Enfance et jeunesse
Louis Foucher naît le 28 juillet 1887, au numéro 3 de la rue Roubo, une petite voie du quartier Sainte-Marguerite, située dans le 11e arrondissement de Paris. Son père, Alphonse Adolphe, 42 ans, travaille comme emballeur. Sa mère, Marie Louise Tisserant est une journalière âgée de 39 ans.
Le jeune Louis est envoyé très tôt dans une ferme. Sa scolarité est restée très rudimentaire. Cette situation est étonnante pour une famille urbaine. Les souvenirs de famille laissent à penser qu’il était un enfant illégitime.
Louis Foucher souhaite faire une carrière militaire. Le 26 août 1905, il se rend à la mairie du 9e arrondissement, à peine âgé de 18 ans. Étant à trois ans de la majorité, il a obligatoirement besoin du consentement paternel ou maternel pour signer son contrat de trois ans. Ce consentement fut peut-être celui d'un tuteur gérant une pupille de l’assistance publique (les dates exactes de la mort des parents ne sont pas connues. Nous savons simplement qu’ils sont décédés au moment du recensement de leur fils en décembre 1907).
Le jeune Louis se rend au 82e R.I. pour commencer sa formation de soldat. Il quitte la capitale pour s’établir dans une des deux casernes du régiment, la première se trouve à Troyes, la seconde à Montargis. Il est impossible de savoir dans laquelle des deux il a fait ses débuts sous l’uniforme.
Un officier remarque son intelligence. Loin de maîtriser l’écriture, la lecture et le calcul, celui-ci l’oblige à suivre un enseignement sérieux.
Le soldat Foucher est nommé caporal le 20 septembre 1906, puis sergent le 10 septembre 1907.
Libéré de ses obligations militaires le 26 août 1908, il ne souhaite pas signer de nouveau contrat. Louis passe dans la réserve de l’armée active, rattaché au 45e R.I. de Laon. C'est le retour à la vie civile. Il se retire à Paris au 27 rue de Tanger dans le 19e arrondissement.
Période avant-guerre
Le 24 octobre 1908, il épouse une giletière parisienne âgée de 22 ans, Louise Adolphine Guenaut. Le jeune homme travaille comme contrôleur. Un garçon, prénommé Roger Louis, naît de cette union.
Un décret présidentiel du 23 juin 1913 permet à cet ancien sergent de devenir sous-lieutenant de réserve. Il renoue avec la vie militaire.
Deux mois plus tard, il d’accompli une période d’instruction entre le 22 août et le 13 septembre 1913 au 170e R.I.. Louis effectue, dans la foulée, un stage d’activité à compter du 18 décembre 1913, dans le même régiment.
Le sous-lieutenant de réserve Foucher obtient l'autorisation d'effectuer un stage d’un an. Ce stage lui permet d’être titularisé dans l’armée active.
C’est dans ce cadre-là qu’il prend le commandement du fort de Longchamp à partir du 1er janvier 1914. Louis Foucher occupe ce poste jusqu’à la date de la déclaration de guerre par l’Allemagne le 3 août 1914.
Les premiers mois du conflit
Le 5 août 1914, Louis Foucher est sur la ligne de front avec le 170e R.I..
Devenu sous-lieutenant de l’armée active le 1er décembre 1914, il est muté au 58e R.I. le 23 janvier 1915. Le dépôt de ce régiment se trouve à Avignon. Le lieutenant-colonel du régiment lui donne le commandement d’une section d’une de ses compagnies lorsqu’il rejoint la zone des armées,. Légèrement souffrant en avril 1915, il reprend son service quelques jours plus tard, complètement rétabli.
Louis Foucher est nommé lieutenant à titre définitif le 2 juillet 1915. Il est blessé le 5 octobre 1915 à la butte de Souain en Champagne. Touché par de multiples petits éclats d’obus au thorax et à la main droite, Louis est évacué vers l’arrière le lendemain.
De retour de convalescence, le lieutenant Foucher prend le commandement d’une compagnie du 58e R.I., le 1er décembre 1915.
Au 149e R.I.
Affecté au 149e R.I., il rejoint le régiment actif à la fin du mois de mars 1916, avec un détachement de renfort. Le régiment combat.dans le secteur du village de Vaux-devant-Damloup, près de Verdun,
À peine arrivé, il monte en 1ère ligne avec la 11e compagnie dont on vient de lui confier le commandement. Ses sections occupent une position autour du fort de Vaux.
