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149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
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26 juin 2020

Marius Joseph Voisin (1895-1915)

Marius Joseph Voisin

 

Marius Joseph Voisin naît le 23 juin 1895 au domicile de ses parents situé au numéro 7 de la rue du Lycée, dans le canton sud de la ville de Clermont-Ferrand.

 

Son père, Jean Pierre Victor, est un contremaître âgé de 25 ans. Il exerce ses fonctions professionnelles aux ateliers des chemins de fer de la compagnie P.L.M..

 

Sa mère, Anna Antoinette Gros, est une femme originaire de Thiers. Elle a 20 ans lorsqu’elle donne vie à son second fils.

 

La famille Voisin s'installe ensuite à Oullins dans le département du Rhône. Cette ville est bien connue du père. Il y est né et il y a vécu une bonne partie de sa jeunesse.

 

L’arrivée d’un nouvel enfant agrandit la famille en 1903. 

 

 

La fiche signalétique et des services de Marius Voisin indique un degré d’instruction de niveau 3. Il sait donc lire, écrire et compter. Contrairement à la plupart des adolescents de sa génération qui rejoignent rapidement le monde du travail après l’école obligatoire, Marius a la possibilité de faire une formation plus poussée.

 

Son niveau scolaire est suffisamment important pour qu’il puisse intégrer l’École des arts et métiers de Lille. Une fois sa formation terminée, Marius est engagé comme dessinateur industriel aux ateliers des wagons du réseau P.L.M. de Villeneuve-Triage.

 

Les Voisin sont venus s’établir à Villeneuve-Saint-Georges depuis peu. La date exacte de leur aménagement dans le département de la Seine-et-Oise n’est pas connue, mais cette famille a certainement subi les affres de la grande crue de la Seine qui a eu lieu à la fin du mois de janvier 1910. En 1911, les parents de Marius sont installés dans l’avenue Choisy avec leur plus jeune fils, Louis. Le père travaille comme sous-chef d’atelier pour le réseau P.L.M. de Villeneuve-Triage.

 

Villeneuve-Triage

 

Le 1er août 1914, la France ordonne la mobilisation générale. La guerre contre l’Allemagne est proche. Marius tout juste âgé de 19 ans, n'est pas concerné par les évènements. 

 

Les premiers mois des hostilités sont particulièrement funestes pour l’armée française. Il est demandé à la classe 1914 et à la classe 1915 de se présenter devant le conseil de révision bien avant l’heure de la conscription du temps de paix.

 

Inscrit sous le numéro 375 de la liste du canton de Boissy-Saint-Léger, Marius Voisin est déclaré « bon pour le service armé » par le médecin du conseil de révision.

 

Il sait qu’il va bientôt devoir délaisser sa planche à dessin pour accomplir ses obligations républicaines. Sa feuille de route lui ordonne de quitter Villeneuve-Triage pour aller faire ses classes au 170e R.I., une toute jeune unité créée en 1913.

 

Ce nouveau régiment rassemble les 4e bataillons des 21e, 44e, 60e et 149e R.I. déjà installés dans les plus vieux bâtiments militaires de la cité spinalienne. 

 

Le 20 décembre 1914, Marius arrive à la caserne Contades avec une centaine de recrues de la classe 15 et une poignée d’ajournés de la classe 13 et 14 ; ceux-ci proviennent du 5e corps de la Seine-et-Oise de la région de Versailles.

 

Contrairement à la classe 1914, la formation militaire que Marius reçoit est assez rapide. Elle est plus complète que celle qui a été donnée aux classes précédentes. Après 4 mois passés au dépôt, Marius Voisin est affecté au 149e R.I. le 1er mai 1915.

 

Il quitte la ville d’Épinal pour se rendre au cantonnement du 9e bataillon de ce régiment. Marius est affecté à la 36e compagnie. Cette compagnie est chargée de l’instruction au front des jeunes recrues. Elle fournit des renforts à chaque fois que c’est nécessaire. Le 9e bataillon peut aussi être utilisé pour effectuer des travaux en 2e et en 1ère ligne.

 

Le 23 juillet 1915, Marius Voisin est nommé caporal. La date de son affectation dans une unité combattante du 149e R.I. est inconnue. Si elle a existé, elle est probablement très proche de celle de son décès.

 

En effet, sa fiche individuelle sur le site de mémoire des hommes et la présence de son identité dans le contrôle nominatif du 3e trimestre 1915 du 149e R.I. (contrôle des malades et des blessés traités dans les formations sanitaires) indiquent une appartenance à  la 36e compagnie du 149e R.I..

 

Le nom du caporal Voisin est également inscrit dans les effectifs de la 6e compagnie du 149e R.I. dans l’état nominatif des militaires blessés au combat devant Souchez à la date du 12 septembre 1915. Le caporal Voisin accomplissait-il des travaux pour la 6e compagnie tout en étant resté rattaché à la 36e compagnie du 9e bataillon le jour de sa blessure ? C’est une possibilité.

 

La 6e compagnie est en 1ère ligne depuis le 8 septembre 1915. Elle est sous les ordres du lieutenant Damideau.

