Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
Archives
22 avril 2022

4 septembre 1916, il faut prendre le village de Soyécourt…

Soyecourt 4 septembre 1916 dessin hippolyte Journoud

 

Le lieutenant-colonel Gothié, responsable du régiment 149e R.I., dispose de ses 1er et 3e bataillons pour mener à bien l’attaque du 4 septembre 1916. Le 3e B.C.P. est  positionné à sa gauche, le 31e B.C.P. à sa droite.

 

Les jours précédents, un avion de reconnaissance appartenant à l’escadrille C 28 survole le village de Soyécourt à plusieurs occasions. Plusieurs clichés ont été réalisés.

 

Pour mieux se rendre compte de l’aspect du terrain, une de ces vues aériennes est présentée ici.

 

Photo aerienne Soyecourt

 

Les deux rues principales du village, coloriées en jaune sur le croquis ci-dessous, sont bien visibles sur la photographie. Elles délimitent la zone des combats attribuée au 149e R.I.. Une de ces rues mène directement au château de Soyécourt.

 

Secteur du 149e R

 

Le réglage des montres des officiers du 149e R.I. est vérifié la veille du jour J. Il est surveillé à plusieurs reprises, puis contrôlé une dernière fois, trois heures avant le déclenchement de l’offensive.

 

La troupe est en place à 4 h 00. Les chefs de section ont tous été munis de croquis au 1/5000e. Chacun sait ce qu’il a à faire.

 

Les fantassins ne portent pas de sacs à dos. La toile de tente et la couverture ont été roulées en sautoir autour du corps. Les hommes emportent deux jours de vivres de réserve. Les outils portatifs sont accrochés à la ceinture.

 

Les fusiliers transportent 200 cartouches et 2 grenades. Les grenadiers partent avec 8 grenades. Les travailleurs et les pionniers sont chargés de l’outil de parc, de 5 sacs à terre et d’un réseau Brun.

 

Plusieurs fanions sont emportés. Ils serviront au marquage des lignes les plus avancées atteintes au cours de l’attaque.

 

Ruines de l'église de Soyecourt

 

L’offensive débute à 14 h 00 sur toute la ligne de front. Pour mieux surprendre l’ennemi, il n’y a pas de signal, pas de sonnerie et pas de fusées.

 

Les différentes vagues, préalablement formées en avant du parapet, se succèdent sans interruption pour donner à l’attaque toute la soudaineté et toute la violence nécessaire.

 

La 1ère vague est devancée par un tir de barrage d’artillerie. Les obus tombent 200 m en avant.

 

La 2e vague marche à environ 50 m derrière la 1ère. La 3e vague remplace immédiatement la 2e dans la 2e parallèle. La 4e vague est derrière la 3e,  à 150 m environ.

 

Au même moment, les compagnies de soutien, sous les ordres des chefs de corps, se placent dans la tranchée de départ.

 

Ces compagnies suivent immédiatement et au plus près les 1ère et 2e vagues d’assauts. Elles ont pour mission d’occuper et d’organiser le terrain conquis tout en se tenant prêtes à exploiter le moindre fléchissement local de l’ennemi.

 

Les 2 bataillons du 149e R.I. enlèvent les 3/4 du village fortifié encore occupé par les Allemands. Les compagnies s’emparent de plusieurs mitrailleuses. Elles font de nombreux prisonniers. Plusieurs officiers sont capturés.

 

Une fois le 1er objectif atteint, les compagnies d’attaque envoient des reconnaissances sur le 2e objectif afin de vérifier l’état des destructions.

 

La progression du 149e R.I. est très rapide. Ce ne fut pas le cas pour les corps voisins.

 

Le parc de Déniécourt au nord-est, le village de Vermandovillers au sud restent toujours aux mains de l’ennemi. Les 3e et 10e B.C.P. ne sont pas parvenu à dépasser la route de Soyécourt-Déniécourt au nord-est. Le 31e B.C.P. et le 158e R.I. n’ont pas atteint leur 1er objectif.

 

Livré à sa propre force, le 149e R.I. se retrouve rapidement positionner en flèche. L’organisation du terrain conquis se fait sous un feu croisé d’infanterie, de mitrailleuses et d’artillerie.

 

Situation en fin de journée

 

Pour les bataillons de chasseurs 

 

Des éléments du 31e B.C.P. occupent le boyau du Valet. Une de ses sections de mitrailleuses est placée à proximité du moulin détruit.

 

Deux compagnies du 3e B.C.P. sont installées dans le boyau du Dauphin avec des mitrailleuses. Une compagnie se trouve dans le Strassenweg – Soyécourt, deux autres autour de 616.

 

La situation du 10e B.C.P. reste confuse. Ses unités sont mélangées. Il occupe 606 e, la tranchée des mitrailleuses et la tranchée 3510 – 3809.

 

Pour le 149e R.I. 

 

Positions des compagnies du 149e R

 

 

La 9e compagnie et une section de mitrailleuses de la 3e C.M. prennent pied dans le 2e objectif. Elles sont positionnées en avant de la ferme sans nom.

 

La 11e compagnie et une section de mitrailleuses de la 1ère C.M. s’établissent entre 3896 et 651.

 

Plus au nord, la 10e compagnie s’étend jusqu’au boyau du Dauphin, appuyée par deux sections de mitrailleuses de la 1ère C.M..

 

Les 1ère et 2e compagnies, renforcées par 4 sections de mitrailleuses, s’étendent entre le boyau du Dauphin et le château de Soyécourt. La 3e compagnie se trouve entre 3403 et 651 a.

 

Dans la nuit du 4 au 5 septembre 1916

 

Le 3e B.C.P. et le 149e R.I. organisent solidement leur position conquise en fin de soirée.

 

Le 10e B.C.P. reconstitue ses unités. Il construit une ligne de défense passant  par 606e, le boyau Kreutz, 3310, 846 et 3809. Il relie sa gauche au 3e B.C.P.. Sa compagnie de soutien aménage une tranchée de 606e à 3414.

 

Les autres compagnies de soutien agencent une 2e ligne à 150, 200 m de la 1ère.

 

Une compagnie de la réserve de brigade s’établit à la lisière est du bois de Soyécourt.

 

Les 1er et 3e bataillons du 149e R.I., sous les ordres du commandant Magagniosc et du capitaine Houël, subissent plusieurs contre-attaques allemandes au cours de la nuit. La position est maintenue.

 

                               Tableau des tués du 149e R.I. pour la journée du 4 septembre 1916

 

Sources :

 

J.M.O. de la 85e brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 520/12.

 

J.M.O. du 3e B.C.P.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 816/3.

 

Historique du 149e  Régiment d’Infanterie. Épinal. Imprimerie Klein, 1919.

 

Les archives du Service Historique de la Défense de Vincennes ont été consultées.

 

La photographie aérienne provient de la collection personnelle de Sébastien Robit.

 

Le dessin intitulé « prise de Soyécourt - 4 septembre 1916 » a été réalisé par Hippolyte Journoud, soldat au 149e R.I.. Il fait partie du fonds Journoud propriété de la famille Aupetit.

 

Certaines informations sont extraites d’un rapport rédigé par le lieutenant-colonel Gothié provenant de la collection privée de la famille.

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à B. Étévé, à D. Gothié, à S. et D. Robit, à la famille Aupetit et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

Commentaires
149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
Visiteurs
Depuis la création 840 325
Newsletter
41 abonnés
149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.