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149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
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31 août 2018

Dernières journées passées dans le secteur de la Malmaison.

Adjudant Girard à la ferme de Colombe le 28 octobre 1917

La bataille de la Malmaison, commencée le 23 octobre, a pris fin dans la soirée du 26. Des patrouilles touchent la rive sud du canal de l’Ailette.

Les hommes du colonel Boigues poursuivent la consolidation du terrain conquis. Ils doivent se tenir prêts à reprendre l’offensive ou à contenir une éventuelle contre-attaque même si la défaite ennemie est considérée comme complète.

27 octobre 1917

Le 149e R.I. exécute une nouvelle reconnaissance dans le bois Dherly. Plusieurs drachen ennemis gagnent les airs. Un avion français tombe en flamme dans le secteur.

28 octobre 1917

L’aviation allemande envoie plusieurs avions survoler à grande altitude le bois Dherly vers 15 h 30.

Le 3e bataillon est en 1ère ligne, ayant une section aux avant-postes au point 4180. Sa ligne de résistance est aux Vallons, sa ligne de soutien est sur la pente est au ravin des Vallons.

Point 4180

Le 2e bataillon occupe le bois de la Tête d’Enfer et le bois de la Belle Croix.

Bois de la Belle Croix et de la tete d'enfer

Ces deux bataillons sont installés sur des positions qui sont sans abris, mais le terrain occupé est bon. La terre est argileuse avec une forte proportion de sable. Les pentes permettent l’écoulement des eaux. Le colonel Boigues décide de laisser ces bataillons sur place. Une compagnie du 2e bataillon reste à sa disposition en cas de nécessité.

Le boyau de communication allant de 3653 à la corne sud du bois de la Belle Croix est achevé sur une distance de 120 m.

Les hommes posent de nouveaux réseaux de barbelés devant les tranchées. Les abris et emplacements pour les mitrailleuses sont consolidés.

Les repas sont réchauffés à l’alcool solidifié.

Le 1er bataillon, qui est l’élément le plus éreinté du régiment, se porte dans la nuit du 28 au 29, aux abris de Chantereine et des Volvreux.

Secteur approximatif occupe par le 1er bataillon du 149e R

L’artillerie allemande effectue des tirs d’interdiction pendant la nuit sur les allées du bois Dherly et au nord de la ferme des Vallons. Les tirs intermittents sont plus serrés que les jours précédents.

Les attelages venus pour enlever les canons pris à l’ennemi n’ont pas pu exécuter leur travail. Les timons et les traits ont lâché.

29 octobre 1917

Vers 5 h 00, l’artillerie allemande dirige un tir assez nourri sur les abords de la passerelle 4285. Profitant de ce tir, un groupe d’Allemands traverse le canal pour venir se cacher dans le bois, aux environs du petit poste, placé sur la ligne Decauville au croisement du méridien 194. Le caporal et les deux hommes qui occupent ce petit poste furent surpris. Les Allemands, probablement revêtus de capotes françaises, repassèrent la passerelle vers 7 h 15. Ceux-ci furent aperçus de loin par le 158e R.I., qui les ayant pris pour de véritables français, les laissent ainsi passer.

Petit poste au croisement de la ligne Decauville et du méridien 194

L’activité des deux aviations est très dense tout au long de la journée.

Les hommes posent à nouveau du fil de fer devant les différentes tranchées. Ils placent et camouflent les positions des mitrailleuses pour les rendre invisibles au passage des avions. Un dépôt de matériel est construit vers le P.C. Monnoury. Le boyau creusé à l’est du bois Pointu est approfondi. Le boyau de communication allant de 3653 à la corne sud du bois de la Belle Croix est achevé sur 100 m. Une piste pour l’évacuation des canons de 105 est établie. Des éléments de défenses accessoires sont placés et l’obstruction de l’entrée de la passerelle 4285 est finalisée.

30 octobre 1917

Le 1er bataillon du 149e R.I. est retiré de son secteur dans la soirée. Il se rend à Billy-sur-Aisne où il est mis au repos.

Relevé par une compagnie du 410e R.I., le 2e bataillon part cantonner à Condé-sur-Aisne.

