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149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
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25 août 2023

Du 1er au 22 Janvier 1915

Les officiers superieurs du 149e R

 

Les derniers combats menés en Belgique remontent à plusieurs semaines.

 

Après sa période de marche et d’instruction, le 149e R.I. est de nouveau opérationnel pour repartir en 1ère ligne.

 

Le régiment cantonne à Villers-Brûlin et à Bethonsart depuis le 31 décembre.

1er janvier 1915

 

La 85e brigade, sous les ordres du général commandant le 33e C.A., est placée sous l’autorité du général responsable de la 77e D.I.. Dans la soirée, un bataillon du 149e R.I. relève le 14e B.C.P. dans le secteur nord-ouest du bois de Berthonval, entre le point F et le point K.

 

Le trajet reliant Béthonsart à Mont-Saint-Éloi est particulièrement long pour une montée en 1ère ligne. Les hommes arrivent épuisés dans la zone des combats.

2 janvier 1915

 

Des équipes de pionniers sont formées par le Génie à Écoivres. Un officier de la compagnie 10/1 vient dans les cantonnements pour instruire les fantassins sur le lancement des grenades.

 

3 janvier 1915

 

Le capitaine Genevoix, commandant la 2e compagnie, est tué pendant l’exécution des travaux de défense réalisés par ses hommes.

 

Dans la soirée, deux bataillons du 149e R.I. occupent le secteur allant du point C au point K, au nord du bois de Berthonval.

 

Positions approximatives occupées par 2 bataillons du 149e R

Legende de carte journee du 3 janvier 1915

 

Du 4 au 6 janvier 1915

Le commandement du secteur est exercé par le responsable de la 85e brigade, le colonel Guillemot. Une attaque est en cours de préparation dans la zone occupée par ses régiments. Une reconnaissance de la ligne allemande est exécutée.

 

Le 5 janvier, deux bataillons du 158e  R.I. viennent relever les deux bataillons du 149e R.I. en 1ère ligne. Ce sont eux qui devront mener l’attaque.

 

Du 7 au 9 janvier 1915

 

Le mauvais temps stoppe tous les préparatifs d’offensive. Les boyaux de communications sont rendus impraticables par la boue. De nombreuses vies humaines ont sans aucun doute été préservées grâce à ces intempéries.

 

Les mouvements de rotation des relèves sont devenus si difficiles qu’à partir du 9 au soir, elles ne s’effectuent plus que par un bataillon. Les bataillons des 158e R.I. et du 149e R.I. se relèvent mutuellement dans la partie droite du secteur.

 

De retour de convalescence, le commandant Magagnosc prend le commandement du 2e bataillon du 149e R.I..

 

Le bois de Berthonval

 

Le capitaine Laure relate un mouvement de relève effectué par ses compagnies, dans une de ses lettres rédigée le 8 janvier :

 

« Le bataillon se met en route pour aller en relever un autre. Il marche d’abord assez tranquillement sur la route jusqu’à 21 h 00. Quand il atteint la proximité de la zone dangereuse, il prend ses dispositions préparatoires : distribution des outils, des cartouches, des vivres (les cuisiniers restant au dernier gîte possible pour le fonctionnement de leurs fourneaux improvisés). Quand les balles commencent à siffler, le bataillon entre en file indienne dans un boyau, c'est-à-dire, une sorte de tranchée en zigzag de 2 m de profondeur et 1 à 1,5 m de largeur où il chemine à couvert. On a maintenant creusé, derrière les lignes ; des kilomètres de ces boyaux, œuvre de géants qui est généralement confiée aux territoriaux ; mais à cause des pluies, ces labyrinthes deviennent impraticables. On s’y enfonce jusqu’aux genoux et on n’avance qu’à une lenteur de tortue.

 

À 3 ou 400 m de la première ligne, on trouve des guides envoyés par le bataillon à relever : sur la ligne, les sections partantes se collent contre le parapet arrière, laissant la place du parapet avant aux sections montantes. Les chefs de section se passent les consignes. Les anciens tâchent de faire apercevoir aux nouveaux la crête des tranchées ennemies…

 

… Les capitaines circulent, s’assurent que chacun est à son poste et, devant cet horizon mystérieux que l’obscurité ne permet pas de scruter, ils font commencer la veillée des armes. En principe, la nuit, il ne devrait pas y avoir de dormeurs, mais il y en a toujours, que les officiers et les gradés sont obligés de secouer, parfois un peu rudement.

