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149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
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21 mai 2021

Joseph Émile Barlier (1880-1966)

Joseph Emile Barlier

 

Joseph Émile Barlier voit le jour le 10 mai 1880 à Marzelay, un hameau situé dans le département des Vosges et dépendant de la ville de Saint-Dié.

 

Sa mère, Marie Louise Fleurent,est âgée de 35 ans lorsqu’elle lui donne naissance. Son père se prénomme Sébastien. Il a le même âge que son épouse. Émile est le second enfant du couple.

 

Genealogie famille Barlier

 

Sébastien et Marie Louise exercent tous les deux le métier de cultivateurs.

 

Émile quitte l’école communale après avoir obtenu son certificat d’études primaires, ce qui signifie qu’il sait parfaitement lire, écrire et compter. Ne pouvant pas poursuivre des études, il rejoint rapidement le monde professionnel. À l’âge de quinze ans, il travaille la terre, probablement dans la même exploitation agricole que ses parents.

 

Marzelay

 

Émile fête ses vingt ans en 1900. Solide comme un roc, il passe devant le conseil de révision qui le déclare « bon pour le service armé ». Le jeune homme se retrouve inscrit dans la 1ère partie de la liste du recrutement cantonal. Le futur conscrit reçoit sa feuille de route l’année suivante. Celle-ci lui indique son affectation au 149e R.I., une unité qui tient garnison à Épinal.

 

Au 149e R.I.

 

Émile intègre la caserne Courcy le 16 novembre 1901. Son appétence pour la vie militaire est vite repérée par ses supérieurs. Son capitaine de compagnie le fait rapidement inscrire au peloton des élèves caporaux. Émile Barlier est nommé dans ce grade le 25 septembre 1902. Un an plus tard, il a une promotion, il devient sergent.

 

Caserne Courcy - stand du tir réduit

 

Émile a trouvé sa voie. L’ancien cultivateur décide de s’engager pour une durée de deux ans, quelques mois avant la fin de ses obligations militaires. Ce contrat est homologué le 7 mai 1904. Il sait qu’il ne touchera pas de prime pour cet engagement, mais cela ne fait rien. Il ne souhaite absolument pas retourner à la vie civile. Le 28 décembre, le sergent Barlier change de catégorie. Il entre dans celle des sous-officiers rengagés avec prime.

 

Le 1er juillet 1905, il troque la cartouchière pour l’encrier. Émile est nommé sergent-fourrier. Il doit maintenant s’occuper de la comptabilité de la compagnie.

 

Il signe un second engagement le 11 octobre 1906. Ce contrat d’une durée de trois ans prend effet à compter du 1er novembre.

 

Émile Barlier redevient sergent de compagnie le 15 mars 1907. Le 11 mai, il est promu sergent-major, c’est le retour aux fonctions administratives, mais cette fois-ci, il est tout en haut de la hiérarchie comptable de la compagnie, en lien direct avec le capitaine.

 

Le 8 juillet 1908, le sergent-major Barlier adresse une demande d’autorisation de mariage au président du conseil d’administration du régiment pour épouser Claire Marie Louise Modret, une jeune femme originaire de la Côte d’Or.

 

Le capitaine Cesbron qui commande la 1ère compagnie, l’unité dont il dépend, écrit ceci : « Très bon sous-officier, d’un moral très élevé, est d’une conduite irréprochable, capable par son caractère de fonder une famille et de la tenir très convenablement. »

 

Le couple se marie dans la petite commune de Gemeaux, le 11 août 1908. Les Barlier n’auront pas de descendance. 

 

Le 8 juillet 1909, Émile signe pour la troisième fois. Il devra porter l’uniforme pendant les cinq années suivantes.

 

1ere compagnie du 149e R

 

Le sergent-major Barlier est promu adjudant le 11 octobre 1913.

 

Émile s’engage à nouveau pour une durée de deux ans et soixante-quinze jours, le 23 mai 1914. Ce contrat aurait dû prendre effet à partir du 1er novembre, mais les évènements internationaux en décidèrent autrement.

 

La Grande Guerre

 

Un nouveau conflit armé contre l’Allemagne est sur le point de débuter en août 1914, mettant fin à 43 années de paix. À cette époque, Émile Barlier est sous-officier à la 7e compagnie, sous le commandement du capitaine Coussaud de Massignac.

 

Toutes les unités frontalières reçoivent l’ordre de se diriger vers l’Allemagne avant même la déclaration de guerre officielle. Elles doivent stopper une éventuelle attaque allemande le temps que la France ait fini de se mobiliser.

 

Le 149e R.I. entre officiellement en campagne le 3 août. Six jours plus tard, la compagnie Coussaud de Massignac entre en action, c’est le baptême du feu pour le régiment. Ce jour-là, L’adjudant Barlier se fait remarquer par un acte de bravoure. Il tue un porte-drapeau allemand auquel il arrache le baudrier et le fer de lance. C’est dommage, l’homme n’était pas en possession du drapeau, symbole identitaire du régiment. Cette action lui vaut une citation à l’ordre de l’armée.

 

Pour en savoir plus sur le déroulement de cette journée, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

 

Carte journee du 9 aout 1914

 

Émile Barlier est blessé le 21 août 1914 au cours d’une attaque qui a lieu du côté d’Abreschwiller. Touché par une balle au pied gauche, il est évacué vers l’arrière.

 

Pour en savoir plus sur ce qui s’est passé durant cette journée, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

 

Carte journee du 21 aout 1914

 

L’adjudant Barlier est soigné à Hôpital militaire de Vichy, du 24 août au 26 septembre 1914. Durant ce séjour, il apprend sa nomination, à compter du 2 septembre, au grade de sous-lieutenant à titre temporaire.

 

Émile est envoyé en convalescence du 27 septembre au 8 novembre 1914. Le lendemain, il doit être au dépôt du 149e R.I. à Rolampont, pour se mettre sous les ordres du commandant Bédin. Son pied reste une véritable source de souffrance. Les premiers soins n’ont pas suffi, il doit de nouveau être hospitalisé. Le 15 janvier 1915, le sous-lieutenant Barlier intègre l’hôpital militaire de Bourbonne-les-Bains pour y subir plusieurs interventions chirurgicales. Il devra, en parallèle, suivre un traitement thermal. Considéré comme guéri, Émile rejoint le dépôt le 16 avril 1915. Des problèmes subsistent ; le 6 octobre, il est de nouveau hospitalisé à Bourbonne-les-Bains. Le 15 décembre 1915, c’est le retour à Rolampont.

 

Trois jours plus tard, le sous-lieutenant Barlier est envoyé en stage au centre d’instruction de mitrailleurs de Chaumont. Il réintègre le dépôt du 149e R.I. le 17 janvier 1916.

 

Le 6 juin 1916, Émile Barlier est détaché comme instructeur au cours des mitrailleurs du  C.I. du 21e C.A.. Confirmé à titre définitif dans son grade de sous-lieutenant, il rejoint le corps combattant du régiment le 26 juillet pour être affecté à la 1ère compagnie de mitrailleuses.

 

En septembre, le 149e R.I. affronte les Allemands dans la Somme. Le sous-lieutenant Barlier est cité à l’ordre du régiment pour sa conduite au feu durant la prise du village de Soyécourt.

 

Le 21 novembre 1916, il est nommé lieutenant à titre temporaire.

 

Deux jours avant Noël, le lieutenant-colonel Pineau rédige la petite note suivante dans son feuillet personnel : « Très bon officier, a continué de montrer de très belles qualités militaires. Rend les plus grands services dans la compagnie de mitrailleuses à laquelle il appartient. A été cité lors des dernières affaires. »

 

Le 15 février 1917, Émile est envoyé au dépôt divisionnaire de la 43e  D.I.. Le 6 juillet, sa hiérarchie valide son grade de lieutenant à titre définitif.

 

Le 28 octobre, Émile Barlier est affecté à la 3e compagnie de mitrailleuses du 149e R.I.. Le régiment vient de subir des pertes à la bataille de la Malmaison.

 

Le lieutenant Barlier est détaché au centre d’instruction divisionnaire de la 43e D.I. pour assurer, du 1er janvier au 14 avril 1918, le commandement de la 4e compagnie 149e R.I.. Durant cette période, il enseigne également comme instructeur-mitrailleur en donnant des cours aux élèves, chefs de section du groupe des armées de l’est.

 

Le 15 avril, il prend la tête de la 12e compagnie du 149e R.I..

 

Émile quitte le C.I.D. pour rejoindre le régiment le 13 mai 1918. Le lieutenant-colonel Vivier lui confie sa 3e compagnie de mitrailleuses.

 

À partir de cette date, le lieutenant Barlier participe à tous les évènements majeurs du régiment en tant que chef de la C.M.3.

 

Fin mai 1918, le 149e R.I. s’oppose à une vaste offensive allemande qui est menée sur le chemin des Dames, entre le moulin de Laffaux et les abords de la ville de Reims. Les combats sont très violents. Le lieutenant Barlier est cité à l’ordre de la division.

 

Pour en savoir plus sur les évènements qui se sont déroulés durant cette période, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

 

 

Sa compagnie est engagée dans la bataille de Somme-Py à la fin du mois de septembre 1918. Le lieutenant Barlier est grièvement blessé le 29.

 

Pour en savoir plus sur les évènements de septembre 1918, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

 

 

Sa jambe droite est fracturée, le pied est presque détaché, un éclat d’obus a pénétré dans la jambe gauche. Émile Barlier est dans un premier temps soigné à l’ambulance 10/13 à Bussy-le-Château.

 

L’aumônier du régiment, l’abbé Henry, évoque cet évènement dans un de ces carnets.

 

Pour lire ce qu’il a écrit, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

Journée du 29 septembre 1918

 

Jugé transportable, il est évacué par voie de chemin de fer le 3 octobre 1918. Émile arrive à la gare de Lyon le lendemain. Il est pris en charge par les médecins de l’hôpital complémentaire n° 9.

 

Fin octobre 1918 le lieutenant-colonel Vivier, chef du régiment, rédige ceci dans le relevé de notes de son subordonné « Bon commandant de compagnie possédant des connaissances techniques très sérieuses et ayant une compagnie disciplinée et très bien tenue. Officier sérieux et consciencieux. »

 

Les années d’après-guerre

 

Le lieutenant Barlier quitte l’hôpital complémentaire n° 9 le 21 novembre 1918 pour aller occuper un lit à l’hôpital complémentaire n° 24. La guerre est terminée depuis dix jours. Sa jambe droite a été amputée jusqu’à la cuisse, au tiers supérieur. Sa jambe gauche est en bonne voie de guérison. Émile est fait chevalier de la Légion d’honneur le 29 mars 1919.

 

Les soins sont très longs, il quitte Lyon le 12 mai 1919 pour partir en convalescence durant trois mois.

 

Le lieutenant Barlier est envoyé au centre d’appareillage de Saint-Maurice pour être équipé d’une prothèse le 14 août 1919.

 

Le 11 octobre, il est affecté au 103e R.I. Émile n’est jamais reparu au dépôt du 149e R.I. depuis sa blessure.

 

Le 2 septembre 1920, il est expertisé par la commission de réforme de la Seine qui lui accorde un taux d’invalidité de 85 % à titre définitif. La 3e commission de réforme de la Seine du 23 septembre 1920 valide cette décision.

 

Le lieutenant Barlier n’a nullement l’intention d’abandonner l’uniforme. Malgré son statut de grand mutilé, il souhaite poursuivre sa carrière militaire pour occuper des fonctions administratives.

 

Le 11 octobre 1920, il est détaché, en qualité de chef de bureau de la comptabilité, à la 10e section des chemins de fer de campagne, dépendante de l’E.M. du 4e bureau. Très bon dans ce domaine, il fournit un travail intense et assidu. Il met à jour et mène à bonne fin la comptabilité de liquidation du dépôt qui était en retard de plusieurs semestres. Le lieutenant Barlier dépend toujours du 103e R.I. pour la solde.

 

Le 26 novembre 1920, le lieutenant Barlier devient officier de détails. Il est en charge des services administratifs du C.R.P.M. du fort de Nogent.

 

La 5e commission de réforme de la Seine du 26 février 1921 le rend définitivement inapte à servir sur un T.O.E. en application des dispositions de l’article 19 de l’instruction n° 2600 1/11 du 2 mars 1921 et de la C.M. 3374 du 5 avril 1921.

 

Son ancienneté dans le grade de sous-lieutenant à titre définitif est fixée au 2 septembre 1914, celle de lieutenant à titre définitif au 2 septembre 1916. Ce changement aura une incidence favorable pour le calcul de sa retraite.

 

Suite à une décision ministérielle du 9 mai 1921, le lieutenant Barlier est affecté au 89e R.I. pour convenance personnelle, en vue de son affectation à la place de Vincennes. Il est désigné, par note du général gouverneur militaire de Paris, aux fonctions d’adjudant de garnison à la place de Vincennes.

 

Cet officier donne entière satisfaction aux différents commandants d’armes qui l’ont sous leurs ordres. Émile est jugé comme étant un collaborateur excessivement sérieux, zélé et consciencieux. Ses supérieurs peuvent compter sur lui. Le lieutenant Barlier est à même de remplacer le commandant-major de garnison lorsque celui-ci est absent.

 

Émile Barlier est nommé capitaine par décret du 15 mai 1922. Ce changement de  grade est validé pour ancienneté à compter du 30 juin 1921.

 

En 1923, il doit se présenter à deux occasions devant la commission de réforme de la Seine (une fois le 13 mars 1923 devant la 2e commission, une fois le 29 mai devant la 5e). Son taux d’invalidité reste inchangé.

 

Le 22 mai 1924, il est proposé pour le maintien en activité avec un emploi sédentaire et pour une pension permanente pour amputation de la cuisse droite au tiers supérieur, pour limitation de l’extension du genou gauche suite à une blessure transfixiante de la cuisse avec cal volumineux du 2e métatarsien.

 

Il est une nouvelle fois hospitalisé à Bourbonne-les-Bains entre le 13 juillet et le 6 août 1924. Émile est ensuite envoyé en permission pour une vingtaine de jours.

 

Le général de Partonneaux, commandant de la place d’armes de Vincennes, note dans le feuillet du personnel : « Jugement droit et sain, esprit pondéré, caractère méthodique, éducation parfaite, le capitaine Barlier est de ces officiers complets avec lesquels on se plaît à collaborer, on peut d’ailleurs avoir, en toutes circonstances, une confiance absolue. Pour lui, le devoir et la conscience priment tout, c’est dire tout le bien que je pense de lui. »

 

Le capitaine Barlier est affecté pour ordre au 46e R.I. suite à la dissolution du 89e R.I. (J.O. du 9 décembre 1923). Ce changement n’a aucune incidence sur ses fonctions.

 

En décembre 1928, il est détaché à l’E.M. de la place de Paris 1928 après plus de sept années passées à l’E.M. de la place de Vincennes. Il. Il ne reste à ce nouveau poste que quelques semaines. Le 14 février il est de nouveau hospitalisé, Émile est envoyé en congé de convalescence pour trois mois à compter du 6 mars 1929. Le 6 juin il obtient une prolongation d’un mois et demi. Le 18 juillet, il fait sa demande de droit à la retraite.

 

Émile Barlier est admis à la retraite et rayé des contrôles de l’armée active le 10 octobre 1929, jour de sa nomination au grade de chef de bataillon.

 

Cette promotion le fait passer dans la réserve par décret du 25 décembre 1929. Il est affecté aux services militaires de la région de Paris. Le commandant Barlier se retire à Rosny-sous-Bois.

 

Le 19 mars 1935, il est mis à la disposition du général commandant le département de la Seine par décision n° 421 2/P du général commandant la région de Paris.

 

Le 5 février 1937, il est remis à la disposition du général commandant la région de Paris.

 

Le commandant Barlier est définitivement rayé des cadres par décret du 2 novembre 1937.

 

L’ancien soldat du 149e R.I. décède le 21 février 1966, à l’hôpital du Val de Grâce, à l’âge de 85 ans.

 

Decorations Emile Barlier

 

Décorations obtenues :

 

Croix de guerre 1914-1918 avec 1 palme, 1 étoile d’argent et 1 étoile de bronze.

 

Cité à l’ordre n° 43 de la 1ère Armée en date du 16 septembre 1914 :

 

« Pour sa belle conduite au feu. »

 

Cité à l’ordre n° 257 du 149e R.I. en date du 26 septembre 1916 :

 

« Le 4 septembre 1916, a brillamment entraîné son peloton, chargé d’une mission de flanquement délicate à l’assaut d’un village puissamment organisé par l’ennemi. A conservé, sous un feu violent de mitrailleuses, la liaison avec le corps d’attaque voisin. A maintenu, dans les jours suivants, son peloton dans des positions de soutien soumises à des bombardements intenses et continus, en se multipliant pour organiser un travail sans cesse retourné par les obus. »

 

Cité à l’ordre n° 333 de la 43e D.I. du 23 juin 1918 :

 

« Officier ayant une très belle attitude au feu. A fait preuve des qualités de chef dans le commandement de ses sections de mitrailleuses au cours des combats du 28 au 31 mai 1918 dans des conditions particulièrement périlleuses. »

 

Chevalier de la Légion d’honneur du 29 mars 1919 (J.O. du 22 mai 1919) :

 

« Excellent officier ayant toujours fait preuve de la plus grande vaillance ; bel exemple de courage, de sang-froid pendant les plus violents combats. Blessé le 21 août 1914 à Abreschviller, a été de nouveau grièvement blessé le 29 septembre 1918 après avoir, pendant trois et demi, entraîné sa compagnie de mitrailleurs au cours d’une progression de 8 km (3 citations). »

 

Officier de la Légion d’honneur : Décret du 12 décembre 1936 pour pendre rang du 23 juillet 1935.

