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149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
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1 décembre 2017

Exécution de l’attaque de la Malmaison… 2e objectif.

Attaque_du_149e_R

Les hommes du 1er bataillon du 149e R.I. sont passés à l’offensive à 5 h 15, sous les ordres du commandant de Chomereau de Saint-André, collé par le bataillon de soutien. La première phase de l’attaque de la Malmaison touche à sa fin pour l’ensemble des éléments de la 43e D.I.. Tous les objectifs ont été atteints, excepté celui qui a été assigné aux chasseurs du 31e. En effet, ceux-ci ont rencontré des difficultés importantes face à un ennemi qui n’a pas voulu lâcher prise facilement.

Carte_1_journee_du_23_octobre_1917__1er_objectif_

Legende_carte_1_journee_du_23_octobre_1917_1er_objectif

Le 31e B.C.P. arrêté sur le 1er objectif

Le 31e B.C.P. continue le combat pour tenter de réduire le plus rapidement possible une poche de résistance placée à la carrière de la Malmaison. Il n’y a pas le choix ;  le commandant des chasseurs doit faire intervenir l’artillerie lourde de son groupement d’appui, pour tenter de détruire les mitrailleuses allemandes qui sont placées dans le bois de la Garenne. Celles-ci empêchent les chasseurs de venir à bout des derniers obstacles. De plus, elles gênent considérablement le 1er B.C.P. dans son mouvement préparatoire de passage de ligne. Ces mitrailleuses occasionnent également des pertes sérieuses au bataillon de soutien du 158e R.I. qui est placé dans la tranchée du Hérisson.

Plusieurs chars d’assaut de l’A.S. 8 sont en approche. Un Schneider de la 3e batterie , coincé au Toty, a pu se dégager. Il se positionne à 8 heures vers 190,6. Il réduit à coups de canon une des mitrailleuses qui tirent depuis les pentes ouest du ravin de Chavignon.

Le seul char restant de la 2e batterie arrive à 7 h 25 à la cote 195,1. Il détruit une mitrailleuse qui tire de la corne sud-est du bois de Belle Croix sur le 149e R.I.. Ce Schneider brise également une contre-attaque allemande qui cherche à déboucher de la tranchée de Dennewitz.

Tranch_e_Dennewitz

L’ensemble des chars de la 4e batterie se porte vers le carrefour du Chemin des Dames et de la route de Maubeuge. Ils se préparent à accompagner la marche de l’infanterie sur son 2e objectif.

Pour en savoir plus sur les chars d’assaut de l’A.S.8, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

A

Mise en place des troupes d’attaque pour le 2e objectif

La conquête de la ligne finale du 1er objectif « ferme de la Malmaison, Bascule, boyau d’Erfurth », s’est effectuée de haute lutte en dépit d’une forte résistance allemande.

Une fois sur place, le 1er bataillon du 158e R.I. et le 1er bataillon du 149e R.I. s’installent et s’organisent sur leurs positions. Le 31e B.C.P. poursuit son attaque.

Le 1er B.C.P., le 2e bataillon du 158e R.I. et le 3e bataillon du 149e R.I., bataillons de soutien, s’apprêtent à prendre le relais pour continuer l’offensive.

Progression vers le 2e objectif

À 9 h 15, le passage des lignes s’effectue dans un ordre parfait pour le bataillon du 158e et pour celui du 149e R.I..

C’est plus compliqué pour les chasseurs. Le 1er B.C.P. ne peut toujours pas déboucher à cause des mitrailleuses du bois de Garennes qui balayent le terrain en avant de la ferme de la Malmaison. Il réussit toutefois, à partir de 9 h 22,à progresser par sa gauche le long et à l’ouest de la route de Maubeuge. Une fois le feu des mitrailleuses éteint, il reprend le dispositif prévu pour aborder, vers 10 h 00, les carrières de Montparnasse.

Pendant ce temps, le 31e B.C.P. est venu à bout de la résistance de la carrière de la Malmaison, dont les occupants sont faits prisonniers.

Les carrières Montparnasse ont subi des effondrements partiels, mais une importante garnison s’y tient encore. L’ennemi se défend dans les entrées. La résistance est réduite vers 10 h 15, par les grenadiers et les lance-flammes du détachement spécial formé pour le nettoyage et le siège éventuel de cette creute. De nombreux prisonniers tombent entre les mains du 1er B.C.P.. D’autres encore se font cueillir par le 149e R.I. qui arrive au débouché de la galerie ouest aboutissant dans le bois de Belle Croix.

