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149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
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24 juin 2022

Frédéric François Gothié (1866-1940)

Frederic François Gothie

 

Enfance et jeunesse

 

Frédéric François Gothié naît le 22 janvier 1866 à Pisdorf (Bischtroff), un petit village situé près de Sarre-Union, dans le département du Bas-Rhin. Son père, Frédéric, âgé de 44 ans, sergent maître d’armes aux armées du Second Empire, est titulaire de la Médaille militaire et de la médaille d'Italie.

 

Sa mère, Christine Bauer, fille d’un charron de Zollingen, est âgée de 28 ans. Elle a déjà donné naissance à une petite fille, prénommée Marie, venue au monde en 1862.

 

Frédéric Gothié et Christine Bauer se sont mariés le 7 mars 1860 à Philippeville (Skikda) en Algérie. Ils ont opté pour la nationalité française après la guerre de 1870-1871. Une fois la carrière militaire du père achevée, les Gothié s’installent à Collonges-au-Mont-d’Or, dans la banlieue nord de Lyon. L’ancien sergent maître d’armes y a obtenu un emploi réservé à l’octroi du pont de la commune.

 

Scolarité 

 

Frédéric fait ses classes primaires à Collonges-au-Mont-d’Or. Il poursuit ses études au collège de Vienne. C’est un très bon élève. Un bulletin de notes datant de cette époque donne les appréciations suivantes : « Excellent élève sous tous les rapports ; travaille avec application et intelligence. Il fait des progrès très marqués dans toutes les parties. Il nous donne pour l’avenir les meilleures espérances. »

 

Sa classe de 3e est composée d’une cinquantaine élèves. Frédéric est alors âgé de 14 ans.

 

Il est second en récitation, 3e en allemand et en latin, 8e en mathématiques et version grecque et 9e en géographie.

 

Le jeune Gothié intègre le lycée de Saint-Rambert après sa sortie du collège. Il rejoint le lycée de Lyon pour suivre les cours des classes de préparation aux grandes écoles.

 

À l’âge de 19 ans, il est noté comme étant un peu trop léger d’esprit en mathématiques spéciales. Il est dit qu’il doit faire des efforts s’il veut y arriver… Dissipé à certaines heures, mais sans plus, il n’en arrive pas moins à décrocher le baccalauréat es sciences.

 

Une fois ses études scolaires achevées, Frédéric Gothié choisit d’embrasser la carrière militaire.

 

Son degré d’instruction de niveau 5 lui permet de tenter le concours d’entrée de l’école spéciale militaire, une épreuve qu’il réussit sans aucune difficulté.

 

Issu d’une famille modeste, le jeune Gothié obtient une bourse pour entreprendre ses études. Son père signe une décharge pour rembourser les frais de formation en cas de non-respect du contrat.

 

Premières années sous l’uniforme

 

Frédéric Gothié est dans l’obligation de contracter un engagement volontaire pour intégrer la 71e promotion saint-cyrienne dite promotion de Châlons. Le 27 octobre 1886, il se rend à la mairie du 1er arrondissement de Lyon pour y signer un contrat de cinq ans.

 

Ce futur Saint-Cyrien a également été inscrit sur la liste de recrutement de la classe de 1886 de la subdivision de Lyon ; il a le n° 123 au tirage au sort du canton de Neuville ; il est enregistré sous le n° 356 au registre matricule de recrutement.

 

Le 23 juin 1887, son adjudant le punit de deux jours de salle de police pour mauvaise tenue dans le rang et pour avoir ri à l’annonce d’une punition de consigne.

 

Frédéric est nommé caporal le 1er octobre 1887.

 

Le 9 août 1888, son capitaine lui inflige deux jours de salle de police pour mollesse au cours d’une séance de tir.

 

Il quitte l’école spéciale militaire le 1er octobre 1888 avec le grade de sous-lieutenant. Classé 101e sur 406 diplômés, il est affecté au 105e R.I. de Riom.

 

Caserne d'Anterroche Riom 105e R

 

Fréderic Gothié entre à l’école normale de gymnastique de Joinville le 1er août 1889 ; il y obtient la médaille d’argent, prix unique d’épée. Classé 10e sur 33 élèves, le jeune sous-lieutenant est jugé comme suit : « Officier sérieux, a travaillé toutes les parties et malgré son peu d’aptitude pour la gymnastique, est parvenu à sortir dans un rang très honorable, à même de diriger les exercices physiques de son bataillon. »

 

Il suit les cours de l’école de tir de la Valbonne du 1er novembre 1890 au 28 février 1891. Le sous-lieutenant Gothié est classé 10e sur 72 élèves avec l’appréciation suivante : « A montré le plus grand zèle, très bon instructeur, sait très bien régler les différents feux, apprécie assez bien les distances à la vue et au télémètre. Très bon tireur, peut-être utilement utilisé à l’instruction théorique et pratique des officiers et sous-officiers. »

 

Progression de carrière

 

Frédéric Gothié obtient les galons de  lieutenant le 15 juillet 1891. Il tente et réussit le concours d’entrée de l’école supérieure de guerre. Une décision ministérielle du 20 avril 1894 l’autorise à suivre les cours à partir du 1er novembre. Il s’installe à Paris le temps de ses études.

 

Le lieutenant Gothié obtient son brevet d’état-major en novembre 1896 avec la mention « bien », classé 51e sur 80 élèves.

 

À partir du 16 novembre 1896, il poursuit sa carrière d’officier à Nîmes en tant que stagiaire à l’état-major de la 59e brigade rattachée à la 30e D.I..

 

Frédéric Gothié fait la connaissance de Louise Guérin qu’il épouse le 14 décembre 1897. Trois enfants naîtront de cette union : Pierre et Marcel qui feront plus tard une belle carrière militaire et Simone, la cadette, qui deviendra médecin.

 

Mariage de Frederic Gothie et de Louise Guerin

 

Le lieutenant Gothié est promu capitaine le 12 juillet 1898. Il occupe les fonctions d’officier d’ordonnance à l’état-major de la 59e brigade depuis plusieurs mois.

 

Les notes laissées par son supérieur direct sont élogieuses. Le 31 décembre 1898, le général Flouvat rédige ceci : «  Monsieur Gothié a été promu capitaine au choix en juillet dernier. Toujours la même volonté d’arriver, la même ardeur au travail, le même dévouement à ses devoirs professionnels, ne laissant jamais échapper une occasion de se rendre utile. A été pour moi un auxiliaire précieux pendant les manœuvres d’automne où il a su faire apprécier son intelligence, son instruction technique et sa vigueur physique, nature douce, prévenante qui éveille la sympathie. »

 

Le 1er janvier 1900, le général Flouvat ajoute : « Officier toujours des mieux doués, comme vigueur, intelligence, facilité au travail, souplesse de mémoire et sûreté de jugement. Il dirige aujourd’hui son bureau avec une réelle compétence et connaît à fond les diverses questions concernant le territoire et la mobilisation. A fait preuve, au cours des manœuvres alpines d’une endurance à toute épreuve et achevé de se familiariser avec la topographie du VIIe secteur qu’il connaît maintenant à fond, où il pourrait, au besoin, rendre de bons services. »

 

Le capitaine Gothié reste un sportif assidu. Sur les traces de son père, il obtient un prix d’escrime en 1901.

 

Une décision ministérielle du 25 janvier 1905 l’affecte au 55e R.I. à partir du 2 février.

 

Le général Sabatié, nouveau commandant de la 59e brigade, déplore ce départ. Il laisse une dernière appréciation dans le feuillet du personnel de son subordonné : «  C’est avec un vif regret que je vois le capitaine Gothié quitter l’état-major de la 59e brigade où il a rendu pendant 8 ans les plus précieux services. C’est un officier remarquable sous tous les rapports et qui mérite de faire une brillante carrière. Doué d’une intelligence très ouverte servie par un jugement très sûr et une mémoire très exercée, doué d’une grande puissance de travail et d’une réelle facilité d’assimilation, il recherche toutes les occasions de se rendre utile. Très vigoureux, très endurant à la fatigue, très bon cavalier, il est toujours prêt à tout service extérieur et on peut, en toute sécurité,  lui confier les missions les plus importantes et les plus ardues. Très consciencieux, plein d’entrain et de zèle, il a le sentiment de l’initiative, l’esprit de décision et beaucoup de coups d’œil sur le terrain. Il apprécie vite et bien en manœuvres les différentes situations et se montrera certainement aussi bon officier de troupe qu’il était bon officier d’état-major. Son excellente éducation et son esprit de discipline et de dévouement lui attireront pendant toute sa carrière, l’estime et l’affection de ses chefs, de ses subordonnés, de ses camarades. Parle couramment le russe et l’allemand. »

 

Frédéric Gothié prend le commandement de la 10e compagnie du  55e R.I. en tant que « stagiaire de troupe » durant les deux années suivantes. Une fois de plus, il est très bien noté.

 

Auteur d’une étude sur l’éducation physique et militaire de la jeunesse française, il est cité au bulletin officiel du ministère de la guerre du 27 février 1908.

 

Une nouvelle décision ministérielle entraîne son affectation à l’état-major de la 2e division d’infanterie coloniale à Toulon. Il occupe à nouveau le poste d’officier d’ordonnance. Sa formation d’officier breveté est définitivement terminée.

 

Le 18 mars 1909, le général commandant l’état-major de la 2e division d’infanterie coloniale inscrit le texte suivant : « Le capitaine Gothié a obtenu pendant toute sa carrière les plus brillantes notes et elles sont pleinement justifiées. Très intelligent et très instruit, d’excellente éducation, doué d’une grande force de caractère et d’une puissance de travail, toujours dévoué, plein de zèle et d’entrain, ayant de l’initiative et du coup d’œil sur le terrain, animé du meilleur esprit, traitant les affaires avec une scrupuleuse attention, montant bien à cheval et montant régulièrement. C’est un officier d’état-major du plus complet. Parle l’allemand et le russe, a obtenu une citation au B.O. du ministre de la guerre pour un travail sur l’éducation physique, dont il a encore été récompensé par les palmes académiques, a été désigné pour faire une conférence aux élèves du lycée sur l’organisation de l’armée et l’a faite avec beaucoup de talent. A été parfaitement noté comme commandant de compagnie au 55e R.I..

 

Je regrette profondément que cet excellent officier n’ait pas encore été inscrit au tableau d’avancement et j’espère bien qu’à la fin de l’année, il recevra la juste récompense de son travail et de ses excellents services. »

 

Casernes du 44e R

 

Frédéric Gothié est nommé commandant le 24 décembre 1910. Ce changement de grade l’affecte au 44e R.I à Bruyères-en-Vosges. Une fois sur place, il prend le commandement du 1er bataillon de l’unité. Il conduit ses compagnies de façon énergique et décidée pendant les marches des Vosges, au camp du Valdahon, et pendant les grandes manœuvres.

 

Commandant Gothie-Saint-Cyr

 

Il est nommé professeur de tactique et de morale (éducation morale de l’officier) à l’école spéciale militaire à la fin de l’année 1912. Il est fait chevalier de la Légion d’honneur le 31 décembre. Frédéric Gothié instruit trois promotions : Les Marie-Louise (1911-1913), la Montmirail (I9I2-I9I4), et la Croix-du-Drapeau (I9I3-I9I4).

 

Les premiers mois de guerre

 

Le commandant Gothié exerce toujours à Saint-Cyr lorsque la mobilisation générale est décrétée en août 1914. Les cadres et les élèves de l’école spéciale militaire sont rapidement répartis dans les différentes unités mobilisées sur le territoire français.

 

Frédéric Gothié est envoyé à l’état-major du IVe groupe de division de réserve.  Il occupe les fonctions de chef du 1er bureau jusqu’à la dissolution de l’unité. Il est ensuite nommé à l’état-major de la Xe armée avec les mêmes fonctions. Le lieutenant-colonel de Vallière, chef d’état-major de cette armée, écrit ceci :

 

« Monsieur le commandant Gothié a été nommé à la mobilisation, chef du bureau à l’état-major du 4e groupe des divisions de réserves. Il a rempli cet emploi jusqu’à la dissolution de cette unité (29 septembre) a été nommé ensuite au même emploi à l’état-major de la Xe armée. Dans ces différents emplois où le commandant Gothié a été sous mes ordres, j’ai pu apprécier toutes les qualités d’intelligence, de dévouement et de commandement. C’est un vigoureux officier, plein d’entrain et d’esprit de discipline qui s’est fait remarquer dans des missions périlleuses sur la ligne de feu par son sang-froid, son initiative et son courage aussi apte à exercer le commandement d’un régiment qu’a remplir les fonctions de chef d’état-major. Était au tableau pour le grade de lieutenant-colonel, mérite à tous points de vue de passer au plus tôt au grade supérieur. »

 

Fin novembre 1914, Frédéric Gothié devient chef d’état-major de la 13e D.I. sous les ordres du général de Cadoudal.

 

Au 149e R.I.

 

Lieutenant-colonel Gothié (1)

 

Nommé dans le grade supérieur le jour de Noël 1914, le général commandant la Xe armée lui confie le commandement du 149e R.I.. Début janvier, le lieutenant-colonel Gothié rejoint sa nouvelle unité tout juste engagée sur le front d’Artois.

 

Frédéric Gothié est toujours très bien noté par ses supérieurs. Le 14 février 1915, le général Guillemot, responsable de la 85e brigade, rédige la note suivante :

 

« Affecté au commandement du 149e R.I. depuis le 5 janvier 1915, le lieutenant-colonel Gothié s’est immédiatement fait remarquer par les brillantes qualités physiques et morales qui lui ont valu ses notes antérieures. Très intelligent, rempli de tact et sachant faire œuvre d’initiative en toutes circonstances, il a su s’attacher bien vite ses subordonnés qu’il commande avec autorité et fermeté.

