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149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
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30 avril 2013

Maurice Dezitter (1879-1914).

                  Maurice_Dezziter

Maurice Charles Dezitter est né le 19 septembre 1879 dans la petite ville nordique de Quadypre.  Il est le fils de Charles et de Coralie Deniele. À sa naissance, ses parents exerçaient la profession de cultivateur. Malgré le métier pénible et particulièrement difficile de ses géniteurs, Maurice à pu poursuivre ses études et obtenir le baccalauréat de lettres. Ce jeune homme possède également une très bonne maîtrise de la langue russe. Soldat appelé de la classe 1899 de la subdivision de Dunkerque, il est admis à l’école de Saint-Cyr par décision ministérielle du 19 octobre 1900. Quinze jours après, il intègre la promotion du Tchad pour suivre sa formation qui va durer deux années. 

Promu sous-lieutenant à l’âge de 23 ans, il doit, le 1er octobre 1902, rejoindre le 21e R.I qui est stationné à Langres. Deux ans plus tard, Maurice Dezitter obtient le grade de lieutenant.

En 1906, il est muté au 2erégiment de Zouaves. À partir de cette période, cet officier va séjourner sur le continent africain. De la mi-août 1906 au début décembre 1907, il est à Oran en Algérie.   

Du 3 décembre 1907 au 10 janvier 1908, cet officier fait partie d’une colonne qui a été spécialement formée pour les opérations menées dans  le secteur d’Oujda, contre la tribu rifaine des Ayt-Iznassen. Du 11 janvier au 12 mars 1908, il cantonne de nouveau à Oran.  Du 13 mars au 28 mai 1908, il prend part aux opérations militaires qui eurent lieu sur les confins sud Algéro-Marocains. Le 16 avril 1908, le lieutenant Dezitter participe avec sa section à une attaque meurtrière sur Elmouaba.

De la fin mai à la fin du mois novembre de cette même année, il se retrouve de nouveau dans les lieux de casernement du 2e régiment de Zouaves. 

En 1911, il fait un séjour de trois mois en Russie. 

De la mi-août  à la mi-novembre 1912, il est en Tunisie.  Dans la deuxième quinzaine du mois de novembre, fort de son expérience militaire sur le sol africain, il rejoint le 5e bataillon du 2e régiment de Zouave qui est cantonné à Sathonay, une petite commune française. Le lieutenant Dezitter est en instance de changement d’affectation. Il épouse Marie Caroline Fremy sur la commune Breuey-les-Faverney à la fin du mois de novembre 1912.

Maurice Dezitter est muté au 149e R.I. d’Epinal, nous sommes le 24 octobre 1912. 

Au début de la campagne contre l’Allemagne, il sert à la 12e compagnie qui est  sous les ordres du capitaine Cadeau. Marcel Dezitter  trouve la mort  au tout début du conflit, le 9 août 1914,  au cours des combats qui se déroulent au Renclos des Vaches, près du col de Sainte-Marie aux-Mines.

 Il repose actuellement dans le cimetière national français de Bertrimoutier, une  commune vosgienne, sa tombe porte le numéro 469. 

Citation à l’ordre de l’armée n° 44 de la Xe armée du 11 janvier 1915 :

« A été tué le 9 août à Sainte-Marie-aux-Mines en entraînant sa section à l’assaut sous un feu des plus meurtriers. » 

Autres décorations :

Médaille commémorative du Maroc, d’Oudja et du Haut-Guir.

Maurice Dezitter est nommé officier d’académie le 13 janvier 1913. 

Sources :

Dossier individuel consulté au Service Historique de la Défense de Vincennes.

La photographie de la sépulture de Maurice Dezitter a été réalisée par Éric Mansuy. 

Un grand merci à M. Bordes, à C. Leclair, à É. Mansuy, à M. Porcher et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

23 avril 2013

Lucien Bédos (1877-1914).

                  Lucien_Bedos

Lucien Hippolyte est un Pyrénéen né sur la commune de Rivesaltes le 8 janvier 1877.  À cette date, son père, Jean Bédos exerce le métier de tonnelier, sa mère, Marie Salvet, ne travaille pas. 

Avant de commencer une carrière militaire, ce jeune homme était commis de recette. À l’âge de 21 ans, Lucien signe un engagement volontaire de trois ans à la mairie de Perpignan. Le 26 février 1898, il rejoint la caserne du 44e R.I. qui se trouve dans la ville de Lons-le-Saunier. En août 1898, il est nommé caporal, puis sergent en mai 1899. 