Le 3e bataillon s’installe aux abris de Chantereine, après avoir été remplacé par une autre compagnie du 410e R.I..

Positions occupées par les 3 bataillons du 149e R

Sources :

J.M.O. de la 43e D.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 344/5.

Les archives du Service Historique de la Défense de Vincennes ont été consultées.

Le morceau de carte du groupe des canevas de tir du secteur de Vailly est daté du 26 août 1917. Ce morceau de carte localise le point 4180.

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à M. Porcher et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

24 août 2018

Armand André (1893-1914).

Armand_Andr_

Armand André voit le jour le 29 avril 1893 dans la petite commune vosgienne de Portieux. Les parents, tous deux originaires de Damas-aux-bois, sont venus s’installer dans cette agglomération quelque temps après leur mariage. Le père, Léon Émile, est employé à la verrerie pexéenne, une entreprise locale qui emploie une bonne partie des villageois. Émile a 28 ans lorsque la sage-femme lui présente son aîné. La mère, Marie Sidonie Dubas, est âgée de 21 ans. Elle n’exerce pas de profession.

En 1896, Marie Sidonie décède quelques semaines après avoir donné naissance à une petite fille, prénommée Germaine Aimée Constance en 1896.

Le père ne semble pas s’être remarié. A-t-il élevé seul ses enfants en bas âge ? Les a-t-il confiés à la famille ? A-t-il été aidé par des proches ? L’histoire ne nous renseigne pas sur ce qui est advenu à la famille André après ce drame familial.

La fiche signalétique et des services d’Armand nous fait savoir qu’il possède un degré d’instruction de niveau 3. L’instituteur républicain de Pouxeux lui a donc fait intégrer les rudiments de la lecture, du calcul et de l’écriture. Armand travaille comme employé de commerce après avoir quitté l’école communale.

Comme pour la presque totalité des registres matricules du bureau de recrutement d’Épinal, la fiche d’Armand André ne nous renseigne que sur son état civil, sur son signalement et sur la décision prise à son égard par le conseil de révision. Aucune autre information ne filtre sur ce document.

Malgré ces blancs, nous pouvons aisément confirmer que ce jeune homme blond aux yeux gris bleu est allé signer un engagement volontaire avec l’armée. Il y a même de fortes chances pour qu’il ait effectué ses mois sous l’uniforme, au sein du 149e R.I.. En effet, ce jeune conscrit de la classe 1913 sert comme sergent dans une des compagnies de cette unité lorsque le conflit contre l’Allemagne débute en août 1914. Seul un engagement volontaire peut lui avoir permis d’accéder à ce grade. Il a pu s’engager dès l’âge de 18 ans, c’est-à-dire en 1911. Contrairement à sa classe, il aurait alors eu plusieurs années de service actif, un temps cohérent avec son grade. Sa classe, celle de 1913, n’étant appelée qu’en novembre 1913, il n’aurait pu devenir sergent au cours des quelques mois qui séparent le début de l’instruction et la mobilisation d’août 1914.

Lorsque le régiment quitte Épinal pour se rendre à la frontière, Armand André fait partie des effectifs de la 9e compagnie du 149e R.I. qui est sous les ordres du capitaine Souchard.

Le baptême du feu du 149e R.I. a lieu le 9 août 1914. La compagnie du sergent André ne participe pas à ce combat. Celle-ci est positionnée au sud-est du col de Sainte-Marie, avec la quasi-totalité des éléments du bataillon Didierjean. Elle a pour mission de surveiller la route qui mène à Sainte-Marie-aux-Mines. Sa compagnie reste donc assez éloignée de la zone du premier engagement du régiment, protégée par les arbres du bois du Breuil.

Les sections du capitaine Souchard subissent l’épreuve de leur première attaque le 21 août 1914, au nord d’Abreschviller.

Le nom du sergent André est inscrit dans la liste des blessés du J.M.O. du régiment pour cette date. Dans l’obligation de retraiter rapidement, le régiment est amené à laisser sur place un bon nombre de ses hommes touchés par les balles ennemies. Plusieurs décèderont faute de soins rapides. Armand André fait partie du nombre.

