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149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
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26 avril 2019

Henri Émile Jeannin (1895-1915)

Henri__mile_Jeannin

 

Originaire du petit village haut-marnais de Cirfontaines-en-Azois, Henri Émile Jeannin voit le jour le 17 mai 1895 au domicile familial. Il est le 3e enfant d’une fratrie composée de 8 frères et sœurs.

 

Sa mère, Marie Anastasie Legoux, est âgée de 26 ans. Elle travaille comme vigneronne dans une exploitation locale.

 

Son père, qui exerce la même profession, se prénomme Théophile René. Il a 34 ans.

 

Les rentrées d’argent apportées au foyer par le labeur parental ne sont pas suffisantes pour nourrir l’ensemble de cette grande famille. Très tôt, Henri est obligé d’aller travailler. Sa vie d’enfant et d’adolescent ne fut certainement pas facile tous les jours.

 

Genealogie_famille_Jeannin

 

La fiche signalétique et des services d’Henri Émile Jeannin nous fait savoir qu’il possède un degré d’instruction de niveau 0.

 

Henri n‘a donc pas suffisamment fréquenté l’école communale pour avoir appris à lire, écrire et compter.

 

Plus tard, le jeune homme s’installe dans la commune d’Orges. Les années de jeunesse s’écoulent jusqu’à l’arrivée d’un nouveau conflit armé contre l’Allemagne qui débute en août 1914.

 

Celui de 1870 est maintenant vieux de plus de quarante ans, mais il est encore très présent dans les esprits. Les premiers mois de guerre sont particulièrement meurtriers. Pour cette raison, la classe d’Henri Jeannin est vite appelée par la République, et cela, bien avant la date échéance d’incorporation du temps de paix.

 

La classe 1914 doit au plus tôt être formée au maniement du Lebel. Il va falloir aussi endurer les longues marches qui vont en grande partie conditionner la résistance physique des futurs combattants.

 

Robuste et en bonne santé, Henri est vite reconnu « bon pour le service armé » par le conseil de révision qui vient de se réunir à Châteauvillain.

 

Il est obligé d’abandonner son activité professionnelle de domestique de culture qu’il pratique depuis plusieurs années. Henri Jeannin rejoint le dépôt du 149e R.I. qui est installé à Rolampont, une commune située à 42 km de son lieu d’habitation.

 

Les aléas de la guerre ont entraîné le dépôt de ce régiment à se retirer de la ville d’Épinal dès le début du conflit, pour aller prendre place dans cette petite commune de Rolampont, dans le département de la Haute-Marne.

 

Commencée le 19 décembre 1914, la formation militaire d’Henri est achevée à la fin du mois de juillet 1915. Il est temps pour lui de rejoindre la zone des armées.

 

Le 28 juillet 1915, Henri intègre une section de la 6e compagnie qui se trouve sous l’autorité du lieutenant Damineau. À partir de cet instant, il est impossible de détailler son quotidien.

 

Le 9 septembre 1915, sa compagnie est en 1ère ligne à l’ouest du bois en Hache à proximité d’Aix-Noulette. À 16 h 00, Henri Jeannin est abattu d’une balle au cours d’une attaque menée par un peloton allemand.

 

Pour en savoir plus sur les évènements qui se sont déroulés durant cette journée, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

 

Carte_1_journees_des_9_et_10_septembre_1915

 

Quatre jours plus tard, le caporal-fourrier Gabriel Chaussin et le soldat Pierre Belleu, deux hommes qui l’ont vu tomber, signent son acte de décès en présence de l'officier d’état civil du régiment, le sous-lieutenant Alexandre Mortemard de Boisse.

 

La mairie d’Orges reçoit la transcription de cet acte le 1er novembre 1915.

 

Le corps du soldat Jeannin est restitué à la famille dans les années 1920. À l’heure présente, il repose toujours dans le petit cimetière communal d’Orges, partageant sa sépulture avec son frère Jules.