 

Quatre jours plus tard, les artilleurs allemands pilonnent le secteur. Marius est grièvement blessé par un éclat d’obus reçu à la tête. Il est rapidement évacué vers l’arrière. Les soignants ne peuvent rien faire pour lui. La plaie est bien trop grave pour qu’il puisse être sauvé. Le caporal Voisin décède le lendemain à l’hôpital auxiliaire n° 52 de Nœux-les Mines, à l'âge de 20 ans.

 

Pour en savoir plus sur les évènements qui se sont déroulés le 12 septembre 1915, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

 

A ceux du 149e R

 

Marius Voisin fut, dans un premier temps, enterré dans le carré militaire du cimetière de Nœux-les Mines. Actuellement, il n’y a plus de sépulture individuelle qui porte son nom dans ce lieu. Son corps a probablement été restitué à la famille dans les années 1920.

 

Le nom de ce caporal a été inscrit sur le monument aux morts de la commune de Villeneuve-Saint-Georges et sur la plaque commémorative de l’église Saint-Georges. Il est également gravé sur la plaque de l’École nationale supérieure des arts et métiers.

 

Monument aux morts de la commune de Villeneuve-Saint-Georges

 

Ses parents ont fait imprimer un mémento avec son portrait après sa mort.

 

Pour en savoir plus sur ce type de document, il suffit de cliquer sur l’image suivante :

 

Site Arnaud Carobbi

 

Joseph Marius Voisin ne s’est pas marié et n’a pas eu de descendance.

 

Sources :

 

Les archives du S.H.D. de Vincennes ont été consultées.

 

Fiche signalétique et des services de Marius Joseph Voisin visualisée sur le site des archives départementales des Yvelines.

 

Livre d’or des élèves et des anciens des écoles nationales d’arts et métiers morts pour la France 1914-1918. Imprimerie de Montligeon. La Chapelle-Monttligeon. Orne.

 

Contrôle nominatif du 3e trimestre 1915 du 149e R.I. des malades et des blessés traités dans les formations sanitaires détenu par les archives médicales hospitalières des Armées de Limoges.

 

Site « MémorialGenWeb ».

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, au S.H.D. de Vincennes, aux archives médicales hospitalières des Armées de Limoges et aux archives départementales des Yvelines.  

19 juin 2020

Marie Émile Adrien Marcel Roze (1890-1915)

Marcel Roze

 

Marie Émile Adrien Marcel Roze voit le jour le 30 décembre 1890 au domicile de ses parents. La famille habite la commune vosgienne de Bains-les-Bains, une petite ville thermale, nichée dans la vallée du Bagnerot, connue pour ses sources chaudes.

 

Sa mère, Irma Marie Grandgury est âgée de 27 ans. Elle n’exerce pas d'activité professionnelle. Marcel est son 2e enfant. Elle a déjà eu une fille mort-née en 1889. Son père, Auguste, travaille comme boulanger. Il est également âgé de 27 ans. 

 

Irma donne la vie à un second garçon en 1892. Ces parents le prénomment Marie René Maurice. 

 

 

Marcel et Maurice grandissent à Bains-les-Bains au rythme des leçons reçues à l’école communale du village. L’histoire ne nous dit pas s’ils furent de bons élèves.

 

Leurs fiches signalétiques et des services indiquent un degré d’instruction de niveau 3. Les hussards noirs de la république leur ont donné les bases de la lecture, de l'écriture et du calcul. 

 

Une nouvelle tranche de vie commence pour Marcel. Il doit maintenant choisir sa voie professionnelle.

 

Commune de Bains-les-Bains

 

Contrairement à son frère cadet, son nom ne figure pas dans le registre de recensement de l’année 1906 de Bains-les-Bains. À seize ans, il ne semble plus vivre chez ses parents. Sa fiche matricule indique simplement, qu'avant de partir au régiment, il a pratiqué le métier de voiturier. 

 

Comme pour la plupart des fiches signalétiques et des services du bureau de recrutement d’Épinal, il n’y a rien d’inscrit sur la sienne en dehors des informations concernant son état civil, son signalement et la décision prise par le conseil de révision. Cette fiche n’offre pas la possibilité de reconstruire un itinéraire militaire détaillé.

 

Elle nous informe juste qu’il a été déclaré « bon pour le service armé » dès son premier passage devant le conseil de révision ; ce dernier s’est réuni à la mairie de Bains-les-Bains en 1911.

 

Le régiment dans lequel Marcel Roze a effectué ses obligations républicaines reste donc inconnu.

 

Il a probablement été libéré en octobre 1913, puis affecté à un régiment proche de son domicile, comme tous les réservistes.

 

Il nous est impossible d’identifier la ville où il doit se rendre, le jour de la déclaration de guerre contre l’Allemagne, en août 1914.

 

Est-il allé directement à la caserne Courcy pour intégrer une des compagnies du 149e R.I. dès les premiers jours du conflit ? A-t-il été blessé en servant dans une autre unité avant d’être affecté dans ce régiment ? Aucuns documents ne permet de donner de réponses à ces deux questions.

