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149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
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12 février 2021

Charles Joseph Beauvalot (1885-1958)

Charles Joseph Beauvalot

 

Anne Marie Célestine Grey met au monde Charles Joseph le 20 mars 1885. Deux jours plus tard, son époux, François, se rend à la mairie de Selongey pour faire enregistrer l’enfant sur le registre d’état civil. Il est accompagné des témoins Jean Baptiste Bernard Veillot, clerc de notaire, et Jean Ernest Bony-Lécuret, propriétaire rentier. Anne Marie Célestine, qui a déjà donné la vie à deux filles et un garçon, est âgée de 28 ans. François a 35 ans. Il travaille comme charpentier.

 

Charles perd son père à l’âge de trois ans. La mère élève ses enfants seule. Elle ne se remariera pas.

 

Selongey

 

Charles Joseph Beauvalot effectue sa scolarité primaire à l’école de Selongey.

 

Sa fiche signalétique et de services indique un degré d’instruction de niveau 3, ce qui veut dire qu’il possède de bonnes bases en écriture, en lecture et en calcul. Cette fiche nous apprend également qu’il a exercé le métier de boulanger durant une partie sa jeunesse. Cette profession, barrée par la suite, a été remplacée par celle de représentant.

 

En 1906, Charles est classé dans la 1ère partie de la liste par le conseil de révision. Incorporé au 27e R.I. de Dijon, il intègre la caserne Vaillant le 7 octobre 1906.

 

Caserne Vaillant 27e R

 

Charles Beauvalot passe dans la disponibilité de l’armée active le 25 septembre 1908, sans avoir fait la formation de chef d’escouade. Il ne sera donc pas caporal. L’ancien conscrit termine ses obligations militaires avec l’obtention de son certificat de bonne conduite.

 

Durant les années suivantes, le jeune homme ne parvient pas à se fixer bien longtemps dans une ville. La vie lui impose un changement régulier de domicile, une situation probablement liée à sa profession. En effet, le métier de représentant exige d’incessants déplacements. Plusieurs questions se posent. A-t-il eu plusieurs employeurs ? Avait-il un caractère plutôt « bohème » ? Quelques difficultés financières ? Pour l’instant, les raisons qui pourraient être évoquées pour tenter d’expliquer cette mobilité ne sont pas connues.

 

En octobre 1909, Henry Beauvalot vit à Chailly-en-Bière, en Seine-et-Marne. En décembre 1910, il réside à Châteaurenard, dans le département du Loiret où il séjourne seulement quelques semaines. Henry habite ensuite au 35 rue Ernest Renan à Issy dans le département de la Seine.

 

De retour à la caserne Vaillant pour effectuer sa 1ère période d’exercice, il réendosse l’uniforme de fantassin entre le 20 août et le 13 septembre 1911.

 

Il change encore de lieu de résidence en février 1912 pour aller s’installer au 30 avenue de Paris à La-Plaine-Saint-Denis.

 

Ce déménagement entraîne son rattachement à une nouvelle unité militaire pour tout ce qui concerne « l’impôt de sang ». Le 15 avril 1913, l’ancien soldat du 27e R.I. est enregistré sur les registres du 149e R.I.. Il devra se rendre à Épinal et non plus à Dijon pour effectuer sa 2e période d’exercice ; celle-ci a lieu du 14 au 30 mai 1913.

 

L’année suivante, les relations diplomatiques avec l’Allemagne s’enveniment à tel point que l’ordre de mobilisation générale est prononcé au cours de l’été 1914. 

 

Charles jette un rapide coup d’œil sur son livret militaire. Il faut se remettre en mémoire la date où il doit rejoindre le dépôt de son régiment d’affectation lorsqu’une telle situation se présente. Il ne dispose que de quelques heures. Charles doit impérativement être à Épinal le 3 août 1914.

 

Caserne Courcy

 

La fiche matricule de Charles Beauvalot ne donne pas de détails sur son parcours de combattant, mais l’on peut quasiment affirmer qu’il a participé à la presque totalité des combats effectués par le 149e R.I. entre le 9 août 1914 et  la date de sa première blessure.

 

Le soldat Beauvalot est nommé caporal le 24 mai 1915. Il est évacué malade à l’ambulance n° 8 du 21e C.A. du 16 juin au 5 juillet 1915. À cette période du conflit, il est chef d’escouade à la 10e compagnie. Le fait d’être alité durant quelques jours ne l’empêche pas d’être promu sergent dès le 23 juillet.

 

Le sous-officier Beauvalot participe ensuite aux attaques de septembre 1915. Sa compagnie est sous les ordres du capitaine Canaux.

 

En mars et avril 1916, le 149e régiment est engagé dans le secteur de Verdun. La 10e compagnie est maintenant sous l’autorité du capitaine Gérard. Charles y gagne sa croix de guerre en obtenant une citation à l’ordre de la brigade. En septembre, il combat dans la Somme. Cette fois-ci, il obtient une palme qu’il peut porter avec fierté sur sa récente décoration acquise à Verdun.

