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149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
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5 mars 2013

9 août 1914, le baptême du feu.

                  Renclos_des_Vaches_2

Le colonel Menvielle vient de recevoir le commandement d’un groupement constitué du 149e R.I., du 31e B.C.P. et d’une batterie de R.A.C., à la suite d’un ordre provenant de la 43e D.I..

À 2 h 30, les 1er et 2e bataillons du régiment se mettent en marche. Ils quittent Ban-de-Laveline pour se rendre à Wisembach. La troupe prend la route qui passe par Gemaingoutte.

                 Carte_1A

                                     Legende_carte_1A

Les bataillons quittent Ban-de-Laveline à 2 h 30 dans l’ordre suivant : 

                 Composition_du_9_ao_t_1914

Le point initial se trouve à la sortie nord-est de Ban-de-Laveline sur la route de Gemaingoutte. Les éléments du 149e R.I. arrivent à Wisembach à 3 h 45. 

 I Mouvements et mises en place des unités avant le début du combat du Signal de Sainte-Marie 

a) 1er et 2e bataillons du 149e R.I. 

                 Carte_1B

                                     Legende_carte_1B

La 6e compagnie qui constitue la flanc-garde se détache aussitôt de ce  groupe. Sa mission est de veiller à ce que le gros du régiment ne soit pas pris à revers par l’ennemi. Elle doit se rendre du côté de la Chaume de Lusse. Pour rejoindre ce secteur, la compagnie du capitaine François suit un itinéraire qui passe par Diarupt, la Croix le Prêtre, le bois de Menaupré et le Renclos des Vaches. Une fois arrivée près de la Chaume de Lusse, elle prend position sur la lisière est du bois et se retrouve ainsi face aux retranchements ennemis,qui se sont établis à quelques 600 m au sud-est. 

                 La_Chaume_de_Lusse

Les 1ère, 2e et 4e compagnies du 1er bataillon prennent la direction du Renclos-des-Vaches. Elles passent ensemble les Yraux pour ensuite se séparer. Les 1ère et 4e compagnies suivent la lisière nord du bois devant les Yraux et la 2e compagnie longe la lisière sud du bois de Menaupré.

Les 5e, 7e et 8e compagnies du 2e bataillon du commandant Magagnosc, sous l’autorité du colonel Menvielle, se dirigent sur la Cense du Jardin. Elles s’y établissent en rassemblement et doivent se tenir prêtes à appuyer une attaque sur le Renclos-des-Vaches. Toutes ces troupes sont en place à 5 h 00.

                  Carte_1C

                                       legende_carte_1C

Une section de la 5e compagnie est restée à Wisembach avec le T.C.I.. 

Il n’y a aucune information dans le J.M.O. du régiment concernant le déplacement de la 3e compagnie pour cette journée. La dernière indication donnant sa position  date de la veille. Le 8 août, celle-ci est restée à Saulcy-sur-Meurthe pour effectuer une mission de protection et de surveillance. Après avoir fait leur travail, les hommes du lieutenant de Lurion de l’Egouthail, ont certainement pris directement la direction de Wisembach. Leur bataillon d’appartenance étant dans le secteur du signal de Sainte-Marie avec le colonel du régiment, ils sont allés directement rejoindre le 3e bataillon du 149e R.I., au col de Sainte-Marie pour prendre les ordres du lieutenant-colonel Escallon. Ce déplacement reste une hypothèse. 

b) 3e bataillon du 149e R.I.

Depuis la veille au soir, le 3e bataillon se trouve du côté de la ferme de la Côte en territoire ennemi. Le lieutenant-colonel Escallon est responsable de ce secteur.