 

Chargé d’organiser et de tenir avec son régiment un secteur particulièrement sérieux en raison des pertes journalières qui s’y produisent, consacre une inlassable activité à cette mission et cherche à mettre en œuvre les moyens de dominer l’ennemi. Le lieutenant-colonel Gothié est un chef de corps parfait qui saura obtenir le rendement maximum de son beau régiment. »

 

Lieutenant-colonel Gothié 149e R

 

Le 3 mars 1915, le 149e R.I. subit une violente attaque allemande dans le secteur de Lorette. Obligé de reculer, il s’établit sur une nouvelle ligne de front avant de lancer deux contre-attaques. Frédéric Gothié est décoré de la croix de guerre avec une citation à l’ordre de la division pour ses actions menées au cours des combats.

 

Il obtient une nouvelle citation le 13 avril 1915. Cette fois-ci, il est cité à l’ordre du C.A..

 

Le lieutenant-colonel Gothié encadre son régiment durant les combats de mai, de juin et de septembre 1915.

 

Le 8 janvier 1916, il effectue une reconnaissance dans le secteur du bois en Hache, au débouché du bois 9, sur la route d’Arras, à environ 80 m à l’ouest du bois carré. Il est grièvement blessé au cours de cette mission.

 

Touché par une balle allemande dans la région sacro-iliaque gauche, il est sommairement pansé au poste de secours avant d’être évacué à l’ambulance d’Houdain où il subit les premiers soins. Frédéric Gothié est ensuite envoyé à l’hôpital auxiliaire n° 226 de Paris, avant de partir pour Vichy. Il doit également soigner un diabète qui l’accompagne depuis de nombreuses années.

 

Le 20 janvier 1916, il est de nouveau évalué par son supérieur hiérarchique le général Guillemot.

 

« Après un an de commandement, le lieutenant-colonel Gothié s’est affirmé comme un chef de corps de très haute valeur. Sa très belle conduite au cours des multiples opérations auxquelles il a participé avec son régiment lui a valu une citation à l’ordre de la 43e D.I. et une citation à l’ordre du 21e C.A.. Officier supérieur des plus énergiques et des plus instruits, il n’a cessé de faire preuve de ses remarquables qualités de chef en mars et en mai dans le secteur de Lorette et en septembre dans le secteur d’Angres et de donner le plus bel exemple à ses subordonnés sur lesquels il avait pris un très grand ascendant.

 

Il a su à plusieurs reprises réorganiser le 149e R.I. presque constamment en ligne et maintenir à ce beau régiment la brillante réputation qu’il s’était acquise au début de la campagne.

 

D’une activité au dessus de tout éloge, il a su faire face à toutes les situations dans les circonstances les plus critiques. Blessé le 8 janvier au matin, au cours d’une reconnaissance de son secteur, il a donné la mesure de sa grande énergie en revenant à son poste de commandement, malgré la gravité de sa blessure et en ne se laissant évacuer que par ordre, après avoir assuré son service jusqu’au soir et passé les consignes à son remplaçant. Déjà proposé pour le commandement éventuel d’une brigade, le lieutenant-colonel Gothié vient de s’acquérir des titres indiscutables, sa brillante conduite en 1915 à la tête du 149e R.I., ses deux citations et sa blessure, qui le désignent pour le grade de colonel. Ses services antérieurs dans l’état-major et dans la troupe au cours de cette campagne, permettent d’affirmer qu’il sera un très brillant commandant de brigade. »

 

Le 24 janvier 1916, il est fait officier de la Légion d’honneur.

 

En Champagne

 

Le chef de corps Gothié reprend le commandement du 149e R.I. en avril 1916. Le régiment s’installe en Champagne, entre les buttes de Tahure et de Mesnil après un passage à Verdun, particulièrement éprouvant. Comparé avec ce qu’il vécut durant l’année 1915, Frédéric Gothié occupe un secteur plutôt calme.

 

Le 12 août 1916, le 149e R.I. quitte la Champagne pour la Somme.

 

Soyécourt

 

lieutenant-colonel Gothie Soyecourt septembre 1916

 

Début septembre 1916 : le régiment du lieutenant-colonel Gothié occupe la partie nord de Soyécourt. Il a pour mission d’attaquer le village en collaboration avec d’autres unités de la division.

 

Le village de Soyécourt est repris aux Allemands, le 4 septembre. Le 149e R.I. a atteint son 1er objectif qu’il dépasse sur sa droite jusqu’à rejoindre le 2e objectif. Les corps voisins accèdent au 1er objectif sans aller plus loin. Le village de Vermandovillers et le parc de Deniécourt restent aux mains de l’ennemi.

 

Le lieutenant-colonel Gothié pressent une contre-attaque ennemie. Le terrain conquis par son régiment occupe une position en flèche. Cette situation fragilise son emplacement. Pour mieux se rendre compte de la situation, il gagne la 1ère ligne. Pris sous un violent tir de barrage, il s’installe avec sa liaison à la lisière du village. Grièvement blessé au maxillaire inférieur par une balle ennemie, il est fait prisonnier.

 

Le chef de corps Gothié témoigne :

 

« Nous sommes le 5 septembre 1916, je suis inquiet sur la situation des 1er et 3e bataillons qui se trouvent en flèche et qui peuvent à tout moment se faire attaquer à la fois de front comme de flanc. Je fais venir à mon P.C. un agent de liaison du capitaine Houel, l’officier qui commande le 3e bataillon. Ce dernier doit me conduire en 1ère ligne pour que je puisse me rendre compte par moi-même de la situation. Il faut que je prenne les mesures nécessaires concernant l’organisation du terrain conquis et je dois également assurer la liaison avec les corps voisins.

 

À 6 h 30, je quitte mon P.C.. Je suis accompagné du sous-lieutenant Claudel, du cycliste Bauvillet et de l’agent de liaison du 3e bataillon. Nous suivons, dans un premier temps, le boyau amorcé au cours de la nuit par le génie à travers le village de Soyécourt. Nous atteignons le boyau de la Reine et nous dépassons la compagnie Coste du 158e R.I. qui forme l’aile extrême de la 86e brigade de ce côté.

 

Je fais remarquer au capitaine Coste qu’il n’était pas à la limite Est de son secteur.

 

Je lui fais savoir également qu’il existe entre lui et le 149e R.I. qui occupe le boyau Dauphin, un trou d’environ 500 m. Je l’engage à détacher un poste de liaison à l’embranchement de ce boyau et du boyau de la Reine.

 

À peine avons-nous dépassé cet embranchement et avancé de 200 m dans le boyau Dauphin que l’agent de liaison qui nous précède revient en courant pour nous annoncer l’arrivée des Allemands. Nous faisons demi-tour et nous essayons de rejoindre le 158e R.I..

 

Hélas, nous trouvons l’embranchement occupé par les Allemands. Nous sortons du boyau en escaladant le parados pour regagner le château de Soyécourt à travers champ. Nous faisons à peine 50 m qu’une fusillade très nourrie retentit derrière nous. En même temps, un barrage se déclenche en avant. Deux hommes sont tués à nos côtés, l’agent de liaison du 3e bataillon et un homme du 366e R.I..

 

Nous essayons alors de rejoindre rapidement la tranchée de la rue sud-ouest qui passe par le château de Soyécourt, mais je suis blessé par une balle qui me fracasse la mâchoire inférieure.

 

Le sous-lieutenant Claudel me prodigue aussitôt ses soins et me fait un pansement qui réussit à arrêter le sang qui coulait en abondance de ma blessure. Pendant ce temps, nous sommes dépassés par deux vagues ennemies sans être faits prisonniers. Nous nous réfugions dans une casemate abandonnée. Nous espérons voir se produire une contre-attaque française et pouvoir regagner nos lignes plus tard à la faveur de l’obscurité.

 

À 16 h 00, un violent tir de barrage français éclate autour de nous, mais la contre-attaque tant espérée ne se produit pas.

 

Dans l’intervalle, nous envoyons le cycliste Bauvillet qui doit essayer de rejoindre nos lignes et ramener du secours. Mais rien n’arrive.

 

La nuit venue, nous sortons de notre abri pour nous diriger vers le bois Trink que nous apercevons à 400 ou 500 m devant nous. Nous traversons sans encombre la 2e ligne. Mais arrivés à la première nous sommes entourés par une section allemande qui nous fait prisonniers.

 

À bout de force et perdant toujours du sang de ma blessure, je suis amené péniblement à un P.C. allemand. Le capitaine Legler qui commande le 2e bataillon du 100e Grenadier me fait coucher jusqu’à l’arrivée des brancardiers qu’il a demandés.

 

 

Dans la nuit du 6 septembre, la fièvre augmente, les brancardiers ne sont toujours pas là. Mon brave Claudel m’offre de me porter s’il le faut, jusqu’au poste de secours d’Ablaincourt. Nous partons avec un sous-officier saxon, à travers un chemin creux rempli de cadavres et battu par notre artillerie.

 

Après de nombreux arrêts, nous arrivons vers 8 h 30 au poste de secours d’Ablaincourt. De nombreux soldats allemands attendent, bien entendu, ils passent avant moi. Une heure plus tard, je suis étendu sur la table d’opération et pansé très sommairement, sans que la plaie énorme de la face ait été lavée. On me fait tout de même une piqûre antitétanique.

 

À 10 h 00, je suis embarqué sur une voiture tirée par des chevaux. Je suis cahoté pendant 12 km à travers des chemins défoncés par les trous d’obus, jusqu’à l’hôpital d’évacuation de Douilly.

 

Là, complètement exténué, je suis étendu sur de la paille souillée, au milieu de blessés allemands dans une écurie. Sur la déclaration de mon petit Claudel qui n’a pas voulu me quitter, on me transporte pourtant dans un estaminet de la localité où sont étendus sur des matelas à terre quelques officiers et sous-officiers allemands.

 

La population française nous manifeste au passage sa commisération et nous offre des friandises. Mais je ne peux plus ouvrir la bouche. Le trismus de la mâchoire est complet et l’enflure gagne ma gorge. On arrive cependant à me faire passer un peu de bouillon par l’ouverture des dents emportées. Le maire de Douilly m’offre un billet de 100 francs et me dit : « Vous me rendrez cela à la fin de la guerre, si vous en réchappez ! »

 

Le 7 septembre, nous sommes évacués sur Ham. Là, on nous conduit à l’hôpital militaire dans un pavillon réservé aux officiers.

 

J’attends toute la journée sans aucun soin avec une seule soupe pour nourriture. Une auto vient nous chercher à 22 h 00 pour nous conduire cette fois à Saint-Quentin. Nous arrivons à minuit. Mon brave Claudel me quitte.

 

À l’hôpital, il n’y a plus de lit de disponible. On me fait mettre une paillasse à terre sur laquelle je m’étends jusqu’au lendemain. J’ai de la fièvre toute la nuit.

 

Le 8 septembre, à 7 h 00, une infirmière allemande, sœur Clara, m’apporte le déjeuner. Elle a recours à un tube de caoutchouc pour m’introduire un peu de lait et d’ersatz de café. Enfin, vers 10 h 00, je suis étendu sur une table d’opération. Une infirmière me défait mon pansement et pour la première fois, ma blessure est lavée et sondée, mais pas de radiographie ! J’ai beaucoup de difficultés à m’alimenter. Sœur Clara essaye de me faire prendre un lait de poule au vin qui me rend un peu de force. »

 

En Captivité

 

En captivite

 

Frédéric Gothié est envoyé par train sanitaire au camp d’Ohrdruf-en-Thuringe après avoir été pris en charge par les soignants allemands de l’hôpital de Saint-Quentin.

 

« Dès mon arrivée à Ohrdruf, le médecin allemand me fait savoir qu’il ne veut pas soigner les Français. Son fils a été tué sur le front Ouest. Les soins me sont donnés par monsieur Deglin, un infirmier français qui, dans le civil, exerce la profession de contremaître d’usine à Longwy. Il fait mes pansements sous la direction d’un jeune médecin auxiliaire français, étudiant en médecine n’ayant que 4 inscriptions. C’est cet infirmier qui entreprend de suturer le bas de ma joue, le haut étant encore en pleine suppuration.

 

L’opération se fait, en cachette des Allemands, un dimanche matin. Elle se pratique avec des moyens très rudimentaires, du fil noir trempé dans de la teinture d’iode, une aiguille ordinaire désinfectée à l’eau bouillie sont utilisés.

 

Les lambeaux de joue qui s’étaient collés sous le menton sont détachés à l’aide d’un canif. Ils sont relevés à leur place primitive où quatre points de suture sont ensuite pratiqués.

 

Le surlendemain, un appareil à air chaud est trouvé. Il est aussitôt mis en service pour hâter la cicatrisation.

 

Au bout d’un mois, ma santé se détériore, j’ai une violente crise de diabète et je suis obligé de prendre le lit. Une plaie à la jambe gauche, provoquée par un choc contre le fer de mon lit, se produit, faute d’antiseptiques elle s’envenime.

 

Je suis dans un triste état. Enfin, le 25 octobre, je reçois les premières nouvelles de ma famille et trois colis ! Je vais pouvoir m’alimenter plus rationnellement pour mon régime de diabétique.

 

Au camp d'Ohrdruf-en-Thuringe

 

Une commission de médecins suisses passe, en me voyant dans cet état, elle me désigne pour aller me faire soigner en Suisse. Malheureusement, l’espoir passé, il n’y aura pas de lendemain…

 

Au bout de 5 mois, le 4 février 1917, je change de camp. Les Allemands m’envoient à la citadelle de Mayence. Ici, mon régime est mieux observé, je vais même passer un examen pour ma mâchoire à l’hôpital.

 

Mayence ! Cet endroit est aussi pour moi un temps d’énergiques réclamations à l’autorité allemande du camp, particulièrement pour les brimades subies par les camarades. Mes camarades m’en ont su gré, en particulier un certain nombre de mes anciens élèves de Saint-Cyr qui se trouvaient là. Un capitaine allemand du nom de Von Tecklenburg me manifeste beaucoup de hargne.