 

Commandeur de la Légion d’honneur par décret du 16 janvier 1946.

 

Le commandant Barlier possède un dossier sur la base Léonore.

 

Site base Leonore

 

Sources :

Dossier personnel consulté au Service Historique de la Défense de Vincennes.

 

La fiche signalétique et des services du commandant Barlier, les tables décennales, et les registres de recensements de la ville de Saint-Dié pour les années 1886 et 1896 ont été visionnés sur le site des archives départementales des Vosges.

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à M. Porcher et au Service Historique de la Défense de Vincennes et aux archives départementales des Vosges. 

19 mars 2021

Paul Louis Émile Courtois (1897-1958)

Paul Louis Emile Courtois

 

Paul Louis Émile Courtois voit le jour le 9 avril 1897 à Varogne, une petite commune peuplée de moins de 200 habitants, située au nord-est de Vesoul, dans le département de la Haute-Saône. En 1894, son père, Émile Étienne, a épousé en secondes noces Marie Françoise Richard, la mère de Paul. Il est âgé de 36 ans à la naissance de son fils.

 

Sa première femme, Marie Augustine Lépagney, avec qui il a eu 6 enfants, est décédée l’année précédant l’arrivée de Paul. Seules deux filles ont survécu.

 

Marie Françoise Richard est âgée de 27 ans lorsqu’elle donne la vie à Paul. C’est son 3e accouchement. Elle a déjà perdu deux enfants morts-nés.

 

Les Courtois travaillent comme cultivateurs.

 

Marie Françoise meurt en couches en 1902 après avoir eu un garçon, né en 1898 et une fille née en 1900. Son dernier né ne survit pas à la naissance. Paul vient tout juste de fêter son cinquième anniversaire. Le père se retrouve seul avec une adolescente de 16 ans, une fille de 11 ans et trois enfants en bas âge.

 

Varogne

 

Émile Étienne se remarie une troisième fois, en 1904, avec Joséphine Émilie Aline Bretagne. Le couple aura une quinzaine d’enfants. L’année suivante, la famille Courtois déménage pour aller s’installer à la section des Rêpes, qui était, à ce moment-là, une zone agricole de la commune de Vesoul.

 

Paul Courtois quitte l’école communale en sachant correctement lire, écrire et compter, pour aller travailler aux champs.

 

Il a 17 ans lorsque l’ordre de mobilisation générale est affiché dans toutes les communes de France. Paul est bien trop jeune pour être concerné par ces évènements. Il sait qu’il a encore de longs mois devant lui avant d’être appelé sous les drapeaux. Peut-être même échappera-t-il à la guerre. Certains pensent sincèrement que les hostilités seront terminées en quelques semaines. La suite des évènements ne leur donnera pas raison. Le conflit finit par s’enliser dans une guerre de tranchées interminable.

 

La classe 1917, à laquelle Paul est rattaché, fut appelée bien avant l’heure de la conscription du temps de paix. Dès 1915, il doit se présenter devant le conseil de révision qui s’est réuni à la mairie de Vesoul. Paul étant en bonne forme physique, ce conseil le déclare bon pour les obligations militaires.

 

Peu de temps après, le futur soldat reçoit sa feuille de route qui lui ordonne de gagner Épinal. Il doit être au dépôt du 149e R.I. pour le 8 janvier 1916. Affecté à la 25e compagnie, sa formation militaire commence immédiatement.

 

Le 19 juillet, son chef d’escouade, le caporal Joly, le consigne au quartier pour une durée de deux jours. Le capitaine Delmaz transforme cette sanction en 4 jours d’arrêt de rigueur. Celle-ci est encore majorée par le chef de bataillon qui la fait passer à 8 jours. Le motif de la punition infligée est le suivant : « Au cours de l’inspection des hommes de son escouade, ce caporal, sous-pesant un sac, fit, à son détenteur, observer que le chargement était incomplet. Le soldat Courtois, présent, répondit,  faisant un geste obscène : "Sous-pèse voir celui-là". » 

 

Pour une jeune recrue, l'insolence de la réplique est énorme ! Elle dénote un caractère bien trempé.

 

Cet écart n'en fit pas un mauvais soldat : il n'y eut plus de punitions au dépôt et Paul se révéla être un excellent tireur.

 

À la mi-septembre, Paul quitte la caserne Courcy pour rejoindre le bataillon de marche du régiment qui cantonne à Fleury, dans le département de l’Oise. Il n’est pas encore tout à fait prêt pour être envoyé sur la ligne de front. Le soldat Courtois doit poursuivre son entraînement pour s’endurcir. Il doit devenir plus résistant à la marche en se déplaçant vite, sous n’importe quelle condition météorologique.

 

Le 20 novembre 1916, il est envoyé à Saint-Soupplets, en Seine-et-Marne, pour suivre une formation de signaleur-téléphoniste. Les cours dureront un mois. 

 

Paul poursuit ensuite ses apprentissages militaires au 1er groupe du bataillon d’instruction qui est installé à Rouvres.

 

Il obtient sa première permission à la fin du mois de janvier 1917. Traînant un peu trop pour revenir au bataillon, sa lenteur lui vaut 8 jours d’arrêt de rigueur.

 

Son lieutenant de compagnie lui a inscrit le motif suivant : « Titulaire d’une permission de détente de 7 jours pour Pusy-et-Épenoux (Haute-Saône), a mis 7 jours pour rejoindre la compagnie, alors qu’un de ses camarades, pour faire le même trajet, n’a mis que 4 jours. » Le chef de bataillon fait passer la punition à 15 jours. Sa formation militaire est sur le point de s’achever.

 

 

Le 16 février, le soldat Courtois part avec un renfort en direction du dépôt de la 43e D.I. qui est à Méziré, dans le département du Haut-Rhin. Ce dépôt divisionnaire change plusieurs fois d’emplacement avant que Paul ne soit envoyé dans la zone des combats.

 

Le 25 juillet 1917, il quitte la 4e compagnie du 149e R.I. du dépôt divisionnaire pour rejoindre le régiment actif.

 

Depuis plusieurs semaines, le 149e R.I. occupe un secteur du Chemin des Dames, à l’ouest du fort de la Malmaison, où il alterne périodes de repos et passages en première ligne, sans participer à de véritables combats.

 

Paul a probablement été versé à la 2e compagnie de mitrailleuses. Le jeune homme qui tient un petit carnet depuis son arrivée à la caserne Courcy, note, à la date du 9 août 1918 qu’il laisse derrière lui la 2e C.M. pour être affecté dans une autre compagnie du régiment.

 

Ce petit carnet ne contient que des dates et des lieux. Très rarement, l’auteur y mentionne un détail important de sa vie de soldat. Ce petit carnet reste tout de même un document d’un grand intérêt. Il ne faut pas oublier que le J.M.O. du 149e R.I. n’existe plus à partir de la date du 29 août 1914. Cette absence rend donc impossible le suivi à la loupe du régiment jusqu’à la fin du conflit. Grâce à des carnets tels que celui de Paul Courtois, il est tout à fait réaliste de pouvoir reconstruire de longues séquences de déplacements du régiment durant les quatre années de guerre.

 

Le soldat Courtois participe à la bataille de la Malmaison qui a lieu le 23 octobre 1917. Pour lui, c’est le baptême du feu. Il sort indemne de cette première expérience du combat.

 

Pour en apprendre davantage sur cette période, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

 

 

Le 149e R.I. est envoyé en cantonnement de repos, dans la région ouest de Montmirail, après les combats de la Malmaison. Il s’installe ensuite près de Montbéliard, avant de repartir dans les Vosges, occuper un secteur autour du Violu. Le 15 janvier 1918, Paul obtient une permission de 15 jours. Il est de retour à la compagnie le 6 février. 

 

En avril, le 149e R.I. s’établit au nord-ouest de la forêt de Compiègne.

 

Fin mai 1918, le régiment spinalien est envoyé en hâte dans le secteur d’Arcy-Sainte-Restitue au sud-est de Soissons. Les Allemands viennent de faire une percée. Il faut vite stopper leur progression. Paul Courtois est blessé le 29.

 

Pour en savoir plus sur la journée du 29 mai 1918, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

 

 

La plupart du temps, il est quasiment impossible de retracer le parcours de soins d’un soldat blessé à partir des seules informations fournies par la fiche matricule.

 

Cette fois-ci, ce n’est pas le cas. La lecture du carnet de Paul permet une reconstitution complète de son itinéraire à partir de sa blessure jusqu’au moment où il se retrouve confortablement installé dans un lit d’hôpital.

 

Touché par une balle reçue dans la région sous nasale, la plaie nécessite une évacuation vers l’arrière, mais Paul n’a pas le droit à une ambulance. Il doit se rendre à pied jusqu’au dépôt des éclopés qui se trouve à la Ferté-Milon. Une longue marche de plusieurs kilomètres l’attend.

 

Les 30 et 31 mai 1918, il est à la gare régulatrice du Bourget.

 

Paray-le-Monial

 

Le 1er juin, Paul occupe un des 350 lits de l’hôpital principal n° 34 du service santé militaire ; cet hôpital est installé à l’intérieur de l’école Saint-Hugue à Paray-le-Monial.

 

Le 28 juin, Paul se rend à Pusey. Le jeune homme vient de bénéficier d’une permission de 17 jours. La famille Courtois est installée dans cette commune depuis 1917. Elle y loue ferme et terre pour mener son train de culture et élever, vaches, cochons, et basse-cour.  

 

Complètement rétabli, Paul Courtois gagne la gare régulatrice du Bourget depuis Pusey.

 

Début août, il est au camp de la Noblette. Le 9, Paul est muté à la 6e compagnie du 149e R.I.. Cette compagnie a été sérieusement éprouvée par une attaque au gaz le 30 juillet. Il faut reconstituer une partie de ses effectifs.

 

Le 26 septembre 1918, le 149e R.I. est de nouveau engagé dans une grande offensive au dessus de Perthe-lès-Hurlus, en Champagne. Paul Courtois, devenu voltigeur, sert toujours à la 6e. Cette compagnie est sous les ordres du capitaine Kolb.

 

Pour en savoir plus sur cette période, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

 

 

Le 11 novembre 1918, Paul Courtois entend la sonnerie du clairon qui annonce l’armistice, à Remaucourt dans les Ardennes.

 

Il est mis en congé illimité de démobilisation le 1er octobre 1919 depuis le dépôt du 35e R.I., à Belfort. Paul se retire quelque temps à Pusey avec l’obtention de son certificat de bonne conduite.

 

Il se fait embaucher à la Société Alsacienne de Constructions Mécaniques (future Alsthom), véritable aimant pour la main-d'œuvre de la région. Le livre n° 6 des entrées et des sorties du personnel de l’entreprise du 1er août 1914 au 10 décembre 1920 nous apprend que Paul Courtois s’est fait engager comme manœuvre, le 29 septembre 1920, à l'âge de 23 ans.

 

Paul s’installe à la cité du Salbert n°4 à Belfort. Il est affecté pour la mobilisation au 60e R.I.. Le 1er avril 1923, il dépend militairement du 146e R.I..

 

Paul Courtois épouse Marthe Marie Rosine Dravigney, à Chalonvillars, le 25 octobre 1923. Le couple vit dans cette commune jusqu’en avril 1928. Paul travaille toujours à la Société Alsacienne de Constructions Mécaniques. Formé à l’intérieur de l’entreprise, il finira par devenir fraiseur-outilleur.

 

Marthe et son époux déménagent à Belfort pour emménager au n° 62 faubourg de Lyon, avec leurs deux filles, Paulette et Andrée.

 

Le 9 octobre 1935, la famille Courtois s’installe au n° 18 faubourg de Lyon.

 

Paul décède le 7 avril 1958 à Belfort, deux jours avant de fêter son 61e anniversaire. 

 

Décoration Paul Courtois

 

Paul Courtois a été décoré de la croix de guerre avec la citation suivante :

 

Citation à l’ordre du régiment n° 66 en date du 5 décembre 1918.

 

« Brave soldat qui a toujours eu une conduite parfaite en toutes circonstances et n’a cessé de faire son devoir pendant le long temps de service qu’il a accompli au front ».

 

La généalogie de Paul Louis Émile Courtois est consultable sur le site « Généanet ». Pour y avoir accès, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

Geneanet

 

Sources :

 

Carnet de route et de cantonnements rédigé par Paul Louis Émile Courtois.

 

Les photographies, les documents et le carnet qui ont servi de support à la rédaction de cette biographie proviennent tous de la collection Gerber, famille descendante de Paul Louis Émile Courtois.

 

La fiche signalétique et des services du soldat Courtois a été consultée sur le site des archives départementales de la Haute-Saône.

 

Un grand merci à M. Bordes, à M. A. Mercerat, à  A. Carobbi, à J.L. Gerber, aux archives départementales de la Haute-Saône et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

26 février 2021

Jean Marius Montagnon (1894-1917)

Jean Marius Montagnon

 

Le 4 avril 1894, Jean Marius Montagnon voit le jour dans le 3e arrondissement lyonnais, au 27 de la rue de Marseille.

 

Sa mère, Agathe Marie Neyton, est âgée de 21 ans. Elle exerce la profession de femme de ménage. Son père, Rémy, natif du département de l’Ain, est épicier. Il a 28 ans.

 

Une sœur naît le 28 avril 1900. Le couple Matignon n’aura pas d’autres enfants.

 

 

La fiche matricule de Marius mentionne un degré d’instruction de niveau 3. Il sait lire écrire et compter correctement lorsqu’il quitte l’école communale.

 

La profession indiquée sur cette fiche laisse supposer que Marius a travaillé dans la même épicerie que son père avant de faire ses obligations militaires. Cependant, le terme « employé de commerce » reste bien trop vague pour que cette hypothèse puisse être véritablement confirmée.

 

La guerre contre l’Allemagne est inéluctable en août 1914. Pour Marius, ce n’est pas encore tout à fait l’heure de revêtir l’uniforme. Il n’est pas concerné par l’ordre de mobilisation générale puisque c’est l’année de sa conscription.

 

Le jeune homme sait simplement qu’il va bientôt devoir se rendre dans une caserne de l’Hexagone pour être initié au métier des armes. Il a été déclaré « bon pour le service armé » par la médecine militaire du conseil de révision ; ce conseil s’est réuni à la mairie du 7e arrondissement lyonnais quelques mois avant le début du conflit.

 

La classe 1914 est appelée par anticipation. Deux mois avant la date prévue, Marius Montagnon est dans l’obligation de rejoindre le dépôt du 149e R.I..

 

Dès le 4 août 1914, ce dépôt, initialement implanté à Épinal, a dû déménager à Jorquenay, un petit village haut-marnais situé au nord de Langres. La caserne Courcy n’était pas assez spacieuse pour accueillir l’ensemble des réservistes du 149e, du 349e R.I. et du 43e R.I.T..

 

Marius gagne Jorquenay le 7 septembre. Une fois de plus, les cantonnements occupés sont trop exigus pour accueillir les nouveaux arrivants de la classe 14. Il faut prévoir un second déplacement du dépôt. Celui-ci a lieu le 21 septembre. Les jeunes conscrits s’installent à Rolampont, une commune située au nord-ouest de Jorquenay.

 

Les conditions de vie sont rudes, il faut aller vite dans les apprentissages militaires. Les hommes seront envoyés sur la ligne de front avec une base minimum de connaissances.

 

Marius a probablement suivi le peloton des élèves caporaux pendant son instruction, ce qui expliquerait ses promotions rapides. Il passe de soldat de 2e classe à sergent en à peine plus de deux mois. Il devient soldat de 1ère classe en mai 1915, caporal en  juin puis sergent en juillet.

 

La date éventuelle de son passage au 9e bataillon n’est pas connue, pas plus que celle où il a été versé dans une des compagnies du régiment actif qui se trouve en Artois, dans le secteur Aix-Noulette.

 

Fin septembre 1915, le sergent Montagnon participe à une attaque qui doit déboucher sur la prise du bois en Hache, au sud d’Angres. Il est blessé au cours d’un des engagements qui a lieu durant la journée du 26. Les brancardiers parviennent à le transporter jusqu’au poste de secours. C’est l’évacuation vers l’arrière.

 

Pour en apprendre davantage sur cette journée, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

 

Carte journee du 26 septembre 1915

 

Le sergent Montagnon est de retour au dépôt du 149e R.I. le 30 novembre 1915. Le jour de Noël, il passe à la 25e compagnie. Le 14 janvier 1916, il est affecté à la 26e compagnie. Six jours plus tard, le sous-officier est envoyé avec un renfort au régiment actif. Marius est à Verdun en mars et avril 1916, puis dans la Somme en septembre où son régiment participe à la reprise des villages de Soyécourt et de Déniécourt.

 

Le 27 septembre 1916, il rejoint le dépôt de la 43e D.I.. Le motif et la durée de son séjour au dépôt divisionnaire ne sont pas indiqués sur sa fiche matricule.

 

Une photographie réalisée le 10 avril 1917 confirme la présence de Marius au sein de l’équipe des sous-officiers de la 10e compagnie du 149e R.I..

 

Les sous-officiers de la 10e compagnie du 149e R

 

L’identification de cet homme a été rendue possible grâce au livre de Francis Barbe « Et le temps, à nous, est compté ».

 

Un tirage identique figure à la page 179 de son ouvrage. Les noms de chacun des sous-officiers sont inscrits à la droite de la photographie.

 

Quelques semaines plus tard, la 10e compagnie est en 1ère ligne du côté d’Aizy-Jouy. La zone est dangereuse. Elle est régulièrement bombardée.

