Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
Archives
23 juin 2023

Marcel Albert Demongeot (1888-1916)

Marcel Albert Demongeot

 

Marcel Albert Demongeot est né le 21 juillet 1888 à Melay, une petite commune située au nord-est de la France, dans le département de la Haute-Marne.

 

Son père, Camille Albert, 31 ans, exerce le métier de cultivateur. Sa mère, Clémence Célina Morelle, 27 ans, travaille comme vigneronne.

 

Albert est le quatrième d’une fratrie composée de 4 garçons et de 2 filles. Ses deux sœurs n’ont pas survécu à la petite enfance.

 

Genealogie famille Demongeot

 

Albert sait parfaitement lire, écrire et compter lorsqu’il quitte l’école primaire ; il intègre ensuite l’école secondaire et technique de l'Immaculée Conception de Saint-Dizier.

 

En 1906, les Demongeot tirent profit de leurs propres terres. Le père d’Albert est devenu propriétaire exploitant après une longue période passée au service des autres.

 

Une fois sa scolarité terminée, le jeune Albert gagne sa vie comme vigneron.

 

Melay

 

Lorsque le temps des obligations militaires arrive, Albert Demongeot, inscrit sous le n° 50 de la liste de la classe 1909, est déclaré « bon pour le service armé » par le conseil de révision, réuni à la mairie de Bourbonne.

 

Début octobre 1909, le jeune homme, âgé de 21 ans, quitte son village natal pour effectuer son temps de conscription au 149e R.I., un régiment qui tient garnison à Épinal.

 

Resté simple soldat de 2e classe, Albert Demongeot passe dans la réserve de l’armée active le 24 septembre 1911 avec son certificat de bonne conduite validé.

 

Il s’installe quelque temps à Montrouge avant de retourner vivre à Melay.

 

Du 29 août au 20 septembre 1913, Albert Demongeot effectue sa 1ère période d’exercice dans son ancien régiment.

 

Le 1er août 1914, il est rappelé à l’activité militaire en raison d’une déclaration de guerre contre l’Allemagne qui paraît inévitable (son régiment fait partie des troupes de couverture frontalière. Le rappel de sa réserve s’est effectué 24 heures avant la date officielle de la mobilisation générale).

 

Le 14 août 1914, Albert Demongeot quitte le dépôt du 149e R.I. avec un groupe composé de 531 hommes ; ce groupe est sous les ordres de 4 officiers. Le groupe rejoint le régiment actif qui a eu des pertes sévères au cours de son baptême du feu.

 

Les informations fournies par sa fiche matricule ne permettent pas de reconstituer en détail son parcours militaire au sein du 149e R.I. ; mais il est tout à fait possible de confirmer sa présence dans toutes les batailles auxquelles son régiment a participé jusqu'à sa mort.

 

Cependant, une information importante n’a pas pu être retrouvée. Il est impossible de dire si cet homme a été directement placé à la 2e compagnie de mitrailleuses lorsqu'il est arrivé dans le régiment d'actif ou dans une compagnie « classique » (ce qui laisserait supposer une formation initiale effectuée au cours de sa conscription, au sein d’une des trois compagnies de mitrailleuses du régiment).

 

Une citation à l’ordre de l’armée confirme sa participation aux combats de septembre et octobre 1915 sur le front d’Artois.

 

Début mars 1916, le 149e R.I. est engagé sur le front de Verdun. Le 8, la compagnie du soldat Demongeot (2e compagnie de mitrailleuses) rejoint la 1ère ligne. En cours de route, elle subit un violent bombardement, au bois des Hospices. Albert Demongeot est tué aux alentours de 16 h 00 pendant cette avancée.

 

Pour en apprendre davantage sur les évènements qui se sont déroulés durant cette journée, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

 

 

Ce soldat est, dans un premier temps, inhumé à proximité du fort de Souville, sur le côté gauche du chemin menant au fort. Aucune sépulture individuelle militaire ne porte son nom.

 

Le 18 mars 1916, les deux témoins, les soldats Bruno Verwaire et Charles Perrel, confirment la mort du soldat Demongeot auprès de l’officier d’état civil du 149e R.I.. L’acte de décès est transcrit à la mairie de Melay le 18 mai 1916.

 

Décorations obtenues :

 

Croix de guerre avec une palme

 

Citation à l’ordre de l’armée n° 188  en date du 23 mai 1916 :

 

« Excellent soldat, parfait mitrailleur, s’était déjà signalé par son entrain pendant les attaques de septembre et d’octobre 1915. Est tombé glorieusement le 8 mars 1916 en se portant en première ligne avec sa compagnie sous un violent bombardement. »

 

Le soldat Demongeot a été décoré de la Médaille militaire à titre posthume en 1920 (J.O. du 29 octobre 1920).