 

La règle est de ne pas tirer, pour ne pas s’exciter à une consommation de munitions hors de proportion avec les résultats à en attendre ; en fait, surtout avec les jeunes soldats, on tiraille tout le temps sur des ombres qu’on croit voir ramper, sur les étoiles, sur la lune, s’il y en a une au ciel, jusqu’au moment où l’ennemi se met à riposter, et alors, la fusillade crépite furieusement pendant quelques minutes, se tait, puis reprend de plus belle…

 

Quand le jour arrive, les fusils se taisent, mais les gros canons s’y mettent : boum, boum ! marmites de ci, marmites de là… Les artilleries se cherchent sans toujours se trouver et quelques-uns de leurs projectiles tombent sur les malheureux fantassins qui, sauf les guetteurs, commencent à s’assoupir.

 

Le chef de bataillon se met en branle pour visiter son secteur, patauge dans la boue, enjambe des cadavres et d’infâmes détritus, risque un regard par-dessus le parapet ou à travers un « créneau » : « Attention mon commandant, ça siffle par ici… » « Oui, mais il faut bien voir puisqu’on est venu pour ça ».

 

Si le secteur est muni d’un matériel semi-professionnel, on profite d’un « périscope » pour cette nécessaire inspection : « Qu’est-ce c’est donc que cette ligne de silhouettes noires là tout près ? »

 

« Mon commandant, ce sont les cadavres des chasseurs qui ont attaqué il y a quelques jours… On a essayé d’aller les chercher cette nuit, en rampant, mais sans succès, car ils sont comme entortillés dans les barbelés… Ils sont si proches des Allemands qu’on en a vu aller les fouiller… » Quel lugubre spectacle…»

 

Le 8, le colonel Boyer, nommé au commandement d’une brigade, est remplacé par le lieutenant-colonel Gothié à la tête du 149e R.I..

 

Du 10 au 22 janvier 1915

 

L’instruction active reprend dans tous les cantonnements. Des équipes de sections de mitrailleuses récemment créées, complètement inexpérimentées, sont formées au maniement de leur nouvelle arme. L’instruction du tir se réalise dans un champ de tir de circonstance construit près de Villers-Brulin. Les mouvements de relèves se poursuivent.

 

Le 15 janvier, l'adjudant Lemailloux est tué d'une balle dans la tête dans le secteur des 1ère lignes.

 

Ce jour-là, le capitaine Laure écrit ceci :

 

« Le terrain est dans un état si épouvantable que les difficultés de la relève et de l’occupation sont considérables. On ne peut plus utiliser les boyaux, car plusieurs hommes s’y sont enlisés et quelques-uns ont été étouffés dans la vase ! Il faut s’avancer la nuit à terrain découvert et franchir les boyaux qui deviennent un obstacle plutôt qu’une aide, par des ponts de planches branlantes. Comme on n’y voit rien, les pieds se posent plus souvent à côté que dessus et on chute… Il y a peu de combats, car l’ennemi est aussi abruti que nous par le mauvais temps. Les pertes sont minimes. »

 

Le commandant Bichat remplace le capitaine Crépet à la tête du 1er bataillon du 149e R.I.. Le capitaine Crepet reprend le commandement de la 2e compagnie du régiment.

 

Le 22 janvier, le 149e R.I. reçoit l’ordre de quitter ses positions. Il doit venir s’installer dans un nouveau secteur près du bois de Bouvigny, au nord-ouest d’Ablain-Saint-Nazaire.

 

                                 Tableau des tués pour la période allant du 1er au 22 janvier 1915

 

                   Tableau des blessés et des disparus pour la période allant du 1er au 22 janvier 1915

 

              Tableau des décédés dans les ambulances et dans les hôpitaux (du 1er au 22 janvier 1915)

 

Sources :

 

Les archives du Service Historique de la Défense de Vincennes ont été consultées.

 

La carte  provient du J.M.O. du 33e C.A..

 

J.M.O. du 33e C.A.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 214/1.

 

J.M.O. de la 43e D.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 344/1.

 

J.M.O. de la 85e brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 520/10.