Le sergent Bédos séjourne sur la commune de Bruyères du 15 septembre 1900 au 29 août 1902. Durant cette période, il a renouvelé son engagement volontaire en février 1901 pour une durée de deux ans. 

 En février 1903, il signe de nouveau un contrat de trois ans avec l’armée. Au fil de sa carrière et à force de persévérance, ce jeune homme de condition modeste va réussir à gravir les échelons pour devenir officier en travaillant très dur. 

Élève de la 24e promotion El Moungar, il commence sa formation à l’école de Saint-Maixent. En avril 1904, ses études se terminent. Lucien Bédos, à peine nommé sous-lieutenant, doit rejoindre le 149e R.I. à la caserne Courcy à Épinal. 

Le 1er octobre 1904, il exerce ses fonctions d’officier au fort de Bambois situé au sud Épinal. Il quittera ce lieu le 24 août 1906. Lucien Bédos porte les galons de lieutenant depuis le mois d’avril 1906. En 1907, il fait l’école de tir de la Valbonne d’où il sortira très bien noté par ses chefs. Cet officier fait également deux longs séjours au fort d’Arches. Le premier du 1er octobre 1906 au 30 septembre 1907, le second du 1er octobre 1909 au 30 septembre 1910. 

Au début de la campagne, Lucien est âgé de 37 ans, il est responsable d’une section de la 11e compagnie commandée par le capitaine Erhard.  Le lieutenant Bédos trouve la mort le 9 août 1914 au cours des combats qui eurent lieu dans le secteur du col de Sainte-Marie, du côté du Renclos des Vaches. 

Le lendemain de son décès, cet officier est inhumé dans le petit cimetière de Wisembach.

Depuis 1922, il repose à côté du sous-lieutenant Dezziter dans le cimetière national français de Bertrimoutier. Sa tombe porte le numéro 470. Une erreur s’est glissée sur la plaque de sa sépulture, il est inscrit « soldat », mais il faudrait lire « lieutenant ». 

Citation à l’ordre de la 10e Armée n° 44 en date du 11 janvier 1915 :

À été tué le 9 août à Sainte-Marie-aux-Mines en entraînant sa section à l’assaut sous un feu des plus meurtriers» 

Sources :

Dossier individuel consulté au Service Historique de la Défense de Vincennes.

La photo de la sépulture du lieutenant Bédos a été réalisée par É. Mansuy. 

Un grand merci à M. Bordes, à C. Leclair, à É. Mansuy, à M. Porcher et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

16 avril 2013

Jean Cholley (1893-1914).

                  Jean_Cholley

Le 19 août 1893, la sage femme Marie Frechin se présente à la maison commune de Lure pour faire enregistrer la naissance de Jean René Cholley né la veille. La mère de Jean, Marie Cholley est une jeune personne célibataire à peine âgée de 18 ans. Cette femme élèvera seule son enfant. 

 À la fin de l’année 1912, elle fait une demande de bourse pour son fils  pour qu’il puisse poursuivre ses études à l’école spéciale militaire de Saint-Cyr. Ne possédant rien, elle ne subsiste qu’avec les maigres bénéfices réalisés avec la gérance d’un modeste dépôt de broderie. Cette demande de bourse est acceptée.

Jean sera élève de la promotion de Montmirail (1912-1914). À la déclaration de la guerre, tout juste sorti de sa formation, il arrive au corps le 2 août 1914. Le 4 août au soir, il rejoint le 149e R.I.. Le sous-lieutenant Cholley est affecté à la 3e compagnie le 5 août. 

Ce jeune officier  a été tué à la première rencontre avec l’ennemi. Il trouve la mort le 9 août 1914, durant les combats qui eurent lieu dans le secteur du signal de Sainte-Marie. Quelques mois plus tard, il a été cité à l’ordre de l’armée pour sa belle conduite au feu. 

Cité à l’ordre de la 10e armée n° 44 le 11 janvier 1915 : « Saint-Cyrien nouvellement promu, a été tué au combat du 9 août au moment où, venant de se présenter au colonel, il entraînait sa section à la baïonnette au-devant d’une contre-attaque ennemie débouchant à très courte distance. »                                                                              

Sources :

Dossier individuel consulté au Service Historique de la Défense de Vincennes.

Le portrait du sous-lieutenant Jean Cholley provient de la collection personnelle de J. Huret. 

Un grand merci à M. Bordes, à H. Dropsy, à J. Huret, à M. Porcher et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

9 avril 2013

Del Bruzon (1890-1914).

