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149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
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17 décembre 2021

Émile Auguste Nicolas Chevalier (1894-1918)

Emile Auguste Nicolas Chevalier

 

Émile Auguste Nicolas Chevalier naît le 26 novembre 1894, à Corgirnon, une petite commune du département de la Haute-Marne. Il voit le jour dans la maison de ses grands-parents maternels où vivent également ses parents.

 

Sa mère, Marie Louise Voirey, est âgée de 33 ans. Elle n’exerce pas d’activité professionnelle. Son père, Auguste Alexandre, a 29 ans. Il travaille comme cultivateur.

 

Une sœur naît le 21 février 1901. Le couple Chevalier n’aura pas d’autres enfants.

 

Le nom du père n’est pas inscrit sur le registre de recensement de l’année 1901, au domicile des grands-parents maternels. Seuls y figurent ceux de son épouse et de ses deux enfants. Nicolas, le grand-père, ancien cultivateur, est devenu propriétaire exploitant. En 1906, cet homme, qui a perdu son épouse, est devenu trop vieux pour exploiter ses terres. Il les confie à son gendre, Auguste Alexandre. Malgré son âge, Nicolas continue de gagner sa vie comme ouvrier agricole.

 

La fiche matricule d’Émile Auguste Nicolas Chevalier indique un degré d’instruction de niveau 3. Il sait correctement lire, écrire et compter lorsqu’il quitte l’école communale.

 

Sur les traces de son grand-père maternel et de son père, Émile devient à son tour ouvrier agricole en travaillant sur l’exploitation familiale.

 

Corgirnon

 

Émile Chevalier fête ses 20 ans en 1914. C’est l’année où il doit se présenter devant le conseil de révision. Déclaré apte aux obligations militaires, il devrait normalement commencer sa conscription en octobre. Mais la situation européenne, de plus en plus tendue, en décidera autrement. Un nouveau conflit armé contre l’Allemagne débute en août 1914. La classe d’Émile se retrouve appelée par anticipation. Le jeune conscrit reçoit sa feuille de route peu de temps après le début des hostilités.

 

Elle lui impose une présence au dépôt du 149e R.I. pour le 1er septembre 1914. Ce dépôt, initialement implanté à Épinal, a été déplacé à Jorquenay à partir du 4 août.

 

Les cantonnements sont trop exigus pour accueillir les nouveaux arrivants. Le logement chez l’habitant n’est plus possible. Il faut prévoir un nouveau déplacement du dépôt. Celui-ci a lieu le 21 septembre. Les hommes s’installent à Rolampont, une petite commune située au nord-ouest de Jorquenay.

 

Les conditions de vie sont éprouvantes. La formation militaire est accélérée. Il faut envoyer tous les hommes de la classe 1914 sur la ligne de front au plus vite et avec un minimum d’instruction militaire.

 

En novembre 1914, Émile Chevalier, rejoint le régiment actif avec un renfort de jeunes soldats. Il est affecté à la 10e compagnie qui vient de subir d’importantes pertes ; ces pertes ont eu lieu au cours d’un combat mené dans le secteur de Wytschaete le 5 novembre.

 

Fin décembre, le 149e R.I. quitte la Belgique. Il s'installe en Artois près de Notre-Dame-de-Lorette, un secteur qu'il occupera jusqu'au mois de décembre 1915.

 

La fiche matricule d'Émile Chevalier nous apprend qu’il devient soldat de 1ère classe le 13 février 1915 avant d'être nommé caporal le 14 mai 1915.

 

Le jeune homme est touché par un éclat d’obus en juillet 1915. Il est noté sur sa fiche signalétique et des services qu’il a été blessé le 15.

 

Le contrôle nominatif du 3e trimestre 1915 du 149e R.I. ( concernant les malades et les blessés traités dans les formations sanitaires ) indique la date du 13 juillet. Son nom n’apparaît pas, sur les listes de juillet, dans l’état des pertes du 149e R.I..

 

Pris en charge par l’ambulance 2/66 du 21e C.A., Émile est envoyé vers l’arrière pour y subir les soins appropriés.

 

La date de son retour dans la zone des armées n’est pas connue. Il est donc impossible de retracer son parcours de combattant durant une longue période. A-t-il participé à la bataille de Verdun en mars-avril 1916 ? Difficile de l’affirmer !

 

Nous savons simplement que le caporal Chevalier a été nommé sergent le 19 septembre 1916, peu de temps après la reprise du village de Soyécourt, dans le département de la Somme.

 

Une photographie réalisée le 10 avril 1917 dans le Haut-Rhin, près de Belfort, confirme toujours sa présence au sein des sous-officiers de la 10e compagnie du 149e R.I..