Pour en savoir plus sur ce qui s’est passé durant cette journée, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

Carte_3_journee_du_21_aout_1914

N’ayant pas de nouvelles sur ce qui est réellement arrivé à son fils, Émile fait une demande auprès du Comité International de la Croix Rouge pour tenter d’en savoir un peu plus sur les circonstances de sa disparition. Les nouvelles reçues ne sont pas bonnes.

Fiche_croix_rouge__Armand_Andre

Il y a de fortes chances pour que le sergent André repose actuellement dans l’ossuaire n°1 de la nécropole nationale de « la Valette » à Abreschviller.

Un second prénom qui accompagne le nom de famille André inscrit sur la plaque du monument, ainsi que l’absence de numéro du régiment peuvent laisser un léger doute, mais les probabilités sont suffisamment importantes pour penser que c'est bien lui.

Ossuaire_Abreschvillers

Le sergent André a été décoré de la Médaille militaire à titre posthume (journal officiel du 19 décembre 1919).

« Très bon sous-officier, brave et énergique ; a toujours fait preuve d’ardeur et de sang-froid. Tombé mortellement frappé, le 21 août 1914, à Abreschviller »

Cette décoration lui donne également droit à la croix de guerre avec étoile de bronze.

Dans les années 20, sa sœur fait éditer un mémento avec les portraits de son père et de son frère.

Memento_famille_Andre

Pour en savoir plus sur ce type de document, il suffit de cliquer sur l’image suivante.

Site_Arnaud_Carobbi

Le 15 septembre 1920, le tribunal civil de première instance de Mirecourt officialise le décès d’Armand André à la date du 21 août 1914.

Le nom de cet homme est inscrit sur les monuments aux morts de la commune de Portieux et de la verrerie, ainsi que sur une des deux plaques commémoratives fixées sur un des murs de l’église de Saint-Laurent.

Armand André ne s’est pas marié et n’a pas eu de descendance.

Sources :

Fiche individuelle consultée sur le site « mémoire des hommes ».

L’acte de naissance et la fiche matricule du sergent Armand André ont été consultés sur le site des archives départementales des Vosges.

Une copie de son acte de décès m’a été envoyée par la mairie Portieux.

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carrobi, à L. Rico, aux archives départementales des Vosges et la mairie de la commune de Portieux. 

17 août 2018

26 octobre 1917.

26_octobre_1917

Le 149e R.I. poursuit le renforcement de ses positions. Tous les éléments de la 43e D.I. se tiennent maintenant prêts à franchir l’Ailette. L’artillerie et l'aviation ennemies reprennent petit à petit leurs activités. Il faut rester vigilant.

Le colonel Boigues envoie une nouvelle reconnaissance dans le bois Dherly. Une section de la 10e compagnie assure la liaison entre le 109e R.I. et le 158e R.I.. Son chef de section, le sous-lieutenant Pourchet se trouve à 4179.

Un petit poste de surveillance, qui a son point d’attache près de plusieurs wagons abandonnés par l’ennemi, se place vers le croisement du grand layon nord-nord-est, coupant le méridien 194 et la voie de Decauville. Les hommes peuvent ainsi surveiller la passerelle 4285 tenue par le 158e R.I..

Les sentinelles se déplacent sur le grand layon, en avant de la voie, à l’est et à l’ouest de celle-ci.

À droite, un caporal et un soldat sont détachés à la 9e compagnie du 158e R.I.. Le poste de commandement est à 4476, au sud-sud-ouest du Moulin Rouge.

À gauche, un caporal et un homme sont détachés à la 1ère compagnie du 109e R.I., sur le grand layon coupant le méridien pointillé 1935, vers le croisement 3581. La liaison avec l’arrière est assurée par des coureurs.

Carte_journee_du_26_octobre_1917

Legende_carte_journee_du_26_octobre_1917

Cette reconnaissance fait 15 prisonniers. Les hommes capturés sont tous blessés. Les hommes du sous-lieutenant Pourchet s’emparent également de deux canons et d’une auto-canon. S’agit-il de soldats et de matériels intransportables laissés par les Allemands, lors de l’abandon de la rive sud du canal ?

L’ennemi occupe maintenant les crêtes nord du canal. Aucun renseignement précis ne peut encore être donné sur la valeur de son organisation défensive. En effet, les mitrailleuses allemandes se mettent aussitôt en action dès que les hommes approchent les passerelles.

