3 mars 1914. Lorsque son père, qui était dégagé de toute obligation militaire, apprit sa mort, il s’engagea dans le même régiment, devint caporal mitrailleur et fut tué devant Verdun, un an après son fils en mars 1916.Le sous-lieutenant Larnac était chevalier de la Légion d’honneur et décoré de la croix de guerre. »

 

Une erreur s’est glissée dans ce texte. Le père n’était pas caporal, mais soldat.

 

Ernest Eugène Larnac (1872-1916).

 

Ernest Eugène Larnac est né le 25 juin 1872 à Lunel, ville située dans l’est du département de l’Hérault.

 

Son père, Hippolyte, 31 ans, est employé aux chemins de fer. Sa mère, Anaïs Vigouroux, 31 ans, n’exerce pas d’activité professionnelle.

 

Ernest Larnac est le quatrième d’une fratrie composée de trois garçons et d’une fille. Sa mère a donné naissance à une petite fille mort-née en 1865 et l’un de ses frères est décédé en bas âge.

 

 

Ernest perd sa mère à l’âge de quatre ans, puis son père à l’âge de 18 ans. L’année de sa conscription, il obtient le statut « d’aîné d’orphelins » ce qui le dispense des obligations militaires pendant une année.

 

Le 11 novembre 1893, Ernest Larnac intègre une compagnie du 163e R.I., une unité récemment créée, qui tient garnison à Nîmes. Mis en congé le 25 septembre 1894, il quitte l’uniforme avec son certificat de bonne conduite en poche, en attendant son passage dans la réserve.

 

Le 3 novembre, Ernest Larnac épouse Lydie Élisa Duprat à Nîmes. L’année suivante, un fils naît de cette union.

 

Lydie Élisa Duprat décède le 25 août 1896. Son fils est âgé de 13 mois.

 

En 1899, Ernest Larnac s’installe à Jalognes, dans le Cher, avec son fils et sa belle-mère, Madeleine Guiraud âgée de 60 ans,. En 1901, il travaille comme voyageur de commerce chez Madame Badin. En 1906, il est devenu grossiste en vin. Les affaires semblent réussir. Un domestique travaille pour la famille.

 

Ernest Larnac retrouve son uniforme de soldat pour exécuter, du 2 au 29 octobre 1899, sa 1ère période d’exercice au sein du 40e R.I..

 

Le 1er octobre 1906, Ernest Larnac, âgé de 34 ans, passe dans l’armée territoriale. Il est rattaché au 61e R.I.T..

 

Deux jours plus tard, le tribunal de Cosne le condamne à 16 francs d’amende avec sursis pour outrage à un citoyen chargé du ministère public dans l’exercice de ses fonctions.

 

La période concernant sa 2e période d’exercice est annulée et considérée comme effectuée (dépêche du 8e C.A. du 28 mai 1907).

 

Le 20 avril 1910, Ernest Larnac est de nouveau condamné par le tribunal de Cosne pour outrage à personne en public. Il doit cette fois payer une amende de 16 francs, l’équivalent de la somme de sa première peine avec sursis.

 

La famille Larnac n’est pas enregistrée sur le registre de recensement de la ville de Jalognes de l’année 1911.

 

Été 1914 : la France se prépare à un nouveau conflit armé avec l’Allemagne. Début août 1914, les premiers réservistes sont rappelés. Le 3, Ernest Larnac rejoint le dépôt du 8e escadron de train des équipages à Dijon (la date de son rattachement à cette unité est inconnue).

 

Son fils, sous-lieutenant au 149e R.I. est tué le 3 mars 1915, en Artois. Ernest Larnac demande à être affecté dans ce régiment après le décès de son fils unique. Ayant obtenu l’approbation de ses supérieurs, il rejoint sa nouvelle unité le 10 mai 1915.

 

Une première information, trouvée dans un article de presse publié dans le journal « L’écho du centre » du 1er juillet 1915 et une seconde, figurant dans le Livre d’or de la promotion de « la Grande Revanche », nous apprennent que ce soldat a été affecté dans une compagnie de mitrailleuses.

 

Le même article du journal nous indique qu’en juin 1915, il est soigné dans un hôpital de Lamotte-Beuvron pour maladie (son nom ne figure pas dans les contrôles nominatifs des 2e et 3e trimestres de l’année 1915 des malades et des blessés traités dans les formations sanitaires du 149e R.I.).

 

« Engagé volontaire dans les télégraphistes, avait obtenu de changer et de s’engager dans les mitrailleuses. Malade, il a été évacué à Lamotte-Beuvron, où il est soigné. C’est là qu’il vient de recevoir la lettre suivante :

«  Monsieur,

Je n’ai pas l’honneur de vous connaître, mais « Écho de Paris » d’aujourd’hui m’apprend que vous avez le malheur d’être veuf, comme moi, et que vous avez, comme moi aussi, la glorieuse, mais terrible épreuve, d’avoir un fils unique, Saint-Cyrien de la promotion de la Grande Revanche, mort au champ d’honneur et cité à l’ordre de l’armée. Je comprends ce que vous souffrez, car je l’éprouve moi-même. Des morts, comme celles de nos fils, ne sont pas des morts. Ils vivent par leur souvenir et l’exemple qu’ils nous ont laissés. C’est leur sang qui régénérera la France. En tombant, ils ont fait naître des énergies nouvelles dans le cœur des troupiers. Je vous serre fraternellement la main.

Capitaine T… »

 

Après sa convalescence, Ernest Larnac intègre la C.H.R. du 149e R.I. (date inconnue).

 

Le 12 février 1916, il épouse Marie Bourcier à Fourchambault, dans la Nièvre.

 

Le 18 mars, Ernest Larnac, blessé dans le secteur de Verdun par plusieurs éclats d’obus à la poitrine, se trouve dans un état critique. Sa blessure est tellement grave qu’elle rend impossible tout déplacement vers l’arrière. Il est pris en charge par les médecins du l’hôpital d’origine d’étape n° 12 de Vadelaincourt qui ne peuvent rien faire pour lui. Le 19, il est déplacé à l’hôpital temporaire de Revigny où il décède le jour même.

 

Emmanuel Larnac repose actuellement dans la nécropole nationale de Revigny-sur-Ornain. Sa sépulture porte le numéro 205.

 

Sepulture soldat Ernest Larnac

 

Aucune décoration, aucune citation, n’ont pu être retrouvées pour ce soldat du 149e R.I..

 

Son nom a été inscrit sur le monument aux morts de la commune de Fourchambault tout comme celui de son fils..

 

Sources :

 

Concernant Ernest Eugène Larnac :

 

Fiche matricule, actes d’état civil et registres de recensements consultés sur le site des archives départementales du Gard et de l’Hérault.

 

Contrôle nominatif du 1er trimestre 1916 des malades et des blessés traités dans les formations sanitaires du 149e R.I. détenu par les archives médicales hospitalières des armées de Limoges.

 

Journal « « L’écho du centre » du 1er juillet 1915

 

L'echo du centre

 

La photographie de la sépulture du soldat Larnac a été réalisée par M. Faure.

 

Concernant Emmanuel Antoine Hippolyte Larnac :

 

Dossier individuel consulté au Service Historique de la Défense de Vincennes.

 

Le portrait du sous-lieutenant Larnac provient du  tableau d’honneur de la guerre 14-18 publié par la revue « illustration ».

 

La photographie de la sépulture d’Emmanuel Larnac a été réalisée par T. Cornet.

 

Livre d’or de la promotion de « la Grande Revanche » Saint-Cyr 1914 d’après les documents rassemblés par le lieutenant Campana, secrétaire de la promotion.

