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149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
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30 août 2019

Marie Louis Paul Dastouet (1888-1915)

Marie Louis Paul Dastouet

 

Natif de Périgueux, Marie Louis Paul Dastouet voit le jour le 2 juin 1888 au numéro 27 du cours Montaigne. À sa naissance, son père, Joseph François, travaille comme négociant. Il a 35 ans. Sa mère, Marguerite Nadal, n’exerce pas de profession. Elle est âgée de 24 ans.

 

Trois années plus tard, le père de Paul possède son propre établissement commercial. Il n’utilise pas ses prénoms d’état civil pour la raison sociale de son entreprise, probablement en raison du rachat d’une ancienne structure connue localement. Sa quincaillerie, au nom de Martial Dastouet, est implantée au 11 rue de Bordeaux, dans la préfecture de la Dordogne.

 

Rue de Bordeaux a Perigueux

 

Marguerite donne naissance à un second garçon en décembre 1892, mais le petit Joseph ne survit pas à son deuxième mois.

 

Genealogie famille Dastouet

 

Les parents de Paul gagnent suffisamment bien leur vie pour lui payer des études supérieures. Bon élève, l’adolescent poursuit sa scolarité au lycée de Périgueux qui va le mener jusqu’au baccalauréat.

 

Le jeune homme s’oriente ensuite vers une carrière militaire. Son degré d’instruction de niveau 5 lui permet de tenter l’examen d’entrée saint-cyrien. Admis au concours, il se rend à la mairie de Périgueux le 10 octobre 1908 pour y signer un engagement volontaire de 4 ans. Depuis 1905, les futurs officiers reçus à l’école spéciale militaire ont l’obligation de servir dans un régiment durant une année complète.

 

Par commodité, Paul Dastouet choisit le 50e R.I., le régiment de sa ville natale, en attentant d’aller faire sa formation théorique.

 

Le 1er mars 1909, il est nommé caporal. Le 18 octobre, il quitte la caserne Bugeaud pour entrer à l’école spéciale militaire. Paul fait partie des étudiants de la 93e promotion qui a été baptisée « promotion de Mauritanie ».

 

Le 5 novembre 1909, il est nommé sergent, puis aspirant le 16 mai 1910.

 

Le futur officier obtient le numéro 113 sur 210 élèves classés aux examens de sortie.

 

Le 1er octobre 1911, Paul Dastouet est envoyé comme sous-lieutenant au 149e R.I. d’Épinal. Son nouveau grade prend rang à compter du 1er octobre 1910.

 

Paul intègre l’équipe des cadres d’une des compagnies du 4e bataillon du 149e R.I., une unité rattachée au groupe de forteresse d’Épinal.

 

En avril 1912, le lieutenant-colonel Pichoud, qui commande le groupe de forteresse, écrit ceci à son sujet dans le feuillet du personnel : « Jeune officier intelligent, aimant son métier et s’acquittant de ses devoirs avec zèle. À de l’entrain et de la vigueur. Très apte à faire campagne. Promet de très bien faire »

 

Six mois plus tard, il ajoute ceci : « Continue à bien servir et à mériter les éloges de ses chefs. Promet d’être un excellent officier. »

 

Paul Dastouet est nommé lieutenant le 1er octobre 1912. Le jour même, il doit rejoindre le fort d’Arches, un ouvrage construit sur la commune de Pouxeux. Au cours de l’hiver suivant, il quitte le fort rattaché à la place fortifiée d’Épinal, pour aller suivre les cours de l’école régionale de ski de Gérardmer du 27 janvier au 12 mars 1913.

 

De retour au fort d’Arche, il apprend, un mois plus tard, que le 4e bataillon du 149e R.I. est en train de vivre ses dernières heures. En effet, les effectifs de cette unité vont être directement versés dans un régiment nouvellement créé à la date du 15 avril 1913. Il va falloir découdre le numéro 149 de son uniforme pour le remplacer par le numéro 170.

 

Le lieutenant Dastouet quitte définitivement son poste à responsabilité du fort d’Arches le 30 août 1913. Il s’installe à la caserne Contades pour y prendre le commandement d’une section de compagnie du 170e R.I.. Le 30 septembre 1913, il est muté au 149e R.I..

