Petite correspondance rédigée à Seigneulles.
Les témoignages et les récits des batailles focalisent le plus souvent l’attention du lecteur sur les activités militaires du soldat. Pourtant, les correspondances montrent régulièrement que le contact épistolaire permettait aux hommes de conserver un lien fort avec l’arrière, avec la famille. Les nouvelles du « pays », les nouvelles de la famille, les activités professionnelles, le lien n’était pas rompu. Y compris pour apprendre le décès de membres de la famille ou de l’entourage. Y compris dans les épisodes paroxystiques pour le régiment.
Début mars 1916, le 149e R.I. cantonne dans la petite commune de Seigneulles qui se trouve dans le département de la Meuse.
Nous sommes dans une période très anxiogène pour les hommes. Ils savent qu’ils ne vont pas tarder à remonter en ligne pour aller combattre dans le secteur de Verdun où les Allemands ont déclenché une vaste offensive depuis le 21 février. Personne ne sait vraiment ce qui les attend. Le bruit court que les combats sont terribles. Dans cette période un peu chaotique, le capitaine Gaston de Chomereau de Saint-André, qui vient apprendre le décès d’un membre de sa famille, prend le temps de rédiger une petite carte à sa cousine.
« Aux armées 5 mars 1916,
Ma chère cousine,
J’apprends aujourd’hui le grand malheur qui vous frappe et veux vous dire la part bien vive et sincère prise à votre chagrin et la peine personnelle éprouvée dans le deuil qui nous atteint. Je sais, hélas, la douleur ressentie en pareil cas et je joins mes prières aux vôtres…
Pardonnez la brièveté de cette carte, mais je suis dans un coin terriblement agité depuis quelques jours et veuillez, je vous prie, ma chère cousine, agréer avec l’hommage de mon plus profond respect, l'expression de ma sympathie bien attristée et affectueuse.
G. de Chomereau »
Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi et à T. de Chomereau.