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149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
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8 mars 2012

Petit carnet écrit par Pierre Mathieu (3e partie).

                   Pierre_Mathieu

Encore une fois, un grand merci à toute l’équipe de l’association « collectif Artois 1914-1915 »

 Vendredi 9 avril

Exercice le matin. À 13 h 00, il y a un coup de vent qui enlève les tuiles de la ferme du château. Malgré une pluie battante, le sergent nous fait rassembler et nous conduit à l’exercice. L’adjudant nous fait retourner. Nous jouons aux cartes pour narguer le sous-off. 

Samedi 10 avril

Exercice. Déploiement en tirailleurs. 

Dimanche 11 avril

Je vais à la messe à Fresnicourt. L’abbé Marchal, nous donne des instructions. 

Lundi 12 avril

Le matin déploiement en tirailleurs. On prend le sac. Après-midi, marche sous bois dans le bois d’Olhain. 

Mardi 13 avril

Vaccination le matin. Le soir, je reste couché, j’ai de la fièvre.

Mercredi 14 avril

Repos, le soir la section va aux douches. Je reste au cantonnement. 

Jeudi 15 avril

La compagnie va en marche. Je vais passer la visite. Nous sommes 28, mais un grand nombre se fait vider pour les vaccins. Je suis à ménager deux jours. 

Vendredi 16 avril

La compagnie va encore le matin en marche. Repos. 

Samedi 17 avril

Exercice le matin et le soir. Déploiement en tirailleurs. Aussitôt rentré de l’exercice, nous nous assignons pour prendre la garde. À 17 h 00, nous prenons la garde. Je fais avec Berthou une ronde à 20 h 00 dans les bistrots. Il gèle la nuit. 

Dimanche 18 avril

Toujours de garde. Temps splendide. À 17 h 00, nous sommes relevés. 

Lundi 19 avril

Exercice le matin. Attaque d’une lisière de bois. On progresse en tirailleurs. L’après-midi, on va au tir. Je fais le maximum. On nous annonce que nous devons partir le lendemain pour Barlin ou Hersin-Coupigny. 

Mardi 20 avril

On nettoie le cantonnement avant de partir. À 11 h 00, départ pour Hersin-Coupigny. On rend les honneurs au drapeau.  On arrive en début d’après-midi. On cantonne sur un grenier. Il y a de la paille en insuffisance. À l’appel, on nous annonce que nous devons partir le lendemain à 3 heures du matin. Pour une fois que nous avons de la paille pour nous coucher. Nous n’avons pas de chance. 

Mercredi 21 avril

À 12 h 00, réveil, départ à 2 h 00 pour Aix-Noulette. On fait la pause un quart d’heure dans un pré en attendant que le cantonnement soit prêt. On cantonne dans un hangar. Aussitôt arrivé, on nettoie le cantonnement laissé par le 17e. Le soir, avant de partir pour les tranchées, on met de la paille sur les sacs. À 18 h 30, départ pour Noulette. On passe la nuit dans des abris de réserve. 

Jeudi 22 avril

Même emplacement. On joue aux cartes à 800 m des Allemands. 

Vendredi 23 avril

On passe toute la journée dans nos abris. Journée assez calme. À 21 h 30, nous sommes relevés. Nous partons pour Sains-en-Gohelle où l’on arrive à 23 h 00. Nous cantonnons dans les corons à Aix, nous couchons sur le plancher avec une botte de foin. 

Samedi 24 avril

À 10 h 00, les Allemands bombardent avec acharnement la mine. Ils y envoient une trentaine de marmites. Leur tir est bien ajusté. Le soir, je vais voir une maison située à 200 m de notre cantonnement, qui a été complètement détruite par une marmite. La personne et l’enfant qui y étaient se sont sauvés dans la cave et n’ont eu aucun mal. Il parait qu’il y en a pour 200 000 francs de dégâts à la mine. 

Dimanche 25 avril

Je vais à la messe militaire dite à l’église de Sains-en-Gohelle. Le prédicateur nous parle de l’esprit de sacrifice. Avant la messe, je me fais photographier avec quelques camarades. Nous revenons pour le rapport à 10 h 30 où l’on présente nos fusils qui sont passés en revue par le capitaine. On devait partir le soir aux tranchées, mais il y a contre-ordre. Je passe l’après-midi avec Charles Grivel et Célestin Mathieu. À 18 h 00, visite à la chapelle de Sains-les-Mines. 

Lundi 26 avril

Exercice le matin, école de section. À 15 h 00, il arrive un ordre. Nous devons nous tenir prêts à partir. En compagnie de quelques camarades, nous mangeons à la hâte une salade. J’ouvre une boite de sardines, mais aussitôt, on nous donne l’ordre de mettre sac au dos. Croyant à une fausse alerte, je laisse ma boite pour le retour. Mais réellement, on part au pas accéléré à Aix-Noulette. Ferait-on une attaque ? Je ne sais rien. Aussitôt arrivés, les hommes se munissent d’un outil de parc et après la soupe, on part pour Noulette. On arrive dans le bois derrière le château, on laisse nos sacs dans les abris et on part faire un boyau entre le bois 6 et le bois de Bouvigny. Nous travaillons toute la nuit pendant que les balles sifflent au dessus de nos têtes, car nous sommes à environ 800 m des Boches. 

Mardi 27 avril

Au petit jour, nous revenons dans nos abris. Repos. Le soir, la compagnie va travailler. Je passe la nuit dans nos abris, car la moitié des gradés seulement va avec les hommes. 

Mercredi  28 avril

Pendant que nos artilleurs tirent, on fait un concert en plein air. La voix des canons couvre souvent celle des artistes. Après un concours de jeu de quilles, à 18 h 00, je pars avec quatre hommes construire un boyau communiquant avec celui fait la veille. À côté de ce boyau, je trouve un bon abri. J’y passe dedans une bonne partie de la nuit. Au petit jour, nous revenons à nos abris. 

Jeudi 29 avril

Repos. L’après-midi je vais avec quelques hommes, je vais chercher des planches du château de Noulette pour faire des croix. On en construit une douzaine pendant que d’autres creusent une tombe collective pour des chasseurs à pied tués à l’attaque du 3 mars. Le soir, la compagnie va travailler dans le boyau. C’est mon tour de rester comme gradé dans les abris. 

Vendredi 30 avril

La compagnie ne revient dans les abris que vers 8 h 00. Le soir, à 20 h 30, nous partons pour Sains. Nous cantonnons dans les mêmes cités qu’auparavant. Nous aurons passé dans ce bois, à l’ombre des grands arbres quatre agréables journées. Dans nos cités, la paille fait toujours défaut et nous nous couchons sur le plancher. 

Samedi 1er mai

À 14 h 00, je vais à l’enterrement d’un soldat de la compagnie. Un pionnier qui faisait partie de mon équipe aux pionniers. Après les prières dites à la chapelle de Sains-les-Mines, nous allons au cimetière où le lieutenant Girard lui adresse un dernier adieu. Il est, dit-il, tombé au champ d’honneur en accomplissant son devoir. 

Référence bibliographique :

Tome 2 du livre d’or des morts du front d’Artois. 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Chaupin, à T. Cornet, à F. Videlaine, à l’association « collectif Artois 1914-1915, à l’association Notre-Dame-de-Lorette et à la garde d’honneur de l’ossuaire de la nécropole nationale de Notre-Dame-de-Lorette..

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