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149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
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26 février 2016

Gaston Moyne (1892-1927).

Gaston_Moyne

Août 1892, Mathilde Merlin se rend à l’hospice de Grenoble pour mettre au monde un petit garçon qui portera le prénom de Gaston. Celui-ci voit le jour le 19. Émilie Loubet, qui a accompagné Mathilde dans son accouchement, se rend au service d’état civil pour faire enregistrer la naissance de l’enfant. Quelques jours plus tard, la mère de Gaston se rend à son tour à la mairie pour reconnaître officiellement son fils qui portera le nom de Merlin. Mathilde est une femme âgée de 27 ans, la vie ne lui a pas fait de cadeau, elle a déjà perdu un premier mari. Depuis ce décès, elle vit seule. Même si cette femme a trouvé un travail de gantière, la vie reste rude et pénible. En 1894, elle épouse Armand Moyne, un homme qui acceptera de donner son nom au petit Gaston qui va bientôt fêter ses deux ans. Armand a également eu une vie difficile, il a vécu la même situation que Gaston dans sa petite enfance.

Après une courte scolarité, le jeune Gaston suit les traces d’Armand pour apprendre le métier de fumiste chaudronnier tôlier.

L’année de sa classe de soldat, Gaston Moyne épouse Noëlie Berthe Jourdan, une jeune femme qui est originaire du hameau de « La Salce » situé dans la commune du Périer, un petit village proche du massif des Écrins. Les futurs mariés n’ont pas encore atteint l’âge de la majorité. Cette union est officialisée le 27 janvier 1912 à Grenoble. De cette rencontre naîtra la petite Armande.

Appelé pour un service auxiliaire, Gaston est finalement ajourné en 1913 pour palpitations.

La vie suit son cours, tout semble aller pour le mieux… Début 1914, le jeune couple Moyne n’imagine pas un seul instant que des évènements terribles vont bientôt avoir lieu.

Le samedi 1er août 1914, les tocsins retentissent dans la ville de Grenoble. Ils avertissent la population que la mobilisation générale vient d’être mise en application. En cas d’oubli des consignes, tout Grenoblois qui est susceptible de revêtir la tenue de soldat est amené à consulter son livret militaire pour savoir ce qu’il doit faire.

Gaston Moyne n’est toujours pas sous les drapeaux. Il passe devant un conseil de révision qui va, cette fois-ci, le déclarer bon pour le service armé. Il endosse l’uniforme le 19 novembre 1914. "Incorporé sans délai" au 140e R.I., il y suit un entraînement de base.

Le soldat Moyne est ensuite affecté au bataillon de marche du 158e R.I. par décision ministérielle du 25 janvier 1915.

L’homme part en renfort le 3 février 1915 pour rallier ce bataillon dans la zone des armées.

Le 13 mars 1915, il rejoint le 149e R.I. qui se trouve dans la région d’Aix-Noulette, pour être affecté à la 4e compagnie du régiment.

Une petite partie du témoignage de Paul Monne évoque ce qu’aurait vécu Gaston Moyne dans cette unité durant plusieurs semaines.

Pour en savoir plus sur cette période, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

Paul_Monne_1

Le 11 juillet 1915, Gaston Moyne est, une nouvelle fois,envoyé au bataillon de marche. Il y a de fortes probabilités pour que ce soit celui du 149e R.I..

Le 29 septembre 1915, c’est le retour à la 4e compagnie du 149e R.I.. Le régiment est en train de panser ses plaies, en comblant les pertes subies lors de son engagement dans les terribles combats qui se sont déroulés du côté du bois en Hache en Artois.

Gaston Moyne reste dans le secteur jusqu’au mois de janvier 1916.

