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149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
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21 janvier 2022

Henri Léon Désiré Vichet (1890-1916)

Henri Leon Desire Vichet

 

Henri Léon Désiré Vichet voit le jour le 3 décembre 1890 à Pontarlier, dans le département du Doubs.

 

Son père, Louis Auguste, est âgé de 23 ans. Il travaille comme distillateur, probablement employé dans une des entreprises fabriquant de l’absinthe. Sa mère, Élisabeth Platel, a 24 ans. Elle n’exerce pas d’activité professionnelle.

 

Une sœur naît en 1892.

 

Genealogie famille Vichet

 

Henri est un élève brillant. Il poursuit sa scolarité bien au-delà de l’école obligatoire. Son registre matricule indique un degré d’instruction de niveau 5, ce qui signifie qu’il est détenteur d’un baccalauréat ; il a obtenu ce diplôme après avoir fréquenté le lycée Carnot de Dijon.

 

Henri Vichet quitte la préfecture de la Côte-d’Or pour poursuivre des études de médecine à l’école de Besançon.

 

Ecole de medecine de Besançon

 

Lorsque le temps des obligations militaires arrive, il se retrouve classé dans la 7e catégorie de la classe 1911. Il peut poursuivre ses études en toute tranquillité.

 

Henri Vichet n’en a pas tout à fait terminé avec sa formation de médecin lorsque l’ordre de mobilisation générale est placardé dans toutes les communes de France, en août 1914.

 

Cet étudiant aux 14 inscriptions (7 années d’études validées) a obligation de rejoindre le dépôt du 149e R.I. le 22 août 1914. Une fois sur place, il est habilité à exercer les fonctions de médecin auxiliaire.

 

Henri Vichet n’a pas reçu de formation militaire. Il est donc invité à rester à l’arrière durant plusieurs semaines.

 

Le jeune homme quitte le dépôt le 30 octobre 1914, avec un petit groupe constitué de cinq officiers, de 18 sous-officiers et d’un soldat. Le 1er novembre, il intègre l’équipe médicale du 1er bataillon du régiment actif installé dans le secteur de Notre-Dame-de-Lorette, en Artois.

 

Ses nouvelles missions sont multiples. Sous l’autorité directe du médecin aide major du bataillon, il se préoccupe de la santé de plusieurs centaines de soldats. Il est chargé des vaccinations, des problèmes d’hygiène. Il veille à ce que les hommes reçoivent, le plus souvent possible, une nourriture correcte. 

 

Les 2e et 3e bataillons sont envoyés en Belgique peu de temps après son arrivée au régiment actif. Le 1er bataillon reste en Artois avant de les rejoindre à la fin du mois de novembre. 

 

L’ensemble du régiment réintègre le secteur de Notre-Dame-de-Lorette à la fin de l’année 1914. Il y restera jusqu’en décembre 1915.

 

Lorsque son régiment est en 1ère ligne, Henri Vichet travaille au poste de secours le plus proche du bataillon pour donner les premiers soins aux blessés. Combien en a-t-il sauvé sur le front d’Artois ? Probablement des dizaines.

 

Le 18 juillet 1915, il est légèrement blessé à la main gauche par un éclat d’obus.

 

Le 13 novembre 1915, Henri Vichet est promu médecin aide-major de 2e classe. Ce changement de grade lui permet de toucher la solde d’un sous-lieutenant.

 

Le 2 janvier 1916, il est muté au 2e bataillon du régiment, sous les ordres du commandant Schalck.

 

Deux mois plus tard, le 149e R.I. est en partance pour Verdun. Les Allemands viennent de lancer une vaste offensive nécessitant l’intervention de nombreuses unités. Il faut à tout prix contenir l’attaque ennemie pour empêcher la prise de la ville.

 

Pour en apprendre davantage sur cette période, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

 

Verdun 30 mars 1916

 

Henry Vichet est tué le 30 mars 1916, suite à l’explosion d’une bombe lâchée par un avion ennemi alors que son régiment était au repos.

 

Certains papiers officiels laissent supposer un décès à l’ambulance n° 3/70 installée à Dugny. La réalité semblerait être toute autre. Les circonstances de la mort de ce médecin sont évoquées de manière très détaillée dans deux témoignages rédigés par des anciens du 149e R.I.. 

 

Le premier, rédigé par L’abbé Henry, aumônier à la 43e D.I., dit ceci :

 

« Le 149, hier également à Dugny, a reçu des bombes d’aéros : Vichet tué, et avec lui, au moins 40 soldats. Vichet était à table dans la salle au 1er. L’éclat d’obus est entré par la fenêtre et est venu lui emporter la tête. Mon Dieu que tout cela est navrant… »

 

Le second, écrit par Henri Pichenet, caporal au 149e R.I., est encore plus explicite.

 

« Dans la salle du premier étage d’un immeuble voisin, où le commandant Schalck, entouré de ses cadres, prend son repas, un éclat est rentré. Il a frappé Vichet, notre major, à la nuque, l’a décapité et a projeté sa matière cérébrale sur tous les convives… »

 

Ces deux extraits établissement de manière certaine et concordante une mort instantanée.