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à T. Cornet, à M. Faure, à M. Porcher, à T. Vallé, au Service Historique de la Défense de Vincennes, aux archives médicales hospitalières des armées de Limoges et à la mairie de Fourchambault.

23 février 2024

Journée du 3 mars 1915

Journee du 3 mars 1915

 

Après des semaines de travaux et de bombardements quotidiens dans des conditions climatiques compliquées, la situation s'embrase.

 

Le 3 mars, vers 6 h 00, de fortes explosions de mines se produisent dans le secteur de Noulette qui s’étend de t3 jusqu’à la parallèle située en face de la chapelle de Notre-Dame-de-Lorette.

 

Ces explosions sont aussitôt accompagnées d’un violent bombardement d’artillerie allemande de gros calibre ; ce bombardement vise les villages de Bouvigny et d’Aix-Noulette ainsi que les tranchées des sous-secteurs de Noulette et de Lorette.

 

Explosion de mine

 

Les mines allemandes ensevelissent partiellement les troupes de 1ère ligne. Les compagnies du centre et de droite du 149e R.I. sont particulièrement touchées.

 

Le capitaine Petitjean et le sous-lieutenant Darracq, des 2e et 3e compagnies, sont portés disparus (ils ont été faits prisonniers, le second meurt de suites de ses blessures quelques jours plus tard).

 

Toutes les lignes téléphoniques sont coupées par les obus. Il faut faire appel aux agents de liaison.

 

carte 1 journee du 3 mars 1915

 

Dans la continuité de ces actions, une attaque d’infanterie allemande menée par l’ I.R. 142 et le Füs Reg 40, appuyée par un tir de barrage d’artillerie, est lancée contre le 1er bataillon du 149e R.I. Elle s’effectue entre le bois des Boches et l’extrémité nord de la parallèle occupée par des compagnies des 10e et  31e B.C.P..

 

Le 3e bataillon du 149e R.I., bataillon de 2e ligne, sous le commandement du commandant Laure, reçoit l’ordre de rejoindre au plus vite son emplacement prévu en cas d’attaque.

 

Les survivants du bataillon Bichat tentent de résister sur place.

 

Les sous-lieutenants Husson (2e compagnie) et Antonelli (3e compagnie) établissent des barrages. Le sous-lieutenant Charlois, de garde aux abris G, occupe la parallèle. Il tente d’endiguer l’afflux de troupes allemandes le long des haies talus 2 et 3. Le dernier peloton de la 4e compagnie accourt par le boyau de la haie G. Il essaye de reprendre la partie perdue de la 1ère ligne avant l’attaque.

 

Les chasseurs, placés à la droite du 1er bataillon du 149e R.I, sont contraints de quitter leurs positions. Les forces du commandant Bichat sont rapidement submergées de ce côté.

 

Les compagnies du 1er bataillon du 149e R.I. subissent un feu nourri d‘enfilade provenant des mitrailleuses allemandes ; celles-ci viennent juste de  s’installer dans les tranchées abandonnées par les chasseurs.

 

Le capitaine Altairac, les sous-lieutenants Husson et Charlois sont blessés. Les derniers défenseurs doivent battre en retraite.

 

Bois 6 et bois 7-janvier 2024

 

Les renforts arrivant par le boyau central, le bois 6, le bois 7 et la haie G sont, à leur tour, pris sous le feu des mitrailleuses ennemies. Les boyaux sont bientôt encombrés de blessés et de cadavres.  Aucun renfort n’est possible de ce côté.

 

8 h 50 : le 149e R.I. annonce officiellement la perte de ses tranchées dans la zone t1, t2 et t3. La compagnie de gauche du régiment et le 158e R.I. tiennent toujours leur position.

 

La nouvelle ligne de front du sous-secteur est déplacée sur la ligne du bois des Boches de la lisière sud-est des bois 5, 6 et 7 et de la haie talus G.

 

La compagnie de mitrailleuses, qui a eu une de ses sections complètement enterrée, est chargée d’installer ses trois sections restantes comme suit : une est placée à la lisière sud-est du bois 6, l’autre au bois 7 et la 3e à la lisière sud-est du parc de Noulette.

 

Carte 2 journee du 3 mars 1915

 

Vers 9 h 00, le lieutenant-colonel Gothié ordonne au commandant Laure de lancer, après une préparation d’artillerie, une contre-attaque par le boyau de la haie G. Cette partie de la ligne de front est particulièrement exposée aux tirs d’enfilade des mitrailleuses allemandes. L’attaque est reportée.

 

Vers 10 h 30, le bataillon de réserve du 149e R.I., sous les ordres du commandant Magagnosc, est remis à la disposition du lieutenant-colonel Gothié.

 

Le chef de corps du 149e R.I. lui ordonne de rejoindre la lisière nord du bois de Bouvigny en passant par Marqueffles pour établir la liaison avec les 10e et 31e B.C.P..  Avec les chasseurs, il devra exécuter une contre-attaque par les bois pour libérer la droite du régiment.

 

Vers 12 h 20, le lieutenant-colonel Gothié, suivant les instructions du commandant de la 43e D.I., reporte l’attaque que devaient mener les 2e et 3e bataillons de son régiment. Une préparation d’artillerie lourde et d’artillerie de campagne doit précéder la contre-attaque générale.

 

Malgré les demandes pressantes et répétées des chefs de bataillons de 1ère ligne de faire raccourcir le tir, les obus français tombent à environ 100 mètres derrière la 1ère ligne allemande. Les mitrailleuses ennemies ne sont pas détruites.

 

Les 2e et 3e bataillons du 149e R.I. effectuent leurs contre-attaques à 15 h 45. Le 1er bataillon garde dans un premier temps la lisière des bois 6 et 7  pour éviter tout retour offensif de l’ennemi. Il est exposé aux tirs nourris d’infanterie et de mitrailleuses ennemies ce qui retarde son avancée.

 

Le bataillon Magagnosc, en liaison avec les chasseurs à sa gauche, est exposé aux feux d’enfilade des mitrailleuses allemandes qui l’empêche de progresser. Il reste fixé au pied de la haie talus G.

 

Le bataillon Laure ne parvient pas à sortir des bois 5 et 6. Il n’avance seulement que d’une vingtaine de mètres avant d’être stoppé par les tirs des mitrailleuses allemandes. Le lieutenant-colonel Gothié demande à l’artillerie de tirer sur ces mitrailleuses.

 

En quelques minutes, les compagnies engagées ont perdu un quart de leur effectif.

 

Par liaison téléphonique, le commandant du 31e B.C.P. indique au lieutenant-colonel Gothié que ses chasseurs ont progressé d’une centaine de mètres.

 

De nouvelles tentatives de contre-attaque sont effectuées par le 149e R.I..

 

Le 1er bataillon quitte sa position pour évoluer sur un terrain complètement à découvert. Il échoue à deux reprises

 

Les contre-attaques du 3e bataillon ne réussissent pas davantage. Elles sont stoppées nettes par les mitrailleuses installées au pied des haies talus 1 et 3 non détruites par l’artillerie.

 

À 17 h 00, les compagnies d’attaque ayant perdu la moitié de leur effectif et les chasseurs ne faisant aucun progrès à la droite du 2e bataillon du 149e R.I., le colonel commandant le 149e R.I. donne l’ordre d’arrêter le mouvement.

 

Vers 19 h 00, les 2e et 3e bataillons du régiment organisent solidement leurs nouvelles positions. Avec l’aide du Génie, ils occupent une ligne de feu aux lisières sud-est des bois 5, 6 et 7.