Le 16 février 1916, il est à l’arrière avec sa compagnie qui se trouve maintenant au repos depuis plusieurs jours. Tous les hommes de cette unité sont logés dans la petite commune de Neuf-Moulin, loin des premières lignes. Gaston souffre terriblement de la jambe droite. Il demande à consulter le médecin. Celui-ci diagnostique un abcès à la cuisse droite qui va nécessiter des soins urgents. Il ne faut pas oublier que les antibiotiques n’existent pas encore dans la pharmacopée des soignants !

Gaston Moyne va passer de longs mois éloigné du front. Il échappe ainsi à l’enfer de Verdun où sa compagnie va être engagée dans les rues du village de Vaux-Devant-Damloup.

Évacué sur le département de la Somme, il va occuper un lit de l’hôpital temporaire n° 2 d’Abbeville jusqu’au début du mois de mai 1916. Il bénéficie ensuite d’une permission de 9 jours, allant du 7 au 16 mai 1916, ce qui va lui permettre de revoir les siens durant quelque temps.

Remis sur pied, Gaston Moyne est de nouveau affecté à la 4e compagnie du 149e R.I.. Nous sommes le 3 juin 1916. Il faut savoir que cette compagnie ne sera bientôt plus une unité combattante.

À partir du mois suivant, elle est intégrée au dépôt divisionnaire fraîchement créé. Ce dépôt va servir de réserve pour la division. Il est composé des 4e, 8e et 12e compagnies du 149e R.I. et du 158e R.I., d’une compagnie par B.C.P. et de divers éléments provenant des autres unités de la 43e D.I.. Le dépôt divisionnaire commence à fonctionner à Somme-Tourbe sous le commandement provisoire du commandant Magagnosc, un officier bien connu de tous au 149e R.I..

Gaston est une nouvelle fois « aux armées » jusqu’au 31 octobre 1916. Durant cette période,le régiment se trouve en Champagne entre les buttes du Mesnil et les Deux Mamelles dans un secteur relativement calme où il reste 3 mois. La 43e D.I. est ensuite envoyée dans le département de la Somme.

Le 27 septembre 1916, le soldat Moyne est dirigé vers la 3e compagnie du 149e R.I. pour être incorporé à un groupe de grenadiers et de fusils-mitrailleurs. La photographie suivante a été réalisée durant cette période.

Gaston_Moyne_les_camarades

Fin décembre 1916, le 149e R.I. quitte la Somme pour venir s’installer d’abord au camp de Villersexel, puis en deuxième ligne du secteur Seppois-Largitzen en Haute-Alsace, pour y subir une instruction intensive.

Le régiment est ensuite débarqué dans la région de Montmirail à la mi-avril 1917. Six semaines plus tard, il s’établit dans un secteur du chemin des Dames où il va rester durant cinq mois.

Au cours de cette période, Gaston Moyne va avoir quelques démêlés avec la justice militaire. Les informations figurant sur sa fiche signalétique et des services ne sont pas suffisantes pour se faire une idée claire de ce qui s’est réellement passé.

Le 17 août 1917, il est simplement signalé comme manquant à l’appel. Il ne rentrera que trois jours plus tard, ce qui est une grave faute en période de conflit. Dans l’attente de son jugement, l’homme est placé en détention préventive. Le passage devant le conseil de guerre a lieu le 10 septembre. Gaston Moyne est condamné à une peine d’un an d’emprisonnement avec sursis. La condamnation semble sévère, mais il vient de se rendre coupable de désertion à l’intérieur en tant de guerre.

Heureusement pour lui, il a pu bénéficier de circonstances atténuantes. Il va bientôt pouvoir rejoindre sa compagnie.

Sa santé est devenue très fragile. En octobre 1917, le 1er bataillon du 149e R.I. est engagé dans la bataille de la Malmaison. Suite à ces évènements, Gaston tombe malade. Il vient d’attraper une bronchite qui le fait évacuer sur l’ambulance 2/21 du 30 octobre au 20 novembre 1917.

Il réintègre le C.I.D. 43 à compter du 7 décembre 1917.