 

Le 21 juin 1917, le sergent Montagnon est grièvement blessé par un obus de 88. Il est impossible de le maintenir en vie, les lésions sont trop importantes.  Il meurt au poste de secours à l’âge de 23 ans. Les circonstances de son décès sont évoquées dans une des lettres rédigées par le sergent Marquand ; ces lettres figurent dans le livre de Francis Barbes.

 

« … Je vous ai écrit que j’étais à un poste d’observation. Nous étions 2 sergents et nous nous relevions toutes les 6 heures. Il était 3 heures, je venais de quitter le poste pour aller roupiller lorsque 10 minutes après, un obus de 88 arrive dans le créneau et blesse grièvement l’autre sergent qui, par bonheur, était seul. J’ai bondi avec un homme pour le retirer des décombres. Il avait le bras gauche arraché, touché dans les reins et une jambe fracassée. On l’a traîné comme on a pu jusqu’à un abri où je lui ai fait un garrot en attendant les brancardiers. Mais il est mort au poste de secours. Que ceux qui ont déchaîné la guerre assistent à de tels spectacles !!! »

 

Un autre fait marquant a eu lieu au cours de cette journée au 149e R.I.. Un obus a explosé à l’intérieur du P.C. Constantine, faisant plusieurs victimes à la liaison du 3e bataillon du régiment.

 

Pour en apprendre davantage sur cet évènement, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

 

PC Constantine

 

Marius Montagnon a été inhumé par les soins du groupe de brancardiers de la 43e D.I..

 

Il n’existe pas de sépulture militaire individuelle à son nom. Son corps fut probablement rendu à la famille dans les années 20.

 

Le sergent Montagnon a été décoré de la croix de guerre avec une étoile d’argent et une étoile de bronze.

 

Citation à l’ordre du régiment en date du 17 octobre 1915 :

 

« Le 27 septembre 1915, devant Angres, aux cours de travaux périlleux qu’il dirigeait pour l’établissement d’une sape en avant d’une position nouvellement conquise, a été blessé. »

 

Citation à l’ordre de la 43e D.I. n° 5 en date du 28 juin 1917 :

 

« Sous-officier de liaison ayant fait preuve en maintes circonstances d’un mépris absolu du danger. Déjà cité une fois à l’ordre. Tombé glorieusement à son poste de combat le 22 juin 1917. »

 

La Médaille militaire lui a été attribuée à titre posthume avec le même énoncé que sa citation à l’ordre de la division (publication dans le J.O. du 8 novembre 1920).

 

L’acte de décès de ce sous-officier fut transcrit à la mairie du 7e arrondissement de la ville de Lyon le 24 mars 1918.

 

Marius ne s'est pas marié et n'a pas eu de descendance.

 

Sources :

 

La Fiche signalétique et des services du sergent Montagnon, les actes d’états civils concernant sa famille, les registres de recensements des années 1896, 1906 et 1911 de la ville de Lyon ont été consultés sur le site des archives départementales du Rhône.

 

L’acte de décès du sergent Montagnon officialise sa mort au 21 juin 1917 contrairement à sa fiche « mémoire des hommes » et à son registre matricule qui la datent au jour suivant.

 

La photographie de groupe est extraite du fonds Gérard (collection personnelle).

 

« Et le temps, à nous, est compté » Lettres de guerre 1914-1919. Albert Marquand, présentation de Francis Barbe, postface du général André Bach. C'est-à-dire Éditions mille mots chuchotés. 2011.

 

Un grand merci à M. Bordes, à R. Mioque, à F. Barbe, à A. Carobbi, aux archives départementales du Rhône et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

19 février 2021

Joseph Marie Pierre Guillaume Léauté (1890-1918)

Joseph Marie Pierre Guillaume léauté

 

Originaire du département de la Côte-du-Nord, Joseph Marie Pierre Guillaume Léauté naît le 7 décembre 1890 à Uzel, une petite commune située au sud de Saint-Brieuc.

 

Sa mère, Marie Joseph Jeanne Marie Moisan, est âgée de 20 ans. Son père, Joseph Mathurin Marie, a 32 ans lorsque son fils voit le jour. Il exerce la profession de commerçant.

 

Joseph est l’unique enfant du couple Léauté.

 

La fiche matricule de ce jeune breton indique un degré d’instruction de niveau 3. Il sait donc lire, écrire et compter, mais ses acquisitions scolaires sont bien plus élevées que celles de la plupart des hommes qui possèdent le même niveau de connaissance.

 

Joseph a fréquenté l’école marianiste Saint-Charles de Saint-Brieuc entre 1900 et 1903. Instruit et enthousiaste pour tout ce qui concerne la Bretagne, il suit, avec grand intérêt, les séances de diverses associations bretonnes, particulièrement celles qui se déroulent à l’Association Régionaliste Bretonne où son père a longtemps présidé la section économique.

 

Le chef de famille est devenu fabricant de toile. Patron de son entreprise de textile, il propose un poste à son fils qui accepte de travailler avec lui. L’avenir professionnel semble assuré. Les années passent, il est maintenant l’heure de penser aux obligations militaires.

 

En parfaite santé, Joseph est inscrit dans la 1ère partie de la liste de la classe 1911 par le conseil de révision qui s’est réuni à la mairie d’Uzel.

 

Le jeune homme effectuera son temps de conscription à la 10e section des secrétaires d'état-major et de recrutement à Rennes. Il échappe ainsi aux longues marches et au maniement du Lebel qui sont le lot quotidien du fantassin.

 

Le soldat Léauté passe dans la réserve de l’armée active le 1er octobre 1913.

 

L’administration militaire n’a plus de secret pour lui. L’article 33 de la loi du 21 mars 1905 le maintient encore quelque temps au régiment. Joseph n’est renvoyé dans ses foyers que le 8 novembre.

 

De retour à Uzel, son certificat de bonne conduire en poche, il retrouve sa place au sein de l’entreprise paternelle. Cette période sera de courte durée. L’année suivante, les relations avec l’Allemagne se dégradent. La paix est menacée. L’ordre de mobilisation générale est décrété le 2 août 1914. Le monde est à l’aube d’un conflit sans précédent.

 

Joseph doit rendosser son uniforme au plus tôt. Il ne s’y attendait probablement pas. Il a ordre de réintégrer la 10section de secrétaires d'état-major et de recrutement le 3 août 1914. Le soldat Léauté sait qu’il a de la chance, en comparaison avec bien d’autres !

 

Secrétaire d'état-major veut tout simplement dire qu'il a été affecté soit à une direction des étapes et des services, soit à un corps d’armée, soit à une division, mais nous n'en saurons pas davantage, sa fiche matricule reste muette sur le sujet.

 

Une question tout de même ! Pourquoi a-t-il occupé ces fonctions si longtemps alors que ce type de poste aurait normalement dû le faire tomber sous le coup de la loi Dalbiez dès la fin de l'année 1915 ? Ce qui aurait entraîné son affectation dans une unité combattante.

 

Joseph est donc resté très en retrait de la ligne de front jusqu’à ce qu’un avis signé par le général Guérin, datant du 3 mars 1917, le fasse affecter au 123e R.I..

 

Que s’est-il passé pour lui à partir de cet instant ? A-t-il été dirigé sur le dépôt du régiment à La Rochelle ? A-t-il été envoyé directement au 9e bataillon, dans la zone des armées, à proximité de son ancienne unité d'affectation ? A-t-il exercé un temps de nouvelles fonctions administratives ou non ? Mystère !

 

Le 25 octobre 1917, Joseph Léauté est muté au 149e R.I.. À cette période du conflit, ce régiment termine une période d’engagements dans le secteur de La Malmaison, à proximité du chemin des Dames.

 

La date d’arrivée de Joseph dans la zone des combats reste ignorée, mais, cette fois-ci, nous savons avec certitude qu’il n’est plus derrière un bureau. Une de ses citations nous apprend qu’il est devenu agent de liaison.

 

Fin mai 1918, le 149e R.I. est envoyé d’urgence en camions dans le secteur d’Arcy-Sainte-Restitue. Les Allemands ont déclenché une attaque qui risque de percer le front français. Il faut à tout prix les stopper.

 

Le 29 mai, Joseph assure la liaison. Il court sous de violents tirs de mitrailleuses pour acheminer les ordres.

 

Pour en savoir plus sur les évènements qui se sont déroulés durant la journée du 29 mai 1918, il suffit de cliquer une fois sur la carte postale suivante.

 

Arcy-Sainte Restitue 2

 

Le 26 septembre 1918, le 149e R.I. est engagé dans une grande offensive au dessus de Perthe-lès-Hurlus, en Champagne. Joseph Léauté sert à la 3e compagnie sous l’autorité du lieutenant Bihr.

 

Ce jour-là, il est touché par une balle reçue à l’abdomen. Celle-ci reste fixée du côté des reins. Il est près de 16 h 00. Pris en charge par les brancardiers, il est transbahuté à travers un long dédale de tranchées. Les souffrances sont terribles. Le caporal Léauté arrive à l’hôpital de Bussy-le-Château à 21 h 00. Le médecin qui l’examine constate qu’il n’y a plus rien à faire. Aucun espoir de le sauver, la blessure est mortelle. L’infirmier-prêtre breton Le Bras, ancien vicaire à Saint-Saglien, lui donne l’absolution.

 

Joseph décède le lendemain à 5 h 30.

 

Pour en savoir plus sur la journée du 26 septembre 1918, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

 

 

Joseph Léauté a porté le double galon rouge de caporal, mais la date de sa nomination dans ce grade n’est pas inscrite sur sa fiche matricule.

 

La page qui lui rend hommage dans le livre d’or « aux anciens élèves de l’école Saint-Charles morts pour la France » évoque deux citations à l’ordre du corps d’armée.

 

Sa fiche matricule lui attribue une citation unique à l’ordre du régiment.

 

Cité à l’ordre du régiment n° 34 en date du 21 juin 1918 (fiche matricule à l’ordre du régiment - livre d’or à l’ordre du C.A.).

 

« Agent de liaison très dévoué, s’est toujours acquitté des missions qui lui étaient confiées, particulièrement le 29 mai 1918 où, sous un violent feu de mitrailleuses, il a assuré une liaison parfaite au plus grand mépris du danger. »

 

Citation à l’ordre du C.A. (livre d’or).

 

« Mort pour la France, le 27 septembre 1918, des suites de ses glorieuses blessures reçues en se portant à l’assaut des positions ennemies. S’était déjà fait remarquer par sa belle conduite au feu. »

 

Il n’a pas été retrouvé trace d’une décoration de la Médaille militaire dans les J.O. qui sont consacrés à cette distinction.

 

Le nom de cet homme est inscrit sur le monument aux morts de sa commune de naissance.

 

Le caporal Léauté ne s’est pas marié et n’a pas eu de descendance.

 

Il n’existe pas de sépulture militaire à son nom. Son corps fut probablement rendu à la famille dans les années 20.

 

Sources :

 

La fiche matricule de Joseph Léauté et les registres de recensement de la commune d’Uzel pour les années 1896, 1901, 1906 et 1911 ont été consultés sur  le site des archives départementales des Côtes-d'Armor.

 

Livre d’Or « aux anciens élèves de l’école Saint-Charles morts pour la France »

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à M. Julien, au Service Historique de la Défense de Vincennes et aux archives départementales des Côtes-d’Armor.

12 février 2021

Charles Joseph Beauvalot (1885-1958)

Charles Joseph Beauvalot

 

Anne Marie Célestine Grey met au monde Charles Joseph le 20 mars 1885. Deux jours plus tard, son époux, François, se rend à la mairie de Selongey pour faire enregistrer l’enfant sur le registre d’état civil. Il est accompagné des témoins Jean Baptiste Bernard Veillot, clerc de notaire, et Jean Ernest Bony-Lécuret, propriétaire rentier. Anne Marie Célestine, qui a déjà donné la vie à deux filles et un garçon, est âgée de 28 ans. François a 35 ans. Il travaille comme charpentier.

 

Charles perd son père à l’âge de trois ans. La mère élève ses enfants seule. Elle ne se remariera pas.

 

Selongey

 

Charles Joseph Beauvalot effectue sa scolarité primaire à l’école de Selongey.

 

Sa fiche signalétique et de services indique un degré d’instruction de niveau 3, ce qui veut dire qu’il possède de bonnes bases en écriture, en lecture et en calcul. Cette fiche nous apprend également qu’il a exercé le métier de boulanger durant une partie sa jeunesse. Cette profession, barrée par la suite, a été remplacée par celle de représentant.

 

En 1906, Charles est classé dans la 1ère partie de la liste par le conseil de révision. Incorporé au 27e R.I. de Dijon, il intègre la caserne Vaillant le 7 octobre 1906.

 

Caserne Vaillant 27e R

 

Charles Beauvalot passe dans la disponibilité de l’armée active le 25 septembre 1908, sans avoir fait la formation de chef d’escouade. Il ne sera donc pas caporal. L’ancien conscrit termine ses obligations militaires avec l’obtention de son certificat de bonne conduite.

 

Durant les années suivantes, le jeune homme ne parvient pas à se fixer bien longtemps dans une ville. La vie lui impose un changement régulier de domicile, une situation probablement liée à sa profession. En effet, le métier de représentant exige d’incessants déplacements. Plusieurs questions se posent. A-t-il eu plusieurs employeurs ? Avait-il un caractère plutôt « bohème » ? Quelques difficultés financières ? Pour l’instant, les raisons qui pourraient être évoquées pour tenter d’expliquer cette mobilité ne sont pas connues.

 

En octobre 1909, Henry Beauvalot vit à Chailly-en-Bière, en Seine-et-Marne. En décembre 1910, il réside à Châteaurenard, dans le département du Loiret où il séjourne seulement quelques semaines. Henry habite ensuite au 35 rue Ernest Renan à Issy dans le département de la Seine.

 

De retour à la caserne Vaillant pour effectuer sa 1ère période d’exercice, il réendosse l’uniforme de fantassin entre le 20 août et le 13 septembre 1911.

 

Il change encore de lieu de résidence en février 1912 pour aller s’installer au 30 avenue de Paris à La-Plaine-Saint-Denis.

 

Ce déménagement entraîne son rattachement à une nouvelle unité militaire pour tout ce qui concerne « l’impôt de sang ». Le 15 avril 1913, l’ancien soldat du 27e R.I. est enregistré sur les registres du 149e R.I.. Il devra se rendre à Épinal et non plus à Dijon pour effectuer sa 2e période d’exercice ; celle-ci a lieu du 14 au 30 mai 1913.

 

L’année suivante, les relations diplomatiques avec l’Allemagne s’enveniment à tel point que l’ordre de mobilisation générale est prononcé au cours de l’été 1914. 

 

Charles jette un rapide coup d’œil sur son livret militaire. Il faut se remettre en mémoire la date où il doit rejoindre le dépôt de son régiment d’affectation lorsqu’une telle situation se présente. Il ne dispose que de quelques heures. Charles doit impérativement être à Épinal le 3 août 1914.

 

Caserne Courcy

 

La fiche matricule de Charles Beauvalot ne donne pas de détails sur son parcours de combattant, mais l’on peut quasiment affirmer qu’il a participé à la presque totalité des combats effectués par le 149e R.I. entre le 9 août 1914 et  la date de sa première blessure.

 

Le soldat Beauvalot est nommé caporal le 24 mai 1915. Il est évacué malade à l’ambulance n° 8 du 21e C.A. du 16 juin au 5 juillet 1915. À cette période du conflit, il est chef d’escouade à la 10e compagnie. Le fait d’être alité durant quelques jours ne l’empêche pas d’être promu sergent dès le 23 juillet.

 

Le sous-officier Beauvalot participe ensuite aux attaques de septembre 1915. Sa compagnie est sous les ordres du capitaine Canaux.

 

En mars et avril 1916, le 149e régiment est engagé dans le secteur de Verdun. La 10e compagnie est maintenant sous l’autorité du capitaine Gérard. Charles y gagne sa croix de guerre en obtenant une citation à l’ordre de la brigade. En septembre, il combat dans la Somme. Cette fois-ci, il obtient une palme qu’il peut porter avec fierté sur sa récente décoration acquise à Verdun.

 

Contrairement à bon nombre de ses camarades sous-officiers, le sergent Beauvalot traverse ces trois dernières épreuves sans aucune égratignure, ce qui est assez rare pour être souligné.

 

Le 10 avril 1917, les sous-officiers de la 10e compagnie profitent d’une période d’accalmie pour se faire « tirer le portrait », loin de la zone des combats.

 

Les sous-officiers de la 10e compagnie du 149e R

 

Il a été possible d’associer un visage au nom du sergent Beauvalot grâce au livre de Francis Barbe « Et le temps, à nous, est compté ».

 

Une photographie identique figure à la page 179 de son ouvrage. Les noms de chacun de ces sous-officiers sont inscrits à la droite du cliché.

 

Le régiment, qui a pour devise « Résiste et mord », occupe plusieurs secteurs à proximité du chemin des Dames. Le 149e R.I. ne sera pas engagé dans une grande offensive avant le mois d’octobre 1917.

 

La bataille de la Malmaison commence le 23. La 10e compagnie est envoyée en tête d’attaque avec le reste du 3e bataillon dans la 2e phase de l’opération, après avoir été soutien d’offensive durant la 1ère phase.

 

Le sergent Beauvalot est touché par un éclat d’obus qui le blesse dans la région lombaire. Évacué vers l’arrière, il est soigné à l’hôpital n° 3 de Provins. Charles quitte cet établissement le 22 décembre.

 

Pour en savoir plus sur les évènements qui se sont déroulés au cours de la bataille de la Malmaison, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

 

1er objectif secteur d'attaque du 149e R

 

Le sergent Beauvalot est nommé adjudant trois jours après la bataille de la Malmaison. Il obtient également une nouvelle citation à l’ordre de l’armée pour ses actions d’éclat au cours de l’offensive du 23 octobre.

