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149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
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28 juillet 2011

16 juillet 2011, à Saint-Boniface devant « le monument du poilu ».

                         

             Lucien Kern Cérémonie     

Le 16 juillet 2011, il vient de se dérouler un évènement concernant Lucien Kern (1889-1920) soldat du 149e R.I.. En effet, des descendants de la famille de Lucien, des représentants des gouvernements canadien et français, des anciens combattants français du Manitoba et des représentants religieux se sont rassemblés autour du monument du poilu qui se trouve dans le cimetière de la cathédrale de Saint-Boniface. Cette ville canadienne se situe dans le Manitoba « la région aux 110 000 lacs ». À la suite de cette cérémonie, son nom sera gravé sur le monument pour retrouver celui de son frère Eugène et ceux de ses compagnons d’infortune.

 

Voici l’allocution prononcée à cette occasion par Jacques Janson, doyen des élus français du Canada à Saint-Boniface.

 

Monsieur Guy Jourdain, représentant le premier ministre,

Honorable Maria Chaput,

Monsieur le Consul de France à Toronto, Jérôme Cauchard,

Monsieur l’abbé Marcel Damphousse, représentant de Monseigneur l’Archevêque, que nous rejoindrons demain pour une autre cérémonie au Mémorial français de Saint-Claude,

Monsieur le Consul honoraire de France à Winnipeg, Bruno Burnichon,

Monsieur, le représentant du maire de Winnipeg,

Messieurs Basile Rotoff, et Jean-Marie Éloi, respectivement président et vice-président honoraires des anciens combattants français du Manitoba,

Monsieur Jean-Luc Chodkiewicz, président de l’Union nationale française,

Mesdames et Messieurs,

 

Ce matin, nous écrivons ensemble une page glorieuse de l’histoire du Manitoba, où la France officielle, par ses consuls ici présents, par moi, élu de la République, est venue rendre hommage, dans cette province, qui nous est chère, à deux de ces illustres enfants, que près d’un siècle sépare : l’héroïque Lucien Kern et Maria Chaput, la sénatrice infatigable défenseur de la Francophonie au Manitoba et dans tout le Canada.La sénatrice qui a aussi d’autres mérites vis-à-vis de la France, mérites sur lesquels je reviendrai.

 

Le 6 juin 2006, en présence du premier ministre, Greg Selinger, qui était alors député de Saint-Boniface, ministre des Finances, président du Conseil du Trésor et ministre des Services en français, c’est-à-dire de facto ministre de la Francophonie, qu’il a toujours soutenue, l’honorable Maria Chaput et moi avions ré inauguré le Monument des Français de l’Ouest des morts pour leur patrie. Ces jeunes soldats canadiens d’origine française du Manitoba et de tout l’Ouest du Canada, qui versèrent leur sang pour leur patrie, étaient au nombre de 81, entre 1914 et 1918, et 24, entre 1939 et 1945.

 

Parmi ces jeunes, qui avaient laissé derrière eux leur famille, leurs amis, leur métier, leur pays d’adoption, pour libérer la terre de leurs ancêtres sur laquelle ils avaient peu ou pas vécu, mais à laquelle ils restaient profondément attachés, il y avait les trois frères Kern.  Eugène Kern, qui fut un collaborateur de l’hebdomadaire la Liberté fondé par le prédécesseur de Monseigneur Albert Legatt, Monseigneur Adélard Langevin.  Il mourut à 32 ans, lors de la bataille de la Marne, le 21 mars 1915. En tant que mort au champ d’honneur, il a son nom inscrit sur le monument.  Eugène Kern et ses frères, Aimé et Lucien, appartenaient à une famille alsacienne profondément chrétienne et patriote, comme en témoigne leur correspondance touchante avec leur famille, entre les tranchées et Saint-Léon, au Manitoba.  Aimé Kern, blessé au combat, lui aussi, épousa la nièce de Dom Marie Antoine Straub, le curé de Saint-Léon, et rentra en France, à Lons-le-Saunier, dans le Jura.  Lucien Kern, qui passa plus de temps que ses deux frères dans les tranchées n’a pas son nom sur le monument du poilu, parce qu’après avoir été grièvement blessé en 1915, et être retourné au front, en janvier 1916, il bénéficia d’une permission en 1917 pour visiter sa famille au Canada, après laquelle il mourut en mars 1920, à Saint-Léon, victime de la grippe espagnole.

