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149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
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19 mars 2021

Paul Louis Émile Courtois (1897-1958)

Paul Louis Emile Courtois

 

Paul Louis Émile Courtois voit le jour le 9 avril 1897 à Varogne, une petite commune peuplée de moins de 200 habitants, située au nord-est de Vesoul, dans le département de la Haute-Saône. En 1894, son père, Émile Étienne, a épousé en secondes noces Marie Françoise Richard, la mère de Paul. Il est âgé de 36 ans à la naissance de son fils.

 

Sa première femme, Marie Augustine Lépagney, avec qui il a eu 6 enfants, est décédée l’année précédant l’arrivée de Paul. Seules deux filles ont survécu.

 

Marie Françoise Richard est âgée de 27 ans lorsqu’elle donne la vie à Paul. C’est son 3e accouchement. Elle a déjà perdu deux enfants morts-nés.

 

Les Courtois travaillent comme cultivateurs.

 

Marie Françoise meurt en couches en 1902 après avoir eu un garçon, né en 1898 et une fille née en 1900. Son dernier né ne survit pas à la naissance. Paul vient tout juste de fêter son cinquième anniversaire. Le père se retrouve seul avec une adolescente de 16 ans, une fille de 11 ans et trois enfants en bas âge.

 

Varogne

 

Émile Étienne se remarie une troisième fois, en 1904, avec Joséphine Émilie Aline Bretagne. Le couple aura une quinzaine d’enfants. L’année suivante, la famille Courtois déménage pour aller s’installer à la section des Rêpes, qui était, à ce moment-là, une zone agricole de la commune de Vesoul.

 

Paul Courtois quitte l’école communale en sachant correctement lire, écrire et compter, pour aller travailler aux champs.

 

Il a 17 ans lorsque l’ordre de mobilisation générale est affiché dans toutes les communes de France. Paul est bien trop jeune pour être concerné par ces évènements. Il sait qu’il a encore de longs mois devant lui avant d’être appelé sous les drapeaux. Peut-être même échappera-t-il à la guerre. Certains pensent sincèrement que les hostilités seront terminées en quelques semaines. La suite des évènements ne leur donnera pas raison. Le conflit finit par s’enliser dans une guerre de tranchées interminable.

 

La classe 1917, à laquelle Paul est rattaché, fut appelée bien avant l’heure de la conscription du temps de paix. Dès 1915, il doit se présenter devant le conseil de révision qui s’est réuni à la mairie de Vesoul. Paul étant en bonne forme physique, ce conseil le déclare bon pour les obligations militaires.

 

Peu de temps après, le futur soldat reçoit sa feuille de route qui lui ordonne de gagner Épinal. Il doit être au dépôt du 149e R.I. pour le 8 janvier 1916. Affecté à la 25e compagnie, sa formation militaire commence immédiatement.

 

Le 19 juillet, son chef d’escouade, le caporal Joly, le consigne au quartier pour une durée de deux jours. Le capitaine Delmaz transforme cette sanction en 4 jours d’arrêt de rigueur. Celle-ci est encore majorée par le chef de bataillon qui la fait passer à 8 jours. Le motif de la punition infligée est le suivant : « Au cours de l’inspection des hommes de son escouade, ce caporal, sous-pesant un sac, fit, à son détenteur, observer que le chargement était incomplet. Le soldat Courtois, présent, répondit,  faisant un geste obscène : "Sous-pèse voir celui-là". » 

 

Pour une jeune recrue, l'insolence de la réplique est énorme ! Elle dénote un caractère bien trempé.

 

Cet écart n'en fit pas un mauvais soldat : il n'y eut plus de punitions au dépôt et Paul se révéla être un excellent tireur.

 

À la mi-septembre, Paul quitte la caserne Courcy pour rejoindre le bataillon de marche du régiment qui cantonne à Fleury, dans le département de l’Oise. Il n’est pas encore tout à fait prêt pour être envoyé sur la ligne de front. Le soldat Courtois doit poursuivre son entraînement pour s’endurcir. Il doit devenir plus résistant à la marche en se déplaçant vite, sous n’importe quelle condition météorologique.

 

Le 20 novembre 1916, il est envoyé à Saint-Soupplets, en Seine-et-Marne, pour suivre une formation de signaleur-téléphoniste. Les cours dureront un mois. 

