Enfance et adolescence
Originaire de la ville de Briançon, Alexandre Henry Fournier voit le jour dans le domicile de ses parents le 19 septembre 1879.
À sa naissance, son père, Henry, est un homme âgé de 39 ans qui exerce la profession de médecin major à l’hôpital militaire de la petite ville des Hautes-Alpes. Sa mère, Julie Louise Teyssier est une jeune femme âgée de 24 ans.
Fils de militaire, il est amené à changer plusieurs fois de ville au cours de son enfance et de son adolescence. Durant cette période il vit à Briançon, à Lyon, et à Angoulême. Le jeune Fournier termine ses études en obtenant son baccalauréat ès lettres et ès mathématiques. Il parle couramment l’allemand et a une bonne connaissance de la langue de Shakespeare.
Les études militaires
Le 19 octobre 1899, Alexandre Fournier signe un engagement volontaire de trois ans à la mairie de Tours. Le 25 octobre 1899, il intègre la promotion « In Salah » de l’école spéciale militaire.
Nommé caporal le 1er novembre 1900, le futur officier sort de l’école le 24 août 1901 avec le numéro 75 sur 546 élèves classés.
Alexandre Fournier est promu sous-lieutenant au 131e R.I. par décret du 24 septembre 1901 ; il doit se rendre dans la préfecture du Loiret pour intégrer son régiment d’affectation. Deux ans plus tard, jour pour jour, le jeune Saint-Cyrien est nommé au grade supérieur.
Il est détaché du régiment orléanais pour aller effectuer un premier stage au 32e R.A.C. du 8 avril au 7 juillet 1907, et un second stage au 20e chasseurs à cheval du 8 juillet au 8 octobre 1907, avant d’entrer à l’école de guerre.
Reçu 12e, le lieutenant Fournier est classé 3e à la fin de la première année de cours. Il termine à la 4e place de sa promotion lorsque sa formation théorique s’achève.
Suite à une décision du 13 octobre 1909, il est envoyé comme stagiaire à l’état-major du 9e C.A.. Il est considéré par ses supérieurs comme étant un officier de tout premier ordre, dans les exercices sur la carte et dans les voyages d’état-major. Ses connaissances militaires sont étendues. Malgré son jeune âge, il faut preuve d’une grande maturité d’esprit.
Il suit l’enseignement complémentaire de hautes études militaires organisé à titre d’expérience en 1909-1910.
Le 26 juin 1911, c’est la nomination au grade de capitaine.
Carrière d’officier supérieur
Rayé des contrôles du 9e C.A. en octobre 1911, le capitaine Fournier est dans un premier temps, muté au 142e R.I. pour effectuer son temps de troupe. Mais il n’ira jamais dans cette unité puisqu’il est affecté, avant d’avoir rejoint, au 4e B.C.P., suite à une décision datant du 10 octobre 1911.
Ce bataillon de chasseurs est en garnison dans la commune de Saint-Nicolas-du-Port située dans le département de la Meurthe-et-Moselle.
Le 12 février 1912, Alexandre Fournier épouse une Parisienne Anne Marie Gabrielle Jeanne Foch dans la ville de Chaumont. Il devient ainsi le gendre du maréchal Foch. De cette union naîtront quatre enfants, Henry, Geneviève, Ferdinand et Jeanne.
Le capitaine Fournier assume ses fonctions d’officier au 4e B.C.P. jusqu’au 4 novembre 1913, date à laquelle il doit rejoindre le 4e bureau de l’état-major d’armée, pour y occuper un poste jusqu’au 31 juillet 1914. La guerre le retrouve à la commission régulatrice de concentration de la gare de Laon.
Le 20 octobre 1914, il est affecté comme adjoint au commandant en chef, au 3e bureau de l’état-major du groupe d’armée du nord qui se trouve sous les ordres du général Foch. Au cours de la bataille de l’Yser en octobre et novembre 1914, il est agent de liaison.
De la fin de l’année 1914 au mois de septembre 1915, il occupe toujours la même fonction à la Xe armée pendant les affaires d’Artois.
Le 16 mai 1916, le capitaine Fournier est victime d’un grave accident de voiture automobile, l’homme est sérieusement blessé au visage.
Le capitaine Fournier est nommé commandant le 26 juin 1916, il n’a pas encore 37 ans.
De juillet à novembre 1916, il retrouve sa place d’officier de liaison, mais cette fois-ci, c’est à la VIe armée qui combat dans le secteur de la Somme.