                  Carte_1E

                                       Legende_carte_1D

Les 9e et 10e  compagnies ainsi que trois sections de la 12e compagnie ne participeront pas aux combats du signal de Sainte-Marie. Le gros du 3e bataillon se trouve dans le secteur du bois du Breuil, à 1 kilomètre au sud-ouest de Sainte-Marie-aux-Mines. La 10e compagnie occupe le versant sud-est de la croupe, entre la cote 818 et le r du Breuil qui figure sur la carte au 80000e

                 Bois_du_Breuil

La 12e compagnie est positionnée sur le versant sud-est, entre la cote 818 et la ferme de la côte. La 9e compagnie a installé une demi-section au petit col au sud de la ferme de la côte. Le reste de la compagnie du capitaine Souchard et la section de mitrailleuses sont en réserve à la cote 818 avec une compagnie du 7e B.C.A.. 

II Le mouvement offensif français 

a) 1er et 2e bataillons du 149e R.I.

 À 7 h 00,  un biplan allemand survole la région à environ 1000 m d’altitude, il passe au-dessus de la Cense du Jardin. 

Le colonel Menvielle n’a toujours pas reçu de nouvelles du commandant de Sury d’Aspremont concernant les 1ère, 2e et 4e compagnies. 

Les éléments du détachement du commandant du 1er bataillon se dirigent sur une position située à 1 km au sud du Renclos-des-Vaches, le long de la ligne frontière. Elles sont en place à 8 h 45. 

Le colonel du régiment reçoit enfin un compte rendu détaillé du commandant de Sury d’Aspremont. Celui-ci lui fait savoir qu’il cherche à déborder les tranchées ennemies par le sud. Il est 11 h 30.

Une heure plus tard, un message portant la signature du capitaine Altairac signale que sa compagnie est en contact avec l’ennemi, et qu’elle vient d’engager une vive fusillade. Un renforcement du détachement du commandant de Sury d’Aspremont est demandé au responsable du régiment. Dix minutes après, la 8e compagnie est envoyée sur place. 

À 13 h 00, la 5e compagnie est, à son tour, dirigée sur le signal de Sainte-Marie. La 7e compagnie, accompagnée du colonel Menvielle, lui emboite le pas. Cette dernière restera en réserve.

                  Carte_1D

                                       Legende_carte_1E

Les 1ère, 2e, 4e, 5e, 6e et 8e compagnies garnissent les lisières du bois. Il est 13 h 45. Toutes ces compagnies se trouvent maintenant face à l’ennemi. Par moments, des tirs de fusils sont échangés. 

Les 1ère et 2e sections de mitrailleuses sont également envoyées sur la ligne de front. 

La 7e compagnie et les sapeurs sont toujours à la disposition du colonel Menvielle. Les hommes de la compagnie du capitaine Coussaud de Massignac se tiennent à 500 m au sud de la lisière. Le drapeau du régiment est sous la protection de cette compagnie. 

À 14 h 15, la 6e compagnie fait parvenir un compte-rendu de situation. Elle fait savoir qu’elle s’est établie sur la lisière du bois à 200 m du Renclos des Vaches. Deux de ses sections sont encore disponibles.

Les sections de mitrailleuses reviennent en réserve une heure après avoir été envoyées sur la ligne de front. Celles-ci n’ont pas pu être utilisées correctement en raison du peu de visibilité de l’ennemi. 

L’ennemi vient de recevoir des renforts. Par moment, la fusillade est très vive. Le colonel Menvielle fait savoir à son supérieur, le général Lanquetot, que sa situation peut devenir critique à tout moment.

                 Carte_1F

                                      Legende_carte_1F

 b) 3e bataillon du 149e R.I. 

Dans l’après-midi, le lieutenant-colonel Escallon donne l’ordre au capitaine Erhard de conduire un renfort au colonel Menvielle depuis le col de Sainte-Marie. Ce groupe est constitué principalement des 3e et 11e compagnies. Une section de la 5e compagnie qui était restée à la gare du T.C.I. à Wisembach, une section de la 12e compagnie ainsi qu’une  batterie d’artillerie de montagne en font le complément. 

                                  Carte_1H

                                        Legende_de_carte_1H

À 17 h 00, il rejoint le commandant du régiment avec un renfort d’environ 700 hommes. 