 

Le 1er octobre 1913, le lieutenant-colonel Pichoud note à propos de son subordonné : « Toujours de très bonne humeur, sert avec entrain. Très bon esprit militaire, énergique et vigoureux, promet d’être un excellent officier. Il sait conduire les hommes et les entraîner. Semble devoir être un officier de choix. »

 

La vie de caserne du temps de paix s’arrête brusquement à la fin du mois de juillet 1914. Le conflit contre l’Allemagne est inévitable. Le 149e R.I. qui est un régiment de couverture doit envoyer son 1er échelon, dès le 1er août, en direction de la frontière germano-française.

 

À cette période de l’année, le lieutenant Dastouet sert à la 1ère compagnie du régiment sous les ordres du capitaine Souchard. Le régiment est commandé par le lieutenant-colonel Menvielle. Après le départ du 1er échelon, Paul Dastouet reste à la caserne Courcy avec quelques officiers, pour la prise en charge des réservistes qui viennent constituer le 2e échelon du régiment.

 

Le 4 août 1914, le lieutenant Dastouet rejoint, dans le secteur de Vanémon, le 1er échelon avec le groupe de réservistes.  Le 149e R.I. est maintenant au complet, prêt à combattre.

 

Le 9 août 1914, deux bataillons du 149e R.I. subissent le baptême du feu dans le secteur de Sainte-Marie-aux-Mines, près de Wisembach. Le lieutenant Dastouet est grièvement blessé au cours de cet engagement.

 

Il est touché par une balle en séton à la base antéro-postérieure du thorax, à droite, avec perforation du cul de sac pleural et hémothorax. Cette balle lui perfore également le rebord droit du foie.

 

Pour en savoir plus sur cette journée, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

Renclos des Vaches 2

 

Paul Dastouet est évacué pour être soigné à l’arrière. Il ne retourne au dépôt du 149e R.I. que le 20 octobre 1914.

 

Le 22 novembre 1914, le lieutenant Dastouet est envoyé dans la zone des armées pour prendre le commandement de la 5e compagnie de son ancienne unité. À cette période du conflit, le 149e R.I. combat en Belgique dans la région d’Ypres.

 

Il est nommé capitaine à titre temporaire le 30 novembre 1914. Sa carrière est rapide, il passe, en cinq ans, d’engagé volontaire en 1909 à capitaine. Il n’a que 26 ans.

 

Fin décembre, le 149e R.I. retrouve le sol français. Il vient occuper des tranchées en Artois dans le secteur de Notre-Dame-de-Lorette. Le capitaine Dastouet participe à chacune des actions qui engagent sa compagnie dans le secteur.

 

Le 2 juillet 1915, Paul Dastouet est titularisé dans son grade d’officier de manière définitive.

 

Paul bénéficie d’une permission de 6 jours qui dure du 2 au 7 août 1915.

 

Le 25 septembre 1915, la 43e D.I. est entièrement engagée dans une vaste offensive dans le secteur du bois en Hache en Artois. Le capitaine Dastouet, à la tête de ses hommes qu’il mène à la contre-attaque, est blessé. Il est atteint par une balle qui se loge à l’extrémité de sa cuisse droite. La blessure est très grave. L’évacuation sur le poste de secours central de la Malterie d’Aix-Noulette est longue et parsemée d’embûches. Les boyaux sont imbibés d’eau, encombrés par les blessés et les hommes qui montent en ligne, ce qui rend la tâche des brancardiers particulièrement pénible.

 

Sommairement soigné, Paul Dastouet est envoyé à Paris où il est pris en charge par les médecins de l’hôpital Necker dans le XVe arrondissement.

 

Pour en savoir plus sur les évènements qui se sont déroulés durant cette journée, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

 

Carte journee du 25 septembre 1915

 

Les soignants ne purent rien faire pour le sauver. Paul décède le 13 octobre 1915 à l’âge de 27 ans. L’histoire ne dit pas s’il a pu revoir ses parents avant de mourir.

 

Quelques jours après sa mort, le lieutenant-colonel Gothié rédige ce petit texte : «  A continué à donner les plus belles preuves de son activité et de sa bravoure au feu au cours de tous les combats auxquels le 149e R.I. a pris part. 2 blessures, 3 citations. Vient d’être blessé grièvement au combat du 25 septembre devant Angres et fait chevalier de Légion d’honneur pour sa belle conduite. Est mort malheureusement des suites de sa blessure. »

 

Le capitaine Dastouet repose actuellement dans le cimetière nord de Périgueux.