Le 12 février 1918, c’est la rechute, Gaston est cette fois-ci envoyé à l’Ambulance 13/8. Le temps d’identifier les symptômes, il est envoyé vers l’arrière dès le lendemain. Sa santé s’est une nouvelle fois dégradée.

Revenu des hôpitaux le 4 avril 1918, il retrouve la 4e compagnie du 149e R.I. du C.I.D. 43.

Cinq jours plus tard, il fait partie d’un groupe de renfort. Il vient d’être désigné pour rejoindre la 2e compagnie du 149e R.I.. Il ne va plus quitter cette unité jusqu’à la fin du conflit.

Gaston Moyne va participer à l’ensemble des combats dans lesquels sa compagnie va être engagée : Arcy-Sainte-Restitue (mai-juin1918), le trou Bricot situé à l’ouest de Perthe-les-Hurlus (juillet 1918), la bataille de Champagne (septembre 1918) et le secteur d’Orfeuil dans les Ardennes (octobre 1918).

Au cours de cette période, le soldat Moyne est cité deux fois à l’ordre du régiment.

Citation à l’ordre du régiment n° 34 du 21 juin 1918.

« Pendant les attaques du 28 mai au 3 juin 1918, s’est distingué à maintes reprises, combattant avec une rare énergie, sans s’inquiéter des feux de mitrailleuses, donnant le plus bel exemple à ses camarades.

Citation à l’ordre du régiment n° 62 du 5 novembre 1918.

« Excellent soldat d’un courage et d’un sang-froid admirables. S’est particulièrement distingué pendant les combats du 26 octobre 1918. Une citation ».

La guerre est maintenant terminée. Hélas, le temps de quitter l’uniforme n’est pas encore arrivé.

Gaston Moyne est mis en subsistance le 21 décembre 1918 ce qui va lui permettre de s’éloigner rapidement de la zone des armées. Le lendemain, il est ramené à l’intérieur pour être muté au 72e R.I.. Le soldat Moyne est affecté à une compagnie qui porte le numéro 112. Cette unité est chargée de la garde des prisonniers de guerre. Le 17 août 1919, il est dirigé sur la compagnie n° 100 pour y être démobilisé.

Gaston Moyne est mis en congé illimité de démobilisation le 22 août 1919 par le 140e R.I. de Grenoble (8e échelon).

C’est enfin la joie du retour à la vie civile ! Mais celle-ci va être difficile. Gaston est très diminué physiquement ; les séquelles des maladies contractées durant la guerre, compliquées d’une exposition aux gaz, vont l’accompagner tout le restant de sa vie. Moins de huit ans plus tard, elles auront raison de lui.

Le 20 juillet 1926, l’ancien soldat avait été dispensé de toute obligation militaire par la commission de Grenoble. Réformé définitivement n° 2 non imputable avec une invalidité de 30 %.

Il décède le 18 mai 1927 dans sa ville natale. Il allait avoir 35 ans.

Sa condamnation avec sursis est amnistiée en 1929.

Son épouse Noélie se remarie en 1939. Elle travaillera plus tard au « Petit Dauphinois », le quotidien des Alpes françaises. Durant la Seconde Guerre mondiale, elle y exerce son emploi la nuit. Le jour, elle est résistante. Elle achemine armes, documents et ravitaillement pour le maquis du Vercors en collaboration avec le docteur Fugain, grande figure de la résistance. Cet homme a été le commandant en second de « Reims-Coty » réseau de renseignement des Forces Françaises Combattantes (F.F.C.), à Chambéry puis à Grenoble.

Gaston Moyne repose actuellement dans le cimetière Saint-Rock de Grenoble. 

Sources :

J.M.O. de la 43e D.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 344/5.

La fiche signalétique et des services de Gaston Moyne a été consultée sur internet.

Les photographies de Gaston Moyne qui peuvent se voir ici proviennent de la collection personnelle de sa petite fille.