 

Sepulture_Henri_Jeannin

 

La Médaille militaire lui a été remise à titre posthume (Publication dans le J.O. du 16 décembre 1920).

 

« Soldat dévoué, courageux. A toujours été d’un entrain admirable. Mortellement frappé le 9 septembre 1915 à Aix-Noulette. »

 

Cette décoration lui donne également droit au port de la croix de guerre avec étoile de bronze.

 

Pour honorer ses « morts pour la France », la paroisse d’Orges se démena pour trouver les financements nécessaires à la création d’un vitrail. Lorsque nous rentrons à l’intérieur de ce lieu de culte, il est impossible de ne pas remarquer l’espace imposant tout spécialement créé à leur intention. Plusieurs plaques commémoratives avec portraits ont été fixées sur un des murs de l’église. Parmi elles, figure celle d’Henry Jeannin.

 

Eglise_d_Orges

 

Le nom de cet homme est inscrit sur le monument aux morts de la commune d’Orges.

 

Henri Émile Jeannin ne s’est pas marié et n’a pas eu de descendance.

 

Sources :

 

La fiche signalétique et des services de ce soldat a été consultée sur le site des archives départementales de la Haute-Marne.

 

Toutes les photographies ont été réalisées par J.N. Deprez.

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à J.N. Deprez, à V. le Calvez, aux archives départementales de la Haute-Marne et à la mairie d’Orges. 

19 avril 2019

Du 31 octobre au 6 décembre 1917, revues et permissions pour les hommes du 149e R.I..

Apres_la_bataille_de_la_Malmaison

Le 149e R.I. s’apprête à se retirer du secteur proche de la Malmaison. Le colonel Boigues vient de recevoir l’ordre d’aller faire cantonner ses hommes à l’ouest de Montmirail. Le 1er bataillon quitte Billy-sur-Aisne le 31 octobre.

Les 2e et 3e bataillons du régiment rejoignent les lieux de repos le lendemain. Ils laissent Condé-sur-Aisne et Chantereine derrière eux.

Les noms des communes qui accueillent les compagnies du régiment spinalien n’ont pas été retrouvés. Elles se sont vraisemblablement installées à Viels-Maisons et dans sa proximité.

Une importante revue d’honneur demandée par le chef de la VIe armée, le général Maistre, se déroule à Soissons le 31 octobre 1917. Des délégations de chaque unité du  21e C.A. y sont conviées. À 14 h 00, chacune d’entre elles prend place boulevard Jeanne d’Arc.

Ce jour-là, les « trophées » pris à l’ennemi durant l’attaque de la Malmaison furent exposés devant l’abbaye de Saint-Jean-des-Vignes à « la cité du vase ».

Les_trophees_de_la_6e_armee_devant_l_eglise_Saint_Jean_des_Vignes_a_Soissons

Sous le regard bienveillant de Georges Clemenceau, le général Maistre félicite le colonel Boigues pour l’action menée par son régiment durant la bataille de la Malmaison.

Georges_Clemenceau_et_le_g_n_ral_Maistre_passent_en_revue_le_149e_R

Dans la petite commune de Viels-Maisons, le commandant en chef des armées françaises, Philippe Pétain, passe en revue les officiers disponibles de la 43e D.I. et les délégations d’hommes de troupe de tous les corps de la division. La photographie suivante le représente devant la délégation du 149e R.I..

La_revue_du_149e_R

Les hommes bénéficient de plusieurs jours de repos avant de reprendre l’instruction. Les plus chanceux pourront rendre visite à leurs familles. Les taux de permissions sont de l’ordre 50 % à 60 % et durent 12 jours.

Le 10 novembre, le général commandant en chef Pétain remet aux drapeaux du 12e R.A.C. du 158e et 149e R.I. la fourragère aux couleurs du ruban de la croix de guerre.

Le 13 novembre le 149e R.I. régiment reçoit officiellement sa seconde citation à l’ordre de l’armée.