                 Del_Bruzon

Del Marie Bruzon est né le 10 septembre 1890 dans la sous-préfecture vosgienne de Remiremont. Il est le fils de Bernard et de Louise Mangeot. À sa naissance, son père exerce la profession de négociant, sa mère ne travaille pas. 

 Au moment où il doit effectuer son service militaire, le soldat Del Bruzon rejoint le 15e B.C.P. qui est en garnison de Brienne et de Remiremont, le 10 octobre 1911. Devenu caporal le 12 février 1912 puis sergent le 26 septembre 1912, il obtient le titre d’élève officier de réserve à la date du 1er octobre 1912. Pour valider ce titre, il doit suivre le cours spécial des E.O.R.. Il effectue cette formation du 1er octobre 1912 à la fin du mois de mars 1913 et réussit pleinement les examens de fin de cours. Devenu sous-lieutenant de réserve, il reste maintenu sous les drapeaux jusqu’au 8 novembre 1913. Il quitte l’uniforme tout en restant rattaché au 109e R.I..  Du 25 mars 1914 à la fin du mois de juin 1914, il est officier réserviste au 158e R.I., puis, à compter du 30 juin 1914, au 149e R.I.. 

Rappelé à l’activité le 1er août 1914 au moment de la mobilisation générale, il rejoint rapidement la caserne du 149e R.I.. 

Le sous-lieutenant Bruzon commande une section de la 6e compagnie du 149e R.I. lorsqu’il est tué le 9 août 1914 en entrainant ses hommes à l’assaut au cours des combats du signal de Sainte-Marie. 

Citation à l’ordre de l’armée n° 44 du 11 janvier 1915 :

« A été tué le 9 août 1914 à Sainte-Marie aux mines en entraînant sa section à l’assaut sous un feu des plus meurtriers. » 

Sources :

Dossier individuel consulté au Service Historique de la Défense de Vincennes.

Le portrait du sous-lieutenant Bruzon provient du tableau d’honneur de la guerre 14-18 publié par la revue « l’illustration ».

Un grand merci à M. Bordes, à M. Porcher et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

2 avril 2013

Une première confrontation avec la réalité de la guerre sanglante.

                 Cimetiere__militaire_du_col_de_Sainte_Marie

Pour affiner mon travail sur les combats du signal de Sainte-Marie menés par le 149e R.I. à la date du 9 août 1914, je me propose maintenant de faire une brève analyse des pertes du régiment. 

                                        Tableau des tués pour la journée du 9 août 1914

La liste des tués rassemble les hommes qui ont trouvé la mort dans les zones de combat, ceux qui sont décédés dans les hôpitaux à la suite des blessures reçues et ceux dont l’acte de décès a été officialisé quelques années plus tard par décision des tribunaux. 

                          Liste des blessés et des disparus pour la journée du 9 août 1914

Le tableau suivant nous montre l’état des pertes générales du régiment pour la seule journée du 9 août 1914. Les tués sont représentés en rouge, les blessés en vert et les disparus en orange.  

                 Tableau_general_des_pertes_du_149e_R

La base référentielle pour faire ce travail reste la liste des pertes qui se trouve dans le J.M.O. du 149e R.I.. J’ai dû consulter le fichier des « morts pour la France » qui se trouve sur le site « Mémoire des Hommes » pour construire ma propre liste. Je me suis mis à la recherche d’une éventuelle fiche individuelle pour chacun des noms figurant sur la liste initiale. 

Premières observations :

 L’écart  entre le nombre des tués et celui des blessés reste assez faible. 

65,4 % des personnes enregistrées comme « disparus » dans la liste du J.M.O. sont en fait décédées. 

Il y a une légère différence entre les totaux des deux listes. La première liste donne un résultat de 428 hommes et la seconde celui de 426. Ce résultat est dû tout simplement au fait qu’un soldat tué est inscrit également dans la colonne des blessés ainsi que dans celle des disparus. 

Il y a 8 noms que je n’ai pas retrouvés dans le fichier des « morts pour la France » sur le site « mémoire des hommes ». 

Plus de 55 % des actes de décès ont été enregistrés après le 1er janvier  1920.

La forte proportion de disparus, commune aux autres combats du début de la guerre dans les autres unités, s’explique principalement de la manière suivante : il faut impérativement deux hommes pour témoigner d'un décès d’un homme, et l’absence de ces deux personnes fait qu’il est considéré comme disparu jusqu’au jugement d’un tribunal rendu après la guerre, le plus souvent entre 1919 et 1921. 