Un grand merci à M. Bordes, à J. Bucci, à A. Carrobi, aux archives départementales de l’Isère et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

19 février 2016

Un p’tit coin de paradis pour les gars de la 1ère compagnie de mitrailleuses du 149e R.I. !

Montgobert

Les hommes de la 1ère compagnie de mitrailleuses du 149e R.I. se sont installés au château de Montgobert à la fin du printemps de l’année 1917 (la datation n'est pas plus précise, faute d'indication sur les clichés ou dans d’autres sources). Ce domaine, qui est situé au sud d’Ambleny, est placé en lisière des hautes futaies de la forêt de Retz. À l'occasion d'un moment de détente, un groupe de camarades prendra la pause à plusieurs reprises au cours d'une partie de pêche.

Carte_Soissons_Montgobert

Le coin est confortable, pour ne pas dire paradisiaque !  En effet, en aucun cas, l’endroit ne peut être comparé avec le secteur de première ligne ! Ici, les soldats peuvent se reposer à volonté et vaquer à leurs loisirs en toute sécurité, ce qui doit faire des envieux !

En dehors des temps d’exercices et des corvées, tout semble fait pour que ceux qui ont la chance de se trouver sur ce site puissent se détendre en oubliant les vicissitudes de la dure vie des tranchées.

 Il va sans dire que la partie noble du château de Montgobert n’est pas réservée à la troupe !  Quelques pièces sont certainement habitées par les officiers. En toute logique, les soldats occupent les dépendances. Ils peuvent également profiter du  lac qui se trouve sur la propriété de la comtesse d’Albuféra.

Les amateurs de pêche à la ligne vont pouvoir s’en donner à cœur joie ! Mais il faut, pour commencer, choisir les solides branches qui vont servir à confectionner les gaules.

Sur le cliché suivant, nous pouvons voir un soldat de la 1ère compagnie de mitrailleuses du 149e R.I. qui pose devant l’objectif du photographe avec sa canne artisanale.

Montgobert_1

Les hommes peuvent exercer la pêche dans les mêmes conditions que celles qui se déroulent en temps de paix. Ce qui est assez rare !

La plupart du temps, il est quasiment impossible de disposer du classique matériel de pêche nécessaire à la bonne pratique de cet art. Facilité oblige, la grenade est le plus souvent utilisée lorsque les hommes se trouvent à proximité d’une rivière ou d’un lac durant leur temps de repos. Il est évident que cette habitude très courante était évidemment interdite par le règlement !!!

Pour certains, c’est un moment exceptionnel,  les carpes sont particulièrement dodues, ce fut certainement un vrai plaisir de les capturer.

Montgobert_2

Il ne reste plus qu’à immortaliser ce moment important !  Certains se disent que ce sera peut-être la dernière occasion de pouvoir profiter d’un tel lieu de villégiature. Une poignée d’hommes du 149e R.I. tiennent fièrement en main les prises de la journée.

Montgobert_3

Les photographies sont extraites de ma collection personnelle. Chacune d’entre elles est légendée au dos : « Montgobert, les carpes de l’étang de la comtesse de Albufera».

Legende_photographies

Un grand merci à M. Bordes, à V. le Calvez et à A. Carobbi.

 

12 février 2016

Du 2 au 5 septembre 1914.

Groupe_149e_R

2 septembre 1914

Le colonel Menvielle laisse le commandement du 149e R.I. entre les mains du lieutenant-colonel Escallon. Cet officier vient d’apprendre sa nomination à la tête de la 85e brigade.

Le général de la 43e D.I. vient, en personne, prévenir le nouveau responsable de cette brigade que ses régiments vont être doublés par des unités de la 26e brigade en attendant d’être relevés par celle-ci. Les hommes du lieutenant-colonel Escallon vont être associés au 139e R.I. durant quelques heures, avant de leur passer le relais.

