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149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
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8 mars 2024

Jules Marie René Jannel (1880-1915)

 

Jules Marie René Jannel est né le 30 mars 1880 à Martinvelle, dans le département des Vosges.

 

Son père, Maximin, 33 ans, est mécanicien. Sa mère, Marie Louise Durand, 30 ans, n’exerce pas d’activité professionnelle. René est le deuxième et dernier enfant du couple Jannel.

 

Sa fiche matricule indique une instruction de niveau 3 qui ne semble pas conforme à la valeur de son diplôme. En fait, son niveau d’études est supérieur, puisqu’il fut l’un des élèves de la promotion 1895-1896 de l’école professionnelle de l’Est de Nancy ; puis il fut diplômé de l’école nationale des Arts et Métiers de Châlons en 1896.

 

René Jannel travaille ensuite dans l’entreprise familiale, une usine produisant du matériel agricole dirigée par son père et son oncle.

 

 

L’année de ses vingt ans, l’ingénieur Jannel comparaît devant le conseil de révision réuni à la mairie de Monthureux qui le déclare apte à remplir ses obligations militaires.

 

Conformément à l’article 21 (frère sous les drapeaux) et à l’article 23 (titulaire du diplôme supérieur de l’École des arts et métiers de Châlons) de la loi du 15 juillet 1889, il bénéficie d’une réduction de temps de conscription. Classé dans la 2e partie de la liste de recrutement, il ne portera l’uniforme que pendant un peu plus de 10 mois.

 

Le 14 novembre 1901, il intègre les effectifs d’une compagnie du 149e R.I., un régiment stationné à Épinal. René Jannel est nommé caporal le 20 septembre 1902, jour où il est libéré de ses obligations militaires.

 

Il quitte la caserne Courcy avec l’obtention de son certificat de bonne conduite et bénéficie d’un congé (réduction de son temps de conscription) en attendant son passage dans la réserve de l’armée active ; ce passage est prévu le 1er novembre 1904, date de libération du service actif pour les autres hommes de sa classe.

 

René Jannel est nommé sergent le 16 juin 1903. Il effectue sa 1ère période d’exercice au 149e R.I. du 19 août au 15 septembre 1907 ;  la deuxième période se réalise du 9 au 25 mai 1911, toujours dans la même unité.

 

Le sergent de réserve Jannel a également obtenu le certificat d’aptitude à l’emploi de chef de section (la date d’obtention de ce certificat est inconnue).

 

Par décret du 1er août 1914, René Jannel est rappelé à l’activité militaire, dans le cadre de la mobilisation générale. Un nouveau conflit avec l’Allemagne est inévitable. Le lendemain, il rejoint la caserne Courcy.

 

Le sergent Jannel, qui a 34 ans, n’est pas affecté à l’unité combattante du 349e R.I., le régiment dont il relève. Il est désigné comme instructeur au dépôt du 149e R.I. ; ce régiment se prépare à quitter Épinal pour s’installer dans un premier temps à Jorquenay puis à  Rolampont.

 

Le 20 octobre 1914, l’ancien ingénieur écrit une lettre adressée au colonel commandant les dépôts à Langres pour être promu sous-lieutenant. Sa demande est acceptée. Le sergent Jannel est nommé au grade d’officier de réserve à titre temporaire et pour la durée de la guerre par décret présidentiel du 24 novembre 1914 (J.O. du 29 novembre 1914).

 

Le 10 décembre, il quitte le dépôt du 149e R.I., stationné à Rolampont depuis septembre 1914, accompagné de six anciens sous-officiers récemment nommés sous-lieutenants (Gabriel Monin, Joseph Mallat, Edmond Colnenne, Maurice Marchand, René Lobstein et Léon Clair). Ce petit groupe rejoint le régiment actif qui est à l’instruction en Artois.

 

À son arrivée, le chef de corps du régiment, le lieutenant-colonel Gothié, lui confie à René Jannel le commandement d’une section de la 7e compagnie.

 

Son régiment prend position sur le front d’Artois, d’abord à proximité du bois de Berthonval puis à partir du 27 janvier 1915, dans un secteur proche du village de Noulette.