 

La commission suisse qui m’a retrouvé me fait envoyer, sans délai cette fois, au centre d’examens qui se trouve à Constance.

 

Le capitaine Von Tecklenburg, chargé de me fouiller, me demande ma parole d’honneur que je ne transporte pas de choses interdites. Je lui réponds qu’en tant que prisonnier de guerre je n’ai pas à faire cela. Mon attitude l’irrite, il me fait fouiller à fond. J’ai tout de même pu trouver le moyen de cacher 4 pièces d’or de 20 francs que m’avait confié un sergent français prisonnier et que je devais remettre à sa famille.

 

Le 6 mai, je suis enfermé une journée entière dans une chambre d’isolement appelée « le saloir ». Le lendemain matin, je suis amené à la gare pour être transféré au camp d’Heidelberg. Mais un rapport, sans doute écrit par le capitaine Von Tecklenburg, me suit. Je suis désigné pour aller dans un camp de représailles ! J’ai de suite objecté mes soucis de diabète et je réussis enfin à être présenté à la commission médicale germano-suisse de départ. De suite, cette dernière me reconnaît apte à être interné en Suisse. »

 

En juin 1917, il obtient l’autorisation de se présenter devant une commission médicale germano-suisse dans le but de son évacuation vers la Suisse en tant que grand blessé.

 

« Le 19 juin, je monte enfin dans le train de la Croix-Rouge, direction Schaffhouse, Zürich, Berne et Lausanne. De là, je réussis à envoyer un télégramme à ma famille. Les Suisses me soignent avec tout leur dévouement. Ils me trouvent si profondément atteint, qu’ils me désignent pour un rapatriement en France le 27 juillet 1917. »

 

Le retour en France et la fin de carrière

 

Après un bref passage de quelques semaines sur les terres helvétiques, il regagne la France.

 

« Je suis dirigé sur Glion au-dessus de Montreux. Quel changement ! J’en rends grâce à Dieu.

 

Je vais ensuite à l’hôpital du Val de Grâce à Paris où, de nouveau, je suis opéré pour ma mâchoire. Je retrouve une grande partie de ma santé durant ce congé de convalescence. »

 

Son statut de prisonnier rapatrié ne lui donne plus le droit d’occuper un nouveau poste dans la zone des armées. Il lui est donc impossible de retourner en 1ère ligne.

 

« Me sentant enfin rétabli, je vais me présenter au maréchal Foch, mon ancien professeur à l’école de guerre. Je lui fais une demande pour reprendre du service, à l’arrière bien sûr, puisque je n’ai pas le droit de revenir sur le front en tant que prisonnier libéré. Un jour, il me convoque pour me proposer le remplacement du général Weygand qui vient d’être nommé chef d’état-major sur le front. C’est ainsi que je deviens son chef de cabinet à Paris. Promu colonel, j’occupe cette fonction jusqu’à la fin de la guerre. »

 

Etat-major du maréchal Foch

 

Frédéric Gothié est nommé colonel le 24 décembre 1917. Il occupe les fonctions de chef de cabinet du maréchal Foch durant les années 1918 et 1919.

 

L’année suivante il a pour mission de contrôler l’application des traités de Paix signés après la guerre. Il séjourne à  Innsbruck, Salzburg, et Linz en Autriche. Le colonel Gothié rentre en France en février 1921.

 

Il est affecté à la commission militaire de contrôle de  la Hongrie. Détaché de cette commission, il est envoyé à la commission des généraux de Sopron pour maintenir l’ordre en Hongrie occidentale.

 

L'ancien responsable du 149e R.I. est remis à la disposition de l’état-major des armées le 31 août 1922 en raison de la fin des opérations du contrôle des effectifs en Hongrie.

 

Proposé plusieurs fois pour le grade de général, il ne sera jamais promu.

 

Le colonel Gothié est nommé à la tête du 31e régiment de tirailleurs le 8 décembre 1923. Ce régiment est envoyé en occupation en Rhénanie, à Landau.

 

Atteint par la limite d’âge, Fréseric Gothié prend sa retraite le 22 janvier 1925. Il est nommé colonel de réserve au 5e R.I..

 

Famille Gothié en 1924

 

Il propose ses services à son église. Frédéric Gothié se retrouve nommé administrateur adjoint à la commission permanente de l'Église réformée évangélique. Fin 1926, la fédération protestante l'envoie à Beyrouth pour remplacer le sénateur Eccard, à la tête de l'organisation des œuvres protestantes française en Syrie.

 

Sa belle carrière militaire prend définitivement fin en 1927.

 

Frédéric Gothié décède le 31 juillet 1940 à Bourg-la-Reine dans le département des Hauts-de-Seine. Enterré dans un premier temps dans le cimetière de cette commune, il sera plus tard transféré au cimetière protestant de Saint-Laurent-la-Vernède dans le Gard.

 

Décorations du colonel Gothié

 

Décorations obtenues

 

Croix de guerre avec deux palmes, une étoile de vermeil et une étoile d’argent

 

Citation à l’ordre de la 43e D.I. en date du 16 mars 1915 :

 

« Chargé avec son régiment de l’occupation du secteur de Noulette du 24 janvier au 8 mars, a fait preuve d’une activité et d’un dévouement au-dessus de tout éloge, pendant toute cette période. Constamment sous le feu, il a donné le plus bel exemple à ses subordonnés par son mépris du danger. Violemment attaqué le 3 mars, il n’a cédé qu’à la dernière extrémité pour s’établir sur un nouveau front d’où il a, par deux fois,vigoureusement contre-attaqué. »

 

Citation à l’ordre du 21e C.A. en date du 13 avril 1915 :

 

« A déployé une activité inlassable pour l’organisation défensive du plateau de Notre-Dame-de-Lorette dans des conditions très difficiles. A pu mener à bien ces travaux dans une période de temps très limitée, grâce au dévouement qu’il a su obtenir des troupes sous ses ordres et en particulier des grenadiers du 149e R.I. »

 

Cité à l’ordre de l’armée n° 14571 du 17 mars 1919 : 

 

« Monsieur Gothié, colonel anciennement commandant du 149R.I.. Le 5 septembre 1916, pressentant une contre-attaque ennemie sur le terrain conquis les jours précédents par son régiment, n’a pas hésité à se porter en première ligne pour se rendre compte par lui-même de la situation, prendre les décisions nécessaires et s’assurer des liaisons avec les corps voisins. Pris dans un violent tir de barrage, s’est porté avec sa liaison à la lisière du village et s’y est installé pour enrayer la contre-attaque ennemie. Grièvement blessé au cours de la résistance, n’a pas pu échapper à l’ennemi, tandis qu’il s’efforçait de regagner les lignes par lui même. »

 

Chevalier de la Légion d’honneur le 31 décembre 1912.

 

Officier de la Légion d’honneur  le 24 janvier 1916 :

 

« Chef de corps d’une grande valeur qui, placé depuis plus d’un an à la tête de son régiment, se dépense sans compter. Donnant à tous le plus bel exemple d’énergie, de sang-froid et de ténacité, a su faire de son régiment une unité de guerre aussi ardente dans l’action que solide dans les tranchées. Joint à une exceptionnelle valeur morale les plus belles qualités de commandement. Blessé le 8 janvier 1916 par balle à la hanche gauche. »

 

Cette décoration comporte également l’attribution de la croix de guerre avec palme.

 

Commandeur de la légion d’honneur le 16 juin 1920. (J.O. du 10 décembre 1920).

 

Grand officier de la Légion d'honneur décoré par le Maréchal Lyautey, dans la cour des Invalides le 4 juin 1932.

 

Autres décorations :

 

Officier d’académie (arrêté du ministre de l’instruction publique du 7 novembre 1908).

 

Officier de l’ordre du sauveur de Grèce du 31 mars 1920.

 

La généalogie de la famille Gothié peut se consulter sur le site « Généanet ». Pour y avoir accès, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

log geneanet

 

Le colonel Gothié possède un dossier dans la base de données « Léonore ».

 

Site base Leonore

 

Sources :

 

Dossier individuel consulté au Service Historique de Vincennes.

 

Informations communiquées par la famille descendante du colonel Gothié.

 

L’intégralité des photographies présentées proviennent de la collection personnelle du petit-fils du colonel Gothié, D. Gothié.

 

Témoignage inédit du lieutenant-colonel Gothié.

 

Le plan de la ville de Nîmes est extrait du site « Gallica »

 

Un grand merci à M. Bordes, à D. Gothié, à M. Lozano, à M. Porcher et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

17 juin 2022

Germain Marie Durand (1891-1915)

Germain Marie Durand

 

Germain Marie Durand naît le 17 octobre 1891 à Saint-Cergues, une commune de 1330 habitants, située dans le département de la Haute-Savoie.

 

Son père, Jean Louis, cultivateur, est âgé de 33 ans lorsque son fils voit le jour. Sa mère, Adèle Bretallaz, est âgée de 32 ans. Elle travaille comme femme de ménage.

 

Le couple a déjà perdu une fille décédée à l’âge de 19 jours, en mars 1889.

 

Le père étant absent du domicile, le grand-père paternel est chargé de la déclaration de l’enfant. Accompagné de l’instituteur et du garde champêtre du village, il se rend à la mairie pour signer le registre d’état civil.

 

Les Durand donnent encore la vie à une petite fille prénommée Élise en 1893, puis à deux garçons en 1897 et 1898. Ceux-ci, Marius et Basile, ne survivront pas à la petite enfance.

 

Saint-Cergues

 

La sœur de Germain est enregistrée au domicile parental, sur le registre de recensement de la commune de Saint-Cergues pour l’année 1896 ; elle ne figure pas sur celui de l’année 1901. Pourtant, aucun acte de décès n’a été enregistré à son nom dans cette commune entre ces deux années.

 

Le 23 septembre 1902, Adèle Durand accouche d’un enfant mort-né. Elle décède le 12 octobre, probablement des suites de ce nouveau drame familial. Cinq jours plus tard, Germain fête son 11e anniversaire sans sa mère.

 

La fiche matricule de Germain Durand indique un degré d’instruction de niveau 3. Il sait donc lire, écrire et compter lorsqu’il rejoint le monde du travail à la fin de sa scolarité.

 

Jean Louis et Germain Durand vivent toujours à Saint-Cergues. En 1911, le père travaille comme domestique dans le département de l’Ain. Il s’est installé à Cessy. Le fils est employé comme cultivateur à Grilly, une commune avoisinante.

 

Le jeune Durand est reconnu « bon pour le service armé » par le conseil de révision du canton de Gex en 1912. Le 9 octobre, il intègre la 2e compagnie du 149e R.I., un régiment qui tient garnison à Épinal.

 

Eté 1914 : les menaces de guerre contre l’Allemagne se concrétisent. Le soldat Durand est toujours sous les drapeaux, il attend sa libération prévue pour octobre 1914. Son régiment fait partie des troupes de couverture. Il est un des tout premiers à être envoyé à proximité de la frontière. Sa compagnie, sous les ordres du capitaine Crepet, quitte la caserne Courcy dès le 31 juillet 1914.

 

Le 9 août 1914, le soldat Durand subit le baptême du feu à proximité du village de Wisembach.

 

Il participe ensuite à tous les combats menés par son régiment jusqu’à la date de son hospitalisation pour une sévère contusion du genou droit. Le 12 avril 1915, il est pris en charge par les soignants de l’ambulance du 21e C.A. installée à Hersin-Coupigny. 

 

Le 14 avril, il est envoyé à l’hôpital auxiliaire n° 22bis à Berck-sur-Mer, puis transféré à l’hôpital complémentaire n° 49, avenue de la gare à partir du 15 mai. Guéri, il rejoint l’hôpital dépôt des convalescents n° 9, le 24 mai.

 

La date de son retour dans le régiment actif n’est pas connue. Sans cette donnée, il est impossible de valider sa participation aux terribles attaques du mois de juin 1915. Nous savons simplement qu’il a réintégré son ancienne compagnie après son retour de convalescence.

 

Le 25 septembre 1915, Germain Durand est grièvement blessé au cours d’une attaque menée par son régiment dans le secteur du bois en Hache, à proximité de la commune d’Angres, dans le Pas-de-Calais. Rapidement évacué à l’ambulance 4/13, installée à Barlin, son état est jugé critique. Les médecins ne parviennent pas à le sauver. Le soldat Durand meurt le 30 septembre 1915.

 

Pour en savoir plus sur les évènements qui se sont déroulés durant cette période, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

 

journee du 25 septembre 1915

 

Germain Durand repose actuellement dans la nécropole nationale mixte de Barlin. Sa sépulture porte le n° 23.

 

 

Les décorations obtenues par ce soldat n’ont pas été retrouvées.

 

Son nom a été gravé sur les monuments aux morts des communes de Cessy et de Saint-Cergues.

 

Germain Durand ne s’est pas marié et n’a pas eu de descendance.

 

La généalogie de la famille Durand est consultable sur le site « Généanet ». Pour y avoir accès, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

Geneanet

 

Sources :

 

La fiche matricule du soldat Durand a été lue sur le site des archives départementales de l’Ain.

 

Livre d’or des enfants du pays de Gex morts glorieusement pour la France 1914-1919 publié en 1920.

 

Contrôle nominatif du 2e trimestre 1915 du 149e R.I. des malades et des blessés traités dans les formations sanitaires, détenu par les archives médicales hospitalières des armées de Limoges.

 

Les registres de recensement des années 1896, 1901 et 1906 de la commune de Saint-Cergues ont été consultés sur le site des archives départementales de la Haute-Savoie, ceux des communes de Cessy et de Grilly, pour l’année 1911, sur le site des archives départementales de l’Ain.

 

La photographie de la sépulture de Germain Durand a été réalisée par J.M. Laurent.

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à J.M. Laurent, aux archives départementales du département de l’Ain et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

10 juin 2022

Lazare Jacquet (1896-1951)

Lazare Jacquet

 

Lazare Jacquet voit le jour le 26 juin 1896 à Saint-Forgeot, dans le département de la Saône-et-Loire.

