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149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
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30 août 2019

Marie Louis Paul Dastouet (1888-1915)

Marie Louis Paul Dastouet

 

Natif de Périgueux, Marie Louis Paul Dastouet voit le jour le 2 juin 1888 au numéro 27 du cours Montaigne. À sa naissance, son père, Joseph François, travaille comme négociant. Il a 35 ans. Sa mère, Marguerite Nadal, n’exerce pas de profession. Elle est âgée de 24 ans.

 

Trois années plus tard, le père de Paul possède son propre établissement commercial. Il n’utilise pas ses prénoms d’état civil pour la raison sociale de son entreprise, probablement en raison du rachat d’une ancienne structure connue localement. Sa quincaillerie, au nom de Martial Dastouet, est implantée au 11 rue de Bordeaux, dans la préfecture de la Dordogne.

 

Rue de Bordeaux a Perigueux

 

Marguerite donne naissance à un second garçon en décembre 1892, mais le petit Joseph ne survit pas à son deuxième mois.

 

Genealogie famille Dastouet

 

Les parents de Paul gagnent suffisamment bien leur vie pour lui payer des études supérieures. Bon élève, l’adolescent poursuit sa scolarité au lycée de Périgueux qui va le mener jusqu’au baccalauréat.

 

Le jeune homme s’oriente ensuite vers une carrière militaire. Son degré d’instruction de niveau 5 lui permet de tenter l’examen d’entrée saint-cyrien. Admis au concours, il se rend à la mairie de Périgueux le 10 octobre 1908 pour y signer un engagement volontaire de 4 ans. Depuis 1905, les futurs officiers reçus à l’école spéciale militaire ont l’obligation de servir dans un régiment durant une année complète.

 

Par commodité, Paul Dastouet choisit le 50e R.I., le régiment de sa ville natale, en attentant d’aller faire sa formation théorique.

 

Le 1er mars 1909, il est nommé caporal. Le 18 octobre, il quitte la caserne Bugeaud pour entrer à l’école spéciale militaire. Paul fait partie des étudiants de la 93e promotion qui a été baptisée « promotion de Mauritanie ».

 

Le 5 novembre 1909, il est nommé sergent, puis aspirant le 16 mai 1910.

 

Le futur officier obtient le numéro 113 sur 210 élèves classés aux examens de sortie.

 

Le 1er octobre 1911, Paul Dastouet est envoyé comme sous-lieutenant au 149e R.I. d’Épinal. Son nouveau grade prend rang à compter du 1er octobre 1910.

 

Paul intègre l’équipe des cadres d’une des compagnies du 4e bataillon du 149e R.I., une unité rattachée au groupe de forteresse d’Épinal.

 

En avril 1912, le lieutenant-colonel Pichoud, qui commande le groupe de forteresse, écrit ceci à son sujet dans le feuillet du personnel : « Jeune officier intelligent, aimant son métier et s’acquittant de ses devoirs avec zèle. À de l’entrain et de la vigueur. Très apte à faire campagne. Promet de très bien faire »

 

Six mois plus tard, il ajoute ceci : « Continue à bien servir et à mériter les éloges de ses chefs. Promet d’être un excellent officier. »

 

Paul Dastouet est nommé lieutenant le 1er octobre 1912. Le jour même, il doit rejoindre le fort d’Arches, un ouvrage construit sur la commune de Pouxeux. Au cours de l’hiver suivant, il quitte le fort rattaché à la place fortifiée d’Épinal, pour aller suivre les cours de l’école régionale de ski de Gérardmer du 27 janvier au 12 mars 1913.

 

De retour au fort d’Arche, il apprend, un mois plus tard, que le 4e bataillon du 149e R.I. est en train de vivre ses dernières heures. En effet, les effectifs de cette unité vont être directement versés dans un régiment nouvellement créé à la date du 15 avril 1913. Il va falloir découdre le numéro 149 de son uniforme pour le remplacer par le numéro 170.