 

Paul poursuit ensuite ses apprentissages militaires au 1er groupe du bataillon d’instruction qui est installé à Rouvres.

 

Il obtient sa première permission à la fin du mois de janvier 1917. Traînant un peu trop pour revenir au bataillon, sa lenteur lui vaut 8 jours d’arrêt de rigueur.

 

Son lieutenant de compagnie lui a inscrit le motif suivant : « Titulaire d’une permission de détente de 7 jours pour Pusy-et-Épenoux (Haute-Saône), a mis 7 jours pour rejoindre la compagnie, alors qu’un de ses camarades, pour faire le même trajet, n’a mis que 4 jours. » Le chef de bataillon fait passer la punition à 15 jours. Sa formation militaire est sur le point de s’achever.

 

 

Le 16 février, le soldat Courtois part avec un renfort en direction du dépôt de la 43e D.I. qui est à Méziré, dans le département du Haut-Rhin. Ce dépôt divisionnaire change plusieurs fois d’emplacement avant que Paul ne soit envoyé dans la zone des combats.

 

Le 25 juillet 1917, il quitte la 4e compagnie du 149e R.I. du dépôt divisionnaire pour rejoindre le régiment actif.

 

Depuis plusieurs semaines, le 149e R.I. occupe un secteur du Chemin des Dames, à l’ouest du fort de la Malmaison, où il alterne périodes de repos et passages en première ligne, sans participer à de véritables combats.

 

Paul a probablement été versé à la 2e compagnie de mitrailleuses. Le jeune homme qui tient un petit carnet depuis son arrivée à la caserne Courcy, note, à la date du 9 août 1918 qu’il laisse derrière lui la 2e C.M. pour être affecté dans une autre compagnie du régiment.

 

Ce petit carnet ne contient que des dates et des lieux. Très rarement, l’auteur y mentionne un détail important de sa vie de soldat. Ce petit carnet reste tout de même un document d’un grand intérêt. Il ne faut pas oublier que le J.M.O. du 149e R.I. n’existe plus à partir de la date du 29 août 1914. Cette absence rend donc impossible le suivi à la loupe du régiment jusqu’à la fin du conflit. Grâce à des carnets tels que celui de Paul Courtois, il est tout à fait réaliste de pouvoir reconstruire de longues séquences de déplacements du régiment durant les quatre années de guerre.

 

Le soldat Courtois participe à la bataille de la Malmaison qui a lieu le 23 octobre 1917. Pour lui, c’est le baptême du feu. Il sort indemne de cette première expérience du combat.

 

Pour en apprendre davantage sur cette période, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

 

 

Le 149e R.I. est envoyé en cantonnement de repos, dans la région ouest de Montmirail, après les combats de la Malmaison. Il s’installe ensuite près de Montbéliard, avant de repartir dans les Vosges, occuper un secteur autour du Violu. Le 15 janvier 1918, Paul obtient une permission de 15 jours. Il est de retour à la compagnie le 6 février. 

 

En avril, le 149e R.I. s’établit au nord-ouest de la forêt de Compiègne.

 

Fin mai 1918, le régiment spinalien est envoyé en hâte dans le secteur d’Arcy-Sainte-Restitue au sud-est de Soissons. Les Allemands viennent de faire une percée. Il faut vite stopper leur progression. Paul Courtois est blessé le 29.

 

Pour en savoir plus sur la journée du 29 mai 1918, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

 

 

La plupart du temps, il est quasiment impossible de retracer le parcours de soins d’un soldat blessé à partir des seules informations fournies par la fiche matricule.

 

Cette fois-ci, ce n’est pas le cas. La lecture du carnet de Paul permet une reconstitution complète de son itinéraire à partir de sa blessure jusqu’au moment où il se retrouve confortablement installé dans un lit d’hôpital.

 

Touché par une balle reçue dans la région sous nasale, la plaie nécessite une évacuation vers l’arrière, mais Paul n’a pas le droit à une ambulance. Il doit se rendre à pied jusqu’au dépôt des éclopés qui se trouve à la Ferté-Milon. Une longue marche de plusieurs kilomètres l’attend.

 

Les 30 et 31 mai 1918, il est à la gare régulatrice du Bourget.

 

Paray-le-Monial

 

Le 1er juin, Paul occupe un des 350 lits de l’hôpital principal n° 34 du service santé militaire ; cet hôpital est installé à l’intérieur de l’école Saint-Hugue à Paray-le-Monial.