 

À sa naissance, son père, Jean, est âgé de 38 ans. Sa mère, Anne Largy, a 32 ans. Les parents du nouveau-né travaillent tous les deux comme fermiers.

 

La famille Jacquet, déjà composée de trois filles et d’un garçon, s’enrichira encore de trois enfants après Lazare.

 

La fiche signalétique et des services de Lazare Jacquet nous indique qu’il a un degré d’instruction de niveau 3. Il sait lire, écrire et compter lorsqu’il quitte l’école communale.

 

Soldat de la classe 1916, le jeune Lazare n’est pas concerné par l’ordre de mobilisation générale affiché au début du mois d’août 1914.

 

Déclaré « bon pour le service armé » par le conseil de révision du canton d’Autun, il est incorporé à compter du 11 avril 1915 au 149e R.I.. Ce régiment tient garnison à Épinal.

 

Le conscrit Jacquet arrive à la caserne Courcy le 12 avril 1915. Sa formation militaire s’achève à la fin du mois de mars 1916. Nous sommes loin de l'instruction de la classe 1914 qui ne durait que quelques semaines. Lazare Jacquet entre dans la zone des armées le 28. La date de son arrivée au sein du régiment actif reste inconnue. Il en est de même pour le numéro de sa compagnie. Il est impossible, compte tenu des sources disponibles, de dire si le soldat Jacquet a participé ou non à la bataille de la Somme à la fin de l’année 1916.

 

Lazare Jacquet est blessé le 23 octobre 1917 au cours de la bataille de la Malmaison. Plusieurs éclats d’obus entraînent de multiples plaies à la jambe droite, à la cuisse et au médius gauches.

 

Pour en savoir plus sur les évènements qui se sont déroulés le 23 octobre 1917, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

 

La Malmaison

 

Sérieusement blessé, il est, dans un premier temps, soigné à proximité du front avant d’être évacué vers un hôpital de l’intérieur le 27 octobre 1917. Une fois rétabli, il réintègre le dépôt du 149e R.I. avant de rejoindre la zone des armées la semaine suivante.

 

Très diminué par ses blessures, la commission de réforme d’Épinal du 11 mai 1918 le déclare inapte pour les deux mois suivants.

 

Lazare Jacquet tombe malade le 6 août 1918. Il est de nouveau évacué vers l’arrière. Rapidement remis sur pied, il rejoint son dépôt le 23 août. Le 5 septembre, il est muté au 2e régiment d’infanterie. Il y a de fortes probabilités pour qu’il ait terminé la guerre au dépôt de ce régiment.

 

Le dépôt démobilisateur du 29e R.I. l’envoie en congé de démobilisation le 26 août 1919. Lazare Jacquet se retire à Saint Forgeot.

 

L’ancien soldat du 149e R.I. est classé dans l’affectation spéciale. Il est rattaché, en qualité d’homme d’équipe, à la 2e section des chemins de fer de campagne, au titre de la compagnie P.L.M..

 

Lazare Jacquet épouse Germaine Louise Baboux à La Petite-Verrière le 4 mai 1922. Une fille et un garçon naîtront de cette union. Les Jacquet s’installent à Étang-sur- Arroux.

 

 

Le 9 août 1929, l’administration militaire lui accorde un certificat provisoire de combattant validé à la date du 18 décembre 1935.

 

Il passe pour changement de domicile à la subdivision de Dijon le 18 mars 1930. Lazare Jacquet réintègre sa subdivision d’origine le 3 août 1931.

 

L’affecté spécial Jacquet est rattaché d’office au recrutement du bureau central de la Seine le 20 mars 1936.

 

Il décède le 12 mai 1951 à Étang-sur- Arroux.

 

La généalogie de Lazare Jacquet peut se consulter sur le site « Généanet ». Pour y avoir accès, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

Geneanet

 

Lazare et Germaine Jacquet reposent avec leur fils Edmond dans le cimetière communal d’Étang-sur-Arroux.

 

Sepulture famille Jacquet

 

Sources :

 

La fiche signalétique et des services de Lazare Jacquet a été consultée sur le site des archives départementales de la Saône-et-Loire.

 

Les photographies de la sépulture de la famille Jacquet ont été trouvées sur le site « Généanet ».

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi et aux archives départementales de la Saône-et-Loire. 

27 mai 2022

Louis Céleste Gabriel Canon (1875-1916)

Louis Celeste Gabriel Canon

 

Enfance et jeunesse

 

Louis Céleste Gabriel Canon voit le jour le 6 février 1875, à Villers-sur-Illon, dans le département des Vosges. Son père, Marie Émile, âgé de 24 ans, travaille comme tailleur d’habits dans une petite entreprise familiale. Sa mère, Marie Lucie Aubertin, âgée de 21 ans, élève déjà un garçon. Le couple Canon n’aura pas d’autre enfant. Gabriel perd son père à l’âge de 14 ans.

 

 

La fiche signalétique et des services de Gabriel Canon ne mentionne pas son degré d’instruction. Sa mère décède lorsqu’il a 22 ans.

 

Une longue carrière dans la coloniale

 

Le 22 février 1896, Gabriel Canon signe un contrat d’une durée de trois ans avec l’armée à la mairie de Dompaire. Il choisit l’armée coloniale. Le futur marsouin traverse la France d’est en ouest pour gagner la ville de Cherbourg. Gabriel Canon débute sa formation de soldat au 1er régiment d’infanterie de marine à partir du 25 février 1896.

 

Le 1er avril 1897, il est muté au bataillon de Paris. Le soldat Canon assiste aux cours dispensés aux élèves caporaux en tant qu’engagé. Il est nommé dans ce grade le 15 octobre 1898.

 

Une semaine auparavant, Gabriel Canon a signé un 1er réengagement, prolongeant ainsi sa carrière militaire pour les 3 années à venir.

 

Le 1er novembre 1898, il est affecté au 10e régiment d’infanterie de marine. Le caporal Canon se prépare à embarquer pour un long périple en mer qui doit le mener jusqu’au Tonkin, en Indochine.

 

10e R

 

Rengagé pour une durée d’un an en août 1901, il signe à nouveau pour 5 ans le 10 mars 1902.

 

Bénéficiant d’un congé de six mois, Gabriel Canon est de retour en France au début de l’année 1903. Il est rattaché au 1er R.I.C. durant toute cette longue période de vacances. De retour au Tonkin, le caporal Canon réintègre le 10e régiment d’infanterie colonial en août 1903.

 

Il est muté au 2e régiment de tirailleurs tonkinois à partir du 2 mars 1904 ; il bénéficie d’une première autorisation ministérielle pour accomplir une 3e année puis d’une seconde autorisation pour effectuer une 4e année aux colonies. Le 19 avril 1907, il se réengage pour une durée de 3 ans.

 

De retour en France en novembre 1907, le caporal Canon a de nouveau droit à un congé de six mois. Le 15 mai 1908, il réintègre le 2e régiment de tirailleurs tonkinois avec le grade de sergent.

 

Gabriel Canon est nommé adjudant le 1er juin 1910. Affecté au 5e régiment d’infanterie colonial, il rejoint la métropole le 24 juin 1911. Âgé de 36 ans, le sous-officier Canon fait valoir ses droits à une pension proportionnelle calculée sur la base de 40 ans, 11 mois et 19 jours de service actif.

 

Libéré de ses obligations militaires avec l’obtention de son certificat de bonne conduite, il passe dans la réserve de l’armée à compter du 11 juin 1911.

 

Il se retire à Ville-sur-Illon avec une pension mensuelle de 1240 francs.

 

Rattaché militairement au 149e R.I., Gabriel Canon espère obtenir un emploi réservé en postulant pour un poste de receveur buraliste de 1ère classe. Il est décoré de la Médaille militaire le 30 décembre 1911.

 

Au 149e R.I.

 

L’ancien colonial est rappelé à l’activité militaire par décret de mobilisation du 1er août 1914. Gabriel Canon se présente à la caserne Courcy dès le lendemain.

 

Il passe une longue période au dépôt du 149e R.I. régiment. L’adjudant Canon est promu sous-lieutenant à titre temporaire à partir du 14 décembre 1914 suite à un décret présidentiel pris le 16 décembre.

 

Cette promotion entraîne son départ du village de Rolampont le 3 janvier 1915. Il fait partie d’un petit groupe de renfort principalement composé d’officiers et de sous-officiers.

 

Le sous-lieutenant Canon doit rejoindre le régiment actif installé depuis peu dans le département du Pas-de-Calais. Le lieutenant-colonel Gothié l’affecte à la 3e compagnie de son régiment dès son arrivée.

 

Sa première expérience combattante au sein du 149e R.I. est de courte durée. Gabriel Canon est blessé le 29 janvier 1915.

 

La date de son retour en 1ère ligne n’est pas connue. Nous savons simplement qu’il a été réaffecté au 149e R.I. après son rétablissement.

 

Le 10 mai 1915, il est nommé sous-lieutenant à titre définitif.

 

Le 149e R.I. est envoyé d’urgence à Verdun en mars 1916. À la tête de la 4e compagnie, le lieutenant Canon participe aux violents combats qui se déroulent autour et dans le village de Vaux-devant-Damloup.

 

Souffrant d’une sévère crise de dysenterie, il reste indisponible durant plusieurs jours. Cette situation ne l’empêchera pas d’être décoré de la Légion d’honneur pour ses actions d’éclat menées au cours des combats.

 

Suite à une décision ministérielle prise le 13 avril, Gabriel Canon est promu capitaine à titre temporaire à compter du 7 avril 1916.

 

Le 149e R.I. laisse derrière lui le secteur de Verdun à la mi-avril 1916.

 

Pour en savoir plus sur l’engagement du 149e R.I. dans le département de la Meuse, il suffit de cliquer une fois sur le dessin suivant.

 

Verdun

 

Le régiment est au repos quelques jours à Landrecourt. Il prend ensuite position en Champagne dans un secteur situé entre les buttes de Tahure et celles de Mesnil, près des Deux-Mamelles.

 

Le 149e R.I. s’installe dans le département de la Somme en août 1916. Il doit reprendre le village de Soyécourt aux Allemands. Le 4 septembre, Gabriel Canon lance sa 1ère compagnie à l’attaque.

 

Il est tué d’une balle dans la tête au moment où il dirige les travaux d’organisation de la position conquise.

 

Pour en savoir plus sur les évènements qui se sont déroulés au cours de la journée du 4 septembre 1916, il suffit de cliquer une fois sur la photographie suivante.

 

Photo aerienne Soyecourt

 

Le sergent fourrier Joseph André Gérardin et le soldat Robert Georges Hémon confirment son décès auprès de l’officier d’état civil du 149e R.I..

 

Le capitaine Canon est dans un premier temps inhumé au cimetière militaire d’Harbonnière. 

 

Decorations capitaine Canon

 

Décorations obtenues :

 

Médaille militaire (J.O. du 18 août 1911)

 

Médaille coloniale agrafe du Tonkin

 

Un portrait représentant le capitaine Canon prouve qu’il a été décoré de la croix de guerre avant son décès. La valeur et le contenu de sa ou de ses citations ne sont pas connus.

 

Citation à l’ordre de l’armée (J.O. du 19 février 1917) :

 

« Officier d’une bravoure à toute épreuve, s’est fait remarquer à l’attaque du 4 septembre 1916 par son énergie. Tué glorieusement d’une balle au front au moment où, avec le plus grand calme et le plus grand sang-froid, il dirigeait les travaux d’organisation de la position conquise. »

 

Gabriel Canon a été fait chevalier de la Légion d’honneur le 4 mai 1916 (J.O. du 5 mai 1916).

 

«Nombreuses campagnes coloniales. Commande une compagnie avec calme, un sang-froid et une compétence remarquables. A donné au cours des opérations de février-mars 1916, à l’attaque d’un village, un bel exemple d’entrain, d’énergie et de courage. A déjà reçu la Croix de guerre. »

 

Son nom est inscrit sur le monument aux morts et sur la plaque commémorative de l’église Saint-Sulpice de la commune de Ville-sur-Illon.

 

Gabriel Canon possède un dossier peu fourni dans la base de données « Léonore ».

 

Le capitaine Canon ne s’est pas marié et n’a pas eu de descendance. Son corps a probablement été restitué à la famille dans les années 1920.

 

Sources :

 

La fiche signalétique et des services du capitaine Canon, les registres d’état civil et les registres de recensement de la commune de Ville-sur-Illon ont été consultés sur le site des archives départementales des Vosges.

 

Le dossier individuel du capitaine Canon n’a pas été retrouvé au Service Historique de la Défense de Vincennes.

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à M. Porcher, au Service Historique de la Défense de Vincennes et aux archives départementales des Vosges.

13 mai 2022

Gédéon Charles Noël Saléry (1887-1916)

Gedeon Charles Noel Savery

 

Gédéon Charles Noël Saléry est né le 25 décembre 1887 à Metgès, un petit hameau rattaché à la commune de Sumène, dans le département du Gard.

 

Son père, Eugène, âgé de 37 ans, exploite des terres agricoles. Sa mère, Marie Valérie Toureille, âgée de 31 ans, n’exerce pas d’activité professionnelle. Deux filles sont déjà nées de cette union. Un quatrième enfant naîtra en 1891.

 

Genealogie famille Salery

 

La fiche signalétique et des services de Gédéon Saléry indique un degré d’instruction de niveau 3. L’adolescent sait lire, écrire et compter lorsqu’il laisse son pupitre d’écolier derrière lui.

 

Sumene

 

Après sa période de scolarité obligatoire, Gédéon travaille sur les terres familiales en tant que cultivateur. Le registre de recensement de la commune de Sumène de l’année 1906 confirme sa présence au domicile parental en tant que travailleur de la terre.

 

Inscrit sous le n° 49 de la liste de la classe 1908, Gédéon Saléry est déclaré « bon pour le service armé » par le conseil de révision réuni à la mairie de Sumène.