 

Monument aux morts de Melay

 

Son nom est gravé sur le monument aux morts de la commune de Melay et sur la plaque commémorative installée dans le hall d’entrée de l'école secondaire et technique de l'Immaculée Conception de Saint-Dizier.

 

Marcel Demongeot ne s’est pas marié et n’a pas eu de descendance.

 

Sources :

 

Les actes d’état-civil concernant la famille Demongeot, la fiche signalétique et des services du soldat Marcel Albert Demongeot et les registres de recensement de la commune de Melay correspondants aux années 1901, 1906 et 1911, ont été consultés sur le site des archives départementales de la Haute-Marne.

 

Le portrait du soldat Demongeot provient du tableau d’honneur de la guerre 14-18 publié par la revue « l'illustration ».

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carrobi, et aux archives départementales de la Haute-Marne.

2 juin 2023

Jean Alfred Besson (1894-1916)

Jean Alfred Besson

 

Jean Alfred Besson est né le 2 octobre 1894 au Val-d’Ajol, dans le département des Vosges.

 

Son père, Marie Antoni, 36 ans, est instituteur titulaire adjoint. Sa mère, Joséphine Appoline Lentsch, 23 ans, n’exerce pas d’activité professionnelle. Jean est le second et dernier enfant du couple Besson.

 

En 1906, la famille Besson vit à Senones au 51 de la Grand’ Rue.

 

Senones - la Grande Rue

 

La fiche matricule de Jean Besson indique un degré d’instruction de niveau 4, ce qui signifie qu’il détient le brevet de l’enseignement primaire.

 

En 1914, Jean Besson est classé dans la 1ère partie de la liste du canton de Senones. Apte aux obligations militaires, il obtient un sursis pour la poursuite de ses études à l’École Normale de Nancy (article 21 de la loi du 7 août 1913).

 

Le déclenchement de la Première Guerre mondiale, en août 1914, ne lui permet pas d’aller au bout de sa formation d’instituteur. Le 25, Jean Besson est incorporé au 170e R.I., un régiment qui tient garnison à Épinal.

 

Son niveau d’études l'autorise à suivre les cours donnés aux élèves caporaux. Durant cette formation, il apprend la mort de son frère René, sous-lieutenant au 3e B.C.P., tué sur le front belge.

 

Jean Besson est nommé caporal le 8 novembre 1914.

 

Le 2 janvier 1915, il est directement promu au grade d’aspirant sans être passé par le grade de sergent. Ce changement de statut entraîne rapidement sa mutation dans une nouvelle unité.

 

Seize jours plus tard, une note de service du général commandant la 21e région le fait affecter au 149e R.I..

 

Le 24 janvier 1915, l’aspirant Besson intègre la 26e compagnie du dépôt de sa nouvelle unité, installé à Rolampont depuis le mois de septembre 1914.

 

La durée de son passage dans ce dépôt reste inconnue. On sait simplement qu’il a été incorporé à la 12e compagnie lorsqu’il est arrivé au sein du régiment actif.

 

À cette époque du conflit, le 149e R.I. combat en Artois, près de Notre-Dame-de-Lorette.

 

Le 26 avril 1915, l’aspirant Besson est touché par un éclat d’obus. Blessé à la hanche droite, il est pris en charge par les médecins de l’ambulance 7/21 installée à Hersin-Compigny. Le 27, le jeune sous-officier est évacué vers l’arrière.

 

Le lieu de son hospitalisation et la date de son retour au 149e R.I. ne sont pas connus. La seule certitude c’est que l’aspirant Besson a été affecté à la 3e compagnie du régiment après sa période de convalescence.

 

Le 4 novembre 1916, il est nommé sous-lieutenant à titre temporaire. Son régiment combat dans la Somme depuis le début du mois de septembre.

 

Le 11 novembre, les Allemands effectuent une attaque nocturne sur la tranchée Poncelet. Lors d’une contre-attaque, le sous-lieutenant Besson monte sur le parapet de la tranchée pour galvaniser ses hommes.

 

Sa citation nous apprend que lors de cette contre-attaque, le sous-lieutenant Besson « a été tué d’une balle de mitrailleuse en plein cœur alors qu’il était monté sur le parapet de la tranchée pour mieux surveiller les mouvements de l’ennemi et encourager les hommes ».

