Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
Archives
26 février 2021

Jean Marius Montagnon (1894-1917)

Jean Marius Montagnon

 

Le 4 avril 1894, Jean Marius Montagnon voit le jour dans le 3e arrondissement lyonnais, au 27 de la rue de Marseille.

 

Sa mère, Agathe Marie Neyton, est âgée de 21 ans. Elle exerce la profession de femme de ménage. Son père, Rémy, natif du département de l’Ain, est épicier. Il a 28 ans.

 

Une sœur naît le 28 avril 1900. Le couple Matignon n’aura pas d’autres enfants.

 

 

La fiche matricule de Marius mentionne un degré d’instruction de niveau 3. Il sait lire écrire et compter correctement lorsqu’il quitte l’école communale.

 

La profession indiquée sur cette fiche laisse supposer que Marius a travaillé dans la même épicerie que son père avant de faire ses obligations militaires. Cependant, le terme « employé de commerce » reste bien trop vague pour que cette hypothèse puisse être véritablement confirmée.

 

La guerre contre l’Allemagne est inéluctable en août 1914. Pour Marius, ce n’est pas encore tout à fait l’heure de revêtir l’uniforme. Il n’est pas concerné par l’ordre de mobilisation générale puisque c’est l’année de sa conscription.

 

Le jeune homme sait simplement qu’il va bientôt devoir se rendre dans une caserne de l’Hexagone pour être initié au métier des armes. Il a été déclaré « bon pour le service armé » par la médecine militaire du conseil de révision ; ce conseil s’est réuni à la mairie du 7e arrondissement lyonnais quelques mois avant le début du conflit.

 

La classe 1914 est appelée par anticipation. Deux mois avant la date prévue, Marius Montagnon est dans l’obligation de rejoindre le dépôt du 149e R.I..

 

Dès le 4 août 1914, ce dépôt, initialement implanté à Épinal, a dû déménager à Jorquenay, un petit village haut-marnais situé au nord de Langres. La caserne Courcy n’était pas assez spacieuse pour accueillir l’ensemble des réservistes du 149e, du 349e R.I. et du 43e R.I.T..

 

Marius gagne Jorquenay le 7 septembre. Une fois de plus, les cantonnements occupés sont trop exigus pour accueillir les nouveaux arrivants de la classe 14. Il faut prévoir un second déplacement du dépôt. Celui-ci a lieu le 21 septembre. Les jeunes conscrits s’installent à Rolampont, une commune située au nord-ouest de Jorquenay.

 

Les conditions de vie sont rudes, il faut aller vite dans les apprentissages militaires. Les hommes seront envoyés sur la ligne de front avec une base minimum de connaissances.

 

Marius a probablement suivi le peloton des élèves caporaux pendant son instruction, ce qui expliquerait ses promotions rapides. Il passe de soldat de 2e classe à sergent en à peine plus de deux mois. Il devient soldat de 1ère classe en mai 1915, caporal en  juin puis sergent en juillet.

 

La date éventuelle de son passage au 9e bataillon n’est pas connue, pas plus que celle où il a été versé dans une des compagnies du régiment actif qui se trouve en Artois, dans le secteur Aix-Noulette.

 

Fin septembre 1915, le sergent Montagnon participe à une attaque qui doit déboucher sur la prise du bois en Hache, au sud d’Angres. Il est blessé au cours d’un des engagements qui a lieu durant la journée du 26. Les brancardiers parviennent à le transporter jusqu’au poste de secours. C’est l’évacuation vers l’arrière.

 

Pour en apprendre davantage sur cette journée, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

 

Carte journee du 26 septembre 1915

 

Le sergent Montagnon est de retour au dépôt du 149e R.I. le 30 novembre 1915. Le jour de Noël, il passe à la 25e compagnie. Le 14 janvier 1916, il est affecté à la 26e compagnie. Six jours plus tard, le sous-officier est envoyé avec un renfort au régiment actif. Marius est à Verdun en mars et avril 1916, puis dans la Somme en septembre où son régiment participe à la reprise des villages de Soyécourt et de Déniécourt.

 

Le 27 septembre 1916, il rejoint le dépôt de la 43e D.I.. Le motif et la durée de son séjour au dépôt divisionnaire ne sont pas indiqués sur sa fiche matricule.

 

Une photographie réalisée le 10 avril 1917 confirme la présence de Marius au sein de l’équipe des sous-officiers de la 10e compagnie du 149e R.I..

 

Les sous-officiers de la 10e compagnie du 149e R

 

L’identification de cet homme a été rendue possible grâce au livre de Francis Barbe « Et le temps, à nous, est compté ».

 

Un tirage identique figure à la page 179 de son ouvrage. Les noms de chacun des sous-officiers sont inscrits à la droite de la photographie.

 

Quelques semaines plus tard, la 10e compagnie est en 1ère ligne du côté d’Aizy-Jouy. La zone est dangereuse. Elle est régulièrement bombardée.

 

Le 21 juin 1917, le sergent Montagnon est grièvement blessé par un obus de 88. Il est impossible de le maintenir en vie, les lésions sont trop importantes.  Il meurt au poste de secours à l’âge de 23 ans. Les circonstances de son décès sont évoquées dans une des lettres rédigées par le sergent Marquand ; ces lettres figurent dans le livre de Francis Barbes.