 

Début octobre 1908, le jeune homme quitte la vallée de Recodier pour effectuer son temps de conscription au 55e R.I., un régiment qui tient garnison à Pont-Saint-Esprit et à Aix.

 

L’année suivante, Gédéon est nommé soldat de 1ère classe. Le 1er octobre 1910, il passe dans la réserve de l’armée active après avoir obtenu son certificat de bonne conduite.

 

Le 24 avril 1912, Gédéon Saléry épouse Julia Augusta Marie Antoinette Sauzet à Saint-Roman-de-Codières.

 

Il effectue sa 1ère période d’exercice dans son ancien régiment entre le 25 août et le 17 septembre 1912.

 

Rappelé à l’activité militaire à la déclaration de la guerre, il réintègre le 55e R.I. le 3 août 1914.

 

Les informations fournies par sa fiche signalétique et des services ne permettent pas de reconstruire son parcours militaire au sein de ce régiment. Il est simplement indiqué une affectation au 149e R.I. à la date du 18 mars 1916.

 

Le soldat Saléry a peut-être  été envoyé, avec un groupe de renfort, du  dépôt du 55e R.I. au 149e R.I., pour combler les pertes de ce régiment liées à la bataille de Verdun.

 

Hélas, les citations et les blessures éventuelles reçues par ce soldat n’ont pas été inscrites sur son registre matricule ;  nous resterons donc dans l’incertitude.

 

Arrivé dans la Meuse, le soldat Saléry est affecté à la 10e compagnie du 149e R.I..

 

Le 4 septembre 1916, Gédéon Saléry est tué au cours d’une attaque visant la reprise du village de Soyécourt, dans le département de la Somme.

 

Pour en apprendre d’avance sur les évènements qui se sont déroulés durant cette journée, il suffit de cliquer une fois sur la photographie suivante.

 

Photo aerienne Soyecourt

 

Le soldat Saléry a été enregistré au tableau spécial de la Médaille militaire à titre posthume en 1922 (J.O. du 11 août).

 

« Brave soldat, tombé glorieusement pour la France le 4 septembre 1916 en accomplissant son devoir à l’attaque du village fortifié de Soyécourt. »

 

Cette inscription lui donne également droit au port de la croix de guerre avec une étoile d’argent.

 

Son nom a été gravé sur le monument aux morts de la commune de Surème et sur les plaques commémoratives de la mairie et de l’église de Saint-Roman-de-Codières.

 

La descendance et le lieu de sépulture du soldat Saléry n’ont pas été retrouvés. Une plaque « in memoriam » a été déposée sur la tombe familiale au cimetière de Sumène.

 

Sources :

 

Les actes d’état civil concernant la famille Saléry, la fiche signalétique et des services du soldat Gédéon Saléry et les registres de recensement de la commune de Sumène correspondant aux années 1896, 1901 et 1906 ont été consultés sur le site des archives départementales du Gard.

 

Le portrait du soldat Saléry a été trouvé sur le site « MémorialGenWeb »

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carrobi et aux archives départementales du Gard.

29 avril 2022

Camille Albert Poirot (1889-1916)

Camille Albert Poirot

 

Camille Poirot naît le 25 juin 1889, à Basse-sur-le-Rupt, dans le département des Vosges.

 

Son père, Jean, âgé de 44 ans, est absent du domicile le jour de sa naissance. Sa mère, Marie Antoinette Aubert, est âgée de 40 ans lorsqu'elle accouche. Les parents exercent le métier de tisserand.

 

Camille est le dernier-né d’une fratrie composée de 5 garçons et de 7 filles. Une de ses sœurs est mort-née. Une autre est décédée prématurément.

 

Camille Poirot sait lire, écrire et compter lorsqu’il quitte l’école communale. Le niveau scolaire de niveau 3 est confirmé par sa fiche matricule.

 

Futur soldat de la classe 1910, il est inscrit sous le n° 108 lorsqu’il se présente devant le conseil de révision de Saulxures-sur-Moselotte. Camille peut bénéficier d’une dispense familiale qui retarde momentanément son départ pour la caserne.

 

Une petite notice avec portrait trouvée dans un livre d’or nous apprend qu’il a travaillé à la blanchisserie et teinturerie de Thaon-les-Vosges durant plus de cinq ans.

 

Le 7 avril 1913, Camille Poirot épouse Marie Euphémie Fay à Thaon-les-Vosges. La descendance de ce couple n’est pas connue.

 

L’absence d’informations sur la fiche matricule de ce jeune vosgien empêche toute reconstruction de son parcours de conscrit et de mobilisé. Seule l’indication « service auxiliaire » est mentionnée sur le document.

 

De nombreuses questions restent donc en suspens. À partir de quelle date Camille Poirot a-t-il effectué ses obligations militaires ? Étant affecté au service auxiliaire, a-t-il seulement été appelé à faire son service actif ? Dans ce cas, était-il au 149e R.I. durant sa période de conscription ?

 

Au moment de la mobilisation générale, en août 1914, il est très probablement resté dans un dépôt en attendant la révision de son statut de service auxiliaire qui sera modifié en « bon pour le service armé ».

 

A-t-il suivi alors une instruction de fantassin ? Quand est-il parti en renfort ? Le soldat Poirot a-t-il été blessé au cours d’un combat ? A-t-il été évacué vers l’arrière pour une hospitalisation ? Il est impossible de répondre avec certitude à toutes ces questions sans tomber dans l’arbitraire.

 

Nous pouvons simplement dire que ce soldat servait comme clairon à la 9e compagnie du 149e R.I. lorsqu’il a été tué le 4 septembre 1916.

 

Ce jour-là, son régiment est engagé dans le département de la Somme. Cette unité avait l’ordre de reprendre le village de Soyécourt.

 

Mortellement blessé par des éclats de grenade au cours de l’attaque, Camille Poirot décède à l’âge de 27 ans,à proximité de la ferme sans nom.    

 

Pour en apprendre d’avance sur les évènements qui se sont déroulés durant cette journée, il suffit de cliquer une fois sur le plan suivant.

 

Secteur du 149e R

 

Camille Poirot est enregistré au tableau spécial de la Médaille militaire à titre posthume en 1920 (J.O. du 28 décembre).

 

« Excellent soldat, ayant toujours fait preuve des plus belles qualités.Tombé glorieusement pour la France le 4 septembre 1916 à Soyécourt. »

 

Cette inscription lui donne également droit au port de la croix de guerre avec une étoile de bronze.

 

Decorations Albert Camille Poirot

 

Le nom de cet homme est inscrit sur le monument aux morts de la commune de Thaon-les-Vosges.

 

Pour avoir accès à la généalogie de la famille Poirot, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

log geneanet

 

Sources :

 

La fiche signalétique et des services et l’acte de naissance du soldat Poirot ont été consultés sur le site des archives départementales des Vosges.

 

« Livre d’or des membres du personnel de la blanchisserie et teinturerie de Thaon morts pour la France au cours de la guerre 1914-1918. »  Imprimerie Berger-Levrault, Nancy-Paris-Strasbourg.

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carrobi, et aux archives départementales des Vosges.

15 avril 2022

Louis Roche (1883-1914)

Louis Roche

 

Louis Roche est né le 17 mai 1883, dans la petite commune de Gleizé située au cœur du Beaujolais, dans le département du Rhône.

 

Son père, François, travaille comme journalier. Il est âgé de 39 ans. Sa mère, Marie Champagnon, n’exerce pas d’activité professionnelle. Elle a 29 ans lorsqu’elle donne la vie à son 3e fils.

 

Marie et François se sont mariés en juin 1879. Pour le père, ce sont des secondes noces. Sa 1ère épouse, Marie Augustine Virginie Collin, est décédée en 1873, quelques jours après avoir accouché. François Roche a perdu tous les enfants nés de ce mariage (une fille et de deux garçons).

 

La famille Roche s’est installée à Chervinges,une ancienne commune rattachée à Gleizé depuis 1809.

 

Huit enfants naissent de cette nouvelle union. Trois d’entre eux ne survivront pas à leur 1er anniversaire. Louis est le 3e de la fratrie.

 

La fiche matricule de Louis Roche indique un degré d’instruction de niveau 3. Il sait donc lire,écrire et compter correctement lorsqu’il quitte l’école communale.

 

Sa mère meurt lorsqu’il a 13 ans.

 

Tout comme son père et son frère Jean, Louis part travailler dans le milieu viticole après sa période de scolarité obligatoire.

 

En 1901, il est employé comme ouvrier agricole par le vigneron Claude Large au lieu-dit Chervinges.

 

À l’approche de sa majorité, Louis doit se présenter devant le conseil de révision qui le déclare « bon pour le service armé ». Il est cependant classé dans la 2e partie de la liste du recrutement cantonal. Louis vient de bénéficier d’une dispense pour raison familiale. Son frère Jean étant encore sous les drapeaux, ses obligations militaires ont été repoussées pour une durée d’un an.

 

Louis quitte sa commune natale pour effectuer son temps de conscription à compter du 14 novembre 1904. Il a été affecté au 149e R.I., un régiment qui tient garnison à Épinal.

 

Sa période passée sous les drapeaux est assez brève. Louis Roche est envoyé dans la disponibilité le 23 septembre 1905.

 

Bon soldat, il obtient son certificat de bonne conduite sans aucune difficulté. Louis quitte la caserne Courcy sans être devenu caporal.

 

L’année suivante, il travaille chez le vigneron Étienne Remuet. Louis est employé comme viticulteur au lieu-dit Machon-Noilly.

 

Le 1er octobre 1907, il passe dans la réserve de l’armée active.

 

Louis Roche effectue sa 1ère période d’exercice au 149e R.I. entre le 25 octobre et le 23 novembre 1908.

 

En 1911, il est salarié chez le maître de vins Claude Gandoger. Louis vit maintenant à Arnas, une petite commune située au nord-est de Gleizé.

 

Le jeune homme retourne à la caserne Courcy du 4 au 20 décembre 1913 pour accomplir sa 2e période d’exercice.

 

Un nouveau conflit armé contre l’Allemagne débute en août 1914. Louis Roche est rappelé à l’activité militaire par décret du 1er août. Trois jours plus tard, il retrouve la caserne Courcy.

 

Le magasin d’habillement lui fournit un uniforme portant  le n° 349. Louis vient d’être affecté à la 31e compagnie du régiment de réserve en même temps que son frère Jean.

 

La caserne Courcy est bien trop petite pour accueillir la totalité des réservistes. Dès le lendemain, le 349e R.I. est envoyé à la caserne Haxo. Le régiment de réserve est mis à l’entraînement et à l’instruction jusqu’au 11 août 1914. Les frères Roche ne partiront pas avec cette unité lorsqu’il sera l’heure du départ pour la ligne de front.

 

Si la date exacte de leur arrivée en 1ère ligne n’est pas notée sur leurs fiches signalétiques et des services, une autre source, trouvée sur le site du Comité international de la Croix Rouge, permet la reconstruction du parcours combattant de ces deux hommes.

 

Louis Roche a probablement quitté le dépôt de son régiment le 23 août 1914. Ce jour-là, un renfort de 250 hommes fourni par le 349e R.I. quitte la ville d’Épinal pour rejoindre le 149e R.I. dans la zone des combats. Son frère Jean fait également partie de ce groupe.

 

Dès leur arrivée, les deux hommes sont affectés à la 7e compagnie, sous les ordres du capitaine Coussaud de Massignac.

 

Le 149e R.I. est rapidement engagé dans le secteur du petit village de Souain, situé au nord de Suippes, dans le département de la Marne. Les combats sont violents, les attaques et les contre-attaques nombreuses. Le village est pris, perdu et repris à plusieurs occasions. Louis ne survit pas à ces évènements. Son nom, tout comme celui de son frère, est inscrit sur la liste des disparus de l’état des pertes du 149e R.I. à la date du 14 septembre 1914.

 

Pour en apprendre davantage sur cette période, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

 

 

Sans nouvelles, sa sœur Amélie entreprend une recherche auprès du Comité International de la Croix  Rouge. Tout comme pour son frère Jean, elle ne semble pas connaître le numéro du régiment dans lequel servait Louis.

 

Fiches C

 

L’acte de décès du soldat Roche est officialisé le 28 avril 1920. Une décision prise par le tribunal de Villefranche valide la date de sa mort au 14 septembre 1914.

 

Louis Roche a été inscrit au tableau spécial de la Médaille militaireà titre posthume (J.O. du 10 mai 1922) :

 

« Soldat brave et dévoué. Est mort au champ d’honneur le 14 septembre 1914 à Souain en faisant vaillamment son devoir. »

 

Cette décoration lui donne également droit à la croix de guerre avec étoile de bronze.

 

Decorations Louis Roche

 

Son nom et celui de son frère Jean ont été inscrits sur le monument aux morts de commune de Gleizé et d’Arnas ainsi que sur les plaques commémoratives de la mairie et de l’église de Gleizé.

 

Deux plaques émaillées avec portraits ont été fixées sur une tombe familiale du cimetière de Gleizé. Il est difficile de dire si les corps de ces deux soldats, longtemps considérés comme disparus, reposent actuellement dans cette sépulture.

 

Pour prendre connaissance de la généalogie de la famille Roche, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

Geneanet - Copie

 

Louis Roche ne s’est pas marié et n’a pas eu de descendance. 

  

Pour prendre connaissance de la biographie de son frère Jean, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

Jean Oscar Roche

 

Sources :

 

La fiche signalétique et des services de Louis Roche, les registres d’état civil, les registres de recensement des années 1901, 1906 et 1911 de la commune de Gleizé et le registre de l’année 1911 de la commune d’Arnas ont été consultés sur le site des archives départementales du Rhône.

 

J.M.O. du 349e R.I.. S.H.D. de Vincennes : Réf : 26 N 758/9.

 

Un grand merci à M. Bordes, à C. Roche Gaget à A. Carrobi, et aux archives départementales du Rhône. 