 

Une section environ du 1er bataillon, qui a résisté toute la journée à la haie G, est renforcée par quelques éléments de la 12e compagnie. Une barricade est faite dans le boyau avec un élément de tranchée à gauche, vers le bois 5.

 

 

Les pertes de la journée sont considérables.

 

Au total :

 

11 officiers ont été tués, blessés ou portés disparus.

 

Encadrement du 149e R

515 sous-officiers et soldats ont été tués, blessés ou portés disparus.

 

La plupart des morts ont été ensevelis dans les explosions de mines ou abattus lors des contre-attaques de l’après-midi.

 

Trois jours après l’attaque allemande, le commandant Laure écrit cette petite lettre à sa famille qui dit :

 

« Grave coup de tampon il y a deux jours. Selon mes prévisions et mes rapports que quelques-uns avaient trouvés pessimistes, nos tranchées ont « sauté », alors que je venais à peine de les passer au bataillon Bichat, qui a lourdement été éprouvé. Il a fallu que nous repartions de Noulette, où nous venions à peine d’arriver, pour contribuer à la reprise du terrain perdu : comme je marchais en tête de mon monde, une grosse marmite est tombée juste derrière moi, sur la file qui me suivait et ça a été une sanglante hécatombe. Au cours de notre contre-attaque peu fructueuse, Baril,Thomas et le petit Larnac ont succombé ! »

 

                                              Tableau des tués pour la journée du 3 mars 1915

 

                                 Tableau des blessés et des disparus pour la  journée du 3 mars 1915

 

            Tableau des décédés dans les ambulances et dans les hôpitaux pour la journée du 3 mars 1915

 

Sources :

 

Les archives du Service Historique de la Défense de Vincennes ont été consultées.

 

J.M.O. du 21e C.A.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 195/2.

 

J.M.O. de la 43e D.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 344/1.

 

J.M.O. de la 85e brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 520/10.

 

J.M.O. du 31e B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 626/25.

 

J.M.O. du 10e B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 819/3.

 

Historique du 149e  Régiment d’Infanterie. Épinal. Imprimerie Klein, 1919.

 

Le dessin a été effectué par I. Holgado.

 

Le cliché représentant le bois 6 et le bois 7 a été réalisé par P. Lamie.

 

Un très grand merci à M. Bordes, à A. Carrobi, à T. Cornet, à I. Holgado, à P. Lamie, à  M. Porcher, au Service Historique de l’Armée de Terre de Vincennes et à l’association « Collectif Artois 1914-1915 ». 

16 février 2024

Léon Louis Albert Baril (1873-1915)

Leon Louis Albert Baril

 

Enfance et jeunesse

 

Léon Louis Albert Baril est né le 25 octobre 1873, place Dauphine, à Bordeaux-Caudéran, en Gironde.

 

Son père, Édouard Louis Joseph, 30 ans, est employé au comité des assurances maritimes bordelaises, place de la Bourse. Sa mère, Catherine Jeanne Marie Lafargue, 21 ans, n’exerce pas d’activité professionnelle.

 

Une deuxième grossesse, qui devait être un heureux événement pour la famille Baril, se termine de façon dramatique. Louis n’a pas encore fêté ses cinq ans lorsque sa mère meurt en couches le 30 juin 1877. Ce jour-là, le père se rend à deux reprises à la mairie de Caudéran : une première fois pour signaler le décès de son épouse, une seconde fois pour déclarer celui d’un garçon mort-né. Il n’y a donc pas d’acte de naissance enregistré au nom de Baril dans les registres d’état civil à cette date, et encore moins de prénoms inscrits sur l’acte de décès du frère de Louis. Notons que le registre des tables décennales de la ville de Caudéran fait mention d’une personne nommée Édouard Baril, décédée le 30 juin 1877.

 

Genealogie famille Baril

 

Le père et le fils Baril s’installent à Paris. Édouard Baril, devenu commissionnaire en marchandises, facteur aux Halles, se remarie le 8 février 1887 avec Lazarette Coron, veuve de Thomas Pierquin. La famille Baril habite au 43 rue Réaumur lorsque l'entreprise du père fait faillite en 1888.

 

Louis Baril a fait des études secondaires, mais il a abandonné le lycée avant d’obtenir le baccalauréat. À 19 ans, il décide d’entreprendre une carrière militaire.

 

La date de sa majorité est encore loin. Le consentement paternel est donc obligatoire pour contracter un engagement volontaire.

 

Le père de Louis, qui vit à Barcelone depuis plusieurs années, n’a rien contre ce choix. C’est un ancien militaire, comme son père, et il n’a aucun problème à accepter la décision de son fils. La tradition familiale du port de l’uniforme se transmet de génération en génération.

 

Le 17 novembre 1891, Louis Baril se rend à la mairie de Bordeaux. Il comparaît devant l’adjoint au maire Legendre, accompagné de ses deux témoins, Jean Roche et Antoine Denestèbe et signe un contrat qui l’engage pour 4 ans avec l’armée.

 

Les premières années sous l’uniforme

 

Caserne Gazan

 

Louis Baril choisit le 112e R.I., une unité stationnée à Toulon et à Antibes, pour faire ses premières armes. Il est au régiment le 23 novembre 1891.

 

Son statut d’engagé lui permet de suivre très rapidement la formation donnée aux élèves caporaux. Il est nommé dans cette fonction le 23 mai 1892.

 

Le chef d’escouade Baril est promu au grade supérieur le 12 janvier 1893. Son niveau d’instruction lui offre l’opportunité d’occuper la charge de sergent-fourrier du 11 novembre 1893 au 4 juillet 1894 ; ensuite il retrouve ses fonctions de sergent de compagnie.

 

En 1895, le sergent Baril est responsable de deux escouades de la 3e compagnie à la caserne Gazan à Antibes.

 

Le 20 novembre, il se présente devant le sous-intendant militaire de Nice, avec deux témoins, l’autorisation du colonel Monnot en charge du 112e R.I, un certificat d’aptitude physique et un état signalétique constatant ses conditions de services fixées par la loi du 18 mars 1889 ; ces éléments lui permettent de signer un acte de rengagement de 2 ans.

 

Son niveau d’études et les connaissances acquises depuis son arrivée au sein du 112e R.I. l’autorisent à s’inscrire au concours d'entrée à l'école d'infanterie de Saint-Maixent (n'ayant aucun diplôme et n'ayant reçu qu'une partie de l’enseignement secondaire, il n’a pas pu se présenter au concours d'entrée à l'école de Saint Cyr, après avoir signé son engagement à la mairie de Bordeaux).

 

Louis Baril réussit l’examen d‘entrée. En tant qu’élève officier, il rejoint la 17e promotion nommée Nicolas II et commence les cours en avril 1896. Le sergent Baril souffre. La formation est difficile. Il est loin du niveau d’excellence qui le placerait aux plus hauts échelons de sa promotion.

 

Dans sa feuille de notes détaillées de fin de formation, le lieutenant-colonel Edmond Louis Paul Robiquet, responsable de l’école, l’évalue comme suit :

 

« Monsieur Baril est apte à faire un assez bon officier. Il lui manque encore, pour faire mieux, un peu de pratique et un peu plus d’assimilation de l’enseignement auquel son intelligence était peu préparée. Il sert correctement, son éducation est ordinaire, sa situation modeste. Il dirigera difficilement l’enseignement du tir. Jugé très faible et à peine passable pour les exercices corporels. Officier terne. »

 

Louis Baril quitte l’École militaire d’infanterie à la fin du mois en mars 1897 avec le numéro 233 sur 279. Il part en congé à la fin des cours avant de rejoindre sa nouvelle affectation.