 

Après une convalescence, une permission et un passage obligé au dépôt du 149e R.I., Charles est de retour dans la zone des armées le 25 janvier 1918. En l’état des informations qui ont été retrouvées, il est impossible de dire s’il a réintégré les rangs de la 10e ou s’il a été affecté à une autre compagnie du régiment.

 

Fin mai 1918, la 43e D.I. est envoyée en urgence dans le secteur d’Arcy-Sainte-Restitue. Il faut à tout prix contenir une virulente offensive allemande. 

 

Le 28 mai, l’adjudant conduit sa section au feu. Il est de nouveau blessé. Une balle lui  traverse le bras gauche dans le sens longitudinal. Cette blessure en séton est très sérieuse. Une nouvelle prise en charge médicale s’impose. Charles est évacué par train sanitaire à l’hôpital n° 50 de Vichy où il reste du 29 mai au 30 mai. Le 1er juillet il occupe un lit  à l’hôpital n° 12 de Vichy.

 

Pour en savoir plus sur les évènements qui se sont déroulés durant la journée du 28 mai 1918, il suffit de cliquer une fois sur la photographie suivante.

 

Cuiry-House

 

S'il est renvoyé au front, la date de son retour n’est pas connue. En effet, le texte qui accompagne l’attribution de la Médaille militaire qu’il a obtenue en 1919, atteste un retour au front en octobre 1918. La citation confirme que l’adjudant Beauvalot a été blessé pour la troisième fois, au cours de la bataille de la Hunting Stellung, le 27 octobre 1918. Mais dans le même temps, sa fiche matricule ne porte aucune mention de cette blessure ni même d'un retour au front ; en effet, cette fiche le place à "l'intérieur" suite à sa blessure de guerre, jusqu'à sa démobilisation, et après avoir été hospitalisé à l’hôpital n° 12 de Vichy jusqu’au 27 octobre 1918. Une troisième source manque pour clarifier ce qui pourrait être une erreur au niveau de la citation ou un oubli sur la fiche matricule.

 

Le Dépôt démobilisateur du 1er Zouave l’envoie en congé illimité le 1er avril 1919. Charles se retire à Plaine Saint-Denis, au 22 avenue de Paris. Le 13 juillet 1921, il demeure 60 rue Philippe de Girard, dans le 18e arrondissement de Paris.

 

La commission de réforme du 3e bureau de la Seine du 2 juillet 1926 le maintient au service armé avec une pension temporaire de 10 % ; cette pension se justifie par une perte de substance musculaire au niveau de faisceau antérieur du deltoïde droit et pour une cicatrice, légèrement adhérente, au niveau d’un cal de fracture du radius gauche au 1/3 moyen ; s’ajoute à cela un séton superficiel du dos.

 

Le 1er avril 1927, l’ancien adjudant est classé « sans affectation ».

 

Le 26 octobre 1928,  Charles Beauvalot occupe un logement au 15 avenue Sadi-Carnot à Crépy-en-Valois.

 

La commission de réforme du 4e bureau de la Seine, qui s’est réunie le 26 décembre 1928, lui accorde une pension temporaire pour un taux d’invalidité de 10 % concernant une main gauche "bote" ; ceci est dû à sa fracture du radius par balle, ce qui a engendré un raccourcissement de cet os de 1, 2 cm et une cicatrice de 8 cm à la région deltoïdienne. Ce faible taux d’invalidité le maintient au service armé.

 

Le 27 juillet 1929, Charles vit au Vert Galant, avenue de la Gare, dans la ville de Villepinte.

 

Sa pension temporaire de 10 % est transformée en pension définitive par la commission de réforme du 4e bureau de la Seine du 11 juin 1930.

 

Le 31 octobre 1930, Charles Beauvalot épouse Marie Eugénie Lombard à Crépy-en-Valois. Il a 45 ans.

 

Le sergent Beauvalot  a obtenu les citations suivantes :

 

Citation à l’ordre de la brigade n° 39 du 26 mars 1916 :

 

« Excellent sous-officier dévoué et énergique. Au cours des combats du 10 au 15 mars 1916, n’a cessé un seul instant de donner le plus bel exemple de calme, de courage et d’entrain. »

 

Citation à l’ordre du corps d’armée n° 106 du 15 septembre 1916 : 

 

« Sous-officier d’une énergie et d’une bravoure admirable. Le 9 septembre 1916, a su entraîner ses hommes à l’attaque d’un poste ennemi sous un bombardement violent avec un allant et une autorité remarquable. A ensuite déployé la plus fructueuse activité dans l’organisation de la tranchée conquise. »

 

Citation à l’ordre du corps d’armée n° 175 du 8 novembre 1917 :

 

« Gradé d’une énergie allant jusqu’à la témérité, a entraîné très brillamment sa section à l’assaut des lignes ennemies, blessé très grièvement au cours des opérations, n’a quitté son commandement qu’après avoir donné tous les renseignements nécessaires à l’attaque. »  

 

La citation suivante ne figure pas sur sa fiche matricule.

 

Citation à l’ordre du corps d’armée (publication dans le J.O. du 14 juillet 1918) :

 

« Très belle conduite au feu. S’est dépensé sans compter dans les situations  les plus difficiles dans les durs combats de …, donnant à ses hommes le plus bel exemple de dévouement. A été blessé au cours de l’action. »

 

Médaille militaire (publication J.O. du 8 avril 1919. Cette décoration prend rang à compter du 25 décembre 1918).

 

« Excellent sous-officier, a déjà fait preuve en maintes circonstances, s’est distingué une fois de plus le 25 octobre 1918 par la maîtrise de son calme, le courage avec lesquels il a conduit sa section sous les feux nourris de mitrailleuses ennemies, donnant à tous le plus bel exemple de mépris absolu du danger. A été blessé le 27 octobre. Deux blessures antérieures. Quatre citations. »

 

La fiche signalétique et des services de l’adjudant Beauvalot donne une autre version concernant l’attribution de cette décoration. Elle indique qu’il a été décoré de la Médaille militaire suite à la décision ministérielle 12885K en date du 8 août 1918. 

 

Pour prendre connaissance de la généalogie de l’ancien sous-officier du 149e R.I., il suffit de cliquer sur l’image suivante :

 

log geneanet

 

Charles Joseph Beauvalot est décédé le 2 décembre 1958 à l’âge de 73 ans.

 

Sa descendance n’est pas connue.

 

Sources :

 

La fiche matricule de l’adjudant Beauvalot, les registres d’états civils et de recensement de la commune de Selongey ont été consultés sur le site des archives départementales de la Côte-d’Or.

 

« Et le temps, à nous, est compté » Lettres de guerre 1914-1919. Albert Marquand, présentation de Francis Barbe, postface du général André Bach. C'est-à-dire Éditions mille mots chuchotés. 2011.

 

La photographie de groupe représentant les sous-officiers de la 10e compagnie du 149e R.I. provient du fonds Gérard (collection personnelle).

 

Un grand merci à M. Bordes, à R. Mioque, à F. Barbe, à J. Buttet, à A. Carobbi, aux archives départementales de la Côte-d’Or et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

29 janvier 2021

Paul Marie Abel Kolb (1883-1918)

Paul Marie Abel Kolb

 

Paul Marie Abel Kolb naît le 6 août 1883 à Saint-Germain, une petite commune située au nord-est de Lure, dans le département de la Haute-Saône.

 

Son père, Fernand Auguste, est âgé de 26 ans. Sa mère, Marie Ferdinande Simonin, a 21 ans. Ses parents gagnent tous les deux leur vie en travaillant la terre. Le couple Kolb a eu un second enfant, né le 2 avril 1887.

 

Un drame endeuille la famille en 1888. Abel n’a pas fêté ses cinq ans lorsque son père décède.

 

Le registre de recensement de l’année 1896 de la commune de Saint-Germain nous apprend que Marie Ferdinande Kolb élève seule ses deux enfants. Elle se remarie en 1898.

 

 

Abel quitte l’école communale après avoir obtenu son certificat d’études primaires, ce qui veut dire qu’il sait parfaitement bien lire, écrire et compter.

 

À 18 ans, il choisit de faire une carrière militaire. Sa mère lui donne son accord. Elle appose sa signature sur un document indispensable : celui-ci autorise toute personne mineure qui le souhaite à rejoindre les rangs de l’armée en tant que volontaire.

 

Ce 1er engagement est enregistré pour une durée de trois ans. Abel Kolb a choisi le 149e R.I., un régiment d’infanterie dont le dépôt se trouve à Épinal. Sa formation de soldat débute le 15 octobre 1901.

Le jeune homme est affecté à la 12e compagnie dès son arrivée à la caserne Courcy. Abel est admis au peloton d’instruction de la compagnie le 15 décembre, avec 47 autres personnes, pour devenir caporal. Obtenant le n° 20 au classement intermédiaire de mai 1902, il termine avec le n° 14 au classement final au mois d’août.

 

 

Le soldat Kolb est nommé caporal le 25 septembre 1902, puis sergent le 6 novembre 1903.

 

Il signe à nouveau pour un an le 7 juin 1904. Ce contrat prend effet le 14 octobre 1904 à la date anniversaire du 1er contrat. Quatorze jours plus tard, Abel  valide un nouvel engagement pour deux ans, ce qui l’oblige à porter l’uniforme jusqu’en octobre 1907.

 

Les débuts sont un peu difficiles. Trop proche des hommes, probablement chahuté, il a du mal à imposer ses galons. Son capitaine écrit ceci : « le sergent Kolb, rengagé pour un an, à titre d’essai le 7 juin, a fait des progrès sensibles depuis cette date. Il a pris de l’aplomb et de l’autorité. Il y a lieu de croire que n’étant plus gêné par les familiarités de ses anciens camarades, aujourd’hui libérés, il fera un bon sergent. Peut aussi faire un comptable. »

 

 

Le 10 novembre 1904, le sergent Kolb déplace ses effets militaires dans un autre bâtiment de la caserne Courcy. Il vient d'être affecté à la 1ère compagnie du régiment.

 

Abel entre dans la catégorie des sous-officiers rengagés avec prime à partir du  27 mai 1905, ce qui va lui permettre d’améliorer son ordinaire.

 

Il doit quitter le dépôt du 149e R.I. quelque temps pour accomplir un stage au 7e escadron du train des équipages militaires ; ce stage va durer du 1er juin au 11 juillet 1905.

 

 

Le 17 janvier 1906, Abel est muté à la S.H.R. comme sergent garde-magasin.

 

Le 26 septembre 1907, il signe un engagement de 4 ans qui sera renouvelé le 11 septembre 1911 pour cinq années supplémentaires.

 

Après presque dix ans d’armée, son capitaine rédige la note suivante : « Le sergent rengagé Kolb remplit au corps les fonctions de sergent garde-magasin. Dans cet emploi, qu’il connaît à fond et dont on se met au courant qu’à la longue, il rend les plus signalés services. Sous-officier dévoué, intelligent, de tenue et de conduite parfaite, dont l’éloge n’est plus à faire. »

 

Nous sommes très loin des débuts un peu difficiles du jeune sous-officier !

 

Abel Kolb est nommé sergent major le 19 avril 1913 puis adjudant garde-magasin à partir du 10 novembre 1913.

 

Il travaille comme secrétaire auprès du capitaine chargé du matériel lorsque l’ordre de mobilisation générale est placardé sur les murs de la ville d’Épinal en août 1914. Quelques mois plus tard, cette tâche de secrétaire semble lui peser. Il demande à partir pour le front.

 

Le 1er avril, il débute une formation au centre d’instruction de Chaumont comme mitrailleur. Celle-ci se termine le 25 avril 1915.

 

Abel intègre le bataillon de marche du 149e R.I. le 2 mai 1915.

 

L’adjudant Kolb rejoint l’unité combattante du régiment spinalien le 14 mai. Le lieutenant-colonel Gothié l’affecte à sa compagnie de mitrailleuses qui est rattachée à la 85e brigade. Huit jours plus tard, Abel est nommé sous-lieutenant à titre temporaire.

 

Sa section de mitrailleuse est engagée dans les différents combats qui eurent lieu en Artois en mai, en juin et en septembre 1915.

 

Le sous-lieutenant Kolb repart en stage au centre de mitrailleuses de Bourges entre le 19 novembre et le 18 décembre 1915. La Saint-Étienne, la Hotchkiss, la Maxim et la Vickers n’ont plus aucun secret pour lui.

 

Le 18 avril 1916, il est sous-lieutenant à la 2e compagnie de mitrailleuses du 149e R.I.. Peu de temps avant qu’il ne soit titularisé dans son grade d’officier à titre définitif, son régiment est engagé dans la bataille de la Somme au début du mois de septembre. 

 

Les combats sont rudes. Le 7 novembre 1916, le sous-lieutenant Kolb quitte sa compagnie de mitrailleuses pour être affecté à la tête de la 6e compagnie, ceci une heure avant qu’elle ne se lance dans une nouvelle attaque. La compagnie n'avait plus d'officiers !

 

Abel Kolb s’acquitte honorablement de sa tâche en s’emparant d’une zone de 1ère ligne ennemie après un violent combat au corps à corps, sans connaître ses subordonnés.

 

Confirmé à ce nouveau poste, ses chefs le font nommer lieutenant à titre temporaire, le 21 novembre 1916.

 

L’année suivante, le 149e R.I. occupe plusieurs secteurs proches du chemin des Dames. Les lieux occupés sont relativement calmes, mais particulièrement dangereux. Régulièrement il y a des pertes liées aux bombardements, mais il n’y a pas de grande attaque en perspective.

 

Le lieutenant Kolb profite de cette période de relative accalmie pour retourner en formation. N’ayant pas les connaissances théoriques suffisantes pour assumer la charge de chef de compagnie, il doit suivre la 3e série des cours de commandant de compagnie du 25 février au 18 mars 1917.

 

Les mois suivants, il bénéficie de deux permissions. La 1ère a lieu entre le 12 et le 22 mai, la seconde entre le 19 et le 29 août.

 

La photographie suivante a été réalisée le 30 septembre 1917 à Troësnes, un petit village situé dans le département de l’Aisne. Le lieutenant Kolb figure parmi ce groupe d’officiers responsable des différentes unités du 2e bataillon du 149e R.I.. 

 

Officiers du 2e bataillon du 149e R

 

Fin octobre 1917, le régiment vosgien est engagé dans la bataille de la Malmaison. Abel Kolb y gagne une citation à l’ordre de la division en menant ses hommes au combat.

 

Il est nommé lieutenant à titre définitif à la date du 22 mai, suite à un décret qui fut publié le 16 novembre 1917.

 

Abel bénéficie d’une nouvelle permission entre le 27 décembre 1917 et le 9 janvier 1918.

 

En février 1918, le colonel Boigues rédige la petite note suivante dans le feuillet du personnel du lieutenant Kolb : « Continue à commander très bien son unité, pondéré et réfléchi, donne toute satisfaction. »

 

Sa promotion dans le grade supérieur ne se fait pas attendre. Abel est nommé capitaine à titre temporaire le 17 mai 1918 (publication dans le J.O. du 2 juin 1918).

 

La guerre de mouvement reprend du service. Fin mai 1918, le capitaine Kolb participe aux combats d’Arcy-Restitue puis à ceux qui eurent lieu en juillet du côté du trou Bricot en Champagne. Les offensives allemandes sont stoppées.

 

Le 30 juillet 1918, Paul Kolb est au C.R. Vauclerc au sud-ouest de Perthe-lèz-Hurlus. Ce jour là, sa compagnie subit une attaque au gaz.

 

L’abbé Henry évoque cet évènement dans un de ses carnets : « Après une heure d’attente, ne voyant pas de blessés arriver, je reviens au C.R. Vauclerc. Vu en passant les débris de l’aéroplane de l’avion boche tombé en flammes le 15 juillet, le soir de l’attaque. La 6e compagnie du 149 a été fortement éprouvée par les gaz. Le capitaine Kolb a été évacué. Il ne reste ce matin en ligne que l’adjudant Humes, l’aspirant et une quinzaine d’hommes. Tout le reste est ou prisonniers ou en traitement comme victimes des gaz. Le docteur Pierrot a dû, lui-même, se faire soigner à l’infirmerie. »

 

Le 26 septembre 1918, le 149e R.I. est de nouveau impliqué dans une attaque de grande envergure dans le même secteur. Le capitaine Kolb est à la tête de ses hommes.

 

Exceptée son intoxication à l’ypérite, Paul est toujours passé au travers des balles et des éclats d’obus. Cette fois-ci, la chance n’est plus au rendez-vous. Le capitaine est touché au cou.

 

L’aumônier Henry raconte : « On dit que le lieutenant Cadoux serait blessé, mais légèrement. Le capitaine Kolb de la 6e est blessé également. Voici qu’on l’apporte tout sanglant sur un brancard. Une balle lui a traversé le cou. Il a l’air d’un moribond et gémit faiblement. Mon Dieu ! Pourvu que la blessure ne soit pas mortelle ! Le capitaine Kolb est une des figures les plus sympathiques du régiment. Parti d’en bas, il s’est élevé au grade de capitaine par son seul mérite ! »

 

La blessure est bien trop grave pour être soignée. Abel a perdu beaucoup de sang. Il décède le jour même malgré la prise en charge faite par les médecins de l’ambulance 10/13 installée à Bussy-le-Château.

 

L’abbé Henry apprend tardivement son décès. Le 9 octobre, il écrit : « Kolb est mort ! Kolb n’a point survécu à sa blessure. Je suis navré de cette nouvelle. Kolb était une figure sympathique. Ardent patriote et brave soldat. Il avait conquis ses grades par son seul mérite. Il avait refusé dernièrement de se retirer à l’intérieur. »

 

Pour en savoir plus sur les événements qui se sont déroulés durant cette journée, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante. 

