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149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
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5 février 2021

27 septembre 1918

Fusil-mitrailleur Chauchat 149e R

 

Le 26 septembre 1918, le 149e R.I. se lance à l’attaque des positions allemandes dans le secteur du trou Bricot, en Champagne. Par vagues successives, les hommes du lieutenant-colonel Vivier font une percée de 6 km dans une région particulièrement fortifiée et défendue. Ils font de nombreux prisonniers tout en récupérant un matériel conséquent. Dans un premier temps, la progression est assez aisée. L’ennemi offre peu de résistance. La situation va s’aggraver au fur et à mesure de l’avancée. Les Allemands, d’abord submergés, finissent par se ressaisir en utilisant des troupes fraîchement arrivées dans la zone des combats.

 

Ils s’opposent farouchement à l’attaque de la 3e vague effectuée par le bataillon Hassler.

 

Carte 1 journee du 27 septembre 1918

 

Journée du 27 septembre.

 

Le 1er bataillon du 149e R.I., sous les ordres du commandant Hassler, s’apprête à reprendre l’offensive stoppée la veille à la tombée de la nuit.

 

Le lieutenant-colonel Vivier réceptionne l’ordre d’attaque de la 43e D.I. à 2 h 30. Celui-ci prescrit la reprise du mouvement en avant à partir de 5 h 15. Il y est également stipulé que les troupes seront appuyées par une batterie de chars Schneider et par deux sections de chars Renault appartenant à la compagnie 307 du 3e B.C.L. En outre, la préparation d’artillerie devra commencer à 5 h 00.

 

Le chef du 1er bataillon reçoit cet ordre à 3 h 20. Il rassemble immédiatement ses commandants de compagnie pour les informer de la situation et pour leur donner les instructions de détail.

 

Durant la nuit, l’ennemi bombarde la tranchée de Gratreuil avec des obus toxiques.

 

L’officier qui commande la compagnie de chars mise à la disposition du 1er bataillon du 149e R.I. vient reconnaître son itinéraire vers 4 h 00. Il indique que ses chars ne pourront pas être là avant 5 h 30 ou 6 h 00.

 

Le commandant Hassler attire l’attention de ses commandants de compagnie et de ses chefs de section sur ce fait. Les chars ne pourront probablement pas coopérer. Il faudra être particulièrement vigilant aux mouvements de manœuvre.

 

 

À 5 h 15, le 1er bataillon part à l’assaut de la croupe de la Pince. Le 2e bataillon du régiment, sous les ordres du capitaine Chauffenne, marche dans ses traces.

 

Les premiers éléments du 1er bataillon du régiment arrivent dans la tranchée de Gratreuil.

 

À 6 h 30, le bataillon Hassler progresse au-delà de la croupe de la Pince. Il s’approche la tranchée de Nassau.

 

La résistance allemande est forte. Le bataillon est copieusement arrosé par des tirs de mitrailleuses qui proviennent de la gauche et de la droite. Pris en tenaille, il est obligé de se replier momentanément sur la Pince.

 

Une demi-section de la compagnie de tête de gauche se porte rapidement vers la gauche. Elle capture trois mitrailleuses, une pièce de 88 et fait 43 prisonniers après une manœuvre bien exécutée.

 

La marche en avant du bataillon Hassler reprend immédiatement. Sur la droite, le terrain présente de nombreux couverts qui masquent plusieurs mitrailleuses. 

 

Les abris d’artillerie situés dans la zone de marche des compagnies du 1er bataillon sont presque tous pourvus de tourelles bétonnées, armées de mitrailleuses.

 

Lentement, mais de façon continue, le bataillon poursuit son avancée. Les chars de combat sont derrière l’infanterie. Ils n’interviennent pas.

 

Toutes les résistances successives tombent grâce aux manœuvres effectuées par des unités réduites au maximum. Deux sections travaillent en liaison l'une avec l'autre. Elles progressent de couvert en couvert, dépassant les îlots de résistance avant de se rabattre sur eux. Les compagnies de 1ère ligne atteignent le bois de la Chèvre.

