Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
Archives
19 janvier 2024

Henri Étienne Panchaud (1880-?)

Henri Etienne Panchaud

 

Jeunesse

 

Henri Panchaud est né le 7 juillet 1880 au domicile de ses parents à Villeneuve-Saint-Georges, en Seine-et-Oise. Son père, Jean Étienne Laurent, 44 ans, né en Suisse, est cocher. Sa mère, Élisabeth Seher, 40 ans, n’exerce pas d’activité professionnelle. Henri, le fils unique des Panchaud, possède la double nationalité suisse et française.

 

La fiche matricule d’Henri Panchaud, consultable sur le site des archives départementales de la Meurthe-et-Moselle, mentionne un degré d’instruction de niveau 5, ce qui signifie qu’il a obtenu le baccalauréat à la fin de ses études.

 

Première formation militaire

 

Désireux de rejoindre l’armée, Henri Panchaud tente et réussit l’examen d’entrée de l’école spéciale militaire. Pour effectuer sa formation d’officier, il doit signer un engagement volontaire qui l’oblige à porter l’uniforme sur une durée convenue contractuellement.

 

Le 25 octobre 1900, il se rend à la mairie de Nancy pour y signer un contrat de 3 ans.

 

Henri Panchaud intègre l’école spéciale militaire le 26 octobre 1900. Il est un des élèves de la  85e promotion saint-cyrienne dite promotion du « Tchad ». Le jeune homme obtient le numéro de mérite 351 sur 515 aux examens de sortie de l’école.

 

Caserne Contades 1

 

Au 149e R.I..

 

Après avoir terminé ses études d’officier, Henri Panchaud est promu sous-lieutenant par décret du 26 septembre 1902.

 

Le 1er octobre, il rejoint le 149e R.I., un régiment stationné à Épinal.

 

Par décision du général commandant le 7e C.A., il est affecté au 4e bataillon du 149e R.I.. Ce bataillon fait partie du 2e groupe des 4e bataillons de la ville d’Épinal, sous le commandement du lieutenant-colonel Jacquin.

 

Avant-guerre (1)

 

Ses débuts en tant qu’officier sont quelque peu difficiles. Son manque d’expérience est évident. Le sous-lieutenant Panchaud doit faire preuve de plus de maturité dans son travail. Son supérieur le décrit ainsi : « Ne manque pas de bonne volonté. Susceptible d’application à un travail donné malgré une tournure d’esprit un peu primesautière sous la condition d’avoir de bons exemples sous les yeux et qu’on le dirige avec calme et douceur. » 

 

Avant-guerre (2)

 

Henri Panchaud est nommé lieutenant le 1er octobre 1904. À partir de cette date, il prend le commandement du fort de Bambois qui fait partie de la place forte d'Épinal, jusqu’au 10 avril 1905, date à laquelle il est affecté au 3e bataillon actif du 149e R.I..

 

Lorsqu’il prend le commandement d’une section de la 11e compagnie, ce n’est plus le jeune homme inexpérimenté et timide de ses débuts. Le colonel du régiment le décrit comme un officier dévoué, très intelligent, toujours de bonne humeur.

 

Lors des marches des Vosges et aux manœuvres d’automne, il fait preuve d’endurance et d’ingéniosité. Le lieutenant Panchaud sait commander ses hommes avec tact et confiance tout en gagnant leur respect.

 

Henri Panchaud doit améliorer ses compétences. Il fréquente l’école normale de gymnastique et d’escrime du 15 octobre 1907 au 15 janvier 1908 puis l’école normale de ski de Briançon du 5 janvier au 18 février 1909.

 

Ecole de ski de Briançon

 

Du 11 avril au 14 mai 1910, il est au camp de Valbonne pour suivre la 3e série des cours d’application de tir.

 

De retour à la caserne Courcy, Henri Panchaud est affecté à la 8e compagnie du régiment.