 

 

En janvier 1957, une assistante sociale de Périgueux fait une demande pour obtenir les états de services de Paul Dastouet. Elle est en train de constituer un dossier pour tenter d’obtenir la gestion d’un bureau de tabac pour la mère du capitaine. Cette femme qui est âgée de 95 ans vit probablement dans des conditions extrêmement modestes.

 

Le nom de cet officier est inscrit sur les monuments aux morts des villes de Périgueux et d’Épinal. Il est également gravé sur la plaque commémorative qui se trouve à l’intérieur de l’église de la Cité à Périgueux.

 

Paul Dastouet ne s’est pas marié et n’a pas eu de descendance.

 

Décorations obtenues :

 

Croix de guerre avec deux palmes et une étoile d’argent.

 

Citation à l’ordre de la 1ère Armée en date du 12 septembre 1914 à la suite du combat du 9 août au col de Sainte-Marie en Alsace.

 

« Pour son sang- froid et sa belle conduite au feu. »

 

Citation à l’ordre n° 46 de la 43e Division en date du 16 mars 1915.

 

« A conduit brillamment sa compagnie les 3 et 4 mars pendant les combats devant Noulette. A exécuté plusieurs reconnaissances très périlleuses pendant la nuit pour déterminer l’emplacement des tranchées qu’il a fait construire à 400 mètres des lignes ennemies. »

 

Citation à l’ordre de la 10e  Armée n° 87 en date du 10 juillet 1915.

 

« Commandant de compagnie plein d’entrain et de courage. S’est signalé le 18 juin par son esprit d’à propos en prenant possession avec le minimum de pertes, d’une grande partie des tranchées et abris du fond de Buval que l’ennemi n’avait évacué que partiellement et fait 18 prisonniers. »

 

Chevalier de la Légion d’honneur le 27 septembre 1915 ordre n° 1737 D.

 

« Le 25 septembre 1915, a été blessé grièvement en entraînant vigoureusement sa compagnie à l’assaut d’une contre-attaque allemande qui fut repoussée. Excellent officier plein de courage et d’allant, déjà blessé au début de la campagne. Titulaire de trois citations. »

 

 

Sources :

 

Dossier individuel consulté au Service Historique de la Défense de Vincennes.

 

La fiche signalétique et des services de Paul Dastouet a été lue sur le site des archives départementales de la Dordogne.

 

La photographie de la sépulture du capitaine Dastouet a été réalisée par N. Demaison.

 

Le registre de recensement de l’année 1891 de la ville de Périgueux a été visionné dans son intégralité pour confirmer le prénom non conforme à l’état civil porté par le père du capitaine Dastouet sur le site des archives départementales de la Dordogne.

 

Paul Dastouet est évoqué dans un article intitulé : « le lycée de Périgueux 1914-1918 ». Pour consulter cet écrit, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

Lycee de Perigueux

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Ducoq, à A. Carobbi, à T. Cornet, à N. Demaison, à J. Horter, à M. Porcher, au Service Historique de la Défense de Vincennes et aux archives départementales des départements du Lot-et-Garonne et de la Dordogne. 

23 août 2019

Les différents témoignages laissés par le capitaine Gaston de Chomereau de Saint-André au cours de sa campagne 1914-1918.

Capitaine Gaston de Chomereau de Saint-André - Copie - Copie

Pour faciliter la lecture des différents écrits rédigés par le capitaine Gaston de Chomereau de Saint-André et qui sont disséminés sur l’ensemble du blog du 149e R.I., je me propose de tous les réunir ici.

Le premier témoignage évoque le 1er mois du conflit. Il débute à la caserne Courcy le 30 juillet 1914, veille de la mobilisation générale. Le texte s’achève au moment où le capitaine de Chomereau de Saint-André retrouve, le 31 août 1914, son épouse sur les quais de la gare de la ville de Bourges après avoir été blessé quelques jours auparavant.

Pour avoir accès aux différents textes de ce témoignage, il suffit de cliquer une fois sur chacune des images suivantes.