1 avril 2022

Jean Oscar Roche (1881-1914)

Jean Oscar Roche

 

Jean Oscar Roche voit le jour le 2 octobre 1881, dans la petite commune de Gleizé située au cœur du Beaujolais, dans le département du Rhône.

 

Son père, François, est un journalier âgé de 37 ans. Sa mère, Marie Champagnon, n’exerce pas d’activité professionnelle. Elle a 27 ans à la naissance de son fils.

 

Les parents de Jean se sont mariés en juin 1879. Ce sont des secondes noces pour le père. Sa 1ère épouse, Marie Augustine Virginie Collin, est décédée en 1873, quelques jours après avoir accouché. François Roche a perdu tous les enfants nés de ce mariage (une fille et de deux garçons).

 

Huit enfants naissent de cette nouvelle union. Trois d’entre eux ne fêteront pas leur 1er anniversaire.

 

La fiche matricule de Jean Roche indique un degré d’instruction de niveau 3. Il maîtrise les bases de l’écriture, de la lecture et du calcul.

 

L‘adolescent a tout juste 15 ans lorsqu’il perd sa mère en 1896.

 

Cinq ans plus tard, Jean travaille comme ouvrier agricole chez Claude Desnoyer, vigneron, au lieu-dit Saint-Fonds.

 

À l’approche de sa majorité, il se présente devant le conseil de révision. Jean est ajourné pour faiblesse en 1902, avec obligation de se représenter l’année suivante. Cette fois-ci, il sera déclaré « bon pour le service armé ».

 

Jean Roche délaisse les vignes pour effectuer son temps de conscription à Belfort. Le 15 novembre 1903, il intègre les effectifs d’une compagnie du 35e R.I..

 

Il ne fait que deux ans sous les drapeaux, au lieu des trois imposés par son tirage au sort. À l'issue des manœuvres d'automne, le jeune conscrit termine sa formation militaire le 23 septembre 1905.

 

Il est envoyé dans la disponibilité après avoir obtenu son certificat de bonne conduite. Jean quitte la caserne Friederich sans avoir pris du galon.

 

Le soldat Roche passe dans la réserve de l’armée active à compter du 1er novembre.

 

De retour à la vie civile, il est employé par le vigneron Claude Remuet, en tant que viticulteur et domestique, au lieu-dit Machon-Noilly.

 

Rattaché militairement à la réserve du 149e R.I.., il effectue, à Épinal, une 1ère période d’exercice entre le 5 et le 29 octobre 1909.

 

Le 4 janvier 1910, Jean Roche épouse Antoinette Bibet à Villefranche. Une fille, prénommée Marcelle Françoise naît de cette union l’année suivante. Elle sera l’unique enfant du couple. Entretemps, Jean est devenu son propre patron. Il travaille comme métayer vigneron au lieu-dit Chervinges.

 

Il doit de nouveau porter l’uniforme du 1er au 17 décembre 1911 pour accomplir sa 2e période d’exercice.

 

Une guerre contre l’Allemagne est sur le point de débuter en été 1914. Jean Roche est rappelé à l’activité militaire par décret du 1er août. Trois jours plus tard, il retrouve la caserne Courcy.

 

Son statut de « vieux réserviste » entraîne son affectation à la 31e compagnie du 349e R.I..  Son frère, Louis, est versé dans la même compagnie.

 

Le dépôt est bien trop petit pour accueillir l’ensemble des hommes mobilisés. Dès le lendemain, le 349e R.I. part s’installer dans les bâtiments de la caserne Haxo.

 

Le régiment de réserve spinalien est mis à l’entraînement et à l’instruction jusqu’au 11 août 1914. Les frères Roche ne partiront pas avec cette unité lorsqu’il sera l’heure de rejoindre la ligne de front.

 

Si la date exacte de leur arrivée en 1ère ligne n’est pas indiquée sur leurs fiches matricules, une autre source, trouvée sur le site du Comité international de la Croix Rouge, permet la reconstruction du parcours combattant de ces deux hommes.

 

Jean Roche a probablement quitté le dépôt de son régiment le 23 août 1914. Ce jour-là, un renfort de 250 hommes du 349e R.I. quitte la ville d’Épinal pour rejoindre le 149e R.I. dans la zone des combats.

 

Son frère Louis fait également partie du voyage. Dès leur arrivée, les deux hommes sont affectés à la 7e compagnie sous les ordres du capitaine Coussaud de Massignac.

 

Le 149e R.I.est rapidement engagé dans le secteur du petit village de Souain, situé au nord de Suippes, dans le département de la Marne. Les attaques sont violentes, le village est pris, perdu et repris à plusieurs occasions. Jean ne survit pas à ces combats. Son nom et celui de son frère sont inscrits sur la liste des disparus de l’état des pertes du 149e R.I. à la date du 14 septembre 1914.

 

Pour en apprendre davantage sur cette période, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

 

 

Sa sœur Amélie, très inquiète de ne pas recevoir de nouvelles, entreprend une recherche auprès du Comité International de la Croix Rouge. Elle ne semble pas connaître le numéro du régiment dans lequel se trouve son frère.

 

Fiche C

 

L’acte de décès du soldat Roche est officialisé le 28 avril 1920. Une décision prise par le tribunal de Villefranche valide la date de sa mort au 14 septembre 1914.

 

Decorations Jean Oscar Roche

 

Jean Oscar Roche a été inscrit au tableau spécial de la Médaille militaireà titre posthume (J.O. du 10 mai 1922) :

 

« Soldat brave et dévoué. Est tombé au champ d’honneur le 14 septembre 1914 à Souain en faisant vaillamment son devoir. »

 

Cette décoration lui donne également droit à la croix de guerre avec étoile de bronze.

 

Son nom et celui de son frère Louis ont été gravés sur le monument aux morts de commune d’Arnas et de Gleizé ainsi que sur les plaques commémoratives de la mairie et de l’église de Gleizé.

 

Pour prendre connaissance de la biographie de son frère Louis, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

Louis Roche

 

Deux plaques émaillées avec portraits ont été fixées sur une tombe familiale du cimetière de Gleizé. Il est difficile de dire si les corps de ces deux soldats, longtemps considérés comme disparus, reposent actuellement dans cette sépulture.

 

Pour prendre connaissance de la généalogie de la famille Roche, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

Geneanet - Copie

 

Sources :

 

La fiche signalétique et des services de Jean Oscar Roche, les registres d’état civil et  les registres de recensement des années 1901, 1906 et 1911 de la commune de Gleizé ont été consultés sur le site des archives départementales du Rhône.

 

J.M.O. du 349e R.I.. S.H.D. de Vincennes : Réf : 26 N 758/9.

 

Un grand merci à M. Bordes, à C. Roche Gaget à A. Carrobi, et aux archives départementales du Rhône.

18 mars 2022

René Lobjoy (1887-1971)

Rene Lobjoy

 

Enfance et jeunesse

 

René Lobjoy naît le 11 février 1887 à Asnières, dans le département de la Seine.

 

Ses parents, tous deux originaires de Paris, ont quitté le 9e arrondissement pour aller s’installer en banlieue, peu de temps avant sa naissance.

 

Sa mère, Jeanne Caroline Bezet, est âgée de 24 ans. Elle élève déjà une fille et un garçon.

 

Son père, Georges, âgé de 29 ans, est alors associé à un négociant de dentelles. Il aura plusieurs métiers dans différents secteurs : commerce de chaussure, banque.

 

La famille continue de s’agrandir avec 5 naissances supplémentaires. Les Lobjoy s’installent à Versailles en 1898, au 38 avenue de Saint-Cloud, à proximité du lycée Hoche réputé pour sa qualité d'enseignement. Leurs 6 fils y feront leurs études.

 

Versailles lycee Hoche

 

René termine sa primaire dans cet établissement public et y fait toute sa scolarité jusqu'à la terminale. Bon élève il est jugé excellent dessinateur.

 

Il perd sa mère à l’âge de 16 ans. Le benjamin de la fratrie n’a pas encore fêté son 5e anniversaire. Le père ne se remariera pas.

 

En 1914, Georges et ses plus jeunes enfants reviennent sur Paris. Ils s'installent au 201 rue de la Convention, à Paris.

 

Détenteur du baccalauréat, René tente et réussit, en juillet 1904, le concours d’entrée de l’école de céramique annexée à la manufacture nationale de Sèvres. Il effectue des études brillantes. Quatre ans plus tard, il obtient son diplôme d’ingénieur ainsi que la médaille d’argent des beaux-arts.

 

Sa fiche matricule indique un degré d’instruction de niveau 3, ce qui est une erreur. Celui-ci est en fait de niveau 5.

 

La conscription

 

René Lobjoy est déclaré « bon pour le service armé » par le conseil de révision de la subdivision de Vincennes en 1907.

 

Appelé sous les drapeaux le 6 octobre 1908, le jeune conscrit est incorporé au 101e R.I., un régiment qui tient garnison à Dreux, dans le département de l’Eure-et-Loir.

 

Caserne de Billy (101e R

 

Le soldat Lobjoy est admis à suivre les cours du peloton d’instruction des élèves caporaux. Il est nommé dans ce grade le 16 février 1909. Le Lebel n’a plus de secret pour lui. René Lobjoy est considéré comme étant un excellent tireur.

 

Son niveau de formation élevé lui permet d’assurer les fonctions de secrétaire du trésorier du régiment à partir du 30 septembre 1909. Il assume cette charge jusqu’à la fin de ses obligations militaires.

 

Le 25 septembre 1910, René est envoyé dans la disponibilité. Il quitte la caserne de Billy pour retourner dans sa famille à Versailles. Il est rattaché militairement au 28e R.I. d’Évreux avant d’être versé dans la réserve de cette unité.

 

Après les obligations militaires

 

René Lobjoy commence sa carrière professionnelle en Allemagne en octobre 1910. Il s’installe en Bavière pour exercer ses talents d’ingénieur dans l’atelier de décoration de la prestigieuse manufacture royale de Nymphenburg à Munich. Il est intégré dans une équipe franco-allemande.

 

Le jeune homme vit toujours en Allemagne lorsque l’ordre de mobilisation générale est affiché dans toutes les communes de France en août 1914.

 

Les premières années du conflit au 228e R.I..

 

Caserne Amey (28e R

 

Rappelé à l’activité militaire, René Lobjoy doit rejoindre le dépôt du 28e R.I., le 4 août 1914, pour revêtir l’uniforme de caporal du régiment de réserve. Il y retrouve son frère Jean arrivé la veille. Les deux hommes n’ont pas été affectés dans la même unité. Jean partira avec le 28e R.I..

 

Le 228e R.I. quitte Évreux le 10 août. Le caporal Lobjoy le rejoint le 3 septembre, envoyé avec un renfort. Le régiment retraite après avoir combattu en Belgique.

 

Le chef d’escouade Lobjoy est affecté à la 20e compagnie dès son arrivée au régiment actif. Il prend part aux combats de la Neuville près de Berry-au-Bac.

 

René Lobjoy est nommé sergent le 26 septembre 1914.

 

Sa compagnie est engagée dans la bataille d’Artois en mai et juin 1915.

 

En août 1915, le sergent Lobjoy est affecté au peloton des pionniers comme sous-officier bombardier. En septembre 1915, il participe à la bataille de Champagne. Cité à l’ordre du régiment, il est autorisé à porter la croix de guerre.

 

Le 10 octobre 1915, René Lobjoy est nommé sous-lieutenant de réserve à titre temporaire suite à une décision ministérielle (publication dans le J.O. du 25 octobre 1915).

 

Le chef de corps du régiment lui confie le commandement de ses pionniers bombardiers.

 

Le 7 janvier 1916, le lieutenant-colonel Leroux, rédige le petit texte suivant dans le relevé des notes de René Lobjoy : « Au front avec le 228e R.I. depuis le 3 septembre 1914, comme caporal, puis comme sergent. A toujours fait preuve d’intelligence, d’énergie et de courage. Nommé sous-lieutenant à titre temporaire, il commande le peloton de pionniers bombardiers du régiment et donne satisfaction. »

 

René Lobjoy est nommé sous-lieutenant de réserve à titre définitif par décret du 27 juillet 1916. Cette nomination prend rang à partir du 5 juillet 1916 (publication dans le J.O. du 1er août 1916).

Le sous-lieutenant Lobjoy contribue, avec ses pionniers bombardiers, à la bataille de la Somme en juillet 1916.

Il est nommé lieutenant à titre temporaire le 14 octobre 1916.

 

René Lobjoy effectue un stage de huit jours comme officier bombardier à la Ve armée en novembre 1916 ; puis il suit les cours concernant les engins de tranchée du 6 au 17 décembre 1916.

 

Le 13 décembre 1916, il est de nouveau évalué par son chef de corps. Le lieutenant-colonel Leroux écrit ceci :

 

« Officier dévoué, zélé, actif et payant beaucoup de sa personne dans la direction des travaux. Fera un bon officier pionnier en développant ses connaissances en fortification de campagne et en apportant plus de fermeté dans le commandement de son personnel. »

 

René Lobjoy participe aux opérations de poursuite en mars 1917, puis à la bataille de l’Aisne d’avril à juillet 1917. Il est cité à l’ordre de la division pour ses actions menées au cours de ces évènements.

 

Officier sorti du rang, ses fonctions de cadre font appel à un savoir théorique pas toujours maîtrisé. Il doit poursuivre sa formation. En octobre 1917, il fait un stage de 21 jours comme officier pionnier à la IIIe armée.

 

Le 10 octobre, il est nommé lieutenant à titre définitif.

 

Le régiment de réserve d’Évreux est dissous le 7 novembre 1917. René Lobjoy est envoyé, avec une partie du 228e R.I., au C.I.D. 43 installé à Verdelot, près de la Ferté-Gaucher.

 

Au 149e R.I..

 

Le lieutenant Lobjoy est muté au 149e R.I. le 11 novembre 1917.

 

Son expérience de cadre au sein du 228e R.I. entraîne son affectation à la tête du peloton des pionniers bombardiers du 149e R.I.. Le responsable de ce peloton vient d’être évacué.