« Régiment d’avant-garde, ayant un long passé de gloire. Sous les ordres du colonel Boigues, s’est distingué une fois de plus le 23 octobre 1917, en s’emparant dans un élan irrésistible, de positions puissamment organisées sur plus de trois kilomètres de profondeur. Malgré de lourdes pertes en officiers a mené le combat jusqu’au bout avec la même ardeur, la même cohésion, brisant toutes les résistances et atteignant tous les objectifs assignés. A fait 700 prisonniers et capturé 19 canons dont 10 lourds, 54 mitrailleuses et une grande quantité de matériel. »  

Durant la dernière décade du mois de novembre, les hommes ont eu droit à plusieurs séances cinématographiques. Les films de Charlie Chaplin et d’Éric Campbell, de Roscoe Arbuckle et de Max Linder furent probablement au programme.

Jusqu’au 6 décembre 1915, la vie s’écoule, calme et monotone, dans les petits villages où sont cantonnés les bataillons du 149e R.I..

Sources :

J.M.O. du 21e C.A. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 195/4.

J.M.O. de la 43e D.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 344/5.

J.M.O. du 1er B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf 26 N 815/4.

Historique du 149e R.I. (version luxe) Épinal, Imprimeries Klein, 1919.

Les archives du Service Historique de la Défense de Vincennes ont été consultées.

Les photographies représentant le général Pétain  et le général  Maistre proviennent du fonds Rémy qui se trouve aux archives départementales des Vosges. Le fonds Rémy est conservé sous la cote 141 J. La 1ere épreuve est référencée sous le numéro 58, la seconde, sous le numéro 57.

La photographie montrant les trophées pris aux Allemands, durant la bataille de la Malmaison, appartient à T. de Chomereau.

Ces trois clichés furent également publiés dans la version « luxe » de l’historique du 149e R.I..

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à T. de Chomereau, à M. Porcher et au Service Historique de la Défense de Vincennes et les archives départementales des Vosges.  

12 avril 2019

Joseph Jean Lafont (1882-1915)

Joseph Jean Lafont

 

Joseph Jean Lafont est né le 11 décembre 1882 à Saint-Laurent-des-Arbres, dans le département du Gard. Il est le fils de Siméon Anselme et de Mathilde Valérie Drivet.

 

Contrairement aux registres d’état civil qui ne sont toujours pas en ligne, la fiche signalétique et des services de Joseph Lafond est heureusement accessible sur le site des archives départementales du Gard. Elle nous apprend  que Joseph possède un degré d’instruction de niveau 3 et qu’il exerce le métier de boucher à Pujaut.

 

Cette fiche nous informe également que son père vit dans la même petite localité occitane et que sa mère est décédée.

 

En l’état actuel des sources disponibles, il est donc difficile de pouvoir reconstruire de manière plus détaillée l’histoire familiale de cet homme.

 

L’année de ses vingt ans, le conseil de révision le classe dans la 1ère partie de la liste de recrutement du canton de Villeneuve-lès-Avignon.

 

Ce jeune gardois intègre les effectifs d’une compagnie du 3e R.I., le 16 novembre 1903. Ce jour-là, il reçoit le numéro 5983 au répertoire du corps. Sa formation de fantassin commence aussitôt après le passage chez le coiffeur, la réception du paquetage et l’installation dans le dortoir. Joseph sait qu’il va devoir passer trois ans de son existence à la caserne, mais ce n’est pas tout à fait ce qui va se produire.

 

Le 13 février 1906, la commission spéciale de réforme de Digne lui diagnostique une « adénite cervicale volumineuse ». Réformé n° 2, il est autorisé à retourner chez lui avant d’avoir terminé ses obligations militaires. De fait, cette exemption médicale forcée le dispense des futures périodes d’exercices obligatoires.

 

Lorsque le conflit contre l’Allemagne débute en août 1914, Joseph peut encore rester au village. Mais il ne conservera pas cette « faveur » bien longtemps !