Je me propose maintenant de faire quelques observations concernant les pertes par bataillon. 

                 Perte_du_1er_bataillon__le_9_aout_1914

Au début du conflit, les compagnies du régiment sont à effectifs complets. Ce sera la seule et unique fois où je ne parlerai pas d’effectifs théoriques pour le régiment dans une de mes analyses des pertes du 149e R.I.. Les compagnies sont composées d‘environ 250 combattants. Je resterai sur cette base pour effectuer mes calculs, même si je suppose qu’il peut y avoir quelques malades ou bien quelques soldats qui pourraient souffrir de blessures aux pieds, dues aux longues marches ou encore ceux qui auraient pu avoir une insolation. 

Pour le 1er bataillon, nous obtenons les résultats suivants :

1ère compagnie : 20,8 % de l’effectif.

2e compagnie : 18,4 % de l’effectif.

3e compagnie : 11,6 % de l’effectif.

4e compagnie : 32 % de l’effectif.        

En additionnant les pertes des 4 compagnies du 1er bataillon, nous arrivons à un total de 207 hommes, soit 20,7 % de l'effectif. 

                 Perte_du_2e_bataillon_le_9_aout_1914

Pour le 2e bataillon, nous obtenons les résultats suivants :

5e compagnie : 20 % de l’effectif.

6e compagnie : 8 % de l’effectif.

7e compagnie : 12,4 % de l’effectif.

8e compagnie : 20,4 % de l’effectif.

En additionnant les pertes des 4 compagnies du 2e bataillon, nous arrivons à un total de 152 hommes, soit  15,2 % de l'effectif. 

                Perte_du_3e_bataillon_le__9_aout_1914

Pour le 3e bataillon, nous obtenons les résultats suivants :

9e compagnie 1,6 % de l’effectif.

10e compagnie : 0 % de l’effectif.

11e compagnie : 20 % de l’effectif.

12e compagnie : 3,6 % de l’effectif. 

En additionnant les pertes des 4 compagnies du 3e bataillon, nous arrivons à un total de 63 hommes, soit   6,3 % de l'effectif. 

La lecture de l’ensemble des résultats précédents nous donne une idée exacte des pertes réelles subies par le régiment.

Plusieurs compagnies sont engagées avec tout leur effectif durant cette journée.

Dans un premier temps, ce sont les 1ère, 2e et 4e compagnies qui attaquent puis les  5e, 7e et 8e compagnies et enfin la 11e compagnie. 

Les 3e, 6e et 12e compagnies engagent une partie de leurs hommes.

Le 1er bataillon du 149e R.I. est le plus éprouvé. À l’exception d’un tué et de quelques blessés à la 9e, les compagnies qui ne sont pas engagées dans les combats ne subissent pas de perte, ceci concerne la 9e, la 10e et les ¾ de la 12e compagnie. 

L’effectif du régiment nous est donné par le J.M.O.. Il suffit d’additionner les chiffres du 1er et du 2e échelon pour obtenir le total des hommes. 

 Au début du mois d’août, le régiment est composé 3389 hommes, les pertes globales du 149e R.I. pour son baptême du feu sont de 182 tués, 215 blessés et 29 disparus soient 426 hommes.

 Le pourcentage des pertes pour le régiment est de 12,57 %. 

En réalité, en additionnant les effectifs qui sont engagés dans les attaques du Signal de Sainte-Marie, nous obtenons un total de 2065 hommes qui participent au combat. En enlevant les pertes de la 9e compagnie qui, elle, n’a pas participé au combat, nous obtenons un pourcentage de perte plus important qui s’élève à 20,43 %. 

Même si  le nombre des tués ne représente qu’un échantillon de l’effectif global du régiment, il est  intéressant de construire le tableau suivant : 

                 Tableau_des_pourcentages_des_tu_s_par_annee_de_classe

Les  classes 1911, 1912 et 1913 (carré de couleur verte) qui se trouvaient sous le drapeau du 149e R.I. avant le début du conflit représentent à elles seules 66 % des pertes.

Les hommes représentés dans les autres classes (carré de couleur orange) sont soit des réservistes, soit des officiers et des sous-officiers engagés ou rengagés. 

Sources :

J.M.O. du 149e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 696/8.

Historique du 149e Régiment d’Infanterie. Épinal. Imprimerie Klein, 1919.

Fichier des « morts pour la France » sur le site « mémoire des hommes ». 

Un grand merci à M. Bordes, à L. Adalbert, à A. Carobbi et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

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