Le 19 mai 1917, il travaille au 3e bureau de l’état-major de l’armée.
Un bref passage au 149e R.I.
Le 7 décembre 1917, Alexandre Fournier est muté au 149e R.I. pour prendre le commandement du 3e bataillon. Avec ses hommes, il occupe le secteur vosgien du Violu durant les mois de janvier et de février 1918.
Le lieutenant-colonel Charles Pierret évoque sa rencontre avec cet officier dans un témoignage inédit. Voici ce qu’il écrit :
« … Le commandant Fournier, très jeune, est au régiment depuis deux mois ; ancien capitaine du 4e B.C.P. avant la guerre, a l’air très bien ; a été victime d’un accident d’auto avec le général Foch, en 1916, près du Plessis-Belleville, en allant à une réunion de grands chefs à Châlons-sur-Marne où il accompagnait son beau-père ; produit bonne impression de chef jeune et vigoureux, énergique ; porte encore son ancienne tenue de chasseur à pied avec le n° 149. »
Alexandre Fournier n’a pas vraiment le temps de s’illustrer au cours de son court passage dans le régiment spinalien. En effet, le secteur occupé par le 149e R.I. reste relativement au calme durant toute cette période.
Il est à noter que cet officier a conservé son uniforme de chasseur a pied. C’est un état de fait peu commun ! Comme s’il avait su, dès le début de son arrivée au 149e R.I., que cette situation serait temporaire. Prendre le commandement d’un bataillon sous les ordres d’un officier supérieur est peut-être une étape obligée dans la carrière. En effet, il n’était que capitaine lorsqu’il était au 4e B.C.P., et il n’a encore jamais commandé d’unité. A-t-il été au 149e R.I., supervisé par le colonel Boigues pour « se faire la main », avant d’être lancé dans « le grand bain » ? À savoir commander un B.C.P. qui est un corps indépendant et non un bataillon qui reste une partie d’un régiment.
L’après 149e R.I.
Une décision du général en chef n° 30524 en date du 26 février 1918 le nomme à la tête du 15e B.C.P..
Le 2 mars 1918, il remplace le commandant Schweisguth à la tête du bataillon de chasseurs à pied qui occupe un secteur du Monté Fenera, dans la région piémontaise italienne.
Le 27 juin 1918, Alexandre Fournier est nommé chef d’état-major de la 26e D.I.. Il doit se mettre directement sous les ordres du général Pauffin de Saint-Morel qui couvre, avec ses unités, un secteur situé entre Grugies et Sélency, dans le département de l’Aisne.
Le 6 juillet 1918, le lieutenant-colonel commandant le 3e groupe de chasseurs, rédige la note suivante à son sujet :
« Pendant le temps trop court passé au 15e B.C.P., le commandant Fournier, s’est montré un chef de corps excellent, aussi bien par l’esprit élevé et ardent qu’il a maintenu dans son bataillon que par son souci des questions d’organisation et d’instruction. Sous ses ordres, le 15e B.C.P. constituait une unité d’élite à qui les circonstances n’ont pas permis, pendant ces quatre derniers mois, de donner la mesure complète de sa valeur. Néanmoins, les secteurs occupés par le commandant Fournier le mettent suffisamment en relief ; soit en Italie, où il a eu à pousser des reconnaissances hardies, soit dans les Flandres où, dans une région dure, il a eu à rétablir une situation devenue désavantageuse à la suite d’une offensive sur les précédents occupants. Cet officier supérieur a montré qu’il réussissait aussi bien à la tête d’une troupe qu’il l’avait fait dans le service de l’état-major. Je viens d’ailleurs de le proposer pour être inscrit sur la liste d’aptitude pour lieutenant-colonel. »
En octobre 1918, le commandant Fournier participe à une attaque du côté du bois des Caures et de la Wavrille, sur la rive droite de la Meuse près de Verdun.
Après l’armistice
Il travaille à l’état-major de la Xe armée du 18 juillet 1919 au 10 novembre 1919 puis à l’état-major du maréchal commandant en chef des armées alliées du 11 novembre 1919 au 9 janvier 1920, puis a l’état-major du maréchal, président du comité militaire allié de Versailles.
Alexandre Henry Fournier devient lieutenant-colonel le 25 mars 1921, puis colonel le jour de Noël de l’année 1927.
Mis en congé pour raison de santé, Alexandre Henry Fournier décède le 9 avril 1929 dans le 12e arrondissement de la ville de Paris. Il repose dans la 15e division du cimetière de Passy.