 

Paul Kolb a obtenu les décorations suivantes :

 

Croix de guerre avec trois palmes, une étoile de bronze et une étoile d’argent.

 

Citation à l’ordre de la 85e brigade n° 36  en date du 24 mars 1916 :

 

« A su, par son calme et son sang-froid, établir dans sa troupe et dans une fraction voisine, l’ordre un moment compromis par un bombardement des plus sévère. »

 

Citation à l’ordre de la Xe Armée  n° 243 en date du 10 décembre 1916 :

 

« La 6e compagnie du 149e R.I. à l’attaque du 17 septembre 1916, s’est précipitée sur la tranchée ennemie qu’elle a enlevée d’un brillant élan, faisant des prisonniers et facilitant la progression du corps voisin, l’a organisée avec une ardeur inlassable sous un bombardement des plus intense ; a continué à progresser le lendemain, 18 septembre, sur une profondeur de 700 m et ne s’est arrêtée qu’à bout de force devant une position fortement occupée par l’ennemi. Le lieutenant Kolb, remarquable d’énergie et de bravoure, qui venait d’en prendre le commandement, tous les officiers ayant été mis hors de combat, s’est emparé de haute lutte de la première ligne ennemie après un violent combat, corps à corps, et s’y est maintenu malgré un fort tir de barrage et deux contre-attaques. »

 

Citation à l’ordre de la 43e D.I. n° 264 en date du 14 novembre 1917 :

 

« Commandant de compagnie d’un sang-froid, d’une énergie et d’un courage remarquables à l’attaque du 23 octobre 1917, a entraîné sa compagnie derrière le bataillon de 1ère ligne sous un violent barrage et a puissamment contribué à la possession et à l’organisation du terrain conquis. Déjà titulaire d’une citation à l’ordre de l’armée ».

 

Citation à l’ordre de la IVe Armée n° 1357 en date du 25 août 1918 :

 

« Officier superbe de crânerie et de sang-froid. Pense à tout, veille à tout, surveille tout lui-même. Pendant la bataille de Champagne, le 15 juillet 1918 a, tout en assurant la défense de son quartier de sa compagnie, laquelle a résisté à tous les assauts, envoyé des renforts qui ont puissamment renseigné le chef de bataillon. »

 

Le capitaine Kolb a été fait Chevalier de la Légion d’honneur le 5 juin 1918 par ordre  n° 9348 « D » du 25 août 1918 :

 

« Excellent officier, véritable entraîneur d’hommes qui a fait preuve, au cours des derniers combats, d’un courage et d’un sang-froid exemplaires obtenant de sa compagnie un rendement exceptionnel et faisant face à toutes les difficultés. 3 citations. »

 

Cette nomination au grade de Chevalier de la Légion d’honneur lui donne également le droit d’ajouter une palme sur sa croix de guerre.

 

Monument aux morts de la commune de Saint-Germain

 

Le nom de cet officier a été gravé sur le monument aux morts de la commune de Saint-Germain.

 

Abel Kolb est resté célibataire et n’a pas eu de descendance.

 

Il n’y a de sépulture militaire individuelle portant son nom. Son corps a probablement été rendu à la famille dans les années 1920.

 

Sources :

 

Dossier individuel consulté au Service Historique de la Défense de Vincennes.

 

La fiche signalétique et des services de cet officier n’a pas été retrouvée.

 

Les actes d’état civil de la famille Kolb et le registre de recensement de l’année 1896 de la commune de Saint-Germain ont été lus sur le site des archives départementales de la Haute-Saône.

 

La photographie du monument aux morts de la commune de Saint-Germain provient du site Généanet.

 

Témoignage inédit de l’abbé Henry.

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à J.L. Poisot, à M. Porcher, au S.H.D. de Vincennes et aux archives départementales de la Haute-Saône.

22 janvier 2021

Clément Joseph Roibet (1894-1980)

Clement Roibet

 

Clément Joseph Roibet est né le 3 février 1894 à Genas dans le département de l’Isère.

 

Ses parents, Joseph Claude Roibet et Marie Agathe Flassillard, exercent tous deux la profession de cultivateur. Ils se sont mariés dans cette commune de 1978 habitants le 19 décembre 1891. Clément est le second enfant du couple. Sa sœur aînée, Amélie, a vu le jour le 9 septembre1892.

 

 

La fiche signalétique et des services de Clément Roibet indique un degré d’instruction de niveau 3. Il maîtrise les bases de l’enseignement primaire obligatoire que sont l’écriture, le calcul et la lecture. Cette fiche nous apprend également qu’il a exercé le métier de cultivateur.

 

L’année de ses vingt ans, il se présente devant le conseil de révision qui s’est réuni à la mairie de Meyzieux. Clément Roibet a quelques soucis de santé. Son état général entraîne son inscription directe dans la 5e partie de la liste de l’année 1914.

 

En temps de paix, cette inscription dans la 5e partie aurait dû lui fournir un répit d’un an avant d’être dans l’obligation de se représenter devant la médecine militaire. Ce ne fut pas le cas. Les évènements internationaux en décidèrent autrement. Guerre oblige, la classe 1915 passe devant le conseil de révision par anticipation. Ainsi, Clément doit se représenter devant le conseil de révision le 26 octobre 1914. Cette fois-ci, il est déclaré bon pour le service armé, mobilisable avec les éléments de la classe 1915 qui furent appelés 11 mois avant l’échéance.

 

Le 15 décembre 1915, le soldat Roibet intègre le dépôt du 158e R.I.. Exercices, séances de tir, marches deviennent son lot quotidien.

 

Il est envoyé dans la zone des armées le 9 juin 1915 après seulement six mois d’instruction. Il rejoint les rangs du 9e bataillon du 149e R.I. pour parfaire sa formation avant d’être affecté à la 10e compagnie du régiment.

 

La date de son arrivée dans cette compagnie n’est pas connue, celle de son baptême du feu encore moins. Sa fiche matricule indique simplement sa nomination au grade de caporal à la date du 29 août 1915.

 

Il est impossible de dire si le caporal Roibet a participé aux attaques de septembre 1915 en Artois, mais il est à peu près certain qu’il était présent à Verdun du côté de Fleury-devant-Damloup et du fort de Vaux entre le 7 mars et le 7 avril 1916. À cette période du conflit, la 10e compagnie est sous les ordres du capitaine Gérard.

 

Pour suivre le parcours de la 10e compagnie du 149e R.I. durant son passage à Verdun il suffit de cliquer une fois sur le plan suivant.

 

Du côté du fort de Vaux

 

Le 149e R.I. laisse derrière lui la région de Verdun à la mi-avril 1916. Clément est nommé sergent le 29.

 

Le régiment a quitté la Meuse pour prendre la direction de la Champagne. Il s’installe dans un secteur plutôt calme situé entre les buttes de Tahure et celles de Mesnil.

 

Début septembre 1916, le 149e R.I. est engagé dans le secteur de Soyécourt et de Déniécourt, dans le département de la Somme. Le sergent Roibet obtient une citation à l’ordre du régiment pour une reconnaissance effectuée avant l'attaque du village de Soyécourt.

 

L’année suivante, le régiment occupe plusieurs secteurs à proximité du chemin des Dames.

 

La photographie suivante a été réalisée le 10 avril 1917. Il est aisé de reconnaître Clément grâce au livre de Francis Barbe « Et le temps, à nous, est compté ». Ce cliché figure à la page 179 de cet ouvrage. Le nom de chacun de ces sous-officiers qui appartiennent tous à la 10e compagnie du 149e R.I. est inscrit à la droite de la photographie.

 

Les sous-officiers de la 10e compagnie du 149e R

 

Début octobre 1917,  le 149e R.I. est en préparation d’attaque. Une grande offensive doit avoir lieu dans le secteur de la Malmaison.

 

La bataille, retardée pour des raisons météorologiques, débute le 23 octobre. La veille, le sergent Roibet est blessé au cours d’une reconnaissance.

 

Pour en savoir plus sur les évènements qui se sont déroulés durant cette période, il suffit de cliquer une fois sur la carte ci-dessous.

 

 

Ses blessures sont graves. Il a reçu plusieurs éclats d’obus dans les membres inférieurs. Clément doit être amputé de sa jambe gauche. Ce n’est que le 6 janvier 1918 qu’il est évacué vers l’intérieur. Devenu transportable, il est envoyé à l’hôpital du grand séminaire de Blois. La guerre est terminée pour lui.

 

Le sergent Roibet est proposé pour une pension de retraite de 3e classe par la commission de vérification de Lyon qui s’est réunie le 17 octobre 1918. Trois jours plus tard, il est renvoyé dans ses foyers avec l’obtention de son certificat de bonne conduite et son statut de réformé définitif  n°1.

 

Le 13 avril 1918, la commission de réforme de Lyon le propose pour une pension d’invalidité de 85 % pour amputation de la jambe gauche et pour une gêne fonctionnelle du membre inférieur droit imputable à une cicatrice cheloïdienne.

 

Clément Roibet fait savoir qu’il a eu le tympan gauche perforé en 1917.

 

Le 31 janvier 1920, il épouse Marguerite Payet à Genas.

 

Le 14 juin 1930, son taux d’invalidité passe à 90%. Une notification ministérielle lui concède une pension définitive à 100 % en 1938.

 

Clément Roibet décède le 17 janvier 1980 à l’hôpital des armées Desgenette à Lyon. Il repose dans le cimetière de sa commune de naissance.

 

Sepulture famille Roibet

 

Marguerite et Raymond ont eu au moins deux filles connues, Jeannine et Lucette.

 

Décorations obtenues :

 

Citation à l’ordre du régiment  n° 257 en date du 26 septembre 1916 :

 

« A fait, avec une grande habileté, une patrouille dans le village qui devait être attaqué le lendemain pour se rendre compte de son état de destruction, a pleinement réussi. »

 

Médaille militaire n° 6140 décision du G.Q.G. du 16 décembre 1917 prenant rang à compter du 20 novembre 1917. Cette décoration lui donne le droit d’ajouter une palme sur sa croix de guerre.

 

« Vaillant sous-officier, blessé grièvement le 22 octobre 1917 au cours d’une reconnaissance audacieuse. A fait preuve, après sa blessure, d’un courage et d’une énergie au dessus de tout éloge. »

 

La fiche matricule de Clément Roibet indique qu’il a été fait officier de la Légion d’honneur le 7 juillet 1956 (publication dans le J.O. du 12 juillet 1956). Aucune indication n’est fournie concernant sa nomination au grade de chevalier.

 

Sources :

 

La fiche signalétique et des services du sergent Roibet a été consultée sur le site des archives départementales de l’Isère.

 

Les actes d’état civil de la famille Roibet et les registres de recensement de la ville de Genas ont été consultés sur les sites des archives municipales de l’Isère et du Rhône (la commune de Genas appartenait à l’Isère avant d’être rattachée au département du Rhône en 1968).

 

« Et le temps, à nous, est compté » Lettres de guerre 1914-1919. Albert Marquand, présentation de Francis Barbe, postface du général André Bach. C'est-à-dire Éditions mille mots chuchotés. 2011.

 

La photographie de groupe est extraite du fonds Gérard (collection personnelle).

 

Le cliché de la sépulture de la famille Roibet a été trouvée sur le site « Généanet ».

 

Un grand merci à M. Bordes, à R. Mioque, à F. Barbe, à A. Carrobi, à M. Porcher, E. Suring, au Service Historique de la Défense de Vincennes, aux archives départementales du Rhône et de l’Isère. 

8 janvier 2021

Camille Édouard Charles Lepaux (1898-1918)

Camille Lepaux

 

Angèle Rosalie Augustine Langlois est âgée de 23 ans lorsqu’elle met au monde son fils Camille Édouard Charles Lepaux le 16 avril 1898. Elle vit à Chaumont avec son époux, mais elle accouche à Cherbourg.

 

La naissance a lieu dans la nuit. Il n’y a ni médecin, ni sage-femme pour assister la parturiente. L’acte d’état civil de Camille Édouard Charles Lepaux indique simplement qu’Émile Seuret, laitier de son état, assiste à cet évènement.

 

Angèle Rosalie Augustine est probablement allée rendre visite à des membres de sa famille. Alphonse Lefeire, écrivain de marine, est allé signer, en tant que témoin, la déclaration de naissance à la mairie ; il est un cousin du nouveau-né.

 

Le père, Camille Raymond, alors âgé de 24 ans, travaille comme ajusteur mécanicien à la compagnie de chemin de fer de l’Est. Le 16 avril 1898, il est à Chaumont.

 

En 1901, les Lepaux vivent au n° 3 de la rue de la Carrière Roullot. L’année suivante, Angèle donne naissance à une petite fille.

 

 

Une fois sa scolarité primaire achevée, Camille a la possibilité de faire des études supérieures. Il est élève au lycée Saint-Saëns.

 

Camille Lepaux est âgé de 16 ans lorsque le 1er conflit mondial du XXe siècle démarre en août 1914. À cette période de sa vie, il est bien loin de s’imaginer qu’il portera un uniforme d’officier quatre ans plus tard.

 

Le jeune homme est rattrapé par les obligations militaires en 1917. Il est déclaré « bon pour le service armé » par la médecine militaire lorsqu’il se présente devant le conseil de révision. Classé dans la 7e partie de la liste, il a la possibilité de poursuivre ses études encore quelque temps.  

 

Sa fiche signalétique et de service indique un degré d’instruction de niveau 5, ce qui veut dire qu’il a obtenu son baccalauréat.

 

Incorporé le 17 avril 1917 avec la classe 18, Camille Lepaux arrive au dépôt du 149e R.I. le lendemain. Sa formation est brève et intense. Il est nommé caporal le 21 décembre puis sergent le 21 janvier 1918. Son niveau d’études élevé lui permet de devenir aspirant dès le 21 février.

 

Au bout d'un an, une fois ses apprentissages militaires achevés et après avoir suivi une instruction de futur officier, il est envoyé dans la zone des armées le 29 avril 1918.

 

La date de son arrivée au sein de la 2e compagnie du 149e R.I. n’est pas connue. Nous savons simplement qu’il commande une de ses sections, sous les ordres directs du capitaine Robinet, lorsque les Allemands lancent leur offensive du 15 juillet dans le secteur du trou Bricot, en Champagne.

 

Camille gagne sa 1ère citation qui lui permet de porter la croix de guerre au cours de ces évènements. L’aspirant Lepaux est un homme courageux. Il obtient une seconde citation le 16 août.

 

Début septembre, le 149e R.I. est au repos dans la région de Vitry-la-Ville.

 

Le 20 septembre 1918, les 3 bataillons du lieutenant-colonel Vivier vont cantonner au camp du Tremblay, au sud-est de Somme-Suippe. Le 24, ils sont de nouveau dans le secteur du trou Bricot, s’apprêtant à participer à une nouvelle attaque.

 

L’aspirant Lepaux a été nommé sous-lieutenant. La date exacte de cette promotion n’est pas mentionnée sur sa fiche matricule. Elle ne figure pas non plus dans son dossier individuel archivé au S.H.D. de Vincennes.

 

Le 26 septembre 1918, le régiment spinalien repart à l’offensive au nord-ouest de Perthe-lès-Hurlus. Ce jour-là, le sous-lieutenant Camille Lepaux est tué par une balle de mitrailleuse près de la voie de chemin de fer de Somme-Py.

 

Pour en apprendre davantage sur les évènements qui se sont déroulés au cours de cette journée, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

 

 

L’aumônier Henry évoque la mort de cet officier dans un de ses carnets. Voici ce qu’il écrit :

 

« Lepaux est tué ! Tué aujourd’hui à midi, en traversant la voie ferrée ! Première mauvaise nouvelle qui m’accable ! Pauvre enfant, si fier de ses nouveaux galons de sous-lieutenant conquis de haute lutte ! Je vois les siens dont il était l’orgueil, apprenant cette nouvelle. Pauvres parents ! Il a été tué précisément par une de ces mitrailleuses qui prenait de flanc à gauche sa compagnie. Il venait de descendre deux Boches à coups de fusil, en disant : « En voilà deux qui ne feront plus de mal ! » quand il reçut lui-même une balle en plein front et s’écroula comme une masse ! »

 

Le carnet de champ de bataille établi par le G.D.B. 43 indique que le sous-lieutenant Lépaux a été inhumé au cimetière militaire de Somme-Suippe,dans une tombe qui portait le numéro 1860.

 

Camille Lepaux a obtenu les décorations suivantes :

 

Croix de guerre avec une palme et deux étoiles de vermeil

 

Citation à l’ordre du C.A. n° 217 en date du 25 juillet 1918 :

 

« Jeune aspirant d’un courage et d’un sang-froid à toute épreuve. Chef de section énergique donnant à ses hommes le plus bel exemple de bravoure et de mépris du danger, les 15 et 16 juillet, a arrêté toutes les tentatives de l’ennemi pour enlever un P.C. avancé dont il avait le commandement. A infligé de lourdes pertes à l’assaillant. »

 

Citation à l’ordre du C.A. n° 219 en date du 21 août 1918 :

 

« Jeune aspirant de la classe 1918, d’une bravoure et d’un allant magnifiques. Le 16 août 1918 a entraîné d’une façon splendide son groupe à l’attaque d’un poste ennemi où il est arrivé le premier, galvanisant ses hommes par son exemple. »

 

Citation à l’ordre de l’Armée n° 1551 en date du 24 décembre 1918 :

 

« Jeune officier animé du plus grand esprit de sacrifice, maintes fois volontaire pour des missions périlleuses. Le 26 septembre 1918, est tombé glorieusement à la tête de sa section qu’il entraînait à l’assaut d’un nid de résistance fortement défendu ».