 

En effet, le 11 décembre 1914, il passe devant le conseil de révision pour la seconde fois de sa vie. Cette fois-ci, ses problèmes de santé ne sont pas jugés suffisamment invalidants pour qu’il puisse prétendre à la réforme définitive. Joseph Lafont est inévitablement classé « bon pour le service armé ».

 

Contraint de revêtir une nouvelle fois l’uniforme, il rejoint la ville de Lyon le 25 février 1915. Cette fois-ci, Joseph intègre le 99e R.I.. Il n’a droit qu’à une petite vingtaine de jours pour se reconditionner à la vie de soldat.

 

Joseph Lafont est ensuite envoyé dans la zone des armées, probablement pour achever son instruction dans un bataillon de marche.

 

Le 9 juin 1915, le soldat Lafont rallie les effectifs du 158e R.I., une unité qui détient également son dépôt dans la « capitale des Gaules ».

 

Il n’y reste que très peu de temps. Le 21 juin 1915, notre homme est versé à la 3e compagnie du 149e R.I..

 

Il ne portera le numéro de ce corps que durant quelques semaines.

 

Joseph Lafont trouve la mort le 9 septembre 1915 en Artois, au sud-ouest d’Angres. Son nom est inscrit dans l’état des pertes du régiment du 149e R.I..

 

Pour en savoir plus sur les évènements qui se sont déroulés durant cette journée, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

Les chefs de bataillons du 149e R

 

Les caporaux Fernand Bar et Octave Desrues signent l’acte de décès de Joseph Lafont. Ce document est transcrit à la mairie de Pujaut le 18 février 1916.

 

Le soldat Lafont repose actuellement dans le cimetière militaire franco-britannique d’Aix-Noulette. Sa sépulture individuelle, placée au rang 25, porte le numéro 434.

 

 

La Médaille militaire lui a été décernée à titre posthume (Publication dans le J.O. du 07/06/1921).

 

« Soldat dévoué et courageux. Tué à son poste le 9 septembre 1915, à Souchez, en faisant vaillamment son devoir »

 

Cette décoration lui donne également droit à la croix de guerre avec étoile de bronze.

 

Le nom de Joseph Jean Laffont est inscrit sur le monument aux morts de la commune de Pujaut.

 

L’absence des registres d’état civil du département du Gard sur internet n’a pas permis la reconstruction de la généalogie de la famille Lafont, même de façon partielle. Joseph a-t-il été marié ? A-t-il eu une descendance ? Il est actuellement impossible de répondre à ces questions.

 

Sources :

 

La fiche signalétique et des services de Joseph Jean Lafont a été consultée sur le site des archives départementales du Gard.

 

La photographie de la sépulture a été réalisée par T. Cornet.

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à T. Cornet et aux archives départementales du Gard. 

4 avril 2019

Ouest du bois en Hache, du 9 au 10 septembre 1915.

Les_chefs_de_bataillons_du_149e_R

Le 2e bataillon du 149e R.I. est en 1ère ligne depuis le 8 septembre. Ses 1er et 3e bataillons sont positionnés en 2e ligne. Six compagnies sont en réserve de secteur, les deux autres en soutien du bataillon Schalck.

Une section de mitrailleuses possède encore une de ses pièces à la sape 9. La seconde pièce s’est installée à la sape 8’. La seconde section est toujours dans la tranchée Dulys, en attente de son nouvel emplacement en construction dans le boyau Coquelet. Une troisième section de mitrailleuses est en place à proximité de la sape 6’.

Carte_1_journees_des_9_et_10_septembre_1915

Legende carte 1 journees des 9 et 10 septembre 1915

Dans la matinée du 9, plusieurs torpilles tombent en avant de la sape 4.

La sape 7’ est toujours en construction.

Une canonnade assez intense a lieu, à partir de midi, à gauche du sous-secteur nord entre f8 et e6. Elle dure pendant quatre heures.