 

8e compagnie du 149e R

 

En 1911, le colonel Clause, responsable du 149e R.I., note son subordonné de la manière suivante : « Très intelligent, très débrouillard, animé des meilleurs sentiments et du plus pur esprit militaire. Monsieur le lieutenant Panchaud est un officier de grande valeur digne du choix et à pousser vigoureusement en raison de ses qualités de vigueur, d’intelligence, de tact, de savoir, de calme, de rang et enfin de sa connaissance approfondie du soldat et de toutes les branches du métier militaire. S’adonne à tous les sports. Il réussit partout, très apte à faire campagne. Sa caractéristique : jugement sûr et prompt. »

 

Le 27 septembre 1912, le nouveau chef de corps du régiment, le colonel Menvielle ajoute ceci : « Le lieutenant Panchaud continue de mériter les notes élogieuses qui lui ont été données jusqu’ici. Officier distingué à tous les points de vue, intelligent, instruit, vigoureux et plein d’entrain, jugement sûr, esprit prompt. Commandant avec calme et autorité, il s’affirme comme un officier de grande valeur. Il est réellement l’âme de sa compagnie où le capitaine joue un rôle très effacé. A cependant le tact nécessaire pour laisser à son chef la place qui lui revient, et s’effacer derrière lui, tout en faisant sa besogne. Mérite d’arriver au choix et il y a intérêt à le pousser. Fréquente la salle d’armes. »

 

Au retour des manœuvres d’automne de l’année 1912, le lieutenant Panchaud prend temporairement le commandement de la 8e compagnie. Son capitaine a été muté dans un autre régiment après un congé maladie de longue durée.

 

Henri Panchaud dirige seul la 1ère période d’instruction où il obtient des résultats satisfaisants.

 

14 juillet 1913

 

Au cours du 2e semestre 1913, un capitaine est nommé à la tête de sa compagnie. Henri Panchaud retrouve ses fonctions d’officier de peloton.

 

Il est considéré comme un instructeur expérimenté. C’est un chef de section habile, doté d’un sens aigu du terrain au coup d’œil tactique. Il remplit les fonctions d’officier de détail et d’officier d’approvisionnement du bataillon pendant les marches des Vosges.

 

Le 3 août 1914, l’Allemagne déclare la guerre à la France. Le 149e R.I., régiment de réserve de troupe de couverture, est déjà en route vers la frontière. À partir de ce jour, le régiment spinalien entre officiellement en campagne.

 

Le lieutenant Panchaud participe à toutes les batailles du régiment durant le premier mois du conflit. Il est toujours à la tête de sa section, à la 8e compagnie, sous les ordres du capitaine de Chomereau de Saint-André. Il combat au col de Sainte-Marie, à Abreschviller, à Ménil, Thiaville et Saint-Benoît.

 

Le 3 septembre, Henri Panchaud est nommé capitaine à titre temporaire.  Son commandant de corps lui confie le commandement de la 10e compagnie ; il mène cette compagnie aux combats à Souain, à Notre-Dame-de-Lorette puis dans la région de Verbranden Molen, au sud de Zillebeke, en Belgique, avant de revenir en Artois.

 

Le 25 décembre 1914, il est nommé capitaine à titre définitif.

 

Le 27 avril 1915, Henri Panchaud prend provisoirement le commandement du 3e bataillon du régiment en remplacement du commandant Laure qui vient d’être blessé.

 

Le 9 mai 1915, c’est au tour du capitaine Panchaud d’être blessé. Lors d’une attaque menée dans le secteur de Noulette, une balle lui brise la mâchoire inférieure droite et lui casse plusieurs dents. Le projectile qui effleure l’artère carotide provoque une plaie au cou et à l’épaule. La mort est évitée de peu.

 

Pour en savoir plus sur la journée du 9 mai 1915, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

 

journee du 9 mai 1915

 

Le capitaine Panchaud est évacué vers l’arrière. Il est soigné par les médecins de l’hôpital Villemin, rue des Recollets, à Paris. Il quitte cet établissement de soins le 25 août 1915 et passe un mois de convalescence à Nancy.

 

A l'hopital

 

Le 26 septembre 1915, Henri Panchaud rejoint le dépôt du 149e R.I.. Il retrouve le régiment actif, sur le front d’Artois, le 7 octobre. Le lieutenant-colonel Gothié lui confie à nouveau le commandement de la 10e compagnie.

 

Proposé pour le service d’état-major, il est détaché au C.I.E.M. à Amiens à partir du 15 novembre.

 

Le 17 décembre 1915, le colonel Weygand, directeur du cours d’instruction, l’évalue comme suit :

 

« 1er bureau : Intelligent, très sérieux, jugement pondéré, par ces qualités et la connaissance qu’il possède déjà. Il peut dès maintenant rendre de bons services dans un 1er bureau.

 

3e bureau : Intelligent, travailleur, esprit ouvert, apte à devenir un bon officier d’E.M. dans une division ou un 3e bureau de C.A..

 

C’est un bon cavalier qui monte bien avec aisance et énergie sur tous types de terrain.