Ces passerelles, assez nombreuses dans le secteur, avaient été mises en place par les Allemands. Elles servaient à ravitailler le secteur au sud du canal quand il était entre leurs mains. Maintenant que l’ennemi est au nord, elles pourraient servir de point de passage aux Français pour une attaque.

Les canons français ont une activité très faible sur la partie de front occupée par les Allemands, en face du 149e R.I.. L’artillerie allemande est un peu plus vivace. Vers 13 h 00, plusieurs obus de 150 tombent sur la lisière sud du bois Plantu. Dans la soirée et dans la nuit, de nombreux obus sont envoyés sur le bois Dherly. Les artilleurs allemands effectuent des tirs sur la lisière sud-est du bois des Hoinets et de la partie nord du bois pointé. Dans l’après-midi, des obus de 150 s'abattent sur la corne sud-ouest et sur le plateau est du bois de la Belle-Croix.

Les_bois_du_secteur

Dans la matinée, de nombreux avions français survolent le secteur ; certains effectuent des vols à basse altitude. Cinq avions ennemis sont aperçus au-dessus des Vallons et du plateau de la Belle-Croix à 8 h 15, idem vers 9 h 07. Cette fois-ci, ils longent les lignes. À 16 h 30, ce sont 12 avions qui passent au-dessus du plateau de la Belle Croix.

Les hommes ravitaillés par les cuisines roulantes reçoivent des repas réchauffés.

Les terrassiers continuent le creusement du boyau de communication qui longera la lisière est de la Belle Croix, entre les points 3653 et 3450. Ils réalisent également une piste partant de 3653 pour rejoindre la lisière est du bois Pointu. L’aménagement de la tranchée de 1ère ligne se poursuit.

Ce jour-là, Albert Marquand écrit à ses parents. Voici un extrait de sa lettre :

« Vous avez dû voir dans les journaux les magnifiques résultats de notre offensive. On ne s’attendait guère à tant de butin et de prisonniers…

… Je vous écris, appuyé sur mon genou, près des Allemands qui se tiennent bien tranquilles. Il pleut. Aussi, nous avons tous de la boue au-dessus de la ceinture. Ce n’est plus le costume « horizon », c’est le « terreux ». Mais tout cela n’est rien et on oublie rapidement nos petites souffrances en pensant au grand et magnifique succès que nous venons de remporter… »

L’opération offensive, dite bataille de la Malmaison, commencée le 23 octobre, peut être considérée comme terminée dans la soirée du 26 octobre.

Sources :

J.M.O. de la 43e D.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 344/5.

Les archives du Service Historique de la Défense de Vincennes ont été consultées.

« Et le temps, à nous, est compté » Lettres de guerre 1914-1919. Albert Marquand, présentation de Francis Barbe, postface du général André Bach. C'est-à-dire Éditions mille mots chuchotés. 2011.

Les morceaux de carte du groupe des canevas de tir du secteur de Vailly sont datés du 26 août 1917. Ils localisent le bois Dherly, zone d’intervention des éléments de la 10e compagnie du 149e R.I. durant la journée du 26 octobre 1917. Les points indiqués dans le texte ne figurent pas sur cette carte.

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à M. Porcher et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

10 août 2018

Paul Henri Benoit (1892-1917).

Paul_Henri_Benoit

Paul Henri Benoit voit le jour le 24 janvier 1892 à Creil, ville située dans la vallée de l’Oise, au nord de Paris. Ses parents vivent au n° 1 de la rue de la République.

Le lendemain, son père, Henri Armand, se rend à l’Hôtel de Ville. Il est accompagné du grand-père paternel Charles François Benoit, et du grand-père maternel Pierre Lemaire ; ceux-ci vont lui servir de témoins.

Henri Armand a 25 ans, il travaille comme employé au chemin de fer du sud. Son épouse, Marie Pauline Lemaire, 22 ans, n’exerce pas d'activité professionnelle. Deux ans plus tard, le couple a un 2e fils qui décède à l’âge de 3 mois.

Après l’école primaire, Paul Henri poursuit ses études qui vont le mener au Lycée Chaptal de Paris jusqu’à l’obtention de son baccalauréat.

