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149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
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4 août 2023

Octobre-novembre-décembre 1916, témoignage du musicien-brancardier Louis Cretin

Du cote de la sucrerie de deniecourt

 

De retour dans la Somme, les brancardiers du 149e R.I. subissent régulièrement les bombardements et la boue lorsqu’ils évacuent les blessés vers l’arrière. Les conditions de vie sont extrêmement pénibles du côté de la sucrerie de Deniécourt et du bois Bauer. Le 7 novembre, une équipe de brancardiers paie le prix fort dans l’exercice de ses fonctions. Très marqué par l’évènement, Louis Cretin évoque cet épisode douloureux dans son témoignage.

 

« Le 12 octobre, les camions viennent nous reprendre. De nouveau, nous reprenons la route pour les tranchées en vue d’une nouvelle attaque. Cantonnés à Demuin le 13, nous y faisons concert le 14.

 

Le 15, nous sommes à Harbonnières, où la musique demeure. Notre effectif étant presque doublé, nos équipes se relèvent toutes les 48 heures.

 

L’attaque n’est pas pour tout de suite. Il faut d’abord aménager le secteur et le mauvais temps sévit. Il pleut sans discontinuer. Seule l’artillerie pilonne, sans trêve, les lignes allemandes.

 

Le 7 novembre, l’ordre d’attaque est donné. Par un temps épouvantable, nos troupes obtinrent un notable succès, bien que la résistance boche fût sérieuse.

 

Gênés par la boue qui enlisait nos hommes dans les tranchées et dans les boyaux, le service de brancardier, les corvées de soupe et de ravitaillement sont obligés de passer à découvert. Les pertes furent lourdes.

 

La sucrerie d’Ablaincourt et Deniécourt connut des combats héroïques. Les hommes étaient transformés en paquet de glaise.

 

C’est dans ce secteur que l’on connut vraiment le supplice de la boue. Des poilus, pris dans cette pâte comme dans de la colle forte, disparurent, foulés aux pieds par les relèves. C’est ainsi que l’on retrouva une de nos équipes, touchée par un obus, entièrement enlisée, grâce au brancard qui dépassait. Les hommes et les blessés avaient cessé de vivre. Ils eurent, du moins, une sépulture décente.

 

                                   Tableau des tués de la C.H.R. pour la journée du 7 novembre 1916

 

Pour en apprendre davantage sur les évènements qui se sont déroulés durant cette journée, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

 

Carte 1 journée du 7 novembre 1916

 

Englués dans les tranchées, dès que l’on était inactifs, on avait la sensation, que suspendu dans le vide, quelqu’un nous tirait par les pieds. Chaque capote, c’était du plomb ! Un scaphandrier, au fond de la mer, doit être mieux que nous étions.

 

Le 16 novembre, « les blocs de boue » furent relevés. Voyage en camions, repas à Morlaines. Le trajet fut mouvementé. Notre voiture faillit verser dans le fossé. Le conducteur, épuisé, dormait à son volant.

 

Le 18, nous reprenons l’instrument et les concerts. Le 1er bataillon est à Verlaines, le 2e à Guignecourt et le 3e à Fontaine Saint-Julien.

 

Le 15 décembre, le régiment remonte en secteur ; seulement, à cette époque, ma permission de détente m’est accordée. »

 

Sources :

 

Témoignage inédit du musicien brancardier Louis Cretin (autorisation de publication donnée en 2013 par D. Browarski).

 

Le dessin présenté ici a été réalisé par I. Hogado.

 

Un grand merci à  M. Bordes, à D. Browarski, à A. Carobbi,  à T. Cornet et à I. Holgado.

Commentaires
P
Comment ont-ils pu supporter tout ça, les obus, la pluie, la boue, la nourriture froide et insuffisante, les attaques souvent inutiles et meurtrières. La boue a également été un allié pour l'ennemi (bien qu'il subissait aussi), les malheureux poilus sont restés en nombre enlisés en différents endroits du front, pour le 149ème, en Artois déjà, la pluie et la boue avaient causé des pertes assez conséquentes, des coulées de boue avaient empli les tranchées, noyant certains, immobilisant d'autres jusqu'aux épaules, de nuit et dans le froid. Les rescapés de ces événements retrouveront une fois encore cette situation plus tard et on leur demande d'attaquer. Que dire.
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