 

Historique du 149e  Régiment d’Infanterie. Épinal. Imprimerie Klein, 1919.

 

Deux guerres en un siècle : la grande guerre (lettres d’Émile Laure à son épouse) Editions de Sauvebonne.

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à T. Cornet, à M. Porcher, à Y. Thomas, à la famille descendant du commandant Laure et au Service Historique de la Défense de Vincennes. 

18 août 2023

Gaston François Honoré Fleutiaux ( 1897-1918)

Gaston François Honoré Fleutiaux

 

Gaston François Honoré Fleutiaux est né le 26 mars 1897, à Bourguignon-lès-la-Charité, dans la Haute-Saône.

 

Son père, Jean Jules, 30 ans, est instituteur. Sa mère, Marie Renaud, âgée de 26 ans, n’exerce aucune activité professionnelle. Gaston est le deuxième et avant- dernier enfant du couple.

 

Jean Jules Fleutiaux obtient un poste d’enseignant à Neuvelle-lès-la-Charité. Gaston apprend à écrire, lire et compter dans la classe de son père. Après avoir obtenu son certificat d’études, il poursuit ses études à Vesoul. Gaston entre au lycée Gérôme en octobre 1909. Il découvre l’internat à l’âge de 12 ans.

 

Sa fiche matricule indique un degré d’instruction de niveau 3, ce qui ne correspond pas exactement à ses acquisitions scolaires, puisqu’il a obtenu son premier baccalauréat.

 

Gaston Fleutiaux a 17 ans lorsque l’ordre de mobilisation générale est placardé dans toutes les communes de France.

 

Trop jeune pour se sentir concerné par cet évènement qui débouche sur la Première Guerre mondiale, il s’imagine probablement avoir le temps nécessaire pour aller au bout de sa scolarité et se présenter à la 2e partie de son baccalauréat ; cela ne sera malheureusement pas le cas. La classe 1917, à laquelle il est rattaché, est appelée par anticipation dès 1915.

 

En parfaite condition physique, le jeune homme est déclaré apte aux obligations militaires par le conseil de révision réuni à la mairie de Scey-sur-Saône ; cette déclaration met fin à ses études.

 

Gaston Fleutiaux rêve de devenir aviateur, mais son père s’oppose fermement à cette option. Il n’est pas du tout question de combat aérien ! Aux yeux de ses proches, c’est vraiment trop risqué ! Il doit abandonner ce projet. Sa famille souhaiterait le voir intégrer un régiment d’artillerie, une arme beaucoup moins exposée que les autres.

 

Gaston reste déterminé : s’il ne peut pas rejoindre l’aviation, il n’ira pas dans l’artillerie, mais dans l’infanterie. De toute façon, l’armée décidera pour lui.

 

Sa feuille de route répond à ses attentes ; le 8 janvier 1916, le conscrit Fleutiaux doit se présenter à la caserne Courcy, dépôt du 149e R.I. installé à Épinal.

 

Son niveau scolaire lui permet de suivre la formation des caporaux. Nommé dans ce grade le 15 août 1916, il est promu sergent dès le mois suivant. Gaston Fleutiaux est ensuite envoyé au centre d’instruction de Saint-Maixent en tant qu’élève aspirant. Une fois sa formation terminée, il est promu au grade d’aspirant le 15 octobre 1916.

 

La date exacte à laquelle il a rejoint le régiment actif n’est pas connue. Une citation à l’ordre du 21e C.A. qui lui donne droit au port de la croix de guerre,  nous apprend qu’il a participé à la bataille de la Malmaison comme responsable d’un des canons de 37 mm du 149e R.I..

 

Pour en savoir plus sur les événements qui se sont déroulés durant la bataille de la Malmaison, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

 

Les officiers du 149e R

 

Fin janvier 1918, le 149e R.I. occupe un secteur vosgien du côté de la Cude et du Violu. Gaston Fleutiaux est maintenant à la tête d’une section de la 10e compagnie.

 

Le 24 mars 1918, ses hommes sont pris sous un violent feu d’artillerie allemand. Grièvement blessé par plusieurs éclats d’obus, l’aspirant Fleutiaux est rapidement évacué sur l’ambulance 7/21 installée à la Croix-aux-Mines. Les soignants ne peuvent rien pour lui. Il meurt sur la table d’opération.