 

Le sous-lieutenant Lepaux a été fait Chevalier de la Légion d’honneur à titre posthume. Il a été inscrit au tableau spécial publié dans le J.O. du 25 janvier 1920 avec le même intitulé que sa dernière citation à l’ordre de l’armée.

 

Monument aux morts de Chaumont

 

Le nom de cet homme est gravé sur le monument aux morts de la ville de Chaumont.

 

Il n’existe pas de sépulture militaire individuelle qui porte son identité. Son corps fut probablement rendu à la famille dans les années 1920.

 

Camille Lepaux est resté célibataire et n’a pas eu de descendance.

 

Son dossier individuel, archivé au S.H.D. de Vincennes, est peu fourni. Il ne comprend que des pièces d’état civil et quelques documents relatifs à son décès. Le fait d’avoir été nommé sous-lieutenant peu de temps avant sa mort, à l’âge de 20 ans, justifie la minceur de ce dossier. 

 

Sources :

 

Dossier individuel consulté au Service Historique de la Défense de Vincennes.

 

Fiche signalétique et des services du sous-lieutenant Lepaux visionnée sur le site des archives départementales de la Haute-Marne.

 

La photographie du monument aux morts de Chaumont a été réalisée par J.N. Deprez

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à J.N. Deprez, à M. Porcher, au S.H.D. de Vincennes et aux archives départementales de la Haute-Marne.

11 décembre 2020

Joseph Hassler (1881-1966)

Joseph Hassler

 

Jeunesse

 

Natif du département du Pas-de-Calais, Joseph Louis François Hassler vient au monde le 10 avril 1881 ; sa naissance a lieu dans un logement de fonction de la gendarmerie située rue de Saint-Pol à Avesnes-le-Comte.

 

Son père, François, ancien cuirassier d’un régiment qui a chargé à Reichshoffen en 1870, exerce les fonctions de brigadier. Il est âgé de 36 ans. La mère, Angèle Caroline Josèphe Forgez, a 34 ans. Elle fabrique et vend des coiffures féminines. Joseph est le second d’une fratrie de quatre enfants. Son frère cadet décède à l’âge de 16 mois.

 

Genealogie famille Hassler

 

La fiche signalétique et des services de Joseph Hassler, consultable sur le site des archives départementales du Pas-de-Calais, indique un degré d’instruction de niveau 3. Joseph a laissé derrière lui son pupitre d’écolier en maîtrisant parfaitement le calcul, l’orthographe et la lecture.

 

Premières années sous l’uniforme

 

À l’âge de 18 ans, le jeune homme se décide à faire carrière dans l’armée. Après avoir obtenu l’accord paternel, il se rend à la mairie de Béthune pour y signer un 1er engagement de 4 ans.

 

Pour faire ses débuts sous l’uniforme, il choisit le 19e R.I., un régiment qui tient garnison au château de Brest. Joseph est nommé caporal le 6 mai 1900, puis sergent fourrier le 15 novembre. Il laisse ses fonctions d’écriture pour prendre le commandement d’une demi-section dans une des compagnies du régiment, ceci à partir du 11 août 1901.

 

Le 21 novembre 1902, le sous-officier Hassler signe à nouveau pour 3 ans. Ce second contrat prend effet à l’expiration du précédent. Très bien noté par ses chefs, il va pouvoir s’élever dans la hiérarchie.

 

Une commission du 19e R.I. qui s’est réunie le 15 mai 1904 certifie que Joseph Hassler, de la 4e compagnie, est prêt, du point de vue de l’instruction militaire théorique et pratique pour être proposé au grade de sous-lieutenant.

 

Le sergent Hassler possède un bon bagage scolaire, mais il n’est pas bachelier. Il lui est donc impossible de faire l’école de Saint-Cyr. Pour devenir officier, il n’a pas d’autre choix que de suivre « la filière Saint-Maixent ». Une décision ministérielle du 9 mars 1905 lui permet d’assister aux cours dispensés par l’école militaire d’infanterie. Joseph intègre la promotion de Brazza le 12 avril. Il en sort un an plus tard, classé 76e sur 183 élèves. Le 1er avril, l’ex sous-officier est nommé sous-lieutenant.

 

Joseph est affecté au 13e R.I. comme chef de peloton. Le jeune officier est envoyé à la caserne Charbonnier à Decize où il est rapidement jugé brillant et au-dessus de la moyenne. L’année suivante, il est transféré à la caserne Pittié de Nevers suite à une petite imprudence commise dans sa vie privée.

 

Le 10 septembre 1907, le sous-lieutenant Hassler est désigné pour servir au 4e bataillon du 132e R.I., un bataillon qui appartient au 3e groupe de forteresse de Verdun. Joseph est nommé lieutenant le 1er avril 1907. Il est chargé du peloton spécial des malingres. Les résultats obtenus lui valent les éloges de ses chefs. Le 29 décembre 1911, le ministre de la guerre lui accorde un témoignage de satisfaction.

 

La même année, il assiste au cours des travaux de campagne qui sont donnés au 3e régiment de génie.

 

Joinville-le-Pont

 

Joinville-le-Pont section escrime

 

Entre le 31 janvier et le 1er mai 1912, Joseph Hassler est envoyé à Joinville-le-Pont pour suivre le 1er cours de l’école normale de gymnastique et d’escrime.

 

Il est remarqué par ses performances ce qui fait qu’il est maintenu détaché au cadre de l’école comme instructeur auxiliaire jusqu’au 15 janvier 1913.  Joseph se montre très efficace dans cette nouvelle fonction ; il est cité au bulletin officiel du ministère de la guerre le 11 février 1913 pour les excellentes notes obtenues et pour les services rendus comme instructeur auxiliaire tout au long de l’année 1912.

 

Le 15 avril 1913, le 3e groupe de forteresse de Verdun est rebaptisé 166e R.I.. Le lieutenant Hassler est nommé instructeur à l’école normale de gymnastique et d’escrime le 9 juillet 1913. Le 23 septembre il est classé pour ordre au 124e R.I. tout en restant maintenu à Joinville-le-Pont. Joseph devient responsable de la division d'escrime.

 

Le 2 août 1914, l’école normale militaire de gymnastique et d’escrime ferme ses portes. L’ordre de mobilisation générale vient d’être décrété. Le 1er conflit mondial est sur le point de commencer ; les officiers instructeurs et les officiers élèves stagiaires sont sommés de rejoindre au plus vite leurs unités respectives.

 

Guerre 14-18

 

Caserne Corbineau

 

Joseph Hassler rallie le dépôt du 124e R.I. à Laval. Le colonel Fropo lui confie le commandement d’une section de la 2e compagnie, dès son arrivée à la caserne Corbineau. Il se trouve sous les ordres directs du capitaine Moureaux.

 

Le 5 août, le régiment est dirigé sur Reims par voie de chemin de fer puis sur Verdun. Ses 3 bataillons se rendent ensuite par étapes au pied des Hauts-de-Meuse, à Brabant, Samognieux, Etraye, Damvillers, Crépion  et Moirey.

 

Le 10 août, le régiment se porte vers les cols de Morimont et de Romagne. À la mi-août, il tient la lisière de Saint-Laurent-sur-Othain. Le 18 août, le lieutenant Hassler cantonne à Monthureau. 

 

Le 21 août, le 124e R.I. franchit la frontière belge à Torgny-Velosnes pour gagner Arnoncourt. Le baptême du feu n’est pas loin.

 

Virton

 

Celui-ci a lieu au nord de Virton. L’ensemble du régiment est engagé dans la bataille le 22 août. Son 1er bataillon se trouve vite en difficulté. Violemment accueilli par un déluge de projectiles, le commandant Lambert estime qu’il doit en premier lieu organiser un solide point d’appui avant de lancer ses compagnies en terrain découvert.

 

La 2e compagnie, qui était en tête, reçoit l’ordre de préparer ce point d’appui. Les sections de la compagnie Moureaux prennent position dans le cimetière de Virton. Le mur est en briques, peu épais et d’une hauteur de 2 m. Il est d’une grande fragilité, ce qui rend impossible la percée de meurtrières. Les hommes de la 2e compagnie devront tirer au moyen de banquettes.

 

La section Hassler est désignée pour aller fouiller les habitations environnantes. Elle doit récupérer le maximum de bancs, de tréteaux, de planches et de tonneaux. Le cimetière se transforme en véritable forteresse en moins d’un quart d’heure. Une puissante ligne de feu peut s’établir face au nord. Mais la situation est confuse. Le colonel Fropo décide de garder son 1er bataillon à disposition. Les 1ère, 3e et 4e  compagnies se massent derrière le cimetière, à l’abri des dernières maisons. Les 2e et 3e bataillons poursuivent leur attaque qui est rapidement brisée.

 

Le colonel Fropo utilise ses 1ère, 3e et 4e compagnies dans une contre-attaque qui est  un échec.

 

Des pertes très élevées sont occasionnées par les différentes charges menées par le 124e R.I. durant la journée du 22 août. Seules les sections de la 2e compagnie qui étaient restées au cimetière ne perdirent pas d'hommes.

 

Le 24 août 1914, à proximité de la frontière belge, le lieutenant Hassler est légèrement blessé par des éclats d’obus reçus à la tête. 

 

Le 8 septembre, il est victime d’un accident de cheval près de Villemoreuil. Cette chute, due à un trou de loup creusé par l’ennemi, l’oblige à s’éloigner du front durant 8 jours. Blessé à un pied, il est hospitalisé au collège communal de Meaux. Joseph manque ainsi la poursuite de la bataille de la Marne.

 

Il rejoint sa compagnie le 17 septembre, mais pour 8 jours seulement. Le 24 septembre, il est de nouveau blessé du côté de Rethonvillers, dans le département de la Somme. Cette fois-ci, il s’est trouvé pris dans la ligne de mire d’un tireur allemand qui visait intentionnellement les officiers. Touché par une balle au niveau de la région rénale et fessière droite, Joseph Hassler est évacué en camion-auto sur la gare de Montdidier. Installé dans un train sanitaire, il prend la direction de Paris pour être soigné à l’hôpital de la Pitié-Salpétrière.

 

De retour de convalescence, le lieutenant Hassler passe plusieurs semaines au dépôt du 124e R.I. à Laval. Il rejoint la zone des armées le 8 décembre 1914. Le 124e R.I. occupe toujours un secteur dans la Somme. Il est à Arvillers.

 

Le responsable du régiment lui confie le commandement de sa 1ère compagnie. Joseph est noté comme « un excellent officier, très brave et très intelligent. »

 

La promotion au grade supérieur ne tarde pas à venir, il est nommé capitaine à titre temporaire le 11 janvier 1915 et à titre définitif le 21 janvier.

 

Le 19 février 1915, il prend part au combat du bois des Sapins. Joseph est blessé par coups de baïonnette reçus à la cuisse droite. Malgré cette plaie, il poursuit l’attaque dans laquelle sa compagnie est engagée, comme si de rien était. Ne pouvant plus marcher, il parvient tout de même à conserver le commandement de sa compagnie jusqu’à la fin de l’engagement.

 

Sa blessure, qui provoque une subluxation de la hanche, le fait beaucoup souffrir, mais il refuse de se faire évacuer. Ce n’est que le 31 mars qu’il accepte d’être envoyé à Châlons, malmené par une violente sciatique. Le 4 avril, Joseph embarque dans un train sanitaire qui prend la direction de Tours. Immobilisé pour un long moment, il est déclaré inapte à l’infanterie.

 

Sa convalescence a  lieu à Paris. Quoique incomplètement rétabli, le capitaine Hassler revient, une 4e fois en 1ère ligne, le 31 août 1915.

 

Cette fois-ci, il est envoyé à l’état-major de la 99e division d’infanterie territoriale comme chef du 3e bureau. Les douleurs causées par ses anciennes blessures sont toujours présentes, mais elles ne l’empêchent pas de se dépenser sans compter dans ses nouvelles fonctions.

 

La 99e D.I.T. occupe un secteur au nord d’Herleville et Maucourt qui est, un temps, en liaison avec l’armée britannique.

 

Le capitaine Hassler y fait la connaissance du journaliste Philippe Millet. Celui-ci lui consacre le chapitre XXVII de son ouvrage «  En liaison avec les Anglais ». Joseph est évoqué sous le pseudonyme de « bras de fer ».

 

Le 19 juillet 1916, il est de nouveau blessé par éclat d’obus à la tête à Assevillers. Cette fois-ci, il n’échappe pas à la trépanation.

 

La 99e D.I.T. est dissoute le 13 août 1916. Le capitaine Hassler est rattaché à l’état-major de la 120e D.I. lorsqu’il revient dans la zone des armées.

 

En 1916, il publie aux éditions H Floury un manuel militaire en collaboration avec Émile André, intitulé : « L’arme blanche dans la Grande Guerre. Méthode simplifiée de baïonnette. »

 

Les ouvrages de Joseph Hassler

 

Le 13 avril 1917, il est muté au 404e R.I.. Le responsable du régiment lui confie son 3e bataillon.

 

Une  fois de plus, Joseph Hassler développe ses qualités de commandement déjà bien étoffées. Il a beaucoup d’ascendant sur ses cadres et sur ses hommes auxquels il a su inspirer toute confiance. Le 17 juin 1917, il est promu commandant à titre temporaire.

 

Le 13 septembre 1917, il est blessé au chemin des Dames, ravin de Troyon, par éclats d’obus à l’arcade sourcilière droite.

 

Cette année-là, ses carnets de guerre sont publiés sous le titre « Ma campagne au jour le jour, août 1914 - décembre 1915 ». Maurice Barrès, qui est un proche, a préfacé son ouvrage.

 

Fin 1917, le commandant Hassler est chargé de diriger un coup de main dans le secteur de Barbonval. La préparation est correcte, mais Joseph montre de la nervosité au cours de l’action. Son état mental l’empêche d’avoir les bons jugements. Il a du mal à analyser les différentes phases de l’opération. Il transmet des renseignements tardifs, parfois un peu inquiétants sans qu’à aucun moment, il ne puisse les justifier. Sa blessure à la tête et le surmenage qu’il s’impose sont probablement responsables de ce comportement inhabituel chez cet homme.

 

Le 1er janvier 1918, Joseph Hassler se retrouve détaché pour créer et mettre sur pied l’école des chefs de section du groupe des armées de l’Est à Toul.

 

Quelques mois plus tard, cette école est supprimée. L’avance allemande qui a lieu à la fin du mois mars 1918, impose sa fermeture. Le commandant Hassler est muté au 149e R.I..

 

Au 149e R.I..

 

Joseph Hassler est affecté au 149e R.I. le 5 mai 1918. Il prend la tête du 1er bataillon en remplacement du commandant de Chomereau de Saint-André qui vient d’être muté au 48e B.C.P..

 

La photographie suivante a été réalisée peu de temps après son arrivée dans le régiment. Elle le représente entouré de ses officiers subordonnés. Le chien « flambeau » mascotte du bataillon passe dans le champ de l’objectif.

 

Groupe d'officiers du 1er bataillon du 149e R

 

Joseph est devenu un cadre aguerri. Sa grande expérience du front fait de lui un officier d’élite. En un rien de temps, il fait de son bataillon une unité de tout premier ordre qu’il conduit au feu aux combats de mai juin et aux attaques de juillet.

 

Son bataillon est cité à l’ordre du 21e C.A. : « Après avoir, le 15 juillet, brisé une violente offensive, a, dans la matinée du 26 juillet, malgré un violent tir d’artillerie effectué en particulier par des obus toxiques et une vive résistance de l’infanterie allemande, enlevé d’un seul élan les positions de l’ennemi sur le front de plus de 2 km et sur une profondeur atteignant jusqu’à 1000 m, lui capturant plus de 100 prisonniers et un important matériel. »

 

Le 26 juillet 1918, Joseph est blessé pour la 7e fois. L’abbé Henry évoque l’évènement dans ses carnets. Voici ce qu’il écrit : « J’apprends que le commandant Hassler a reçu un éclat d’obus qui a percé son casque et contusionné la tête. La blessure est insignifiante en apparence, mais le cerveau a souffert. Le commandant parle avec peine ; il se plaint de fourmis dans les jambes…

 

… Je vais avec Bonnefous prendre des nouvelles du commandant. Bien qu’il se refuse à être évacué, cette mesure s’impose. Ce qui est à redouter,  dans son cas, c’est l’hémorragie interne qui peut amener en quelques minutes un dénouement fatal. Le 1er bataillon regrettera son départ, regret avivé par la crainte de ne le point voir revenir. »

 

Plus loin, l’abbé Henry poursuit : « Je m’arrête au P.S. Bonnefous situé dans le petit bois sur le bord de la route. Quelques blessés boches. Puis voici le commandant Hassler qu’il s’agit de faire évacuer. Ce n’est pas commode ; il ne veut rien savoir. Et pourtant, il y a urgence ; on n’a déjà que trop attendu. Enfin, on le décide à se laisser faire ; il nous serre la main et s’en va. » Il est évacué sur Auve dans le département de la Marne.

 

Le commandant Hassler est de retour dans la zone des armées le 23 septembre. Le 149e R.I. est en pleine préparation d’offensive.

 

La 43e D.I. doit participer à une attaque de grande envergure qui implique l’ensemble de la de la IVe armée. Joseph a tout juste le temps de reprendre ses marques. Sa présence sur le front est de très courte durée, il est à nouveau évacué vers l’arrière le 1er octobre.

