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149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
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7 août 2009

En direction de Souain (septembre 1914).

                   Section_du_149e_R

Après les durs combats d’août, le régiment est envoyé en Champagne dans le secteur de Souain où il est très rapidement engagé. À la suite de cette période, il obtient une citation à l’ordre de l’armée. Le régiment peut accrocher sa première croix de guerre avec palme sur son drapeau (il semblerait que ce soit la toute première citation de ce type qui ait été donnée à un régiment pour le récompenser de ses efforts).

Le travail qui suit est une reprise du J.M.O. de la 85e brigade «revisitée» dans son écriture. Afin d’en rendre la lecture un peu plus digeste, il est étayé par de larges extraits du livre d’Henri René « Jours de gloire, jours de misère ». À partir de plusieurs recoupements, j’ai pu identifier la plupart des officiers qui sont nommés par l’auteur de manière anonyme dans son ouvrage.

6 septembre 1914

La veille, les hommes du 149e R.I. ont  embarqué sur les quais de la gare de Darnieulles pour suivre l'itinéraire suivant : Mirecourt, Pont-Saint-Vincent, Toul, Sorcy, Gondrecourt, Joinville, Chevillon. La 85e  brigade arrive à 1 h 30, l’E.M. à 3 h 00. Ce dernier reçoit l’ordre de cantonner à Magneux. Dans la matinée, la liaison est faite entre le 3e bataillon et l’E.M. du 149e  R.I. qui est débarqué à Wassy et cantonné à Le-Pont-Varin. Le 1er bataillon est débarqué et installé à Montier-en-Der  avec le Q.G. de la 43e division.

 À 12 h 15 un ordre de la division  est donné à  l’E.M. de la brigade qui doit se porter  à Montier-en-Der.  Il arrive à 17 h 30. La  liaison avec les 2 bataillons du 149e R.I. qui se trouvent à Attancourt  (un bataillon est  à Pont-Varin et l’autre à Magneux) pour couvrir l’A.C. est faite. Le bataillon de Montier-en-Der est  en couverture de Q.G. de la 43e division.   

                  Journ_e_du_6_septembre_1914

                                       Legende_carte_6_septembre_1914

7 septembre 1914

 Le 21e C.A. est rattaché à la IVe Armée. Il doit gagner rapidement la région de Chavanges, Margerie-Hancourt avec l’artillerie pour participer à l’offensive de la gauche de la IVe Armée.

La 43e division est maintenue dans ses cantonnements et la 13e division fait mouvement. Il est prévu une entrée en action pour le 8 septembre, dans la région de Montmorency-Beaufort, Lentilles. Les unités se rapprochent de Montier-en-Der.

La 85e brigade doit se porter avec l’A.D. et le G.D. à Puellemontier, Lentilles et Villeret. Les unités se rassemblent à Maison-Blanche (800 m de Montmorency-Beaufort) et le départ est prévu à 0 h 45.  

                  Journ_es_du_7_au_8_septembre_1914

                                       Legende_carte_journ_es_du_7_au_8_septembre_1914

8 septembre 1914                                       

Le départ est avancé de 3 heures, l’horaire d’arrivée est fixé à 1 h 30. L’effectif est fortement diminué. La brigade se retrouve constituée de 4 bataillons. Les hommes qui ne peuvent pas suivre sont retirés. Un reliquat reste à Montmorency-Beaufort.

Départ de L’A.D., du G.D., et de l’escadron de cavalerie,  qui sont sous les ordres du colonel commandant la brigade, vers Dampierre. Ils passent par Pars-les-Chavanges et Saint-Léger-sous-Margerie. La 85e brigade est suivie par la 86e. La division est en réserve d’armée. Cantonnement en bivouac à l’est de Dampierre. Le 149e R.I. est sur la rive gauche du ruisseau.

                  Journ_es_des_8_et_9_septembre_1914

                                       Legende_carte_journ_es_du_8_au_9_septembre_1914
 
9 septembre 1914
La brigade qui ne comprend que le 158e R.I. et un bataillon du 149e R.I. doit se rassembler à 2 h 00. La compagnie de génie et l’A.D. sont autour de la ferme d’Argentol à 4 h 20. Les sacs des hommes sont mis dans des voitures réquisitionnées. La brigade doit se porter par la cote 148 et 149 sur le signal d’Orgeval par la ferme du même nom. Arrivée vers 10 h 00.

La brigade des chasseurs, la 85e brigade et l’A.D., prennent la direction Maisons-en- champagne par les fermes de la folie, signal de Sompuis (cote 200) à 10 h 30.