 

Contrairement à bon nombre de ses camarades sous-officiers, le sergent Beauvalot traverse ces trois dernières épreuves sans aucune égratignure, ce qui est assez rare pour être souligné.

 

Le 10 avril 1917, les sous-officiers de la 10e compagnie profitent d’une période d’accalmie pour se faire « tirer le portrait », loin de la zone des combats.

 

Les sous-officiers de la 10e compagnie du 149e R

 

Il a été possible d’associer un visage au nom du sergent Beauvalot grâce au livre de Francis Barbe « Et le temps, à nous, est compté ».

 

Une photographie identique figure à la page 179 de son ouvrage. Les noms de chacun de ces sous-officiers sont inscrits à la droite du cliché.

 

Le régiment, qui a pour devise « Résiste et mord », occupe plusieurs secteurs à proximité du chemin des Dames. Le 149e R.I. ne sera pas engagé dans une grande offensive avant le mois d’octobre 1917.

 

La bataille de la Malmaison commence le 23. La 10e compagnie est envoyée en tête d’attaque avec le reste du 3e bataillon dans la 2e phase de l’opération, après avoir été soutien d’offensive durant la 1ère phase.

 

Le sergent Beauvalot est touché par un éclat d’obus qui le blesse dans la région lombaire. Évacué vers l’arrière, il est soigné à l’hôpital n° 3 de Provins. Charles quitte cet établissement le 22 décembre.

 

Pour en savoir plus sur les évènements qui se sont déroulés au cours de la bataille de la Malmaison, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

 

1er objectif secteur d'attaque du 149e R

 

Le sergent Beauvalot est nommé adjudant trois jours après la bataille de la Malmaison. Il obtient également une nouvelle citation à l’ordre de l’armée pour ses actions d’éclat au cours de l’offensive du 23 octobre.

 

Après une convalescence, une permission et un passage obligé au dépôt du 149e R.I., Charles est de retour dans la zone des armées le 25 janvier 1918. En l’état des informations qui ont été retrouvées, il est impossible de dire s’il a réintégré les rangs de la 10e ou s’il a été affecté à une autre compagnie du régiment.

 

Fin mai 1918, la 43e D.I. est envoyée en urgence dans le secteur d’Arcy-Sainte-Restitue. Il faut à tout prix contenir une virulente offensive allemande. 

 

Le 28 mai, l’adjudant conduit sa section au feu. Il est de nouveau blessé. Une balle lui  traverse le bras gauche dans le sens longitudinal. Cette blessure en séton est très sérieuse. Une nouvelle prise en charge médicale s’impose. Charles est évacué par train sanitaire à l’hôpital n° 50 de Vichy où il reste du 29 mai au 30 mai. Le 1er juillet il occupe un lit  à l’hôpital n° 12 de Vichy.

 

Pour en savoir plus sur les évènements qui se sont déroulés durant la journée du 28 mai 1918, il suffit de cliquer une fois sur la photographie suivante.

 

Cuiry-House

 

S'il est renvoyé au front, la date de son retour n’est pas connue. En effet, le texte qui accompagne l’attribution de la Médaille militaire qu’il a obtenue en 1919, atteste un retour au front en octobre 1918. La citation confirme que l’adjudant Beauvalot a été blessé pour la troisième fois, au cours de la bataille de la Hunting Stellung, le 27 octobre 1918. Mais dans le même temps, sa fiche matricule ne porte aucune mention de cette blessure ni même d'un retour au front ; en effet, cette fiche le place à "l'intérieur" suite à sa blessure de guerre, jusqu'à sa démobilisation, et après avoir été hospitalisé à l’hôpital n° 12 de Vichy jusqu’au 27 octobre 1918. Une troisième source manque pour clarifier ce qui pourrait être une erreur au niveau de la citation ou un oubli sur la fiche matricule.

 

Le Dépôt démobilisateur du 1er Zouave l’envoie en congé illimité le 1er avril 1919. Charles se retire à Plaine Saint-Denis, au 22 avenue de Paris. Le 13 juillet 1921, il demeure 60 rue Philippe de Girard, dans le 18e arrondissement de Paris.

 

La commission de réforme du 3e bureau de la Seine du 2 juillet 1926 le maintient au service armé avec une pension temporaire de 10 % ; cette pension se justifie par une perte de substance musculaire au niveau de faisceau antérieur du deltoïde droit et pour une cicatrice, légèrement adhérente, au niveau d’un cal de fracture du radius gauche au 1/3 moyen ; s’ajoute à cela un séton superficiel du dos.

 

Le 1er avril 1927, l’ancien adjudant est classé « sans affectation ».