 

Le 3 mars 1915, les Allemands lancent une violente attaque contre le bataillon de 1ère ligne du 149e R.I. (1er bataillon). Le bataillon de soutien (3e bataillon) et le bataillon de réserve (2e bataillon)  se préparent à la contre-attaque.

 

La 7e compagnie, sous les ordres du capitaine Guilleminot, lance sa contre-attaque dans le secteur du bois 8. Le sous-lieutenant Jannel est tué à la tête de sa section.

 

Pour en savoir plus sur les événements qui se sont déroulés le 3 mars 1915, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

 

 

Le corps du sous-lieutenant Jannel a pu être retiré de la zone de combat. Initialement enterré au cimetière de Sains-en-Gohelle, la famille demande, après le conflit, l’exhumation du sol d’Artois, pour le faire enterrer dans le cimetière de sa commune d’origine.

 

 

Un article de presse, publié dans le journal l’Express de l’Est et des Vosges du 30 avril 1922, décrit la cérémonie funéraire à Martinvelle :

 

« Samedi dernier, une foule considérable accompagnait à sa dernière demeure le corps de notre bien regretté compatriote, le lieutenant René Jannel, neveu de notre sympathique maire, M. Ulysse Jannel.

 

Cet officier est tombé en entraînant sa compagnie lors d’une attaque des lignes ennemies, le 3 mars 1915. Il avait un véritable mépris de la mort et, en tombant, il put encore prononcer ces mots « je meurs pour la France ». Il était aimé de ses chefs et de ses braves soldats comme il les aimait lui-même.

 

Le conseil municipal en corps et la compagnie des pompiers assistaient aux obsèques. Le deuil était conduit par M. Albert Jannel, frère, M. Ulysse Jannel, oncle, Mme veuve Émile Jannel, tante, Mme veuve Arnould et M. Jean Jannel, cousine et cousin de notre regretté compatriote.

 

L’église avait peine à contenir toutes les personnes qui se sont fait un devoir de témoigner leur bien sincère sympathie tant à notre cher disparu qu’à sa famille.

 

M. le curé a prononcé au moment de l’absoute une allocution touchante qui a vivement impressionné l’assistance.

 

Au cimetière, deux émouvants discours ont été prononcés, l’un par M. Hatier, adjoint au maire, et l’autre par M. Barbier, industriel, ce dernier au nom de la société des anciens élèves des écoles d’Art et Métier »

 

 

Décorations obtenues :

 

Croix de guerre avec palme et Légion d’honneur à titre posthume.

 

Citation à l’ordre de l’armée comportant l’attribution de la Légion d’honneur (J.O. du 25/01/1920)

 

« Le 3 mars 1915, lors d’une attaque allemande sur les tranchées de 1ère ligne devant Noulette (Pas-de-Calais) a été tué en entraînant sa section à la contre-attaque devant un feu violent de mitrailleuses. »

 

René Jannel, mort à l’âge de 34 ans, ne s’est pas marié et n’a pas eu d’enfants.

 

Son nom est gravé sur le monument aux morts de la commune de Martinvelle.

 

Cet officier est mentionné dans le livre d’or des élèves et anciens élèves des écoles nationales d’arts & métiers morts pour la France ».

 

La généalogie de la famille Jannel  est consultable sur le site « Généanet ». Pour y accéder, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

Sources :

 

Dossier individuel consulté au Service Historique de la Défense de Vincennes.

 

Fiche matricule, registres d’état civil et de recensement de la commune de Martinvelle lus sur le site des archives départementales des Vosges.

 

La photographie de la sépulture de la famille Jannel, prise par A. Pigache., a été envoyée par T. Cornet. 

 

Le « mémento » concernant le sous-lieutenant Jannel est la propriété de G. Douspis.

 

« Livre d’or des élèves et anciens élèves des écoles nationales d’arts & métiers morts pour la France ». Imprimerie de Montligeon – La chapelle Montligeon (Orne).

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à T. Cornet, à G. Douspis, à A. Pigache, à M. Porcher, au Service Historique de la Défense de Vincennes.

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