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149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
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21 juillet 2023

Henri Maxime Joseph Collin (1894-1916)

Henri Maxime Joseph Collin

 

Henri Maxime Joseph Collin est né le 29 août 1894, dans le quartier de Chalon de la petite commune de Saint-Bardoux, dans le département de la Drôme. Son père, Pierre, 35 ans, est cultivateur.

 

Sa mère, Marie Antoinette Pipat, 30 ans, une ancienne femme de ménage, n’exerce plus aucune activité professionnelle. Albert, l’aîné de la fratrie, né à Saint-Donat-sur-l’Herbasse, est âgé de 11 ans.

 

En 1906, les Collin sont installés à Marsaz. La date exacte de leur arrivée dans ce village n’est pas connue. Tout ce que nous savons, c’est que la famille vit dans le quartier Tavasse et que le père travaille comme agriculteur sur les terres de la famille Chanal. 

 

À cette époque, Henri fréquente probablement encore l’école publique du village.

 

Sa fiche matricule indique un degré d’instruction de niveau 2, ce qui signifie que son niveau scolaire est assez moyen. Henri a acquis les bases de la lecture, de l'écriture et du calcul. Il a peut-être été obligé de quitter l’école à plusieurs reprises pour participer aux travaux agricoles.

 

En 1911, Pierre Collin travaille toujours la terre. Ses deux fils, Albert, revenu du service militaire effectué au 13e régiment de chasseurs à cheval en septembre 1909 et Henri, âgé de 17 ans, sont tous les deux employés comme ouvriers agricoles.

 

L’année de ses 20 ans, Henri Collin passe devant le conseil de révision, réuni à la mairie de Saint-Donat. En bonne condition physique, le jeune homme est déclaré « bon pour le service armé ».

 

Fin juillet 1914, une nouvelle guerre contre l’Allemagne est sur le point de commencer. Début août, la France affiche l’ordre de mobilisation générale dans chacune de ses communes. La classe 14 n’est pas encore « sous les drapeaux ». Elle peut toujours bénéficier de la vie civile durant quelques semaines. Cette classe est appelée par anticipation, deux mois avant la date prévue.

 

Le conscrit Collin, affecté au 22e R.I., arrive au corps le 5 septembre. Les casernes de cette unité se situent à Bourgoin et à Sathonay-Camp. Il est impossible de dire dans lequel de ces deux bâtiments militaires il a réalisé sa formation de soldat. Son passage au dépôt du 22e R.I., s'il dure de septembre 1914 à septembre 1915, est inhabituellement long. Pourtant, l'extrait de son livret matricule inséré dans sa fiche matricule ne laisse aucun doute sur le fait qu'il resta là un an : il a donc su s'y rendre indispensable.

 

Suite à une décision prise par le gouverneur militaire de Lyon le 22 septembre 1915, Henri Collin est affecté au 158e R.I., une unité qui combat en Artois depuis plusieurs mois.

 

Le 28, le régiment, durement éprouvé par les attaques des jours précédents, reçoit deux détachements de renforts : le premier du dépôt de Lyon (probablement celui où se trouve le soldat Collin) et le second du 9e bataillon du 149e R.I.. Henri Collin est affecté à la 7e compagnie du régiment.

 

Le 29 janvier 1916, il rejoint la 1ère compagnie de mitrailleuses du 158e R.I. (cette compagnie ne dépend pas du 1er bataillon du régiment. Elle reçoit ses ordres directement du responsable de la 86e brigade).

 

Cette brigade, sur le point de quitter le front d’Artois, se prépare à rejoindre le camp de Riquier, dans la Somme, avant d’être envoyée sur le front de Verdun.

 

Le 24 avril 1916, Henri Collin est affecté à la 3e compagnie de mitrailleuses du 149e R.I. (compagnie de mitrailleuses de la 85e brigade). Les sections de cette compagnie sont encadrées par les sous-lieutenants Durupt et Piéfroid sous l’autorité du capitaine Mougel.

 

La 85e brigade bénéficie d’un temps de repos à Landrecourt après son passage dans la Meuse. Début mai 1916, elle occupe des tranchées dans une zone peu exposée, près des buttes de Tahure et de Mesnil, en Champagne.

 

La 3e compagnie de mitrailleuses du 149e R.I., sous les ordres du capitaine Prenez, participe, avec le 3e bataillon du régiment, à la prise du village de Soyécourt au début du mois de septembre 1916. Ses sections sont commandées par les sous-lieutenants Durupt et Achard.

 

Pour en savoir plus sur les événements qui se sont déroulés durant cette journée, il suffit de cliquer une fois sur la photographie suivante. 