 

Pour en apprendre d’avance sur les évènements qui se sont déroulés durant cette journée, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

 

Carte 1 journee du 11 novembre 1916

 

Dans un premier temps, le sous-lieutenant Besson est enterré au cimetière militaire d’Harbonnières (sépulture nº 1678).

 

Il repose actuellement dans la tombe n° 3391 de la Nécropole nationale de Lihons. Son frère est inhumé dans la Nécropole de Notre-Dame-de-Lorette (sépulture n° 10403).

 

Sepultures des freres Besson

 

Décorations obtenues :

 

Croix de guerre avec palme

 

Citation à l’ordre de l’armée n° 243 en date du 10 décembre 1916 :

 

« Jeune officier d’une grande bravoure, le 11 novembre 1916, au cours d’une attaque de nuit allemande, a été tué d’une balle de mitrailleuse en plein cœur alors qu’il était monté sur le parapet de la tranchée pour mieux surveiller les mouvements de l’ennemi et encourager les hommes, montrant ainsi un complet mépris du danger. »

 

Le sous-lieutenant Besson a été fait Chevalier de la Légion d’honneur à titre posthume (J.O. du 17 octobre 1919).

 

René et Jean Besson sont restés célibataires et n’ont pas eu de descendance.

 

Leurs noms ont été gravés sur le monument aux morts de la commune de Senones

 

La généalogie de la famille Besson peut se consulter sur le site « Généanet ». Pour y avoir accès, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

Geneanet

 

La fiche matricule du sous-lieutenant Besson est vierge de toute information sur son parcours militaire et son dossier individuel du S.H.D. de Vincennes est peu épais en raison de son jeune âge. Ils n’offrent donc pas la possibilité d’aller plus loin dans ce travail.

 

Sources :

 

Dossier individuel consulté au Service Historique de la Défense de Vincennes.

 

Contrôle nominatif du 3e trimestre 1915 du 149e R.I. des malades et des blessés traités dans les formations sanitaires détenu par les archives médicales hospitalières des Armées de Limoges.

 

La fiche matricule du sous-lieutenant Besson, les actes d’état-civil de la famille Besson et les registres de recensements de la commune de Senones ont été lus sur le site des archives départementales des Vosges.

 

La photographie de la sépulture du sous-lieutenant Besson a été réalisée par B. Étévé.

 

La photographie de la sépulture du sous-lieutenant René Besson a été réalisée par T. Cornet.

 

Un grand merci à M. Bordes, à T. Cornet,  à B. Étévé, à M. Porcher et au Service Historique de la Défense de Vincennes ainsi qu’aux archives départementales des Vosges.

19 mai 2023

Alphonse Marie Gabriel Petit (1894-1915)

Alponse Marie Gabriel Petit

 

Alphonse Marie Gabriel Petit est né le 30 septembre 1894, au 3 rue des Meules, à  Chalon-sur-Saône, dans le département de Saône-et-Loire.

 

Son père, Alphonse Jules Raoul Fernand, 35 ans, est employé des chemins de fer. Sa mère, Gabrielle Félicie Prieu, 25 ans, n’exerce pas d’activité professionnelle. Elle gère la maison familiale et l’éducation des enfants.

 

Alphonse est le cinquième d’une fratrie de 7 enfants, très proches les uns des autres. Leur sœur aînée, Juliette, est décédée à l’âge de deux mois.

 

Alphonse Petit effectue sa scolarité à l’école primaire publique, au centre des garçons de sa commune natale. Il suit ensuite les cours dispensés par l’école professionnelle de Chalon-sur-Saône, mais les études sont loin d’être son fort. Sa fiche matricule indique un degré d’instruction de niveau 2.

 

Il se passionne pour le dessin dès son plus jeune âge (son frère Gaston deviendra plus tard un artiste reconnu). Alphonse Petit est également un sportif confirmé spécialisé en gymnastique et en saut à la perche. En 1913, il devient champion de Bourgogne dans cette seconde discipline.

 

Quelques camarades

 

Alphonse Petit, surnommé Polo par ses proches, n’a pas encore fêté ses vingt ans lorsque le conflit contre l’Allemagne éclate en août 1914.

 

Classé dans la 1ère partie de la liste de l’année 1914 du canton de Chalon-Nord, il est déclaré « bon pour le service armée » par le médecin du conseil de révision. Alphonse Petit va devoir quitter son travail d’employé de commerce un peu plus tôt que prévu. En effet, l’armée française a besoin d’hommes pour alimenter ses régiments, elle appelle la classe 14 par anticipation.