 

Les informations en notre possession permettent uniquement de confirmer ceci : Marcel Roze servait comme caporal dans une des sections de mitrailleuses du 1er bataillon du régiment spinalien lorsqu’il trouve la mort dans la nuit du 6 au 7 septembre 1915.

 

Marcel a été tué par un obus français, tombé en plein sur la sape 9, au moment où il effectuait des travaux de nuit pour consolider sa position. Deux de ses hommes, les soldats Lucien Batailland et Jean-François Dupriez ont également été tués.

 

Pour en savoir plus sur la journée du 6 septembre 1915, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

 

Secteur approximatif occupe par le 1er bataillon du 149e R

 

Le second choc psychologique subi par la mère de Marcel, veuve depuis plusieurs années, qui a déjà perdu son fils cadet, décédé à Saint-Pol-en-Ternoise au début du mois de juillet 1915, fut certainement terrible lorsqu’elle apprend la mort de son aîné. 

 

L’analyse des documents officiels retrouvés ne permet pas d’aller plus loin dans l’écriture de cette biographie. L’histoire de cet homme, mort à l’âge de 24 ans, restera probablement encore longtemps pleine d’inconnues.

 

Heureusement, un mémento ayant survécu au  temps nous offre la possibilité de mettre un visage sur ce soldat de la Grande Guerre. Nous pouvons y voir un Marcel arborant une belle moustache patiemment entretenue au fer à friser, posant à côté de son frère cadet.

 

Monument aux morts de Bains-les-Bains

 

Il n’y a pas de sépulture connue pour le caporal Roze. Il repose peut-être dans un des ossuaires de la nécropole nationale de Notre-Dame-de-Lorette.

 

Marcel et Maurice ne se sont pas mariés. Irma n'a pas eu la joie de devenir grand-mère.

 

Sources :

 

La fiche signalétique et des services du caporal Roze a été consultée sur le site des archives départementales des Vosges.

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carrobi et aux archives départementales des Vosges. 

12 juin 2020

Carnet de guerre de Joseph Barth soldat au 149e R.I. (1ère partie)

Dans la foret de Montmorency

 

François Joseph Barth est âgé de 33 ans lorsqu’en août 1914 le 1er conflit mondial du XXe siècle débute. L’ordre de mobilisation générale n’est pas encore placardé lorsqu’il reçoit son ordre d’appel dans la nuit du 31 juillet 1914. Il doit se rendre à Épinal dès le lendemain. Joseph est déjà un « vieux réserviste » presque en âge d’être versé dans la territoriale. Il arrive au dépôt le 1er août pour être affecté au 349e R.I..

 

Il reste au dépôt de ce régiment jusqu’au 5 septembre 1914. Ce jour-là, 210 soldats du régiment de réserve spinalien et une centaine d’hommes du 149e R.I. se rassemblent dans la cour de la caserne Courcy. Ils se préparent à rejoindre le 149e R.I.. Joseph fait partie des effectifs. Sous les ordres du sous-lieutenant Charlois, le renfort de 310 hommes prend la direction de la gare d’Épinal.

 

Après sa blessure, Joseph Barth décide de retranscrire ses souvenirs de guerre dans un carnet qui fut uniquement destiné à sa famille. Afin que ce témoignage ne tombe pas dans l’oubli, pour qu’il puisse être lu par les jeunes générations, la famille des descendants de Joseph barth m’a donné son aval pour qu’il soit publié ici.

 

Typographe de métier, Joseph Barth rédige un récit de bonne facture, fort riche en détails, qui débute au moment où il quitte son domicile à Nancy.

 

Joseph dédie son écrit aux membres de sa famille et à ses amis. Il remercie tout particulièrement le docteur Courtiller et les infirmières qui l’ont soigné après sa blessure en mars 1915. Il ajoute en introduction : « Dans ce petit résumé je me bornerai simplement à relater ce que j'ai vu et vécu. Je ne ferai aucune critique ni ne diminuerai rien. En un mot la vérité ».

 

La transcription du texte est complète, les images et cartes ont été ajoutées pour illustrer et accompagner la lecture.

 

Laissons Joseph nous conter son vécu de guerre.

 

1ère partie du témoignage

 

Mobilisation

 

Le 31 juillet 1914, après avoir commenté, comme d'ailleurs depuis une dizaine de jours, les événements de la journée, avec un de mes amis intimes, actuellement prisonnier en Allemagne, nous nous quittons un peu inquiets sur la situation.

 

Je rassure encore ma petite famille et à 21 h 00, comme d'habitude, nous sommes dans les bras de Morphée.

 

À 22 h 30, alors que toute la maison sommeille, un formidable carillon met tout le monde debout.

 

C'est le facteur qui distribue les ordres d'appel.

 

Le 20e et le 21e Corps sont mobilisés dans la nuit du 31 juillet 1914.

 

Mon ordre d'appel porte que je dois « Me rendre immédiatement et sans délai au 149e régiment d'infanterie, caserne Courcy, Épinal (Vosges) ».