Peu avant la tombée de la nuit, le 149e R.I. se rapproche de la route de Ménil-sur-Belvitte. Une fois sur place, il reçoit l’ordre de se diriger sur Méménil et Gugnécourt. Il est 20 h 30.

Le régiment s’apprête à quitter une ligne de front fragile, mais stabilisée.

Les bataillons du lieutenant-colonel Escallon arrivent sur leurs lieux de cantonnements le 3 septembre, entre 0 h 30 et 1 h 30. Tous ses soldats sont extrêmement épuisés par les combats et les marches des jours précédents.

Carte_journee_des_2et_3_septembre_1914

Legende_carte_journee_des_2_et_3_septembre_1914

3 septembre 1914

Les bataillons du régiment se sont installés à Gugnécourt et Méménil dans la nuit du 2 au 3 septembre. Les hommes ont droit à quelques heures de repos bien méritées.

Hélas, cette période bénie sera de courte durée !

Au cours de la journée, une grande partie des soldats du 149e R.I. est conviée à l’exercice avant d’être passée en revue.

Le 149e R.I. apprend qu’il va devoir se préparer à quitter le secteur vosgien. Les fantassins ont reçu l’ordre de se diriger sur Darnieulles. Ils se préparent, une nouvelle fois, à une longue marche.

À 23 h 00, les mouvements prescrits sont différés. Peu avant minuit, une violente canonnade est entendue dans la direction de Rambervillers.

4 septembre 1914

Les Allemands ont lancé une attaque de nuit sur les positions qui ont été laissées entre les mains du 139e R.I., l’unité qui a relevé le 149e R.I. il y a deux jours. Cette tentative échoue.

Les bataillons du 149e R.I. sont toujours installés à Gugnécourt et Méménil.

5 septembre 1914

Le 149e R.I. quitte ses positions de repos à partir de 0 h 30. L’arrivée à la gare de Darnieulles est prévue entre 5 h 30 et 7 h 30.

Carte_journee_du_5_septembre_1914

Legende_carte_journee_du_5_septembre

 L’embarquement des hommes prend du retard. Le 2e bataillon du 149e R.I. quitte la gare à 13 h 45. Il faut suivre l’itinéraire Mirecourt, Pont-Saint-Vincent, Toul, Sorcy, Gondrecourt, Joinville et Chevillon. Pour la première fois, le régiment doit rejoindre un autre secteur du front.

Pour en savoir plus sur le colonel Menvielle, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

Jean_Louis_Menvielle

Pour en savoir plus sur le lieutenant-colonel Escallon, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

Jules_Escallon_1

Sources :

J.M.O. de la 43e Division. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 26 N 344/1.

J.M.O. de la 85e brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 520/9.

J.M.O. de la 26e brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 503/4.

J.M.O. du 139e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 690/12.

« Opérations du 21e Corps d’Armée » général Legrand-Girarde, aux éditions Plon Nourrit Cie.

Historique du 149e  Régiment d’Infanterie. Épinal. Imprimerie Klein, 1919.

Les archives du Service Historique de la Défense de Vincennes ont été consultées.

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à É. Mansuy, à M. Porcher et au Service Historique de la Défense de Vincennes. 

5 février 2016

Du 29 août au 1er septembre 1914.

Groupe_de_soldats_149e_R

Les hommes du 149e RI, affaiblis par les combats du mois d'août, découvrent une ébauche de ce que va devenir le conflit : une guerre statique, de position, où l'on s'enterre et où des mots comme "fil de fer" commencent à apparaître dans le vocabulaire d’usage des J.M.O..

29 août 1914

Une grande partie du régiment est positionnée à proximité de la ferme de Métendal située au nord-est de Rambervillers. Les hommes du colonel Menvielle couvrent toujours les postes occupés depuis la veille.

