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149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
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14 novembre 2014

21 août 1914, une journée bien mouvementée...

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Les 2e et 3e bataillons du 149e R.I. occupent depuis la veille des positions de premières lignes au nord d’Abreschviller dans le bois de Voyer. Trois compagnies du 1er bataillon du régiment se trouvent en soutien du 158e R.I. à Soldatenthal.

Des combats ont été engagés par les 1er, 3e et 10e B.C.P. de la 86e brigade dans le secteur de Plaine-de-Walsch et de Vallérysthal, deux petites communes situées au nord de Biberkirch et de Trois-Fontaines. Ces combats ne sont pas favorables aux Français. La brigade coloniale est également en grande difficulté du côté de Walscheid. Les unités de ces brigades sont de plus en plus malmenées, il faut penser à se replier… Les Allemands progressent… Ces mouvements de recul vont avoir une incidence fâcheuse sur les évènements à venir dans le secteur occupé par la 85e brigade dans le bois de Voyer.

Il n’est plus question, pour les 2e et 3e bataillons du 149e R.I. d’aller de l’avant, comme il avait été prévu par le général Legrand-Girarde, l’officier qui commande le 21e C.A.. Ces deux bataillons vont devoir se retrancher sur leurs emplacements de la veille, à la lisière nord et nord-est du bois de Voyer.

À 5 h 00, le colonel Menvielle qui a, sous son autorité, un groupement composé du 31e B.C.P. et des 2e et 3e bataillons de son régiment, reçoit un ordre d’opération envoyé par le général Pillot, responsable de la 85e brigade. Cet ordre lui demande de se maintenir sur la ligne la Valette, cote 475, Haltenhausen, Eigenthal. Il lui faut construire son axe de défense en attendant la reprise de l’offensive. Le colonel Menvielle fait relier sa droite avec les éléments du 158e R.I. qui se trouvent près de la cote 500, et sa gauche avec l’aile droite du 13e C.A., vers la corne nord-ouest du bois de Voyer. La liaison avec les chasseurs est compliquée à mettre en place. Les ordres donnés par le colonel Menvielle ne parviennent pas au commandant du 31e B.C.P..

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Au sud-est d’Abreschviller avec le 1er bataillon du 149e R.I.

Une attaque, menée par une partie des unités de la 85e brigade a lieu du côté de Saint-Léon et de la cote 500. Le soleil n’est pas encore levé. Au loin, les hommes entendent une vive fusillade du côté de la Valette.

L’attaque française est un véritable succès. Le 31e B.C.P. reprend la petite bourgade de Saint-Léon. Le petit village de Walscheid et la ferme de Munichshof sont également reconquis. Un bataillon du 158e R.I. prend position à la cote 500, un autre bataillon de ce régiment s’installe près de Thomasthal. Les trois compagnies du 1er bataillon du 149e R.I. qui se trouvent à Soldatenthal ont également été engagées en soutien. Celles-ci sont sous les ordres du lieutenant-colonel Escallon, l’officier qui commande en ce point. Un bataillon du 158e R.I. a été mis à sa disposition pour épauler ses compagnies.

Les Allemands ne restent pas inactifs. Leur artillerie ouvre le feu vers 8 h 30. Pendant une demi-heure, une pluie d’obus s’abat sur la ligne de front qui se trouve dans la zone de la cote 500. Aussitôt après, une attaque d’infanterie ennemie se déclenche dans le secteur. Les Allemands essayent de se glisser partout, en vain… Ceux-ci sont accueillis par des feux nourris, tirés par les fantassins français qui leur causent des pertes importantes. Ils deviennent très vite hésitants dans leurs progressions. L’offensive adverse est contenue.

La 43e D.I. n’a  plus de troupes disponibles pour reprendre le combat dans ce secteur. Le général Legrand-Girarde a engagé toutes ses réserves. La situation générale de la 85e brigade reste très fragile.

Dans le secteur d’Abreschviller avec les 2e et 3e bataillons du 149e R.I.

