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149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
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27 janvier 2011

Blessure.

                 Montage_Paul_Monne__3

 

De nouveau un grand merci au docteur Gilbert Monne. Suite du témoignage Paul Monne intitulé « Arrivée à Suippes».

 

Sur la route nationale, les soldats marchaient en colonne par 4 avec la recommandation express de ne pas parler haut et surtout de ne pas fumer de cigarette, le point rouge de celle-ci étant visible de loin la nuit. La marche était lente, avec de fréquents arrêts. Quand un arrêt était brusque, les soldats se cognaient la tête contre le sac de celui qui se trouvait devant, ce qui provoquait de vives protestations. Après avoir marché pendant un moment, la troupe fut doublée par une auto éclairée avec des phares. Celle - ci remontait la colonne des soldats en marche.Je ne comprenais pas qu’on la laisse ainsi circuler, car ses lumières étaient bien plus visibles que le bout d’une cigarette allumée. J’ai appris par la suite que cette auto était celle d’un trésorier militaire allemand égaré. Il a été pris avec tout l’argent qu’il transportait et fait prisonnier. La compagnie continua d’avancer dans la plus grande obscurité, avec une accalmie relative. Nous approchions de Souain et nous commencions à descendre dans le village quand nous fûmes accueillis par une vive fusillade. Les Allemands avaient préparé une grande résistance sur la route de Somme-Py au dessus de Souain. Aussitôt, nous nous dirigeons dans la rue à notre gauche. Et que voyons-nous ? Une femme tenant à la main une lampe à pétrole allumée circulant dans la rue. Aussitôt, nous la faisons rentrer chez elle, la prévenant qu’elle devait s’abriter des balles, car elle pourrait être blessée et même tuée. Ensuite, nous pénétrons dans une grange et nous attendons les ordres. Le capitaine dit : « Nous devions aller à Somme-Py ce soir, mais les Allemands sont retranchés au-dessus du village et résistent. Nous allons attendre des ordres, des renseignements sur cette bataille. » Nous plaçons des sentinelles à l’entrée du village, près de la dernière maison et nous nous mettons en liaison avec les autres sections. La nuit ne fut troublée que par quelques coups de fusils. En plus des sentinelles, il y eut des patrouilles qui sillonnaient dans la rue entre les maisons. Dès l’aube, la fusillade fut intense. L’artillerie allemande, de différents calibres, bombarde la route que nous avions suivie pour nous rendre à Souain, ainsi que les champs où étaient cachés, camouflés, les soldats sous les javelles d’avoine. Après les éclatements des obus qui firent des blessés et des tués, tous les soldats se levèrent. Ils se secouèrent pour faire tomber les tiges d’avoine et devinrent une belle cible pour l’artillerie ennemie.

  

                 De_Suippes___Souain 

  

Au village, la situation devint critique, les balles sifflaient de tous côtés, les obus tombaient sur les maisons. Les capitaines Altairac et Gérardin m’avaient dit que les Allemands encerclaient le village. Avec ma section, je devais établir un barrage de la rue avec du matériel agricole et du fumier et dès que je les verrais arriver, je devais, avec ma section, charger à la baïonnette. Sur quoi j’ai dit : « Que pourrais-je faire avec mes 30 hommes s’ils sont des centaines à nous attaquer ? » Ne les voyant pas arriver, le capitaine me donna un nouvel ordre. Il me dit de quitter cet endroit, de conduire ma section, les soldats déployés en tirailleurs, près de la grande route, bordée de peupliers. Ce mouvement exécuté, je pris mes jumelles. Je m’abritai derrière un gros peuplier et j’observai ce qui se passait en avant. Les obus tombaient sur les arbres, brisant les branches et en éclatant produisaient un grondement infernal. Au bout d’un moment, je reçois une balle qui me traversa la cuisse droite en séton. Je prévins le capitaine. L’infirmier me fit un pansement et m’envoya au poste de secours qui m’évacua le 14 septembre 1914.

 Sources :

Le J.M.O. de la 85e brigade, série 26 N 520/9 a été consulté pour la construction des cartes.

Un grand merci à M. Bordes et à G. Monne.  

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