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149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
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17 novembre 2017

Eugène Alexandre Coffinet (1877-1915)

Eugène Coffinet

 

L’horloge de l’église des Marêts sonne ses six coups du soir lorsqu’Eugène Alexandre Coffinet naît dans la maison de son grand-père maternel. Sa mère, Rose Eugénie Ravion, lui donne le jour le 13 mai 1877.

 

Le lendemain, son père, Denis Alexandre, quitte le hameau de la Maréchère pour se rendre à la mairie du village en compagnie du charretier Désiré Stanislas Jacob, et du scieur de long Pierre Désiré Rigault. Ces deux hommes signeront comme témoins au moment de l’enregistrement de l’acte d’état civil.

 

Denis Alexandre est âgé de 27 ans. Il travaille comme manouvrier. Rose Eugénie exerce le métier de lingère, elle a 23 ans. Le couple vit à Courchamp, une commune située à quelque 6 kilomètres des Marêts.

 

Edgar Clément, le frère cadet d’Eugène, naît le 20 octobre 1888.

 

La fiche signalétique et des services d’Eugène Coffinet nous indique un degré d’instruction générale de niveau 3. Ce niveau nous indique qu’il sait lire, écrire et compter correctement. Le jeune Coffinet commence un apprentissage dans la maçonnerie avant de pouvoir prétendre gagner sa vie.

 

Numéro 2 de tirage du canton de Villiers-Saint-Georges, Eugène Coffinet se retrouve inscrit dans la 1ère partie de la liste. Il a été déclaré bon pour le service armé par le médecin du conseil de révision. Son petit numéro de tirage va l’obliger à passer trois ans sous les drapeaux.

 

Eugène Coffinet est appelé à l’activité militaire l'année de ses 21 ans. Le 16 novembre 1898, il rejoint le 113e R.I. dans le Loir-et-Cher. Les casernes de ce régiment sont reparties entre Blois et Romorantin. Le 1er octobre 1900, il devient sapeur.

 

Le soldat Coffinet est envoyé dans la disponibilité en septembre 1901 avec l’obtention de son certificat de bonne conduite. Deux mois plus tard, il passe dans la réserve de l’armée active. Délivré des obligations militaires, il peut retourner à la vie civile en toute quiétude.

 

 Il fait sa première période d’exercice au 46e R.I. de Fontainebleau entre le 15 septembre et le 16 octobre 1904.

 

Le 6 avril 1907, il se marie à Saint-Loup-de-Naud, avec une jeune femme originaire du village, Juliette Poulain.

 

Mariage_Eugene_Coffinet

 

À peine marié, Eugène Coffinet débute sa deuxième période d'exercices à partir du 19 août. Elle durera jusqu’au mois de septembre. Cette année-là, il  participe aux manœuvres d'automne.

 

Les jeunes époux vont s’installer dans le village de Voulton. Leur premier enfant, Huguette, voit le jour en 1908.

 

Fin janvier 1910, le couple s’installe à Saint-Loup-de-Naud. Eugène Coffinet est patron de son entreprise. Son fils, Gabriel, naît cette année-là.

 

Le 1er octobre 1911, il passe dans l’armée territoriale. Eugène Coffinet a fêté ses 34 ans au mois de mai.

 

Il est maintenant rattaché au 34e R.I.T., où il effectue une période d’exercice entre le 2 et le 10 mai 1913.

 

Marcel, le 3e enfant du couple, vient au monde en 1914.

 

Août 1914, le conflit contre l’Allemagne ne peut plus être évité. La France doit mobiliser ses réservistes. Comme des centaines de milliers d’hommes, Eugène Coffinet va devoir abandonner les effets civils pour de nouveau porter l’uniforme.

 

Le 4 août, il rejoint le dépôt du 46e R.I. pour intégrer le 34e R.I.T.. Le soldat Coffinet est incorporé à la 10e compagnie du régiment, une unité commandée par le capitaine Guilbert. Le régiment quitte le dépôt le 11 pour gagner Langres par voie de chemin de fer. Le régiment s’installe dans cette région.

 

Durant les mois d'août et de septembre, Eugène Coffinet reste à l'arrière où il s'occupe principalement de travaux de campagne agrémentés de périodes d’exercices militaires régulières.

 

Fin septembre 1914, un contingent de 600 soldats, apte à faire campagne, est prélevé sur les effectifs du 34e R.I.T. pour être envoyé aux dépôts du 149e R.I. et du 152e R.I.. Les volontaires et les plus jeunes classes sont désignés. Eugène Coffinet fait partie du groupe de 300 hommes qui doit rejoindre le dépôt du 149e R.I. à Rolampont. Une fois sur place, il est inscrit dans les effectifs de la 25e compagnie.