Pour en savoir plus sur cette période, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante et de lire la partie du témoignage du capitaine Gaston de Chomereau de Saint-André à partir de la date du 29 mars 1916.
Le 149e R.I. quitte la Meuse à la mi-avril 1916. Après un court instant de repos à Landrecourt, le lieutenant Foucher se rend en Champagne avec l’ensemble du régiment pour prendre position dans un secteur situé entre les buttes de Tahure et celles de Mesnil, près des Deux-Mamelles.
Louis Foucher est nommé capitaine à titre temporaire le 15 juillet 1916.
Début septembre 1916, le capitaine Foucher conduit sa compagnie au feu. L'attaque se déroule dans la Somme. Le régiment doit reprendre le village de Soyécourt aux Allemands. L'engagement est une réussite totale. À cette occasion, Louis Foucher gagne une citation à l’ordre du corps d’armée.
Pour en savoir plus sur cette période du conflit, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.
Il combat ensuite dans le secteur de Déniécourt et de Foucaucourt. Louis Foucher est nommé à titre définitif dan son grade de chef de compagnie.
Le 23 décembre 1916, le lieutenant-colonel Pineau récrit ceci dans le feuillet individuel de campagne du capitaine Foucher :
« Commande une compagnie depuis qu’il est au 149e R.I.. S’en acquitte avec zèle et dévouement. L’a bien conduite au feu pendant les attaques de septembre. En somme, bon commandant de compagnie. »
L’année suivante, le 149e R.I. occupe plusieurs secteurs à proximité du chemin des Dames. Pendant plus de dix mois, cette unité n'est pas sollicitée pour participer à une grande offensive.
Fin septembre 1917, le régiment débute un important entraînement. Une attaque est prévue pour la fin du mois d’octobre, près de la Malmaison.
Le capitaine Louis Foucher est photographié avec l’ensemble des cadres du 3e bataillon dans la commune d'Ancienville, peu de temps avant le déclenchement de cette offensive.
Le 23 octobre 1917, sa compagnie fait partie des effectifs engagés en 1ère ligne durant la 2e phase de la bataille de la Malmaison.
Le commandant Putz, chef du 3e bataillon, est blessé juste avant l’attaque. Il est remplacé par le capitaine adjudant-major Houël. Celui-ci est tué peu de temps après le déclenchement de la 2e phase de l’opération. C'est au tour du capitaine Foucher de prendre la tête du 3e bataillon. Il doit mener à bien la suite des opérations.
Pour en savoir plus sur cette période du conflit, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.
Le capitaine Foucher conserve le commandement du 3e bataillon jusqu’à la fin du mois de décembre. Il reprend ensuite la tête de son ancienne compagnie.
Un acte qui aurait pu briser une carrière.
Le 15 janvier 1918, suite à la lecture d’un rapport demandant aux hommes de se faire couper les cheveux avant le départ prochain du régiment pour les Vosges, le lieutenant Galliot de la 11e compagnie ordonne au coiffeur Mazeraud d’exécuter sa tâche. Il doit commencer par la 1ère section. Le soldat Mazeraud refuse d’accomplir cette mission. Il prétexte qu’il ne peut pas tout faire et que cela lui occasionne beaucoup plus de travail que les autres. L’ordre est renouvelé le lendemain, le coiffeur ne veut toujours pas obéir. La situation s’aggrave. Les gradés et les officiers de la compagnie n'obtiennent rien de lui. L'officier de jour, le sous-lieutenant Wilisky, le fait conduire au poste de police. Le capitaine Foucher est dans l’obligation d’intervenir.
L’attitude du soldat continue de rester très irrespectueuse devant le responsable de la 11e compagnie. Mazeraud ne veut toujours rien entendre. Des phrases dures sont échangées ; excédé par le comportement de son subordonné, le capitaine Foucher finit par lui donner une gifle. Les ennuis commencent...
Le colonel Guy commandant l’infanterie de la 43e D.I. écrit au général commandant la 43e D.I. la lettre suivante :
« J’ai l’honneur de vous rendre compte que j’ai détruit la lettre que j’avais adressée au sujet de l’incident « capitaine Foucher – soldat Mazeraud » au colonel commandant le 149e R.I. et que celui-ci m’avait retourné, cette lettre ayant eu forme de correspondance personnelle.
Mais je puis vous indiquer l’objet de cette correspondance. Le 20 janvier, j’avais fait une enquête à la compagnie du capitaine Foucher à la suite d’actes contraires à la discipline. Le soldat Mazeraud, perruquier, avait refusé de couper les cheveux de ses camarades sous prétexte qu’il avait du linge à laver.