 

Pour en savoir plus sur les événements qui se sont déroulés durant cette journée, il suffit de cliquer une fois sur la photographie suivante.

 

Bois de Brehaingoutte

 

Son acte de décès est transcrit à la mairie de Neuvelle-lès-la-Charité le 2 septembre 1918.

 

1ere sepulture de l'aspirant Fleutiaux

 

L’aspirant Fleutiaux a été décoré de la croix de guerre avec une palme et une étoile de vermeil :

 

Citation à l’ordre du corps d’armée n° 176 en date du 10 décembre 1917 :

 

« Jeune aspirant, a fait preuve de sérieuses qualités de commandement au cours du combat du 23 octobre 1917, a donné un bel exemple de courage et de sang froid aux servants de la pièce de 37 qu’il commandait, suivant constamment le bataillon auquel il était attaché, et atteint le dernier objectif où il a pris position. »

 

Citation à l’ordre général  n° 77 de la 7e armée en date du 3 avril 1918 :

 

« Jeune aspirant très brave et plein d’entrain, sa section étant prise sous un violent bombardement qui faisait prévenir une attaque allemande, n’a cessé de se multiplier aux points les plus dangereux pour assurer la surveillance, a été grièvement blessé à son poste de combat. »

 

L’aspirant Fleutiaux a été décoré de la Médaille militaire à titre posthume (J.O. du 29 octobre 1920).

 

Les decorations de l'aspirant Fleutiaux

 

Le nom de ce sous-officier est gravé sur le monument aux morts de la commune de Neuvelle-lès-la-Charité. Il est également inscrit sur la plaque commémorative honorant « les morts pour la France » du lycée Gérôme de Vesoul.

 

La généalogie de la famille Fleutiaux peut se consulter sur le site « Généanet ». Pour y avoir accès, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

log geneanet

 

Gaston François Honoré Fleutiaux est resté célibataire et n’a pas eu de descendance.

Il repose actuellement dans le cimetière communal de Grandvelle-et-le-Perrenot.

 

Sources :

 

Fiche signalétique et des services et actes d’état civil consultés sur le site des archives départementales de la Haute-Saône.

 

Un exemplaire d’une plaquette biographique concernant l’aspirant Fleutiaux, réalisée par Marie Jeanne Burthey, est conservé aux archives départementales de la Haute-Saône (10 Num26-7). Pour y avoir accès, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

Archives departementales de la Haute-Saone

 

Un grand merci à M. Bordes, M.J. Burthey, à A. Carobbi, à É. Mansuy, à M. Porcher, au Service Historique de la Défense de Vincennes et aux archives départementales de la Haute-Saône. 

11 août 2023

Du 7 au 31 décembre 1914

Les officiers superieurs du 149e R

 

Le 149e R.I. quitte la Belgique le 7 décembre 1914 après y avoir combattu durant plusieurs semaines. Le colonel Boyer commande le régiment. Dans la nuit du 7 au 8, le régiment spinalien cantonne dans la région nord d’Hazebrouck.

 

La nuit suivante, il reçoit l’ordre de se porter dans la région d’Aire-sur-la-Lys. Une partie du 149e R.I. s’installe dans cette ville, l’autre cantonne à Lambres.

 

Plusieurs éléments ont rendu cette marche particulièrement difficile : l’obscurité de la première partie de la nuit, le mauvais temps, le brouillard épais, le froid, l’humidité, le manque d’entraînement des hommes dus aux longs séjours dans les tranchées, ainsi que l’arrivée récente des jeunes recrues en provenance du dépôt et celle des territoriaux venus du midi pour renforcer le régiment.

 

9 décembre 1914

 

Dans la nuit du 9 au 10, les trois bataillons du 149e R.I., respectivement commandés par les capitaines Prétet, Crépet et Laure, font partie d’une colonne composée des éléments de leur brigade, de 2 groupes d’artillerie de la 43e D.I., de la compagnie G.D. et de l’escadron de cavalerie divisionnaire.

 

Sous les ordres du colonel commandant la 85e brigade, cette colonne quitte Lambres à 23 h 00. Elle prend la direction de Pernes, Marest et Bours. La marche est beaucoup moins pénible que celles des jours précédents.

