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149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
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18 février 2022

Alexandre André Edmond Eugène de Parseval (1896-1918)

Alexandre de Parseval

 

Alexandre André Edmond Eugène de Parseval vient au monde le 29 janvier 1896, au domicile de ses parents, situé au numéro 1 de la rue du moulin de Saint-Étienne, à Senlis, dans le département de l’Oise.

 

Son père, Paul Édouard, est âgé 33 ans. Il vient tout juste d’être nommé capitaine, une promotion qui a entraîné son affectation au 153e R.I., en garnison à Toul, le 30 décembre 1895.

 

Sa mère, Léonie Marie Virginie Escallier, est âgée de 33 ans. Elle éduque déjà deux enfants. Les Parseval donneront encore la vie à trois garçons.

 

Genealogie famille de Parseval

 

Alexandre fait ses études au collège Stanislas à Paris. Devenu bachelier, il choisit de suivre les traces paternelles et celles de son frère aîné. Il tente le concours d’entrée de l’École spéciale militaire de Saint-Cyr. Le jeune homme est reçu aux épreuves écrites. Toutes les chances sont de son côté.

 

Mais les évènements internationaux qui aboutirent à la déclaration de guerre contre l’Allemagne en août 1914 empêchent les futurs admissibles de passer la 2e partie du concours qui ne put avoir lieu.

 

Tout comme ses camarades de la 99e promotion, ultérieurement nommée la Grande Revanche, Alexandre fut déclaré reçu au concours avec dispense des épreuves orales. Pour cause de conflit, les élèves de cette promotion n’auront pas la possibilité de suivre les premiers cours.

 

Le 2 février 1915, Alexandre de Parseval signe un engagement volontaire de 8 ans à la mairie de Châteauroux pour le 90e R.I. au titre de l’école spéciale militaire.

 

C’est en tant que simple soldat qu’il commence ses apprentissages sous l’uniforme à la caserne Bertrand. Alexandre devient élève aspirant après avoir passé des examens les 13 et 14 mars 1915. 

 

Il est nommé aspirant le 25 août, puis sous-lieutenant à titre temporaire le 26 octobre 1915. Le 2 novembre, il est affecté au 149e R.I., une unité dans laquelle sert déjà son frère aîné.

 

Pour en savoir plus sur Georges Joseph Roger de Parseval il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

Georges Joseph Roger de Parseval

 

Le 11 novembre, Alexandre reçoit l’ordre de se rendre sur la ligne de front. Une fois sur place, il lui est demandé de suivre le cours donné au chef de section, prévu au centre d’instruction du 21e C.A., pour parachever sa formation d’officier.

 

Le sous-lieutenant de Parseval effectue ce stage entre le 22 novembre et le 6 décembre 1915.

 

Le lieutenant-colonel Gothié, responsable du 149e R.I., lui confie ensuite le commandement d’une section de sa 5e compagnie. Alexandre n’a pas encore fêté ses 21 ans.

 

À  cette époque du conflit, le 149e R.I. occupe un secteur à proximité d’Aix-Noulette en Artois.

 

Le 31 décembre, Alexandre de Parseval est touché à l’oreille gauche et dans les jambes par plusieurs petits éclats d’obus. Les premiers soins lui sont donnés à l’ambulance de la 81e D.I., installée dans le secteur 104.

 

Le sous-lieutenant de Parseval est ensuite évacué par train sanitaire en direction de la Bretagne. Pris en charge par le personnel soignant de l’hôpital mixte de Lorient à partir du 5 janvier 1916, il reste dans cet établissement pendant 4 mois.

 

Sorti le 11 mai, il est envoyé au dépôt des convalescents de la sous-préfecture du Morbihan avant de partir se reposer à Marmande, entre le 13 mai et le 13 juin 1916.

 

Ce 13 juin, Alexandre de Parseval doit rejoindre le dépôt du 149e R.I.. Le retour au front n’est pas pour de suite.

 

Le 3 septembre, il fait un stage au centre des grenadiers de Langres. Alexandre rentre au dépôt le 13 septembre. Il part de nouveau en formation entre le 18 octobre et le 11 novembre 1916 pour suivre le cours de la série A, dans le centre de mitrailleurs de Chaumont.

 

Donnant pleine satisfaction à ses supérieurs, le jeune officier est maintenu au centre de mitrailleurs de Chaumont encore un mois en tant qu’instructeur auxiliaire pour le cours de la série B.

 

Le directeur du centre, le capitaine Péricot, l’évalue de la manière suivante : « C’est un excellent officier et un excellent instructeur. Très actif, très dévoué, très énergique et très discipliné. Il a de l’initiative, de la décision et beaucoup d’allant. Il a beaucoup travaillé et il s’est intéressé à l’instruction du personnel des équipes de son dépôt.