Le capitaine Foucher, commandant de compagnie, avait dû intervenir, les gradés et les officiers de la compagnie n’ayant pu obtenir l’obéissance de Mazeraud, et, énervé par l’attitude de cet homme, avait levé sa main sur lui.
Le capitaine Foucher était un très bon officier, ayant de brillants états de service de guerre, il venait juste d’être décoré sur le champ de bataille de l’Ailette. Le soldat Mazeraud n’avait pas de punitions, il avait été blessé trois fois pendant la guerre. La scène qui s’était passée me semblait avoir pour cause la fatigue et l’énervement successifs. La faute n’avait de gravité qu’autour de l’attitude prise, sans raison, d’abord par le soldat Mazeraud, ensuite par le capitaine Foucher.
D’un autre côté, tous les deux m’exprimaient le regret sincère de ce qui s’était passé.
Étant donné le passé militaire des deux intéressés, leur repentir, les circonstances de leur faute, j’estimais qu’il était de l’intérêt même de la discipline d’avoir une indulgence et de ne pas chercher à demander une sanction sévère, dans ce cas, au conseil de guerre, sanction qui pourrait entacher leur carrière militaire.
C’est ce que je conseillais au colonel, en lui annonçant que j’avais sollicité et obtenu votre indulgence pour le capitaine Foucher et pour le soldat Mazeraud.
Je leur avais fait de sévères observations à chacun, pour leur faute contre la discipline et je proposais, comme sanction, que le capitaine fût changé de corps et le soldat de bataillon.
J’ajoute que tous les deux me remercièrent de ma bienveillance à leur égard lorsque je leur dis la sanction que je demanderai contre eux.
Le soldat Mazeraud m’assura son désir de bien faire à l’avenir et me déclara qu’il n’avait aucune intention de réclamer contre son capitaine. Le capitaine Foucher m’a dit qu’il avait un vif chagrin de quitter le régiment avec lequel il s’était battu pendant toute la campagne, mais qu’il s’inclinait devant la sanction qu’il avait méritée. »
Ces évènements auraient pu être lourds de conséquences pour les deux hommes, s’ils n’avaient pas bénéficié de l’indulgence de leurs supérieurs.
Le 21 février 1918, le colonel Boigues note ceci dans le feuillet du personnel du capitaine Foucher : « S’est distingué le 23 octobre à la bataille de la Malmaison où il a été brave au feu et chef avisé, a ensuite, pendant deux mois, commandé très convenablement son bataillon. Il a toutefois montré, dans la conduite de sa compagnie, des écarts d’humeur, qui rendent parfois son commandement difficile à supporter. Est, en résumé, à surveiller en raison même des brusqueries de caractère.
Le capitaine Foucher a été relevé du commandement de sa compagnie et envoyé le 28 janvier au C.I.D. en attendant son passage à l’armée d’Orient par décision du général commandant la 43e D.I., pour avoir commis un acte de violence (gifle) envers un de ses subordonnés, dont l’attitude arrogante et le refus d’obéissance l’avaient exaspéré.»
Un nouveau départ pour le capitaine Foucher
Sa sanction aurait pu être vécue comme humiliante et conduire au renoncement du capitaine. Bien au contraire, loin de brider sa carrière, cette nouvelle affectation lui ouvre de nouvelles perspectives qui le mènent au Levant et à l'Afrique du Nord.
Le capitaine Foucher est envoyé au C.I.D. de la 43e D.I. du 20 février au 1er mars 1918.
Fin février 1918, il rejoint le dépôt du 5e R.I.C. à Lyon. Le 8 mars, Louis Foucher dort au dépôt du 22e R.I.C. de Marseille.
La période entre le 8 mars 1918 et le 16 juillet 1918, date de son retour au dépôt du 22e R.I.C. reste lacunaire sur ses états de service.
Louis Foucher quitte les Bouches-du-Rhône pour s’installer au camp de Fréjus. Il occupe les fonctions d’adjoint au colonel commandant la subdivision de Saint-Raphaël, à compter du 3 août 1918. Durant cette période, épaulé par ses chefs, il travaille beaucoup sur lui-même pour améliorer sa manière de commander.
Bon cavalier, c’est aussi un grand amateur de sport, qui pratique assidûment l’éducation physique.