 

Le temps de me préparer, de manger sans doute une dernière fois à ma table familiale, de faire mon paquet, mes adieux, que je ne relaterai pas ici et en route pour la gare. En chemin, en parcourant les rues, je croise de nombreux régiments.

 

C'est la division de Toul qui se dirige vers Jarville, Laneuveville, Saint-Nicolas-de- Port.

 

J'arrive à la gare de Nancy.

 

Gare de Nancy

 

Il est 1 h 30. Je me renseigne immédiatement pour savoir l'heure à laquelle un convoi pourra me conduire à destination. Je dois attendre jusqu'à 3 h 30.

 

Accompagné de mon ami, qui, lui, se dirigera à 2 h 30 sur Toul, nous allons prendre, à la terrasse d'une brasserie, notre verre d'adieu. Les troupes passent toujours. La population nancéienne, patriote, acclame nos soldats.

 

Jusque-là, mon camarade et moi, nous gardons toujours bon espoir. Nous voyons les choses un peu moins graves qu'elles le sont en réalité, et c'est en pensant que cette mobilisation n'est qu'une démonstration, et en se donnant rendez-vous « à bientôt » que je conduis mon ami jusqu'à son train.

 

Me voilà seul avec mes pensées. Je sors de nouveau de la gare, sûr de rencontrer des connaissances qui prendront la même direction que moi. Au bout de quelques minutes, je suis attablé avec plusieurs amis, Vosgiens comme moi, qui se dirigent sur Épinal.

 

Parmi ces camarades se trouvent des artilleurs, des chasseurs à pied, des cavaliers.

 

Ils ont déjà le verbe haut, et le temps de consommer deux bocks de bière, ces vaillants, car ils sont tous courageux, ont déjà capturé cinquante généraux allemands, quelques millions d'hommes et dans quelques jours feront leur entrée à Berlin.

 

L'Autriche et l'Italie, pas la peine d'en parler, un soufflet et ces deux puissances sont à terre.

 

L'heure s'avance, le train doit bientôt partir, dit l'un d'eux. Nous liquidons et l'on s'en va, dit l'autre. Bref, nous vidons nos verres et nous nous acheminons toujours vers la gare, en discutant toujours sur les chances de succès.

 

En route

 

Nous montons dans le train qui doit nous conduire à destination. Il doit quitter Nancy à 3 h 30 ; une heure plus tard, le convoi est encore en gare.

 

6 h 45, enfin le train s'ébranle. À son départ ce sont des acclamations de la part de la foule massée sur le pont Saint-Jean et sur les quais mêmes de la gare.

 

Pendant tout le trajet, les conversations les plus diverses s'engagent. Toutes naturellement nous rendent victorieux ; l'Alsace-Lorraine, des milliards ; il y a, dans le compartiment que j'occupe, plusieurs Alsaciens-Lorrains qui ont accompli leur service militaire dans la Légion étrangère. Ils se voient déjà au pays de leur enfance.

 

Nous ne sommes guère qu'à mi-chemin que les victuailles sont à peu de choses près épuisées.C'est ce qui donne du nerf pour la guerre. À toutes les stations, ce sont des cris de « Vive la France » « À bas Guillaume » et les cris les plus divers.

 

Il n'y a pas place pour tout ce monde qui encombre toutes les gares intermédiaires et le convoi brûle bien des stations.

 

L'arrivée

 

Il est plus de 8 h 00 quand le train entre en gare d'Épinal.

 

Nous avons donc mis plus de trois heures pour parcourir environ quatre-vingts kilomètres.

 

Quelle cohue et quelle animation dans cette gare de place forte.

 

Avec bien du mal et en jouant des coudes, nous parvenons à la sortie.

 

Avant de nous rendre dans nos quartiers respectifs, nous allons, mes camarades et moi, nous restaurer et profiter en même temps d'envoyer une petite missive à nos familles pour leur faire part de notre bon voyage et de notre bonne arrivée.

 

Caserne Courcy

 

À 10 h 00, j'arrive à la caserne Courcy. Vous décrire l'animation qui y règne serait superflu.

 

Je me rends à la table qui porte le n°29. Des tables sont alignées dans la cour, chacune porte un numéro correspondant à sa compagnie. Je me fais inscrire et le sous-officier me prie d'attendre jusque l'après-midi.

 

Je suis affecté au 349e R.I., à la 29e compagnie de dépôt.

 

Au dépôt

 

Pendant les premiers jours de notre arrivée, nous sommes complètement libres. On ne s'occupe pas de nous. Toute l'activité se porte sur les réserves du 149e qui doivent rejoindre immédiatement le régiment actif.

 

Nous logeons dans les écoles de Chantraine, chez l'habitant, un peu partout ; les ressources de la caserne ne permettant pas de nous recevoir. Il y a tant de monde.

 

Le 2 août, les bataillons sont formés et sont dirigés sur Saint-Michel-sur-Meurthe où ils vont rejoindre le régiment.

 

Enfin, c'est à notre tour. On nous habille, on nous équipe et on nous arme.

 

Notre principal rôle est d'assurer le service de la place et d'organiser la défense d'Épinal.

 

Tous les soirs au rapport les tours de service sont nommés. Les équipes de même.