                                                              1) Début de campagne

Debut de campagne

                               2) 9 août 1914… Baptême du feu du côté du Renclos-des-Vaches

9 aout 1914, bapteme du feu du cote du Renclos-des-Vaches

                                                          3) En direction d’Abreschviller…

En direction d'Abreschviller

                                          4) « Le grand bal » de la 8e au nord d’Abreschviller

Le grand bal de la 8e a Abreschviller

                                   5) Dernier combat du mois d’août 1914 avant la blessure

Dernier combat du mois d'aout avant la blessure

Le second témoignage retrace le passage du 149e R.I. à Verdun en mars et en avril 1916. Le capitaine Gaston de Chomereau de Saint-André est à la tête de la 1ère compagnie du régiment, avant qu’il ne lui soit demandé d’assurer le commandement par intérim du 3e bataillon du régiment.

Pour avoir accès à ce témoignage, il suffit de cliquer une fois sur la deuxième image. 

                                       1)     Petite correspondance rédigée à Seigneulles

Petite correspondance rédigée à Seigneulles

                2) Les oiseaux ne chantent plus dans le bois des Hospices et dans le bois Fumin.

Les oiseaux ne chantent plus dans le bois des Hospices et dans le bois Fumin

 Le dernier témoignage nous amène dans le secteur de la Malmaison en octobre 1917. Le commandant de Chomereau de Saint-André commande maintenant le 1er bataillon du régiment. Cet écrit a été publié dans un petit fascicule,dans les années après-guerre.

Pour avoir accès à ce témoignage, il suffit de cliquer une fois sur l'image suivante.

                      1)     Un épisode de la victoire du chemin des Dames : 23 octobre 1917

Un episode de la victoire du chemin des Dames 23 octobre 1917

16 août 2019

Gaston Fertat (1885-1915)

Gaston Fertat

 

Gaston Fertat naît le 25 avril 1885 dans l'appartement parisien occupé par ses parents, au numéro 28 de la rue Letort. Son acte de naissance est enregistré à la mairie du XVIIIe arrondissement, place Jules Joffrin, trois jours plus tard.

 

L’employé Alphonse Berille et le papetier François Fraisse accompagnent son père pour témoigner de l’évènement et signer le registre d'état civil.

 

Les parents de Gaston sont tous deux originaires de la Côte d’Or. Ils sont nés et se sont mariés à Salmaise.

 

La mère, Marie Louise Drouhot est âgée de 33 ans lorsqu’elle met au monde son fils unique. Elle travaille comme couturière. Le père, Jean Baptiste Constant, a 31 ans. Il exerce la profession d’employé d'octroi.

 

 

Le registre matricule de Gaston nous indique qu’il possède un degré d’instruction de niveau 3. Il quitte donc l’école communale en sachant lire écrire et compter. Son parcours de vie entre la fin de sa scolarité primaire et son arrivée à la caserne reste inconnu.

 

Le 24 octobre 1903, Gaston Fertat se rend à la mairie du XVIIIe arrondissement pour y souscrire un engagement volontaire d’une durée de trois ans. Il a fêté son 18e anniversaire en avril. Le jeune homme a donc besoin du consentement paternel pour mener à bien ce projet.

 

Gaston demande à être affecté au 29e R.I. d’Autun, dans la Saône-et-Loire. Le lendemain, il rejoint la caserne Changarnier pour y commencer sa formation militaire. Les différents documents consultés ne permettent pas de savoir s’il est resté à Autun ou s’il a été envoyé dans une des compagnies du bataillon installée à la caserne de Sercey, cette dernière étant implantée dans la commune de Le Creusot.

 

Le 27 septembre 1904, il est nommé caporal puis sergent le 23 septembre 1905.

 

Le 1er août 1906, le sous-officier Fertat occupe les fonctions de sergent fourrier.

 

Gaston Fertat ne souhaite pas renouveler son contrat à la fin de ses trois années d’engagement. Il est donc libéré de ses obligations militaires, considérées comme service actif, à la date du 22 octobre 1906.

 

Le jeune homme quitte l’uniforme avec l’obtention de son certificat de bonne conduite et de son certificat d’aptitude à l’emploi de chef de section.

 

Gaston reste affecté au 29e R.I. en tant que réserviste. Il est inscrit sous le numéro 13532 au répertoire du corps.

