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149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
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31 juillet 2018

25 octobre 1917.

25_octobre_1917

La journée du 24 octobre a été consacrée, pour les hommes du 31e B.C.P du 158e et du 149e R.I., à l’organisation du secteur et à la consolidation des positions nouvellement conquises.

Des reconnaissances sont prescrites dans la matinée du 25. Les unités qui sont désignées pour mener à bien ces opérations reçoivent l’ordre de progresser en territoire allemand, pour tenter de capturer les éléments laissés par l’ennemi. Elles doivent également ramener ou détruire le matériel trouvé sur place, tout en essayant d’établir une ligne de surveillance entre Bruyères, Moulin rouge et 4073.

La reconnaissance du 158e R.I. est composée d’une compagnie. Elle a la charge d’atteindre la petite commune de Bruyères. Ses soldats sont rapidement bloqués par des salves de mitrailleuses placées à la Planchette et au Moulin Rouge. Tentant de reprendre la progression, la compagnie cherche à longer la lisière du bois Dherly. Celle-ci subit de nouveaux tirs de mitrailleuses qui la stoppent net dans son mouvement.

Une section de la 6e compagnie du 149e R.I. se lance à l’intérieur du bois Dherly. Les hommes du sous-lieutenant Huc tombent aussitôt dans une embuscade qui anéantit presque intégralement son groupe. Les survivants sont faits prisonniers. Un groupe de soldats du régiment commandé par le lieutenant Maginot est rapidement dépêché sur les lieux, en renfort. Il espère dégager la section Huc mais cette tentative d’extraction arrive trop tard.

Ces reconnaissances menées par les 158e et 149e R.I. sont un échec total.

Reconnaissances_du_25_octobre_1917

Legende_carte_reconnaissances_journee_du_25_octobre_1917

Le lieutenant Paul Henri Benoit de la 6e compagnie a également été tué dans la matinée.

Vers midi, la 43e D.I. est avisée du succès des corps voisins. Elle reçoit à nouveau l’ordre de s’emparer de Bruyères.

À sa gauche, la 13e D.I. doit traverser le bois Dherly avant d’envoyer une avant-garde en direction de Lizy.

Cette fois-ci, c’est un groupement de 3 compagnies soutenues par une compagnie de mitrailleuses du 31e B.C.P. qui est chargé de l’opération. Les chasseurs sont couverts à leur gauche par une flanc-garde constituée d’une compagnie du 158e R.I. qui doit pousser sur Moulin Rouge.

L’attaque débute à 16 h 00.

À la suite d’un combat assez vif, le village de Bruyères est enlevé vers 19 h 00. Le 31e B.C.P,qui s’empare de 4 canons, fait 150 prisonniers.

La compagnie du 158e R.I. prend Moulin Rouge en capturant 77 Allemands. Elle envoie ensuite des patrouilles sur le canal de l’Aillette.

À sa gauche, le 149e R.I. dépêche un poste d’une section à l’intérieur du bois Dherly.

La nuit du 25 au 26 est relativement calme.

Le capitaine Foucher qui commande le 3e bataillon du 149e R.I. rédige un compte rendu. Cet écrit est adressé au commandant Schalck, responsable du 2e bataillon du régiment. Celui-ci le reçoit le billet à 1 h 10.

« Le sergent Fayolle et les deux hommes qui l’accompagnent rentrent à l’instant. Ils m’apportent les renseignements suivants : « La ferme Rosay est occupée par un bataillon du 21e R.I. qui est, en liaison, à sa gauche, avec une compagnie de chasseurs. Une reconnaissance a été faite le soir par l’adjudant du 11e génie. La Rive-Nord du canal est occupée par les Allemands. La Rive-Sud est un marécage impraticable. La liaison du 21e R.I. avec le 109e R.I. est impossible à réaliser en raison de ce marécage. Une section du 109e R.I. se trouvant à 3987 a prétendu avoir 3 compagnies dans la partie du bois Dherly, à l’est de la ferme Rosay. Le sergent Fayolle et les deux hommes sont allés jusqu’à 3274. Ils n’ont rien trouvé. Cette section du 109e R.I. n’était d’ailleurs pas en liaison avec ces 3 compagnies dont elle n’a aucune nouvelle.

