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149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
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2 février 2011

Dans le secteur de Notre-Dame-de-Lorette.

Paul Monne - du côté de Notre-Dame-de-Lorette

De nouveau un très grand merci au docteur Gilbert Monne qui m’autorise à reproduire sur ce blog les écrits de son père le sergent Paul Monne.

" Vers la mi-octobre 1914, le 149e R.I. occupait la Chapelle et le plateau de Notre-Dame-de-Lorette. Les Allemands ont été arrêtés là et c’est alors que les soldats ont commencé à creuser des tranchées.

Fin octobre, le régiment quittait cette région pour se rendre en Belgique et participer à la grande bataille d’Ypres et de la région.

C’était la course à la mer pour les Allemands. Lorsque l’avance de l’armée de allemande fut stoppée à Ypres, le 149e R.I. revint, à pied, retrouver ses anciennes positions.

Nous avons cantonné, à Noeux-les-Mines, corons fosse 10, à Aix-Noulette, Azingarde. Pour nous rendre aux tranchées de première ligne qui se trouvaient à mi-chemin de la colline, nous passions à Noulette tout près de la mare au château. Nous tournions ensuite à gauche pour arriver au bois  6.

Au château, il ne restait plus que des pans de mur, il avait été incendié au cours des premiers combats.

Les sous-sols et les caves voûtées étaient restés intacts. Ils servaient d’abris aux soldats qui quittaient la 1ère ligne pour venir se reposer en 2e ligne.

Nous restions 48 heures en 1ère ligne et 48 heures en 2eligne. (Bois 6 et sous-sols du château) et enfin 48 heures de grand repos à Aix-Noulette, Noeux-les-Mines.

Je signale en passant qu’il n’y avait pas de fontaines, Pas de W.C., tout se faisait dans la mare. C’est même là que les cuisiniers venaient chercher l’eau pour faire le café. Les soldats français toujours imprudents sortaient de leur abri pour venir s’ébattre à l’extérieur du château, sans se préoccuper s’ils étaient vus par les Allemands qui étaient sur la crête. Les observateurs allemands les ont aperçus. Aussi, le 14 février 1915, l’artillerie a bombardé violemment le château avec de gros obus.

 

Malheureusement, sous le poids des hautes murailles et les obus de gros calibre, quelques voûtes se sont effondrées et ont enseveli une partie des soldats de notre 4e compagnie.

 

Les survivants des caves épargnées ont voulu aussitôt dégager leurs camarades qui étaient sous les décombres.

 

Douze ont été Le_bois_6_et_le_cimeti_retrouvés morts. Parmi eux, 3 ont leurs noms sur le monument aux morts d’Epinal. 

 

Après cette digression, j’en reviens au bois 6. De là, pour arriver aux premières lignes, il fallait traverser une petite vallée pour gagner la haie G. La tranchée qui y conduisait était très souvent, et à la moindre pluie, remplie d’eau d’une hauteur de 30 à 40 cm.

Nous devions donc rester trempés pendant les 48 heures de tranchées de 1ère ligne.

 

Ensuite, nous suivions la colline sur une longueur de 150 à 200 m pour obliquer à droite et arriver aux premières lignes.

 

En décembre 1914, nous faisions de temps en temps quelques attaques, non pour conquérir du terrain, mais pour faire quelques prisonniers afin de connaître les troupes allemandes qui se trouvaient en face de nous. A chaque attaque, nous avons eu soit des tués, soit des blessés et nous n’avons pas fait de prisonniers.

 

J’ai appris par la suite qu’il fallait cesser ces coups de main car nous avions trop de pertes pour peu de résultats obtenus.  

 

Au début de janvier 1915, nous étions cantonnés à Bethonsart et nous prenions les tranchées en avant du Mont Saint-Eloi. Un peu plus tard et en février, nous sommes revenus à Aix-Noulette. De nouveau, nous étions chargés de défendre l’éperon de Lorette à proximité de la haie G. A cet endroit, la troupe avait creusé de grands abris sous la colline où on pouvait abriter beaucoup de soldats. Abris qui ne pouvaient pas être démolis, même par de violents bombardements d’artillerie.

 

Comme précédemment, nous occupions les tranchées situées à flanc de coteau de la colline de Lorette. L’hiver était humide et pluvieux.