 

Pourquoi un prélèvement aussi important ? Il faut tout simplement combler les pertes du régiment qui a été sérieusement éprouvé durant les mois d’août et de septembre.

 

La classe 14, seulement mobilisée depuis le 1er septembre, n’est toujours pas prête à être envoyée sur le front. De plus, une loi du 5 août 1914 autorise l'envoi de soldats de n'importe quel âge vers les régiments d'active. C'est ainsi qu'un territorial comme Eugène peut se retrouver dans une unité d'active.

 

Après quelques semaines passées au dépôt, Eugène doit rejoindre le régiment qui combat en Belgique depuis le début du mois de novembre. Le 9, il descend à la gare de Furnes avec un renfort qui doit retrouver une partie du 149e R.I. bivouaquant à la Clytte.

 

Ce soldat a laissé un carnet de récit de la guerre racontant, au jour le jour, ce qu’il a vécu durant le conflit. Ce document est précieusement conservé par la famille.

 

Grâce à ses écrits, on sait à quel point son arrivée au 149e R.I. fut brutale pour lui. Versé le 10 novembre à la 12e compagnie, après une nuit au bivouac, il monte en ligne l'après-midi. Eugène subit dès le 11 de violentes attaques allemandes. La fin des combats s'ouvre sur une nuit qu'il qualifie lui-même de dure : « orage de grêle et de pluie ». Les jours suivants sont de la même lignée. Plusieurs camarades sont blessés à côté de lui, les combats sont d'une rare intensité dans ce secteur pendant son premier roulement qui s'achève dans la nuit du 16 au 17.

 

Même s'il n'en a pas été témoin et ne les relate qu'en janvier 1915, Eugène Coffinet mentionne des fraternisations avec les Bavarois le 25 décembre 1914.

 

Le 149e R.I. quitte la Belgique à la fin du mois de décembre 1914. Il regagne la France pour aller occuper un secteur d’Artois près d’Aix-Noulette. Le soldat Coffinet subit l’attaque allemande du 3 mars 1915, une journée tragique pour les hommes du lieutenant-colonel Gothié, avec des explosions de mines suivies de durs combats défensifs.

 

Toujours sur le front d’Artois, le soldat Coffinet est blessé le 31 mars 1915. Grièvement atteint, il décède des suites de ses blessures à l’ambulance du 21e C.A. installée à Saint-en-Goyelle. Enterré dans le cimetière communal du village, il est rayé du contrôle du régiment le 1er avril 1915. Son corps est restitué à la famille dans les années 1920. Eugène Alexandre Coffinet repose dans un premier temps dans un caveau familial.

 

Sepulture_Eugene_Coffinet

 

Il est ensuite inhumé dans le carré militaire du cimetière de Saint-Loup-de-Naud.

 

Sepulture militaire d'Eugene Coffinet

 

L’acte de décès de cet homme est transcrit le 22 mai 1915 dans sa commune de résidence.

 

Eugène Coffinet a été décoré de la Médaille militaire à titre posthume le 7 juin 1921.

 

« Brave soldat, courageux et dévoué, mortellement blessé le 31 mars 1915 à Notre-Dame-de-Lorette en faisant brillamment son devoir. »

 

Cette citation lui donne également droit à la croix de guerre avec étoile de bronze.

 

Decorations Eugene Coffinet

 

Son nom est gravé sur le monument aux morts du village les Mârets, en dessous de celui de son frère Edgar, soldat au 46e R.I. décédé en avril 1916.

 

Sources :

 

J.M.O. du 34e R.I.T.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 781/13.

 

L’acte de naissance et la fiche signalétique et des services d’Eugène Alexandre Coffinet ont été consultés sur le site des archives départementales de la Seine-et-Marne.

 

Les portraits du couple Coffinet proviennent de la collection familiale.

 

Le site « Généanet » a également été consulté.

 

La lecture des extraits du  petit carnet de guerre rédigé par Eugène Coffinet qui se trouve sur le site d’Européana 14-18 a permis d’étoffer cette biographie.

 

Pour consulter les pages du carnet en ligne, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

Europeana_1914_1918

 

La photographie de la tombe familiale a été réalisée par G. Coffinet.

 

Le cliché de la sépulture militaire a été réalisé D. Hass.

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carrobi, à G. Coffinet, à T. Cornet, à D. Hass et aux archives départementales de la Seine-et-Marne et de la Haute-Vienne. 

Commentaires
C
Merci pour ce récit et pour la recherche. je suis très touché à chaque lecture.<br /> <br /> <br /> <br /> Christophe Coffinet arrière petit fils.
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