Une batterie allemande complète est signalée à l’est du col de Sainte-Marie. Elle est positionnée sur la croupe de Saint-Philippe à 2 ou 300 m au sud des ouvrages fortifiés. D’autres ouvrages fortifiés sont signalés sur les pentes de la grande plaine 800 m,au nord de Sainte-Marie. De l’infanterie ennemie a été vue montant vers le Renclos-des-Vaches. 

 III Les attaques françaises 

Aux alentours de  midi, les 1ère, 2e et 4e compagnies sont prêtes à engager le combat. Ces compagnies sont fort mal renseignées sur ce qu’elles vont trouver en face. Mis à part quelques patrouilles, il y a eu peu de reconnaissance approfondie et encore moins de préparation d’artillerie. L’ennemi est fortement retranché et attend dans de bonnes positions l’arrivée des Français. La 4e compagnie attaque vers 12 h 30. L’infanterie française lancée sur la position allemande est stoppée net. 

Pour évoquer les évènements, laissons la parole au sergent Paul Monne : 

« Le capitaine Altairac donne des ordres au lieutenant Genevoix, celui-ci commande la première section, rassemble ses hommes et leur dit «  Dans dix minutes, un quart d’heure, nous les aurons, et en avant ! » Dès que les soldats allemands les aperçurent, ils déclenchent une violente fusillade… Quelques instants plus tard, le lieutenant est arrêté dans sa marche en avant et demande du renfort. La 2e section part aussitôt, puis la 3e, puis la 4e. Elles avancent par bonds successifs… … La fusillade devint de plus en plus vive et malgré cela, les sections avançaient toujours par petits bonds…

Les Allemands de leur côté, tiraient sans arrêt, ce fut une terrible fusillade. » 

Les premiers combats, menés par les 1ère, 2e et 4e compagnies du 1er bataillon, sont aussi meurtriers que l’attaque de la veille menée par le 31e B.C.P.. 

Le commandant de Sury d’Aspremont demande du renfort. Les 5e et 8e compagnies viennent se poster à la droite du 1er bataillon pour essayer de prendre l'ennemi de flanc. Elles vont se heurter à une très solide organisation. 

Dans son témoignage le sergent Paul Monne évoque la situation suivante :

« Le capitaine demanda du renfort. Les soldats venus pour dégager la compagnie se trouvèrent en pleine bataille ; ignorant, par manque de liaison que les soldats français se trouvaient en avant, ils ouvrirent le feu.

C’est alors que ceux de la 4e compagnie reçurent des balles de tous côtés,aussi bien de l’avant que de l’arrière, et eurent des tués et des blessés par balles françaises. Les chefs de sections criaient de toutes leurs forces au capitaine qui se trouvait un peu en arrière avec ces agents de liaison : « Mais ne tirez donc pas sur nous ! » Après bien des efforts, la compagnie fut  tout de même remplacée par une autre… Il était peut-être 15 h 00 ou 16 h 00… » 

La 4e compagnie reprendra le combat un peu plus tard. 

IV L’attaque allemande 

À 17 h 30, les 3e et 11e compagnies et les sections des 5e et 12e compagnies s’établissent en réserve avec  les deux sections de la 6e compagnie qui ne sont pas encore engagées. Ces deux dernières avaient été rappelées du Renclos-des-Vaches. Au même moment, la 7e compagnie va renforcer les unités de 1ère ligne qui se sont retranchées sous bois. 

La batterie de montagne qui est arrivée avec le renfort du capitaine Erhard prend position sur les crêtes de la frontière, du côté de la borne n° 2574. Elle semble tirer efficacement sur la position ennemie. À cet instant, le feu de l’ennemi est beaucoup moins nourri. 

                 Carte_1I

                                       Legende_carte_1I

Tout à coup, un signal est donné par la musique, tambours et clairons réunis. Un feu très intense est exécuté sur toute la ligne des tranchées allemandes. Leurs troupes se ruent à l’assaut de notre ligne qui les accueille par un feu très vif.