 

« … Je vous ai écrit que j’étais à un poste d’observation. Nous étions 2 sergents et nous nous relevions toutes les 6 heures. Il était 3 heures, je venais de quitter le poste pour aller roupiller lorsque 10 minutes après, un obus de 88 arrive dans le créneau et blesse grièvement l’autre sergent qui, par bonheur, était seul. J’ai bondi avec un homme pour le retirer des décombres. Il avait le bras gauche arraché, touché dans les reins et une jambe fracassée. On l’a traîné comme on a pu jusqu’à un abri où je lui ai fait un garrot en attendant les brancardiers. Mais il est mort au poste de secours. Que ceux qui ont déchaîné la guerre assistent à de tels spectacles !!! »

 

Un autre fait marquant a eu lieu au cours de cette journée au 149e R.I.. Un obus a explosé à l’intérieur du P.C. Constantine, faisant plusieurs victimes à la liaison du 3e bataillon du régiment.

 

Pour en apprendre davantage sur cet évènement, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

 

PC Constantine

 

Marius Montagnon a été inhumé par les soins du groupe de brancardiers de la 43e D.I..

 

Il n’existe pas de sépulture militaire individuelle à son nom. Son corps fut probablement rendu à la famille dans les années 20.

 

Le sergent Montagnon a été décoré de la croix de guerre avec une étoile d’argent et une étoile de bronze.

 

Citation à l’ordre du régiment en date du 17 octobre 1915 :

 

« Le 27 septembre 1915, devant Angres, aux cours de travaux périlleux qu’il dirigeait pour l’établissement d’une sape en avant d’une position nouvellement conquise, a été blessé. »

 

Citation à l’ordre de la 43e D.I. n° 5 en date du 28 juin 1917 :

 

« Sous-officier de liaison ayant fait preuve en maintes circonstances d’un mépris absolu du danger. Déjà cité une fois à l’ordre. Tombé glorieusement à son poste de combat le 22 juin 1917. »

 

La Médaille militaire lui a été attribuée à titre posthume avec le même énoncé que sa citation à l’ordre de la division (publication dans le J.O. du 8 novembre 1920).

 

L’acte de décès de ce sous-officier fut transcrit à la mairie du 7e arrondissement de la ville de Lyon le 24 mars 1918.

 

Marius ne s'est pas marié et n'a pas eu de descendance.

 

Sources :

 

La Fiche signalétique et des services du sergent Montagnon, les actes d’états civils concernant sa famille, les registres de recensements des années 1896, 1906 et 1911 de la ville de Lyon ont été consultés sur le site des archives départementales du Rhône.

 

L’acte de décès du sergent Montagnon officialise sa mort au 21 juin 1917 contrairement à sa fiche « mémoire des hommes » et à son registre matricule qui la datent au jour suivant.

 

La photographie de groupe est extraite du fonds Gérard (collection personnelle).

 

« Et le temps, à nous, est compté » Lettres de guerre 1914-1919. Albert Marquand, présentation de Francis Barbe, postface du général André Bach. C'est-à-dire Éditions mille mots chuchotés. 2011.

 

Un grand merci à M. Bordes, à R. Mioque, à F. Barbe, à A. Carobbi, aux archives départementales du Rhône et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

19 février 2021

Joseph Marie Pierre Guillaume Léauté (1890-1918)

Joseph Marie Pierre Guillaume léauté

 

Originaire du département de la Côte-du-Nord, Joseph Marie Pierre Guillaume Léauté naît le 7 décembre 1890 à Uzel, une petite commune située au sud de Saint-Brieuc.

 

Sa mère, Marie Joseph Jeanne Marie Moisan, est âgée de 20 ans. Son père, Joseph Mathurin Marie, a 32 ans lorsque son fils voit le jour. Il exerce la profession de commerçant.

 

Joseph est l’unique enfant du couple Léauté.

 

La fiche matricule de ce jeune breton indique un degré d’instruction de niveau 3. Il sait donc lire, écrire et compter, mais ses acquisitions scolaires sont bien plus élevées que celles de la plupart des hommes qui possèdent le même niveau de connaissance.

 

Joseph a fréquenté l’école marianiste Saint-Charles de Saint-Brieuc entre 1900 et 1903. Instruit et enthousiaste pour tout ce qui concerne la Bretagne, il suit, avec grand intérêt, les séances de diverses associations bretonnes, particulièrement celles qui se déroulent à l’Association Régionaliste Bretonne où son père a longtemps présidé la section économique.

 

Le chef de famille est devenu fabricant de toile. Patron de son entreprise de textile, il propose un poste à son fils qui accepte de travailler avec lui. L’avenir professionnel semble assuré. Les années passent, il est maintenant l’heure de penser aux obligations militaires.

 

En parfaite santé, Joseph est inscrit dans la 1ère partie de la liste de la classe 1911 par le conseil de révision qui s’est réuni à la mairie d’Uzel.

 

Le jeune homme effectuera son temps de conscription à la 10e section des secrétaires d'état-major et de recrutement à Rennes. Il échappe ainsi aux longues marches et au maniement du Lebel qui sont le lot quotidien du fantassin.

 

Le soldat Léauté passe dans la réserve de l’armée active le 1er octobre 1913.