 

En tant qu’officier

 

Le 1er avril, le sergent Baril est promu sous-lieutenant au 78e R.I. dans le Limousin.

 

Ses notes sont toujours très contrastées. Il est dépeint comme un officier réservé, manquant de confiance et de sang-froid devant ses subordonnés. Il est décrit comme un peu mou et très timide. En 1898, il tombe malade. Le sous-lieutenant Baril quitte le régiment pour deux mois.

 

Le 1er avril 1899, il est nommé lieutenant.

 

Petit à petit, l’homme devient plus posé, plus froid, plus réfléchi. Il finit par obtenir un peu plus de considération de la part de ses supérieurs.

 

Les propos de ses dirigeants se font plus élogieux. Louis Baril est décrit comme un officier intelligent et sérieux, qui connaît bien les règlements et mérite la confiance de tous. Il est tout à fait apte à faire campagne.

 

C’est un bon tireur qui montre peu d’aptitude pour les exercices physiques. Ses compétences en équitation laissent un peu à désirer.

 

Du 4 avril au 12 mai 1907, le lieutenant Baril suit les cours de l’école de tir du Ruchard et obtient de très bons résultats.

 

Le 24 septembre 1911, Louis Baril est nommé capitaine.

 

À la suite de cette promotion, il est affecté en Charente-Inférieure et reçoit le commandement d’une compagnie du 123e R.I. à La Rochelle.

 

Caserne Renaudin 123e R

 

Il doit reprendre en main la 5e compagnie qui a tendance à négliger sa tenue vestimentaire. Son prédécesseur, suite à des problèmes de santé qui l'ont privé d'une partie de ses ressources, a fini par renoncer à son autorité de cadre.

 

Petit à petit, un important laisser-aller s’est répandu au sein de la compagnie.

 

Louis Baril s’acquitte honorablement de cette tâche. Cependant, le portrait dressé par son commandant de régiment, le colonel Saint-Étienne et par son second le lieutenant-colonel Lepetit, est assez dur. En 1912, il est noté comme étant un officier ayant un caractère renfermé, parfois ombrageux, sans entrain et sans initiative, replié sur lui-même, vivant à l’écart et qui semble servir avec indifférence.

 

Au 149e R.I.

 

Le 24 février 1913, le capitaine Baril est affecté par convenance personnelle au 149e R.I..

 

Dès son arrivée au régiment, le colonel Menvielle lui confie le commandement de la 8e compagnie. Louis Baril fait immédiatement preuve d’autorité. Il commande une compagnie bien préparée, bien entraînée et bien dirigée lors de la marche des Vosges et lors des manœuvres d’automne. Il est maintenant beaucoup plus en confiance avec ses supérieurs. Grâce à un travail acharné, il est devenu un excellent cavalier.

 

Cet officier n’est plus à la tête de la 8e compagnie lorsque le premier conflit mondial éclate en août 1914. Le commandement de cette unité a été confié au capitaine de Chomereau de Saint-André qui en a la charge depuis le 13 juillet.

 

Durant les premiers mois du conflit, Louis Baril reste au dépôt pour encadrer la 28e compagnie. Le 13 novembre 1914, il rejoint le régiment qui combat sur le front belge, avec un renfort de 320 hommes. Il prend le commandement de la 9e compagnie.

 

 

Le 7 décembre 1914, le 149e R.I. quitte la Belgique. Après plusieurs jours de marche et d’instruction, il prend position sur le front d’Artois, d’abord près du bois de Berthonval puis à partir du 27 janvier, dans un secteur proche du village de Noulette.

 

Une correspondance inédite rédigée par le commandant Laure rappelle les traits de personnalité du capitaine Baril.  Il le décrit ainsi : « C’est un homme de devoir, tout honneur et conscience, froid, juste, expérimenté, très instruit, farouche républicain et démocrate. D’aucuns disent qu’il est un peu sectaire, mais c’est faux, car il est très intelligent et a l’esprit large. » 

 

Le 3 mars 1915, Louis Baril tombe sous le feu des mitrailleuses ennemies lors d’une contre-attaque visant à stopper une attaque allemande majeure.

 

Pour en savoir davantage sur les évènements qui ont eu lieu le 3 mars 1915, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

 

Carte 2 journee du 3 mars 1915

 

Les circonstances du décès du capitaine Baril sont mentionnées dans une lettre rédigée par Lucien Kern, soldat à la 9e compagnie, datée du 8 mars 1915.

 

« Ma chère bonne maman et chère sœur et Georges,

 

Six mois depuis le 26 février se sont écoulés depuis notre départ, tant de souffrances, de peines et de sacrifices sans nom. Je n’entrerai pas aujourd’hui dans les détails de la lutte horrible qui s’est déroulée pendant trois jours… J’ai passé des heures terribles, heures d’angoisses et de danger, comme jamais je n’en ai passé. J’ai souffert d’esprit et de corps en trois jours, comme en dix ans de ma vie…

 

Un soir, vers quatre heures, il y a eu un bombardement terrible par nous sur l’ennemi. Il faut l’avoir vu pour le croire. Ce fut, pendant une demi-heure, l’enfer déchaîné sur un coin de terre… Tout de suite après, notre compagnie reçoit l’ordre d’attaquer…

 

Je vis tomber mon lieutenant. Combien d’amis que j’estimais, tous frappés à mort. À chaque pas, il me semblait que j’allais être touché, car nous chargions sous un feu violent de mitrailleuses et de fusils.

 

Les balles tombaient pareil lorsque la pluie commença à tomber en larges gouttes…

 

C’est le 3 mars, à 16 h 00, que nous avons chargé. Le commandant pleurait de nous voir partir à la mort, car l’attaque était manquée.

 

Notre pauvre capitaine fut tué aussi. Le soir, à 8 h 00, la moitié des hommes manquaient à l’appel… Il y a un village tout près, celui dont je vous ai parlé, tout bombardé. Nous l’appelons le village de la mort, car les obus tombent et tuent en traîtrise, en ce fameux endroit. Maintenant notre régiment est relevé et on est au repos pour se refaire et se reposer… »

 

Le capitaine Baril est mort en incroyant convaincu. Parmi ses affaires se trouvait une lettre interdisant, en cas d’accident, toute cérémonie religieuse à son sujet.

 

Il est actuellement enterré au cimetière communal de Sains-en-Gohelle, dans le Pas-de-Calais.

 

Sepulture capitaine Baril

 

Louis Baril ne s’est pas marié et n’a pas eu de descendance.

 

Son nom est inscrit sur les monuments aux morts des villes de Bordeaux-Caudéran, Bordeaux et d’Épinal.

 

Monuments aux morts de Bordeaux, Bordeaux-Caudéran et d'Epinal

 

Décoration obtenue :

 

Croix de guerre avec palme

 

Citation à l’ordre de la Xe armée n° 55 en date du 30 mars 1915 (J.O. du 8 avril 1915).

 

« Lors d’une attaque allemande sur les tranchées de 1ère ligne devant Noulette, a été tué à la tête de sa compagnie en l’entraînant sous un feu violent d’artillerie et de mitrailleuses pour une attaque en avant des tranchées. A montré, en plusieurs circonstances, une grande bravoure. »

 

Le capitaine Baril a également été décoré de la Légion d’honneur à titre posthume (J.O. du 22 juin 1920).

 

Sources :

 

Dossier individuel consulté au Service Historique de la Défense de Vincennes.

 

Le portrait du capitaine Baril est extrait de ce dossier.

 

Fiche matricule lue sur le site des archives départementales de la Gironde.