 

Le lieutenant Dastouet quitte définitivement son poste à responsabilité du fort d’Arches le 30 août 1913. Il s’installe à la caserne Contades pour y prendre le commandement d’une section de compagnie du 170e R.I.. Le 30 septembre 1913, il est muté au 149e R.I..

 

Le 1er octobre 1913, le lieutenant-colonel Pichoud note à propos de son subordonné : « Toujours de très bonne humeur, sert avec entrain. Très bon esprit militaire, énergique et vigoureux, promet d’être un excellent officier. Il sait conduire les hommes et les entraîner. Semble devoir être un officier de choix. »

 

La vie de caserne du temps de paix s’arrête brusquement à la fin du mois de juillet 1914. Le conflit contre l’Allemagne est inévitable. Le 149e R.I. qui est un régiment de couverture doit envoyer son 1er échelon, dès le 1er août, en direction de la frontière germano-française.

 

À cette période de l’année, le lieutenant Dastouet sert à la 1ère compagnie du régiment sous les ordres du capitaine Souchard. Le régiment est commandé par le lieutenant-colonel Menvielle. Après le départ du 1er échelon, Paul Dastouet reste à la caserne Courcy avec quelques officiers, pour la prise en charge des réservistes qui viennent constituer le 2e échelon du régiment.

 

Le 4 août 1914, le lieutenant Dastouet rejoint, dans le secteur de Vanémon, le 1er échelon avec le groupe de réservistes.  Le 149e R.I. est maintenant au complet, prêt à combattre.

 

Le 9 août 1914, deux bataillons du 149e R.I. subissent le baptême du feu dans le secteur de Sainte-Marie-aux-Mines, près de Wisembach. Le lieutenant Dastouet est grièvement blessé au cours de cet engagement.

 

Il est touché par une balle en séton à la base antéro-postérieure du thorax, à droite, avec perforation du cul de sac pleural et hémothorax. Cette balle lui perfore également le rebord droit du foie.

 

Pour en savoir plus sur cette journée, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

Renclos des Vaches 2

 

Paul Dastouet est évacué pour être soigné à l’arrière. Il ne retourne au dépôt du 149e R.I. que le 20 octobre 1914.

 

Le 22 novembre 1914, le lieutenant Dastouet est envoyé dans la zone des armées pour prendre le commandement de la 5e compagnie de son ancienne unité. À cette période du conflit, le 149e R.I. combat en Belgique dans la région d’Ypres.

 

Il est nommé capitaine à titre temporaire le 30 novembre 1914. Sa carrière est rapide, il passe, en cinq ans, d’engagé volontaire en 1909 à capitaine. Il n’a que 26 ans.

 

Fin décembre, le 149e R.I. retrouve le sol français. Il vient occuper des tranchées en Artois dans le secteur de Notre-Dame-de-Lorette. Le capitaine Dastouet participe à chacune des actions qui engagent sa compagnie dans le secteur.

 

Le 2 juillet 1915, Paul Dastouet est titularisé dans son grade d’officier de manière définitive.

 

Paul bénéficie d’une permission de 6 jours qui dure du 2 au 7 août 1915.

 

Le 25 septembre 1915, la 43e D.I. est entièrement engagée dans une vaste offensive dans le secteur du bois en Hache en Artois. Le capitaine Dastouet, à la tête de ses hommes qu’il mène à la contre-attaque, est blessé. Il est atteint par une balle qui se loge à l’extrémité de sa cuisse droite. La blessure est très grave. L’évacuation sur le poste de secours central de la Malterie d’Aix-Noulette est longue et parsemée d’embûches. Les boyaux sont imbibés d’eau, encombrés par les blessés et les hommes qui montent en ligne, ce qui rend la tâche des brancardiers particulièrement pénible.

 

Sommairement soigné, Paul Dastouet est envoyé à Paris où il est pris en charge par les médecins de l’hôpital Necker dans le XVe arrondissement.