 

Tant d'hommes pour la garde. Idem pour le parc à fourrage ; pour la construction des tranchées à Golbey, à Dognéville, à Longchamp, à Bois-l'Abbé.

 

Les compagnies de dépôt sont fortes de quatre cents hommes ; quand tout le service est nommé, il ne reste pas un homme disponible.

 

Huit compagnies forment le dépôt du 349e R.I.. Les 25e, 26e, 27e et la 28e sont dirigées sur Langres. Les 29e, 30e, 31e et 32e compagnies restent à Épinal.

 

Le 12 août, un premier contingent de volontaires est formé pour aller renforcer le 149e R.I..

 

Le 20 août, un deuxième contingent est désigné, parmi les célibataires et les classes les plus jeunes pour aller renforcer le 349e R.I..

 

Le 3 septembre un troisième contingent est formé pour renforcer le 349e R.I..

 

Le 6 septembre, la presque totalité du dépôt quitte Épinal à 7 h 00 pour rejoindre le 149e régiment actif.

 

Le départ

 

Le samedi 5 septembre, à 16 h 00, appel des hommes désignés pour former le contingent.

 

Les préparatifs de départ se font aussitôt.

 

Le rassemblement aura lieu le dimanche matin à 5 h 00. Nous avons même besoin d'une partie de la nuit pour faire nos préparatifs.

 

À  5 h 00, tout le monde est prêt. Appel sur les rangs. À cette époque la  29e compagnie occupe, comme casernement, l'école de la rue de Chantraine.

 

Epinal rue de Chantraine

 

De là nous rejoignons les autres compagnies qui sont rassemblées dans la cour du quartier Courcy.

 

À 6 h 00, clairons et tambours en tête, le bataillon se dirige vers la gare, acclamé par la population spinalienne. Personnellement, un ami m'accompagne sur le quai de départ.

 

À 7 h 00, le convoi s'ébranle, mais nous ignorons absolument la direction que nous allons prendre.

 

L'arrivée

 

Au bout de quelques instants, nous nous apercevons que nous empruntons la ligne de Neufchâteau.

 

De la caserne Courcy à la gare de Joinville

 

Toute la journée nous voyageons.

 

À 19 h 00, nous arrivons à Joinville. On gare le train sur le quai de débarquement, et en route.

 

Nous marchons une heure et traversons Joinville. La foule nous suit et nous acclame. Nous croyons passer la nuit dans cette ville, mais arrivés devant la gare, nous faisons une halte. Il est 8 h 30 et à 23 h 00,  nous sommes toujours là à attendre.

 

À 23 h 30, nous apprenons que nous allons embarquer de nouveau.

 

De la gare de Joinville à la gare de Wassy

 

À 1 h 00, nous arrivons à Wassy. Nous faisons plusieurs fois le tour de la localité sans trop savoir où l'on veut nous diriger.

 

Finalement, un officier vient à la rencontre du détachement et nous prenons la route qui nous conduit à Attancourt.

 

De Wassy à Montier-en-Der

 

Cette marche de nuit fut particulièrement pénible, après une grande journée de chaleur passée dans des wagons aménagés.

 

À Attancourt, nous nous arrêtons dans un terrain vague. Les hommes vont chercher de la paille dans les fermes voisines et nous passons là le reste de la nuit et une partie de la matinée.

 

À 10 h 00, départ.

 

Nous faisons seize kilomètres sous un soleil de plomb.

 

À 14 h 00,  nous arrivons à Montier-en-Der. Sac à terre et répartition du contingent dans les compagnies. Ce travail demande une heure.

 

À 15 h 00,  on nous conduit dans nos compagnies respectives où on nous ravitaille.

 

Là je n'ai pas de peine à retrouver, avec joie, plusieurs amis qui se battent depuis un mois.

 

À 16 h 00, rassemblement pour une petite causerie faite par le capitaine.

 

À 17 h 00, revue et ensuite repas du soir.

 

Fatigués, courbaturés, mes camarades et moi nous nous couchons dans une petite remise, cherchant un repos réparateur.

 

Ce repos n'est pas de grande durée car à 20 h 00, il y a alerte. Rassemblement du régiment et départ.

 

Nous ne sommes même pas un peu, un tout petit peu délassés que nous remettons « sac à dos ».

 

Les marches

 

C'est à une allure plutôt vive que le régiment se met en route.

 

Il fait nuit noire. Savoir où nous allons, connaître la route que nous suivons est chose impossible. Pas le plus petit renseignement de la part des gradés. Ils sont impénétrables. Tout ce que l'on peut déduire, c'est que le temps presse.

 

Les pauses se font rares, mais les hommes marchent quand même.

 

Les villages se succèdent et ce n'est toujours pas le cantonnement.

 

3e compagnie du 149e R

 

Il est 2 h 30, nous traversons Montmorency. Les hommes sont exténués, le régiment ne forme plus qu'un chapelet ; on les remonte, car on arrête à l'extrémité de la localité.

 

Adieu les cantonnements au village. Nous faisons demeure de la forêt de Montmorency, mais fatigués comme nous le sommes, nous ne tardons pas à nous endormir sous les branches des grands arbres.