Trente minutes après, l’attaque menée par les soldats allemands approche, elle est soutenue par une charge d’un peloton de dragons. À cet instant, la partie gauche de la ligne française fléchit quelque peu, tandis que sur la droite, quelques hommes reculent un peu vivement. Ils sont aussitôt ramenés sur les lieux des combats. La 1ère ligne creuse des tranchées sous bois pour se protéger davantage des pertes qui sont assez sérieuses. 

De 18 h 00 à 19 h 00, il y a, à deux nouvelles reprises, un  mouvement de fléchissement de la ligne qui est aussitôt réprimé. L’assaut ennemi est définitivement repoussé. 

V Un bien terrible bilan 

Le baptême du feu est chèrement payé par le régiment. Sept officiers trouvent la mort  et 9 autres sont blessés. Le commandant de Sury-d’Aspremont décède le lendemain dans un hôpital de Saint-Dié. Environ 440 hommes de troupe sont tués, blessés ou considérés comme disparus. 

D’après les effets et les coiffures trouvés sur les tués et les blessés allemands, les régiments qui se trouvaient en face du 149e R.I., appartenaient aux I.R. 171, 180 et au 8e bataillon de chasseurs.

Les unités du 149e R.I. se sont reformées après les combats. Vu l’état de dépression morale subie par les hommes, vu l’état physique résultant du manque de sommeil, vue la journée très éprouvante dûe au combat et à une alimentation très sommaire, le colonel prend la décision de faire revenir les unités engagées en arrière. La C.H.R., les 1er et 2e bataillons, la 11e compagnie et la section de la 12e compagnie prennent un itinéraire qui passe par le col de Sainte-Marie, pour rejoindre Wisembach à 23 h 15. 

VI Petit résumé pour mieux se repérer dans les évènements de la journée

Vers 12 h 30, les 1ère, 2e et 4e compagnies engagent le combat dans le secteur  du signal de Sainte-Marie.

Aux alentours de 14 h 00  les 5e et 8e compagnies arrivent en renfort. 

À 17 h 00, le groupe Erhard, provenant du col de Sainte-Marie,vient reconstituer le gros de la réserve. (Cette réserve est composée de la 3e compagnie, de la 11e compagnie, de deux sections de la 6e compagnie, d’une section de la 5e compagnie et d’une section de la 12e compagnie.). 

À 17 h 30 la 7e compagnie part au combat. 

La 11e compagnie et la section de la 12e compagnie sont également engagées. 

La 3e compagnie et la 6e compagnie subissent également quelques pertes durant cette journée. 

Sources bibliographiques :

J.M.O. du 149e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 696/8.

J.M.O. de la 85e brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 520/9.

Historique du 149e  Régiment d’Infanterie. Épinal. Imprimerie Klein, 1919.

Les archives du Service Historique de la Défense de Vincennes ont été consultées.

 Les cartes détaillées du combat du signal de Sainte-Marie, qui peuvent se voir ici, ont été réalisées simplement à partir des indications données par le J.M.O. du 149 R.I. La marge d’erreur indiquant les mouvements des bataillons et des compagnies risque d’être assez élevée. Ces cartes ne sont donc là que pour se faire une idée approximative des différents parcours qui ont pu être suivis par les éléments du 149e R.I. au cours de cette journée. 

Pour en savoir plus sur Paul Monne, il suffit de cliquer une fois sur les deux images suivantes : 

Paul_Monne_

   Paul_Monne

Pour en savoir plus sur le secteur :

"La guerre 1914-1918 à l'est de Saint-Dié" de Jean Foussereau, Janine Foussereau et Jean-Paul Baradel aux éditions Jérôme Do Bentzinger Editeur. 2007.

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à J. Horter, à É. Mansuy, à M. Porcher et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

Commentaires
P
Le Cercle de généalogie et d’histoire du CA SA LCL entreprend un ouvrage sur les 1592 membres du Crédit lyonnais morts ou disparus au cours de la grande guerre de 14-18<br /> <br /> parmi ceux-ci 2 sont décédés le 9 août au combat de Ste Marie aux Mines<br /> <br /> je prépare un article spécial sur ces 2 membres, m'autorisez-vous à recopier vos notes sur ce combat d'avance merci
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