Les compagnies de tête du 1er B.C.P. ont dépassé les Carrières. Aussitôt reformées, elles reprennent leur progression vers le 2e objectif. Elles parviennent, sans autre résistance que quelques tirs de mitrailleuses devant leur droite, jusqu’à 150 m des Oubliettes, où elles marquent l’arrêt prévu.

Le 2e bataillon du 158e R.I. a perdu un grand nombre de ses officiers. Il traverse le plateau sans difficulté. Le bataillon est légèrement distancé par son barrage qu’il rattrape à l’arrêt prévu, après Montparnasse. Les hommes continuent leur avancée jusqu’à l’orée du bois des Hoinets, où ils sont accueillis par de violents tirs de mitrailleuses. Ce bataillon utilise l’arrêt prévu pour monter son attaque avec tous ses moyens disponibles : mortiers Stokes, canons de 37, lance-grenades Viven Bessières, fusils mitrailleurs. Il est accompagné par deux Schneider qui ont pu le suivre.

Le 3e bataillon du 149e R.I. pénètre dans le bois de Belle Croix en enlevant des mitrailleuses à la corne sud-est. Il est appuyé par le 2e bataillon du régiment et soutenu, dans sa progression, par les chars d’assaut qui longent la lisière est. Les hommes progressent assez difficilement dans le bois. Des nids de mitrailleuses subsistent encore.

Tranchee_de_la_Loutre__bois_de_Belle_Croix

Les pertes en officiers sont importantes. Il ne reste que trois officiers supérieurs au bataillon. Celui-ci, renforcé par une compagnie du 2e bataillon du 149e R.I.,atteint la tête d’Enfer. Le 3e bataillon tombe sur des batteries ennemies qui sont encore en action. Après un dur corps à corps avec les servants, il finit par prendre possession des canons allemands.

Durant cette période, le 2e bataillon, sous les ordres du commandant Schalck, s’empare de Saxische Tunnel. Il capture un colonel et environ 500 hommes.

Conquête du 2e objectif

Le mouvement des troupes reprend à 11 h 00, en direction de l’objectif final, après un bref arrêt des éléments de gauche, à peine marqué.

À la droite de la division :

Le 1er bataillon de chasseurs rencontre une vive résistance dans le bois des Bousseux. Des éléments ennemis tiennent encore dans les emplacements de batteries. Le bataillon dépasse ce bois, où le combat continue. Il s’empare du cimetière de Chavignon et du village faisant plus de 400 prisonniers. Il prend 18 canons.

Au centre de la division :

Le 158e R.I. attaque le bois des Hoinets avec son 2e bataillon. Il s’empare de la lisière sud. Il procède méthodiquement à la réduction des nids de mitrailleuses qui sont nombreux dans le bois. Il est aidé efficacement par un char d’assaut et le détachement d’A.T.. Après de nombreuses actions de détail, le 158e R.I. atteint, vers 14 h 30, la lisière nord du bois des Hoinets. Il capture 9 canons et de nombreux prisonniers. Ce bataillon fait liaison, à droite avec les chasseurs, à gauche, avec le 149e R.I..

À la gauche de la division :

Le 149e R.I., dont la gauche est déjà en place sur l’objectif final à la tête d’Enfer, pousse sa droite dans le bois des Hoinets. Il enlève une batterie en action après un combat avec les servants des pièces, avant d’atteindre les objectifs indiqués.

Bois_des_Hoinets

Cette partie de l’attaque de la Malmaison est largement détaillée dans l’ouvrage de F. Barbe « Et le temps à nous est compté. » En voici quelques extraits :

« Pendant l’attaque :

Maintenant la clarté d’un jour blafard, on se reconnaît mutuellement. Les traits sont légèrement tirés et les visages terreux sous le casque terni. Les interpellations se croisent presque joyeusement. Beaucoup sont soulagés d’un poids énorme, allument une cigarette d’un air détaché. On veut se raccrocher à la vie pendant cette accalmie.