 

Un agent de liaison capture un officier et plusieurs de ses hommes, installés dans l’abri 2069. N’ayant pour toute arme qu’un fusil lance-fusée, ce soldat énergique couche en joue l’officier, ce qui oblige ce dernier à se rendre.

 

Un sous-officier fait prisonniers une vingtaine d’ennemis qui se rendaient à leurs pièces à l’abri 2275. Baïonnette au canon, il se précipite sur eux avec sa demi-section. D’autres abris sont également pris. De nombreux Allemands sont capturés avant qu’ils aient eu le temps de se rendre à leurs pièces en batterie situées à la corne sud-ouest du bois de la Chèvre.

 

Une batterie de 105 est en position à 100 mètres plus au nord. Une pièce tire encore sur la croupe de la Pince. Elle est réduite au silence par une patrouille. Les artilleurs allemands réussissent à s’enfuir.

 

Les éléments avancés du bataillon Hassler nettoient les abris de la batterie 2278. Ils cueillent quelques prisonniers et quatre mitrailleuses. Ils trouvent deux « minenwerfer » et deux mitrailleuses abandonnées lorsqu’ils prennent pied dans la tranchée Nassau.

 

Quelques ennemis sont aperçus dans le bois V 95 : une petite patrouille va au-devant d’eux. Ils sont tous ramenés dans les lignes françaises.

 

La compagnie de droite est tout entière dans la tranchée de Nassau vers 10 h 00. La compagnie de gauche progresse plus lentement en raison des nombreux tirs de mitrailleuse qui proviennent du bois des Épines, de V 84 et des lisières nord-ouest du Kirch-Walden. La compagnie finit par prendre pied dans la tranchée de Nassau. Elle est obligée de l’évacuer peu après, car elle est prise sous un feu d’écharpe de mitrailleuse en position dans la région de V 86.

 

La situation du 1er bataillon devient délicate à partir de cet instant. Il a  subi des pertes sérieuses depuis le début de l’attaque. Les chasseurs, à droite, ne sont pas encore là à 11h 00. Ils n’arrivent à sa hauteur que vers 16 h 30. En attendant, le bataillon Hassler s’organise aussi solidement que possible sur sa position.

 

L’aviation allemande est particulièrement active. Elle fait de nombreuses reconnaissances dans l’après-midi.

 

Ses pilotes mitraillent, en volant très bas, les éléments du 149e R.I. qui occupent la tranchée de Nassau.

 

Les chars de combat ont été mis à couvert à la lisière sud du bois de la Chèvre.

 

La présence ennemie se manifeste un peu partout. Une contre-attaque est pressentie. En prévision de cet évènement, le commandant Hassler demande au chef du 2e bataillon de rapprocher ses deux compagnies de tête.

 

Des groupes ennemis importants s’infiltrent par le boyau d’Arménie et dans le bois de l’Agneau. D’autres progressent par le bois du Bouc et par le bois des Épines jusqu’à la tranchée de Nassau. Des fusées sont lancées par des avions ennemis au-dessus des éléments du bataillon.

 

À 16 h 00, le commandant Hassler demande le tir de barrage. Il n’obtient pas de réponse.

 

Un quart d’heure plus tard, une violente contre-attaque allemande se déclenche de tous les côtés à la fois. L’ennemi est contenu devant la tranchée de Nassau. Il a tout de même réussi sa progression à l’est, par le bois du Bouc, la route de Manre, et à l’ouest par le bois de l’Agneau.

 

Les compagnies de 1ère ligne sont obligées de se replier sur le chemin de Manre. 

 

Les éléments qui ne sont pas parvenus à décrocher se battent jusqu’au bout. Personne ne veut être fait prisonnier. Accablés par le nombre, quelques-uns finissent par être enlevés. Les autres, tous blessés, sont achevés sur place (cet épisode irrespectueux des droits de la Haye est signalé par le commandant Fontaine dans son article « Tactique appliquée d’infanterie »).

 

Le commandant Hassler donne l’ordre aux chars de combat d’intervenir. Il faut absolument enrayer la contre-attaque ennemie. Les deux compagnies de tête du 2e bataillon du 149e R.I. commandé par le capitaine Chauffenne avancent rapidement. La situation est rétablie en quelques minutes.