 

Sensibilisé à cette injustice et appuyé par l’Ambassadeur de France au Canada, François Delattre, aujourd’hui Ambassadeur de France à Washington -- permettez-moi de saluer son successeur l’Ambassadeur Philippe Zeller, qui arrivera prochainement à Ottawa --, le Consul de France à Toronto, Jérôme Cauchard,  le Consul honoraire de France à Winnipeg, Bruno Burnichon, j’ai écrit à Monseigneur Legatt pour lui dire notre intention de réparer cette injustice.  L’archevêque de Saint-Boniface a appuyé aussitôt notre démarche; nous l’en remercions très vivement. 

 

Pour  localiser le Manitoba dans le vaste Canada :

(cliquer sur  lien suivant, puis sur la carte pour l'agrandir)

 

http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/9/98/Carte_administrative_du_Canada.png?uselang=fr

 

Pour localiser la région de Saint-Boniface dans le Winnipeg :

 

http://www.elections.mb.ca/fr/Maps/mapswinnipeg.html

 

Pour en savoir plus sur l’histoire de Lucien Kern :

 

http://amphitrite33.canalblog.com/archives/soldat_lucien_kern__1889_1920_/index.html

 

 A lire également l’ouvrage intitulé « Lettres des tranchées » correspondance de guerre de Lucien, Eugène et Aimé Kern, trois frères manitobains, soldats de l’armée française durant la Première Guerre, aux Éditions du blé. Saint-Boniface (Manitoba) Canada 2007.

 

Chronique du livre : Lettres des tranchées » aux Éditions du blé. A regarder cette petite vidéo sur le lien suivant :


http://www.radio-canada.ca/audio-video/pop.shtml#urlMedia%3Dhttp://www.radio-canada.ca/Medianet/2008/CBUFT/ZIGZAG200801201730_3.asx
 

Un très chaleureux merci à Suzanne et Denise Martel et à Roselyne Duclos.

22 juillet 2011

Témoignage de Louis Cretin : le camp de Mailly, repos et permission.

             La musique à Mairy-sur-Marne

De nouveau tous mes remerciements à D. Browarsky et à T. Cornet. Suite du témoignage de Louis Cretin intitulé « Après Verdun, la troupe se lâche».

 

Pendant 3 mois, le régiment occupe le secteur entre la butte de Tahure et celle de Menil-les-Hurlus. Après ce que nous avions vécu, c’était plutôt du repos. Le secteur était calme. La musique demeure à Saint-Jean-sur-Tourbe, où nous répétons et montons de nouveaux programmes. Concerts deux fois par semaine à Somme-Tourbe. Nous demeurons sans histoire, nous nous la coulions douce jusqu’au 4 juin. Le 5 juin, nous apprenons que le lendemain, la musique et la clique doivent embarquer au complet. C’était vrai. Parti de Somme-Tourbe, nous passons à Chalons et à 13 h 00 nous arrivons au camp de Maillly. Nous sommes détachés comme musique de place. Une brigade russe est à l’instruction à cet endroit. À partir du 7, commencent pour nous des répétitions sérieuses. Nous faisons concert tous les jours de 16 h 00 à 17 h 00 et retraite tous les deux jours. C’est là que je vis pour la première fois notre grosse A.L.G.P., des pièces de 400 mm s’y trouvaient. Nous les visitons avec curiosité. Le 16 juin, je vais passer une permission de 24 heures à Paris. Je vais voir ma cousine Valentine Cretin.