 

L’administration militaire n’a plus de secret pour lui. L’article 33 de la loi du 21 mars 1905 le maintient encore quelque temps au régiment. Joseph n’est renvoyé dans ses foyers que le 8 novembre.

 

De retour à Uzel, son certificat de bonne conduire en poche, il retrouve sa place au sein de l’entreprise paternelle. Cette période sera de courte durée. L’année suivante, les relations avec l’Allemagne se dégradent. La paix est menacée. L’ordre de mobilisation générale est décrété le 2 août 1914. Le monde est à l’aube d’un conflit sans précédent.

 

Joseph doit rendosser son uniforme au plus tôt. Il ne s’y attendait probablement pas. Il a ordre de réintégrer la 10section de secrétaires d'état-major et de recrutement le 3 août 1914. Le soldat Léauté sait qu’il a de la chance, en comparaison avec bien d’autres !

 

Secrétaire d'état-major veut tout simplement dire qu'il a été affecté soit à une direction des étapes et des services, soit à un corps d’armée, soit à une division, mais nous n'en saurons pas davantage, sa fiche matricule reste muette sur le sujet.

 

Une question tout de même ! Pourquoi a-t-il occupé ces fonctions si longtemps alors que ce type de poste aurait normalement dû le faire tomber sous le coup de la loi Dalbiez dès la fin de l'année 1915 ? Ce qui aurait entraîné son affectation dans une unité combattante.

 

Joseph est donc resté très en retrait de la ligne de front jusqu’à ce qu’un avis signé par le général Guérin, datant du 3 mars 1917, le fasse affecter au 123e R.I..

 

Que s’est-il passé pour lui à partir de cet instant ? A-t-il été dirigé sur le dépôt du régiment à La Rochelle ? A-t-il été envoyé directement au 9e bataillon, dans la zone des armées, à proximité de son ancienne unité d'affectation ? A-t-il exercé un temps de nouvelles fonctions administratives ou non ? Mystère !

 

Le 25 octobre 1917, Joseph Léauté est muté au 149e R.I.. À cette période du conflit, ce régiment termine une période d’engagements dans le secteur de La Malmaison, à proximité du chemin des Dames.

 

La date d’arrivée de Joseph dans la zone des combats reste ignorée, mais, cette fois-ci, nous savons avec certitude qu’il n’est plus derrière un bureau. Une de ses citations nous apprend qu’il est devenu agent de liaison.

 

Fin mai 1918, le 149e R.I. est envoyé d’urgence en camions dans le secteur d’Arcy-Sainte-Restitue. Les Allemands ont déclenché une attaque qui risque de percer le front français. Il faut à tout prix les stopper.

 

Le 29 mai, Joseph assure la liaison. Il court sous de violents tirs de mitrailleuses pour acheminer les ordres.

 

Pour en savoir plus sur les évènements qui se sont déroulés durant la journée du 29 mai 1918, il suffit de cliquer une fois sur la carte postale suivante.

 

Arcy-Sainte Restitue 2

 

Le 26 septembre 1918, le 149e R.I. est engagé dans une grande offensive au dessus de Perthe-lès-Hurlus, en Champagne. Joseph Léauté sert à la 3e compagnie sous l’autorité du lieutenant Bihr.

 

Ce jour-là, il est touché par une balle reçue à l’abdomen. Celle-ci reste fixée du côté des reins. Il est près de 16 h 00. Pris en charge par les brancardiers, il est transbahuté à travers un long dédale de tranchées. Les souffrances sont terribles. Le caporal Léauté arrive à l’hôpital de Bussy-le-Château à 21 h 00. Le médecin qui l’examine constate qu’il n’y a plus rien à faire. Aucun espoir de le sauver, la blessure est mortelle. L’infirmier-prêtre breton Le Bras, ancien vicaire à Saint-Saglien, lui donne l’absolution.

 

Joseph décède le lendemain à 5 h 30.

 

Pour en savoir plus sur la journée du 26 septembre 1918, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

 

 

Joseph Léauté a porté le double galon rouge de caporal, mais la date de sa nomination dans ce grade n’est pas inscrite sur sa fiche matricule.

 

La page qui lui rend hommage dans le livre d’or « aux anciens élèves de l’école Saint-Charles morts pour la France » évoque deux citations à l’ordre du corps d’armée.

 

Sa fiche matricule lui attribue une citation unique à l’ordre du régiment.

 

Cité à l’ordre du régiment n° 34 en date du 21 juin 1918 (fiche matricule à l’ordre du régiment - livre d’or à l’ordre du C.A.).

 

« Agent de liaison très dévoué, s’est toujours acquitté des missions qui lui étaient confiées, particulièrement le 29 mai 1918 où, sous un violent feu de mitrailleuses, il a assuré une liaison parfaite au plus grand mépris du danger. »

 

Citation à l’ordre du C.A. (livre d’or).

 

« Mort pour la France, le 27 septembre 1918, des suites de ses glorieuses blessures reçues en se portant à l’assaut des positions ennemies. S’était déjà fait remarquer par sa belle conduite au feu. »

 

Il n’a pas été retrouvé trace d’une décoration de la Médaille militaire dans les J.O. qui sont consacrés à cette distinction.

 

Le nom de cet homme est inscrit sur le monument aux morts de sa commune de naissance.

 

Le caporal Léauté ne s’est pas marié et n’a pas eu de descendance.