La soirée s’annonce mouvementée, particulièrement dans la zone occupée par la 6e compagnie du bataillon Schalck.

Cette compagnie est commandée par le lieutenant Damineau. Elle utilise la ligne F12-f11-e7 et la sape 4. Elle a sa liaison assurée à droite avec la 5e compagnie du 149e R.I., et, à gauche, avec la 4e compagnie du 10e B.C.P..

À 21 h 00, un peloton allemand en provenance de e12, attaque la sape 3 où travaillent des hommes du 10e B.C.P. ainsi que le poste d’écoute occupé par un caporal et 6 grenadiers de la 6e compagnie du 149e R.I.. L’ennemi parvient à s’emparer d’une partie de la sape 3 et du poste d’écoute.

Carte_2_Attaque_allemande_du_10_septembre_1915

Legende_carte_2_attaque_allemande_du_10_septembre_1915

Une contre-attaque est effectuée par des fractions des 4e et 5e compagnies du 10e B.C.P.. Les Allemands sont obligés d’évacuer leurs emplacements fraîchement conquis, ils regagnent leur ligne.

Disparition du sous-lieutenant Bozonnat.

Durant l’attaque allemande, la section commandée par le sous-lieutenant Bozonnat reçoit l’ordre de venir renforcer la ligne f11-e7 et de s’y installer.

Une fois sur place, le sous-lieutenant Bozonnat donne des instructions de détail à ses gradés et soldats pour les travaux à exécuter et sur la conduite à tenir en cas de nouvelle attaque.

À 22 h 45, le lieutenant Damineau, qui commande la 6e compagnie, vient s’assurer que toutes les fractions de son unité se trouvent bien à leur place. Il constate que le sous-lieutenant Bozonnat et ses hommes sont bien à l’endroit indiqué. Le lieutenant Damineau demande un compte-rendu verbal à son subordonné sur l’installation de sa section.

À 23 h 00, le sous-lieutenant Didier de la 6e compagnie, installé au poste d’écoute de la sape 3, reçoit la visite du sous-lieutenant Bozonnat qui, sans rien dire à personne, vient de quitter sa section.

Les deux hommes échangent quelques mots avant de se séparer. À partir de cet instant, le sous-lieutenant Bozonnat n’est plus reparu à la compagnie.

Une enquête est effectuée à la compagnie. Il en résulte que le sous-lieutenant Bozonnat était indisposé à 22 h 45. L’aspirant Benoît s’en étant rendu compte lui en a fait la remarque. L’officier lui répondit : « Ce n’est pas grand-chose. »

Un peu plus tard, l’aspirant Benoît s’inquiète de l’absence de son chef de section. Il avertit aussitôt son commandant de sa compagnie.

Les hommes de la section Bozonnat sont interrogés. Ils ne purent fournir aucun renseignement.

Durant les heures suivantes, le sous-lieutenant Didier, le sergent Besançon et quelques hommes fouillèrent tous les abris, sapes, tranchées et parallèles du secteur. Les recherches se poursuivirent le lendemain, en vain.

En fait, personne ne sait encore que le sous-lieutenant Bozonnat a tout bonnement été fait prisonnier.

Au cours de la nuit, plusieurs patrouilles ont été envoyées dans le secteur du 2e bataillon en avant des sapes 4, 5, 6, 6’, 7, 8 et 9.

Les Allemands ont placé des réseaux de barbelés, des solutions de continuité existent encore pour les Français. Une patrouille a remarqué des rouleaux tout neufs au-devant de leur tranchée.

Un petit poste avancé, en face de la sape 8, semble être pourvu d’une mitrailleuse blindée. Les balles produisent un son métallique.

                                      Tableau des tués pour la journée du 9 septembre 1915

                        Tableau des blessés et des disparus pour la journée du 9 septembre 1915

Le 10 septembre, les artilleurs tirent de manière intermittente sur tout le front à partir de 7 h 00. La canonnade stoppe à 11 h 00.

