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149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
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21 janvier 2022

Maurice Henri Pichenet (1889-1961)

Maurice Henri Pichenet

 

Maurice Henri Pichenet voit le jour le 6 septembre 1889 au domicile parental, situé au n° 6 de la place de l’Hôtel de Ville, à Montigny-le-Roi, dans le département de la Haute-Marne. Son père, Paul Antoine Alexandre a 26 ans. Il travaille dans une épicerie.

 

Le 17 janvier 1889, cet homme s'est remarié avec Marie Cécile Desloges après les décès de sa première épouse et de son fils unique. Marie Cécile, également âgée de 26 ans, ne pratique pas d’activité professionnelle lorsqu’elle donne vie à son fils Henri. Le couple Pichenet n’aura pas d’autre enfant.

 

Montigny-le-Roi

 

La fiche signalétique et des services d’Henri Pichenet mentionne un degré d’instruction de niveau 3. La lecture, l’écriture et le calcul sont donc bien maîtrisés lorsqu’il quitte les bancs de l’école communale. Henri gagne ensuite sa vie comme épicier. 

 

L’année de ses vingt ans, il est déclaré bon pour le service armé par le conseil de révision réuni à la mairie de Montigny-le-Roi. Son départ pour la conscription est prévu en octobre 1910.

 

Incorporé au 149e R.I. d’Épinal, Henri Pichenet intègre la caserne Courcy le 4 octobre. Discipliné et bon soldat, il est encouragé par sa hiérarchie à suivre la formation des élèves caporaux. Il est promu dans ce grade le 26 septembre 1911. Un an plus tard, le chef d’escouade Pichenet retourne à la vie civile avec l’obtention de son certificat de bonne conduite.

 

En avril 1913, le jeune homme vit à Faverney, une petite commune située au nord de Vesoul.

 

L’année suivante, les relations avec l’Allemagne se dégradent à tel point que la  guerre ne peut plus être évitée. Comme des centaines de réservistes, Henri Pichenet doit rejoindre le dépôt du 149e R.I. le 3 août 1914.

 

Son registre matricule ne fournit pas les détails nécessaires à la bonne compréhension de son parcours de fantassin pour les premiers mois du conflit.

 

Malgré ce manque, nous supposons qu’il a participé à la presque totalité des combats effectués par son régiment entre le début des hostilités et la date de son retrait du front en mars 1915.

 

Henri Pichenet souffre de rhumatismes, une maladie probablement à mettre sur le compte des nombreux séjours effectués dans les tranchées humides et glaciales sur les fronts de Belgique et d’Artois.

 

Le 15 mars 1915, il est évacué à l’hôpital n° 25bis à Lyon. Une fois soigné, le caporal Pichenet est dirigé sur le dépôt de convalescence à partir du 29 juin 1915.

 

Trois jours plus tard, il est envoyé en congé de convalescence pour une durée de 15 jours. Le 18, c’est le retour au dépôt du 149e R.I..

 

Henri Pichenet rejoint la zone des combats le 2 octobre 1915 pour être versé à la 7e compagnie du 149e R.I.. Son régiment vient de subir d’énormes pertes après des attaques menées durant plusieurs jours dans le secteur du bois en Hache, en Artois.

 

Mars 1916, le régiment spinalien doit se rendre dans la Meuse. Les Allemands viennent de lancer une grande offensive commencée le 21 février. Ils veulent prendre la ville de Verdun.

 

Durant cette période de la guerre, les compagnies du 149e R.I. vont effectuer deux séjours distincts en 1ère ligne : le premier du 8 au 17 mars, le second, du 31 mars au 10 avril.

 

Henri Pichenet quitte la 7e compagnie au cours du 2e séjour pour être, temporairement, affecté à la 10e compagnie.

 

Le 4 avril 1916, le caporal Pichenet est blessé à proximité du fort de Vaux. Un éclat d’obus frôle la carotide avant de finir sa course à proximité de la clavicule. La mort est évitée de peu.

 

Pour en savoir plus sur les événements qui se sont déroulés au cours de cette journée, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante. 

 

 

Du 7 au 30 avril 1916, il est soigné à l’ambulance des armées n° 10/13. Henri Pichenet bénéficie ensuite d’un congé de convalescence d’une semaine.

 

De retour dans la zone des armées, il est nommé sergent le 19 juin 1916. Sa santé, devenue fragile, lui impose une évacuation à l’ambulance n° 12/1 à partir du 29 août 1916. Une longue période de soins commence.

 

Le sergent Pichenet est, dans un premier temps, pris en charge à l’hôpital n° 16 de Royallieu, près de Compiègne.

 

Le 1er octobre 1916, il est transféré à l’hôpital temporaire n° 54, au château de Beaudiment, dans le département de la Vienne.

 

Le 20 novembre 1916, le sous-officier est envoyé à l’hôpital temporaire n° 12 à Châtellerault. Deux jours plus tard, il obtient un congé de convalescence de 15 jours.

 

Le sergent Pichenet rentre au dépôt le 7 décembre 1916. À partir de cette date, il est impossible de reconstruire son parcours militaire.

 

Sa fiche matricule indique simplement une mutation au 146e R.I. à compter du  2 août 1918.