Louis Foucher devient le chef du 2e bureau de l’E.M. des camps de Saint-Raphaël, du 1er avril au 1er mai 1919.
Le mois suivant, ses supérieurs lui confient la responsabilité du camp de remonte du 73e B.T.S..
Le chef de bataillon de cette unité, le commandant Lame, écrit ceci dans son feuillet individuel de campagne, le 15 juin 1919 :
« Désigné pour servir au 17e R.T.S., a fait le service pendant un mois et demi au centre de remonte du 73e B.T.S.. Grâce à son activité et à ses facultés d’organisation, le capitaine Foucher avait déjà obtenu de sérieux résultats pour la remise en ordre de cette unité dont le commandement et l’administration laissaient fort à désirer.
A de l’autorité, de l’obstination vers le but à atteindre, il me paraît capable de se tirer toujours fort honorablement de toutes les missions qui pourraient lui être confiées.»
Le 2 juillet 1919, Louis Foucher embarque sur un navire qui le conduit au 17e R.T.S., un régiment nouvellement créé, sous l’autorité du colonel Debieuvre. Il reçoit le commandement de la 3e compagnie.
Le capitaine Foucher reste sur le sol de l’Afrique du Nord du 4 juillet au 23 octobre 1919. Le 17e R.T.S. quitte ses garnisons à la fin du mois d’octobre pour se rendre à Bizerte par voie ferrée.
À l’armée du Levant :
Fin 1919, la France organise une opération pour protéger ses acquis. Elle se bat contre les Kémalistes qui luttent contre le gouvernement ottoman. Ce dernier s’apprête à signer le traité de Sèvres. La France institue donc une zone d’influence par la force, notamment en Cilicie. Le capitaine Foucher fait partie des troupes chargées de mettre cette zone en place.
Le 12 novembre 1919, le 17e R.T.S. quitte le port de Bizerte à bord de trois vapeurs, le Fukui Maru, l’Autria et l’Itu. Il prend la direction du Levant. Nous ne saurons pas sur lequel de ces trois navires le capitaine Foucher s’est embarqué.
Le 23 novembre, Louis Foucher commande la 4e compagnie. Il s’installe à Adana avec les autres compagnies du bataillon. Les deux autres bataillons du régiment tiennent garnison à Mersine et à Tersous.
Le 2 janvier 1920, le chef de bataillon Corneloup, responsable du 2e bataillon du 17e R.T.S. est avisé qu’une colonne, placée sous ses ordres, doit dégager la route entre Islahié et Marasch. Cette route a été coupée par des insurgés, entre Saribar et El Oughlou. La 4e compagnie du capitaine Foucher fait partie de cette colonne.
La colonne se rend à la gare d’Adana dans la nuit du 2 au 3. Le train dépose les compagnies du 2e bataillon en gare de Bagtché, dans l’après-midi du 3.
Le 4 janvier à minuit, la colonne se met en route pour Saribar. Elle prend un chemin de montagne. Celui-ci se révèle difficile d'accès. Le commandant Corneloup ordonne de faire demi-tour. Les hommes rentrent à Bagtché après quatre heures de marche. Les derniers éléments, complètement épuisés, arrivent entre 8 h 00 et 9 h 00.
5 janvier 1920
La colonne se remet en route. Un nouvel itinéraire la fait passer par Airan Kazanali et Bel Punar.
6 janvier 1920
La compagnie du capitaine Foucher et les autres éléments de la colonne partent pour El Oghlou. Ils franchissent le mauvais passage de Baba Boroum entre 11 h 00 et 12 h 00. Les insurgés n’y sont pas. El Oghlou est atteint à 15 h 00. Les habitants ont fui.
7 janvier 1920
Les vivres arrivent à expiration. Le commandant Corneloup sait qu’un convoi monte derrière lui. Il décide de l’attendre. La 8e compagnie du 17e R.T.S. part à sa rencontre.
8 janvier 1920
Les distributions de nourriture sont faites dans la matinée. Le chef de bataillon prévoit de repartir vers midi,. Il veut se rapprocher de Marash.
Les unités s'apprêtent à partir vers 11 h 45. Une fusillade importante éclate. Les insurgés, placés sur les pitons avoisinants, tirent sur les hommes.
Les 143 hommes de la 4ecompagnie se lancent aussitôt à l’attaque. Ils emportent successivement deux pitons.
Cette action vaut au capitaine Foucher une citation à l’ordre de la 156e D.I..