 

La carte utilisée pour le 1er montage photo, est extraite du J.M.O. du 25e R.I.T., sous-série 26 N 778/5.

 

La photographie de la sépulture du capitaine Baril a été réalisée par T. Cornet.

 

« Lettres des tranchées » Correspondance de guerre de Lucien, Eugène et Aimé Kern, trois frères manitobains, soldats de l’armée française durant la Première Guerre mondiale. Aux éditions du Blé. Saint-Boniface (Manitoba) Canada. 2007.

 

« Deux Guerres en un siècle - Lettres d’Émile Laure à son épouse ». Éditions de Sauvebonne.

 

Avec l’aimable autorisation de S. Martel et de R. Laure qui m’ont donné leur accord pour reproduire ici les extraits de correspondance de leurs ancêtres.

 

Un grand merci à M. Bordes, à S. Martel, à A. Carobbi, à T. Cornet, à R. Laure, à T. Vallé, au S.H.D. de Vincennes, aux archives départementales de Bordeaux et à la mairie de Bordeaux-Caudéran. 

2 février 2024

Georges Claude Bachetta (1891-1968)

Georges Claude Bachetta

 

Jeunesse et premiers pas dans l’armée

 

Georges Claude Bachetta voit le jour le 2 septembre 1891 à Tresserve, petite commune savoyarde au bord du lac du Bourget, au sud-ouest d’Aix-les-Bains.

 

Son père, Dominique, âgé de 30 ans, né en Italie, exerce le métier de maçon. Sa mère, âgée de 26 ans, est femme de ménage.

 

Georges est le quatrième d’une fratrie composée de quatre filles et deux garçons. Sa sœur Antoinette ne survit pas à la petite enfance.

 

Genealogie famille Bachetta

 

Georges Bachetta apprend à lire, écrire et compter à Genève. Il n’a pas la possibilité de poursuivre des études supérieures. Adolescent, il entre dans le monde professionnel et devient lithographe reporteur. Georges Bachetta est également professeur de gymnastique.

 

À l’heure des obligations militaires, il est inscrit sur la liste de recrutement de la classe 1912 du canton d’Aix-les-Bains, sous le n° 392. Le jeune homme est jugé « apte au service armé » par le conseil de révision.

 

Le 8 octobre 1913, le conscrit Bachetta est incorporé au  97e R.I., une unité alpine qui tient garnison à Chambéry, Montmélian et dans les forts de la place de Chamousset. Repéré par ses supérieurs, il a l’opportunité de suivre la formation des élèves caporaux dès le mois suivant. Le soldat Bachetta est nommé à ce grade le 19 février 1914 et promu sergent le 17 juillet.

 

Le 2 août 1914, son frère François, beaucoup plus âgé, le rejoint au régiment avec le statut de « fils d’étranger, omis excusé de la classe 1906 ». Les chemins de vie militaire de ces deux frères ne font que se croiser. En effet, pour des raisons de guerre, le 97e R.I. s’apprête à rejoindre la zone des armées, laissant au dépôt les nouveaux arrivants, non formés au maniement des armes.

 

Georges Bachetta 97e R

 

Conflit 1914-1918

 

Le 5 septembre 1914, le 97e R.I. participe à la bataille de la Chipotte, sur la rive gauche de la Meurthe. Au col du Haut-de-Bois, le sergent Bachetta est légèrement blessé par une balle à l’abdomen. La blessure n’est pas grave. Aucun traitement particulier n'est requis.

 

Le 27 septembre 1914, son régiment combat dans le secteur de Neuf-Maisons en Meurthe-et-Moselle. Georges Bachetta est de nouveau touché par une balle. Cette fois-ci, la blessure est très sérieuse. Le projectile a pénétré dans la région lombaire. Son évacuation vers l’arrière est indispensable.

 

Le 7 janvier 1915, le sergent Bachetta est décoré de la Médaille militaire et la croix de guerre avec palme.

 

Après sa convalescence, il effectue un bref passage au 9e bataillon du 17e R.I. à compter du 5  février 1915 avant d’être transféré au 149e R.I. le 12 mars.

 

Ce régiment, qui vient de subir une violente attaque allemande dans le secteur de Noulette (Pas-de-Calais), doit combler le vide laissé par de lourdes pertes.

 

Georges Bachetta est nommé adjudant quatre jours après son arrivée dans le régiment vosgien. Le lieutenant-colonel Gothié lui confie le commandement d’une section de la 3e compagnie du régiment.

 

Le 10 mai 1915, l’adjudant Bachetta est touché à l’œil gauche par des éclats de grenade alors qu’il mène une attaque avec sa section.

 

En juillet 1915, il revient dans sa compagnie toujours engagée dans le même secteur en Artois.

 

Georges Bachetta participe aux attaques des  26, 27 et 28 septembre 1915 à proximité du bois en Hache.

 

Il est blessé une quatrième fois le 29. L’explosion d’un obus de gros calibre l’a projeté au sol. Il se relève avec quelques contusions. L’effet de souffle de l’explosion lui perfore un tympan, provoquant par la suite une otite bilatérale.

 

Par décision ministérielle du 13 octobre 1915, Georges Bachetta est promu provisoirement sous-lieutenant à partir du 8 octobre pour la durée de la guerre (J.O. du 17 octobre 1915).

 

Le 18, il est cité à l’ordre du C.A. pour ses actions menées lors des combats du bois en Hache.

 

Pour en savoir plus sur cette période, il suffit de cliquer une fois sur le dessin suivant.

 

Artois 1915 départ pour la relève

 

Le 26 novembre 1915, il retourne dans la zone des armées. Début mars 1916, son régiment est envoyé à Verdun. Il occupe à deux reprises le secteur du fort de Vaux. Sa compagnie n’a pas participé aux opérations de combat, mais a subi les bombardements à plusieurs reprises.

 

Le 149e R.I. quitte la région de Verdun à la mi-avril 1916. Après un court repos à Landrecourt, le sous-lieutenant Bachetta et tout son régiment se mettent en route vers la Champagne, prenant position dans une zone peu exposée, entre les buttes de Tahure et celles de Mesnil, près des Deux-Mamelles.

 

Le 9 juillet 1916, il dirige avec succès un coup de main à la tête de la 1ère section et le groupe de grenadiers de la 3e compagnie ; pour cette action, il obtient une seconde palme sur sa croix de guerre.

 

En septembre 1916, le 149e R.I. opère dans la Somme. Le sous-lieutenant Bachetta s’est encore une fois distingué par ses actions qu’il mène avec sa section durant les combats des 4, 5 et 6 septembre 1916 ; cela lui vaut une nouvelle palme.

 

Georges Bachetta est fait chevalier de la Légion d’honneur le 17 septembre 1916.

 

Par décret présidentiel du 2 novembre 1916, il est définitivement nommé sous-lieutenant de réserve à compter du 24 octobre.

 

Le 3 novembre, un éclat d’obus le blesse à la main gauche devant la sucrerie d’Ablaincourt. Il est, dans un premier temps, soigné au poste de secours de son bataillon avant d’être transféré à l’ambulance 7/21. Le lendemain, il est évacué vers l’arrière à l’hôpital complémentaire n° 52 d’Aix-les-Bains.

 

Pour en savoir plus sur le parcours du 149e R.I. dans la Somme, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante

 

Sucrerie de Bovent (novembre 1916)

 

Le 25 novembre 1916, il rejoint le 149e R.I.. Le 6 décembre, Georges Bachetta est pris en charge par l’ambulance n° 240 et part six jours plus tard pour Compiègne. Il doit se présenter devant la commission chargée d'accorder les congés de convalescence pour obtenir une permission de 15 jours. Après avoir obtenu cette permission, il se dirige vers Aix-les-Bains. Le 14 décembre, il épouse Marie Alexandrine Drivet. Trois enfants sont nés de ce mariage.