 

Le 4 septembre 1914, le conscrit Petit intègre le 149e R.I. à Jorquenay, au nord-ouest de Langres. Le dépôt de ce régiment, initialement installé à Épinal, a dû quitter cette ville au début de la guerre pour venir s’installer dans ce village.

 

Les cantonnements sont effectués chez l’habitant. Ils s’avèrent être insuffisants pour loger l’intégralité de la classe 14. Le 21 septembre, les jeunes recrues nées en 1894 et l’équipe d’encadrement quittent Jorquenay pour venir s’installer à Rolampont, une commune voisine située à six kilomètres au nord.

 

La formation est dure. Les apprentissages sont faits à la hâte pour envoyer les hommes sur la ligne de front le plus rapidement possible.

 

Repéré par ses supérieurs, Alphonse Petit suit la formation des élèves caporaux durant son instruction. Le jeune homme est nommé à ce grade le 11 novembre 1914.

 

Le 23 avril 1915, le caporal Petit n’a toujours pas rejoint la ligne de front. Il écrit la lettre suivante à ses parents :

 

(Pour plus de clarté, l’orthographe et la ponctuation de cette correspondance ont été corrigées, seul le style a été conservé)

 

« Mon cher papa, ma chère maman,

 

Bien des nouvelles à vous annoncer. Je suis nommé, ainsi que tous mes camarades de la classe 14 qui n’ont pas encore été au feu, pour faire partie d’une compagnie de marche. Les caporaux et les sergents qui n’ont pas été au feu en font partie.

 

Nous allons partir pour Épinal demain afin de former la compagnie. Une fois sur le pied de guerre, nous allons nous entraîner pendant un mois et ½ à faire des manœuvres, en parfaite perfection, et de connaître tous nos hommes pour les avoir sur la main constamment et qu’ils connaissent à qui ils ont affaire.

 

Nous irons dans un grand centre, car je crois que nous resterons à Épinal. Si jamais j’avais la chance, comme la 1ère compagnie qui est déjà partie, de pouvoir aller à Lyon, je pourrais obtenir, de mon capitaine,  une permission de 48 heures, car nous ne serons plus dans la zone des armées.

 

Je suis content de partir avec lui, car c’est lui qui m’a fait mon instruction aux élèves caporaux et comme toutefois il est épatant, il s’appelle Mr de Chomereau de St André, ce n’est pas de la petite bière »

 

Alphonse Petit rejoint le 149e R.I. avec un groupe de renfort en mai 1915. Il est affecté à la 1ère compagnie du régiment. Cette unité combat en Artois, dans un secteur particulièrement exposé, près de Notre-Dame-de-Lorette.

 

Correspondance famille Petit (1)

 

Alphonse Petit frôle la mort dès le jour de son baptême du feu. Le 29 mai 1915, sa compagnie, sous la direction du lieutenant Pierron, a reçu l’ordre de franchir le parapet après une longue attente dans les tranchées. L’ennemi est prêt à  recevoir cette compagnie…

 

Le fusil de notre soldat s’est brisé en deux au cours de l’attaque et une de ses cartouchières a été touchée par un éclat d’obus. Très chanceux, le jeune homme a probablement évité la blessure mortelle. Dès son retour vers l’arrière, il prend le temps de rédiger une lettre particulièrement émouvante.

 

« 1er juin 1915

 

« Chers Parents,

 

Je vais vous raconter en deux mots ma première rencontre avec les Boches.

 

Nous étions tout près des tranchées de premières lignes, prêts à relever les chasseurs à pied à 8 heures du soir. Nous voilà partis pour les relèves une fois après avoir pris position de la tranchée.

 

Nous attendons 24 heures et pendant cette nuit, nous guettions ces bandits à travers les créneaux. Le reste du temps, nous mangions et nous jouions aux cartes. Pendant ce temps, le lieutenant de la compagnie reçoit des ordres d’attaques.

 

Nous étions tous prêts à sauter la tranchée aux commandements du commandant qui était présent à nous voir partir à 2 heures du matin.

 

Trois fusées, lancées du poste de commandement, nous préviennent de partir. Nous posons tous nos sacs et le lieutenant commande en avant.  À ces mots,  tout le monde saute par dessus la tranchée. Nous n’avions pas fait 10 mètres que les mitrailleuses, les balles et les batteries d’artillerie allemandes commencent à nous canarder sans discontinuer.

 

Quel spectacle horrible ! Mes camarades commencent à tomber après avoir fait une 40ne de mètres. En avant, tout le monde est couché à terre, et surtout, dans les trous d’obus, nous laissons un instant l’élan prêt à repartir encore une fois.