 

Appréciations d’ensemble : possède de sérieuses qualités. Deviendra un bon officier d’état-major avec un peu d’expérience. Susceptible d’y rendre des services dès maintenant. A affecter à un état-major de division ou à un 1er ou 3e bureau de C.A.. » 

 

Au 21e C.A.

 

21e C

 

Le 23 décembre, le capitaine Panchaud est affecté à l’état-major du 21e C.A..

Le 16 avril 1917,  Henri Panchaud épouse Thérèse Chevallier à Coulommiers. Le couple n’aura pas de descendance.

 

Le 15 novembre 1918, son supérieur, le colonel Paquin, écrit à son sujet : « Officier d’une grande conscience, très allant, très travailleur, de jugement droit, traitant toutes les questions à fond et avec méthode. Après avoir fait preuve des plus belles qualités d’énergie et de courage dans la troupe, rend les meilleurs services comme officier d’E.M.. Fera un excellent chef de bataillon, grade auquel il mérite d’être promu le plus tôt possible. »

 

L’après-guerre 

 

Le 8e groupe a l'ecole de guerre (1919-1921)

 

Le 2 novembre 1919, le capitaine Panchaud entre à l’école supérieure de guerre. Il travaille dur pour être parmi les meilleurs. Au voyage de tactique générale, il exécute parfaitement toutes les tâches qui lui sont confiées, que ce soit celles d’état-major ou de commandement. Il sait observer attentivement le terrain, bien appréhender les situations et prendre des décisions en les expliquant et en les analysant très clairement. Ses solides connaissances militaires sont reconnues. Le capitaine Panchaud apporte conscience et méthode à son travail.

 

C’est un excellent officier classé dans la bonne, voir dans la très bonne moyenne de sa promotion. Il parle assez bien l’allemand, mais son anglais n’est pas très bon.

 

Le capitaine Panchaud reçoit son brevet d’état-major et est nommé dans le grade supérieur le 23 septembre 1921. Le lendemain, il est stagiaire à l’E.M. du 30e C.A..

 

Dans le cadre de sa formation, il effectue son 1er stage d’arme au 14e régiment de chasseurs à cheval du 20 avril au 5 mai 1922 ; son 2e stage d’armes au 243e régiment d’artillerie de campagne se déroule du 10 juin au 25 juillet 1922 et le 3e au 33e régiment d’aviation du 15 au 30 septembre 1922.

 

Le 24 octobre 1923, le commandant Panchaud est titularisé dans ses fonctions d’officier supérieur à l’E.M. du 30e C.A..

 

Le 10 avril 1924, il est muté au 8e R.I. où il prend le commandement du 1er bataillon.

 

8e R

 

Le 10 avril 1926, le commandant Panchaud quitte le 8e R.I.. Il est transféré à l’E.M. de l’Armée du Rhin.

 

Désigné pour effectuer une mission militaire au Brésil, il quitte la France le 19 mars 1927.

 

Au Brésil

 

Le 7 septembre, le général de division Spiré, chef de mission à Rio de Janeiro, l’évalue de la manière suivante : «  A produit, dès son arrivée au Brésil, la meilleure impression. Je l’ai affecté à l’école militaire où il est adjoint au général commandant l’école. Seul officier français, il s’est déjà imposé avec beaucoup de tact et je compte qu’il arrivera vite à faire apporter à cette école les réformes nécessaires. Très bon candidat à l’avancement. »

 

Le 25 septembre 1930, le commandant Panchaud est promu lieutenant-colonel.

 

Il rentre en France le 25 février 1932.

 

Le 7 mars, le lieutenant-colonel Panchaud est affecté au 18e R.I..

 

Il bénéficie de trois mois de congé avec solde, ce qui sont probablement ses plus longues vacances depuis le début de sa carrière militaire.

 

Le 20 septembre 1934, le commandant du régiment, le colonel Jeannel, note ceci : « Le lieutenant-colonel Panchaud continue à donner toute satisfaction dans l’accomplissement des différentes tâches qui lui ont confiées. D’une culture générale développée, c’est un très bon instructeur, actif et dévoué. Le lieutenant-colonel Panchaud  sait son métier et ne manque pas de commandement. Il a l’étoffe d’un bon chef de corps. Officier supérieur au-dessus de la moyenne, qu’il y aurait intérêt à mettre au tableau d’avancement avant qu’il ne puisse être regardé comme trop âgé. »

 

Henri Panchaud « reprend ses études » pour suivre, du 5 novembre au 22 décembre 1934, la 2e série du cycle d’information des généraux, colonels et lieutenants-colonels.

