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149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
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29 janvier 2010

Marius Dubiez (1892-1958).

               Marius_Dubiez

 Mes remerciements les plus cordiaux à P. Blateyron pour les photos et les documents du parcours de son grand-père au 149e R.I..

Marius Dubiez est né le 4 octobre 1892 dans le petit village de le Pasquier, situé sur le canton de Champagnole dans le département du Jura. Il est le fils de Ferdinand Dubiez et de Marie Jacques. Marius se marie après la guerre en 1921 avec Rose Bourgeois. Toute sa vie, il exerça la profession de cultivateur dans la région d'où il est originaire. Il est incorporé avec la classe 1912 au 149e  R.I. sous le numéro matricule 1079. 

 

Il fait les premiers combats dans une compagnie d'infanterie. Marius Dubiez est affecté par la suite  dans une compagnie de mitrailleuses, celle du 1er   bataillon du 149e régiment d’infanterie (date qui nous est inconnue). Il termine la guerre avec le grade de caporal.

 

 

              Marius_Dubiez__compagnie_de_mitrailleuses

 

 

Suite à cette terrible guerre, il dira souvent à ses descendants « J’espère que vous ne connaîtrez jamais cela ! ». Phrase simple, d’une grande sagesse… qu’il n’en déplaise à ceux qui disent parfois  « Il leur faudrait une bonne guerre pour… » Lorsqu’il évoquait ses souvenirs, il racontait souvent les journées où il avait beaucoup neigé et que les hommes se réveillaient couverts  d’un manteau neigeux en laissant comme une empreinte sur le sol blanc.  Il croyait voir les morts se relever ! Il gardera longtemps en mémoire le souvenir d'une attaque canadienne qui se déroulera  à quelques encablures de sa tranchée, où il les verra « tomber comme des mouches par gros paquets » et encore ce moment où un jour en enterrant des hommes dans une fosse commune il fit tomber son casque et que, pour le récupérer, il devra descendre et marcher sur les corps. De quoi hanter bien des nuits !

Il obtient 3 citations sur sa croix de guerre : Une à l’ordre du régiment, une autre à l’ordre de la division et une dernière à l’ordre du corps d’armée. Il sera également décoré de la médaille militaire.

 

Citation à l’ordre du régiment :

« Le lieutenant-colonel Boigues commandant le 149e R.I. cite à l’ordre du régiment le soldat de 2e classe Marius Dubiez n° matricule 7152. Motif de la citation : « Excellent mitrailleur au front depuis le début de la guerre, à toujours fait preuve d’un sang froid remarquable, particulièrement au cours de l’attaque du 23 octobre 1917. »

 

Citation à l’ordre du corps d’armée :

Le général Paulin, commandant le 21e C.A., cite à l’ordre du corps d’armée le soldat de 2e classe Marius Dubiez n° matricule 7132. Motif de la citation : « Mitrailleur d’élite, superbe de courage de sang froid et d’abnégation, s’est particulièrement distingué dans les journées des 26, 27 et 28 septembre 1918 et les 1er , 3 et 4 octobre 1918, infligeant des pertes à l’ennemi et faisant des prisonniers. »

Lors de l’attaque allemande du 15 au 18 juillet 1918, il verra la mort de très près, tellement près qu’il pensait ne pas s’en sortir…

 

Citation_Marius_Dubiez citation à l’ordre de la division :

«  Mitrailleur d’élite, placé en avant avec une compagnie d’infanterie, ayant une mission de sacrifice, a résisté avec sa pièce jusqu’à la dernière extrémité, infligeant de grandes pertes  à l’ennemi. Entouré de toutes parts, a réussi  à se dégager, après avoir combattu contre un char d’assaut. Au prix de grandes difficultés. Il est venu se mettre à disposition d’un officier mitrailleur, sur la parallèle principale, où il a continué à combattre sous un très violent bombardement, protégeant ainsi le flanc droit des éléments avancés du bataillon »

Il est renvoyé dans ses foyers le 15 juillet 1919.

Marius Dubiez décédera le 12 août 1958.

29 janvier 2010

Témoignage de Louis Cretin : Champagne (juin-juillet 1918).

                        Carte_Souain

                  Legende_carte_Souain_1918

Nouvel extrait des souvenirs de Louis Cretin, soldat musicien au 149e R.I.

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De  nouveau un très grand merci à D. Browarsky  pour le témoignage de Louis Cretin.

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"Le 8 juin 1918, le régiment vient débarquer aux environs de Châlons-sur-Marne. Le 18, il montait en ligne en Champagne « au trou Bricot ». C’est là que je viens le retrouver après ma convalescence.