Pourtant, l’opération est loin d’être terminée et le champ de la mort est encore vaste…

… Il est 6 h 30, nous devons repartir à 9 heures pour le deuxième et dernier bond, pendant lequel mon bataillon passe en tête. La compagnie tout entière est égaillée dans les immenses trous d’obus de nos 400…

… Confortablement installé dans un vaste trou d’obus avec « la liaison », le lieutenant Monnoury me parle d’une voix claire : « Marquand, je vous envoie assurer la liaison avec le 109e à gauche. Tâchez de trouver le commandant du 3e bataillon qui doit se trouver à notre hauteur, vous resterez avec lui. » Avec une poignée de main, il ajoute : « Attention, il doit exister des trous entre les lignes, je compte sur vous. À bientôt. »

Albert Marquand évoque ensuite sa mission de liaison avec le 109e R.I.. Voici ce qu'il écrit sur son retour au 149e R.I.:

Albert_Marquand_la_Malmaison

...Retour de mission :

«  Seul dans le bois de Belle Croix, j’erre, depuis un quart d’heure, parmi les troncs décapités. En prenant congé du commandant du 3e bataillon du 109e R.I., j’ai minutieusement examiné le croquis. Ma compagnie doit se trouver à droite dans le ravin des Vallons…

… Je suis au poste de commandement du bataillon. Des visages connus me font l’effet d’un navire sauveur pour un naufragé. L’adjudant Fréville me serre les mains et me présente au capitaine Foucher. Celui-ci commande le bataillon depuis la mise hors de combat du capitaine Houël. C’est le 3e chef de bataillon de la journée. À la lueur d’une bougie fumeuse, je lui rends compte de ma mission…

… Morand me conte l’odyssée de la compagnie depuis mon départ, à la route de Maubeuge. Tout a bien marché jusqu’au bois, les vides étaient peu nombreux. La marche en avant dans les fourrés s’effectuait régulièrement lorsque nos 155 ont brusquement raccourci leur tir, malgré les fusées à feux. Et l’inévitable catastrophe est arrivée. Les lieutenants Monnoury et Dupuy-Gardel, l’aumônier du régiment, Ferruit, le caporal fourrier Roux, y ont laissé la vie. De loin, j’avais pressenti un malheur.

Un léger flottement s’ensuivit, puis la progression jusqu’au ravin reprit sous l’impulsion du sous-lieutenant Pourchet. Morand m’énumère la liste des blessés légers bien nombreux…

Au total, les pertes s’élèvent à 35 % de l’effectif engagé. Le cadre des officiers a particulièrement souffert. Onze sont hors de combat sur les 14 du bataillon. La compagnie de mitrailleuses est commandée par l’adjudant Marcou. Le soir même, de nouveaux officiers, venus du dépôt divisionnaire, remplacent les disparus… »

Fin de l’attaque de la Malmaison

En résumé, vers 14 h 30, tous les objectifs fixés à la 43e division sont atteints. Seuls quelques éléments ennemis tiennent encore dans le bois des Bousseux. Progressivement, ils sont réduits au silence.

Les régiments et les B.C.P. se reforment. Ils prennent leurs dispositions pour occuper l’objectif final.

Carte_2_journee_du_23_octobre_1917__2e_objectif_

Legende_carte_2_journee_du_23_octobre_1917_2e_objectif

Les reconnaissances prévues, en raison de la résistance de l’ennemi, n’ont pu avoir lieu qu’au 149e R.I.. Le détachement envoyé par ce régiment pénètre dans le bois Dherly et n’y trouve pas de résistance.

Par suite de mauvais temps, l’aviation n’a pas pu opérer durant l’attaque. Toutefois, à 17 h 00, les avions peuvent profiter d’une accalmie pour jalonner la ligne. Les pilotes confirment la conquête complète des objectifs assignés.

Il faut s'attendre à des réponses allemandes : à 18 h 30 et à 20 h 00, deux tentatives de contre-attaques sur la lisière nord de Chavignon sont repoussées. Le reste de la nuit se passe sans incident.

L’attaque de la Malmaison se termine. Dans l’ensemble, c’est un succès total du point de vue des objectifs atteints. Une petite nuance sur le prix de cette victoire : les extraits du témoignage laissé par Albert Marquand montrent tout de même qu’il y a eu des pertes importantes.

Sources

J.M.O. de la 43e D.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 344/5.

Les archives du Service Historique de la Défense de Vincennes ont été consultées.

Le dessin a été réalisé par Iñaki Holgado.

« Et le temps,à nous, est compté » Lettres de guerre 1914-1919. Albert Marquand, présentation de Francis Barbe, postface du général André Bach. C'est-à-dire Éditions mille mots chuchotés. 2011.

Les morceaux de carte du groupe des canevas de tir du secteur de Vailly, qui sont utilisés ici, sont datés du 26 août 1917.

La première vue aérienne, représentant la tranchée de la Loutre et le bois de Belle Croix, a été réalisée le 12 août 1917. La seconde, prise au dessus du bois des Hoinets, a été prise le 23 août 1917.

Un grand merci à M. Bordes, à F. Barbe, à A. Carobbi, à I. Holgado, à M. Porcher et au Service Historique de la Défense de Vincennes. 

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