 

Joseph Hassler termine la guerre avec huit citations dont quatre à l’ordre de l’armée et sept blessures. Il fut toujours noté de la façon la plus élogieuse possible au cours de la campagne, soit comme officier de troupe, soit comme officier d’état-major. C’est un homme qui s’est toujours imposé par son feu sacré, par ses connaissances approfondies, et par ses grandes qualités d’instructeur.

 

Le commandant Hassler n’est pas auprès de ses hommes lorsque le clairon sonne l’armistice le 11 novembre 1918.

 

Il est mis à la disposition du général commandant la 4e armée le 22 novembre après avoir été en traitement à l’hôpital de la Pitié-Salpétrière.

 

Le 28 septembre 1919, il rejoint le 415e R.I.. Le 25 octobre1919, il est détaché aux services administratifs du Levant. Il se prépare à partir pour la Turquie.

 

Joseph Hassler arrive à Adana le 28 novembre 1919. Il est chargé des fonctions de chef d’état-major des services administratifs de Cilicie. Il occupe également le poste de chef de l’instruction publique et de la justice et assure la présidence du tribunal militaire.

 

Les années 20

 

Le 10 septembre 1920, deux nouvelles fonctions viennent s’ajouter à sa charge précédente. Le commandant Hassler est nommé secrétaire général du contrôle administratif et devient chef de service de renseignement de la Cilicie. Très bon chef de groupe, il est un administrateur hors pair « au courant de tous ses services, stimulant son monde, donnant l’exemple. Il a conquis l’affection de tous ses subordonnés, l’estime des fonctionnaires ottomans et de la population. »

 

Durant cette période, il est classé pour ordre au 412e R.I. le 7 avril 1920 puis à nouveau au 415e R.I. à partir du 11 mai.

 

Le 16 octobre 1920, il devient secrétaire général du délégué du haut-commissaire de la République française en Syrie et au Liban en Cilicie.

 

Mis en congé à partir du 1er août 1921, le commandant Hassler retourne en France. Le 10 octobre il est à Desvres où il épouse Charlotte Jeanne Françoise Céline Fourmaitraux avec qui il aura trois enfants.

 

Le commandant Hassler revient en Cilicie au début du mois de décembre 1921. Les hostilités avec la Turquie sont terminées. Joseph exerce la fonction de chef du service des renseignements de l’armée du Levant jusqu’au 20 mars 1922.

 

Il est également chargé de répartir les populations chrétiennes qui ont été obligées de quitter la Cilicie.

 

Il s’acquitte de cette difficile tâche dans des conditions de rapidité et d’économie que personne n’avait pu prévoir.

 

De retour en France, il est nommé adjoint à la direction des études de l’école supérieure de guerre à partir du 25 mai 1922. Joseph est responsable du bon fonctionnement matériel de l’établissement. Le général Dufieux rédige la note suivante à son sujet : « Parfaitement au courant de ses fonctions, le commandant Hassler s’en acquitte avec beaucoup d’intelligence, d’initiative, de prévoyance et de dévouement avec une aménité souriante, dans toutes les circonstances et dans un souci constant de faire un minimum de dépenses. ll est, dans toute la force du terme, l’homme de la situation »

 

Le commandant Hassler est nommé chef de bataillon à titre définitif le 23 septembre 1922.

 

Le 5 avril 1928, il est appelé à l’emploi de professeur adjoint au cours d’infanterie à l’école supérieure de guerre. Sa connaissance complète et profonde de l’infanterie, son passé de guerre, son ardeur et sa fougue en imposent aux jeunes officiers.

 

Joseph Hassler travaille aux services aériens commandés entre le 30 juin 1927 et le 1er juillet 1928.

 

Le 21 décembre 1929, il est nommé lieutenant-colonel.

 

Les années 30

 

Le 21 octobre 1931, Joseph Hassler quitte l’école supérieure de guerre pour le 5e R.I. à Courbevoie.

 

Il rédige plusieurs études dont « le feu défensif » en 1932 et « Les opérations de nuit » un article publié dans la revue d’infanterie en 1933.

 

Le commandant Hassler est désigné pour faire partie de la commission des examens de sortie des E.O.R. de Saint-Maixent à partir du 1er mars 1932.

 

Le 7 octobre 1933, il est affecté au 60e R.I., à Besançon, pour en prendre le commandement. Il s’occupe avec passion de ce régiment. Il en fait une unité instruite, entraînée et confiante. Le commandant Hassler est promu colonel le 25 mars 1934.

 

Le 21 décembre 1934, il reçoit le commandement de l’École militaire d’infanterie et de chars de combat à Saint-Maixent. Dès le début, il y affirme ses qualités d’organisateur et d’animateur de haut niveau. Brillant commandant d’école, tout à fait à sa place dans cet emploi, il contribue largement au progrès dans la formation des catégories d’élèves si variées de Saint-Maixent. Joseph est promu général de brigade par décret du 22 décembre 1937 (J.O du 23 décembre 1937).

 

De la Campagne de France à la libération

 

Le général Hassler reçoit le commandement de la 22e D.I. le 2 septembre 1939. Cette division fut mise sur pied dans la 11e région avant d’être dirigée sur le front de Lorraine où elle occupera plusieurs secteurs. Elle est mise à l’instruction du côté de Rumigny au début de février 1940.

 

Le 15 avril, Joseph Hassler est victime d’un accident automobile. Son véhicule est heurté par un camion militaire à Rocquigny. Ses blessures sont multiples. Il a les 9e et 10e côtes gauches brisées, une fracture entre la ligne axillaire antérieure et postérieure, des plaies multiples du cuir chevelu dues à des éclats de vitres, le cubitus gauche cassé et une hémarthrose au genou gauche.

 

Le général est évacué d’urgence sur l’ambulance chirurgicale lourde de Rethel pour y subir les premiers soins, avant d’être envoyé vers l’arrière. Deux semaines plus tard, il demande à rejoindre son poste de commandement. Il a un bras dans le plâtre, la poitrine sanglée dans un bandage et la plupart de ses plaies sont encore bien visibles.

 

En permission de convalescence le 10 mai, il ne peut réintégrer la 22e D.I. dans l’immédiat. Celle-ci a été envoyée sur la Meuse. Ce n’est que dans la nuit du 14 au 15 mai qu’il reprend contact avec elle.

 

La 22e D.I. est sous les ordres du général Béziers Lafosse. Disloquée par l’offensive allemande, elle a été obligée de se replier en direction de la position frontière en prenant des directions divergentes. Le général Hassler est chargé d’organiser la défense de Bohain à partir du 17 mai. Le général Béziers Lafosse s’occupe de la défense de la forêt de Saint-Michel où les éléments engagés furent capturés. Le 18 mai, la 22e D.I. cesse d’exister. Les hommes encore en état de combattre sont regroupés à Aulnay-sur-Mauldre le 22 mai 1940.

 

La veille, Joseph Hassler a été nommé gouverneur militaire de Paris et désigné pour prendre le commandement du secteur de Mantes, qui est également appelé secteur de la Basse-Seine.

 

De nouveau en première ligne le 10 juin, il est rapidement menacé par les Allemands qui viennent de déboucher de Vernon. Le lendemain, il reçoit un ordre préliminaire de retraite alors qu’il est en pleine préparation de contre-attaque sur Vézy et Vernon. Il espérait pouvoir rejeter l’ennemi à la Seine.

 

Dans la nuit du 12 au 13 juin, son groupement passe sous les ordres du 10e C.A..

 

Les évènements se précipitent. Le 15 juin 1940, le général Hassler reçoit le commandement du 3e arrondissement d’étapes de l’armée de Paris. Le 10 juillet, il est nommé commandant de la subdivision de Toulon. Le 20 août, il est promu général de division puis placé dans la section de réserve en application de la loi du 2 août 1940. Cette loi fixe les nouvelles limites d’âge concernant les officiers généraux.

 

Proche d’Eugène Deloncle, le général Hassler est pressenti pour diriger la L.V.F. contre le Bolchevisme en juillet 1941. Apprenant cette nouvelle, il la récuse aussitôt, outré que cette proposition lui ait été annoncée sans qu’on lui ait demandé son avis. Refusant le poste, il se retire de Paris, ce qui lui évitera toute compromission.

 

À la même période, la Gestapo rédige un rapport concernant son appartenance à la franc-maçonnerie. Le 16 septembre 1941, il est mis d’office à la retraite en application des lois sur les sociétés secrètes.

 

Joseph Hassler fut initié à la franc-maçonnerie en 1912. Il a été  membre de plusieurs Loges, dont la Loge Euclide qui a été fondée à Paris en 1926. En 1941, il y est toujours affilié au grand Orient de France et à la Loge de la Clémente Amitié à Paris. Le 15 septembre 1943, le général Hassler est rétabli dans ses droits. Il est réintégré dans la section de réserve à compter du 16 septembre1941.

 

Installé dans le Poitou, bien que surveillé par l’occupant, il est loin de rester inactif. Joseph trompe régulièrement cette surveillance jusqu’au moment où il est arrêté par la Gestapo, en plein Paris en mai 1944. Il avait été signalé comme faisant du recrutement intensif en faveur des armées du débarquement. Faute de preuves, il est relâché, mais toujours sous l’œil de l’occupant. Il parvient à quitter la capitale pour rejoindre le midi de la France grâce à la complicité de la gendarmerie nationale.

 

À la libération, il s’emploie à remettre en état sa propriété à Saint-Martin-lès-Boulogne qui fut occupée par les Allemands durant quatre ans.

 

L’après-guerre

 

Joseph Hassler devient membre de la commission administrative des hospices civils de Boulogne-sur-Mer Il est également président d’honneur des sections boulonnaises de la société d’entraide de la Légion d’honneur, de l’association des officiers de réserve, des médaillés militaires, du Souvenir français, de l’union nationale des combattants, de la fondation maréchal de Lattre, du comité de l’enfance et de la société d’encouragement au dévouement. L’ancien général est aussi président de l’amicale des anciens du 19e R.I.. Son action est déterminante dans la restauration de la colonne de la grande armée.

 

Veuf depuis 1946, il épouse en secondes noces, Julienne Thérèse Rochard, veuve Le Tolguenec le 2 février 1964.

 

Decorations Joseph Hassler

 

Décorations obtenues :

 

Croix de guerre avec 4 palmes, une étoile de vermeil, deux étoiles d’argent et une étoile de bronze.

 

Citation à l’ordre du 124e R.I. n° 126 du 26 février 1915 :

 

« Souffrait fortement d’une de ses blessures au moment du combat du 19 février 1915. Ne pouvant plus marcher, a cependant voulu conserver le commandement de sa compagnie jusqu’à la fin et, pendant quatre jours, s’est dépensé sans compter. »

 

Citation à l’ordre de la 99e D.I. n° 24 du 28 janvier 1916 :

 

« Plusieurs fois blessé au cours de la campagne, bien que n’étant pas encore rétabli, a demandé à revenir sur le front où il s’est dépensé sans compter pour l’organisation d’un secteur, a exécuté des reconnaissances dangereuses. Officier très brave et très énergique.»

 

Citation à l’ordre de la VIe armée n° 373 du 27 juillet 1916 :

 

« Officier d’état-major d’élite. D’un zèle et d’une conscience exemplaire sollicitant toujours les missions les plus périlleuses et les accomplissant avec une extrême bravoure. Blessé pour la 5e fois d’un éclat d’obus à la tête, au cours d’une mission en 1ère ligne. »

 

Citation à l’ordre de la 121e D.I. n° 464 du 8 octobre 1917 :

 

« Officier supérieur de 1er ordre. A fait preuve, dans la tenue d’un secteur très difficile, d’une énergie hors pair, payant partout de sa personne, combattant lui-même à la grenade au milieu de ses hommes et arrêtant net toutes les attaques ennemies. Atteint d’une 1ère blessure légère par éclat d’obus, puis d’une 2e en lançant lui-même une grenade à l’instruction, n’a pas voulu interrompre son service, donnant ainsi, une fois de plus, le plus bel exemple que puisse donner un chef.»

 

Citation à l’ordre du 21e C.A. n° 2733/3 du 27 juillet 1918 :

 

«  Le 1er bataillon du 149e R.I., sous les ordres du commandant Hassler, après avoir le 15 juillet, brisé une violente offensive a, dans la matinée du 26 juillet, malgré un violent tir d’artillerie effectué en particulier par obus toxiques et une vigoureuse résistance de l’infanterie allemande, enlevé d’un seul élan les positions de l’ennemi sur le front de 2 km  et sur une profondeur atteignant jusqu’à 1000 m, lui capturant plus de 100 prisonniers et un important matériel. »

 

Citation à l’ordre de la IVe armée n° 155 du 24 décembre 1918 :

 

« Ayant rejoint son bataillon quelques jours à peine avant l’offensive du 26 septembre, bien qu’incomplètement guéri d’une blessure antérieure, a superbement conduit son bataillon à l’assaut, enlevant une position puissamment organisée, talonnant l’ennemi sans arrêt et entraînant les troupes voisines dans sa progression audacieuse, est resté à la limite extrême de ses forces. Ne s’est laissé évacuer que sur ordre. »

 

Citation à l’ordre de la 1ère division d’infanterie du Levant n° 60 du 1er août 1920 :

 

« Toujours sur la brèche depuis 21 mois, a fourni avec un dévouement inlassable, un labeur acharné pour défendre le prestige et les intérêts français en Cilicie, gardant le même entrain la même bonne humeur et un remarquable esprit d’à-propos dans les circonstances difficiles, allant droit au but, même au péril de ses jours et s’est acquis la haute estime de ses subordonnés et de toutes les populations du pays. »

 

Chevalier de la Légion d’honneur. Ordre 676 D du 8 mars 1915 (publication dans le J.O. du 7 avril 1915) :

 

« Officier remarquable qui a fait ses preuves dès le début de la campagne. A magnifiquement entraîné sa compagnie à l’attaque d’un village, souffrait fortement d’une de ses blessures au combat du 19 février 1915, ne pouvant plus marcher, a cependant voulu conserver le commandement de sa compagnie jusqu’à la fin et pendant 4 jours s’est dépensé sans compter faisant l’admiration de tous. A été blessé 3 fois. (La décoration ci-dessus comporte l’attribution de la croix de guerre avec palme). »

 

Officier de la Légion d’honneur le 22 juin 1918. Ordre 7.953 D du 22 juin 1918 :

 

« Officier supérieur de grande valeur. Au cours des récents combats a fait l’admiration de tous par son sang-froid, son courage et son absolu mépris du danger. A très brillamment conduit au feu son bataillon auquel il a communiqué l’entrain et l’ardeur qui l’animent, a obtenu de sa troupe, en toutes circonstances, le maximum de rendement. Six blessures, 5 citations. (La promotion ci-dessus comporte l’attribution de la croix de guerre avec palme). »

 

Commandeur de la Légion d’honneur. Décret du  10 juillet 1926

 

Promu à la dignité de grand Officier de la Légion d’honneur par décret du 29 juin 1939 (J.O du 2 juillet 1939).

 

Grand Croix de la Légion d’honneur 23 février 1963

 

Autres décorations :

 

Chevalier de l’Ordre de l’épée de Suède (1ère classe), ordonnance royale du 19 mai 1920

 

Officier de l’instruction publique par décision ministérielle du 13 décembre 1920

 

Commandeur du Nicham Iftikar le 28 novembre 1921

 

Croix de guerre des théâtres d’opérations extérieures (Syrie-Cilicie) le 18 décembre 1922

 

Croix de l’Ordre militaire de Saint-Sawa de Yougoslavie  (4e ordre)  le 18 février 1926

 

Compagnon de l’Ordre de l’Éléphant blanc de Siam le 11 décembre 1926

 

Commandeur de l’Ordre militaire de Saint-Avis du Portugal le 25 août 1927

 

Officier de l’Ordre tchécoslovaque du « Lion blanc » le 1er septembre 1930

 

Commandeur du Mérite militaire du Chili le 8 septembre 1933

 

Croix de bronze des services militaires volontaires, arrêté du 28 août 1934 (J.O. du 9 septembre 1934)

 

Médaille d’honneur de l’éducation physique (or) (J.O. du 21 janvier 1934)

 

Médaille de l’Ordre syrien (2e classe) 25 janvier 1934

 

Médaille interalliée de la victoire le 15 septembre 1934

 

Commandeur de l’Ordre de l’étoile de Roumanie

 

Ordre du Mérite libanais

 

Croix du combattant

 

Médaille commémorative française de la Grande Guerre

 

Médaille commémorative Syrie-Cilicie

 

Compagnon de l’Ordre du service distingué

 

Officier de l’Ordre de la couronne de Belgique

 

Médaille du Mérite militaire grecque

 

Reconnaissance de la qualité de combattant volontaire pour le motif suivant :

 

1er titre : En 1915, évacué des armées pour blessures et pouvant être maintenu a l’intérieur, est néanmoins retourné volontairement au combat avant complète guérison.

 

2e titre : En 1916, même motif que celui indiqué au 1er titre

 

3e titre : En 1918, même motif que celui indiqué au 1er titre

 

 

Le 4 novembre 1966, Joseph décède à son domicile, 4 route de Paris, à Saint-Martin-lès-Boulogne. La cérémonie religieuse se déroule le 8 novembre à la cathédrale de Boulogne-sur-Mer. Le général Hassler fut ensuite inhumé dans le cimetière communal  d’Avesnes-le-Comte.

 

Sources :

 

Dossier individuel consulté au Service Historique de la Défense de Vincennes.

 

Le portrait du général Hassler qui se trouve sur le 1er montage provient de ce dossier.

 

J.M.O du 124e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N  684/13

 

J.M.O du 404e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N  767/3

 

Fiche signalétique et des services qui se trouve sur le site des archives départementales du Pas-de-Calais.

 

L’arbre généalogique de la famille Hassler a été construit à partir de la lecture de plusieurs liens sur le site « Généanet ».