Soldat de la classe 1913, il est incorporé au 149e R.I.. Il prend le train pour rejoindre la ville d’Épinal le 9 octobre 1913. Ses apprentissages militaires ne sont pas menés à terme. Ils sont interrompus par le déclenchement de la 1ère guerre mondiale qui débute en août 1914.

Paul Henri Benoit est toutefois considéré comme mobilisable. Il participe à tous les combats du régiment, ceux des Vosges, ceux de la Marne, de Artois et de la Belgique.

Pour lui, les passages de grades de sous-officiers sont extrêmement rapides. Il est nommé caporal le 1er septembre 1914, puis sergent vingt jours plus tard. Le jeune sous-officier obtient ses galons d’aspirant le lendemain de Noël. Il commande maintenant une section de la  5compagnie du 149R.I..

Le 3 mars 1915, Paul Henri Benoit est blessé à la tête par un éclat d’obus. Il est évacué vers l’arrière. 

Pour en savoir plus sur les évènements qui se sont déroulés durant cette journée, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

Explosion_de_mine

La date exacte de son retour au front n’est pas connue. Son état des services nous apprend qu’il est à la 5e compagnie du 149e R.I. le 12 février 1916. Le 28 mars, il est affecté à la 6e compagnie.

Il est peu probable que cet aspirant ait participé aux combats du mois de juin 1915 dans le secteur de Notre-Dame-de-Lorette et aux attaques du mois de septembre 1915 du côté du bois en Hache. 

Le 10 avril 1916, l’aspirant Benoit est nommé sous-lieutenant de réserve à titre temporaire, juste après le 2e engagement du régiment dans le secteur de Verdun.

Sa compagnie est maintenant sous les ordres du lieutenant Georges Poncelet. Le 20 décembre, Paul Henri Benoit est provisoirement affecté à l’état-major du régiment. Il rempli les fonctions d’officier de renseignements. Dix jours plus tard, il retrouve son ancienne compagnie. Le 23 janvier 1917, Paul Henri Benoit devient lieutenant de réserve à titre temporaire.

C'est un excellent soldat, toujours bien noté par ses supérieurs, comme l’atteste cette petite note rédigée par le lieutenant Poncelet le 12 mai 1916 :

« Déjà aspirant à la compagnie avant sa nomination au grade de sous-lieutenant, a pris, avec son nouveau galon, un plus grand ascendant sur ses hommes. A commandé sa section avec un soin particulier pendant cette première période de tranchée et a su faire rendre à ses hommes et à ses gradés, un effort sérieux pour ce qui a concerné l’organisation du secteur. Conduira à bien, avec des sergents énergiques la section qu’il commande. »

Le capitaine adjudant-major du 2e bataillon Guilleminot appuie l’écrit de son subordonné :

« Jeune officier très allant, désireux de s’instruire, ayant un grand amour propre, est susceptible, avec un peu plus d’expérience, de faire un excellent officier. Très bonne instruction générale. Bonne instruction militaire. »

Le lieutenant Benoit participe ensuite aux combats du régiment dans la Somme. Il y gagne une citation à l’ordre de l’armée.

Le 23 décembre 1916, le lieutenant-colonel Pineau inscrit dans le feuillet individuel de campagne du sous-lieutenant Benoit : « Jeune officier dont l’attitude a été brillante en toutes circonstances, comme chef de section ou comme commandant de compagnie. Froid, très maître de lui, a montré de très belles qualités militaires. Sera certainement un très bel officier. »

Durant l’année 1917, le 149e R.I. occupe un secteur situé à l’ouest du fort de la Malmaison, du côté d’Aizy, de Jouy, de Billy-sur-Aisne et des fermes du Toty et de Hameret.

Ferme_Hameret

Lorsque les 9 premiers mois de 1917 sont mis en parallèle avec ceux des trois premières années du conflit, nous pouvons affirmer qu’ils furent, par comparaison, plutôt « modérés » pour l’ensemble du régiment.

Paul Henri Benoit profite de cette période pour suivre, du 1er au 8 mai 1917, les cours du fusil R.S.C. au dépôt divisionnaire de la 43e D.I..