 

Le chef de bataillon Magagnosc, qui assure le commandement par intérim du 149e R.I. depuis la blessure du lieutenant-colonel Abbat, rédige la note suivante dans le feuillet individuel de campagne du médecin aide-major de 2e classe Vichet :

 

« Tué à Dugny par une bombe d’avion ennemi le 30 mars 1916. Médecin très consciencieux, très dévoué, ayant une haute conception de son devoir. S’est fait remarquer maintes fois par sa bravoure, notamment le 9 mai 1915, à Notre-Dame-de-Lorette Il était très estimé, très aimé de tous pour ses belles qualités militaires et professionnelles. »

 

Décorations obtenues : 

 

Croix de guerre avec une palme et une étoile d’argent.

 

Citation à l’ordre de la division  n° 56 en date du 25 mai 1915 :

 

« Dévouement remarquable et inlassable dans la recherche et le transport des blessés, particulièrement au cours des combats du 9 et 13 mai, n’hésitant pas à transporter lui-même, sous un feu des plus vifs, les officiers et hommes blessés. »

 

Citation à l’ordre de l’armée  n° 139 en date du 1er mai 1916 :

 

« Au front depuis le 1er novembre 1914, a pris part, d’abord comme médecin auxiliaire, puis comme médecin aide-major à tous les combats livrés par le régiment et s’est, en toutes circonstances, fait remarquer par le zèle et le dévouement les plus absolus dans les soins qu’il a pratiqués aux blessés jusqu’en première ligne. A notamment assuré d’une façon remarquable, pendant la période du 8 au 17 mars 1916, l’évacuation de tous les blessés, malgré les rafales d’un bombardement les plus violents. Avait été blessé une première fois en juin 1915, a été tué par une bombe d’avion ennemi le 30 mars 1916. »

 

(La date de sa blessure indiquée dans cette citation n’est pas identique à celle relevée dans son dossier individuel disponible au S.H.D. de Vincennes.)

 

Le médecin aide-major de 2e classe Vichet a été fait chevalier de la Légion d’honneur à titre posthume (J.O. du 17 octobre 1919).

 

Henri Vichet ne s’est pas marié et n’a pas eu de descendance. Il repose actuellement dans le cimetière communal de Pontarlier.

 

 

Le nom de ce médecin est inscrit sur le monument aux morts et sur la plaque commémorative de l’église Saint-Bénigne de Pontarlier, sur la plaque commémorative 1914-1918 de l’ancienne école de médecine et de pharmacie de Besançon et sur le monument aux morts du lycée Carnot de Dijon.

 

Monuments aux morts et plaques commémoratives portant le nom de Henri Vichet

 

Sources :

 

Dossier individuel consulté au Service Historique de la Défense de Vincennes.

 

La fiche signalétique et des services du médecin aide major de 2e classe a été lue sur le site des archives départementales du Doubs.

 

Le portrait du médecin aide-major de 2e classe Henri Vichet provient du tableau d’honneur de la guerre 14-18, publié par la revue « l'illustration ».

 

La photographie de la sépulture de cet officier à été réalisée par P. Baude.

 

La carte postale représentant l’école de médecine et de pharmacie de Besançon provient du site « Ville de Besançon, mémoire vive, patrimoine numérisé de Besançon ».

 

Site memoire vive patrimoine numerise de la ville de Besançon

 

Les circonstances de la mort du médecin aide major de 2e classe Vichet sont extraites d’un carnet inédit rédigé par l’abbé Henry, aumônier à la 43e D.I., propriété de J.L. Poisot, et du témoignage inédit rédigé par Henri Pichenet déposé aux archives départementales de la Somme en 2018. Fonds Péricard Cote 179 J 91.

 

Archives départementales de la Somme

 

Les clichés représentant le monument aux morts et la plaque commémorative de l’église Saint-Bénigne de Pontarlier, de la plaque commémorative de l’école de médecine et de pharmacie de Besançon, du monument aux morts du Lycée Carnot de la ville de Dijon ont été trouvés sur le site de « Mémorialgenweb ».

 

Un grand merci à M. Bordes, à F. Charpentier à A. Carobbi, à X. Daugy, à L. Klawinski, à M. Porcher, à J.L. Poisot, au Service Historique de la Défense de Vincennes et aux archives départementales du Doubs et de la Somme.

Commentaires
P
En ces temps mouvementés on pouvait penser qu'au repos ces pauvres soldats étaient en relative sécurité, ce récit, et d'autres également, nous prouve que non. C'est sans compter sur les capacités des nouvelles technologies de l'époque, tant en artillerie que les "aéros", invention relativement récente mais qui aura un rôle si important. Les officiers réunis dans un local au premier étage d'un bâtiment ne s'attendaient certainement pas a être touchés par un obus lâché d'un avion. Merci pour ce récit qui nous démontre la dure vie de nos poilus et le courage qui était le leur. Peut-être un grand médecin en devenir qui a été tué bêtement pour un conflit totalement inutile.
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