 

Le 26 octobre 1928,  Charles Beauvalot occupe un logement au 15 avenue Sadi-Carnot à Crépy-en-Valois.

 

La commission de réforme du 4e bureau de la Seine, qui s’est réunie le 26 décembre 1928, lui accorde une pension temporaire pour un taux d’invalidité de 10 % concernant une main gauche "bote" ; ceci est dû à sa fracture du radius par balle, ce qui a engendré un raccourcissement de cet os de 1, 2 cm et une cicatrice de 8 cm à la région deltoïdienne. Ce faible taux d’invalidité le maintient au service armé.

 

Le 27 juillet 1929, Charles vit au Vert Galant, avenue de la Gare, dans la ville de Villepinte.

 

Sa pension temporaire de 10 % est transformée en pension définitive par la commission de réforme du 4e bureau de la Seine du 11 juin 1930.

 

Le 31 octobre 1930, Charles Beauvalot épouse Marie Eugénie Lombard à Crépy-en-Valois. Il a 45 ans.

 

Le sergent Beauvalot  a obtenu les citations suivantes :

 

Citation à l’ordre de la brigade n° 39 du 26 mars 1916 :

 

« Excellent sous-officier dévoué et énergique. Au cours des combats du 10 au 15 mars 1916, n’a cessé un seul instant de donner le plus bel exemple de calme, de courage et d’entrain. »

 

Citation à l’ordre du corps d’armée n° 106 du 15 septembre 1916 : 

 

« Sous-officier d’une énergie et d’une bravoure admirable. Le 9 septembre 1916, a su entraîner ses hommes à l’attaque d’un poste ennemi sous un bombardement violent avec un allant et une autorité remarquable. A ensuite déployé la plus fructueuse activité dans l’organisation de la tranchée conquise. »

 

Citation à l’ordre du corps d’armée n° 175 du 8 novembre 1917 :

 

« Gradé d’une énergie allant jusqu’à la témérité, a entraîné très brillamment sa section à l’assaut des lignes ennemies, blessé très grièvement au cours des opérations, n’a quitté son commandement qu’après avoir donné tous les renseignements nécessaires à l’attaque. »  

 

La citation suivante ne figure pas sur sa fiche matricule.

 

Citation à l’ordre du corps d’armée (publication dans le J.O. du 14 juillet 1918) :

 

« Très belle conduite au feu. S’est dépensé sans compter dans les situations  les plus difficiles dans les durs combats de …, donnant à ses hommes le plus bel exemple de dévouement. A été blessé au cours de l’action. »

 

Médaille militaire (publication J.O. du 8 avril 1919. Cette décoration prend rang à compter du 25 décembre 1918).

 

« Excellent sous-officier, a déjà fait preuve en maintes circonstances, s’est distingué une fois de plus le 25 octobre 1918 par la maîtrise de son calme, le courage avec lesquels il a conduit sa section sous les feux nourris de mitrailleuses ennemies, donnant à tous le plus bel exemple de mépris absolu du danger. A été blessé le 27 octobre. Deux blessures antérieures. Quatre citations. »

 

La fiche signalétique et des services de l’adjudant Beauvalot donne une autre version concernant l’attribution de cette décoration. Elle indique qu’il a été décoré de la Médaille militaire suite à la décision ministérielle 12885K en date du 8 août 1918. 

 

Pour prendre connaissance de la généalogie de l’ancien sous-officier du 149e R.I., il suffit de cliquer sur l’image suivante :

 

log geneanet

 

Charles Joseph Beauvalot est décédé le 2 décembre 1958 à l’âge de 73 ans.

 

Sa descendance n’est pas connue.

 

Sources :

 

La fiche matricule de l’adjudant Beauvalot, les registres d’états civils et de recensement de la commune de Selongey ont été consultés sur le site des archives départementales de la Côte-d’Or.

 

« Et le temps, à nous, est compté » Lettres de guerre 1914-1919. Albert Marquand, présentation de Francis Barbe, postface du général André Bach. C'est-à-dire Éditions mille mots chuchotés. 2011.

 

La photographie de groupe représentant les sous-officiers de la 10e compagnie du 149e R.I. provient du fonds Gérard (collection personnelle).

 

Un grand merci à M. Bordes, à R. Mioque, à F. Barbe, à J. Buttet, à A. Carobbi, aux archives départementales de la Côte-d’Or et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

Commentaires
P
Belle histoire d'un soldat qui a traversé cette période si dangereuse sans y laisser sa vie, mais toutefois en étant blessé au moins 2 fois. Valeureux soldat devenu sous-officier à force de courage. Il est plaisant de voir que certains hommes ont pu survivre à ce terrible conflit, mais sait-on ce qu'à été leur vie après avoir vécu une si terrible expérience qui a forcément eu un impact non négligeable sur leur santé mentale et physique ? Eternelle reconnaissance à eux.
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