9 janvier 1920
Dans la nuit, il est demandé à la garnison de Marash d’envoyer des moyens transports pour la prise en charge des blessés. La 4e compagnie déplore cinq tués et 12 blessés dont le sous-lieutenant Caprais.
10 janvier 1920
La colonne quitte El Oghlou à 5 h 00. Elle arrive à Marash dans la soirée. La 4e compagnie est logée dans un trou, en bordure de la route d’Islahié.
Du 11 au 20 janvier 1920
Séjour a Marash
21 janvier 1920
La compagnie Foucher est désignée pour défendre la partie sud de la ville.
Louis Foucher gagne une citation à l’ordre de la division, en défendant son poste attaqué à plusieurs reprises. Il reçoit l’ordre d’évacuer sa position le 8 février.
11 février 1920
Étape de Marash à El Oghlou
12 février 1920
Étape d’El Oghlou à Bel Punar
13 février 1920
Étape de Bel Punar à Islahié, les conditions météorologiques sont terribles, plusieurs hommes meurent de froid.
14 et 15 février 1920
Séjour à Islahié, les unités sont reconstituées.
La 4e compagnie du capitaine Foucher retrouve ses cantonnements à Antana le 16 février 1920.
Les lieux de cantonnements et les noms des colonnes dans lesquels Louis Foucher a pu se retrouver après ces évènements ne sont pas connus.
Fin mars 1920, le colonel Debieuvre rédige la note suivante concernant son subordonné : « Bon officier, actif, énergique, qui commande bien sa compagnie. Dévoué à ses chefs, laisse à désirer sous le rapport de l’instruction générale et de l’éducation. Belle tenue, belle conduite au feu. Débrouillard, caractère susceptible, dont on obtient beaucoup avec une bonne parole. »
Louis Foucher est engagé avec ses hommes dans les combats d’Harim, au nord de la Syrie, du 25 mai au 16 juin 1920.
Le 2 juillet 1920, il participe au combat de Kul-Tépé.
Le capitaine Foucher commande et défend le petit poste de Sadjour attaqué par les Kémalistes entre le 17 et le 20 juillet 1920.
Cette dernière action lui vaut une citation à l’ordre de l’armée.
Le 1er février 1921, Louis Foucher est dirigé sur le B.D.I.C. de Beyrouth. Il est aussitôt rapatrié.
Le capitaine Foucher est affecté au 415e R.I. le 7 octobre 1920. Il quitte ce régiment le 1er janvier 1921, après une hospitalisation à Alep commencée à la fin du mois de novembre 1920. Au cours de cette période, Louis Foucher occupe les fonctions de commissaire militaire des gares. Il rejoint le 147e R.I. le 10 mai au moment où ce régiment s’apprête à partir pour l’armée du Rhin. Il ne reste que peu de temps dans cette unité.
Formateur pour la première fois
Louis Foucher est muté au 89e R.I. de Paris pour convenance personnelle, suite à une décision ministérielle prise le 21 mai 1921. Il prend le commandement de la 11e compagnie du 21 mai 1921 au 20 septembre 1922 puis celui de la 7e compagnie du 1er avril au 31 octobre 1923.
Le 29 novembre 1923, il est rattaché comme instructeur temporaire à la préparation militaire supérieure.
Le 9 décembre 1923, il dépend administrativement du 66e R.I. puis du 46e R.I. à partir du 1er janvier 1924, tout en restant maintenu détaché à la P.M.S..
Le 16 janvier 1926, il travaille en tant qu'instructeur permanent au service de la préparation militaire supérieure du G.P.M..
Le chef du 4e groupe de P.M.S. écrit ceci à son sujet en juillet 1927 : « Excellent officier, sorti du rang, qui a su acquérir par un travail acharné les connaissances nécessaires à un officier. Ayant conscience de ne devoir qu’à ses efforts les mérites de sa carrière, est d’un caractère assez susceptible, mais plein d’allant, actif, dévoué, toujours prêt à se rendre utile. Bon instructeur, il obtient de bons résultats et a de l’autorité sur ces élèves. Depuis plusieurs années, il a fait, bénévolement, de nombreuses conférences à l’école de Reuilly et rendu les meilleurs services aux directeurs de cette école. »
En 1928, il est instructeur à l’école des travaux publics et aux facultés. Il continue d’enseigner à l’école de perfectionnement, à des officiers de réserve d’infanterie de Reuilly.
Le capitaine Fouché intègre le 46e R.I. le 10 novembre 1930.