 

Excellente instruction technique, très bonne instruction pratique, très apte au commandement d’un peloton de mitrailleuses. »

 

Alexandre de Parseval retrouve le dépôt du 149e R.I. le 17 décembre 1916.

 

Le 2 janvier 1917, il est renvoyé dans une unité combattante du 149e R.I.. Cet officier fut intégré durant quelque temps à la 2e compagnie.

 

Le 20 février 1917, Alexandre de Parseval est affecté à la compagnie de mitrailleuses du 1er bataillon du régiment.

 

Il gagne ses galons de lieutenant en avril 1917.

 

Le capitaine Vial, le lieutenant Rejou et le sous-lieutenant de Parseval

 

Le lieutenant-colonel Boigues, responsable du 149e R.I. depuis le 12 mai 1917 note ceci dans le feuillet individuel de campagne du lieutenant de Parseval, à la date du 29 septembre 1917 : « Il a remplacé, pendant plusieurs semaines, son capitaine évacué pour maladie. Malgré son extrême jeunesse, il a su faire preuve d’une réelle autorité et d’une aptitude certaine au commandement. A de belles qualités morales. Actif et courageux. »

 

En février 1918, ce même officier supérieur écrit : «  Montre une maturité au dessus de son âge dans le commandement de sa compagnie de mitrailleuses qu’il dirige bien et avec autorité. Il s’est distingué le 23 octobre 1917 à la bataille de l’Aisne. Officier doué de belles qualités. »

 

Alexandre de Parseval est nommé dans le grade supérieur à titre temporaire à partir du 19 mai 1918.

 

Dix jours plus tard, il est blessé, touché par une balle au cours des combats qui eurent lieu dans le secteur de Cuiry-Housse, au sud-est de Soissons.

 

Pour en savoir plus sur la journée du 29 mai 1918, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

 

 

Les lieux d’hospitalisation et de convalescence où il fut soigné ne sont pas connus, tout comme la date de son retour au sein du régiment.

 

Le 26 octobre 1918, le capitaine de Parseval, qui commande la 3e compagnie du 149e R.I. depuis seulement 18 jours, est mortellement blessé par une balle reçue dans la poitrine. Il meurt aux alentours de 10 h 00, durant l’attaque de la Hunding-Stellung, près d’une carrière située à environ 400 m à l’ouest de Banogne.

 

Pour en savoir plus sur l’attaque de la Hunding Stellung, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

 

26 octobre 1918

 

Ce jeune capitaine allait bientôt fêter ses 23 ans. Il fut le dernier des officiers du 149e R.I. à être tué durant le conflit.

 

Les circonstances de sa mort sont évoquées dans un des carnets rédigés par l’aumônier Henry à plusieurs reprises. Voici ce que celui-ci a écrit :

 

Extrait du carnet pour la journée du 26 octobre 1918 

 

« …Le capitaine de Parseval est tué. Un blessé nous en apporte la nouvelle. Sa compagnie était la plus avancée ; il voulut se rendre compte de ses liaisons avec les compagnies voisines ; il se leva ; ce fut un geste malheureux ; vu, il fut aussitôt visé, atteint par une balle ; il tomba en criant : « A moi ! » et s’écroula sans pouvoir dire un mot.  « Nous perdons gros, s’il est vraiment tué ! » ajoute le blessé dont le chagrin est réel et profond.

 

Il était fort aimé de ses hommes ; il avait pour lui la séduction de la jeunesse, de la bravoure, du dévouement à ses hommes. Sa mort mettra en deuil le régiment tout entier qui était fier de ce capitaine de 22 ans. L’état-major, où sa place semblait marquée à côté de son frère, partagera ces regrets. Capitaine à 22 ans, deux fois blessés, intelligent, soldat de race, il voyait devant lui s’ouvrir l’avenir le plus brillant. C’était trop beau ! Dieu a coupé cette fleur brillante. Pauvre frère ! Pauvres parents ! »

 

Extrait du carnet pour la journée du 27 octobre 1918 

 

« … Le corps de ce pauvre de Parseval a été ramené dans la nuit. Une balle dans la poitrine cela a suffi. La mort n’a point défiguré cette figure qui a conservé sa jeunesse. Il faut, avant de l’emmener plus loin, prévenir son frère aîné, capitaine à l’Infanterie divisionnaire. C’est le Docteur Rouquier qui s’en charge. Scène pénible, toute en larmes. »

 

Extrait du carnet pour la journée du 28 octobre 1918 

 

L’aumônier Henry rapporte dans son journal une conversation qu’il a eue avec le général Michel, chef de la 43e D.I. à propos de la mort du capitaine de Parseval.