Les Allemands ont lancé une attaque dans le secteur du bois de Voyer. La brutalité de cet assaut est telle qu’elle modifie complètement les projets français dans cette région. La droite du 3e bataillon du 149e R.I. est débordée par des forces ennemies qui lui sont supérieures en nombre. Les deux bataillons du 149e R.I. sont mis à mal sur leur ligne de défense. Seules, les 6e, 9e et 12e compagnies réussissent à se maintenir sur leurs emplacements durant quelque temps.

Pour éviter le pire, il faut se résigner à faire demi-tour. Le 2e bataillon du 149e R.I. commence son mouvement de repli vers 8 h 00, il est aussitôt suivi par le 3e bataillon. 

La 10e compagnie du lieutenant Michelin est désignée pour couvrir l’ensemble de ces mouvements. Pour mener à bien cette mission, elle s’installe sur les lisières nord et est de la petite commune de la Valette. Le prix à payer pour protéger la retraite des camarades va être très élevé !

L’ennemi approche, le combat est engagé. Près de la moitié de la compagnie est mise « hors jeu ». Une grande partie des hommes est capturée par les Allemands.

Les autres compagnies des deux bataillons reculent par la lisière sud du bois de Voyer. Elles se dirigent sur le bois de Basse-Valette pour tenter de rejoindre Abreschviller. Une fois arrivés dans le village, les restes des deux bataillons se reforment sous les ordres du colonel Menvielle.

Beaucoup de soldats sont encore disséminés sur le terrain. Certains se sont égarés…

La 4e compagnie du capitaine Altairac, qui est installée à Abreschviller depuis la veille, est maintenue en soutien d’artillerie au nord de cette commune.

Les 5e et 9e compagnies prennent la direction de Saint-Quirin pour être aussitôt envoyées à Val-et-Chatillon, suite à un ordre donné par le général de division Lanquetot.

Du côté de Lettenbach avec les 1er, 2e et 3e bataillons du 149e R.I.

Les compagnies reformées des 2e et 3e bataillons du 149e R.I. qui sont encore disponibles se réunissent à Lettenbach à partir de 10 h 00. Les hommes du colonel Menvielle ont pour mission de fermer l’accès du ravin d’Eigenthal et de la croupe 452 aux Allemands. Lettembach va devenir l’objectif de l’ennemi.

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La 7e compagnie du capitaine Coussaud de Massignac reçoit l’ordre de se porter sur les pentes nord-est de Lettenbach. Elle est appuyée par une section de mitrailleuses du 105e R.I.. Une compagnie du 11e génie occupe les tranchées établies sur les pentes nord-ouest.

À 10 h 20, le reste des deux bataillons est amené par le colonel au col de la cote 420 sur la route de Lettenbach-Saint-Quirin. La troupe doit garder la direction de Saint-Quirin.

Les unités disponibles, placées sous le commandement du colonel commandant par intérim la 86e brigade, sont disposées sur le chemin, à un trait du col 430 de la cote 464 et du carrefour, situé à 600 m au sud-est, à partir de 11 h 15. Elles vont devoir tenir et surveiller tous les éclaircis et tous les chemins venant de la direction de Lettenbach et de vallée de la Sarre rouge.

Peu avant 13 h 00, la 1ère compagnie rejoint le colonel Menvielle. À 13 h 00, la 7e compagnie, qui vient de quitter ses positions de Lettenbach, rejoint également les unités du 149e R.I..

Des éléments des 10e et 17e B.C.P. viennent renforcer les compagnies du régiment spinalien. Le poste de commandement du colonel Menvielle est installé au carrefour entre 464 et 462.

Le général Pillot arrive au P.C. du colonel Menvielle à 14 h 30. Il lui donne l’ordre de faire surveiller plus particulièrement le ravin qui se trouve au sud de Streitwald. La 7e compagnie, une des unités qui a été la moins éprouvée, est désignée. Celle-ci va devoir former un barrage sur la crête à 500 m du carrefour, pour battre le ravin en question.