1er séjour au Maroc
Volontaire pour retourner en Afrique, il est mis à la disposition du général commandant supérieur des troupes du Maroc. Le capitaine Foucher embarque à Bordeaux le 14 juillet 1931 en direction des terres africaines. Trois jours plus tard, il débarque au port de Casablanca avant de rejoindre le 4e Régiment de Tirailleurs Marocains.
Le 23 novembre, il se rend à l’E.M. de la région de Fez. Le capitaine Foucher est affecté à l’état-major particulier de l’infanterie, au service de l’instruction physique du Maroc. Le 30 novembre 1931, il est rayé des contrôles du 4e R.T.M..
Une décision ministérielle du 21 juin 1933 lui ordonne de rejoindre le 5e R.I.. Il lui faut de nouveau reprendre la mer pour rejoindre la Métropole. Louis Foucher retrouve le port de Casablanca le 29 août.
Formateur pour la seconde fois
Promu chef de bataillon le 25 décembre 1933, il est, en même temps, nommé directeur de la G.M.S. et de l’Instruction des officiers de réserve des départements de l’Indre et de l’Indre-et-Loire. Il est rayé des contrôles du 5e R.I. le 1er janvier 1934.
En 1936, il reçoit la rosette de l'instruction publique suite à une proposition faite par l’inspecteur d’Académie en raison des brillants résultats, obtenus aux examens de P.M.S., par les élèves de l’école normale.
2e séjour au Maroc
De nouveau volontaire pour l’Afrique, il traverse une fois de plus la mer Méditerranée. Il embarque à Marseille le 27 septembre 1937 pour débarquer à Oran deux jours plus tard.
Cette fois-ci, c’est pour être affecté au 2e R.T.M. à Marrakech. Le 30 septembre, jour de son arrivée, il est affecté à la C.H.R.. Le 21 octobre 1938, il est au C.A. 1.
Le 21 janvier 1938, le commandant Fouché prend le commandement du 1er bataillon du régiment. Considéré comme un officier de grand mérite par ses supérieurs, il est autorisé à accomplir un nouveau séjour de deux ans au Maroc. Louis Foucher a maintenant une bonne connaissance de la langue arabe.
Louis Foucher est connu et recherché pour sa convivialité. Son côté agréable en société lui permet d'être souvent invité. Renommé pour sa gourmandise au-dessus de la norme, il a été surpris, à plusieurs occasions, dans les cuisines où il était convié pour « prendre de l’avance », ce qui n’est pas toujours très positif pour son image. Il sait aussi très bien parler. Brillant orateur, il se sert de cet art avec brio auprès des femmes qui tombent très facilement sous son charme.
2e conflit mondial 1939-1940
Septembre 1939, la France et le Royaume-Uni déclarent la guerre à l’Allemagne suite à l’invasion de la Pologne. Louis Foucher s’apprête à combattre ses anciens ennemis pour la seconde fois de sa vie. Son régiment se prépare à rejoindre la métropole.
Les hommes passent la frontière algéro-marocaine le 25 octobre 1939. Ils embarquent à Oran le 30 pour débarquer à Marseille le 1er novembre.
Le 1er bataillon du 2e R.T.M. tient ses quartiers à Obernausen au nord-est de Haute-Sierck, dans la Moselle du 22 décembre 1939 au 10 janvier 1940.
Atteint de paludisme chronique, contracté au début des années 20, le commandant Foucher fait une très violente crise lorsqu’il est en ligne. Il refuse de se faire évacuer. Ce n’est que lorsque la division marocaine descend au repos, aux environs de Châlons-sur-Marne, qu’il accepte de se laisser hospitaliser le 21 mars 1940 à l’hôpital militaire de Châlons-sur-Marne, sur l’insistance de son colonel et du médecin-chef du régiment.
Louis Foucher est transporté à l’hôpital de Cognac-Jay de Reims pour une intervention chirurgicale. Lorsqu’il apprend que les Allemands ont envahi la Hollande et la Belgique, il quitte volontairement l’hôpital, sans se faire opérer, pour rejoindre son régiment le 10 mai.
D'après une lettre rédigée le 25 avril 1941, il dit avoir eu bien des difficultés à retrouver le P.C. de son colonel à Cortil-Noirmont, en Belgique, le 14 mai vers 22 h 00.
Louis assiste aux combats de Gembloux et à ceux de la retraite de Belgique et du Nord de la France, entre le 14 au 29 mai 1940.
Pour en savoir plus sur les combats de Gembloux, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.