 

« Mon général, nous nous doutons bien que nous jugeons mal de l’opportunité ou de l’inutilité des efforts qui sont demandés et que les chefs ont des raisons qui nous échappent. Il n’en est pas moins vrai que quand le succès immédiat couronne leurs efforts, les soldats sont plus encouragés.

 

Les dernières affaires ont été coûteuses. Les pertes ont été sensibles peut-être plus encore par la qualité que par la quantité ! Ah oui ! reprend le général, il y a ce petit de Parseval ; c’est une perte douloureuse, oui, ce sont les plus courageux les meilleurs qui tombent !… Je n’ai pas été surpris… Il était marqué celui-là ! »

 

Le médecin aide major de 2e classe Raymond Bonnefous, ami du capitaine, évoque son ressenti, dans une lettre adressée à sa mère, datée du  29 octobre 1918.

 

«… Mon bataillon, qui avait fourni une compagnie d’attaque, a perdu son meilleur officier, le petit de Parseval (22 ans), tué d’une balle. Jamais la mort d’un officier ne m’a été aussi pénible. Pendant la dernière période de repos, où il nous avait rejoint, nous avions passé toutes nos journées ensemble, et nous nous entendions très bien. Ses hommes l’adoraient et il avait dans l’armée un très brillant avenir. »

 

Alexandre de Parseval est inhumé par les soins du G.B.D. de la 43e D.I. au cimetière militaire de la ferme du Tremblot, dans une sépulture portant le numéro 46.

 

Son corps a été restitué à la famille dans les années 20. Le nom du cimetière où il repose actuellement n’est pas connu.

 

Decoration capitaine de Parseval

 

Décorations obtenues :

 

Croix de guerre avec 3 palmes et une étoile d’argent

 

Cité à l’ordre de la 43e Division d’Infanterie n° 103 du 15 janvier 1916.

 

« Jeune officier, brave, énergique, plein d’allant, exemple de courage et d’abnégation pour ses hommes. Blessé le 31 décembre 1915 devant Angres en maintenant sa section sous un bombardement des plus violents. »

 

Cité à l’ordre de la VIArmée n° 27 en date du 30 novembre 1917.

 

« Jeune officier commandant la compagnie de mitrailleuses, d’une bravoure, d’un calme et d’un jugement remarquables. À l’attaque du 23 octobre 1917 est parti avec la première vague. Arrêté par un feu intense de mitrailleuses, a donné l’exemple de la plus belle bravoure, en commençant lui-même la progression, l’outil à la main pour la réduction de ses mitrailleuses. »

 

Cité à l’ordre de la VIArmée n° 604 en date du 15 juillet 1918.

 

« N’a pas hésité sous un feu violent de mitrailleuses à se porter en avant de la ligne pour reconnaître des emplacements de mitrailleuses. A été blessé au cours de cette mission en faisant preuve de la plus grande bravoure. »

 

Cité à l’ordre de la VArmée en date du 7 décembre 1918.

 

« Officier d’élite. Les 25 et 26 octobre 1918 a entraîné sa compagnie à l’assaut de positions puissamment défendues, exécutant une importante progression sous un feu de mitrailleuses et d’artillerie d’une violence inouïe. A été mortellement blessé, au moment où, parmi les éléments les plus avancés de sa compagnie, il observait le mouvement de l’ennemi. »

 

Pour visualiser la généalogie de cet officier, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

Geneanet

 

Pour prendre connaissance de la généalogie de la famille de Parseval, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

Les Parseval et leurs alliances - genealogie et souvenirs de famille - Copie

 

Sources :

 

Dossier personnel consulté au Service Historique de la Défense de Vincennes.

 

Fiche signalétique et des services lue sur le site des archives départementales de l’Indre.

 

« Livre d’or de la promotion de la Grande Revanche, Saint-Cyr 1914. »

 

Témoignage inédit de l’abbé Henry.

 

Correspondance inédite du médecin aide major de 2e classe Raymond Bonnefous.

 

 La carte avec les chars a été réalisée par « Tanker » un intervenant du forum « Pages 14-18 ».

 

La photographie de groupe présentée dans le 1er montage fait partie du fonds Raymond Bonnefous propriété de N. Bauer.

 

Le capitaine Alexandre de Parseval est évoqué dans le roman de Nathalie Bauer « Des garçons d’avenir » publié aux éditions Philippe Rey en 2011.

 

Contrôle nominatif du 4e trimestre 1915 du 149e R.I. des malades et des blessés traités dans les formations sanitaires détenu par les archives médicales hospitalières des Armées de Limoges.

 

Un grand merci à N. Bauer, à M. Bordes, à A. Carrobi, à J.L.Poisot, à M. Porcher, à la famille de Parseval, au Service Historique de la Défense de Vincennes et aux archives médicales hospitalières des Armées de Limoges.

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