Le 17 juin, je quittais Saint-Maurice et partais pour me faire équiper au Bourget. De là, on me renvoie sur Connantre-en-Champagne. PC_HamonJe rejoins le centre d’instruction divisionnaire à Cuperly. Arrivé à la 4e compagnie du C.I.D., je fais ma demande de réintégration à la musique où ma place était demeurée vacante. En attentant, je fais de l’exercice, gymnastique Hébert, lancement de grenades, tirs, mouvements d’armes, avec lesquels je n’étais plus familiarisé. Je l’avoue, cela ne me sourit pas beaucoup. C’est avec une réelle satisfaction que le général Michel commandant la 43e D.I., me fait donner l’ordre de rentrer à la C.H.R. du 149e R.I.. Je rejoins les copains le 26 juin 1918. Le 27, je reprends possession de mon piston et abandonne mon fusil sans déplaisir. Le 28, je monte aux tranchées, la musique travaille de jour et de nuit, cela dépend des lieux. Nous posons des réseaux de fil de fer barbelés et nous aménageons la seconde ligne pourtant déjà fortement organisée. Ce travail dure jusqu’au 8 juillet. Ensuite, c’est aux pistes que nous sommes occupés, puis les dépôts de matériel sont complétés. Nous travaillons fiévreusement. Le secteur est très calme, tellement calme que cela nous surprend. Nous ne nous faisons pas d’illusions, c’est le calme avant la tempête, d’ailleurs nous sommes prévenus que prochainement nous allons avoir une grosse attaque à repousser. Tout le monde dans le régiment se prépare et nous attendons le moment avec confiance. Nous sommes sûrs qu’ils ne passeront pas. Un coup de main fait par nous le 12 juillet, et les deux prisonniers allemands amenés au P.C. Hamon où se trouve notre colonel confirment que sous peu, nous allons avoir à subir une attaque (la dernière, disent-ils) qui doit être décisive. Nous devons être écrasés, du moins ils l’affirment. Le 14 juillet arrive. Dans la soirée, notre artillerie commence un feu violent sur les tranchées et batteries allemandes. Rien ne riposte, mais subitement, vers minuit, alors que nous sommeillons dans nos abris, un vacarme effroyable nous réveille. Un marmitage pire qu’à Verdun, si on peut dire, nous fait tressauter dans nos cagnas, comme si nous étions en train de danser. Les obus tombent comme grêle, les gaz pénètrent dans nos abris, nous mettons la cagoule en attendant l’obus qui nous mettra en marmelade. Je suis avec un nommé Augustin Rémy (actuellement cultivateur à Pouxeux dans les Vosges) dans un abri très petit. Cet abri  de quelques mètres carrés, pas très solide, un 105 aurait pu crever la voûte de rondins et les quelques centimètres de terre au dessus. Impossible d’aller ailleurs tant le bombardement est violent… On recommande son âme à Dieu et nous attendons. Le marmitage dure toute la nuit. A l’aube du 15 le tir s’allonge pendant que les vagues d’assauts  déferlent sur nos premières lignes, mais ne trouve que quelques hommes. Les tranchées sont vides de défenseurs croyant nous avoir anéantis, ils avancent confiants dans leur victoire. Mais à la deuxième ligne, celle que nous avions aménagée depuis 3 semaines, nos mitrailleuses entrent en action. Nos canons contre tanks démolissent leurs chars d’assaut et piétinent sur place. Ils se font massacrer  pour finalement se jeter dans nos tranchées abandonnées et ne peuvent déboucher. Sitôt que le bombardement avait cessé, nous étions sortis de nos abris afin de former nos équipes. Mais un douloureux spectacle s’offrit à nos yeux. Partout le sol était labouré, retourné dans tous les sens. C’était un miracle, que où j’étais, je n’ai pas subi le même sort ; Tout autour, c’était la Trou_Bricotdévastation. Devant notre « cagna », deux corps étaient allongés, surpris comme nous, ils avaient voulu gagner un abri plus solide situé à quelques mètres de là, mais une rafale les avait fauchés dans leurs bonds. Nous nous rassemblons sous les ordres de notre sergent Arnould et nous nous comptons. Douze hommes manquent à l’appel. C’était la première fois depuis le début de la campagne que nous avions autant de pertes en si peu de temps. Plusieurs marmites avaient détruit les abris occupés par la musique. Sept étaient tués et cinq étaient grièvement blessés. Cela portait le total de nos pertes à 28 hommes sur 38 depuis le début. De plus, un autre (du nom de Villemin) qui était parti la veille pour conduire des matériaux en ligne n’était pas revenu, prisonnier des Allemands. Nous formons 8 équipes avec les hommes qui restent et immédiatement, nous nous remettons au travail. Nous nous dirigeons sur le P.C. Hamon où se trouvent le colonel et le médecin-chef. La distance qui nous sépare du poste de commandement est environ de 500 m. Elle est jalonnée de débris de toutes sortes. Après les instructions de notre major, nous allons dans les différents secteurs tenus par le régiment. Le jour est venu, les boyaux sont impraticables. Nous passons à découvert, souvent les mitrailleuses allemandes nous obligent à nous « planquer ». Après plusieurs trajets en lignes, nous retournions faire un autre voyage. Je faisais équipe avec Rèches, Rémy et Davillers quand au moment où nous longions un dépôt de matériel, le sifflement bien connu d’une arrivée d’obus se fait entendre. Je n’ai pas le temps de me jeter dans le boyau tout proche. L’éclatement de 4 marmites se produit au milieu du dépôt. Les piquets, les planches, les rouleaux de fil de fer voltigent de tous les côtés. Je reçois un morceau de bois qui me fait l’impression de me faucher la jambe en criant à mes camarades « touché ». Ceci se passa plus vite que je ne le raconte, quelques secondes. La souffrance que je ressens est grande. Immédiatement, mes camarades accourent, me palpent… Point de sang, mais j’ai la jambe droite fracturée à la partie moyenne (tibia et péroné) en me portant au poste de secours, nous sommes obligés de nous arrêter dans un bout de boyau. Des escadrilles d’avions survolent le terrain et mitraillent à faible hauteur. Si l’un ou l’autre avait été abattu, il nous serait tombé dessus ! Au poste de secours, ils arrangent ma jambe provisoirement  et une auto sanitaire m’amène peu de temps après. En route le brancard casse… Nouvelle souffrance, aussi cruelle qu’au moment de ma chute. L’auto s’arrête à l’H.O.E. d’Ove, près de Lacroix-en-Champagne."