La 85e brigade  arrive à la cote 202 à 16 h 20. Une colonne ennemie débouche de Mailly, elle se dirige vers le nord-est. Un bataillon du 158e R.I. est envoyé à la cote 173, à l'ouest de la Folie, en prévision d’une attaque de flanc. Le bataillon du 149e R.I. reste en réserve à la cote 163.  Un bombardement  se déclenche sur un bataillon du 158e R.I. et sur l’E.M. de la brigade qui se trouvent sur le plateau. L’avance du bataillon du 158e R.I. continue, ce dernier parvient à atteindre la ferme de la Folie.

Extraits du livre « jours de gloire, jours de misère » d'Henri René.

« Au camp de Mailly, la résurrection de nos unités s’est accomplie pour la 3e fois : un inspecteur peut circuler dans nos rangs, il les trouvera solides… À peine débarqués en Champagne, nous nous sentons une énergie nouvelle. Notre sang se refait par une cure de grand air, pendant les nuits des 7, 8 et 9 septembre que nous passons en bivouac, dans les maquis du « Signal d’Orgeval », sans être inquiétés par le bombardement ni troublés par aucun ordre d’alerte… »

10 septembre 1914
Au petit jour, la brigade se remet en marche. Le 158e R.I. et l’A.G. passe par Montagny (cote 191). L’Ormet est évacué par l’ennemi, et le signal de Sompuis est atteint. L’ennemi occupe les passages à niveau de la voie ferrée. Des Allemands sont aperçus sur la grande route Sommesous-Vitry-le-François.

                 Journ_es_des_9_et_10_septembre_1914

L’artillerie qui allonge son tir atteint un bataillon du 149e R.I. qui se portait en réserve. Le capitaine Lescure qui commande le 1er bataillon est mortellement blessé. Le bombardement sur le secteur dure jusqu’à la nuit tombante. L’artillerie française n’entame le feu qu’une ½ h après l’artillerie allemande. Le bataillon du 149e R.I. est envoyé sur le passage à niveau à 800 m à l'ouest, pour tenter de le prendre et de déboucher du bois. La canonnade est violente.

17 h 30 : Le 158e R.I. tente en vain une nouvelle action sur le passage cote 200. Dans la nuit, un ordre d’attaque générale est donné. Il faut attaquer simultanément sur les deux passages à niveau. Le rassemblement est à peine effectué qu’une vive fusillade arrête les colonnes. Au lever du jour, il faut attendre puis organiser la lisière du bois. 

Extraits du livre « jours de gloire, jours de misère » d'Henri René.

« Le 10, au milieu de la nuit, sans que nous ayons perçu autour de nous aucun fait nouveau, nous marchons plus au nord de quelques kilomètres, pour nous arrêter à la ferme de Mont-Marains. Il fait froid, il est trop tard pour s’endormir, nous allumons de grands feux…

Au jour, toujours en réserve, nous poursuivons notre marche en avant dans la direction du Signal de Sompuis. Sur notre droite, il y a un bombardement violent. Devant nous, calme relatif.

Nous traversons des bataillons de chasseurs qui viennent d’avoir un engagement très vif, qui ramassent leurs blessés et se reconstituent : ils nous disent qu’ils ont perdu le contact. En passant la crête, nous nous déployons, en formation d’attaque, direction Soudé-Notre-Dame. L’artillerie qui a mission de nous appuyer va ouvrir le feu… lorsqu’une estafette au galop arrive en s’écriant « arrêtez, nous occupons le village avec une division de cavalerie, les Allemands détalent ».

Il était temps. Nous gagnons Soudé et, après une grand’ halte, nous repartons dans la direction du nord, pour atteindre la Marne à plus de 20 kilomètres. Évidemment, il a dû se passer quelque chose de sensationnel… Le troupier cependant ne voit qu’un fait, c’est la lourde nécessité de porter son sac encore plus loin…

Il pleut, les chemins crayeux sont glissants et l’on n’avance pas aussi vite que la situation le voudrait sans doute.  

À vingt heures, nous dépassons la cavalerie exténuée et contrainte au repos. Je suis à l’extrême pointe d’avant-garde, chargé de la direction sur un itinéraire ne suivant que des chemins d’exploitation rurale, affolé à la pensée qu’une colonne d’artillerie me suit et que je vais être responsable de son embourbement.»   

Sources :

J.M.O. de la 85e brigade : série 26 N 520/9 et 26 N 520/10.

« Jours de gloire, jours de misère », livre de Henri René. Éditions Perrin. 1917. 

La photographie de groupe du 149e R.I. est antérieure à août 1914.

Remerciements :

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à R. Neff, à M. Porcher et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

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