 

Le 16 février 1917, il rejoint directement la 3e compagnie du 149e R.I. sans passer par le dépôt.

 

Par décision ministérielle du 28 février 1917, il est mis à la disposition du commissaire résident général de France à Rabat.

 

De retour au dépôt du 149e R.I., il apprend sa nouvelle affectation. Georges Bachetta est détaché au 6e bataillon colonial à partir du 1er  avril 1917.

 

Le sous-lieutenant Bachetta traverse la mer Méditerranée pour rejoindre sa nouvelle unité au Maroc. Le 10 avril, il prend ses fonctions de commandement.

 

Le 7 juin 1917, il est admis dans le cadre actif des sous-lieutenants pour prendre rang à partir du 24 octobre 1916.

 

Le 8 octobre, Georges Bachetta est promu lieutenant.  Le 26 janvier 1918, il est affecté au 100e bataillon de tirailleurs sénégalais et le 16 octobre 1918 au 11e bataillon de tirailleurs sénégalais.

 

Le 17 août 1918, son frère François décède à l’hôpital militaire de Chambéry des suites de maladie contractée en service.

 

Période après guerre

 

En janvier 1919, Georges Bachetta reçoit le Mérite militaire chérifien pour de nouveaux actes de guerre.

 

Par décret du 19 août 1919 (J.O. du 24 août 1919) il quitte officiellement les troupes métropolitaines pour les troupes coloniales.

 

Fin juin 1920, le lieutenant Bachetta traverse la Méditerranée pour rejoindre une nouvelle affectation.

 

Après avoir pris son congé de fin de campagne, il est envoyé en Rhénanie avec le 1er Régiment de Tirailleurs Malgaches.

 

Georges Bachetta est muté au 2e Tirailleurs Malgaches et reprend la mer du 15 décembre 1921 au 12 janvier 1922 pour rejoindre sa nouvelle unité stationnée sur l’île de Madagascar.

 

Souvenir du camp de Bitche

 

Le 23 septembre 1922, il est nommé capitaine. À son retour sur le continent en septembre 1923, il est d’abord affecté au 12e Régiment de tirailleurs coloniaux, puis à partir du 9 novembre 1923, au 45e bataillon de chasseurs mitrailleurs indigènes coloniaux, récemment formé à Bitches, avec des tirailleurs malgaches.

 

L’année suivante, les éléments du bataillon sont remplacés par des Tonkinois. Le bataillon est rebaptisé 55e bataillon de Chasseurs mitrailleurs indigènes coloniaux.

 

Le 20 août 1925, le capitaine Bachetta est à Bordeaux. Il monte à bord du paquebot « Haïti », de la Compagnie Générale Transatlantique, pour rejoindre l’Afrique du Nord.

 

Au Maroc

 

Quatre jours plus tard, il débarque à Casablanca avec son bataillon. En septembre, le capitaine Bachetta entame une campagne dans la vallée de l’Ouergha.

 

Le 11 mai 1926, lui et ses hommes déjouent une attaque menée par plusieurs groupes de réguliers rifains à Bou-Ouda. Fin juillet, il participe activement aux combats de Bab Mizab.

 

Georges Bachetta reprend la mer le 16 octobre 1926. Il bénéficie d’un congé de fin de campagne du 19 octobre au 13 décembre 1926.

 

Le 10 janvier 1927, il est affecté au 22e régiment d’infanterie coloniale.

 

Le 15 octobre, il comparaît devant la commission de réforme d’Aix-en-Provence où il obtient un taux d’invalidité de 10 % en raison des séquelles de ses blessures de guerre et du paludisme.

 

Le 11 avril 1929, Le capitaine Bachetta attend, dans le port de la Joliette, à Marseille, son embarquement à bord du  S.S. explorateur Grandidier des Messageries Maritimes ; sa destination est « l’île rouge », pour la deuxième fois de sa carrière. À partir du 20 mai, il prend le commandement de la 3e compagnie du 1er Régiment Mixte Malgache. 

 

Le 26 septembre, la commission de réforme de Tananarive lui renouvelle son taux d’invalidité à 10 %.

 

À partir du 6 novembre, il est nommé responsable de la 2e compagnie. Outre son commandement de compagnie, il intervient régulièrement dans les écoles de perfectionnement des officiers de réserve de Tananarive.

 

Le 28 mai 1930, il repasse devant la commission de réforme qui porte à nouveau son taux d’invalidité à 10 %.

 

Le 31 décembre 1930, il est fait officier de la Légion d’honneur.

 

Le 25 juin 1931, son taux d’invalidité s’élève à 20 %.

 

Le capitaine Bachetta rentre en France le 16 juillet 1931. Il arrive au port de Marseille le 15 août. Il retourne quelques jours dans son ancien régiment, le 22e R.I.C., avant de prendre son congé de fin de campagne du 16 août au 16 novembre 1931.

 

Son régiment est dissous le 1er avril 1932. Le lendemain, il est affecté au Régiment d’Infanterie Coloniale du Maroc à Aix-en-Provence.

 

En raison de problèmes de santé liés à ses anciennes blessures, il est admis à l’hôpital thermal de Vichy du 18 juin au 27 juillet 1932.

 

Le 4 avril 1933, le capitaine Bachetta prend le commandement de la compagnie d’engins et transmission. Parallèlement à ce rôle au sein du R.I.C.M., il forme les officiers de réserve d’infanterie (section de mitrailleurs) tout au long de l’année scolaire 1933 ; il y obtient d’excellents résultats.

 

Le 21 août 1933, la commission de réforme de Marseille fixe à nouveau son taux d’invalidité à 20 %.

 

Sfax 1935

 

Le 2 juillet 1934, une autre traversée de la mer Méditerranée l’attend. Il se rend en Tunisie, protectorat français depuis 1881, pour être affecté au 18e régiment de tirailleurs sénégalais.

 

Georges Bachetta est nommé chef de bataillon le 25 septembre 1934. Le 1er novembre 1935, il sert au 5e régiment de tirailleurs sénégalais. Le 6 mai 1936, il prend le commandement du bataillon des travailleurs du sud.

 

Le 5 juillet 1936, le commandant Bachetta rentre en France. Il fait la traversée sur le vapeur SS Gouverneur Général Grévy et débarque le lendemain à Marseille. Après avoir pris son congé de fin de campagne, il est réaffecté au Régiment d’Infanterie Coloniale du Maroc.

 

En 1938, le commandant Bachetta forme des officiers de réserve à l’école du R.I.C.M.. Il fait également partie de la commission d’examen du concours d’admission de l’école de Saint-Maixent. L’année suivante, Georges Bachetta est à nouveau nommé membre de cette commission. Le 9 juin 1939, le colonel Turquin, commandant le R.I.C.M., l’évalue de la manière suivante :

 

« Au régiment, le commandant Bachetta est chargé du mess auquel il a apporté de substantielles améliorations. C’est un remarquable instructeur des instructeurs des écoles et aussi de l’école des officiers supérieurs où il seconde et remplace souvent le chef de corps absent ou empêché.

 

D’esprit clair et méthodique, travaillant avec acharnement, refaisant plusieurs fois chaque travail tactique jusqu’à ce qu’il ait obtenu l’approbation entière. Il a fait de grands progrès dans la conception, la rédaction des décisions et des ordres. Il est maintenant tout à fait au point à cet égard et apte à très bien commander un groupement tactique ou un régiment.