 

Il n’existe pas de sépulture militaire à son nom. Son corps fut probablement rendu à la famille dans les années 20.

 

Sources :

 

La fiche matricule de Joseph Léauté et les registres de recensement de la commune d’Uzel pour les années 1896, 1901, 1906 et 1911 ont été consultés sur  le site des archives départementales des Côtes-d'Armor.

 

Livre d’Or « aux anciens élèves de l’école Saint-Charles morts pour la France »

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à M. Julien, au Service Historique de la Défense de Vincennes et aux archives départementales des Côtes-d’Armor.

12 février 2021

Charles Joseph Beauvalot (1885-1958)

Charles Joseph Beauvalot

 

Anne Marie Célestine Grey met au monde Charles Joseph le 20 mars 1885. Deux jours plus tard, son époux, François, se rend à la mairie de Selongey pour faire enregistrer l’enfant sur le registre d’état civil. Il est accompagné des témoins Jean Baptiste Bernard Veillot, clerc de notaire, et Jean Ernest Bony-Lécuret, propriétaire rentier. Anne Marie Célestine, qui a déjà donné la vie à deux filles et un garçon, est âgée de 28 ans. François a 35 ans. Il travaille comme charpentier.

 

Charles perd son père à l’âge de trois ans. La mère élève ses enfants seule. Elle ne se remariera pas.

 

Selongey

 

Charles Joseph Beauvalot effectue sa scolarité primaire à l’école de Selongey.

 

Sa fiche signalétique et de services indique un degré d’instruction de niveau 3, ce qui veut dire qu’il possède de bonnes bases en écriture, en lecture et en calcul. Cette fiche nous apprend également qu’il a exercé le métier de boulanger durant une partie sa jeunesse. Cette profession, barrée par la suite, a été remplacée par celle de représentant.

 

En 1906, Charles est classé dans la 1ère partie de la liste par le conseil de révision. Incorporé au 27e R.I. de Dijon, il intègre la caserne Vaillant le 7 octobre 1906.

 

Caserne Vaillant 27e R

 

Charles Beauvalot passe dans la disponibilité de l’armée active le 25 septembre 1908, sans avoir fait la formation de chef d’escouade. Il ne sera donc pas caporal. L’ancien conscrit termine ses obligations militaires avec l’obtention de son certificat de bonne conduite.

 

Durant les années suivantes, le jeune homme ne parvient pas à se fixer bien longtemps dans une ville. La vie lui impose un changement régulier de domicile, une situation probablement liée à sa profession. En effet, le métier de représentant exige d’incessants déplacements. Plusieurs questions se posent. A-t-il eu plusieurs employeurs ? Avait-il un caractère plutôt « bohème » ? Quelques difficultés financières ? Pour l’instant, les raisons qui pourraient être évoquées pour tenter d’expliquer cette mobilité ne sont pas connues.

 

En octobre 1909, Henry Beauvalot vit à Chailly-en-Bière, en Seine-et-Marne. En décembre 1910, il réside à Châteaurenard, dans le département du Loiret où il séjourne seulement quelques semaines. Henry habite ensuite au 35 rue Ernest Renan à Issy dans le département de la Seine.

 

De retour à la caserne Vaillant pour effectuer sa 1ère période d’exercice, il réendosse l’uniforme de fantassin entre le 20 août et le 13 septembre 1911.

 

Il change encore de lieu de résidence en février 1912 pour aller s’installer au 30 avenue de Paris à La-Plaine-Saint-Denis.

 

Ce déménagement entraîne son rattachement à une nouvelle unité militaire pour tout ce qui concerne « l’impôt de sang ». Le 15 avril 1913, l’ancien soldat du 27e R.I. est enregistré sur les registres du 149e R.I.. Il devra se rendre à Épinal et non plus à Dijon pour effectuer sa 2e période d’exercice ; celle-ci a lieu du 14 au 30 mai 1913.

 

L’année suivante, les relations diplomatiques avec l’Allemagne s’enveniment à tel point que l’ordre de mobilisation générale est prononcé au cours de l’été 1914. 

 

Charles jette un rapide coup d’œil sur son livret militaire. Il faut se remettre en mémoire la date où il doit rejoindre le dépôt de son régiment d’affectation lorsqu’une telle situation se présente. Il ne dispose que de quelques heures. Charles doit impérativement être à Épinal le 3 août 1914.

 

Caserne Courcy

 

La fiche matricule de Charles Beauvalot ne donne pas de détails sur son parcours de combattant, mais l’on peut quasiment affirmer qu’il a participé à la presque totalité des combats effectués par le 149e R.I. entre le 9 août 1914 et  la date de sa première blessure.

 

Le soldat Beauvalot est nommé caporal le 24 mai 1915. Il est évacué malade à l’ambulance n° 8 du 21e C.A. du 16 juin au 5 juillet 1915. À cette période du conflit, il est chef d’escouade à la 10e compagnie. Le fait d’être alité durant quelques jours ne l’empêche pas d’être promu sergent dès le 23 juillet.

 

Le sous-officier Beauvalot participe ensuite aux attaques de septembre 1915. Sa compagnie est sous les ordres du capitaine Canaux.