 

La photographie représentant l’équipe des cadres du 1er bataillon du 149e R.I. provient du fonds Raymond Bonnefous, propriété de N. Bauer.

 

Le portrait représentant Joseph Hassler avec un bandage à la tête est extrait de la revue « Illustration ».

 

Le cliché de la sépulture de la famille Hassler a été trouvé sur le site « Généanet ».

 

Carnets inédits de l’abbé Henry

 

Ouvrages consultés :

 

« La guerre en action - le 22 août 1914 au 4e C.A.- Virton » du commandant A. Grasset. Éditions Berger-Levrault Éditeurs (1925).

 

« En liaison avec les Anglais - souvenirs de campagne » de Philippe Millet. Éditions librairie académique Perrin et Cie (1916).

 

« Ma campagne au jour le jour - août 1914 - décembre 1915 » du capitaine Hassler.  Éditions librairie académique Perrin et Cie (1917).

 

« Témoins - Essai d’analyse et de critique des souvenirs de combattants édités en français de 1915 à 1928 de Jean Norton Cru.  Éditions Paris - Les Étincelles (1929).

 

« Une police politique de Vichy - le service des sociétés secrètes » de Lucien Sabah. Éditions Klincksieck (1996).

 

Un grand merci à N. Bauer, à M. Bordes, à S. Agosto, à F. Amelineau, à A. Carrobi, à T. Cornet, à J.L Poisot, à M. Porcher, à F. Verna, aux archives départementales du Pas-de-Calais et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

4 décembre 2020

Joseph Delung (1876-1918)

Joseph Delung

 

Enfance et adolescence

 

Joseph Delung voit le jour le 13 octobre 1876 à Épinal. Son père, qui porte le même prénom, est un alsacien originaire du Haut-Rhin âgé de 24 ans. Sa mère, Reine Kessler, a 27 ans. Elle travaille comme ouvrière fileuse. Joseph et Reine ne sont pas mariés. Ils se sont rencontrés durant la période où Joseph effectuait ses obligations militaires ; ces obligations se déroulaient dans le régiment de génie qui tenait garnison dans la ville de naissance de leur fils.

 

Ils officialisent leur union le 26 novembre 1877, à la mairie de la préfecture vosgienne, quelques mois avant l’arrivée de leur 2e enfant.

 

En 1882, les Delung sont installés dans la petite commune de Langley. Le père y occupe un poste de garde-barrière.

 

Joseph est l’aîné d’une fratrie composée de 4 garçons et de 3 filles nés entre 1876 et 1888.

 

Sa fiche signalétique et des services mentionne un degré d’instruction de niveau 3. Il sait lire, écrire et compter. Ce registre matricule nous apprend également qu’il exerce la profession de cultivateur juste avant sa décision de faire carrière dans l’armée.

 

Le 1er avril 1895, Joseph, qui n’a pas encore fêté ses 19 ans, se rend à la mairie de Charmes pour signer son 1er engagement volontaire au titre du 1er régiment d’infanterie colonial ; ce dernier tient garnison à Cherbourg.

 

Traverser la France du nord-est au nord-ouest, quitter la montagne pour la mer, les raisons qui le poussèrent à faire ce choix ne sont pas connues.

 

À la coloniale

 

Joseph Delung arrive à la caserne Brière-de-l’Isle le 4 avril 1895. Le rythme est soutenu pour devenir un soldat aguerri. Gymnastique, courses à pied, longues marches avec barda sur le dos et défilés au pas cadencé deviennent son lot quotidien.

 

Le 21 mai 1896, il est autorisé à coudre ses chevrons rouges de caporal.

 

Fin novembre 1897, Joseph apprend son affectation au 10e R.I.C..

 

Le caporal Delung se prépare à embarquer pour un long périple en mer qui doit le mener jusqu’au Tonkin en Indochine.

 

10e R

 

Le 1er avril 1898, il signe son 1er réengagement qui prolonge son activité sous l’uniforme pour 3 années supplémentaires.

 

Admis à accomplir une 4e année aux colonies, Joseph est nommé sergent le 23 mars 1899.

 

Les 5 et 19 novembre 1899, il participe à deux affaires. La première a lieu dans le village de Matchiang, la seconde dans celui de Wong-Liok sur le territoire du Quang-Tchéou-Wan. Deux compagnies d’infanterie coloniale, de l’artillerie et des fusiliers marins ont été envoyés au début du mois de novembre d’Haï-Téou au fort de Pé-Sé situé sur la rive droite de la rivière Mat-Shé pour mater un foyer de résistance.

 

Affaires de Matchiang et de Wong-Liok

 

Pour en apprendre davantage sur les évènements qui se sont déroulés à Matchiang et à Wong-Liok, il suffit de cliquer une fois sur le lien suivant.

 

Ouest-Eclair

 

Le 19 mai 1900, le sergent Delung décide d’en reprendre pour cinq ans. Ce nouveau contrat prend effet le 1er avril 1901. Au cours des années suivantes, Joseph alterne les fonctions de sergent et de sergent fourrier jusqu’à l’obtention de son congé obligatoire de 6 mois, à solde coloniale, à partir du 14 janvier 1902.

 

De retour en France, il est affecté au 1er R.I.C.. Joseph Delung retrouve le 10e R.I.C. au Tonkin, le 1er octobre 1902.

 

Il est placé à l’E.M. comme sous-officier hors cadre le 1er avril 1904, autorisé à passer une 3e année aux colonies.

 

Rengagé le 18 avril 1906, pour une durée de 4 ans, à terme fixe, à compter du 1er avril, Joseph Delung est de nouveau placé en position hors cadre. Il obtient ses galons de sergent-major le 1er juin 1906.

 

Revenu à Cherbourg, il est rattaché au 1er R.I.C. le 25 mai 1907.

 

Le 25 septembre, Joseph épouse Maria Chevalier à Baccarat. Le couple donnera vie à deux filles.

 

Mariage de Joseph Delung et de Maria Chevalier

 

Passé au 21e R.I.C. le 1er février 1908, le sergent-major Delung gravit un nouvel échelon dans la hiérarchie militaire en devenant adjudant le 1er mai 1908. Deux mois plus tard, il est affecté au 23e R.I.C., un régiment fraîchement installé dans les bâtiments de la caserne de Lourcine, dans le XIIIe arrondissement parisien.

 

À compter du 1er avril 1910, l’adjudant Delung est maintenu en service en vertu d’une commission, suite à une décision prise, le 26 juin 1909, par le général commandant la 5e brigade coloniale.

 

Cette commission est résiliée le 20 février 1912 (décision du 18 janvier 1912 prise par le général commandant la 5e brigade coloniale) Joseph est dégagé de toutes obligations militaires après avoir passé près de 17 ans sous l’uniforme colonial. Âgé de 35 ans, il est directement versé dans la réserve territoriale, rattaché au 17e B.C.P..

 

Devenu percepteur dans la commune de Thoard située dans le département des Basses-Alpes, il est classé « non disponible » à partir du 18 novembre 1912. Il n’est donc pas concerné par les éventuelles périodes d’exercices militaires obligatoires du temps de paix.

 

Un décret du 23 juin 1913 le fait nommer sous-lieutenant de réserve au 145e régiment d’infanterie territorial.

 

Période de guerre

 

Lorsque le 1er conflit contre l’Allemagne débute en août 1914, le sous-lieutenant de réserve Delung est rappelé à l’activité par décret de mobilisation du 1er août 1914. Son livret militaire lui ordonne de se rendre au dépôt du 145e R.I.T. à Aix, dès le lendemain. Une fois équipé et au complet, le régiment s’installe dans la région de Nice.

 

Le 18 septembre 1914, Joseph Delung reçoit l’ordre d’aller au dépôt du 55e R.I. à Pont-Saint-Esprit. Il est promu lieutenant de réserve à titre temporaire le 20 octobre.

 

Le 7 mars 1915, il est nommé lieutenant à titre définitif avec une nouvelle affectation. Il doit rejoindre les rangs du 261e R.I.. La date de son arrivée dans la zone des armées n’est pas connue. À cette époque du conflit, le 261e R.I. combat dans le secteur du bois des Merliers, à l’ouest de Bourreuilles, dans le département de la Meuse.

 

Par décret du 3 juin 1915, Joseph est promu capitaine à titre temporaire pour la durée de la guerre. Son régiment est engagé en Argonne.

 

En Argonne

 

Le J.M.O. du 261e R.I. nous apprend que le capitaine Delung fut blessé du côté de la Harazée le 30 juin 1915, sans indication du numéro de sa compagnie.

 

Le 12 janvier 1916, il est fait chevalier de la Légion d’honneur. La remise de décoration a lieu à Digne.

 

Décoration de la Légion d'honneur à Digne cliché 1

 Decoration de la Legion d'honneur à Digne (cliche 2)

 

Joseph Delung est admis comme cadre actif de l’infanterie coloniale, pour prendre rang le 1er février 1915 par décret du 1er février 1916. Ce jour-là, sa promotion au grade de capitaine à titre temporaire pour la durée de la guerre est approuvée par décision ministérielle.

 

Au 149e R.I.

 

Un télégramme envoyé par le général commandant la 11e région lui apprend qu’il est muté au 149e R.I. à partir du 15 mars 1916.

 

Ce régiment, sous les ordres du lieutenant-colonel Abbat, est au repos à Verdun après un premier passage à proximité des 1ère lignes.

 

Seules deux de ses compagnies furent véritablement engagées, mais le régiment fut sérieusement bousculé par de violents bombardements.

 

Les pertes ont été importantes. L’équipe des cadres doit être remaniée. Le lieutenant-colonel Abbat lui confie le commandement de la 9e compagnie de son régiment.

 

Le capitaine Delung a à peine le temps de faire connaissance avec ses subordonnés. Sa compagnie doit rapidement remonter en 1ère ligne pour occuper une position au sud-est du fort de Vaux.

 

Pour en savoir plus, il suffit de cliquer une fois sur le plan suivant et de lire la partie du témoignage du capitaine Gaston de Chomereau de Saint-André consacré à cette période.

 

Croquis de Chomereau

 

Le 149e R.I. laisse derrière lui le village de Vaux-devant-Damloup et le fort de Vaux à la mi-avril 1916.

 

Après une brève période de repos à Landrecourt, le capitaine Delung gagne la Champagne. Le 149e R.I. prend position dans un secteur plutôt serein, situé entre les buttes de Tahure et celles de Mesnil, près des Deux-Mamelles.

 

Août 1916, le régiment spinalien s’installe dans la Somme. Joseph Delung doit bientôt conduire sa compagnie au feu. Le 4 septembre, le 149e R.I. s’apprête à reprendre le village de Soyécourt aux Allemands.

 

Joseph est blessé du côté de la ferme sans nom le 5 septembre. Touché par un éclat d’obus à la poitrine, il a le poumon droit perforé. Des lésions au foie sont également constatées.

 

Pour en savoir plus sur ce qui s’est passé au cours de la journée du 5 septembre 1916, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

 

Soyécourt

 

Le lendemain, il est soigné à l’ambulance 7/21 de la 43e D.I. qu’il quitte le 22 septembre. Le 24 septembre 1916, il est pris en charge par l’ambulance 12/1.

 

Le lieu de son hospitalisation à l’arrière n’a pu être retrouvé, ni la date de son retour au dépôt, ni celle où il rejoint la zone des armées. 

 

Le capitaine Delung conserve toute sa place au sein de l’équipe de cadres du 149e R.I. en 1917.

 

Le 30 septembre 1917, il est photographié, avec son képi de colonial, en compagnie de l’ensemble des officiers du 2e bataillon du 149e R.I., dans le petit village de Troësnes, implanté dans le département de l’Aisne.

 

Officiers du 2e bataillon du 149e R

 

L’année 1917 est plutôt clémente pour le régiment. Ce n’est que le 23 octobre qu’il participe à une grande offensive dans le secteur de La Malmaison.

 

Joseph Delung prend part à la bataille, probablement en tant que capitaine adjudant-major du 2e bataillon, sous les ordres directs du commandant Schalck.

 

Pour en apprendre davantage sur ce qui s’est passé durant cette journée, il suffit de cliquer une fois sur le dessin suivant.

 

La bataille de la Malmaison

 

Le 3 mars 1918, le capitaine Delung est remis à la disposition du ministre pour assurer l’encadrement des travailleurs sénégalais qui ont été recrutés en Afrique-Occidentale française (note n° 3071 du G.Q.G.), après avoir été au service du drapeau du 149e R.I. pendant près de deux ans.

 

Au 1er bataillon de tirailleurs somalis

 

Joseph Delung est ensuite affecté au 1er bataillon de tirailleurs somalis.

 

Fin mai 1918, ce bataillon participe à 3e bataille de l'Aisne. Les tirailleurs somaliens s’illustrent en brisant plusieurs attaques allemandes dans le secteur du mont de Choisy entre le 29 et le 6 juin 1918.

 

Le capitaine Delung commande un groupement composé des 1ère et 4e compagnies. Les combats sont violents.

 

Joseph est grièvement blessé le 4 juin. Ses blessures sont vraiment trop importantes pour qu’elles puissent laisser un espoir de survie. Les médecins font tout ce qu’ils peuvent, mais ils ne parviennent pas à le sauver.

 

Sepulture du capitaine Delung

 

Joseph décède à l’ambulance H.C.A. 3/3 le 11 juin 1918 à l’âge de 41 ans.

 

Le capitaine Delung repose actuellement dans la nécropole nationale de Catenoy. Sa sépulture porte le n° 1195.

 

Decorations du capitane Delung

 

Cet officier a obtenu les citations suivantes :

 

Citation à l’ordre de la 150e brigade n° 94 du 10 juin 1915 :

 

« Sur le front depuis le début de la campagne. En toutes circonstances a fait preuve de zèle et de dévouement. S’est toujours brillamment comporté dans tous les engagements auxquels il a pris part. »

 

Citation à l’ordre de la IIIe armée n° 170 en date du 21 octobre 1915 :

 

« Officier très courageux et énergique. Le 28 juin, un boyau conduisant à un petit poste à 50 m en avant de nos lignes ayant été bouleversé par le bombardement, s’est porté de sa personne au secours de la garnison de ce petit poste en franchissant à découvert, sous le feu de l’ennemi, une distance de 50 mètres. Le 30 juin, blessé au poignet gauche par éclat d’obus, a conservé le commandement de a compagnie. S’est encore distingué par sa bravoure dans les combats du 14 juillet par sa belle tenue au feu en juillet 1915. »

 

Citation à l’ordre général de la Xe armée n° 227 en date du 13 septembre 1916 :

 

« Officier de grande valeur très énergique. Les 4, 5 et 6 septembre 1916, a entraîné brillamment sa compagnie à l’attaque des retranchements ennemis ; s’est dépensé nuit et jour sans compter. Blessé très grièvement en organisant la position conquise. »

 

Autres décorations :

 

 Chevalier de la Légion d’honneur le 12 janvier 1916, inscrit au tableau spécial par arrêté ministériel du 12 janvier 1916 (J.O. du 14 janvier 1916).

 

« Excellent officier, énergique, très courageux, zélé. S’est particulièrement distingué par sa belle tenue au feu en juillet 1915. A déjà reçu la croix de guerre. »

 

Officier de la Légion d’honneur par décret du 3 septembre 1918 prenant rang le 5 juin 1918 :

 

« Officier d’élite d’une bravoure et d’une énergie exceptionnelle. A fait preuve au cours de plusieurs combats, des plus belles qualités militaires. A largement contribué par son entrain et sa bravoure à briser les violents efforts de l’ennemi, jusqu’au moment où il a été grièvement blessé. La promotion ci-dessus comporte la croix de guerre avec palme. »

 

Médaille militaire (décret du 2 avril 1912)

 

Médaille coloniale agrafe du Tonkin

 

Chevalier de l’ordre du Dragon de l’Annam (décret du 13 mai 1910)

 

Le nom de cet officier est inscrit sur le monument aux morts de la petite commune de Langley dans le département des Vosges.

 

Monument aux morts de Langley

 

Joseph Delung possède un dossier dans la base de données « Léonore ».

 

Site base Leonore

 

Pour prendre connaissance de la généalogie de la famille Delung, il suffit de cliquer une fois sur le logo suivant.

 

Geneanet

 

Sources :

 

Dossier concernant la Légion d’honneur consulté sur le site de la base Léonore.

 

Fiche signalétique et des services de Joseph Delung lue sur le site des archives départementales de la Meurthe-et-Moselle.

 

Acte de naissance provenant des archives départementales des Vosges.

 

Informations données et documents fournis par la famille descendante du capitaine Delung.

 

Contrôle nominatif du 3e trimestre 1916 du 149e R.I. des malades et des blessés traités dans les formations sanitaires détenu par les archives médicales hospitalières des armées de Limoges.

 

J.M.O. du 145e R.I.T.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 800/27.

 

J.M.O. du 261e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 731/1.

 

Historique du 1er bataillon somalis consultable sur le site « Gallica ».

 

L’ensemble des photographies a été fourni par la famille descendante du capitaine Delung à l’exception du cliché du groupe d’officiers du 2e bataillon du 149e R.I. qui provient du fonds Gérard (collection personnelle).

 

La photographie de la sépulture a été réalisée par M. Chevalier.

 

Le dossier individuel du capitaine Delung n’a pas été retrouvé au Service Historique de la Défense de Vincennes.

 

Un grand merci à M. Bordes, à J. Étienne à A. Carobbi, à M. Chevalier, à H. Henry, à M. Lazano, à M. Porcher, à la famille descendant de Joseph Delung, au Service Historique de la Défense de Vincennes et aux archives départementales des Vosges et de la Meurthe-et-Moselle.

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