Il bénéficie également de deux permissions. La première a lieu du 23 au 31 mai 1917, la seconde, du 31 août au 10 septembre 1917.

Le lieutenant Benoit reprend le commandement de sa section au retour de sa permission. Il s’apprête à suivre, avec l’ensemble du régiment, un entraînement intensif, en vue d’une future attaque qui doit avoir lieu dans le secteur du fort de la Malmaison, à la fin du mois octobre 1917.

La 6e compagnie ne participe pas directement à l'engagement du 23 octobre. Le 2e bataillon du 149e R.I. fut choisi pour être « bataillon de réserve » durant la 1ère phase de l’attaque avant d’être nommé « bataillon de soutien » durant la 2e phase de l’opération.

Deux jours plus tard, le lieutenant Benoit est tué dans le secteur du bois Dherly, touché par plusieurs balles au thorax et à l’abdomen. Il soutenait une reconnaissance menée par le sous-lieutenant Huc.

Pour en savoir plus sur les évènements qui se sont déroulés durant cette journée, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

Reconnaissances_du_25_octobre_1917

Comme la plupart des officiers tués dans ce secteur, le lieutenant Benoit est enterré dans le petit cimetière militaire de Condé-sur-Aisne, à côté du sous-lieutenant Huc, dans une sépulture qui porte le n° 309.

Le 9 novembre 1917, le sous-lieutenant Auguste Fourneret, officier d’état civil du régiment, enregistre la mort du lieutenant Benoit confirmée par les témoignages de l’adjudant-chef Maurice Pottier et du soldat Alfred Piteux. L’acte de décès officiel est envoyé à la mairie de Senlis le 17 juin 1920.

Le corps de cet officier est rendu à la famille dans les années 1920.

Paul Henri Benoit est un cas assez rare dans l’histoire des régiments : celui d’un simple conscrit devenu officier (devenir facilité, il est vrai, par son niveau scolaire), mais aussi, celui d’avoir passé l’intégralité de sa carrière, fut-elle brève, dans le même régiment.

Il a obtenu les citations suivantes :

Citation à l’ordre de la 43e D.I. n° 114 en date du 25 mars 1916 :

« Dans la nuit du 8 au 9 mars 1916, sous un tir de barrage des plus violents, tous les officiers de la compagnie ayant été blessés, en a pris le commandement, l'a reformée avec le plus grand calme et reconduite, sous la rafale, à son emplacement de soutien. Au front depuis le début, déjà blessé une fois, a toujours donné l’exemple du sang-froid dans les circonstances critiques. »

Citation à l’ordre de l’armée du 35e C.A. n° 11 en date du 23 septembre 1916 (J.O du 17 janvier 1918) :

« Jeune officier ayant fait preuve dans plusieurs circonstances critiques d’un allant et d’une énergie remarquables. Le 17 septembre 1916, commandant provisoirement sa compagnie, l’a entraînée brillamment à l’assaut de la tranchée ennemie qui lui était fixée comme objectif et qui a été enlevée. A fait des prisonniers, s’est appliqué aussitôt après à poursuivre l’organisation du terrain conquis sous le feu de riposte de l’ennemi »

Le lieutenant Benoit est fait chevalier de la Légion d’honneur à titre posthume le 18 octobre 1919 (J.O. du 26/12/1919).

« Officier de beaucoup d’entrain et de courage. S’est présenté volontairement pour effectuer, avec un groupe de grenadiers, le nettoyage d’une galerie occupée par 500 ennemis, a contribué dans une large part à leur capture. Désigné pour soutenir avec sa section, une reconnaissance envoyée en avant du terrain conquis. A été tué à la tête de sa section en accomplissant sa mission. A été cité. »

Le lieutenant Benoit ne s’est pas marié et n’a pas eu de descendance.

Le nom de cet homme est inscrit sur une des plaques commémoratives du Lycée Chaptal de Paris.

Sources :

Dossier individuel consulté au Service Historique de la Défense de Vincennes.

Une grande partie des informations concernant la généalogie de cet officier a été trouvée sur le site « Généanet ».

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à M. Porcher, au Service Historique de la Défense de Vincennes et à la mairie de Creil.

