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149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
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11 février 2022

Gaston Edmond Viard (1888-1918)

Gaston Edmond Viard

 

Gaston Edmond Viard est né le 18 novembre 1888 à Saint-Didier, faubourg de Langres, au domicile parental, dans le département de la Haute-Marne.

 

Sa mère, Marie Reine Détourbet, est âgée de 25 ans. Elle vient de donner vie à son 2e fils. Son père, Alphonse Didier, a 35 ans. Alphonse et Marie travaillent tous les deux comme jardiniers.

 

Très bon élève, Gaston continue ses études jusqu’au lycée. Une fois son baccalauréat obtenu, ses parents l’inscrivent à l’institut national agronomique de Versailles où il suit les cours à partir de 1908.

 

La même année, le jeune homme est déclaré « bon pour le service armé ». Le fait de poursuivre des études supérieures lui octroie le droit de ne pas être incorporé avec les éléments de sa classe.

 

Le 2 avril 1909, le conseil de révision de la Haute-Marne lui accorde un sursis supplémentaire d’un an. Gaston devra effectuer ses obligations militaires à la fin de ses études.

 

Le 5 octobre 1910, il intègre le 149e R.I., une unité qui tient garnison à Épinal. Le nouveau conscrit est affecté à la 5e compagnie du régiment dès son arrivée à la caserne Courcy.

 

5e compagnie du 149e R

 

Il a deux ans de plus que la plupart de ses camarades de classe. Sa maturité et son niveau scolaire très élevé lui offrent la possibilité de suivre les cours du peloton d’instruction des élèves caporaux, grade qu’il obtient le 26 septembre 1911.

 

Gaston ne souhaite pas faire de carrière militaire. Il est envoyé dans la disponibilité de l’armée active le 25 septembre 1912, à la fin de ses deux années de service obligatoire. Une fois son uniforme restitué à l’habillement, il se retire à Brennes, où ses parents se sont installés depuis peu, avec son certificat de bonne conduite en poche.

 

Il passe avec succès le concours de vérificateur-rédacteur au crédit foncier de France. Devenu inspecteur à la division des prêts hypothécaires, il s’installe à Paris pour exercer ses nouvelles fonctions professionnelles.

 

L’équilibre politique européen est devenu instable après l’attentat de Sarajevo survenu le 28 juin 1914. Un conflit armé contre l’Allemagne est sur le point d’éclater à la fin du mois suivant.

 

Gaston Viard reçoit un ordre de mobilisation individuel à son domicile, situé au 29 avenue de Tourville, dans le 7e arrondissement. Il retrouve son ancien régiment le 1er  août.

 

Le caporal Viard reste au dépôt durant les 20 jours suivants. Il rejoint le régiment actif juste à temps pour participer aux combats dans le secteur de Menil-sur-Belvitte. Le 149e R.I. retraite, talonné par les Allemands.

 

Sa présence au front est de courte durée. Blessé par une balle reçue à la main droite le 25 août, il est évacué vers l’arrière pour être soigné à l’hôpital n° 57 de Saint-Amand-Montrond, dans le département du Cher.

 

Une fois rétabli, Gaston Viard est renvoyé au dépôt du 149e R.I. à la date du 30 septembre 1914. Les compagnies de dépôt ont été transférées depuis peu à Rolampont dans le département de la Haute-Marne.

 

Rolampont

 

Le caporal Viard ne rejoint pas la ligne de front avant plusieurs mois. Les documents consultés ne permettent pas de savoir ce qu’il a fait durant cette longue période. Ils nous informent simplement qu’il est de retour au régiment actif à la date du 21 mai 1915 pour être aussitôt affecté à la 3e compagnie.

 

Huit jours plus tard, le régiment attaque pour la énième fois dans le secteur d’Aix-Noulette. Gaston Viard est de nouveau blessé à la main droite. Cette fois-ci, il est touché par des éclats de bombe.

 

Comme le présume sa fiche signalétique et des services, il aurait probablement été soigné à proximité de la zone de front, ce qui laisserait supposer une blessure légère. La date exacte de son retour au régiment actif n’est pas connue.

 

Nous savons simplement qu’il occupe les fonctions de caporal fourrier à la 3e compagnie à la date du 23 juillet 1915, puis celles de sergent fourrier à partir du 9 octobre, dans la même unité.