Je vous serai reconnaissant de bien vouloir me donner des instructions sur ce que je dois faire. Je crois qu’il serait peut-être bon d’envoyer une nouvelle patrouille avec un effectif plus fort pour chercher la liaison au nord de 3274. »

Le billet est ensuite envoyé au colonel Boigues qui le dépêche aussitôt à son supérieur hiérarchique, le colonel Guy, chef de l’I.D. 43 avec l’ajout suivant :

« Ci-joint un compte rendu du commandant Schalck qui vous est destiné. Je ne sais rien de neuf sur mon front où l’occupation semble se poursuivre normalement et d’une manière satisfaisante, avec une liaison étroite avec les éléments voisins.

Quelques officiers ont été blessés : le commandant Putz, le capitaine Houel, le sous-lieutenant Gauthey du 3e bataillon et le lieutenant Malaizé du 1er bataillon.

En résumé, tout me paraît avoir marché aussi bien que possible.

Nos prisonniers allemands appartiennent aux 15e, 201e et 209e I.R. et au 2e de la Garde, ce qui note un désarroi dans leurs unités. Le capitaine Foucher commande le 3e bataillon. »

La bataille de la Malmaison touche à sa fin. Les unités de la 43e D.I. sont maintenant en attente de nouveaux ordres. Elles ne savent pas encore ce qui va leur advenir dans les jours suivants. Vont-elles reprendre le combat ? Vont-elles rester sur place ? Vont-elles quitter le secteur ? Tout est encore incertain.

Sources :

J.M.O. de la 43e D.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 344/5.

Les archives du Service Historique de la Défense de Vincennes ont été consultées.

Le morceau de carte du groupe des canevas de tir du secteur de Vailly est daté du 26 août 1917. Ce morceau de carte localise le bois Dherly, zone d’intervention des éléments de la 6e compagnie du 149e R.I. durant la journée du 25 octobre 1917.

La photographie qui se trouve sur le montage est extraite de l’historique du 149e R.I. dite « version luxe » éditée en 1919 par les imprimeries Klein. Celle-ci est légendée « Attaque de la Malmaison, le 23 octobre 1917, canon de 77 pris par le 149e R.I. au bois des Hoinets. »

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à M. Porcher et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

20 juillet 2018

Témoignage laissé par le sous-lieutenant Paul Douchez (5e partie) Une ivresse contestataire au 149e R.I..

Une_ivresse_de_contestation_au_149e_R

Fin mai 1917, la 43e D.I. est touchée par des mouvements d’indiscipline. Des incidents font leur apparition au 31e B.C.P. au 158e et au 149e R.I..

Quelques hommes du 149e R.I. et du 108e R.I., espèrent entraîner le 129e R.I. dans une rébellion de masse, mais cette tentative est vite étouffée dans l’œuf. 

Un autre incident se déroule le 7 août 1917. Celui-ci est évoqué dans le témoignage du sous-lieutenant Douchez. Son bataillon, le 3e, cantonne à Billy-sur-Aisne. Il s’apprête à remonter en 2e ligne aux Vervins. Voici comment il commente l’évènement.

« C’est l’époque où, grâce à l'excitation de certains parlementaires pro-allemands, de graves désordres naissent dans l’armée du front. La propagande est faite par l’intermédiaire des conducteurs des sections automobiles.

Recevant l’ordre de monter en secteur, des unités font demi-tour, elles grimpent sur les convois d’autos retournant à l’arrière, qui les acceptent. Ces hommes se retranchent dans un bois qu’ils flanquent de mitrailleuses, arrêtent et pillent les convois de ravitaillements, etc.

Quelques régiments d’élite échappent seuls à une contagion plus ou moins profonde. Tel est le cas du 149e R.I.. Cependant, aujourd’hui, la quasi-totalité des hommes est ivre. Les autorités militaires se refusent à sévir contre les débitants et contre les très nombreux habitants qui vendent à boire clandestinement. La tenue pour le départ est lamentable. Les hommes défilent devant le commandant Desanti, offrant l’aspect d’une bande de brigands débraillés. Les hommes,  avec leurs faces bestiales, titubent. Ils n’observent ni ordres, ni cadences. Ils n’obéissent plus, ricanent et insultent au passage le chef de bataillon.