3 août 2018

Clément Louis Huc (1894-1917)

Clement Louis Huc

 

Clément Louis Huc est né le 27 octobre 1894 au Masnau, une commune du Massif central située dans les monts de Lacaune.

 

Le jour même, son père Louis, et les deux témoins, l’instituteur Joseph Paul Peyrastre et le forgeron Pierre Jean, comparaissent à la mairie du village tarnais pour faire consigner dans le registre d’état civil la venue au monde de l’enfant. Louis Huc exerce le métier de tailleur d’habits. Il a 30 ans. La mère, Claire Adélaïde Cavallès, âgée de 28 ans, travaille comme ménagère. De cette union est également née une petite fille  prénommée Léticia Rose.

 

Clément fait de brillantes et sérieuses études au petit séminaire de Valence qui lui permettent d’obtenir son baccalauréat ès lettres. Il passe ensuite deux années au grand séminaire d’Albi.

 

Le premier conflit mondial du XXe siècle est proche. Il a tout juste le temps de recevoir la tonsure cléricale, acte qui valide son entrée dans l’état ecclésiastique, le 24 juin 1914. Le directeur du grand séminaire d’Albi écrit ceci à son sujet : « Âme d’élite, conscience des plus délicates et volonté de fer de plus en plus attachée à sa vocation, vie toujours montante, tel est le graphique de son trop court passage parmi nous. »

 

Lorsque sa classe de mobilisation est appelée en septembre 1914, Clément Huc est ajourné pour faiblesse. Quelques semaines plus tard, il passe devant un deuxième conseil de révision qui, cette fois-ci, le déclare « bon pour le service armé ».

 

Clément Louis Huc se retrouve incorporé au 58e R.I. le 18 décembre comme jeune soldat de la subdivision de Carcassonne. Il arrive au dépôt d’Avignon ledit jour. Nommé soldat de 1ère classe par décision du 9 avril 1915, le jeune homme est affecté à la 29e compagnie du régiment avant d’être envoyé au 9e bataillon de marche le 24 mai.

 

L’ancien clerc tonsuré est muté au 149e R.I. le 21 juin. Dans cette unité, Clément Huc grimpe très vite les échelons hiérarchiques. Nommé caporal le 23 juillet 1915, puis sergent le 8 mars 1916, il rejoint le centre d’instruction des élèves aspirants de Saint-Cyr le 15 mai 1916.

 

Le 3 septembre 1916, le chef de bataillon Margot, responsable du centre d’instruction, rédige la note suivante : « Très énergique. Doué d’un commandement excellent qui lui donne beaucoup d’autorité. A beaucoup travaillé et beaucoup appris, sans peut-être avoir assimilé tout l’enseignement reçu. Mais très dévoué, très zélé, il est dès maintenant capable d’exercer convenablement le commandement de sa section. »

 

Deux jours plus tard, le sergent Huc est de retour au dépôt du régiment pour y recevoir ses galons d’aspirant. Clément passe sous-lieutenant à titre temporaire le 21 novembre de la même année.

 

Ce nouveau grade lui permet de prendre le commandement d’une section de la 6e compagnie du 149e R.I..

 

Durant cette période, Clément Huc a participé à plusieurs actions de combat. La première a eu lieu en Artois dans le secteur du bois en Hache en septembre 1915. La seconde s’est déroulée à Verdun en mars - avril 1916 et la troisième dans la Somme, à Ablaincourt en novembre 1916.

 

Le 1er janvier 1917, le lieutenant-colonel Pineau écrit dans le feuillet individuel de campagne de son subordonné : « Nouvellement nommé officier, possède de réelles qualités militaires. Très énergique, d’un courage et d’un sang-froid à toute épreuve, est considéré, par ses camarades et ses chefs, comme un modèle d’une haute valeur morale et apte à remplir remarquablement son rôle d’officier. »

 

Sous_lieutenant_Huc_non_loin_des_tranch_es_de_1ere_ligne_juillet_1917

 

Fin septembre 1917, Clément Louis Huc est toujours à la tête de sa section de la 6e compagnie du 149e R.I.. Son régiment se prépare pour la future offensive qui doit se dérouler dans le secteur du chemin des Dames, autour du fort de la Malmaison, durant la deuxième quinzaine du mois d’octobre. L’entraînement qui se déroule sur plusieurs semaines est contraignant.