 

En mars et avril 1916, le 149e régiment est engagé dans le secteur de Verdun. La 10e compagnie est maintenant sous l’autorité du capitaine Gérard. Charles y gagne sa croix de guerre en obtenant une citation à l’ordre de la brigade. En septembre, il combat dans la Somme. Cette fois-ci, il obtient une palme qu’il peut porter avec fierté sur sa récente décoration acquise à Verdun.

 

Contrairement à bon nombre de ses camarades sous-officiers, le sergent Beauvalot traverse ces trois dernières épreuves sans aucune égratignure, ce qui est assez rare pour être souligné.

 

Le 10 avril 1917, les sous-officiers de la 10e compagnie profitent d’une période d’accalmie pour se faire « tirer le portrait », loin de la zone des combats.

 

Les sous-officiers de la 10e compagnie du 149e R

 

Il a été possible d’associer un visage au nom du sergent Beauvalot grâce au livre de Francis Barbe « Et le temps, à nous, est compté ».

 

Une photographie identique figure à la page 179 de son ouvrage. Les noms de chacun de ces sous-officiers sont inscrits à la droite du cliché.

 

Le régiment, qui a pour devise « Résiste et mord », occupe plusieurs secteurs à proximité du chemin des Dames. Le 149e R.I. ne sera pas engagé dans une grande offensive avant le mois d’octobre 1917.

 

La bataille de la Malmaison commence le 23. La 10e compagnie est envoyée en tête d’attaque avec le reste du 3e bataillon dans la 2e phase de l’opération, après avoir été soutien d’offensive durant la 1ère phase.

 

Le sergent Beauvalot est touché par un éclat d’obus qui le blesse dans la région lombaire. Évacué vers l’arrière, il est soigné à l’hôpital n° 3 de Provins. Charles quitte cet établissement le 22 décembre.

 

Pour en savoir plus sur les évènements qui se sont déroulés au cours de la bataille de la Malmaison, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

 

1er objectif secteur d'attaque du 149e R

 

Le sergent Beauvalot est nommé adjudant trois jours après la bataille de la Malmaison. Il obtient également une nouvelle citation à l’ordre de l’armée pour ses actions d’éclat au cours de l’offensive du 23 octobre.

 

Après une convalescence, une permission et un passage obligé au dépôt du 149e R.I., Charles est de retour dans la zone des armées le 25 janvier 1918. En l’état des informations qui ont été retrouvées, il est impossible de dire s’il a réintégré les rangs de la 10e ou s’il a été affecté à une autre compagnie du régiment.

 

Fin mai 1918, la 43e D.I. est envoyée en urgence dans le secteur d’Arcy-Sainte-Restitue. Il faut à tout prix contenir une virulente offensive allemande. 

 

Le 28 mai, l’adjudant conduit sa section au feu. Il est de nouveau blessé. Une balle lui  traverse le bras gauche dans le sens longitudinal. Cette blessure en séton est très sérieuse. Une nouvelle prise en charge médicale s’impose. Charles est évacué par train sanitaire à l’hôpital n° 50 de Vichy où il reste du 29 mai au 30 mai. Le 1er juillet il occupe un lit  à l’hôpital n° 12 de Vichy.

 

Pour en savoir plus sur les évènements qui se sont déroulés durant la journée du 28 mai 1918, il suffit de cliquer une fois sur la photographie suivante.

 

Cuiry-House

 

S'il est renvoyé au front, la date de son retour n’est pas connue. En effet, le texte qui accompagne l’attribution de la Médaille militaire qu’il a obtenue en 1919, atteste un retour au front en octobre 1918. La citation confirme que l’adjudant Beauvalot a été blessé pour la troisième fois, au cours de la bataille de la Hunting Stellung, le 27 octobre 1918. Mais dans le même temps, sa fiche matricule ne porte aucune mention de cette blessure ni même d'un retour au front ; en effet, cette fiche le place à "l'intérieur" suite à sa blessure de guerre, jusqu'à sa démobilisation, et après avoir été hospitalisé à l’hôpital n° 12 de Vichy jusqu’au 27 octobre 1918. Une troisième source manque pour clarifier ce qui pourrait être une erreur au niveau de la citation ou un oubli sur la fiche matricule.

 

Le Dépôt démobilisateur du 1er Zouave l’envoie en congé illimité le 1er avril 1919. Charles se retire à Plaine Saint-Denis, au 22 avenue de Paris. Le 13 juillet 1921, il demeure 60 rue Philippe de Girard, dans le 18e arrondissement de Paris.

 

La commission de réforme du 3e bureau de la Seine du 2 juillet 1926 le maintient au service armé avec une pension temporaire de 10 % ; cette pension se justifie par une perte de substance musculaire au niveau de faisceau antérieur du deltoïde droit et pour une cicatrice, légèrement adhérente, au niveau d’un cal de fracture du radius gauche au 1/3 moyen ; s’ajoute à cela un séton superficiel du dos.

 

Le 1er avril 1927, l’ancien adjudant est classé « sans affectation ».

 

Le 26 octobre 1928,  Charles Beauvalot occupe un logement au 15 avenue Sadi-Carnot à Crépy-en-Valois.

 

La commission de réforme du 4e bureau de la Seine, qui s’est réunie le 26 décembre 1928, lui accorde une pension temporaire pour un taux d’invalidité de 10 % concernant une main gauche "bote" ; ceci est dû à sa fracture du radius par balle, ce qui a engendré un raccourcissement de cet os de 1, 2 cm et une cicatrice de 8 cm à la région deltoïdienne. Ce faible taux d’invalidité le maintient au service armé.