 

Les débuts sont difficiles. Les deux tiers de ses hommes sont en permission lorsqu’il prend le commandement de sa nouvelle unité.

 

Le 18 novembre, il écrit à son père : « Me voici enfin définitivement arrivé au régiment où par suite de l'évacuation de mon collègue on m'a provisoirement confié le commandement de l'emploi que je remplissais au 228e. Malheureusement, pas un seul de mes hommes n'a pu me suivre. Je suis triste et dépaysé au milieu d'inconnus ; c'est pénible. »

 

Le lieutenant Lobjoy prend progressivement ses marques au sein du 149e R.I.. Il connaît maintenant tous ses subordonnés. Le 1er décembre, il envoie ce courrier à sa sœur : « je peux maintenant te confirmer mon affectation comme officier pionnier au 149e. J’aurai également le plaisir de voir revenir à l’état-major régimentaire notre officier téléphoniste. C’est pour moi un charmant camarade qui revient. »

 

René Lobjoy bénéficie d’une permission de 10 jours en décembre. Le 29, il est nommé lieutenant de réserve à titre définitif.

 

De nouveau envoyé en formation, il suit les cours sur l’emploi des gaz militaire entre le 15 et le 20 janvier 1918.

 

Le lieutenant-colonel Boigues note ceci en février 1918 : «  A repris les fonctions d’officier pionnier, par son zèle, son activité, son esprit de méthode, comme aussi par ses connaissances professionnelles, mérite amplement les bonnes notes dont il a été l’objet. »

 

Le lieutenant Lobjoy poursuit sa formation théorique en effectuant un stage de Flammenwerfer, au C.I.D./167, les 15 et 16 mars 1918.

 

Les pionniers bombardiers du 149e R

 

Fin mai 1918, les Allemands attaquent dans le secteur du chemin des Dames, entre le moulin de Laffaux et la ville de Reims. Le 149e R.I. est envoyé sur les lieux pour contenir l’offensive près d’Arcy-Restitue.

 

Le 30 mai, le lieutenant Lobjoy trouve le temps de rédiger une carte pour la famille :

 

« En pleine bagarre, les boches foncent terriblement. On a du mal à les mâter. Mais l’espoir et la confiance règnent toujours. Bons baisers pour tous. »

 

Arcy-Sainte Restitue

 

L’aumônier Henry évoque à plusieurs reprises René Lobjoy dans ses carnets.

 

Les deux hommes sont très proches. Fervent chrétien, le lieutenant Lobjoy occupe régulièrement les fonctions de "maître de cérémonie" pour l'organisation des messes du régiment.

 

Voici quelques extraits le concernant :

Vendredi 13 septembre 1918

 

Pogny à 8 h30

 

« Service solennel pour les morts du régiment. Cérémonie touchante. « En tous points réussie, a dit le colonel, grâce à la bonne volonté et au concours de tous. »

 

Dans le chœur au lieu du catafalque, une tombe des champs ! Idée du colonel, réalisée par Lobjoy avec un goût parfait. »

 

Samedi 2 novembre 1918

 

Cumières

 

« Pendant le déjeuner, le lieutenant Lobjoy a reçu une lettre lui apprenant en même temps et la maladie et la mort de son frère, lieutenant dans un C.I.D.. Épargné par la guerre, il tombe victime de la grippe. Qu'est-ce donc que cette grippe dont tout le monde parle et qui a pris, dans certaines régions surtout, les proportions d'un fléau redoutable ? »

 

Mercredi 13 novembre 1918

 

Remaucourt

 

« Service solennel à 9 h 00. Lobjoy s’est surpassé ; la décoration de la petite église est parfaite. Je dis petite, car si grande, soit-elle, elle s’est trouvée trop petite pour contenir la foule des soldats qui se pressait dans la nef.

 

Au premier rang, le général Michel et le commandant de Charry, le colonel Brenot, le capitaine Fidler, le capitaine de Parseval, puis le colonel et les officiers du 149. Le bon père Lerouge installé à la tribune s’est chargé de la partie musicale. Le général s’est déclaré très satisfait, la cérémonie l’a ému. »

 

Aumonier Henry et un groupe d'officiers

 

René Lobjoy est toujours très bien noté. Peu de temps avant la signature de l’armistice, le lieutenant-colonel Vivier écrit : «  Excellent officier pionnier. Chargé d’assurer le ravitaillement au cours des différents combats, s’est toujours parfaitement acquitté de ses fonctions avec une activité et un dévouement inlassables. »

 

Le 5 mars 1919, le lieutenant-colonel Bourgine, nouveau responsable du 149e R.I., enregistre ceci sur le relevé des notes du lieutenant Lobjoy : « Officier de complément qui a rendu les meilleurs services pendant la guerre, a la meilleure volonté, est doué d’un excellent naturel et est toujours disposé à agir dans le sens du commandement. A parfois besoin d’être guidé dans l’exécution en raison de sa tendance à traiter les détails un peu légèrement. Nature sympathique, enjouée, excellent camarade. Il y aurait intérêt à maintenir cet officier dans le cadre des officiers de complément affectés au régiment. »

 

Le lieutenant Lobjoy maîtrise parfaitement la langue allemande. Il a eu l’occasion d’exercer les fonctions d’officier de renseignement durant sa vie de soldat.

 

René Lobjoy est démobilisé le 28 mars 1919. Il est rayé des contrôles dès le lendemain. Il se retire à Paris, chez son père, au 201 rue de la Convention, rattaché au dépôt divisionnaire du 23e R.I.C..

 

Les années d’après-guerre

 

René Lobjoy reprend le cours de sa vie professionnelle en tant qu’ingénieur céramiste, dans différents services techniques. Il travaille un temps à Sarreguemines avant de s’installer définitivement à Paris.

 

Un avis du gouverneur militaire de Paris du 4 septembre 1920 le fait réaffecter au 149e R.I..

 

Le lieutenant de réserve Lobjoy passe dans l’armée territoriale le 11 avril 1922, il dépend maintenant du dépôt du 153e R.I..

 

René Lobjoy est affecté au service des chemins de fer des étapes de la 21e région en décembre 1922, puis à celui de la 20e région à partir du 26 mars 1923 comme adjoint au commissaire militaire de la commission de gare de Strasbourg.

 

Le 3 avril 1923, il épouse Élise Georgette Vivinis, une jeune parisienne âgée de 22 ans. Deux enfants naissent de cette union.

 

Il prend la direction de l’entreprise de décoration sur porcelaine de sa belle-famille. Cette entreprise basée à Paris, dans le quartier d’Auteuil, occupe une quarantaine d’employés.

 

Pour en apprendre davantage sur cette entreprise, il suffit de cliquer une fois sur le dessin suivant.

 

Porcelaine d'Auteuil

 

Le lieutenant Lobjoy est promu capitaine de réserve par décret du 27 décembre 1927 (J.O. du 11 janvier 1928).

 

Père de deux enfants, l’article 58 de la loi du 1er avril 1923 le fait rattacher à la classe 1903 suite à un avis de recrutement de Versailles pris le 1er avril 1931.

 

René Lobjoy n’en a pas tout à fait terminé avec l’armée. Il doit encore effectuer trois périodes d’exercice en tant qu’officier réserviste.

 

La première a lieu au service des chemins de fer de Versailles entre le 16 septembre et le 2 octobre 1930. Le capitaine Lobjoy n’a pas encore effectué de période d’école du service militaire des chemins de fer. Ses supérieurs lui confient le commandement d’un groupe d’officiers débutants. Il s’acquitte honorablement de cette tâche.

 

René Lobjoy fait une seconde période d’exercice du 19 juin au 1er juillet 1933. Cette fois-ci, il l’effectue au centre des chemins de fer de Paris.

 

Il suit les cours de l’école de perfectionnement du service des chemins de fer en 1934 pour étoffer ses connaissances. Très assidu dans son travail, il fournit plusieurs travaux de grande qualité.

 

Une décision ministérielle du 13 mai 1935 l’affecte au service des chemins de fer de la 7e région.

 

Le capitaine de réserve Lobjoy est rayé des cadres le 20 novembre 1936. Il sera nommé chef d’îlot dans le cadre de la défense passive de Paris en 1940.

 

Decorations et sepulture de Rene Lobjoy

 

L’ancien officier du 149e R.I. a obtenu les citations suivantes :

 

Citation à l’ordre du régiment n° 69 en date du 2 octobre 1915 :

 

« S’est particulièrement distingué aux attaques livrées par le régiment du 25 au 30 septembre dans un secteur particulièrement battu par les mitrailleuses et l’artillerie lourde. A donné à ses camarades, un bel exemple de courage et d’abnégation. »

 

Citation à l’ordre de la 158e D.I. n° 263 en date du 6 novembre 1917 :

 

« Officier pionnier du régiment, zélé, actif, payant beaucoup de sa personne. Au cours des opérations, de mars à juillet 1917, a montré beaucoup de sang froid et la plus grande énergie, assurant le ravitaillement en matériel et dirigeant d’une façon remarquable les travaux d’organisation dans des secteurs particulièrement bombardés, notamment les 26, 27 et 28 juillet 1917. »

 

Citation à l’ordre de la brigade n° 35 en date du 20 juin 1918 :

 

« A assuré constamment son service dans les conditions les plus difficiles pendant les durs combats du 30 mai au 3 juin 1918, notamment, en portant des ordres sous le feu de l’artillerie et des mitrailleuses ennemies. »

 

Citation à l’ordre de la brigade n° 49 en date du 31 juillet 1918 :

 

« Officier d’une activité et d’un dévouement au dessus de tout éloge. A réussi, au cours des dernières opérations à triompher de toutes les difficultés pour assurer le ravitaillement des troupes en ligne. »

 

Citation à l’ordre de la 43e D.I.. n° 385 en date du 26 octobre 1918 :

 

« Au cours des opérations offensives du 26 septembre au 4 octobre 1918, a réussi à assurer d’une façon parfaite, le ravitaillement des unités en ligne, contribuant ainsi au succès des opérations. »

 

Autres décorations :

 

Le lieutenant Lobjoy est fait chevalier de la Légion d’honneur à compter du 16 juin 1920. (J.O. du 12 juillet 1921).

 

« Excellent officier qui a montré dans les missions qui lui ont été confiées, une grande bravoure et une activité inlassables. Nombreuses citations. »

 

Médaille interalliée de la victoire

 

Médaille commémorative française de la Grande Guerre

 

Pour consulter la généalogie de la famille Lobjoy, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

log geneanet

 

René Lobjoy s’est toujours montré rassurant dans sa correspondance durant le conflit. Il savait que son père et sa grand-mère se faisaient du mauvais sang pour les enfants partis à la guerre.

 

Les Lobjoy ont payé un lourd tribut durant le 1er conflit mondial du XXe siècle. André, d’abord considéré comme prisonnier, a été tué le 22 août 1914 en Belgique, lors de la bataille des frontières.

 

Jean, blessé à Verdun en 1916, meurt de la grippe espagnole en octobre 1918 et le fiancé de sa jeune sœur Suzanne trouve la mort au cours de la bataille de la Somme en novembre 1916.

 

Une courte présentation de Jean Lobjoy est visible sur le site de Vincent le Calvez.

 

 

René Lobjoy décède le 24 avril 1971 à l’âge de 84 ans.

 

Il repose dans un caveau familial au cimetière de l’ouest de Boulogne-Billancourt.

 

Sources :

 

Dossier individuel consulté au Service Historique de la Défense de Vincennes.

 

Fiche signalétique et des services lue sur le site des archives départementales des Yvelines.

 

Carnet inédit de l'aumônier Henry

 

J.M.O. du 228e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 721/6.

 

J.M.O. du 228e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 721/10.

 

Le portrait présenté dans le montage et la photographie de groupe des pionniers bombardiers du 149e R.I. proviennent de la collection familiale.

 

La photographie de la sépulture du capitaine Lobjoy figure sur le site Généanet.

 

Un grand merci à M. Bordes, à M. Muller, à A. Carobbi, à J.L. Poisot, à M. Porcher, aux archives départementales des Yvelines, au Service Historique de la Défense de Vincennes et aux archives départementales des Yvelines.

4 mars 2022

Henri Placide Joseph Fréville (1880-1947)

Henri Placide Joseph Freville

 

Les années de jeunesse

 

Henri Placide Joseph Fréville voit le jour le 9 décembre 1880 au domicile de ses parents, à Souchez, dans le Pas-de-Calais.

 

Son père, Benoît François, est un ouvrier cantonnier âgé de 39 ans. Sa mère, Appoline Célestine Joseph Roger, a 37 ans lorsqu’elle lui donne naissance. Henri est le benjamin d’une famille composée de 7 enfants. 

 

Il quitte l’école communale avec un degré d’instruction de niveau 3. Les fondamentaux de la lecture, de l’écriture et du calcul sont bien maîtrisés. Ne pouvant prolonger sa scolarité, Henri se forme à l’horticulture en devenant jardinier.

 

La conscription

 

L’année de ses vingt ans, il est déclaré « bon pour le service armé » par le conseil de révision. Il devra accomplir ses obligations militaires au 91e R.I., un régiment qui tient garnison à Mézières, dans le département des Ardennes.

 

Henri Fréville rejoint la caserne du Merbion le 15 novembre 1901. Il a toutes les qualités requises pour faire un bon soldat. Ses supérieurs lui offrent la possibilité de suivre la formation des élèves caporaux, grade qu’il obtient le 20 septembre 1902.

 

Bien noté par son capitaine, le caporal Fréville accède au grade supérieur le 26 septembre 1903. Nommé sergent fourrier, il a pour mission de tenir le magasin d’habillement de sa compagnie. Le 1er juin de l’année suivante, il est affecté à un commandement d’escouades.

 

Le sergent Fréville est envoyé dans la disponibilité le 22 septembre 1904. Cela fait plus de 34 mois qu’il porte l’uniforme. Il devient réserviste de l’armée active à partir du 1er novembre.