 

En février, devant nos tranchées à une quarantaine où cinquantaine de mètres, nous constations chaque fois que nous montions en première ligne, qu’un tas de terre grossissait toujours. Nous nous demandions quels travaux souterrains faisaient les Allemands pour avoir un tel volume de terre.

 

A la fin de février, je me suis mis en liaison avec la 1ère compagnie du 149e R.I. qui se trouvait à notre gauche, vers la route d’Arras. A mon retour, je m’arrête et parle avec la sentinelle de ma compagnie. Ce soldat me dit : « Tout à l’heure j’ai écouté au fond de la tranchée. J’ai entendu les Allemands qui creusaient. » Aussitôt, je fais comme lui, je me couche, l’oreille contre le sol. « J’entend des bruits sourds de pic. Pouf…Pouf… Je dis : « Sûrement qu’ils creusent et préparent des mines. » Je fais part de mes observations aux officiers. Comme chef de section, je considère de mon devoir de dire qu’il faudrait prévenir le colonel et peut-être envisager de placer les soldats de cette tranchée plus en arrière et de n’en laisser que quelques uns.

 

Après cette intervention, on m’a traité de peureux, de froussard et on n’a rien fait.

 

Quelques jours après, le 3 mars 1915, à 6 h 00 du matin, les Allemands faisaient sauter les mines qui bouleversèrent tout le sol ainsi que les tranchées, ensevelissantde nombreux soldats dans tout le secteur de Lorette y compris ceux qui se trouvaient sur le plateau, vers la faisanderie.

Les Allemands lancèrent quantité de grenades dans les abris de 2e ligne où reposaient les chasseurs à pied. Il y eut de nombreux tués, blessés et prisonniers. L’explosion des mines et des obus, les violents tirs d’artillerie mêlés à un orage, produisaient un bruit infernal. Tout cela mélangé aux lueurs produites par le tir des canons et l’éclatement des obus faisaient croire à l’éruption d’un volcan et d’un tremblement de terre.

Après cela, il a fallu attaquer pour reprendre le terrain perdu.

Quelques jours avant l’attaque allemande, les soldats du 149e R.I. avaient échangé leur tenu de campagne (pantalon  rouge, capote et veste bleues) contre la tenue bleue horizon. Notre nouvel uniforme a surpris les Allemands et a causé une certaine perturbation dans leur action.

 

Nous avons occupé aussi le bois en Hache, la faisanderie et battu aux éperons du côté de Carency et  également à Bouvigny. Pour préparer la grande offensive de 9 mai 1915, le génie  avait creusé des tranchées, un labyrinthe dans toute la vallée qui se trouve entre le bois G et la Haie G. Au cours de la nuit du 8 au 9 mai, les soldats étaient massés et cachés dans ce labyrinthe. Ils attendaient l’heure H pour attaquer.

 

L’artillerie française a tiré sans arrêt pendant plusieurs heures pour détruire les positions allemandes et faciliter  ainsi notre avance. A 10 h 00, nous sommes partis à l’attaque. Paul_Monne_Avis_de_blessures_1L’artillerie allemande n’est pas restée inactive. Elle a riposté violemment. Les tranchées allemandes n’ont pas été complètement démolies car nous avons été accueillis par une vive fusillade. C’est en entraînant ma section à l’assaut d’une tranchée ennemie  que j’ai été grièvement blessé au bras. Pour moi, ce fut fini, la bataille de Lorette était terminée… Ce serait trop long de raconter les nombreux épisodes où notre régiment à participé. J’ai oublié bien des noms d’éperons où nous avons vécu de terribles moments."

 

Paul Monne.

 

Référence bibliographique : Historique du 149e Régiment  d'Infanterie (version illustrée).

Commentaires
P
je connait la triste colline de notre dame de lorette ..cette mecropole aux 20.000 tombes individuelles et ces 8 tristes ossuaires 22.970 braves inconnus tombaient aux alentours.. aix .souchez. ablain .carancy. neuville. roclincourt .ecurie. thelus et vimy ...cette bataille qui dura 12 mois d octobre 1914 a octobre 1915.qui fit 100.000tues autant de blesses de disparus( les mines) et cela dans les deux camps... lorette pire que verdun 'caporal louis barthas)si je suis tant informer c est que je suis de la garde d honneur depuis des annees et un assidus du site ..au plaisir de vous lire ..n vantours pascal de grenay 62160
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