 

Références bibliographiques :

 

Souvenirs de Louis Cretin.

Historique du 149e R.I. Editions imprimerie Klein 1919. Version illustrée.

« Les étapes de guerre d’une division d’infanterie, 13e division ». Lieutenant-colonel Laure. Editions Paris Berger-Levrault. 1928.

 

Un grand merci à M. Bordes, à  D. Browarsky, à A. Chaupin et à T. Cornet.

 

23 janvier 2010

Soldat Louis Meunier (1894-1915)

                  Louis_Meunier

 Louis Meunier est né à Chalon-sur-Saône le 11 mai 1894. Il est élève à l’école professionnelle de Chalon-sur-Saône.  Il entre ensuite à l’école normale d’instituteurs de Mâcon. Louis Meunier exerce sa profession à Lunéville. Soldat à  la 8e compagnie du 149e R.I.,  il décède à Aix-Noulette (Pas-de-Calais) le 10 mai 1915, à 9 h 00 par suite de coup de feu au combat.

Citation (Décernée lors de l’attribution de la médaille militaire) :

« Soldat plein de courage et d’entrain ; est tombé, le 10 mai 1915, devant Noulette.

Références bibliographiques :

Livre d’or de l’école professionnelle de Chalon-sur-Sâone. Editions Imprimerie Générale Administrative de Chalon-sur-Sâone.

17 janvier 2010

Avant-guerre... Le Maître d'armes et les prévôts d'escrime.

                Escrime_149e

Ce sport d’élite, pratiqué par tous, n’est plus obligatoire pour l’homme de troupe, depuis la tombée de la circulaire  ministérielle du 15 février 1894. A partir de cette date, l’escrime devient facultative pour le fantassin et perd de son  prestige dans les casernes. Mais il reste l’escrime à la baïonnette. Cette dernière permet au soldat  de se familiariser avec cet objet redoutable. Elle lui donne plus de force physique, plus de confiance et de sang-froid devant la menace terrifiante d’une charge de cavalerie. Il est vrai que la puissance sans cesse croissante des armes à feu et de l’artillerie modifie considérablement la forme du combat et que l’abordage et le corps-à-corps deviennent de plus en plus improbables. L’escrime à la baïonnette n’en conserve pas moins une grande importance. Dans les surprises, dans les combats de nuit, elle reste l’arme par excellence. A ces divers titres elle doit être préconisée et dans son emploi et dans les exercices qui permettent d’en tirer le meilleur parti possible.