 

Pour en savoir plus sur les évènements qui se sont déroulés durant cette journée, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

 

Carte journee du 25 septembre 1915

 

Les soignants ne purent rien faire pour le sauver. Paul décède le 13 octobre 1915 à l’âge de 27 ans. L’histoire ne dit pas s’il a pu revoir ses parents avant de mourir.

 

Quelques jours après sa mort, le lieutenant-colonel Gothié rédige ce petit texte : «  A continué à donner les plus belles preuves de son activité et de sa bravoure au feu au cours de tous les combats auxquels le 149e R.I. a pris part. 2 blessures, 3 citations. Vient d’être blessé grièvement au combat du 25 septembre devant Angres et fait chevalier de Légion d’honneur pour sa belle conduite. Est mort malheureusement des suites de sa blessure. »

 

Le capitaine Dastouet repose actuellement dans le cimetière nord de Périgueux.

 

 

En janvier 1957, une assistante sociale de Périgueux fait une demande pour obtenir les états de services de Paul Dastouet. Elle est en train de constituer un dossier pour tenter d’obtenir la gestion d’un bureau de tabac pour la mère du capitaine. Cette femme qui est âgée de 95 ans vit probablement dans des conditions extrêmement modestes.

 

Le nom de cet officier est inscrit sur les monuments aux morts des villes de Périgueux et d’Épinal. Il est également gravé sur la plaque commémorative qui se trouve à l’intérieur de l’église de la Cité à Périgueux.

 

Paul Dastouet ne s’est pas marié et n’a pas eu de descendance.

 

Décorations obtenues :

 

Croix de guerre avec deux palmes et une étoile d’argent.

 

Citation à l’ordre de la 1ère Armée en date du 12 septembre 1914 à la suite du combat du 9 août au col de Sainte-Marie en Alsace.

 

« Pour son sang- froid et sa belle conduite au feu. »

 

Citation à l’ordre n° 46 de la 43e Division en date du 16 mars 1915.

 

« A conduit brillamment sa compagnie les 3 et 4 mars pendant les combats devant Noulette. A exécuté plusieurs reconnaissances très périlleuses pendant la nuit pour déterminer l’emplacement des tranchées qu’il a fait construire à 400 mètres des lignes ennemies. »

 

Citation à l’ordre de la 10e  Armée n° 87 en date du 10 juillet 1915.

 

« Commandant de compagnie plein d’entrain et de courage. S’est signalé le 18 juin par son esprit d’à propos en prenant possession avec le minimum de pertes, d’une grande partie des tranchées et abris du fond de Buval que l’ennemi n’avait évacué que partiellement et fait 18 prisonniers. »

 

Chevalier de la Légion d’honneur le 27 septembre 1915 ordre n° 1737 D.

 

« Le 25 septembre 1915, a été blessé grièvement en entraînant vigoureusement sa compagnie à l’assaut d’une contre-attaque allemande qui fut repoussée. Excellent officier plein de courage et d’allant, déjà blessé au début de la campagne. Titulaire de trois citations. »

 

 

Sources :

 

Dossier individuel consulté au Service Historique de la Défense de Vincennes.

 

La fiche signalétique et des services de Paul Dastouet a été lue sur le site des archives départementales de la Dordogne.

 

La photographie de la sépulture du capitaine Dastouet a été réalisée par N. Demaison.

 

Le registre de recensement de l’année 1891 de la ville de Périgueux a été visionné dans son intégralité pour confirmer le prénom non conforme à l’état civil porté par le père du capitaine Dastouet sur le site des archives départementales de la Dordogne.

 

Paul Dastouet est évoqué dans un article intitulé : « le lycée de Périgueux 1914-1918 ». Pour consulter cet écrit, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

Lycee de Perigueux

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Ducoq, à A. Carobbi, à T. Cornet, à N. Demaison, à J. Horter, à M. Porcher, au Service Historique de la Défense de Vincennes et aux archives départementales des départements du Lot-et-Garonne et de la Dordogne. 

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