 

Photo aerienne Soyecourt

 

L’absence de J.M.O. du 149e R.I. et la lecture du J.M.O. de la 85e brigade ne permettent pas de retrouver les déplacements et les positions occupées par la 3e compagnie de mitrailleuses du régiment spinalien durant le mois de novembre 1916.

 

Une petite phrase présente dans le témoignage d’un mitrailleur du 149e R.I. comble en partie ces lacunes.

 

«… La 1ère compagnie de mitrailleuses du 149e R.I. qui se trouve à la tranchée Couverte est relevée, le 12 novembre 1916, par la 3e compagnie de mitrailleuses du régiment.»

 

Le 17 novembre 1916, jour de relève pour cette compagnie, Henri Collin est mortellement blessé par plusieurs éclats d’obus. Il décède sur le lieu même où il a été touché à l’âge de 22 ans.

 

Pour en savoir plus sur les événements qui se sont déroulés durant cette journée, il suffit de cliquer une fois sur la photographie suivante. 

 

Carte journee du 17 novembre 1916

 

Le soldat Collin est inhumé sur place par ses camarades à environ 400 mètres au sud de la sucrerie de Génermont.

 

Les soldats Victor Martin et Paul Mauroux sont les deux témoins qui permettent au lieutenant Auguste Fourneret, l’officier d’état civil du régiment, d’enregistrer le décès de cet homme. L’acte est transcrit à la mairie de Marsaz le 9 août 1917.

 

Henri Collin a été décoré de la Médaille militaire à titre posthume (J.O. du 6 octobre 1920).

 

« Soldat courageux, tombé glorieusement à son poste de combat, le 17 novembre 1916, en avant de Soyécourt. »

 

La croix de guerre avec une étoile de bronze accompagne cette décoration.

 

Decorations Henri Collin

 

Son nom est inscrit sur une plaque commémorative fixée sur un des murs du cimetière de Marsaz et sur le monument aux morts du village.

 

Henri Collin ne s’est pas marié de son vivant. Sa compagne, Berthe Marie Louise Bert, qui l'épousera par procuration en 1920, a donné naissance à une petite fille née en avril 1916 ; celle-ci acquiert ainsi le statut de pupille de la nation.

 

La généalogie de la famille Collin peut se consulter sur le site « Généanet ». Pour y avoir accès, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

log geneanet

 

Il n’y a pas  de sépulture connue pour cet homme. Un hommage lui a été rendu  par son petit-fils, Jacques Tardi, dans une case de bande dessinée.

 

Du côté des morts

 

Sources :

 

J.M.O. du 158e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 700/11

 

J.M.O. du 3e B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N /816/3

 

J.M.O. de la 85e Brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 520/12

 

J.M.O. de la 86e Brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 520/15

 

Les archives départementales de la Drôme ont été consultées pour retrouver l’acte de naissance et la fiche signalétique et des services du soldat Collin. Les registres de recensements des communes de Saint-Bardoux et de Marsaz des années 1896, 1901, 1906 et 1911 ont également été lus.

 

Site « GénéaNetWeb »

 

Site « Mémoire des Hommes »

 

Acte de décès envoyé par la mairie de Marsaz.

 

Les dessins de Jacques Tardi sont extraits des ouvrages « Putain de guerre ! 1914-1915-1916 » et « Putain de guerre ! 1917-1918 ». Ces deux albums ont été réalisés en collaboration avec Verney. Éditions Casterman. 2008.

 

Témoignage de Paul Portier, mitrailleur du 149e R.I., inédit, collection personnelle.

 

L’extrait du plan localisant la tranchée Couverte vient du J.M.O. du 3e B.C.P..S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N /816/3 page 165.

 

Notons que le nom de famille d’Henri Collin s’écrit avec un seul l sur son acte de naissance et sur les registres de recensements.

 

Une erreur figure sur la fiche M.D.H. du soldat Collin. Celle-ci localise la sucrerie de Génermont  dans l’Aisne alors qu’elle se trouve dans le département de la Somme.

 

L’extrait du plan, qui indique le secteur dans lequel se trouve la 3e compagnie de mitrailleuses du 149e R.I.  au moment du décès du soldat Collin, provient du J.M.O. du 3e B.C.P.. Il reste à confirmer si le boyau Couvert et la tranchée Couverte (devenue tranchée Poncelet) sont bien le même lieu.

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à J. Tardi, à T. Vallé au Service Historique de la Défense de Vincennes, aux archives départementales de la Drôme et à la mairie de Marsaz.  

Commentaires
S
Salut Denis, Sympa cet hommage au grand-père de Tardi ! Depuis le temps que tu m'en parlais.... ;-) Amitiés. S.
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