 

Combien de temps est-il resté au dépôt du 149e R.I. ?  A-t-il été affecté au C.I.D. de la 43e D.I. durant une longue période ? Est-il retourné dans le régiment actif ? Il est difficile de répondre à ces questions.

 

Le dépôt divisionnaire du  21e R.I. de Langres le met en congé illimité de démobilisation à partir du 5 août 1919.

 

Henri Pichenet entre au petit séminaire de Bourbonne-les-Bains juste après le conflit.

 

Il est maintenu au service armé avec un taux d’invalidé inférieur à 10 % pour troubles digestifs, suite à une décision prise par la commission de réforme de Chaumont réunie le 21 juin 1921.

 

Henri Pichenet n’est pas devenu prêtre. Le 7 juin 1927, il épouse Léontine Hélène Delacure à Langres. Le couple aura deux enfants.

 

Le 15 octobre 1930, l’ancien sergent du 149e R.I. passe dans la 2e réserve. Le 10 août 1934, il est inscrit, en tant que père de famille, dans la classe de mobilisation la plus ancienne de la 2e réserve (article 58 de la loi du 31 mars 1928).

 

Dégagé de toutes obligations militaires, il doit tout de même rester à la disposition du ministre de la guerre pour servir, en cas de nécessité, dans la défense passive.

 

Henri Pichenet a exercé les fonctions de secrétaire de la section cantonale des anciens combattants de Montigny-le-Roi durant plusieurs années.

 

Au début des années trente, Jacques Péricard, journaliste et écrivain français, souhaite rédiger un ouvrage consacré à la bataille de Verdun, uniquement construit à partir des témoignages d’anciens combattants. Le 4 octobre 1931, Henri Péchinet lui adresse le courrier suivant :

 

« Mon cher camarade,

 

J’ai lu à plusieurs reprises votre appel en faveur d’une « histoire de Verdun » écrite par les seuls anciens combattants. J’applaudis à votre initiative, mieux encore, je souscris à votre vœu.  C’est, sans doute, une bien faible contribution que la mienne. Je puis du moins affirmer que les deux récits, narrés bien simplement, que je vous communique, ont été vécus en mars-avril 1916, en des heures où l’on faisait bon marché de soi.

 

Si « Jacques des Gachons » dont j’envie tout à la fois et les œuvres et les contes alertes que publie « La Victoire » peut-être satisfait de mon petit grain de sable apporté à son édifice, c’est encore moi qui l’en remercierai. 

 

Agréez, mon cher camarade, l’expression de mes sentiments bien cordialement dévoués.

 

H. Pichenet ex-sergent du 149e R.I. »

 

Deux extraits de ses récits seront publiés dans l’ouvrage de Jacques Péricard.

 

Maurice Henri Pichenet décède le  30 janvier 1961 à Montigny-le-Roi.

 

Il a été décoré de la croix de guerre avec une étoile d’argent.

 

Citation à l’ordre de la division n° 437 en date du  4 mai 1916 :

 

« Pendant les combats d’avril 1916, sous un feu violent, a toujours conservé un sang-froid remarquable, et fait preuve de la plus belle bravoure. A puissamment contribué à la défense d’un ouvrage important où il fut blessé. »

 

Pour prendre connaissance de la généalogie de la famille Pichenet, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

Geneanet

 

Sources :

 

Les informations concernant ce soldat sont extraites de sa fiche signalétique et des services, de son acte de naissance et du registre de recensement de la ville de Montigny-le-Roi de l’année 1906. Tous ces documents ont été consultés sur le site des archives départementales de la Haute-Marne.

 

La lettre rédigée par Henri Pichenet à l’adresse de Jacques Péricard fait partie du fonds Péricard enregistré sous la  cote 179 J 78 aux archives départementales de Somme.

 

Archives départementales de la Somme

 

Le dessin a été réalisé par I. Holgado.

 

Un grand merci à M. Bordes, à F. Charpentier à A. Carrobi, à X. Daugy, à I. Holgado, à L. Klawinski,  aux archives départementales de la Somme et de la Haute-Marne et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

Commentaires
P
Une fois encore merci de nous faire partager les moments émouvants et douloureux de ces valeureux hommes qui ont si vaillamment défendu la France. Sans tous ces braves qui ont vécus tant de douloureuses heures, de conditions atroces que notre esprit ne peut imaginer, avec abnégation et malgré certainement des moments de désespoir, notre patrie est parvenue à se relever et à tenir contre l'adversité. Quand j'entend aujourd'hui que les gens sont stressés ou apathiques juste pour une vie trépidante (sans juger personne) due au travail et notre mode de vie, je me demande dans quel état d'esprit pouvaient-être ces poilus dans les conditions de vie qui ont été la leur ? A la fin de la guerre, pour eux pas de suivi psychologique, pas de traitement post-traumatique, juste la famille pour parler, mais au final impossible pour eux d'exprimer toute l'horreur de la guerre, personne n'était prêt à l'arrière à entendre ça. Quand je me rend sur les champs de bataille de l'Artois, dont le fameux Bois en Hache où le 149ème s'est vaillamment battu, je ne peux m'empêcher d'avoir une pensée émue pour eux. Ne les oublions jamais.
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