Le commandant Foucher est blessé deux fois le 28 mai 1940 à Loos. Une première fois à 11 h 00, par une balle qui lui traverse la cuisse gauche. Une seconde fois à 12 h 15, par des éclats de bombes d’avions l’atteignant au visage, à la face externe gauche et au mollet droit. Il souffre également d'une fracture de la rotule droite.
Le même jour, il est fait prisonnier, au cours de son transport sanitaire, dans la région de Lille. Les Allemands le dirigent sur l’hôpital de Nivelles en Belgique. Il y est soigné jusqu’à l’évacuation complète de l’établissement, le 10 juillet 1940.
Envoyé sur l’hôpital de Maestricht, il s’évade le 17 juillet avec l’aide du capitaine Bouvier, un officier qui commandait sa 3e compagnie, blessé d’une balle dans le ventre à Gembloux et laissé pour mort sur le champ de bataille. Incomplètement guéris, les deux hommes parcourent 45 km à pied, le premier jour de leur évasion.
Ils traversent ensuite une partie de la Hollande, toute la Belgique et la zone française occupée, pour échapper aux mains allemandes.
De retour au Maroc, le commandant Foucher réintègre le 2e R.I.M. le 13 août 1940 à Marrakech. Il reçoit le commandement du groupe des compagnies de passage.
Admis à faire valoir ses droits à la retraite par anticipation, il est démobilisé et renvoyé dans ses foyers le 1er novembre 1940. Le commandant Foucher reste provisoirement à Marrakech, sa famille résidant à Bois-Colombes en zone occupée. Il se retire ensuite à Casablanca au 149 avenue d’Amade.
Louis Foucher est rappelé à l’activité par une note de service datant du 22 décembre 1942. Un contrat renouvelable de deux mois par tacite reconduction, souscrit le 1er février, officialise son retour au sein de l’armée.
Le commandant Foucher assure les fonctions de représentant de l’amiral commandant d’armes de la place de Casablanca, à partir du 1er janvier 1943. Un mois plus tard, il est affecté à la compagnie de passage du D.G. du 6e R.T.M. avant de se retrouver détaché au bureau central des logements.
Nommé au commandement du 55e B.M.T.M., il demande la résiliation de son contrat en mai 1944, ce qui le maintient dans son ancien emploi. Démobilisé le 31 juillet 1944, il retourne vivre au 159 avenue d’Amade.
Sa longue carrière militaire est maintenant achevée.
Louis Foucher est resté « fidèle » à Pétain jusqu’à sa démobilisation, n’entrant pas pour autant dans la collaboration ; il a simplement agi en tant qu’officier.
Il décède à l’âge de 74 ans le 10 novembre 1961 à Toulon. Selon ses dernières volontés, il demande à être incinéré avec toutes ses décorations. Bien que commandeur de la Légion d’honneur, il ne reçut aucun honneur militaire. A priori, ce fut une décision de la Présidence de la République.
Cet officier a obtenu les décorations suivantes :
Chevalier de la Légion d’honneur : ordre n° 6171 « D » prenant rang le 28 octobre 1917.
Officier de la Légion d’honneur le 20 décembre 1935
Commandeur de la légion d’honneur le 11 janvier 1961
Croix de guerre avec une palme, une étoile de vermeil et une étoile de bronze.
Citation à l’ordre du 149e R.I. n°65 en date du 6 avril 1916 :
« Revenu au front à peine guéri et sur sa demande, a donné la preuve de son courage et de son calme sous le feu, en organisant du 31 mars au 5 avril 1916, sous un bombardement extrêmement violent, la défense d’un point très important. A donné à ses hommes un bel exemple de sang-froid. »
Citation à l’ordre du 21e C.A. n° 286 en date du 12 septembre 1916 :
« A entraîné brillamment sa compagnie à l’assaut d’un village fortement organisé par l’ennemi. Contusionné par un éclat d’obus, est resté au commandement de sa compagnie. »
Citation à l’ordre de l’armée n° 6171 « D » du G.Q.G. en date du 23 décembre 1917.
« Officier de 1er ordre. Le 23 octobre 1917, le chef de bataillon et l’adjudant-major ayant été successivement mis hors de combat dès le début de l’attaque, a pris le commandement du bataillon et l’a mené victorieusement à la conquête de l’objectif qui lui était assigné. S’est employé très activement à l’organisation du terrain conquis, faisant preuve de réelles qualités d’initiative et de décision. Une blessure. Deux citations. »
Croix de guerre des théâtres des opérations extérieures avec une palme et deux étoiles d’argent.
