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149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
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20 mars 2020

Ouest du bois en Hache, 27 septembre 1915.

journee du 27 septembre 1915

Le 149e R.I. attaque pour la 3e journée consécutive dans le secteur du bois en Hache. D’abord régiment de réserve de division, ensuite engagé dans le combat, il lance deux de ses bataillons. Les objectifs fixés par les supérieurs qui ont mis au point l’offensive d’Artois ne sont toujours pas atteints par la 43e D.I..

Les éléments de la division se maintiennent sur le peu de terrain conquis les jours précédents, en consolidant leurs positions. Ils attendent de nouveaux ordres.

À 3 h 00, le colonel commandant de la 86e brigade informe les responsables des 158e et 149e R.I. qu’ils vont devoir reprendre l’offensive dans la journée.

Le soleil n’est pas encore levé. Des reconnaissances sont envoyées dans le no man’s land pour vérifier les positions allemandes. À leur retour, elles indiquent à leurs chefs que l’ennemi est toujours fortement retranché sur la gauche, ses défenses accessoires sont quasiment intactes et ses mitrailleuses occupent toujours les points signalés.

Les Allemands ont également placé de nouvelles défenses accessoires vers e18, e26 et d22.

Carte 1 journee du 27 septembre 1915

Legende carte 1 journee du 27 septembre 1915

Au point du jour, la situation du groupement nord de la 43e D.I. est la suivante :

Pour le 149e R.I. :

Le 2e bataillon se trouve dans la parallèle de départ e12, e7, f11. Sa 7e compagnie est en g11.

Le 3e bataillon s’est fortement organisé dans le quadrilatère g12, g15, g8, g13. Une de ses fractions est en g19. Elle est en liaison avec le 17e R.I. du groupement sud de la division.

Le 1er bataillon est placé dans la parallèle de départ entre les sapes 4 et 5.

Pour les autres éléments du groupement nord :

Le 10e B.C.P. occupe  le quadrilatère e20, e26, e12, e17.

La compagnie de mitrailleuses de brigade a une section avec le 10e B.C.P. et une section avec le 3e bataillon du 149e R.I..

Très éprouvé, le 1er B.C.P. a été ramené vers l'arrière.

À l’exception de ce bataillon de chasseurs qui doit se reconstituer dans la place d’armes C.D. et dans la tranchée Moreau, l’ensemble des éléments du groupement nord de la 43e D.I. reçoit l’ordre de reprendre l’offensive à 14 h 00.

Le 10e B.C.P. lance son attaque à partir d’e12 en direction d’e18. Les chasseurs progressent péniblement. Ils luttent à coups de grenades avec l’ennemi. L’attaque est partie du talus e7, e12 en direction de la tranchée allemande e18, g10, est prise à revers par des tirs de mitrailleuses allemandes, installées en e21 et  c31. Il est impossible de progresser. Les pertes sont lourdes.

Le 2e bataillon du 149e R.I. sous les ordres du commandant Schalck attaque en direction de g10, g11. Les fantassins sont pris à revers par des tirs d’enfilade provenant des mêmes mitrailleuses qui arrosent le 10e B.C.P.. Ces fantassins sont également gênés dans leur progression par un formidable barrage d’artillerie. Cette attaque n’a pas plus de succès. Elle subit des pertes sérieuses.

Seule la 7e compagnie du bataillon sous les ordres du capitaine Guilleminot a pu se rapprocher de g10,  g11.  Elle s’est approchée assez près pour constater que cette tranchée a été évacuée par les Allemands. Les hommes ne purent sauter dans cette tranchée que à la nuit tombante en raison des tirs d’enfilade auxquels ils furent soumis.

Les 1er et 3e bataillons du 149e R.I., respectivement commandés par le capitaine Cochain et par le commandant Chevassu, ne sont pas plus heureux dans leurs attaques. Seul le 1er bataillon gagne un peu de terrain.

Leurs hommes sont pris sous un feu combiné d’infanterie, d’artillerie et de mitrailleuses qui viennent du nord et de l’est en g7, g2 et g1. Les deux bataillons subissent également de lourdes pertes.