 

Durant cette période, ses missions, plus proches de l’intendance que du Lebel, lui ont probablement offert une protection relative lorsque sa compagnie se trouvait en 1ère ligne, notamment en Artois en septembre 1915 et à Verdun en mars et en avril 1916.

 

Le 9 octobre 1916, Gaston Viard est de nouveau sergent de compagnie. Il prend le commandement d’une section de la 3e. Il n’attend pas bien longtemps pour se faire remarquer par ses supérieurs. Le 17, il est cité à l’ordre du régiment.

 

Le 1er décembre 1916, le sergent Viard est nommé sous-lieutenant à titre temporaire. Le lieutenant-colonel Pineau, responsable du 149e R.I. depuis la capture du lieutenant-colonel Gothié, lui confie le commandement d’une des sections de sa 2e compagnie à partir du 13. Dix jours plus tard, il rédige la note suivante dans le feuillet individuel de campagne du jeune sous-lieutenant :

 

« Venu des sergents du corps, s’est montré chef de section énergique, allant, solide, sur lequel on pouvait compter. A montré de réelles qualités militaires qui en feront, sans aucun doute, un excellent officier. »

 

L’année suivante, le 149e R.I. occupe plusieurs secteurs à proximité du chemin des Dames. La zone est très exposée, mais le régiment n’est pas engagé dans une grande offensive avant le mois d’octobre.

 

Le sous-lieutenant Viard est un officier fraîchement nommé, sorti du rang. Il doit être instruit à l’art du commandement. Envoyé en stages à plusieurs reprises, il effectue une 1ère période de formation sur le fusil mitrailleur du 12 au 20 février 1917, une seconde période de formation sur le fusil R.S.C. (Ribeyrolle Sutter Chauchat) du 19 avril au 26 avril puis une 3e période de formation sur les grenades du 12 au 21 juillet.

 

Gaston Viard est ensuite nommé responsable des cuisines et des voitures à eau. Il participe de manière indirecte à la bataille de la Malmaison du 23 octobre 1917.

 

Le 1er novembre 1917, le lieutenant-colonel Boigues écrit : « Rien n’a été modifié au jugement posé sur le sous-lieutenant Viard au semestre précédent. A pris la direction du T.C. à l’attaque du 23 octobre 1917. Il a très bien assuré ce commandement modeste, mais très délicat. »

 

Le 27 novembre 1917, Gaston Viard est de nouveau affecté à la 3e compagnie du 149e R.I..

 

Fin mai 1918, le 149e R.I. tente, avec toutes les unités des 4e et 43e D.I., de mettre fin à une vaste offensive allemande lancée sur le chemin des Dames, entre le moulin de Laffaux et la ville de Reims. Les combats sont rudes, mais l’attaque ennemie finit par être contenue. Le sous-lieutenant Viard est cité à l’ordre du corps d'armé.

 

Pour en apprendre davantage sur cette période, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

 

Arcy-Sainte-Restitue

 

Le 15 juillet 1918, les Allemands attaquent en Champagne dans le secteur du trou Bricot. Le 149e R.I. résiste sur sa position. Il est impossible de dire si le sous-lieutenant Viard a participé aux combats, ou non. Les informations fournies par sa fiche matricule et par son dossier individuel, ne permettent pas de le dire.

 

Le 11 septembre 1918, le capitaine Kaetzel écrit ceci sur son subordonné tout juste versé à la 7e compagnie: « Quoique n’ayant que depuis peu cet officier sous mes ordres, j’ai été à même de le juger très favorablement. Excellent officier, ayant une bonne instruction générale et une excellente éducation, très énergique, possède une grande autorité sur ses hommes. »

 

Le chef de bataillon Froment ajoute « Le lieutenant Viard paraît devoir faire un bon commandant de compagnie. Il suit dans ce but le cours fait au G.A.. Bonne éducation, belle conduite au feu. »

 

Gaston Viard est promu sous-lieutenant à titre définitif le 25 septembre.

 

Le sous-lieutenant Viard meurt à l’âge de 29 ans, dans la nuit du 24 au 25 octobre 1918, durant l’attaque de la Hunding-Stellung. Une rafale d’obus de gros calibres tombe près de lui. Son corps est criblé d’éclats. La mort est instantanée.

 

L’aumônier Henry évoque la fin de cet officier dans un de ses carnets.

