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149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
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16 octobre 2020

23 octobre 1917, mort de l’abbé Galloudec, aumônier du 149e R.I.

Stanislas François Marie Galloudec

 

L’abbé Stanislas Galloudec (ou Le Galloudec, comme l’orthographie l’abbé Henry)  est aumônier au 149e R.I. depuis 1915. Cet homme d’Église est tué le 23 octobre 1917 au cours de la bataille de La Malmaison, dans des circonstances qui n’ont pas été clairement établies. C'est désormais chose faite grâce aux trois extraits suivants qui proviennent des carnets de l’abbé Henry.

 

Cet aumônier qui prendra la place de l’abbé Galloudec au début de l’année 1918, rédige ceci dans ses écrits :

 

Carnet de guerre n° 19 (du 14 octobre 1917 au 20 février 1918)

 

Mardi 23 octobre 1917

 

« 18 h 00. Visite de Moris qui s’installe à C 2 avec M. Briol. C’est le messager de mauvaises nouvelles. « L’abbé Le Galloudec est tué. Près d’une quinzaine d’officiers sont tués ou blessés gravement ». Nous sommes tous atterrés à cette parole. L’abbé Le Galloudec était parti avec les vagues d’assaut, avec la 1ère puis avec la seconde. Il était plus de midi. Le 149e R.I. avait atteint son dernier objectif et prenait position sur le terrain conquis. L’abbé causait avec le lieutenant Monnoury de la 6e, il se félicitait du succès de l’opération quand un obus tomba sur eux, les tuant tous deux ainsi qu’un autre officier, le lieutenant Dupuy-Gardel, un caporal et blessé plusieurs soldats. C’est le coup malheureux dans toute sa tristesse. D’où venait cet obus ? De chez nous ou des boches ? Un doute planait au début, mais non, c’est bien un obus allemand qui a frappé M. Le Galloudec au moment où le danger semblait passé. Mort héroïque, telle qu’un guerrier doit la rêver ; mais combien c’est regrettable pour le 149. Déjà l’an dernier dans la Somme, l’abbé Le Galloudec s’était affirmé comme un brave et par sa bravoure, il s’était acquis un ascendant incontesté sur tous ceux dont il avait partagé les dangers. Le Bon Dieu l’a pris en pleine gloire. Que son saint nom soit béni et que sa volonté soit faite. »

 

Pour en savoir plus sur le lieutenant Monnoury, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

Alfred Monnoury

 

Jeudi 25 octobre 1917

 

« … Le 149 rapporte ses morts ; ils s'alignent en bordure de la route près du poste, attendant les fourgons qui les descendront à Condé. On vient me dire que l'on amène le corps de l'abbé Le Galloudec et des deux lieutenants tués à ses côtés. Oui le voilà ce pauvre ami, raidi dans sa dernière attitude où il y a de l'effroi, mais aussi le geste du prêtre qui tend le bras pour une dernière absolution. Il n'est point défiguré ; il faut regarder de très près pour découvrir au cou, une petite plaie qui fut mortelle. Un minime éclat d'obus lui a tranché l'artère carotide. Près de lui, le lieutenant Monnoury et le lieutenant Dupuis-Gardel reposent dans la paix de la mort ! Que Dieu les accueille avec bienveillance et leur donne place dans son saint paradis. »

 

Pour en savoir plus sur le sous-lieutenant Dupuy-Gardel, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

Ferdinand Dupuy-Gardel

 

Mardi 30 octobre 1917

 

Après s'être recueilli à 11 h 30 sur la tombe de l'abbé Galloudec au cimetière de Condé, l'abbé Henry se rend à Soissons.

 

« …Soissons, j'ai rencontré l'abbé Ragut à la cathédrale. C'est lui qui a présidé les obsèques de M. Le Galloudec à Condé, obsèques qui ont eu lieu vendredi soir à 15 heures. »

 

Pour en savoir plus sur l’aumônier Galloudec, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

Stanislas Galloudec

 

Une lettre adressée par l'abbé Brousse, aumônier à la 167e D.I. à Charles Alexandre Geoffroy de Grandmaison qui, après le décès d'Albert de Mun, en octobre 1914, a repris la direction de l'Œuvre des aumôniers volontaires, apporte quelques précisions sur les circonstances de la mort de l'abbé Galloudec.

 

« Parti avec la première vague d'assaut, le cher aumônier a été tué par un obus. Après deux jours de recherche, on a retrouvé son corps – C'est moi-même qui l'ai identifié puis enseveli et inhumé – nous avons pu, non sans peine, lui faire un cercueil. Il repose maintenant dans le cimetière militaire de Condé. J'ai constaté qu'il avait trois blessures graves : jambe gauche brisée, large plaie pénétrante à la poitrine et une autre au côté gauche du cou. L'enterrement a été simple comme ils le sont sur la ligne de bataille. M. l'aumônier du corps d'armée a dit quelques mots sur sa tombe.

 

Il laisse un universel regret, les officiers et les soldats du régiment auquel il était détaché sont unanimes dans les éloges qu'ils font ».

 

Sources :

 

Carnets inédits de l’abbé Henry.

 

La lettre de l’abbé Brosse est issue du fonds d'archives privées Veuillot – SHAT  1 K, carton 284 - qui est composé, ainsi que le carton 285, de lettres ou d'extraits de lettres d'aumôniers volontaires, de revues diocésaines, de coupures de presses et divers autres documents non inventoriés qui ont servi à la rédaction de l'ouvrage de G. de Grandmaison et F. Veuillot, « l’Aumônerie militaire pendant la guerre, 1914 – 1918 », Éditions Bloud et Gay, Paris, 1923.

 

Ce texte a été rédigé par J.P. Poisot. Qu’il soit remercié pour les extraits des carnets de l’abbé Henri et pour son écrit.

 

Merci également à M. Bordes, à A. Carobbi, au Service Historiques de la Défense de Vincennes.

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