 

En 1909, il est désinscrit de son corps d’origine pour être rattaché au  153e R.I., dont le dépôt se trouve à Fontainebleau.

 

Devenu dessinateur industriel, il vit avec ses parents au numéro 160bis de la rue Vercingétorix, dans le XIVe arrondissement parisien. Le 11 avril 1910, Gaston épouse Anne Marguerite Clémence Bourrier à Malakoff, au sud de la capitale.

 

Quelque temps plus tard, le couple Fertat s’installe à Montereau-Fault-Yonne, dans la Seine-et-Marne. Gaston a obtenu un emploi de dessinateur à la faïencerie monterelaise qui est la plus ancienne du département.

 

Manufacture_de_faience_de_Montereau

 

Sa fille, Marie Louise Julia, voit le jour le 29 juillet 1911.

 

Gaston Fertat, qui fut dispensé de sa 1ère période d'exercice, est dans l’obligation de faire sa seconde période au sein du 153e R.I.. Elle se déroule du 4  au 20 décembre 1911.

 

Installé définitivement à Montereau-Fault-Yonne, le sergent de réserve Fertat est rattaché au 46e R.I. de Fontainebleau.

 

En août 1914, lorsque le tocsin de la Collégiale Notre-Dame-et-Saint-Loup sonne pour annoncer la mobilisation générale, Gaston sait qu’il va devoir rejoindre le dépôt de son régiment à Fontainebleau.

 

Son statut de sergent fourrier lui permet probablement de rester au dépôt durant la première décade du mois d’août ; en effet, ce n’est que le 13 août qu’il rejoint son régiment installé dans la région Étain dans la Meuse.

 

Le 2 octobre 1914, Gaston Fertat est blessé à Vauquois. Une première balle l’atteint à la mâchoire inférieure et dans la région lombaire, une seconde balle le touche au bras droit. Son état l’oblige à faire un long séjour dans un hôpital de l’arrière.

 

De retour au dépôt après ses soins et sa convalescence, il souhaite devenir officier. Le 17 mai 1915,  il fait une demande écrite au ministre de la Guerre pour être nommé sous-lieutenant à titre temporaire pour la durée du conflit. Dans son courrier, Gaston fait valoir qu’il est détenteur du certificat d’aptitude à l’emploi de chef de section.

 

Sa requête est accordée ; il est officiellement promu au grade de sous-lieutenant à titre temporaire le 27 juin.

 

Sa promotion le fait changer d’affectation. Gaston Fertat est envoyé au 149e R.I., un régiment qui combat en Artois. Le 13 juillet 1915, le nouvel officier rejoint cette unité où le lieutenant-colonel Gothié l’affecte à la 5e compagnie. À partir de cette date, le sous-lieutenant Fertat participe à toutes les opérations qui sont menées par le régiment spinalien.

 

Son passage au sein des effectifs des cadres de la 5e compagnie est assez court.

 

Le 25 septembre 1915, son régiment est engagé dans une vaste offensive qui doit permettre la prise du bois en Hache. Mortellement blessé, Gaston meurt à la tête de sa section, au cours d’une contre-attaque menée par sa compagnie, sous l’autorité du capitaine Dastouet.

 

Pour en savoir plus sur les événements qui se sont déroulés au cours de cette journée, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante. 

 

Carte journee du 25 septembre 1915

 

Le sous-lieutenant Alexandre Mortemard de Boisse, officier d’état civil du 149e R.I.,  valide le décès de Gaston Fertat le 1er octobre 1915.

 

Le sergent-major Mary Élie Adolphe Béal et le sergent fourrier Charles Paul Clément ont vu tomber leur supérieur sur le champ de bataille.

 

Le 28 octobre 1915, le lieutenant-colonel Gothié note ceci dans le feuillet du personnel de son régiment à propos du sous-lieutenant Fertat : « Ancien sergent fourrier de l’armée active, s’est montré dès son arrivée au 149e, l’officier fanatique et dévoué, plein d’entrain et d’enthousiasme qu’il était. A été tué le 25 septembre devant Angres en entraînant sa section à l’assaut. »

 

L’acte de décès de cet officier n’est transcrit à la mairie de Montereau-Fault-Yonne que le 21 mars 1916.

