Marie Charles François Didierjean est né le 18 janvier 1868 dans la petite ville de Baccarat. Son père, Marie Eugène, 32 ans est ingénieur. Il est administrateur des cristalleries de Saint-Louis. Sa mère, Marie Joséphine Mangin, originaire de Nancy, est âgée de 22 ans.
Le jeune Didierjean effectue sa scolarité chez les jésuites au collège Saint-Joseph de Reims, puis au lycée Sainte-Geneviève de Versailles durant les années scolaires 1885, 1886 et 1887.
Une fois ses études secondaires terminées, il se rend à la mairie du 8e arrondissement de Paris pour signer un engagement volontaire de 5 ans avec l’armée. Marie Charles François Didierjean réussit le concours d’entrée de l’école spéciale militaire. À la fin du mois d’octobre 1887, il entre à l’école de Saint-Cyr pour prendre sa place dans la promotion de Tombouctou.
Nommé sous-lieutenant le 1er octobre 1889, juste après l’obtention de son diplôme de Saint-Cyrien, il doit rejoindre la ville de Gérardmer pour incorporer le 152e R.I..
En avril 1895, il devient lieutenant instructeur à l’école militaire d’infanterie. Ce rôle de pédagogue ne semble pas lui convenir puisqu’il fait rapidement une demande écrite pour quitter ce poste. Un an après, il est réintégré dans son ancien régiment.
En octobre 1897, Marie Charles François Didierjean épouse Marguerite Maguin, une Nancéienne âgée de 25 ans.
Le 12 juillet 1900, c’est la promotion ; aussitôt nommé capitaine, cet homme est immédiatement muté au 30e R.I. et il doit gagner la ville d’Annecy. Dans un premier temps, le capitaine Didierjean travaille au bureau de la mobilisation, une fonction qu’il occupe durant trois années consécutives. En 1903, il prend le commandement d’une compagnie du régiment.
Le 25 mars 1906, il est de nouveau sur le départ, quittant la région de la Haute-Savoie. Cet officier doit intégrer le 113e R.I.. Le 24 septembre 1911, il devient capitaine adjoint major du régiment.
Peu de temps avant d’accéder au grade de chef de bataillon, Marie Charles François Didierjean doit suivre les cours de tir pratique au camp de Châlons durant une période qui s’échelonne entre le 20 et le 31 mai 1913.
Trois semaines plus tard, il obtient ses galons de commandant. Ce nouveau chef de bataillon quitte la ville de Blois et prend la direction de l’est pour rejoindre la ville d’Épinal. Il est maintenant responsable du 3e bataillon du 149e R.I..
Le commandant Didierjean est très bien noté par ses supérieurs. Il est considéré comme étant un officier de grande qualité. Qualifié de très intelligent, il possède une grande érudition et maitrise parfaitement l’allemand, l’anglais et l’italien. C‘est également un excellent cavalier et un très bon escrimeur.
Il est toujours à la tête de son bataillon lorsque la déclaration de guerre contre l’Allemagne est officialisée le 2 août 1914.
Le commandant Didierjean trouve la mort le 14 août 1914 au Haut-de-Steige dans la vallée de la Bruche. La guerre est commencée depuis seulement 12 jours. Cet homme âgé de 46 ans, veuf depuis 1913, laisse 5 orphelins, Antoinette, Hélène, Marie-Louise, Antoine et Madeleine.
Il repose dans le caveau familial du cimetière de Préville de Nancy.
Décorations obtenues :
Chevalier de la Légion d’honneur le 11 juillet 1914.
Citation à l’ordre de la 10e armée n° 53 du 4 mars 1915 :
« A été tué le 14 août 1914 à Haut de Steige (Alsace) à la tête de son bataillon au moment où il se portait avec les premiers éléments de la compagnie d’avant-garde pour reconnaitre la situation et le terrain avant de donner son ordre d’engagement. A donné les ordres jusqu’au dernier souffle de sa vie avec un courage de tout éloge. »
Henri René évoque le commandant Didierjean dans son ouvrage "jours de gloire et de misère". Voici ce qu’il écrit à son sujet :
6 août 1914. En Alsace, le baptême du feu.
… Le commandant Didierjean éteint sa pipe, son inséparable. Il en secoue les cendres d’un geste machinal sur le croc de sa canne, son autre inséparable. Il incline un peu sur l’oreille son grand képi haut formé et, très ému sans vouloir le paraître, il assigne les objectifs à ses capitaines… …Le commandant Didierjean, avec l’excessive bravoure qui lui était coutumière, a été frappé le 13 août, à Haut-de-Steige sur la ligne d’éclaireurs au « champ d’honneur » de cette Alsace où il avait si ardemment rêvé de reconquérir lui-même ses parchemins de famille. Nous avions pour lui un véritable culte et il n’est pas de mots pour traduire les regrets qu’il laisse parmi nous.
Sources :
Dossier individuel consulté au Service Historique de Vincennes.
« Jour de gloire, jour de misère… » d’Henri René. Éditions Perrin et Cie, 1917.
La photographie de la sépulture du commandant Didierjean à été réalisée par E. Mansuy.
Un grand merci à M. Bordes, à C. Didierjean, à E. Mansuy, à M. Porcher et au Service Historique de la Défense de Vincennes.