Citation à l’ordre général n° 140 de la 156e D.I. en date du 22 février 1920 :
La date qui est donnée sur cette citation est erronée. Le compte rendu rédigé par le commandant Corneloup date l'événement au 8 janvier 1920.
« Le 13 janvier 1920 au combat d’El Oglhou, s’est, sans attendre l’ordre, et en faisant preuve de l’initiative la plus intelligente, lancé avec sa compagnie à l’assaut d’un piton fortement tenu et dont la position était capitale pour la colonne, a enlevé ce piton et l’a conservé malgré tous les retours offensifs de l’ennemi, déployant de sa personne un courage et une activité dignes d’éloges. »
Citation à l’ordre de la division n°141 en date du 26 février 1920 :
« Pendant toute la durée de l’investissement de Marasch, chargé de la défense d’un quartier de la ville, en a, par son activité et par les dispositions qu’il a su prendre, interdit absolument l’accès aux Turcs, malgré leurs attaques répétées. »
Citation à l’ordre de l’armée du Levant n° 46 en date du 15 décembre 1920 :
« Officier brave, énergique et courageux, commandant un poste isolé violemment bombardé et attaqué du 17 au 28 juillet 1920 par un millier de fanatiques, a tenu tête à l’assaillant et lui a infligé des pertes importantes. Par l’habileté qu’il mit à organiser sa position et l’excellent esprit qu’il sût maintenir dans la garnison, a rendu imprenable le poste qui lui était confié »
Croix de guerre 1939-1945
Citation à l’ordre de la division n° 906-C
« Officier supérieur d’une grande bravoure, qui a su faire de son bataillon une unité mordante et d’une belle tenue au feu, ayant fait ses preuves en Lorraine en décembre 1939 et janvier 1940. Malade et évacué, a tenu à rejoindre son bataillon qu’il a rejoint en plein combat à Gembloux, le 15 mai. A regroupé les éléments débordés, effectuant pendant la retraite d’utiles contre-attaques. Blessé le 28 mai à Loos et fait prisonnier, a rejoint le territoire non occupé. »
Autres décorations :
Officier de l’instruction publique le 7 février 1936
Commandeur du Ouissam alaouite chérifien
Mérite militaire chérifien
Croix des services militaires volontaires
Médaille d’honneur de l’éducation physique en argent
Médaille coloniale du Maroc
Médaille commémorative du Levant
Médaille commémorative de la Grande Guerre
Médaille interalliée
Médaille des blessés
Louis Foucher possède un dossier sur la base Léonore. Pour le consulter, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.
Sources :
Dossier individuel consulté au Service Historique de la Défense de Vincennes.
Historique du 412e R.I..Éditions Charles Lavauzelle & cie. Éditeurs militaires. 1923.
Partie concernant l’armée du Levant :
Site « Mémoire des hommes » Armées françaises au Levant : dossier 1, région de Marash : Réf : S.H.D./GR 4H 226/1.
Rapport d’opérations du détachement parti d’Adana le 3 janvier 1920 sous les ordres du commandant Corneloup.
Les deux plans utilisés pour la réalisation du montage sont extraits de ce dossier. Le portrait qui les accompagne provient de son dossier individuel qui se trouve au Service historique de la défense de Vincennes.
Le fond de carte utilisé pour donner les limites du mandat français et de sa zone d’influence, ainsi que les cartes qui indiquent Kul Tépé et le petit poste de Sadjour proviennent de l’ouvrage rédigé par le colonel Andréa « La vie militaire au Levant, en colonne pendant un an dans le nord Syrien et en Mésopotamie mars 1920- mars 1921 » Éditions Charles Lavauzelle & cie. Éditeurs militaires. 1923. Ce livre est consultable sur le site « Gallica ».
La photographie de groupe des officiers du 149e R.I. est extraite du Fonds Douchez. Ce fonds, composé de trois volumes, a été déposé au S.H.D. de Vincennes en 1983. Réf : 1 K 338.
Les photographies du commandant Foucher datant de la période où il se trouvait en Afrique, proviennent toutes de la collection personnelle de son petit-fils, L. Foucher.
Certaines informations ont été données par son petit-fils L. Foucher.
Bases de données Léonore : Archives Nationales de Fontainebleau-Paris-Pierrefitte-sur-Seine.
Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à L. Foucher, M. Lozano, à M. Porcher et au Service Historique de la Défense de Vincennes.