Plus au sud, le 17e R.I. est également stoppé devant la lisière est du bois en Hache.

De nombreux tués et blessés encombrent les boyaux et les tranchées de départ qui sont, de plus en plus, bouleversées par le tir de l’artillerie allemande.

L’offensive du 27 septembre 1915 est un véritable échec. Des tirs d’artillerie allemande partis de la tranchée, immédiatement à l’ouest de g1, g2, contribuent à l’arrêt de la progression française. Une ligne continue de défenses accessoires allemandes, presque intactes, a empêché la conquête de nouvelles tranchées.

Seule l’attaque menée par le 10e B.C.P. partie d’e12 sur e18 par le boyau allemand, a pu se rapprocher à 20 m de son objectif. À partir de cet endroit, les chasseurs furent immobilisés par un tir de barrage ennemi absolument infranchissable.

carte 2 journee du 27 septembre 1915

Legende carte 2 journee du 27 septembre 1915

Le commandant Chevassu, responsable du 3e bataillon du 149e R.I., écrit au lieutenant-colonel Gothié :

« À la nuit, la situation est restée stationnaire. Les fractions sorties de la 2e ligne conquise, restées terrées à peu de distance en avant, ainsi que les blessés seront ramenés dans les tranchées. Les tranchées complètement bouleversées seront remises en état.

Les pertes du bataillon ont été très élevées durant la journée.

Pendant trois jours, les hommes ont été soumis, la nuit, à de durs travaux, le jour, à des actions très violentes. La limite de leur force physique est atteinte. Ils pourraient encore, le soir, se livrer à des travaux de tranchées pour leur propre sécurité. J’estime que pour ces unités réduites et désorganisées qui restent, on ne peut pas demander autre chose.

Effectifs du bataillon restant disponibles :

9e compagnie : 2 officiers et 98 hommes

10e compagnie : 3 officiers et 65 hommes

11e compagnie : 2 officiers et 58 hommes

12e compagnie : 2 officiers et 54 hommes »

Durant toute la nuit, le 149e R.I. consolide le terrain conquis sur le front.

Le casque Adrian, distribué avant l’offensive, a donné d’excellents résultats durant les combats des 25, 26 et 27 septembre. Beaucoup de combattants ont eu la tête efficacement protégée contre les éclats des projectiles d’artillerie. Sans cette protection, les pertes auraient été bien plus importantes.

Beaucoup de blessures n’ont été que de simples plaies du cuir chevelu grâce à la protection donnée par ce casque alors qu’elles auraient été bien plus  graves si les hommes n’avaient eu que leur képi. Il faut rappeler que, contrairement aux autres éléments de la 43e D.I., seule une partie des effectifs du 149e R.I. avait été équipée de ce nouvel élément. Celui-ci fera bientôt partie intégrante de l’équipement du fantassin.

Etats des pertes du 149e R

Les pertes du  jour sont lourdes, les effectifs restants du 3e bataillon en attestent. Mais quand on regarde les pertes cumulées des trois jours d'engagement, on constate que c'est près d'un tiers du régiment qui a disparu dans l'opération : 20 officiers et 808 hommes."

                                    Tableau des tués pour la journée du 27 septembre 1915

       Tableau des décédés des suites de leurs blessures pour la journée du 27 septembre 1915

Le 149e en a- t il fini avec ce secteur ?

Sources :

Les archives du S.H.D. de Vincennes ont été consultées.

J.M.O. de la 86e brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 520/14

La photographie aérienne du bois en Hache qui se trouve sur le montage fait partie de la collection de l’association « Collectif Artois ». Le dessin a été réalisé par I. Holgado.

Concernant les cartes, une nouvelle fois il n’a pas été possible de faire un travail de grande précision. Ces cartes n’ont donc qu’une valeur indicative.

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à A. Chaupin, à T. Cornet, à I. Holgado, à M. Porcher, au Service Historique de la Défense de Vincennes et à l’association « Collectif Artois 1914-1915 ».

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