 

Le 28 juin, Paul se rend à Pusey. Le jeune homme vient de bénéficier d’une permission de 17 jours. La famille Courtois est installée dans cette commune depuis 1917. Elle y loue ferme et terre pour mener son train de culture et élever, vaches, cochons, et basse-cour.  

 

Complètement rétabli, Paul Courtois gagne la gare régulatrice du Bourget depuis Pusey.

 

Début août, il est au camp de la Noblette. Le 9, Paul est muté à la 6e compagnie du 149e R.I.. Cette compagnie a été sérieusement éprouvée par une attaque au gaz le 30 juillet. Il faut reconstituer une partie de ses effectifs.

 

Le 26 septembre 1918, le 149e R.I. est de nouveau engagé dans une grande offensive au dessus de Perthe-lès-Hurlus, en Champagne. Paul Courtois, devenu voltigeur, sert toujours à la 6e. Cette compagnie est sous les ordres du capitaine Kolb.

 

Pour en savoir plus sur cette période, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

 

 

Le 11 novembre 1918, Paul Courtois entend la sonnerie du clairon qui annonce l’armistice, à Remaucourt dans les Ardennes.

 

Il est mis en congé illimité de démobilisation le 1er octobre 1919 depuis le dépôt du 35e R.I., à Belfort. Paul se retire quelque temps à Pusey avec l’obtention de son certificat de bonne conduite.

 

Il se fait embaucher à la Société Alsacienne de Constructions Mécaniques (future Alsthom), véritable aimant pour la main-d'œuvre de la région. Le livre n° 6 des entrées et des sorties du personnel de l’entreprise du 1er août 1914 au 10 décembre 1920 nous apprend que Paul Courtois s’est fait engager comme manœuvre, le 29 septembre 1920, à l'âge de 23 ans.

 

Paul s’installe à la cité du Salbert n°4 à Belfort. Il est affecté pour la mobilisation au 60e R.I.. Le 1er avril 1923, il dépend militairement du 146e R.I..

 

Paul Courtois épouse Marthe Marie Rosine Dravigney, à Chalonvillars, le 25 octobre 1923. Le couple vit dans cette commune jusqu’en avril 1928. Paul travaille toujours à la Société Alsacienne de Constructions Mécaniques. Formé à l’intérieur de l’entreprise, il finira par devenir fraiseur-outilleur.

 

Marthe et son époux déménagent à Belfort pour emménager au n° 62 faubourg de Lyon, avec leurs deux filles, Paulette et Andrée.

 

Le 9 octobre 1935, la famille Courtois s’installe au n° 18 faubourg de Lyon.

 

Paul décède le 7 avril 1958 à Belfort, deux jours avant de fêter son 61e anniversaire. 

 

Décoration Paul Courtois

 

Paul Courtois a été décoré de la croix de guerre avec la citation suivante :

 

Citation à l’ordre du régiment n° 66 en date du 5 décembre 1918.

 

« Brave soldat qui a toujours eu une conduite parfaite en toutes circonstances et n’a cessé de faire son devoir pendant le long temps de service qu’il a accompli au front ».

 

La généalogie de Paul Louis Émile Courtois est consultable sur le site « Généanet ». Pour y avoir accès, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

Geneanet

 

Sources :

 

Carnet de route et de cantonnements rédigé par Paul Louis Émile Courtois.

 

Les photographies, les documents et le carnet qui ont servi de support à la rédaction de cette biographie proviennent tous de la collection Gerber, famille descendante de Paul Louis Émile Courtois.

 

La fiche signalétique et des services du soldat Courtois a été consultée sur le site des archives départementales de la Haute-Saône.

 

Un grand merci à M. Bordes, à M. A. Mercerat, à  A. Carobbi, à J.L. Gerber, aux archives départementales de la Haute-Saône et au Service Historique de la Défense de Vincennes.

Commentaires
P
Bien intéressant récit avec une particularité que j'ignorai, le fait que les classe 1917 avait été engagé avant l'heure, je comprends mieux les raisons pour lesquelles sur les croix des cimetières militaires sont indiqués des âges si jeunes. Pauvres enfants qui se sont sacrifiés pour que la France reste française. Hommage à eux et profond respect. Merci de mettre en avant ceux valeureux
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