 

Il n’y a pas de sépulture connue pour cet officier.

 

Le sous-lieutenant Gaston Fertat a obtenu la citation suivante :

 

Citation à l’ordre de l’armée n° 64 du 26 octobre 1915 :

 

« Le 25 septembre 1915, devant Angres, a été tué en se portant en tête de sa section à la rencontre d’une contre-attaque allemande qui fut repoussée. Officier très brave et très énergique. »

 

Vingt jours avant qu’elle ne fête son 8e anniversaire, sa fille, Marie Louise Julia, est adoptée par la nation le 9 juillet 1919.

 

Le nom de cet officier est inscrit sur les monuments aux morts des communes de Montereau-Fault-Yonne et de Verrey-sous-Salmaise ainsi que sur la plaque commémorative qui se trouve à l’intérieur de la Collégiale Notre-Dame-et-Saint-Loup de Montereau-Fault-Yonne.

 

Sources :

 

Dossier individuel consulté au Service Historique de la Défense de Vincennes.

 

Le site des archives départementales de la ville de Paris et le site de généalogie « Généanet » ont également été lus.

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à M. Porcher et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

9 août 2019

Maurice Joseph Paul Marchand (1880-1915)

Maurice Joseph Paul Marchand

 

Maurice Joseph Paul Marchand voit le jour le 12 décembre 1880 à Thuillières, une petite commune vosgienne qui est située au nord-ouest de Vittel.

 

Son père, Joseph Augustin, alors âgé de 24 ans, est le boulanger du village. Sa mère, Marie Augustine Aline Rollet a 26 ans et n'exerce pas de profession.

 

Le 30 avril 1895, la mère de Maurice décède. L’adolescent n’a pas encore fêté son quinzième anniversaire.

 

L’année suivante, son père se remarie avec sa belle-sœur Marie Émilie Hélène Rollet. De cette seconde union naît une petite fille qui fut prénommée Suzanne.

 

Maurice Marchand poursuit ses études après l’école communale. Celles-ci le mènent jusqu'à l’école normale de Mirecourt. Il débute sa formation d’enseignant en 1897. 

 

Instituteur stagiaire, il fait la connaissance de Berthe Eugénie Émélie Rouselle, une institutrice titulaire âgée de 24 ans, originaire de Grignoncourt, mais qui réside à Épinal. Le couple décide de se marier. Berthe devient l’épouse de Maurice le 24 septembre 1902.

 

 

Jeune appelé de la classe 1900, Maurice Marchand est dispensé par l’article 23 (engagement décennal) qui l’oblige à exercer ses fonctions d’instituteur durant 10 années. Il n’effectue qu’un an de service actif. De ce fait, le résultat du tirage au sort n’a aucune importance pour lui. Il tire la boule qui porte le numéro 59.

 

Le 14 novembre 1901, Maurice intègre les effectifs de la 6e compagnie du  79e R.I.. Le dépôt de ce régiment est à Neufchâteau, mais tous ses bataillons sont stationnés à Nancy.

 

La profession de Maurice lui permet d'accéder à la formation de caporal sans aucune difficulté. Il obtient ce grade le 26 mai 1902. Devenu responsable d’escouade, il fut affecté à la 2e compagnie du 79e R.I. aussitôt après avoir cousu ses deux galons rouges.

 

Maurice est envoyé dans la disponibilité le 20 septembre 1902, en attendant son passage dans la réserve de l’armée active. Il se retire à Épinal tout en restant rattaché au régiment de Neufchâteau. Le jeune homme figurait au tableau d’avancement pour le grade de sergent au renvoi de sa classe. 

 

Il est nommé dans ce grade le 26 juillet 1903.

 

Maurice Marchand accomplit une première période d'exercices au sein du 79e R.I. du 16 août au 12 septembre 1904.

 

Il passe ensuite à la subdivision d’Épinal et se voit rattaché au 149e R.I.. En février 1906, il s'installe au numéro 9 de la rue de l’école normale à Épinal.

 

Le sergent Marchand effectue sa seconde période d’exercices au 149e R.I. du 19 août au 15 septembre 1907.

 

Il est dispensé d’une troisième période d'exercices en mai 1908.

 

Berthe et Maurice ont une fille qui vient au monde le 20 octobre 1910. Le couple Marchand  enseigne maintenant à l'école des  Meix de Rupt-sur-Moselle.