Ma section ouvre la marche ; au premier croisement de routes, passe une théorie de camions, chargés de troupes, qui monte aussi en secteur. Les occupants crient : « À bas la guerre ! » et lèvent leur crosse en l’air. Mes hommes, à cette vue, entonnent « l’Internationale ».

Je me retourne et je les regarde. Pourquoi se taisent-ils ? Ce n’est pas par affection pour moi, quoi qu’en prétendent certains écrivains dans leurs articles ampoulés, qui n’ont jamais approché le régiment ; ce sentiment n’existe, chez le soldat, qu’au titre de « rare exception ». Et encore ! Celui-ci disparaît sous l’influence de l’ivresse, de l’entourage, de l'intérêt.

Toujours est-il que s’il leur avait plu de continuer, je ne pouvais absolument rien faire contre ce troupeau d’ivrognes.

De ma compagnie, quelques hommes ont refusé de partir. Les autres compagnies sont nettement plus atteintes. Aucune sanction ne suit, car les chefs savent que les parlementaires interviendraient en faveur des meneurs… »

Sources :

Fond Douchez composé de 3 volumes. Déposé au S.H.D. de Vincennes en 1983. Réf : 1 K 338.

« Les mutineries de 1917 »  de Guy Pedroncini. Collection Dito. Presses universitaires de France. 3e édition avril 1996.

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à M. Porcher et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

 

13 juillet 2018

Louis Albert Hantz (1889-1917).

Louis_Albert_Hantz

Né de Louis Cyrille et de Marie Honorine Poirot, Louis Albert Hantz voit le jour au domicile de ses parents, le 27 novembre 1889, à la section D de la Brayatte ; celle-ci est située à proximité de la commune vosgienne de la Bresse. Le père de Louis Albert Hantz est cultivateur. Il a 22 ans le jour où son fils voit le jour. Sa mère, également cultivatrice, est un peu plus âgée, elle a 24 ans.

Nous ne saurons que peu de choses concernant l’enfance d'Albert, si ce n'est qu’il a quitté l’école communale en ayant les bases de l’écriture, de la lecture et du calcul.

Après une courte scolarité, il apprend le métier de graniteur dans une des nombreuses carrières de la région. Un de ses oncles maternels pratique cette profession.

Lorsque le temps des obligations militaires arrive, il est inscrit sous le numéro 66 de la liste de Gérardmer. Albert Hantz est déclaré « bon pour le service » par les autorités compétentes du conseil de révision. Il est classé dans la 1ère partie de la liste de la classe 1910.

Comme pour la plupart des registres matricules du bureau de recrutement d’Épinal, la fiche de Louis Albert Hantz reste muette concernant les détails sur ses états de services.

Le régiment dans lequel il a effectué son service militaire n’est donc pas identifié, pas plus que son parcours de combattant durant le premier conflit mondial qui durera plus de trois ans ! La frustration reste donc entière…

Pourtant, plusieurs questions viennent à l’esprit ! Ce soldat a-t-il été blessé ? A-t-il changé plusieurs fois d’unité au cours de ses nombreux mois passés à la guerre ? En l'absence d'autres sources, ces interrogations restent sans réponses pour l'instant.

Tout ce que nous savons de manière certaine c’est que cet homme était affecté à la 2e compagnie du 149e R.I. lorsqu’il fut blessé durant la 1ère phase de la bataille de la Malmaison, le 23 octobre 1917. Le soldat Hantz a reçu un éclat d'obus dans la région spinale qui lui paralyse les jambes.

Pour en savoir plus sur ce qui s’est passé durant cette journée, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

1er_objectif_secteur_d_attaque_du_149e_R

Malgré l’intervention rapide des médecins, la blessure d' Albert Hantz est vraiment trop grave pour lui laisser une infime chance de survie ; il décède le lendemain à l'hôpital d’évacuation n°18 de Couvrelles.