Décorations obtenues :
Croix de guerre avec 1 palme, 2 étoiles de vermeil et une étoile d’argent.
Citation à l’ordre de l’armée, ordre n° 2 du général commandant le groupement Foch du 12 février 1917 :
« Officier de premier ordre se dépensant sans compter à l’état-major auquel il appartient depuis deux ans. A déjà rendu au cours des actions de l’Yser et de l’Artois, les meilleurs services, notamment dans les transports intensifs de troupe, par son intelligence, son activité, son jugement, sa conscience. S’est particulièrement distingué dans des reconnaissances effectuées en première ligne pendant la bataille de la Somme. »
Citation à l’ordre du 2e C.A.C. n° 221/R du 28 septembre 1918 :
« Chef d’état-major de premier ordre. A fait ses preuves comme chef de corps. Au cours de la préparation de la dernière offensive, s’est montré plus qu’un collaborateur pour son chef, menant de front le travail de bureau et les reconnaissances, avec une haute intelligence, un dévouement complet et un profond mépris du danger. »
Rectificatif à l’ordre général n° 96 de la 46e D.I. du 19 octobre 1918. :
Est cité à l’ordre de la division, le 15e bataillon de chasseurs alpins :
« Superbe bataillon, à qui une tradition parfois chèrement payée, permet de s’enorgueillir de n’avoir pas de prisonniers au-delà du Rhin. Vient d’affirmer à nouveau ses qualités d’abnégation, d’endurance et d’élan dans la période de fin mai à fin août 1918. Commandé successivement par les chefs de bataillon Fournier et Boucomont, sur trois théâtres d’opérations différents, dans les conditions les plus dures, malgré de grosses pertes et des tirs d’obus toxiques qui font des ravages dans ses rangs. A toujours mené à bien les tâches qui lui ont été confiées, notamment en juin, en occupant pendant trois semaines un secteur particulièrement dur dans lequel il rétablit une situation amoindrie par une attaque récente ; les 26 et 31 juillet, en reprenant à l’ennemi certains points avancés dont la garnison est faite prisonnière ; les 19 et 20 août, en atteignant ses objectifs malgré l’arrêt des corps voisins, et se maintenant, pendant une semaine, en coin entre deux organisations ennemies intactes grâce à une lutte incessante qui ne s’est terminée que par la retraite de l’ennemi. »
Cité à l’ordre du 17e C.A. n° 148 du 4 novembre 1918 :
« Chef d’état-major de premier ordre, menant de front le travail de bureau et les reconnaissances. A été la cheville ouvrière de la préparation et de l’exécution de l’attaque qui a amené la conquête de la Wavrille et du bois des Caures, la prise de 1400 prisonniers et d’un butin considérable ».
Chevalier de la Légion d’honneur (J.O. du 14 juillet 1917) avec le motif suivant :
« A rendu les services les plus distingués et les plus dévoués depuis le mois d’octobre 1914, comme agent de liaison du groupe d’armée du nord, pendant la bataille de l’Yser, les attaques de l’Artois et l’offensive de la Somme en 1916. »
Officier de la Légion d’honneur le 28 décembre 1928.
Autres médailles :
Médaille commémorative française de la Grande Guerre
Médaille de la Victoire
Médaille anglaise : Ordre des services distingués
Médailles belges : Chevalier de l’ordre de Léopold avec croix de guerre
Médaille italienne : Officier des saints Maurice et Lazare. Insigne de guerre
Médaille serbe : Aigle blanc 4e classe
Médaille belge : médaille de l’Yser
Sources :
Dossier individuel consulté au Service Historique de la Défense de Vincennes.
J.M.O. de la 43e D.I. sous-séries 26 N 344 /7
Historique du 149e R.I.. Épinal Klein 1919
Historique du 15e B.C.P. Nancy, Berger-Levrault
Témoignage inédit du général Pierret (avec l’aimable autorisation d’A. Pierret)
Une grande partie des informations concernant la famille d’Alexandre Henry Fournier ont été trouvées sur le site « Généanet ».
Le commandant Fournier possède un dossier sur le site de la base Léonore. Celui-ci peut se consulter sur le lien suivant.
Pour en savoir plus sur le 15e B.C.P. il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.
Un grand merci à M. Bordes, à F. Amélineau, à P. Baude, à A. Carobbi, à A. Pierret, à M. Porcher et au Service Historique de la Défense de Vincennes.