 

À 6 h 00, réveil, les cuisiniers préparent le traditionnel café. Les hommes font griller leur pain sur la braise pour faire la trempette.

 

Il est 8 h 00, le capitaine rassemble la compagnie, fait part aux hommes que la journée sera rude, qu'il faudra avoir des jambes, car nous allons marcher sur les talons des Allemands qui commencent à battre en retraite.

 

Ils sont signalés aux abords du camp de Mailly.

 

Le camp de Mailly

 

Celui qui en a fait la traversée en gardera toujours le souvenir. Il fait une chaleur étouffante.

 

Nous nous engageons dans le camp. Continuellement nous marchons sous-bois. L'air est rare, car les bois ou plutôt les taillis sont formés de petits pins, pas, ou presque pas espacés.

 

Les bidons à peine à demi remplis sont bientôt vides, et la première journée nous commençons déjà à connaître les souffrances de la soif.

 

Comme nourriture nous avons nos vivres de réserve ; il y a même des distributions le soir.

 

De 6 h 00 à 10 h 00,  nous avons repos, et c'est à cette heure que le régiment se remet en marche. L'état-major est obligé d'avoir recours à l'antique lanterne pour pouvoir se servir de ses cartes.

 

Nous marchons une bonne partie de la nuit ; empruntant les chemins ; tantôt la marche est lente, tantôt accélérée, tantôt arrêtée complètement.

 

Vers l'aube arrêt complet. Le repos se prolonge jusqu'à 10 h 00.

 

Nous voyons des régiments de cavalerie et d'artillerie qui nous devancent.

 

La chaleur est toujours aussi accablante. Nous partons. Les bidons sont vides, mais le régiment avance.

 

Vers 16 h 00 enfin on aperçoit la ferme du camp, qui se trouve à environ moitié chemin. C'est une exclamation, car nous savons que cette ferme possède un puits.

 

Pour en savoir plus sur les évènements qui se sont déroulés au cours de cette période, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

 

 

On est obligé d'établir un service en règle pour aborder le puits.

 

Chaque escouade recevra un seau d'eau, ce qui représente un quart et demi par homme. Il en faudrait trois fois plus pour étancher sa soif.

 

Nous voilà à peu près tous servis ; je dis à peu près, car il y en a qui ne reçoivent rien, et l'on se remet en route.

 

La deuxième soirée ressemble un peu à la première comme marche, sauf cette exception, que nous voyons les obus éclater à cinq cent mètres à notre droite.

 

La troisième journée est employée à une marche vive, forcée même. Nous marchons, marchons toujours.

 

Dans la matinée nous quittons le camp de Mailly à la satisfaction de tous, heureux, enfin, d'apercevoir des maisons d'habitation et des champs cultivés. Cela donne des jambes, plus que plusieurs heures de repos.

 

Mais la route est longue et sera longue encore. Tout le jour est employé à la marche, les heures de nuit seulement pour nous reposer. Et comme cela pendant plusieurs jours. Pendant ce temps, nos avant-gardes d'armée livrent combat aux arrière-gardes ennemies.

 

Nous traversons en biais un angle du camp de Châlons.

 

À ce moment la pluie commence à tomber, abondamment même.

 

Nous en profitons pour nous laver un peu le nez, car voilà plusieurs jours que nous n'avons pu le faire.

 

Nous recommençons à voir que les Allemands sont en retraite. Des cadavres gisent dans les champs, des sacs sont abandonnés, des roues de chariots, de canons, de voitures de toutes sortes emplissent les fossés.

 

C'est bien la retraite de la Marne !

 

Le baptême du feu

 

C'est au camp de Mailly que nous avons reçu le baptême du feu.

 

Le troisième jour de nos marches dans ce camp, vers 16 h 00, les patrouilles signalent la présence de l'ennemi aux abords de la ligne du chemin de fer, bordant le camp.

 

Les compagnies avancent toujours en ligne de section par quatre à intervalles de cinquante mètres. Nous avons une pente à descendre et un terrain découvert à traverser.

 

Arrivée au bas de la pente, la section est repérée admirablement bien par l'artillerie allemande, car à ce moment nous recevons une rafale d'obus de 77 qui nous met hors de combat la moitié des hommes de la section.

 

Nous sommes baptisés.

 

Il nous faut à présent traverser le terrain découvert. C'est sous un feu violent de l'artillerie que nos arrivons de l'autre côté.

 

Arrivées là, les compagnies prennent la formation de combat.

 

La troisième compagnie prend la tête. De l'autre versant nous voyons très bien arriver l'ennemi en colonnes par quatre comme à la parade.

 

Les mitrailleuses sèment la mort dans les rangs ; l'artillerie ne donne presque pas. L'ennemi est en si grand nombre que nous sommes obligés un moment de reculer. Les Allemands nous croient sans doute plus forts que nous ne le sommes en réalité, car à leur tour ils se replient.

 

La nuit vient. Le feu cesse.

 

Naturellement, c'est à la troisième compagnie de prendre les avant-postes.

 

Ma section à l'honneur de prendre le petit poste.