Le clairon Hantz a probablement été enterré, dans un premier temps dans le cimetière militaire de Couvrelles avant d’en être exhumé quelques années plus tard. Il repose actuellement dans une tombe d’une nécropole nationale. Sa sépulture se trouve à Vauxbuin dans le carré C. Elle porte le n° 959.

Sepulture_Louis_Albert_Hantz

Le soldat Hantz a été décoré de la Médaille militaire à titre posthume. (Décret du 11 avril 1920 paru dans le journal officiel du 8 septembre 1920).

« Agent de liaison d’un courage et d’un sang-froid remarquables, blessé mortellement le 23 octobre 1917, en se portant en avant, sous un feu violent.  A été cité. »

Le nom de ce soldat est gravé en lettres d’or sur le monument aux morts de la commune de Rochesson où se trouvait son dernier lieu de résidence.

Monument_aux_morts_de_Rochesson

Louis Albert Hantz ne s’est pas marié et n'a pas eu de descendance.

Pour connaître sa généalogie, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

Geneanet

Sources :

Fiche individuelle consultée sur le site « mémoire des hommes ».

Copie de son acte de décès envoyée par la mairie de Rochesson.

L’acte de naissance et la fiche matricule du soldat Hantz ont été consultés sur le site des archives départementales des Vosges.

 Le portrait du clairon Hantz provient de la collection personnelle de M. Vassal.

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carrobi, à M. Vassal, aux archives départementales des Vosges et la mairie de la commune de Rochesson. 

6 juillet 2018

24 octobre 1917.

24_octobre_1917

La veille, les 1er et 3e bataillons du 149e R.I. se sont lancés, avec d’autres éléments de la 43e D.I., dans une offensive dans le secteur du chemin des Dames, à l’ouest du fort de la Malmaison. Cette offensive fut une réussite totale. Tous les objectifs fixés pour le 149e R.I. sont atteints.

La journée du 24, beaucoup plus calme, est consacrée à l’organisation et à la consolidation des positions conquises. Il faut maintenant penser à assurer les ravitaillements de toute nature, munitions, nourriture, eau…

Des patrouilles sont poussées vers l’avant. Elles ramènent de nouveaux prisonniers. L’ennemi semble ne plus avoir que de faibles éléments qui cherchent à couvrir, du mieux possible, la retraite de leur matériel. Les Allemands possèdent encore des  nids de mitrailleuses vers la Planchette.

La_Planchette

La destruction complète des routes et des chemins par les tirs d’artillerie, au cours de la traversée de la première position allemande, rend impossible tout transport. Seuls les porteurs, les mulets et les bourriquets peuvent être utilisés. Tous les efforts portent sur la réfection des voies de communication. Plusieurs jours de travail seront nécessaires pour mener à bien cette tâche. Après plus de 36 heures d’efforts, le chemin du Toty est débarrassé des tanks qui se sont embourbés durant la bataille. La circulation par boyaux est préparée pour la traversée de la crête des Dames et, au-delà, par le recreusement rapide des boyaux allemands Griffon, Lévrier et Caboches.

Les_boyaux_du_Griffon__du_L_vrier_et_des_Caboches

Ce jour-là, plusieurs soldats sont décorés sur le terrain, probablement à l’ordre du régiment. Parmi eux figurent le lieutenant Jules Georges Hippolyte Robinet et le sous-lieutenant Jean Loubignac. Aucune trace de ces citations n'a été retrouvée dans leurs dossiers individuels du S.H.D. de Vincennes.

Sources

Les archives du Service Historique de la Défense de Vincennes ont été consultées.

Les morceaux de carte du groupe des canevas de tir du secteur de Vailly qui sont utilisés ici sont datés du 26 août 1917.

Les légendes des deux clichés qui sont données ici sont celles inscrites dans l'album où elles se trouvent. Elles n'ont pas été confirmées par d'autres sources pour l'instant.

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à J. Huret, à M. Porcher et au Service Historique de la Défense de Vincennes. 

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