 

Le 27 juillet 1929, Charles vit au Vert Galant, avenue de la Gare, dans la ville de Villepinte.

 

Sa pension temporaire de 10 % est transformée en pension définitive par la commission de réforme du 4e bureau de la Seine du 11 juin 1930.

 

Le 31 octobre 1930, Charles Beauvalot épouse Marie Eugénie Lombard à Crépy-en-Valois. Il a 45 ans.

 

Le sergent Beauvalot  a obtenu les citations suivantes :

 

Citation à l’ordre de la brigade n° 39 du 26 mars 1916 :

 

« Excellent sous-officier dévoué et énergique. Au cours des combats du 10 au 15 mars 1916, n’a cessé un seul instant de donner le plus bel exemple de calme, de courage et d’entrain. »

 

Citation à l’ordre du corps d’armée n° 106 du 15 septembre 1916 : 

 

« Sous-officier d’une énergie et d’une bravoure admirable. Le 9 septembre 1916, a su entraîner ses hommes à l’attaque d’un poste ennemi sous un bombardement violent avec un allant et une autorité remarquable. A ensuite déployé la plus fructueuse activité dans l’organisation de la tranchée conquise. »

 

Citation à l’ordre du corps d’armée n° 175 du 8 novembre 1917 :

 

« Gradé d’une énergie allant jusqu’à la témérité, a entraîné très brillamment sa section à l’assaut des lignes ennemies, blessé très grièvement au cours des opérations, n’a quitté son commandement qu’après avoir donné tous les renseignements nécessaires à l’attaque. »  

 

La citation suivante ne figure pas sur sa fiche matricule.

 

Citation à l’ordre du corps d’armée (publication dans le J.O. du 14 juillet 1918) :

 

« Très belle conduite au feu. S’est dépensé sans compter dans les situations  les plus difficiles dans les durs combats de …, donnant à ses hommes le plus bel exemple de dévouement. A été blessé au cours de l’action. »

 

Médaille militaire (publication J.O. du 8 avril 1919. Cette décoration prend rang à compter du 25 décembre 1918).

 

« Excellent sous-officier, a déjà fait preuve en maintes circonstances, s’est distingué une fois de plus le 25 octobre 1918 par la maîtrise de son calme, le courage avec lesquels il a conduit sa section sous les feux nourris de mitrailleuses ennemies, donnant à tous le plus bel exemple de mépris absolu du danger. A été blessé le 27 octobre. Deux blessures antérieures. Quatre citations. »

 

La fiche signalétique et des services de l’adjudant Beauvalot donne une autre version concernant l’attribution de cette décoration. Elle indique qu’il a été décoré de la Médaille militaire suite à la décision ministérielle 12885K en date du 8 août 1918. 

 

Pour prendre connaissance de la généalogie de l’ancien sous-officier du 149e R.I., il suffit de cliquer sur l’image suivante :

 

log geneanet

 

Charles Joseph Beauvalot est décédé le 2 décembre 1958 à l’âge de 73 ans.

 

Sa descendance n’est pas connue.

 

Sources :

 

La fiche matricule de l’adjudant Beauvalot, les registres d’états civils et de recensement de la commune de Selongey ont été consultés sur le site des archives départementales de la Côte-d’Or.

 

« Et le temps, à nous, est compté » Lettres de guerre 1914-1919. Albert Marquand, présentation de Francis Barbe, postface du général André Bach. C'est-à-dire Éditions mille mots chuchotés. 2011.

 

La photographie de groupe représentant les sous-officiers de la 10e compagnie du 149e R.I. provient du fonds Gérard (collection personnelle).

 

Un grand merci à M. Bordes, à R. Mioque, à F. Barbe, à J. Buttet, à A. Carobbi, aux archives départementales de la Côte-d’Or et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

5 février 2021

27 septembre 1918

Fusil-mitrailleur Chauchat 149e R

 

Le 26 septembre 1918, le 149e R.I. se lance à l’attaque des positions allemandes dans le secteur du trou Bricot, en Champagne. Par vagues successives, les hommes du lieutenant-colonel Vivier font une percée de 6 km dans une région particulièrement fortifiée et défendue. Ils font de nombreux prisonniers tout en récupérant un matériel conséquent. Dans un premier temps, la progression est assez aisée. L’ennemi offre peu de résistance. La situation va s’aggraver au fur et à mesure de l’avancée. Les Allemands, d’abord submergés, finissent par se ressaisir en utilisant des troupes fraîchement arrivées dans la zone des combats.

 

Ils s’opposent farouchement à l’attaque de la 3e vague effectuée par le bataillon Hassler.

 

Carte 1 journee du 27 septembre 1918

 

Journée du 27 septembre.

 

Le 1er bataillon du 149e R.I., sous les ordres du commandant Hassler, s’apprête à reprendre l’offensive stoppée la veille à la tombée de la nuit.

 

Le lieutenant-colonel Vivier réceptionne l’ordre d’attaque de la 43e D.I. à 2 h 30. Celui-ci prescrit la reprise du mouvement en avant à partir de 5 h 15. Il y est également stipulé que les troupes seront appuyées par une batterie de chars Schneider et par deux sections de chars Renault appartenant à la compagnie 307 du 3e B.C.L. En outre, la préparation d’artillerie devra commencer à 5 h 00.