 

10 et 11 décembre 1914

 

Les bataillons du 149e R.I. s’installent dans leurs nouveaux cantonnements.

 

Le capitaine Laure évoque cette période dans une de ses lettres adressées à son épouse :

 

« Nous travaillons sur les routes comme en temps de paix (de nuit toutefois pour nous soustraire aux investigations de l’aviation) et au cantonnement, nous trouvons des lits pour nous et de bonnes granges pour les hommes tout comme en manœuvre. La popote nous offre d’excellents repas, tant et si bien que nous nous refaisons complètement ; gros et gras, le teint frais… Nous nous offrons même quelques séances de bridge.

 

Nous ne cédons pas d’ailleurs aux illusions. Nous avons acquis une certaine expérience du danger d’être « en réserve ». Si on nous a ramenés sur le théâtre de nos opérations d’octobre, ce n’est pas pour que nous nous croisions les bras et, un de ces quatre matins, nous recevrons l’ordre de rentrer dans la fournaise. »

 

Carte 1 - decembre 1914

 

Le responsable de la 85e brigade reçoit l’ordre de constituer un peloton d’élèves-chefs de section. Il faut choisir un sergent et deux caporaux par compagnie.

 

12 décembre 1914

 

Un capitaine du 149e R.I., un adjudant instructeur par régiment et un sous-officier comptable sont désignés pour constituer l’équipe d’encadrement du peloton des élèves-chefs de section.

 

13 décembre 1914

 

Le peloton des élèves-chefs de section cantonne à Pernes. Les premiers cours sont donnés à partir de ce jour. Un programme de missions a été établi pour que chaque futur chef de section apprenne l’essentiel de ce qu’il doit savoir avant le 25 décembre.

 

Les derniers renforts arrivés sont répartis dans les compagnies. Les sous-officiers du 149e R.I. encadrent l’instruction des jeunes soldats. Le matériel du régiment est vérifié.

 

14 et 15 décembre 1914

 

Les uniformes ont beaucoup souffert depuis le début de la campagne. Pour les plus anciens, il faut les nettoyer avant de les réparer. Il faut également revoir l’ensemble de l’équipement, sac à dos, brêlage, cartouchières, tout est à vérifier. Chaque paire de chaussures est contrôlée puis changée en cas de nécessité.

 

Le capitaine Laure raconte ces évènements dans une de ses correspondances : « L’arrivée des recrues et le retour de nombreux blessés nous ont recomplétés, mais avec peu d’homogénéité. Les âges s’échelonnent de 18 à 45 ans. Les uniformes ont tous des nuances de l’arc-en-ciel. Les pantalons rouges disparaissent peu à peu et sont remplacés tant bien que mal par tout ce qu’on trouve en bleu, marron, gris et kaki, en drap, en velours ou en grosse toile.

 

On commence à voir apparaître de nouveaux uniformes en drap gris-bleu et ça complète notre arlequinade. Le suivi des vivres marche bien malgré nos innombrables déplacements. »

 

16 décembre 1914

 

La 85e brigade reçoit l’ordre de se préparer à faire mouvement.

 

17 décembre 1914

 

La brigade doit être présente sur ses nouveaux emplacements avant midi. Le 149e R.I. installe son état-major et deux de ses bataillons à Rebreuve. Un bataillon vient cantonner à Hermin. La brigade devient réserve de la 10e armée. Le régiment exécute un exercice d’alerte dans la soirée.

 

Carte 2 - decembre 1914

 

18 décembre 1914

 

Il pleut toute la journée. Les compagnies du 149e R.I. restent dans leurs cantonnements.

 

19 décembre 1914

 

Un nouvel exercice d’alerte a lieu dans l’après-midi. La troupe reçoit deux jours de vivres de réserve par homme. Il faut de nouveau s’attendre à faire mouvement.

 

20 décembre 1914

 

Sur ordre de l’armée, le 149e R.I. rejoint Hersin-Coupigny avant midi.

 

Du 21 au 30 décembre 1914

 

Les bataillons du 149e R.I. restent en réserve de la 10e armée. Le peloton des élèves-chefs de section poursuit son instruction.

 

31 décembre 1914

 

La 85e brigade est mise à la disposition du 33e C.A.. L’E.M. du 149e R.I. et un de ses bataillons s’installent à Villers-Brûlin. Les deux autres bataillons du régiment cantonnent à Bethonsart.