 

Les sous-officiers de la 10e compagnie du 149e R

 

Le même cliché figure à l’intérieur de l’ouvrage de Francis Barbe « Et le temps, à nous, est compté » à la page 179. Tous les sous-officiers représentés y sont clairement identifiés.

 

Quelques semaines plus tard, la 10e compagnie est en 1ère ligne du côté d’Aizy-Jouy, à proximité du chemin des Dames. La zone est dangereuse. Elle est régulièrement exposée aux tirs de l’artillerie allemande.

 

Le sergent Chevalier participe à la bataille de la Malmaison. Le 23 octobre 1917, sa compagnie est envoyée en tête d’attaque avec le reste du 3e bataillon dans la 2e phase de l’opération, après avoir été en soutien d’offensive durant la 1ère phase. Il reçoit une citation à l’ordre de la division pour ses actions au feu.

 

Pour en apprendre davantage sur cet évènement, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

 

 

Le 15 juillet 1918, les Allemands attaquent en Champagne dans le secteur du trou Bricot. Le 149e R.I. défend fermement sa position.

 

Le sergent Chevalier manque à l’appel du soir. Personne ne l’a vu tomber sur le champ de bataille. Les deux témoins nécessaires à la validation administrative de sa mort ne se présenteront pas devant l’officier d’état civil chargé de l’enregistrement des décès. Émile Chevalier a probablement été inscrit comme disparu dans les listes des pertes du 149e R.I. pour cette journée.

 

La famille, ne recevant plus de nouvelles, s’inquiète fortement. Elle entreprend des démarches auprès des instances officielles pour tenter d’en savoir plus. Les parents espèrent leur fils en captivité. Le retour fait par le Comité international de la Croix rouge n’est pas rassurant. Il n’y a aucun prisonnier répondant au nom d’Émile Auguste Nicolas Chevalier enregistré sur les listes des prisonniers en Allemagne.

 

 

Le 11 novembre 1921, le tribunal de Langres officialise le décès du sergent Chevalier en le déclarant « mort pour la France » à la date du 15 juillet 1918.

 

Émile Chevalier ne s’est pas marié et n’a pas eu de descendance.

 

Il n’a pas été retrouvé de sépulture individuelle militaire à son nom.

 

Le sergent Chevalier a été décoré de la croix de guerre avec une étoile de vermeil, une étoile d’argent et une étoile de bronze.

 

Citation à l’ordre du régiment n° 257 en date du 11 juillet 1915 :

 

« A, par beaucoup d’initiative et de dévouement, aidé son chef de section dans l’organisation des positions conquises, a fait preuve d’un grand courage. »

 

Citation à l’ordre de la 43e D.I. n° 267 en date du 27 novembre 1917 :

 

« Sous-officier très brave, a brillamment entraîné sa troupe à l’assaut d’une position très fortement organisée. Une blessure, une citation. »

 

La Médaille militaire lui a été attribuée à titre posthume. Cette décoration donne également droit au port d’une étoile de vermeil sur sa croix de guerre (publication dans le J.O. du 4 janvier 1923).

 

L’acte de décès de ce sous-officier a été transcrit le 18 novembre 1921 à la mairie de Corgirnon.

 

Monument aux morts, calvaire et monument commémoratif de l'église de Corgirnon

 

Le nom de cet homme a été inscrit sur le monument aux morts, sur le calvaire placé à l’intérieur du cimetière et sur le monument commémoratif de l’église de la commune de Corgirnon.

 

La généalogie de la famille Chevalier est consultable sur le site « Généanet ».

 

log geneanet

 

Sources :

 

La Fiche signalétique et des services du sergent Chevalier et les registres de recensements des années 1896, 1906, 1911 et 1921 de la commune de Corgirnon ont été consultés sur le site des archives départementales de la Haute-Marne.

 

Contrôle nominatif du 3e trimestre 1915 du 149e R.I. des malades et des blessés traités dans les formations sanitaires détenu par les archives médicales hospitalières des Armées de Limoges.

 

La photographie de groupe est extraite du fonds Gérard (collection personnelle).

 

« Et le temps, à nous, est compté » Lettres de guerre 1914-1919. Albert Marquand, présentation de Francis Barbe, postface du général André Bach. C'est-à-dire Éditions mille mots chuchotés. 2011.

 

Un grand merci à M. Bordes, à R. Mioque, à F. Barbe, à A. Carobbi, T. Vallé, aux archives départementales de la Haute-Marne, au Service Historique de la Défense de Vincennes et aux archives médicales hospitalières des Armées de Limoges. 

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