La 2e section de mitrailleuses du lieutenant Gérardin, qui est soutenue par deux sections des 5e et 6e compagnies, est poussée à la tête du ravin à 800 m sud de la cote 462. Les hommes se positionnent de manière à empêcher toute intrusion de l’ennemi de ce côté.

Le lieutenant-colonel Escallon qui est accompagné de la 2e compagnie, rallie le régiment en passant par le ravin sud de Streitwald à 15 h 30. Une heure plus tard, c’est au tour du capitaine Isler de rejoindre avec sa 3e compagnie.

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À 16 h 45, le 149e R.I. reçoit l’ordre d’aller cantonner à Turquestein. La 7e compagnie est rappelée au point de rassemblement du régiment.

En direction de Val-et-Châtillon

Le 149e R.I. quitte le carrefour qui se trouve à l’ouest de 462 à 17 h 30. Le 2e bataillon prend la tête de la colonne, il est suivi du 3e bataillon. Le 1er bataillon ferme la marche. Les hommes du colonel Menvielle prennent la direction du carrefour des 4 chemins qui est situé à quelque 800 m au sud de 462. Ils doivent suivre le chemin à un trait qui gagne Saint-Quirin par le fond du ravin Saint-Quirin. Lorsque le régiment arrive à Saint-Quirin, le général de division Lanquetot lui donne l’ordre d’aller s’installer à Val-et-Châtillon avec le 158e R.I. et l’artillerie de campagne du 21e C.A..

Le régiment fait une halte à l’entrée du bois de Turquestein, il est 19 h 30. Les hommes sont exténués, ils ont été durement éprouvés par tout ce qu’ils viennent de vivre au cours de la journée. Malgré la fatigue, ils trouvent le temps de se préparer du café.

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Vingt et une heures, il faut reprendre la route pour rejoindre le cantonnement. La fatigue est grande, les muscles des jambes commencent à se raidir.

Les compagnies du 149e R.I. suivent l’itinéraire Turquestein, cote 410, Saussenrupt, scierie Châtillon. Elles arrivent devant Val-et-Châtillon à 22 h 30. Chacun pense au sommeil bien mérité, mais les problèmes ne sont pas encore terminés !

En effet, les lieux de cantonnements n’ont pas été répartis au préalable entre les unités qui doivent occuper le village. Et ce n’est pas une mince affaire que de vouloir loger plusieurs milliers d’hommes ! Entre le 158e, le 149e R.I., et l’artillerie de campagne du 21e C.A.. C’est un peu la pagaille pour placer tout le monde. Finalement, les hommes du  149e R.I. vont prendre une formation de bivouac au carrefour situé à 1000 m au nord-est de l’église de Val-et-Châtillon.

Une grande partie des hommes du régiment va pouvoir enfin se reposer. Deux groupements composés de soldats du 149e R.I., chacun d’une valeur d’une compagnie, veillent sur leur sommeil. Ils sont chargés de couvrir les lieux de cantonnements de la 43e Division. Le premier groupement se trouve à Saussenrupt, le second est à la belle Charmille.

L’ennemi reste offensif, la vigilance est de rigueur.

 Sources :

J.M.O. du 149e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 696/8.

J.M.O. de la 85e brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 520/9.

J.M.O. de la 86e brigade. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 520/13.

« Opérations du 21e Corps d’Armée » Général Legrand-Girarde, aux éditions Plon Nourrit Cie.

Historique du 149e  Régiment d’Infanterie. Épinal. Imprimerie Klein, 1919.

Les archives du Service Historique de la Défense de Vincennes ont été consultées.

La photographie représentant un groupe de soldats du 149e R.I. est antérieure à 1914.

Les cartes du secteur d’Abreschviller qui peuvent se voir ici, ont été réalisées simplement à partir des indications données dans les différents J.M.O. cités dans les sources. La marge d’erreur indiquant les positions et les déplacements des bataillons du 149e R.I. risque d’être assez importante. Elles ne sont donc là que pour se faire une idée approximative des différents lieux occupés par ces bataillons durant la journée du 21 août 1914.

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à É. Mansuy, à M. Porcher et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

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