Le 20 juin, le général Joffre vient visiter les troupes russes. Joli tableau, beau défilé. C’étaient tous des hommes choisis, équipés et armés à la française. Ils avaient fière allure. Le 24, ils partent occuper un secteur en Champagne. Après un service religieux, ils quittent le camp de Mailly. Nous les faisons défiler pour la dernière fois. Le lendemain, nous partons retrouver notre régiment qui est resté dans le même secteur qu’avant notre départ. Nous voyageons par voie ferrée. (À suivre…)

 

Sources :

« Souvenirs de Louis Cretin soldat musicien au 149e R.I. »

 

Un grand merci à M. Bordes, à D. Browarsky, à A. Carobbi, à A. Chaupin et à T. Cornet, ainsi qu’à l’association « Collectif Artois 1914-1915 »

15 juillet 2011

Nouvelles lettres de Joseph Dechanet.

                   Joseph Dechanet

De nouveau un très grand merci à Y. Marain et à Y. Petrazoller, pour leurs autorisations de reproduire ici, de nouvelles lettres écrites par  Joseph Dechanet. Elles ont également été publiées dans un ancien  numéro des « cahiers Haut-Marnais ».

 

22 janvier 1915.

Me voici rescapé encore une fois, je ne sais comment : sur 13 sergents de ma compagnie nous sommes revenus 3. Quel tableau d’honneur, mon pauvre Henri ! Et nous allons y retourner. Cette fois… il est temps d’en finir car on se sent devenir fous, sous ces bombardements épouvantables… 50, 60000 obus pleuvent dans une journée, et l’on passe sur les morts, les blessés… Le sang nous éclabousse. Les têtes s’ouvrent, les jambes sautent… Combien on désire la mort ou la blessure qui donneront enfin la paix ! Me voici, à présent, l’un des plus anciens de la guerre, dans la compagnie. C’est bientôt mon tour. Nous en avons assez de vivre dans ces conditions. Puisses-tu ne jamais voir ce que nous voyons ! On croirait que le monde entier veut s’anéantir.

 

29 janvier 1915.

Ce matin, cela tonne encore, dans la même direction, d’une façon épouvantable. Cela chauffe mon cher ! Et l’on est en train d’en abattre par centaines. La terre est gelée, très durement, et c’est un temps propice aux grandes attaques, aux « coups durs ». Il fait un froid de chien. Pas de neige, mais qu’il fait grand froid ! Il fera bon demain soir, dans la tranchée… La situation, toujours la même. Ce n’est que lorsque le temps deviendra relativement beau que l’on tentera sans doute le grand coup. D’ici là, je pense que ce sera toujours la guerre de tranchées, les bombardements, les attaques localisées. Chaque jour, quelques morts, quelques blessés, une balle perdue, un instant de malchance… Nous ne « les » tenons pas encore. Heureusement, on ménage un peu plus nos existences que leurs chefs à eux ne ménagent les leurs. On les envoie à la mort en rangs serrés.

Mais nous n’avons accompli que la première moitié de notre tâche et il nous reste à faire un travail bien dur et combien sanglant. Le jour approche où il faudra, pour tout de bon, courir sur la tranchée allemande et coûte que coûte, rompre les lignes ennemies, passer, passer… les rejeter vers la frontière. Ce jour-là !... Enfin, on continuera à faire son devoir, jusqu’au bout.

 

Source :

« Les cahiers Haut-Marnais », cahiers édités par les archives départementales de la Haute-Marne. Cote 7 rev 168.

 

Un grand merci à M. Alzingre, à M. Bordes, à J.N. Deprez, à Y Marain, à F. Petrazoller et au Conseil départemental de la Haute-Marne.

10 juillet 2011

Témoignage de Louis Cretin : après Verdun, la troupe se lâche...

                 149e_R

De nouveau tous mes remerciements à D. Browarsky et à T. Cornet.

Suite du témoignage de Louis Cretin intitulé « La bouffarde de M’sieur Drouot ».