 

C'est à voix basse que nous recevons les instructions et que les postes et sentinelles sont placés.

 

Avec deux camarades nous sommes en sentinelles avancées, cachés sous un arbre.

 

Nous sommes bien près de l'ennemi ; la sentinelle allemande se trouve près de la ligne du chemin de fer et nous de l'autre côté.

 

Il y a juste la largeur de la ligne pour nous séparer.

 

L'attaque de nuit

 

Il y a environ trois heures que nous occupons nos postes quand le sergent qui commande nous fait rejoindre la section.

 

Il y a attaque de nuit.

 

Les compagnies se portent en bordure du bois qui se trouve à droite de la ligne de chemin de fer.

 

Les lignes de tirailleurs se forment par sections et « en avant ».

 

On avance en ligne, baïonnette au canon et en tirant le plus possible.

 

On entend les sentinelles allemandes qui poussent le « verda », mais rien ne nous arrête. Nous culbutons les sentinelles, les petits postes, les postes allemands, enfin tout ce qui se trouve sur notre passage. Les Allemands qui ne veulent pas être pris s'enfuient en donnant l'alarme.

 

À minuit nous sommes maîtres de la ligne du chemin de fer, du passage à niveau et du puits contigu.

 

Nous passons le reste de la nuit à proximité de la ligne et au jour nous prenons position tout le long du talus.

 

Il est 11 h 00, nous sommes toujours aux mêmes emplacements. Pendant ce temps des patrouilles de cavalerie, d'infanterie n'ont cessé de fouiller et de reconnaître le terrain en avant.

 

Au loin on aperçoit l'ennemi qui quitte ses positions. C'est alors que nous nous mettons à sa poursuite, traversant derrière eux les villages qu'ils viennent de quitter et qu'ils ont mis en flammes, les ponts qu'ils ont minés et qu'ils n'ont pu faire sauter faute de temps. À notre passage le génie retire les explosifs.

 

Nous poursuivons toujours l'ennemi jusqu'à Suippes où il y a un temps d'arrêt.

 

Suippes est en feu. Dans la rue principale habite un marchand de vins en gros, les allemands dans leur retraite ont percé la plupart des foudres et le vin coule à flots dans la rue. Des troupes, principalement des chasseurs à pied, occupent l'endroit que nous ne faisons que traverser. À notre passage, nos frères d'armes se tiennent, de chaque côté de la rue avec des seaux remplis de vin. C'est à nous de puiser et d'étancher notre soif. »

 

Fin de la première partie

 

Pour lire la biographie de François Joseph Barth, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

Suippes

 

Sources :

 

Carnet inédit rédigé par François Joseph Barth.

 

Carte du réseau des chemins de fer de l'est - 1891. Auteur : compagnie des chemins de fer de l'est.

 

Le dessin a été réalisé par I. Holgado.

 

Les cartes qui accompagnent ce témoignage n’ont qu’une valeur indicative. D’autres itinéraires ont pu être suivis. L’absence de J.M.O. ne permet pas d’être plus précis concernant le parcours effectué par Joseph Barth.

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carrobi, à I. Holgado, à J.P. Juliac et à sa famille.

5 juin 2020

Lucien Joseph Ferry (1889-1915)

Lucien Joseph Ferry

 

Lucien Joseph Ferry est né le 12 juillet 1889 à Clefcy, dans le département des Vosges. Ses parents, Henry et Marie Agathe Amélie Georges se sont mariés en 1870. Sa mère vient de donner naissance à son 9e enfant.

 

Son père, âgé de 48 ans, exerce le métier de sabotier, une profession qui doit être bien utile pour chausser une famille nombreuse à moindres frais. Avec son épouse, il travaille également comme cultivateur.

 

Lucien quitte l’école communale avec un degré d’instruction de niveau 3. Il sait  lire, écrire et compter lorsqu’il intègre le monde du travail. En 1906, il est fileur dans une usine de textile locale.

 

Comme pour la quasi-totalité des registres matricules du bureau de recrutement d’Épinal, la fiche de Lucien est presque blanche. Elle ne fournit que les informations concernant son état civil, son signalement et la décision prise par le conseil de révision.

 

Avec une fiche signalétique et des services aussi lacunaire, il est donc impossible de reconstruire le parcours militaire de cet homme dans son ensemble.

 

Cette fiche nous informe tout de même qu’il a été ajourné pour faiblesse en 1910. À partir de là, deux questions se posent.

 

Lucien a-t-il été à nouveau ajourné pour être la troisième année "exempté" ou a-t-il fait un service actif ? Cela donne deux possibilités de parcours, même si l’un des deux est plus probable.

 

1) Mobilisé dès août 1914, il a été évacué pour une raison et à une date qui sont inconnues puis renvoyé au front en avril 1915 après un passage au dépôt du 170e R.I..

 

2) Exempté avant-guerre, il passe devant le conseil de révision en même temps que la classe 1915, comme tous les exemptés et réformés des classes 1887 à 1913.

 

Classé "Bon service armé", il rejoint le dépôt du 170e R.I. à la mi-décembre 1915, toujours en même temps que la classe 1915 dont il suit le sort.