 

Collaborateur de choix dans tous les domaines, parce qu’il comprend la pensée de son chef et qu’il la met très vite en action, d’une activité prodigieuse, il est, outre un caractère, la droiture et l’énergie personnifiées, un conducteur d’hommes.

 

En résumé, le commandant Bachetta est un « chef » et il doit faire un commandant de régiment.

 

Excellemment noté, avec de magnifiques services de guerre, ayant sans cesse travaillé, il sera un lieutenant-colonel de choix et dans l’intérêt de l’armée, il convient de le nommer le plus tôt. »

 

Deuxième conflit mondial : de la France à l’Indochine

 

Le commandant Bachetta entre en campagne contre l’Allemagne le 3 septembre 1939. Il commande le 1er bataillon du R.I.C.M..

 

Il se révèle être un véritable chef de guerre en obtenant de son bataillon des prouesses et des efforts dignes d’admiration. Lors de la retraite généralisée et désordonnée, il ramène son bataillon dans les lignes françaises à plus de 150 km de distance dont 90 km parcourus à pied en moins de 48 heures.

 

Du 11 au 15 juin 1940, le commandant Bachetta participe aux combats menés par son régiment dans l’Eure-et-Loir. Le 14, il parvient à rétablir une situation grave qui aurait pu mettre son régiment en danger. Le 15, son P.C. est installé à Villette-les-Bois. Le 16, il contient une violente poussée ennemie. Georges Bachetta est blessé au pied droit par un éclat d’obus. Il est cité à l’ordre de l’armée pour toutes ces actions.

 

Pour en savoir plus sur cette période, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

 

R

 

Le 10 août 1940, il est affecté au centre de transition des troupes indigènes coloniales n° 1 de Fréjus. Georges Bachetta est nommé adjoint à un commandant de camp pour quelques jours, avant de prendre le commandement du camp de Valescure.

 

Le 25 mars 1941, il est nommé lieutenant-colonel. Le 1er avril, il monte à bord du S.S. Sagittaire à Marseille à destination de l’Annam. Après deux mois de traversée, il prend officiellement le commandement du 16e R.I.C..

 

Georges Bachetta est franc-maçon. Il est membre de la Loge maçonnique du  Grand Orient de France. En raison de cette appartenance, il est relevé de son commandement par le gouvernement de Vichy le 21 mars 1942.

 

Sa démission est prononcée d'office selon les dispositions statutaires de l’arrêté du 3 septembre 1941. Cet arrêté est publié dans le J.O. du 15 septembre et il est fondé sur la loi sur les sociétés secrètes du 11 août 1941 

 

Cette loi d’exception entraîne la soustraction immédiate de Georges Bachetta du contrôle des cadres. Admis à faire valoir ses droits à la retraite, il lui est demandé de quitter sa tenue d’officier et de la changer pour des habits civils. Georges Bachetta s’installe à l’hôtel Morin.

 

L’ancien lieutenant-colonel entre dans la clandestinité dans le groupe Tricoire de Tourane. Il fait de la propagande pour recruter de nouveaux résistants. Plus tard, en plus de ces fonctions, il travaille au service de renseignement et aide les prisonniers de guerre alliés à s’évader.

 

En Indochine

 

Réintégré dans les cadres de l’armée par arrêté du gouverneur général de l’Indochine n° 10 DG du 20 septembre 1944, il est nommé commandant de la place d’armes de Tourane.

 

Placé sous les ordres de M. Giraud, ingénieur en chef des travaux publics en Annam et du colonel Ragot, adjoint au général commandant la brigade Annam, il est  chargé, en tant que chef S.A. de la résistance du secteur de Tourane-Quang-Nam, des responsabilités suivantes  :

 

  • organisation de groupes de résistants militaires et civils en répartissant les tâches de reconnaissance, de destruction, de sabotage et de guérilla.
  • construction de deux postes de recueil dans la chaîne annamitique à l’ouest de Faifo. L’un de ces postes sert à loger des militaires américains devenus, pour la circonstance, militaires étrangers au service de la Légion.
  • répartition des armes, des munitions, des explosifs et autres matériels en provenance de Calcutta pour être parachutés au Laos.

 

Le 9 mars 1945, il est informé tardivement de l’imminence d’un coup de force japonais visant à détruire l’infrastructure administrative et militaire française en Indochine. Georges Bachetta rejoint son poste où il est fait prisonnier. Il est interné au camp de la concession de Hue, où il poursuit ses activités de résistance.

 

Un poste de radio est utilisé pour la communication interne et externe à l’Indochine. La gestion et la supervision de ce poste placé à l’intérieur du camp sont confiées au capitaine d’artillerie coloniale Bernard.

 

Les échanges radio fournissent des informations cruciales aux forces alliées pour bombarder les installations portuaires de Tourane, l’état-major de la division japonaise et le camp d’aviation de la ville.

 

Dans des conditions dangereuses, Georges Bachetta rassemble un groupe de choc de 120 hommes équipés de fusils, de munitions et d’explosifs volés à l’armée japonaise en vue de soutenir un débarquement ami.

 

Sa captivité prend fin le 15 août 1945.

 

Le lieutenant-colonel Bachetta revient d’Indochine le 25 octobre 1945. Arrivé en France le 21 novembre, il est mis en congé de fin de campagne du 22 novembre 1945 au 23 avril 1946.

 

Il est affecté au dépôt des isolés des troupes coloniales de Marseille le 21 novembre 1945.

 

Par décret du 21 mai 1946 (J.O. du  29 mai 1914) il est nommé colonel pour prendre rang du 25 juin 1943.

 

Le 2 septembre 1946, à 55 ans, Georges Bachetta satisfait, pour un départ à la retraite, à la condition d’ancienneté de grade, soit trois ans exigés pour l’accession au grade supérieur. 

 

Il est nommé dans la réserve de l’infanterie coloniale avec le grade de colonel pour prendre rang du 1er mars 1946 (décret du 23 août 1947 publié au J.O. du 26 août 1947)

 

Le colonel Bachetta est rayé des cadres des réserves de l’armée de terre le 2 septembre 1951.

 

Il décède le 2 mars 1968, à l’âge de 76 ans. Il est actuellement enterré avec son épouse et ses deux filles au cimetière de Viviers-du-Lac.

 

Sepulture famille Bachetta

 

Après sa mort, la commune de Viviers-du-Lac donne son nom à la rue principale du hameau de Terre-Nue.