 

Sa compagnie n’est pas engagée directement dans l’attaque. En effet, le 2e bataillon du 149e R.I. est désigné pour être le bataillon de réserve durant la 1ère phase de l’opération, avant de devenir bataillon de soutien durant la 2e phase.

 

Clement_Louis_Huc_fusil_mitrailleur_au_Toty_juillet_1917

 

Le 25 octobre 1917, le sous-lieutenant Huc est envoyé en reconnaissance offensive dans le bois Dherly, situé au nord du bois de la Belle-Croix sur les bords de l’Aillette. Cernée par les Allemands, au débouché d’une corne du bois, sa petite troupe est écrasée sous le nombre. Blessé lui-même à l’aine par le feu d’une mitrailleuse, il a la présence d’esprit et la force d’envoyer un homme demander du renfort au poste de commandement, avant d’être tué, d’une balle dans la tête, par un Allemand à qui il a refusé de se rendre.

 

Pour en savoir plus sur les évènements qui se sont déroulés durant cette journée, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

 

Reconnaissances_du_25_octobre_1917

 

Le 9 novembre, le sous-lieutenant Auguste Fourneret, l’officier d’état civil du régiment, enregistre officiellement la mort du sous-lieutenant Huc après avoir reçu les témoignages des soldats Alfred Piteux et Octave Françon. Son acte de décès est transcrit à la mairie du Masnau le 20 février 1918.

 

Le sous-lieutenant Huc fut inhumé dans le petit cimetière militaire de Condé-sur-Aisne dans une sépulture qui porte le n° 310 par les brancardiers divisionnaires.

 

Le 31 octobre, le 2e bataillon, son commandant en tête, est allé se recueillir sur sa sépulture avant de descendre vers l’arrière.

 

Son corps fut restitué à la famille dans les années 1920.

 

Clément Louis Huc a obtenu les citations suivantes :

 

Citation à l’ordre de la 43e D.I. n° 176 en date du 21 novembre 1916 :

 

« Jeune aspirant du plus grand mérite, d’un dévouement à toute épreuve. A brillamment entraîné sa section à l’attaque, le 7 novembre 1916, en la portant à découvert, de la tranchée de soutien à la 1ère ligne allemande, malgré un violent tir de barrage d’artillerie et de mitrailleuses. »

 

Citation à l’ordre de l’armée en date du 11 décembre 1917 (J.O du 17 janvier 1918) :

 

« Officier énergique autant que brave, très aimé de ses inférieurs comme de ses supérieurs. Chargé avec sa section d’effectuer une reconnaissance en avant de nos lignes, le 25 octobre 1917, n’a pas hésité à attaquer un ennemi supérieur en nombre. Blessé dès le début de la prise de contact, a conservé le commandement de sa section et est tombé glorieusement au milieu de ses braves. »

 

Le sous-lieutenant Huc est fait Chevalier de la Légion d’honneur à titre posthume le 5 mars 1920, avec le même texte que ci-dessus.

 

Le nom de cet homme est inscrit sur les plaques commémoratives de la cathédrale Sainte-Cécile et de l’évêché d’Albi ainsi que sur les monuments aux morts de la ville d’Albi et de la commune de Masnau-Massuguiès.

 

Clement_Huc_monuments_aux_morts_et_plaques_commemoratives

 

Sources :

 

Dossier individuel consulté au Service Historique de la Défense de Vincennes.

 

Livre d’or du clergé et de congrégations (1914-1922). Éditions Paris bonne presse. 1925.

 

Revue « la semaine religieuse de l’archidiocèse d’Albi » du 24 novembre 1917 n° 47 de la 44e année lisible sur le site « Gallica ».

 

Les photographies représentant le sous-lieutenant Huc ont été réalisées en juillet 1917 dans le secteur de la ferme le Toty.

 

Les photographies des monuments aux morts de la ville d’Albi, de la commune du Masnau-Massuguiès et des plaques commémoratives de la cathédrale Sainte-Cécile et de l’évêché d’Albi proviennent toutes du site « MémorialGenWeb ».

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à M. Porcher, au Service Historique de la Défense de Vincennes et à la mairie du Masnau-Massuguiès.

149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
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