 

Le 22 mai 1935, il  est affecté au 14e R.I. à Toulouse. Le lieutenant-colonel Panchaud est promu colonel le 25 mai. Ce grade lui permet de commander un régiment.

 

En ce qui concerne son apparence générale et sa discipline, le 14e R.I. doit être repris en main

 

Le colonel Panchaud, officier de caractère, doté d’un bon jugement et d’une constance certaine, obtient des résultats remarquables. Son activité est énorme. Elle touche tout ce qui concerne la vie et l’instruction du régiment.

 

14e R

 

Le 22 mars 1937, le colonel Panchaud quitte le 14e R.I. et prend le commandement du centre de mobilisation principal n° 153 de Toulon.

 

Deuxième conflit mondial (1939-1945)  et fin de carrière

 

Henri Panchaud prend sa retraite le 7 juillet 1939, ayant atteint la limite d’âge dans son grade. Il est nommé colonel de réserve, rattaché au C.M.I. 162 puis à l’E.M. de la 5e région le 29 août 1939. Cette retraite est de courte durée.

 

En raison de la guerre, il est convoqué par ordre général de mobilisation le 2 septembre et reçoit le commandement des Étapes de Saint-Dié.

 

Sur ordre du Grand Quartier Général, il devient disponible pour intervenir dans la zone de l’intérieur le 22 octobre. Le colonel Panchaud rejoint le dépôt  n° 153 à Hyères avant d’être transféré à l’E.M. de la XVe région.

 

Du 24 avril 1940 au 25 juin 1942, le colonel Panchaud est chef de mission en Colombie, il est ensuite nommé attaché militaire auprès de l’ambassade de France à Rio de Janeiro entre le 7 mars 1943 et le 8 juillet 1945.

 

En 1952 il réside à Nice. La date et le lieu de son décès sont inconnus.

 

Decorations Jean Etienne Panchaud

 

Décorations obtenues

Croix de guerre avec deux palmes et deux étoiles de vermeil

 

Citation à l’ordre du 21e C.A. en date du 22 octobre 1914 :

 

« A fait preuve de qualités de courage, de sang-froid et d’énergie an combat des 8 et 9 octobre au bois de Bouvigny et à Notre-Dame-de-Lorette en entraînant sa compagnie soit à travers bois soit sur un long glacis découvert. »

 

Citation à l’ordre de la 10e armée n° 35 en date du 3 décembre 1914 :

 

« Aux combats des 5 et 15 novembre 1914, a entraîné à l’assaut des fractions de réserve de sa compagnie sous les rafales d’artillerie extrêmement violentes, a repoussé des attaques ennemies dirigées dans un secteur voisin de sa compagnie contre des tranchées qui venaient d’être bouleversées par le bombardement. »

 

Citation à l’ordre du 21e C.A. n° 235 en date du 27 janvier 1919 :

 

« Officier d’état-major d’un dévouement et d’une activité remarquables. S’est dépensé sans compter au cours des batailles de juin sur l’Aisne, de juillet et septembre en Champagne, faisant preuve en toutes circonstances d’un sentiment très élevé du devoir. »

 

Chevalier de la Légion d’honneur ordre n° 978 du 22 mai 1915 (J.O. du 29 juin 1915) :

 

« Capitaine d’une bravoure exceptionnelle. A conduit le 9 mai son bataillon à l’attaque de positions ennemies fortement défendues et a contribué à les enlever brillamment. A été blessé grièvement de deux balles dont l’une a traversé la langue et l’autre l’épaule. S’est déjà distingué à plusieurs reprises depuis le début de la campagne (Croix de guerre avec palme). »

 

Officier de la Légion d’honneur par décret du 28 décembre 1928 (J.O. du 30 décembre 1928).

 

Officier de l’ordre du prince Danilo 1er, brevets du ministère des Affaires étrangères du Monténégro du 5 août 1916.

 

Croix de guerre belge (14 février 1918).

 

Commandeur de l’ordre de Saint-Grégoire le Grand de la classe militaire (23 septembre 1935).

 

Sources :

 

Dossier individuel consulté au Service Historique de la Défense de Vincennes.

 

Fiche matricule lue sur le site des archives départementales de la Meurthe-et-Moselle.

 

L’intégralité des photographies présentées est extraite du fonds Panchaud, propriété de N. Pittet, arrière-petit-neveu du colonel Panchaud.

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à N. Pittet, à M. Porcher et au Service de Historique de la Défense de Vincennes.

Commentaires
149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
Visiteurs
Depuis la création 837 308
Newsletter
41 abonnés
149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.