 

Carte 3 - decembre 1914

 

Sources :

 

Les archives du Service Historique de la Défense de Vincennes ont été consultées.

 

J.M.O. de la 43e D.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 344/1.

 

J.M.O. de la 85e brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 520/10.

 

J.M.O. du 14e B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 820/9

 

Historique du 149e Régiment d’Infanterie. Épinal. Imprimerie Klein, 1919.

 

Deux guerres en un siècle : la Grande Guerre (lettres d’Émile Laure à son épouse) Éditions de Sauvebonne.

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à M. Porcher, à Y. Thomas, à la famille descendant du commandant Laure et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

4 août 2023

Octobre-novembre-décembre 1916, témoignage du musicien-brancardier Louis Cretin

Du cote de la sucrerie de deniecourt

 

De retour dans la Somme, les brancardiers du 149e R.I. subissent régulièrement les bombardements et la boue lorsqu’ils évacuent les blessés vers l’arrière. Les conditions de vie sont extrêmement pénibles du côté de la sucrerie de Deniécourt et du bois Bauer. Le 7 novembre, une équipe de brancardiers paie le prix fort dans l’exercice de ses fonctions. Très marqué par l’évènement, Louis Cretin évoque cet épisode douloureux dans son témoignage.

 

« Le 12 octobre, les camions viennent nous reprendre. De nouveau, nous reprenons la route pour les tranchées en vue d’une nouvelle attaque. Cantonnés à Demuin le 13, nous y faisons concert le 14.

 

Le 15, nous sommes à Harbonnières, où la musique demeure. Notre effectif étant presque doublé, nos équipes se relèvent toutes les 48 heures.

 

L’attaque n’est pas pour tout de suite. Il faut d’abord aménager le secteur et le mauvais temps sévit. Il pleut sans discontinuer. Seule l’artillerie pilonne, sans trêve, les lignes allemandes.

 

Le 7 novembre, l’ordre d’attaque est donné. Par un temps épouvantable, nos troupes obtinrent un notable succès, bien que la résistance boche fût sérieuse.

 

Gênés par la boue qui enlisait nos hommes dans les tranchées et dans les boyaux, le service de brancardier, les corvées de soupe et de ravitaillement sont obligés de passer à découvert. Les pertes furent lourdes.

 

La sucrerie d’Ablaincourt et Deniécourt connut des combats héroïques. Les hommes étaient transformés en paquet de glaise.

 

C’est dans ce secteur que l’on connut vraiment le supplice de la boue. Des poilus, pris dans cette pâte comme dans de la colle forte, disparurent, foulés aux pieds par les relèves. C’est ainsi que l’on retrouva une de nos équipes, touchée par un obus, entièrement enlisée, grâce au brancard qui dépassait. Les hommes et les blessés avaient cessé de vivre. Ils eurent, du moins, une sépulture décente.

 

                                   Tableau des tués de la C.H.R. pour la journée du 7 novembre 1916

 

Pour en apprendre davantage sur les évènements qui se sont déroulés durant cette journée, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

 

Carte 1 journée du 7 novembre 1916

 

Englués dans les tranchées, dès que l’on était inactifs, on avait la sensation, que suspendu dans le vide, quelqu’un nous tirait par les pieds. Chaque capote, c’était du plomb ! Un scaphandrier, au fond de la mer, doit être mieux que nous étions.

 

Le 16 novembre, « les blocs de boue » furent relevés. Voyage en camions, repas à Morlaines. Le trajet fut mouvementé. Notre voiture faillit verser dans le fossé. Le conducteur, épuisé, dormait à son volant.

 

Le 18, nous reprenons l’instrument et les concerts. Le 1er bataillon est à Verlaines, le 2e à Guignecourt et le 3e à Fontaine Saint-Julien.

 

Le 15 décembre, le régiment remonte en secteur ; seulement, à cette époque, ma permission de détente m’est accordée. »

 

Sources :

 

Témoignage inédit du musicien brancardier Louis Cretin (autorisation de publication donnée en 2013 par D. Browarski).

 

Le dessin présenté ici a été réalisé par I. Hogado.

 

Un grand merci à  M. Bordes, à D. Browarski, à A. Carobbi,  à T. Cornet et à I. Holgado.

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