 

« Le lieutenant Viard est tué ! Il a été tué hier, dans la nuit. Il fait partie des cinq signalés comme tués. Il paraît que son corps était tellement abîmé qu’il était complètement méconnaissable. Dieu l’accueille dans son saint Paradis ! J’aime à me rappeler que je l’ai vu à la messe le dimanche ; c’était un bon camarade et un chef sympathique. Je n’en ai entendu dire que du bien ; en plus, c’était un modeste. »

 

Gaston Viard est dans un premier temps inhumé par le  G.B.D. 43, dans la tombe n° 20 du petit cimetière construit à proximité de la ferme Tremblot.

 

Pour en apprendre davantage sur cette période, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

25 et 26 octobre 1918 bataille de la Hunding-Stellung

 

Le 4 juin 1920, il est exhumé puis déplacé au cimetière militaire de le Thour. Sa nouvelle sépulture est enregistrée sous le n° 568.

 

Le corps de Gaston Viard est à nouveau sorti de terre le 4 avril 1923. Cette fois-ci, il est définitivement enterré dans la nécropole nationale de Rethel dans une tombe portant le n° 2096.

 

 

Décorations obtenues 

 

Croix de guerre avec une palme, une étoile de vermeil, une étoile d’argent et une étoile de bronze.

 

Citation à l’ordre du régiment n° 267 en date du 1er novembre 1916 :

 

« Chef de section d’un sang-froid et d’un coup d’œil remarquables. Le 17 octobre 1916, la compagnie devant occuper, pendant la nuit, une position ennemie, a conduit sa section dans un ordre parfait et a su obtenir de ses hommes, le plus grand rendement dans l’organisation de la position. Blessé deux fois au cours de la campagne. »

 

Citation à l’ordre du 21e C.A. n° 211  en date du 9 juillet 1918 :

 

« Officier au front depuis le début, s’est toujours fait remarquer par son courage, notamment le 31 mai 1918, où il est resté sur une position pendant plus d’une heure, sous un feu très intense de mitrailleuses ennemies, criant à haute voix : ʺNous tiendrons jusqu’au bout. »

 

Citation à l’ordre de la division n° 362 en date du 14 août 1918 :

 

« Chargé avec sa section d’enlever un groupe de combat ennemi, s’est montré d’une bravoure et d’une conscience exemplaires en enlevant la position et s’y maintenant malgré les contre-attaques successives. »

 

Citation à l’ordre de l’armée (J.O. du 25 mars 1920) :

 

« Officier du plus beau courage. Au front depuis la guerre, s’est toujours fait remarquer par son entrain et sa bravoure au combat ; est tombé glorieusement le 25 octobre 1918, en se portant à l’attaque des positions ennemies. »

 

Chevalier de la Légion d’honneur à titre posthume (J.O. du 25 janvier 1920)

 

« Officier du plus beau courage, au front depuis le début de la guerre, s’est toujours fait remarquer par sa bravoure et son entrain au combat. Est tombé glorieusement, le 25 octobre 1918, en se portant à l’attaque des positions ennemies. A été cité. »

 

Monuments aux morts de Langres et de Brennes

 

Le sous-lieutenant Viard a son nom gravé sur les monuments aux morts de Langres et de Brennes. Il est également inscrit sur le monument aux morts de la colline des Fourches de Langres.

 

Pour prendre connaissance de la généalogie de la famille Viard, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

Geneanet

 

Gaston Viard  ne s’est pas marié et n’a pas eu de descendance.

 

Sources :

 

Dossier individuel consulté au Service Historique de la Défense de Vincennes.

 

La fiche signalétique et des services et l’acte de naissance du sous-lieutenant Viard ont été lus sur le site des archives départementales de la Haute-Marne. Son acte de décès a été visionné sur le site des archives de la ville de Paris.

 

Livre d’or « À la mémoire des anciens élèves et élèves de l’institut national agronomique morts pour la défense du sol français. »

 

Témoignage inédit de l'abbé Henry

 

Les clichés représentant les monuments aux morts de Langres et de Brennes proviennent du site « Mémorialgenweb ».

 

La photographie de la sépulture du sous-lieutenant Viard a été réalisée par J.F. Pierron.

 

Un grand merci à M. Bordes, à P. Baude, à A. Carobbi, à J.F. Pierron, à J.L. Poisot, à M. Porcher, au S.H.D. de Vincennes et aux archives départementales de la Haute-Marne.

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