 

Char Renault FT dans le secteur du 149e R

 

La contre-attaque française se paye au prix fort. Les éléments du 149e R.I. parviennent tout de même à se maintenir sur des positions en flèche avec une liberté d’action au sud de la tranchée Nassau.

 

La capture d'un prisonnier révèle l'entrée en ligne d'une nouvelle division allemande, la 3e division de la Garde.

 

Le 3e bataillon du 149e R.I., plus en arrière, sous les ordres du commandant Fontaine,n’est pas resté inactif.

 

Ses compagnies occupent la tranchée de Grateuil. Elles surveillent les flancs des bataillons de tête qui sont en flèche.

 

Une occasion se présente pour le bataillon Fontaine d'aider ses voisins de droite. Un important point d’appui allemand s’est révélé à l’est de la zone d’action du 149e R.I., à proximité de la voie ferrée, en direction du tunnel de Manre.

 

Les feux ennemis sont violents. Ils empêchent la progression des chasseurs, tout en constituant un sérieux danger pour les bataillons Chauffenne et Hassler qui continuent leur avancée. L’adjudant de la compagnie de mitrailleuses du bataillon Fontaine découvre des mitrailleuses gênantes. Il fait ouvrir sur elles un feu très nourri. L’ennemi, découvert, se terre.

 

Les troupes amies de droite se rendent compte de l’aide efficace qui vient de leur être donnée. Les chasseurs s’emparent, sans pertes, du nid de mitrailleuses allemandes en faisant une centaine de prisonniers.

 

La situation est la suivante en fin de journée :

 

Première ligne : des fractions du bataillon Hassler et deux compagnies du bataillon Chauffenne sont en échelon en arrière et à gauche vers Feld holz,à hauteur du chemin de Manre.

 

Le bataillon Fontaine est échelonné sur deux lignes, au sud du chemin de la Sente.

 

Carte 3 journee du 27 septembre 1918

 

Toutes les dispositions sont prises pour parer à une contre-attaque qui pourrait se produire sur le flanc gauche.

 

La liaison existe à droite avec le 31e B.C.P.. Elle n’a pas encore été établie avec le 170e R.I.. Elle ne le sera qu’au cours de la nuit, vers 1 h 00. Une compagnie de ce régiment installe une partie de ses éléments au croisement du chemin de Manre et du boyau d’Arménie.

 

Le poste de commandement du 149e R.I. est installé à l’ouvrage T 25,à la corne nord-ouest du bois de la Fouine.

 

La nuit est calme, sans incident notable.

 

                                            Tableau des tués pour la journée du 27 septembre 1918

 

Sources :

 

Historique du 501e Régiment d’Artillerie d’Assaut consulté sur le site « chars-français. Net ».

 

J.M.O. de la 43e D.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 334/14.

 

« Tactique appliquée d’infanterie » article écrit par Ulysse Fontaine publié dans la revue d’infanterie n° 350 du 15 novembre 1921.

 

« Exemple d’emploi des chars dans la guerre 1914-1918 (volume III) - offensive de la IVe armée en Champagne - 26 septembre 1918 ». Centre d’études des chars de combat. Éditions Versailles. 1922.

 

Le dessin a été réalisé par I. Holgado.

 

La photographie représentant les chars provient du fonds Rémy consultable aux archives départementales des Vosges. Cote 141 J n° 99.

 

Concernant les cartes, elles ont toutes été réalisées à partir de plusieurs plans. Aucune échelle n’est indiquée sur ces plans. Ces cartes n’ont donc qu’une valeur indicative.

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à I. Holgado, à J. Huret, à M. Souquet, au S.H.D. de Vincennes et aux archives départementales des Vosges.

Commentaires
P
très intéressant article qui démontre la force des combats et ce que pouvaient vivre ces soldats. Ces combats se sont déroulés après ceux de la zone Artois où ce régiment avait déjà eu fort à faire et subit de très lourdes pertes. Malgré cela, cet article démontre, par sa qualité, que ces hommes étaient malgré tout investis d'une volonté farouche de repousser l'ennemi. Quel courage il fallait avoir pour supporter tout cela sur une si longue période.
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