 

Le chef du 1er bataillon reçoit cet ordre à 3 h 20. Il rassemble immédiatement ses commandants de compagnie pour les informer de la situation et pour leur donner les instructions de détail.

 

Durant la nuit, l’ennemi bombarde la tranchée de Gratreuil avec des obus toxiques.

 

L’officier qui commande la compagnie de chars mise à la disposition du 1er bataillon du 149e R.I. vient reconnaître son itinéraire vers 4 h 00. Il indique que ses chars ne pourront pas être là avant 5 h 30 ou 6 h 00.

 

Le commandant Hassler attire l’attention de ses commandants de compagnie et de ses chefs de section sur ce fait. Les chars ne pourront probablement pas coopérer. Il faudra être particulièrement vigilant aux mouvements de manœuvre.

 

 

À 5 h 15, le 1er bataillon part à l’assaut de la croupe de la Pince. Le 2e bataillon du régiment, sous les ordres du capitaine Chauffenne, marche dans ses traces.

 

Les premiers éléments du 1er bataillon du régiment arrivent dans la tranchée de Gratreuil.

 

À 6 h 30, le bataillon Hassler progresse au-delà de la croupe de la Pince. Il s’approche la tranchée de Nassau.

 

La résistance allemande est forte. Le bataillon est copieusement arrosé par des tirs de mitrailleuses qui proviennent de la gauche et de la droite. Pris en tenaille, il est obligé de se replier momentanément sur la Pince.

 

Une demi-section de la compagnie de tête de gauche se porte rapidement vers la gauche. Elle capture trois mitrailleuses, une pièce de 88 et fait 43 prisonniers après une manœuvre bien exécutée.

 

La marche en avant du bataillon Hassler reprend immédiatement. Sur la droite, le terrain présente de nombreux couverts qui masquent plusieurs mitrailleuses. 

 

Les abris d’artillerie situés dans la zone de marche des compagnies du 1er bataillon sont presque tous pourvus de tourelles bétonnées, armées de mitrailleuses.

 

Lentement, mais de façon continue, le bataillon poursuit son avancée. Les chars de combat sont derrière l’infanterie. Ils n’interviennent pas.

 

Toutes les résistances successives tombent grâce aux manœuvres effectuées par des unités réduites au maximum. Deux sections travaillent en liaison l'une avec l'autre. Elles progressent de couvert en couvert, dépassant les îlots de résistance avant de se rabattre sur eux. Les compagnies de 1ère ligne atteignent le bois de la Chèvre.

 

Un agent de liaison capture un officier et plusieurs de ses hommes, installés dans l’abri 2069. N’ayant pour toute arme qu’un fusil lance-fusée, ce soldat énergique couche en joue l’officier, ce qui oblige ce dernier à se rendre.

 

Un sous-officier fait prisonniers une vingtaine d’ennemis qui se rendaient à leurs pièces à l’abri 2275. Baïonnette au canon, il se précipite sur eux avec sa demi-section. D’autres abris sont également pris. De nombreux Allemands sont capturés avant qu’ils aient eu le temps de se rendre à leurs pièces en batterie situées à la corne sud-ouest du bois de la Chèvre.

 

Une batterie de 105 est en position à 100 mètres plus au nord. Une pièce tire encore sur la croupe de la Pince. Elle est réduite au silence par une patrouille. Les artilleurs allemands réussissent à s’enfuir.

 

Les éléments avancés du bataillon Hassler nettoient les abris de la batterie 2278. Ils cueillent quelques prisonniers et quatre mitrailleuses. Ils trouvent deux « minenwerfer » et deux mitrailleuses abandonnées lorsqu’ils prennent pied dans la tranchée Nassau.

 

Quelques ennemis sont aperçus dans le bois V 95 : une petite patrouille va au-devant d’eux. Ils sont tous ramenés dans les lignes françaises.

 

La compagnie de droite est tout entière dans la tranchée de Nassau vers 10 h 00. La compagnie de gauche progresse plus lentement en raison des nombreux tirs de mitrailleuse qui proviennent du bois des Épines, de V 84 et des lisières nord-ouest du Kirch-Walden. La compagnie finit par prendre pied dans la tranchée de Nassau. Elle est obligée de l’évacuer peu après, car elle est prise sous un feu d’écharpe de mitrailleuse en position dans la région de V 86.

 

La situation du 1er bataillon devient délicate à partir de cet instant. Il a  subi des pertes sérieuses depuis le début de l’attaque. Les chasseurs, à droite, ne sont pas encore là à 11h 00. Ils n’arrivent à sa hauteur que vers 16 h 30. En attendant, le bataillon Hassler s’organise aussi solidement que possible sur sa position.

 

L’aviation allemande est particulièrement active. Elle fait de nombreuses reconnaissances dans l’après-midi.

 

Ses pilotes mitraillent, en volant très bas, les éléments du 149e R.I. qui occupent la tranchée de Nassau.

 

Les chars de combat ont été mis à couvert à la lisière sud du bois de la Chèvre.

 

La présence ennemie se manifeste un peu partout. Une contre-attaque est pressentie. En prévision de cet évènement, le commandant Hassler demande au chef du 2e bataillon de rapprocher ses deux compagnies de tête.