 

Son instruction achevée, il gagne la zone des armées fin 1915, comme la majorité de sa classe. Il fut probablement envoyé directement en renfort. L'autre hypothèse aurait été un passage au 9e bataillon ; cependant ces unités d'instruction dans la zone des armées ne furent créées que le 29 avril 1915, jour de son départ.

 

L'indice clef est la photo-carte représentant Lucien Ferry conservée par la famille. Elle permet l'identification du régiment dans lequel ce jeune vosgien se trouve au début 1915. Il est au dépôt du 170e R.I. comme le montre son uniforme.

 

Portrait Lucien Ferry

 

Le petit texte, rédigé au dos de cette carte-photo adressée à l’une de ses sœurs, nous apprend qu’il est parti avec un renfort envoyé au 149e R.I. le soir du 30 avril 1915.

 

« Épinal, 30 avril,

 

Chère sœur,

 

Nous embarquons ce soir à 6 h 00. Nous allons rejoindre le 149e R.I.dans le nord, je t’enverrai des nouvelles dans deux ou trois jours.

 

Ton frère Lucien »

 

Lucien Ferry intègre les effectifs de la 2e compagnie lorsqu’il rejoint cette unité qui combat en Artois depuis la fin décembre 1914.

 

Début septembre 1915, la 2e compagnie est sous les ordres du capitaine Toussaint.

 

Le 25 septembre 1915, le 149e R.I. est engagé dans une attaque de grande ampleur. Cette fois-ci, il est le régiment de réserve de la division. Toute la 43e D.I. est impliquée. Objectif : prise du bois en Hache.

 

Le lendemain, deux bataillons du régiment spinalien passent à l’offensive. Le 1er bataillon reste en réserve.

 

Le 27 septembre 1915, la 2e compagnie est intégrée au 3e bataillon du régiment. Elle subit un violent bombardement. Lucien est très grièvement blessé au cours de celui-ci. Il est évacué à Nœud-les-Mines où il décède le lendemain.

 

Pour en savoir plus sur les événements qui se sont déroulés durant cette journée, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante. 

 

 

Une fiche, au nom de Lucien Ferry, qui se trouve sur le site du Comité International de la Croix Rouge, montre qu’une recherche a été entreprise par la famille auprès des instances compétentes.

 

 

Après vérification, il s’avère que Lucien n’a pas été interné dans un camp de prisonniers allemands. Une réponse ôtant les derniers espoirs est envoyée à la famille le 6 novembre 1915.

 

Six jours plus tard, l’acte de décès officiel du soldat Ferry est transcrit à la mairie de Clefcy.

 

La Médaille militaire lui est attribuée à titre posthume (publication dans le J.O. du 9 septembre 1920).

 

« Soldat courageux et brave. Blessé mortellement le 18 septembre 1915, devant Angres au cours d’un violent bombardement. »

 

Cette distinction lui permet d’obtenir également la croix de guerre avec étoile de bronze.

 

La date indiquée dans le journal officiel est erronée. Lucien est entré à l’ambulance 10/21 installée à Nœud-les-Mines le 27 septembre 1915, la veille de sa mort.

 

Il a été impossible de produire un extrait de son acte de décès pour tenter d’en apprendre un peu plus sur les circonstances de sa mort. En effet, les archives de l’ancienne commune de Clefcy ont été détruites en 1944 par fait de guerre.

 

Une fiche matricule vierge et la destruction des registres d’état civil de sa ville natale laissent donc d’importantes zones d’ombre sur la vie de cet homme.

 

Lucien Ferry repose actuellement dans le carré militaire du cimetière communal de Nœux-les-Mines, dans le Pas-de-Calais. Sa sépulture porte le numéro 53.

 

 

La généalogie de la famille Ferry peut se consulter sur le site « Généanet ». Pour y avoir accès, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

 

Le nom du soldat Ferry est gravé sur le monument aux morts de la commune de Ban-sur-Meurthe-Clefcy et sur la plaque commémorative placée à l’intérieur de l’église Sainte-Agathe.

 

Monument aux morts de la commune de Clefcy

 

La destruction des registres d’état civil de la commune de Clefcy durant le 2e conflit mondial du 20e siècle ne permet pas de savoir si Lucien a été marié et s’il a laissé une descendance.

 

Sources :

 

Fiche signalétique et des services du soldat Ferry lue sur le site des archives départementales des Vosges.

 

Contrôle nominatif du 3e trimestre 1915 du 149e R.I. des malades et des blessés traités dans les formations sanitaires détenu par les archives médicales hospitalières des armées de Limoges.

 

La photographie qui représente Lucien Ferry provient du site « Généanet ».

 

Le cliché de sa sépulture a été réalisé par J.M. Laurent.

 

Un grand merci à M. Bordes, à C. Ruppel-Leonet, à A. Carobbi, à J.M. Laurent, à G. Leonet, aux archives départementales des Vosges, aux archives médicales hospitalières des Armées de Limoges et à la mairie de la commune de Ban-sur-Meurthe-Clefcy.

149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
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