 

De retour à la vie civile

 

Henri Fréville s’installe quelque temps à Paris avant de se fixer définitivement dans les Vosges. La mairie d’Épinal vient de lui proposer le poste de jardinier en chef de sa circonscription. Il devra gérer les équipes qui ont en charge les espaces floraux de la ville. Il s’installe dans une des dépendances du château.

 

Chateau Epinal

 

Ce changement de région implique son rattachement militaire au 149e R.I..

 

Le 18 septembre 1905, Henri Fréville épouse Marie Hortense Angéline Paroche, à Son, un petit village ardennais. La descendance de ce couple n’a pas été retrouvée.

 

Il récupère sa tenue de sergent pour effectuer sa 1ère période d’exercice au 149e R.I. entre le 22 septembre et le 21 octobre 1907.

 

Le 20 février 1909, il est nommé sergent-major de réserve. La même année, le jardinier en chef de la ville d’Épinal occupe le poste de secrétaire général de la société d’horticulture des Vosges.

 

Henri Fréville effectue sa 2e période d’exercice à la caserne Courcy du 1er au 17 décembre 1911.

 

De nouveau sous l’uniforme pour une longue période

 

Été 1914 : la France est en passe de vivre un nouveau conflit armé contre l’Allemagne. Le 149e R.I. rappelle ses premiers réservistes le 2 août. Henri Fréville quitte, le lendemain, ses fonctions de directeur des promenades de la ville d’Épinal.

 

Le 11 août, il est promu adjudant. Le 1er octobre, il est en âge de passer dans l’armée territoriale, tout en restant affecté à son régiment.

 

Son départ pour le front a lieu le 10 avril 1915. C’est une date assez tardive lorsqu’on la compare à celles des autres sous-officiers réservistes rappelés au début de la guerre. Pour quelle raison est-il resté aussi longtemps au dépôt ? Il est impossible de le dire. Sa fiche matricule n’est pas suffisamment détaillée pour répondre à cette question. 

 

Le 11 avril 1915, l’adjudant Fréville intègre les effectifs de la C.H.R. du régiment actif. Ses fonctions au sein de cette compagnie ne sont pas connues. Sa présence en 1ère ligne, entre la date de son arrivée à la C.H.R.. et sa 1ère blessure, reste donc compliquée à quantifier : en effet, cette compagnie n’était pas, à proprement dit, une unité combattante.

 

Sa 1ère citation à l’ordre de la brigade, obtenue le 14 juillet 1916, nous indique qu’il se trouvait dans la zone des combats, à la suite d’une attaque effectuée quelques jours auparavant, dans le secteur des deux mamelles, au nord-est de Perthe-lès-Hurlus, en Champagne.

 

Était-il encore à la C.H.R. à ce moment-là ? Était-il rattaché au poste de commandement d’un des 3 bataillons du régiment ? Il est difficile de répondre à ces questions.

 

En septembre 1916, le 149e R.I. est engagé dans le département de la Somme. Le 16 novembre, Henri Fréville est blessé au bras droit par un éclat d’obus.

 

Il est pris en charge par l’ambulance 7/21.  Sa blessure est jugée sérieuse. Elle nécessite une évacuation vers l’arrière. Le 18 novembre, il est envoyé à l’hôpital complémentaire n° 24 à Épernay, installé au quartier Marguerite.

 

Le sous-officier Fréville quitte cet établissement de soin le 24 décembre après avoir obtenu une permission de 7 jours.

 

Un cliché réalisé le 10 avril 1917 dans le Haut-Rhin, près de Belfort, confirme sa présence au sein d’une compagnie combattante du 149e R.I.. Ce jour-là, l’adjudant Fréville est photographié en présence des sous-officiers de la 10e compagnie.

 

Les sous-officiers de la 10e compagnie du 149e R

 

L’identification de cet homme a été rendue possible grâce à l’ouvrage « Et le temps, à nous, est compté » rédigé par Francis Barbe. Un cliché identique, accompagné du nom de chacun des sous-officiers, figure à l’intérieur du livre à la page 179.

 

Le 149e R.I. n’est pas engagé dans une vaste offensive au cours des premiers mois de l’année 1917. À plusieurs occasions, il occupe des secteurs sensibles, du côté du chemin des Dames.

 

Le 21 juin 1917, l’adjudant Fréville est victime de l'explosion d'un obus. Dans le cas présent, il est touché à la tête par plusieurs petits éclats. De nouveau envoyé vers l’arrière, il est soigné à l’hôpital complémentaire n° 15 du Havre à partir du 19 juillet. Trois jours plus tard, il est cité à l’ordre de l’armée.

 

Henri Fréville quitte l’établissement médical havrais le 5 août 1917. Il est de retour au corps pour le 17 septembre.

 

Le 23 octobre, le sous-officier Fréville participe à la bataille de la Malmaison.

 

Remarqué pour son courage et ses actions, il est cité à l’ordre de l’armée.

 

Pour en savoir plus sur les évènements qui se sont déroulés durant cette période, il suffit de cliquer une fois sur l’image ci-dessous.

 

La Malmaison 23 octobre 1918

 

Le 10 mars 1918, il est blessé pour la troisième fois. Cette fois-ci, des éclats d’obus lui occasionnent de multiples plaies pénétrantes au visage. L’ambulance 7/21 lui prodigue les premiers soins. En plus de ses lésions profondes de la face, l’adjudant Fréville est soigné pour une fracture du maxillaire supérieur. Il est pris en charge par les médecins de l’hôpital mixte d’Avignon, à compter du 26 mars 1918.

 

Son parcours de soins est long et douloureux. Il est renvoyé dans la zone des armées, cinq jours après la signature de l’armistice.

 

Le 23 octobre 1918, l’adjudant Fréville est affecté au 154e R.I.. Le 4 décembre, il est nommé adjudant-chef. Ce changement de grade le fait muter au 131e R.I..

 

Les années après-guerre

 

Rue François de Neufchâteau

 

Henri Fréville, mis en congé de démobilisation le 9 mars 1919, retourne à ses anciennes fonctions de directeur des promenades dans la cité spinalienne. Il s’installe avec son épouse au n° 15 de la rue François de Neufchâteau.

 

La commission de réforme d’Épinal, réunie le 3 octobre 1919, lui propose une réforme temporaire n°1. Une plaie à la joue droite, une fracture du maxillaire et une hernie musculaire de la jambe droite légitiment une pension temporaire de 35 %.

 

Le 12 août 1921, il est réformé définitivement avec une proposition de pension temporaire évaluée à 55 %. Une forte diminution de l’acuité visuelle de l’œil droit s’ajoute aux complications liées à ces anciennes blessures de guerre.

 

Le 12 octobre 1923, la commission de réforme de Nancy diminue sa pension temporaire de 5 %. 

 

Le 25 juillet 1927, cette même commission lui accorde une pension définitive de 65 %.

 

Henri Fréville est fait commandeur de l’ordre du Mérite agricole à la fin de l’année 1932. 

 

L’ancien sous-officier du 149e R.I. meurt le 3 août 1947 à l’âge de 66 ans.

 

Decorations Henri Freville

 

Décorations obtenues :

 

Croix de guerre avec une étoile de bronze, une étoile de vermeil et deux palmes.

 

Citation à l’ordre de la brigade  n° 51  en date du 14 juillet 1916 :

 

« Le 9 juillet 1916, est allé à plusieurs reprises, sous un violent bombardement, du poste de commandement à la ligne avancée conquise, pour veiller à l’exécution de détail des ordres donnés. »

 

Citation à l’ordre du 21e C.A. :

 

« Adjudant-chef du plus grand mérite et du plus grand dévouement. Chefs des observateurs pendant le combat du 7 novembre  est resté ……….. au poste de commandement malgré le bombardement intense et trois contusions. Soldat calme et au cœur bien placé. Déjà cité à l’ordre de la brigade ( cette citation est incomplète. Une pliure sur la fiche matricule de ce sous-officier empêche la lecture intégrale du texte). »

 

Citation à l’ordre de l’armée n° 493 en date du 22 juillet 1917 :

 

« Sous-officier d’une énergie et d’un courage légendaires au bataillon. N’a cessé, comme adjudant de bataillon, de faire l’admiration de tous, par sa conduite qui lui a valu déjà deux citations et la Médaille militaire. Au front depuis novembre 1914, blessé en novembre 1916, vient d’être à nouveau blessé grièvement, à son poste de combat. »

 

Citation à l’ordre de l’armée (J.O. du 4 novembre 1917) :

 

« Adjudant-chef d’un courage, d’une bravoure et d’un dévouement au dessus de tout éloge, s’est brillamment conduit pendant les opérations du 23 octobre 1917. Se signalant à maintes reprises, dans un mépris absolu du danger, recherchant, par tous les moyens à établir la liaison entre les unités, et ce, sous un bombardement violent de feux de mousqueterie et de rafales de mitrailleuses. »

 

Médaille militaire (J.O. du 24 avril 1917 à compter du 1er avril 1917) :

 

« Sous-officier énergique et brave. A participé depuis le début de la campagne à tous les combats où son régiment a été engagé. Blessure (a déjà été cité). »

 

Autres décorations :

 

Chevalier de la Légion d’honneur par arrêté ministériel du 30 décembre 1920 pour prendre rang du 16 juin 1920.

 

Médaille interalliée de la victoire

 

Médaille commémorative française de la Grande Guerre

 

Officier d’académie (publication dans le J.O. du 27 mars 1927

 

Chevalier de l’ordre du mérite agricole (J.O. du 8 février 1912)

 

Officier de l’ordre du mérite agricole (publication dans le journal « l’express de l’est et des Vosges » du  16 février 1922)

 

Commandeur de l’ordre du mérite agricole (publication dans le journal « l’express de l’est et des Vosges » du 14 décembre 1932)

 

À l’occasion de la remise de cette décoration, le journal « l’express de l’Est et des Vosges » du 14 décembre publie l’article suivant rédigé par François Blaudez :

 

« C’est avec le plus grand plaisir que tous les Spinaliens ont appris la nouvelle de la promotion de Monsieur Henri Fréville au grade de commandeur du Mérite agricole, car le directeur de nos promenades, magicien de nos jardins, a su conquérir l’estime de tous.

 

Cette nouvelle distinction, qui vient s’ajouter aux glorieuses croix et médailles dont s’ornait déjà la poitrine de Monsieur Fréville, est particulièrement méritée.

 

Henri Fréville n’est pas seulement un technicien doublé d’un artiste délicat, c’est un apôtre et un propagandiste, au dévouement inlassable, qui fit et fait chaque jour la plus utile besogne pour le développement de l’horticulture.

 

Depuis 1905, il a la charge de l’entretien de nos promenades et de nos jardins. Sans amoindrir la valeur de son prédécesseur, nous devons dire que sous sa baguette magique, cette fine baguette de bambou qui complète sa silhouette familière, les plus heureuses transformations ont embelli la parure de la ville.

 

Le cours est devenu une sorte de jardin botanique par les essences et les plantes rares qu’il y dispose. La science de l’harmonie et de la couleur y apparaît chaque été dans les parterres et les corbeilles fleuries, possédant chacune un dessin particulier et original.

 

L’admirable parc du château a, lui aussi, heureusement bénéficié de ses soins.

 

C’est à Henri Fréville que nous devons l’idée et la réalisation de la roseraie municipale, merveilleux Éden fleuri qui fait l’admiration des visiteurs et des touristes, concourt par delà même les frontières à la réputation de bon goût de la ville d’Épinal.

 

Monsieur Fréville a enfin créé quatre nouveaux squares et le terrain de jeu de Chantraine.

 

Telle est l’œuvre apparente de tous du technicien et de l’artiste.

 

Mais que penser de son œuvre qui demeure poursuivie dans les serres municipales pour réaliser avec la plus scrupuleuse économie, la parade chaque année renouvelée de notre cité ?

 

Il nous faut maintenant dire l’action de l’apôtre et du propagandiste.

 

Depuis 1906, comme secrétaire plus comme secrétaire général de la société d’horticulture des Vosges (fonctions qu’il assume bénévolement), Henri Fréville consacre tous ses rares loisirs à des tournées de conférence dans les plus grands centres et même dans les plus humbles bourgades. Chaque assemblée mensuelle est en outre pour lui l’occasion de donner de précieux et pratiques conseils à de nombreux amateurs de jardins.

 

Ainsi, grâce à lui, l’art de l’horticulture si agréable et si utile pour l’économie domestique prend, depuis nos Vosges, un merveilleux essor.

 

Tels sont les titres magnifiques, qui valent à Henri Fréville, la haute distinction que le gouvernement vient de lui accorder. Il nous a été agréable de les rappeler malgré la modestie de celui qui en est l’objet. Et c’est en toute sincérité que nous lui renouvelons nos plus sincères félicitations. »

 

Pour prendre connaissance de la généalogie de la famille Fréville, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

log geneanet

 

L’adjudant-chef Fréville possède un dossier individuel dans la base de données « Léonore » sur le site des archives nationales. Pour le consulter, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante et d’inscrire son nom et ses prénoms dans la rubrique appropriée pour avoir accès aux documents.

 

Site base Leonore

 

Sources :

 

La fiche signalétique et des services de l’adjudant-chef Fréville et les registres d’état civil de la ville de Souchez ont été consultés sur le site des archives départementales du Pas-de-Calais.

 

Articles de presse publiés dans le journal « l’express de l’est et des Vosges ».

 

« Et le temps à nous, est compté » Lettres de guerre (1914-1919) Albert Marquand. Présentation de Francis Barbe, postface du Général André Bach.

 

La photographie de groupe représentant les sous-officiers de la 10e compagnie du 149e R.I. est extraite du fonds Gérard (collection personnelle).

 

Un grand merci à M. Bordes, à R. Mioque, à A. Carobbi, à F.Barbe, aux archives départementales du Pas-de-Calais et au Service Historique de la Défense de Vincennes. 

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