Pendant les premiers jours de notre repos à  Savonnières, les hommes étaient comme fous. Ce fut la noce après le carnage. Les officiers eurent de la peine à reprendre de l’autorité et à faire régner de nouveau la discipline. Le jour du Vendredi saint, nos cuisiniers mirent de la viande, de la morue et des patates à cuire dans la même marmite. Au moment de servir, cela faisait une bouillie sans nom qui fut impossible à avaler. Le 15 avril 1916 dans la soirée, nous partons à pied et, après trois heures de marche, nous arrivons à la gare de Nançois où nous embarquons. Le 16, à 8 h 00 nous descendons à Châlons-sur-Marne. Nous faisons une vingtaine de kilomètres pour venir cantonner à Somme-Vesle. Du 17 au 28 avril, nous sommes au repos. Nous reprenons l’instrument. Théâtre, cinéma, concerts, jeux divers occupent les hommes. Les compagnies sont renforcées. Nous sommes vaccinés, après quoi, je tombe malade et je vais à l’infirmerie. Le 1er mai, deux bataillons quittent Somme-Vesle. Le 2, je pars avec l’infirmerie régimentaire, sans sac, en raison de mon épaule endolorie. Nous allons cantonner à Lacroix-en-Champagne. Le 3, je rejoins mes camarades. Le 4 nous arrivons à Saint-Jean-sur-Tourbe où l’on trouve un bon cantonnement en dehors du pays. (À suivre…)

 

Sources :

« Souvenirs de Louis Cretin soldat musicien au 149e R.I. »

 

« La bouffarde de M’sieur Drouot » peut se lire sur le lien suivant : 

La_bouffarde_de_M_sieur_Drouot_

 Les photos utilisées pour le montage représentent une compagnie du 149e R.I. Ces photos proviennent de ma collection personnelle. Elles ont été réalisées sur la commune de Poix en Champagne.

 

Un grand merci à M. Bordes, à D. Browarsky, à A. Carobbi, à A Chaupin et à T. Cornet., ainsi qu’à l’association « Collectif Artois 1914-1915 » et aux camarades du « Forum pages 14-18 ».

2 juillet 2011

Une bien curieuse nomination !

                    Nelly Martyl

Titulaire du diplôme de l’Union des femmes de France, Madame Scott de Plagnolles était l’épouse du peintre Georges Scott. Dès le début du conflit, elle se consacra aux soins des blessés. Avant-guerre, elle était cantatrice à l’Opéra-Comique et chantait sous le nom de Nelly Martyl. En octobre 1916, elle croise le chemin du 149e R.I. qui se trouvait dans le secteur de la Somme, comme en atteste cette nomination dans le grade de sergent honoraire. Nomination signée de la main du lieutenant-colonel Pineau.

 

Aux armées le 11 octobre 1916.

Le lieutenant-colonel commandant le régiment nomme au grade de sergent honoraire au 149e R.I. : Le caporal Nelly Martyl.

 

 Le sergent Martyl sera affecté à la C.H.R. (section de liaison). Cette nomination est motivée par les brillants états de service du sergent Martyl :

«  Sur le front depuis le début de la guerre, fondatrice de plusieurs hôpitaux militaires, le sergent Martyl est allé à plusieurs reprises, sous le feu, chercher des blessés graves, qu’elle a soignés elle-même avec une admirable abnégation.

Malgré les veilles, malgré les fatigues, elle se prodigue chaque jour pour apporter à tous, sous-officiers et soldats, séduits par son charme délicieux, et pour leur faire partager la belle flamme patriotique qui anime son cœur. Se dévouant toute entière à l’œuvre splendide qu’elle s’est imposée, elle a su, par ses accents qui nous prennent, faire vibrer nos âmes à l’unisson de la sienne et exalter encore le superbe moral de nos jeunes héros. « Vive le sergent Martyl ! » Le lieutenant-colonel commandant le 149e Régiment d’infanterie. (Signé) Pineau.

 

Source :

Le portrait de Nelly Martyl a été trouvé sur le site « Gallica» :

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b9028979t.r=Nelly+Martyl.langFR

 

Un grand merci à M. Bordes et à A. Carrobi.

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