 

Decorations Georges Bachetta

 

Décorations obtenues :

 

Croix de guerre 1914-1918 avec quatre palmes et une étoile de vermeil

 

Cité à l’ordre n° 33 de la Xe armée en date du 18 octobre 1914 :

 

« Le 1er septembre, à la Chipotte, s’est offert trois fois de suite pour opérer des reconnaissances sous bois sous un feu violent. Le 5 septembre, a été blessé légèrement au ventre, est resté à son poste et a repoussé les attaques contre la tranchée pendant deux jours. A toujours fait preuve d’un courage remarquable. A été grièvement blessé. »

 

Cité à l’ordre n° 63 du 21e C.A. en date du 18 octobre 1915 :

 

« Le 26 septembre 1915, devant Angres, a fait preuve d’une énergie exemplaire pendant le bombardement en assurant l’exécution des ordres du commandant de compagnie et en portant secours aux blessés au plus fort du feu ennemi. Le 27, son commandant de compagnie ayant été blessé, a assuré avec initiative et intelligence, le commandement de la compagnie. Chef de section d’un allant remarquable. »

 

Cité à l’ordre n° 609 de la IVe armée en date du 24 juillet 1916 :

 

« La 1ère section et les grenadiers de la 3e compagnie du 149e R.I. sous le commandement du sous-lieutenant Bachetta ont fait preuve d’audace et d’habileté dans l’exécution d’un coup de main, ont contribué au nettoyage de 500 m de tranchées ennemies où 8 prisonniers ont été faits, et à l’occupation de cette partie de la tranchée. »

 

Cité à l’ordre n° 3682 D du Grand Quartier Général  du 17 septembre 1916 :

 

« Officier d'une éclatante bravoure. S'est particulièrement distingué par sa brillante conduite pendant les combats du 4 et 6 septembre 1916 où, après avoir superbement entraîné ses hommes à l'attaque, il s'est énergiquement maintenu sur la position conquise malgré un feu violent d'artillerie, assurant, pendant toute une nuit, l'intégrité d'un élément avancé et repoussant plusieurs contre-attaques à la grenade. Déjà 4 fois cité à l'ordre et 4 fois blessé au cours de la campagne. »

 

L’origine de la 4e palme figurant sur sa croix de guerre n’est pas connue.

 

Médaille militaire, ordre n° 506 D,  pour prendre rang du 7 janvier 1915 (décret du 27 janvier 1915) avec le même texte que sa première citation à l’ordre de l’armée .

 

Chevalier de la Légion d’honneur (même texte que sa citation à l’ordre n° 3682 D du G.Q.G. du 17 septembre 1916 - décret du 14 octobre 1916). 

 

Officier de la Légion d’honneur (31 décembre 1930)

 

Commandeur de la Légion d’honneur par décret du 4 octobre 1949 (J.O. du 8 octobre 1949)

 

Le colonel Bachetta possède un dossier sur la base Léonore.

 

Site base Leonore

 

Croix de guerre 1939-1945 avec une palme, une étoile de Vermeil et une étoile de bronze.

 

Citation à l’ordre de l’armée  n° 129 C du 23 août 1940 :

« Pendant les durs combats menés les 12 et 17 juin 1940, a été pour son bataillon un exemple de bravoure calme et résolue. Le 14, a réussi à rétablir, malgré la faiblesse de ses moyens, une situation grave qui pouvait compromettre la sûreté du Régiment. Le 16, malgré la disproportion des forces en présence, a contenu une violente poussée ennemie, faisant lui-même le coup de feu contre un adversaire qui avait réussi à s'approcher jusqu'à 30 mètres. Au cours de la retraite qu'il a effectuée sur ordre, a soulevé l'admiration de tout le régiment en ramenant son bataillon dans nos lignes en moins de 48 heures sur 150 km, dont 90 à pied. Vient d'ajouter un nouveau titre à la reconnaissance de son Régiment en restant avec la dernière compagnie repliée pour couvrir un décrochage de jour ordonné par le Commandant. »

 

Citation à l’ordre du régiment n° 182 du 29 juin 1940 (R.I.C.M.) (non homologuée)

 

« Le 24 juin 1940, se trouvant brusquement en présence de deux autos mitrailleuses ennemies, a de nouveau fait preuve du plus beau sang-froid en fonçant dans l'intervalle malgré l'ennemi qui tentait de l'arrêter. »

 

Citation à l’ordre du régiment n° 183 du 1er juillet 1940 (non homologuée)

 

« Jusqu'au dernier combat, a contribué à sauvegarder l'honneur de la Patrie et à porter encore haut le renom du R.I.C.M.. »

 

Citation à l’ordre du C.A. n° 41 en date du 18 décembre 1945

 

« Officier supérieur d'une haute valeur morale, animé d'une foi patriotique ardente. Commandant d'armes de la place de Tourane, a organisé les groupes S.A. civils et militaires, communicant à tous son entrain et sa confiance. A fourni un bel et obscur effort pour mettre sur pied des groupes importants malgré la présence d'effectifs japonais très nombreux exerçant une surveillance particulièrement active. Surpris par l'attaque du 9 mars, n'a cessé le combat qu'après avoir résisté énergiquement avec une poignée d'hommes à un ennemi très supérieur en hommes et en moyens. »

 

Médaille T.O.E.

 

Citation à l’ordre n° 46 du 55e bataillon de mitrailleurs indochinois en date du 4 août 1926 (cette citation ne comporte pas l’attribution ni le port de la croix de guerre des T.O.E.)

 

« Commandant de compagnie de B.C.M. de 1er ordre. A pris à Bab Mizab, à l’aide de ses tirs massifs de mitrailleurs, une part importante, contrôlée, dans les actions de feux, qui au début de 1926 contribuèrent à déterminer les premiers mouvements de soumission des Sanhadja.

 

En dernier lieu, le 11 mai 1926 à Bou-Ouda, lors d’une attaque de plusieurs groupes de réguliers Rifains sur le centre de résistance qu’il commandait, a confirmé les qualités de maîtrise de soi et de bravoure dans le commandement dont il avait déjà donné la preuve éclatante au cours de la Grande Guerre. »

Citation à l’ordre général n° 83 du 12 novembre 1926 :

 

« Cité à l’ordre de la division. Commandant de compagnie de B.C.M. de premier ordre, s'est distingué au Maroc par ses tirs de harcèlement massifs aux grandes distances sur les dissidents Sanhadja, par son calme et sa bravoure au combat du Bou-Ouda le 11 mai 1926, et en dernier lieu, par son zèle industrieux et sa maîtrise dans les travaux d'organisation de la défense du front nord. »

 

Autres décorations :

 

Mérite militaire chérifien

 

Décision n° 41 A en date du 11 janvier 1919 extrait de l’ordre n° 37 :

 

« Lieutenant au 11e bataillon sénégalais. Officier d'un courage remarquable ; voyant hésiter une section d'une compagnie voisine surprise dans un couvert, a donné la plus belle preuve de décision et de bravoure en enlevant à l'assaut une section de sa compagnie. A rétabli la situation grâce à sa courageuse intervention. »

 

Commandeur du mérite combattant

 

Officier de l’ordre du Ouissam alaouite

 

Croix du combattant volontaire de la résistance : 29 novembre 1946

 

Croix des services militaires volontaires

 

Médaille coloniale deux agrafes Maroc et une agrafe Indochine.

 

Croix du combattant 1914-1918

 

Croix du combattant 1939-1945

 

Médaille commémorative française de la Grande Guerre

 

Médaille interalliée de la victoire 1914-1918

 

Médaille des blessés

 

Médaille coloniale (deux agrafes Maroc, une agrafe Indochine

 

Étoile noire d’Anjouan

 

Médaille espagnole de la paix du Maroc

 

Sources :

 

J.M.O. du 97e R.I... S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 672/9 et 26 N 672/10.

 

Dossier personnel consulté au Service Historique de la Défense de Vincennes.

 

Site réalisé par C. Coste, petit-fils du colonel Bachetta.

 

Banniere site Georges Bachetta

Site « ACPG 39-45, d'Albi à Prague, souvenirs d'un ancien combattant prisonnier de guerre 39-45 » d’A. Boussuge.

 

Bandeau site A

 

La fiche signalétique et des services du colonel Bachetta, les actes d’état civil de sa famille et les registres de recensements les années 1872 et 1911 ont été visionnés sur le site des archives départementales de la Savoie.

 

L’ensemble des photographies présentées sont la propriété des petits–enfants du colonel Bachetta.

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à C. Coste, à M. Porcher, aux petits-enfants du colonel Bachetta  au Service Historique de la Défense de Vincennes et aux archives départementales de la Savoie.

149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
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