Le personnel enseignant l’escrime dans l’armée.

Comment s’opère le recrutement ? Dans la plupart des régiments, le maître d’armes n’intervient que pour la forme dans le choix des moniteurs d’escrime. Il demande par voie hiérarchique les hommes qu’il a distingués et qui lui paraissent remplir les conditions physiques ; Mais il est rare qu’il obtienne satisfaction. L’un a été désigné pour un emploi de tailleur, de cordonnier…, l’autre a été réservé comme sapeur, ordonnance, garçon de cantine, etc., etc., de sorte que le maître d’arme ne peut choisir que parmi les hommes laissés par les compagnies. Admis à l’école normale de Joinville, sur concours, ils devront y apprendre en deux années leur métier d’exécutant et de professeur.

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Extraits du règlement d’escrime (fleuret-épée-sabre) approuvé par le ministre de la guerre du 6 mars 1908.

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Escrime_essai_2Ce règlement diffère sensiblement dans l’esprit et dans la lettre, du manuel d’escrime de 1877. Ces différences résultent de l’évolution même, qui s’est produite dans l’art des armes comme dans toutes les manifestations de l’activité humaine…

Alors que le manuel de 1877, n’indiquait que des procédés d’exécution, le règlement nouveau s’attache à formuler des principes de combat, à indiquer la raison d’être tactique de chacun des coups, à réduire, par contre, au strict nécessaire la démonstration mécanique. Un texte, quelque complet qu’il soit, ne pouvant, à cet égard, remplacer l’enseignement pratique du professeur.

Il est divisé en trois parties : La première consacrée à l’escrime au fleuret, la deuxième à l’escrime à l’épée et la troisième à l’escrime au sabre.


Prescriptions relatives à la pratique de l’escrime dans l’armée.

L’enseignement de l’escrime de pointe est donné aux officiers de toutes armes. Il est obligatoire pour les lieutenants et sous-lieutenants.

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EscrimeDans les troupes à pied, il est également obligatoire pour les sous-officiers rengagés et pour les sous-officiers candidats aux Ecoles militaires (Les élèves admis aux grandes écoles, qui accomplissent une année de service dans les corps de troupe, aux conditions ordinaires des art. 23 et 26 de la loi du 21 mars 1905 sur le recrutement de l’armée,  sont autorisés à recevoir l’enseignement de l’escrime). Il est facultatif pour les autres sous-officiers. Dans chaque régiment, le lieutenant-colonel est chargé spécialement, sous la direction du chef de corps de la surveillance de l’enseignement de l’escrime. Dans les bataillons, escadrons et autres unités formant corps, cette surveillance est exercée par un officier désigné par le commandant de l’unité. Les commandants d’armes et les chefs de corps encourageront, par tous les moyens en leur pouvoir, la pratique des armes. Des assauts, ainsi que des poules à l’épée, seront donnés, tous les ans, dans chaque garnison. Les officiers de l’armée d’active, de la réserve et de la territoriale seront conviés à assister et à participer à ces réunions.

livre_escrimeDes récompenses pourront être décernées aux lauréats de ces concours. Un insigne spécial (brodé en or ou en argent sur la manche gauche) sera attribué chaque année aux sous-officiers, à raison de 2 insignes par régiment d’infanterie et de 1 par régiment de cavalerie, artillerie et bataillon ou escadron formant corps.

Les aptitudes aux différentes escrimes seront constatées par mention spéciale au dossier du personnel des officiers et au carnet de notes des sous-officiers rengagés.

Références bibliographiques :

« Fleurets rompus… » du  capitaine E. Coste. Editions Librairie R. Chapelot et cie.

« Règlement d’escrime (fleuret-épée-sabre), approuvé par le ministre de la guerre le 6 mars 1908. Editions Paris Imprimerie Nationale. 1912.

Pour en savoir plus…

« L’escrime et ses obligations nouvelles » du général Lewal. Editions P. Dentu. 1891

« Manuel d’escrime à la baïonnette » du capitaine Gaston. Editions Berger-Levrault. 80 pages. 1910.

« Escrime de combat à la baïonnette » du  capitaine Laur. Editions Paris Lavauzelle. 44 pages. 1912.« Petit traité d’escrime à la baïonnette » d’Adolphe Corthey. 1892.

A voir également sur le blog de Bernard Labarbe « 57e Régiment d’Infanterie en 1914 »,  quelques belles photos sur le sujet. (Elles se trouvent dans « la galerie photos du 57»).

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