 

Ecole des Meix

 

Lorsque le conflit contre l’Allemagne débute en août 1914, Maurice Marchand rejoint le dépôt du 149e R.I..

 

Promu sous-lieutenant à titre temporaire pour la durée de la guerre le 14 novembre 1914, ce n’est que le 12 décembre 1914 qu’il est envoyé sur le front. À cette période de l’année, le 149e R.I. combat en Belgique dans la région d’Ypres. Maurice est affecté à la 5e compagnie.

 

Fin décembre 1915, le 149e R.I. retourne en France pour aller occuper des tranchées dans le secteur de Notre-Dame-de-Lorette.

 

Le 10 mai 1915, Maurice Marchand est titularisé de manière définitive dans son grade de sous-lieutenant.

 

Cet officier est sérieusement blessé le 29 mai 1915 au cours d’une attaque lancée dans le secteur de Notre-Dame-de-Lorette. Atteint au visage, au bras et à la jambe droite, il est rapidement évacué vers l’arrière. Guéri, ce n’est que le 22 août 1915 qu’il retrouve son ancienne compagnie qui occupe toujours le même secteur.

 

Le 25 septembre 1915, le 149e R.I. est engagé dans une vaste offensive qui doit permettre la prise du bois en Hache. Le sous-lieutenant Marchand est tué au cours d’une contre-attaque en soutien du 1er B.C.P. qui est en grande difficulté.

 

Pour en savoir plus sur les événements qui se sont déroulés au cours de cette journée, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

Carte journee du 25 septembre 1915

 

Son décès n’est rendu officiel que le 4 avril 1918, suite à la décision prise par le tribunal civil de Remiremont qui le déclare « mort pour la France » à la date du 21 septembre 1915, ce qui est une erreur.

 

Le 11 juillet 1918, sa fille unique Alice est adoptée par la nation suite à un jugement du même tribunal.

 

Maurice Marchand a toujours été très bien noté par ses supérieurs. Le 14 février 1915, le lieutenant-colonel Gothié écrit ceci : « Officier de réserve arrivé sur le front depuis peu. Ancien instituteur qui se présente très bien, vigoureux, énergique, il a de l’autorité sur ses hommes. Excellent chef de section. »

 

Une deuxième évaluation lui est donnée par le même responsable du 149e R.I. le 10 juin 1915. « Officier de réserve animé d’un excellent esprit. A montré dans les combats de mars et de mai beaucoup de courage et de sang-froid dans la conduite de sa section. Blessé et évacué au combat du 29 mai devant Notre-Dame-de-Lorette. »

 

Quelques semaines après son décès, le lieutenant-colonel Gothié rajoute : « Revenu sur le front à peine guéri, a donné de nouvelles preuves de son énergie et de son courage. A été tué le 25 septembre en entraînant sa section à l'assaut des positions ennemies devant Angres. »

 

Le fait qu’un jugement ait été nécessaire prouve que cet homme a été considéré comme « disparu ». Il n’y eut peut-être qu’un témoin, voire aucun, pour officialiser sa mort. Maurice n’a donc probablement pas de sépulture identifiée.

 

Le sous-lieutenant Marchand a obtenu les citations suivantes :

 

Citation à l’ordre de la 43e division n° 61 en date du 8 juin 1915.

 

« Officier calme et énergique, a secondé son commandant de compagnie de façon parfaite en toutes circonstances. A entraîné vaillamment sa section le 29 mai à l’attaque des tranchées allemandes. Blessé pendant le combat. »

 

Citation à l’ordre de la Xe armée n° 121 en date du 21 octobre 1915.

 

« Le 25 septembre 1915, devant Angres, a été tué en se portant bravement en tête de sa section, au-devant d’une contre-attaque allemande qui fut repoussée. Officier très brave et très énergique. Déjà blessé a été cité à l’ordre de la division. »

 

Le nom de cet homme est inscrit sur les monuments aux morts des communes de Thuillières, de Grignoncourt  et de Rupt-sur-Moselle.

 

Sources :

 

Dossier individuel consulté au Service Historique de la Défense de Vincennes.

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à M. Porcher et au Service Historique de la Défense de Vincennes. 

149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
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