Carte_1_journee_du_29_aout_1914

Legende_carte_1_journee_du_29_aout_1914

Les fantassins se sont transformés en terrassiers. Il faut renforcer les défenses du terrain pour contenir l’avance allemande qui dure depuis plusieurs jours.

Les Allemands ne sont pas très loin, mais le contact ne se fait pas. Le régiment est en train de mettre fin à son mouvement de retraite.

30 août 1914

Les unités du 149e R.I. occupent toujours le même territoire. Les opérations commencées le 29 sont maintenues. Dans la soirée, les hommes peuvent voir plusieurs avions français et allemands tournoyer au dessus de leurs têtes.

Metendal

 31 août 1914

Dans la nuit, vers 2 h 00, le grondement de l’artillerie française se fait entendre. Au lever du jour, les positions occupées la veille sont à nouveau couvertes. Les objectifs fixés sont identiques. Des reconnaissances de cavalerie font savoir que l’ennemi ne s’est pas installé dans les villages de Doncières et d’Anglemont.

Carte_Geoportail

Legende_carte_Geoportail

Des batteries françaises sont mises en position vers 14 h 00, dans le secteur de la ferme des Tribunes et de la ferme de la Jaloble. Une compagnie du 149e R.I. est désignée pour aller couvrir les positions des 75 qui occupent le secteur de la ferme des Tribunes. Elle prend position à l’ouest de la route de Rambervillers.

À 17 h 00, cette unité est renforcée par une autre compagnie du régiment.

Du fil de fer et des roues artificielles sont envoyés à la ferme de Métendal à la tombée de la nuit. Tout ce matériel doit servir à constituer les défenses accessoires et former un barrage à la lisière nord des bois, à cheval sur la route Rambervillers-Baccarat.

Les batteries placées à la ferme des Tribunes tirent, tout l’après-midi,sur l’artillerie allemande qui est placée à Ménil-sur-Belvitte.

1er septembre 1914

Les hommes du 149e R.I. sont toujours au travail dans la même zone. Les reconnaissances de cavalerie ne peuvent plus s’effectuer. Les Allemands occupent une ligne de tranchées sur la rive droite du ruisseau de Belvitte, à hauteur de Nossoncourt, au nord de Ménil-sur-Belvitte. Le passage ne peut se faire qu’en franchissant les ponts qui sont, maintenant battus par les mitrailleuses.

Les tirs d’artillerie sont moins violents. Les compagnies du 149e R.I. profitent de ce calme relatif pour consolider leurs emplacements.

Une batterie du 21e C.A. vient compléter les batteries de la 43e D.I., pour répondre aux tirs de l’artillerie lourde allemande.

Les artilleurs français tirent par intervalles sur les positions de Nossoncourt-Bazien-Ménil-sur-Belvitte.

L’infanterie allemande reste invisible.

Dans la soirée, le 149e R.I. reçoit l’ordre de créer des chemins de colonnes de direction nord-sud, en arrière des tranchées placées à cheval sur les deux routes Rambervillers-Ménil-sur-Belvitte et Rambervillers-Anglemont.

À cette période du conflit, cette guerre de position n'est encore qu'une ébauche de celle qui va se développer à une toute autre échelle quelques mois plus tard. À l'issue de ces quelques jours de calme relatif, le régiment du colonel Menvielle ne sait pas encore qu’il va bientôt quitter la région vosgienne pour connaître de nouvelles marches et combats meurtriers.

Sources bibliographiques :

J.M.O. de la 43e Division. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 344/1.

J.M.O. de la 85e brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 520/9.

« Opérations du 21e Corps d’Armée » général Legrand-Girarde, aux éditions Plon Nourrit Cie.

Historique du 149e  Régiment d’Infanterie. Épinal. Imprimerie Klein, 1919.

Les archives du Service Historique de la Défense de Vincennes ont été consultées.

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à É. Mansuy, à M. Porcher et au Service Historique de la Défense de Vincennes. 

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