Lieutenant-colonel Gothie et le bois en Hache

Dans la matinée du 10 septembre, le lieutenant-colonel Gothié rédige, pour sa hiérarchie, un compte-rendu sur les évènements de la nuit du 9 au 10. 

« La 6e compagnie occupait la sape 4, la parallèle f12, f11 e7 et le point où la parallèle intermédiaire rejoint la sape 3 de la manière suivante :

Une section dans la parallèle f12-f11, une escouade à la sape 4 surveillant particulièrement le flanc nord. Enfin une ligne de postes d’écoute sans la liaison, en construction. Ces postes d’écoute étaient au nombre de 3. Le 1er au nord de f11, le second à e7 et enfin le 3e au sommet du talus e12 en liaison avec les chasseurs de la sape 3.

À 21 h 00, tous ces emplacements étaient occupés. Le poste d’écoute extrême se trouvait en liaison avec les chasseurs à pied.

Vers 21 h 05, un coup de sifflet retentit en avant du poste d’écoute et de la sape 3. Les travailleurs des 3e et 9e compagnies arrivaient à ce moment-là, au chemin creux de notre ancienne première ligne. Les hommes du poste d’écoute virent alors une ligne de tirailleurs ennemis s’approcher. Ils lancèrent immédiatement des grenades sur les assaillants se dirigeant vers le poste. Les Allemands continuèrent leur offensive. Les hommes du poste furent obligés d’évacuer leur emplacement. Ils durent rejoindre un groupe de chasseurs à pied travaillant à proximité, dans la sape 3 pour contribuer à sa défense.

La ligne de tirailleurs ennemis fut arrêtée par les nombreux coups de feu des défenseurs et les mitrailleuses des chasseurs à pied occupant la sape 3. Les Allemands durent se replier un instant après, devant la contre-attaque du 10e B.C.P. déclenchée aussitôt.

Le poste d’écoute extrême du 149e R.I. s’était replié vers les chasseurs avec lesquels il se trouvait plus directement en relation ; ainsi, il n’a pas pu prévenir aussitôt le commandant de la 6e compagnie du 149e R.I.. C’est ce qui explique pourquoi la contre-attaque est venue immédiatement du 10e B.C.P.. Le poste d’écoute a été réoccupé aussitôt par la 6e compagnie du 149e R.I. dès que le commandant de compagnie en fut informé.

Une entente complète était établie dès 22 h 00 entre le 149e R.I. et le 10e B.C.P. pour les mesures de précaution.

Le commandant Schalck dispose alors des compagnies de travailleurs à proximité. (3e compagnie plus une section de la 9e)

Cette situation au nord du sous-secteur du centre restera précaire tant que la liaison en tranchée profonde avec le sous-secteur nord ne sera pas terminée. 

Une mitrailleuse française sera poussée ce soir à l’extrémité nord de la parallèle construite pour protéger plus efficacement «les travailleurs».

Muté au 31e B.C.P., le capitaine Pretet laisse le commandement du 3e bataillon du 149e R.I. au commandant Chevassu.

Sources :

Les archives du S.H.D. de Vincennes ont été consultées.

J.M.O. du 3e B.C.P. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 816/2.

J.M.O. de la 85e brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 520/10.

Historique du 149e Régiment d’Infanterie. Épinal. Imprimerie Klein, 1919.

Fond de carte du secteur de Lorette construit par V. le Calvez.

La photographie du bois en Hache a été réalisée par T. Cornet.

Il n’a pas été possible de faire un travail de précision pour la carte qui donne les positions des compagnies du 2e bataillon du 149e R.I.. L’échelle du calque utilisé pour sa réalisation est différente de la carte réalisée par V. Le Calvez. Cette carte ne doit avoir qu’une valeur indicative.

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à A. Chaupin, à T. Cornet, à V. le Calvez, à D. Gothié,  à M. Porcher, au Service Historique de la Défense de Vincennes et à l’association « Collectif Artois 1914-1915 ». 

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