8 et 9 novembre 1916
8 novembre 1916
Les conditions météorologiques se sont à nouveau dégradées. Il est impossible de poursuivre l’offensive dans ce contexte. L’ordre donné par le général Guillemot concernant la reprise de l’attaque commencée la veille est donc annulé.
Chacun doit maintenant se concentrer sur les positions conquises pour les sécuriser au mieux.
La partie de la tranchée Couverte, enlevée à l’ennemi par le 149e R.I., est rebaptisée tranchée Poncelet, en hommage au lieutenant Poncelet tué la veille devant Geniecourt.
Le dépôt de grenades du 149e R.I., placé en 1ère ligne, a explosé. Les compagnies du commandant Schalck sont presque à court de ce précieux projectile fort utile ; ces compagnies sont en effet dans un secteur où la boue a pratiquement rendu impossible l’utilisation des armes traditionnelles.
Une corvée d’une soixantaine de chasseurs est demandée dans la matinée pour réapprovisionner les compagnies du 2e bataillon du 149e R.I. en grenades.
À 13 h 45, le lieutenant-colonel Pineau rédige, depuis le P.C. Valet, un compte-rendu d’opération adressé au responsable de la 85e brigade, le général Guillemot :
« Une compagnie du 2e bataillon du 149e R.I. a essayé ce matin à 9 h 45 de s’emparer des points 916 j et 916 k.
L’opération a été menée comme suit : deux escouades de grenadiers avaient pour objectif le point 916 j. L’une empruntant le prolongement vers l’ouest du boyau Couvert, l’autre se dirigeant nord-sud, le long de la tranchée Pêle-Mêle.
Par la tranchée Pêle-Mêle, la progression a réussi jusqu’à 50 m environ.
L’avancée a dû se faire en terrain découvert. Elle a été arrêtée nette par des feux de flancs tirés de la tranchée des Germains entre 916 i et 916 h et par une mitrailleuse placée à 920.
On a réussi à pousser une sape à quelques mètres au sud de la jonction de la nouvelle tranchée faite cette nuit avec la tranchée Pêle-Mêle.
Ci-joint un croquis indiquant en ce point la situation exacte du 2e bataillon du 149e R.I..
Conformément à l’ordre reçu à 10 h 45 annulant les ordres précédents, j’ai suspendu toute nouvelle tentative sur ce point.
Toutes les sapes marquées sur le croquis seront terminées ce soir. »
Le 2e bataillon du 149e R.I. s’efforce de réparer les éléments de tranchées récemment pris aux Allemands. Ces tranchées sont, pour la plupart, remplies d’eau. La terre est tellement détrempée qu’elles s’effondrent en de nombreux endroits. Il faut impérativement commencer les travaux de terrassement.
Le boyau entre le bois Bauer et la tranchée Poncelet 6187-915 est terminé à 1,60 m de hauteur sur toute sa longueur. Il est occupé face à l’est vers 915.
Plusieurs patrouilles d’observation et de liaison sont expédiées dans le no man’s land.
L’aviation ennemie s’est montrée très active tout au long de la journée. Quelques drachens surveillent le secteur de la 43e D.I..
L’artillerie française exécute de nouveaux tirs de réglage. Les 75 se livrent à leur mission habituelle.
Dans la soirée, l’artillerie allemande effectue des bombardements violents sur les lignes conquises par le 149e R.I.. À la fin du jour, les canons ennemis réalisent un premier tir de barrage, avec des obus de gros calibre. Un second tir de barrage a lieu aux alentours de 20 h 30.
La commune d’Harbonnières est bombardée à plusieurs reprises dans la soirée et dans la nuit.
L’aviation allemande effectue des vols de nuit. Les mitrailleuses françaises tirent plusieurs rafales dans leur direction.
Une recherche réalisée sur le fichier « mémoire des Hommes » a permis d’identifier 5 hommes tués au cours de cette journée au 149e R.I. ; mais le décompte des pertes est chiffré à 14 tués, 16 blessés et 31 disparus. Sont comptabilisé ici un certain nombre de tués, de blessés et de disparus du 7 novembre non signalés par le régiment et dont le sort a pu être déterminé entre temps.
Tableau des tués du 149e R.I. pour la journée du 8 novembre 1916
Du chiffre des disparus, il faut également déduire les tués restés entre les lignes ou ensevelis par les divers bombardements et les blessés passés par les P.S. des corps voisins (pour ces deux catégories le nombre n’a pas pu être établi).
Deux officiers allemands blessés du 20e I.R. sont transportés par les soins du 149e R.I..
Dans la nuit du 8 au 9, le 1er bataillon du 149e R.I., sous les ordres du capitaine de Chomereau, relève le bataillon Schalck en 1ère ligne.
9 novembre 1916
L’activité de l’artillerie allemande reste moyenne durant toute la matinée.
Six avions ennemis volant à très basse altitude ont été obligés de faire demi-tour après avoir essuyé les tirs de barrage des mitrailleuses françaises.
L’activité de l’artillerie allemande est plus marquée l’après-midi. Plusieurs drachens sont aperçus dans le ciel.
La réfection de tranchées se poursuit. Les voies de communication s’améliorent au fil des heures, mais l’état du terrain ne permet toujours pas de circuler dans les boyaux. Seules quelques parties sont praticables. Les hommes poursuivent la pause des caillebotis.
Une tranchée allant de la corne sud-est du bois Bauer à l’ancienne 1ère ligne allemande à l’ouest de 915 c (direction générale nord-sud) est en cours de construction.
Les hommes attendent. Ils n'ont entendu de rumeurs ni sur une éventuelle relève, ni sur une reprise de l'attaque.
Tableau des tués du 149e R.I. pour la journée du 9 novembre 1916
Sources :
Les archives du Service Historique de la Défense de Vincennes ont été consultées.
J.M.O. de la 43e D.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 344/5.
J.M.O. de la 85e brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 520/12.
J.M.O. du 3e B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 816/3.
J.M.O. du 10e B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 819/5.
Historique du 149e Régiment d’Infanterie. Épinal. Imprimerie Klein, 1919.
Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à M. Porcher et au Service Historique de la Défense de Vincennes.