 

Des groupes ennemis importants s’infiltrent par le boyau d’Arménie et dans le bois de l’Agneau. D’autres progressent par le bois du Bouc et par le bois des Épines jusqu’à la tranchée de Nassau. Des fusées sont lancées par des avions ennemis au-dessus des éléments du bataillon.

 

À 16 h 00, le commandant Hassler demande le tir de barrage. Il n’obtient pas de réponse.

 

Un quart d’heure plus tard, une violente contre-attaque allemande se déclenche de tous les côtés à la fois. L’ennemi est contenu devant la tranchée de Nassau. Il a tout de même réussi sa progression à l’est, par le bois du Bouc, la route de Manre, et à l’ouest par le bois de l’Agneau.

 

Les compagnies de 1ère ligne sont obligées de se replier sur le chemin de Manre. 

 

Les éléments qui ne sont pas parvenus à décrocher se battent jusqu’au bout. Personne ne veut être fait prisonnier. Accablés par le nombre, quelques-uns finissent par être enlevés. Les autres, tous blessés, sont achevés sur place (cet épisode irrespectueux des droits de la Haye est signalé par le commandant Fontaine dans son article « Tactique appliquée d’infanterie »).

 

Le commandant Hassler donne l’ordre aux chars de combat d’intervenir. Il faut absolument enrayer la contre-attaque ennemie. Les deux compagnies de tête du 2e bataillon du 149e R.I. commandé par le capitaine Chauffenne avancent rapidement. La situation est rétablie en quelques minutes.

 

Char Renault FT dans le secteur du 149e R

 

La contre-attaque française se paye au prix fort. Les éléments du 149e R.I. parviennent tout de même à se maintenir sur des positions en flèche avec une liberté d’action au sud de la tranchée Nassau.

 

La capture d'un prisonnier révèle l'entrée en ligne d'une nouvelle division allemande, la 3e division de la Garde.

 

Le 3e bataillon du 149e R.I., plus en arrière, sous les ordres du commandant Fontaine,n’est pas resté inactif.

 

Ses compagnies occupent la tranchée de Grateuil. Elles surveillent les flancs des bataillons de tête qui sont en flèche.

 

Une occasion se présente pour le bataillon Fontaine d'aider ses voisins de droite. Un important point d’appui allemand s’est révélé à l’est de la zone d’action du 149e R.I., à proximité de la voie ferrée, en direction du tunnel de Manre.

 

Les feux ennemis sont violents. Ils empêchent la progression des chasseurs, tout en constituant un sérieux danger pour les bataillons Chauffenne et Hassler qui continuent leur avancée. L’adjudant de la compagnie de mitrailleuses du bataillon Fontaine découvre des mitrailleuses gênantes. Il fait ouvrir sur elles un feu très nourri. L’ennemi, découvert, se terre.

 

Les troupes amies de droite se rendent compte de l’aide efficace qui vient de leur être donnée. Les chasseurs s’emparent, sans pertes, du nid de mitrailleuses allemandes en faisant une centaine de prisonniers.

 

La situation est la suivante en fin de journée :

 

Première ligne : des fractions du bataillon Hassler et deux compagnies du bataillon Chauffenne sont en échelon en arrière et à gauche vers Feld holz,à hauteur du chemin de Manre.

 

Le bataillon Fontaine est échelonné sur deux lignes, au sud du chemin de la Sente.

 

Carte 3 journee du 27 septembre 1918

 

Toutes les dispositions sont prises pour parer à une contre-attaque qui pourrait se produire sur le flanc gauche.

 

La liaison existe à droite avec le 31e B.C.P.. Elle n’a pas encore été établie avec le 170e R.I.. Elle ne le sera qu’au cours de la nuit, vers 1 h 00. Une compagnie de ce régiment installe une partie de ses éléments au croisement du chemin de Manre et du boyau d’Arménie.

 

Le poste de commandement du 149e R.I. est installé à l’ouvrage T 25,à la corne nord-ouest du bois de la Fouine.

 

La nuit est calme, sans incident notable.

 

                                            Tableau des tués pour la journée du 27 septembre 1918

 

Sources :

 

Historique du 501e Régiment d’Artillerie d’Assaut consulté sur le site « chars-français. Net ».

 

J.M.O. de la 43e D.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 334/14.

 

« Tactique appliquée d’infanterie » article écrit par Ulysse Fontaine publié dans la revue d’infanterie n° 350 du 15 novembre 1921.

 

« Exemple d’emploi des chars dans la guerre 1914-1918 (volume III) - offensive de la IVe armée en Champagne - 26 septembre 1918 ». Centre d’études des chars de combat. Éditions Versailles. 1922.

 

Le dessin a été réalisé par I. Holgado.

 

La photographie représentant les chars provient du fonds Rémy consultable aux archives départementales des Vosges. Cote 141 J n° 99.

 

Concernant les cartes, elles ont toutes été réalisées à partir de plusieurs plans. Aucune échelle n’est indiquée sur ces plans. Ces cartes n’ont donc qu’une valeur indicative.

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à I. Holgado, à J. Huret, à M. Souquet, au S.H.D. de Vincennes et aux archives départementales des Vosges.

149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
Visiteurs
Depuis la création 840 504
Newsletter
41 abonnés
149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.