 

C’est tout ! Le lieutenant tombe, le mollet enlevé par un éclat d’obus. Les 2 sous-lieutenants sons aussi tombés. Un mort et l’autre blessé au pied. Le lieutenant commande à maintes reprises pour que le suivant prenne le commandement, mais personne ne bouge.

 

Plus blottis dans nos trous d’obus, nous attendions que la fusillade finisse pour se rendre compte ou l’on se trouve. Impossible de bouger la tête, car à chaque instant, les balles boches sifflent à nos oreilles.

 

Nous attendions toute une journée, dans ces malheureux trous d’obus, que la nuit commence à venir, pour essayer de nous évader. Nous sommes dans une sale situation depuis les 2 h du matin que nous sommes à plat ventre dans la terre et rien à manger.

 

Petit à petit, avec nos outils portatifs  nous creusons une tranchée entre chaque trou d’obus. Nous sommes 3-4 par trous et nous essayons de nous réunir tant bien que mal.

 

Après avoir attendu toute la journée nous entendons creuser vers 9 du soir.

 

Nous appelons,  et à notre grande surprise, c’est le Génie français qui vient nous sortir de cette sale position. Nous n’attendions même pas qu’il soit vers nous.

 

Il leur restait une 60ne de mètres à creuser, mais tellement nous étions fatigués à être dans ce trou que d’un bond, nous sautions tous dans la tranchée qu’il creusait pour venir à nous. Quel soupir de soulagement que nous ne pouvions pas revenir, que nous étions sauvés, car nous étions prisonniers, et impossible de partir, car ces sales bêtes nous guettaient bien. Enfin, nous sommes sauvés.

 

Nous traversons toutes nos lignes. Nous allions en arrière, car sitôt que nous étions partis, nous étions remplacés par d’autres. Une fois arrivés, nous étions fourbus, vannés, car il y avait bientôt 3 jours et 3 nuits que nous ne dormions pas du tout et sur ces 3 jours, une journée sans manger. Enfin, nous voilà en repos en seconde ligne. Là, nous ne risquons pas d’attaquer, mais nous sommes assiégés par les obus.

 

Nous couchons sur la terre, dans ses anciennes tranchées prises aux Boches et nous sommes dévorés par les poux. Tout le monde en est garni.

 

Dans cette furieuse attaque, je suis passé à travers les balles, mais par contre, mon fusil a été coupé en deux et une de mes cartouchières aussi, par un éclat d’obus. J’ai perdu mes 2 musettes que j’avais sur moi ainsi que mon portefeuille et mon livret militaire. Je n’ai pas de chance, mais d’un côté, j’ai sauvé ma peau.

 

Nous avons perdu 80 hommes dans ma compagnie, dont les trois officiers. C’est par miracle que le reste en est sorti, car nous étions pris entre 3 feux.    

 

Nous ne sommes toujours pas relevés des tranchées, mais je pense que nous allons aller au repos pendant quelques jours.

 

J’avais un tas de choses boches comme souvenir, mais j’ai été obligé de les laisser, car s’y j’avais été prisonnier, les bandits m’auraient fusillé.

 

J’ai aussi un chandelier qui sort du château de Noulette. Il est parti de là, mais il sera trouvé dans une tranchée que les Boches avaient laissée, après avoir pillé le château.

 

Tu feras lire la lettre à Gaston, car j’ai sommeil et je vais me coucher.

 

Et comme je n’aime pas écrire, tu fais la même chose, tu lui feras parvenir. Sitôt que je serai en repos, je vous écrirai une pareille lettre.

 

Mille baisers à toute la famille. Ton fils qui t’embrasse bien fort. »

 

Dans ce courrier, Alphonse Petit n’a pas tout raconté concernant les conditions de sa vie de soldat. Quand il écrit à son frère, il est beaucoup plus clair. Il raconte certains repas pris à proximité de cadavres à moitié décomposés qui font parfois office de chaise ; une telle scène aurait probablement rempli d’effroi sa mère si elle avait été informée de cette situation peu ragoûtante !

 

« Copie d’une lettre de Polo datée du 7 juin 1915,

 

Mon cher Gaston,

 

Sans prendre le temps de recevoir ton colis, je réponds à ta lettre aussitôt. J’ai envoyé à maman une grande lettre ou je lui raconte ma première attaque contre les Boches. Je lui ai dit qu’elle te la communique et tu jugeras un peu quelle veine j’ai eue de m’en sortir. Je suis aussi proposé sous-off pour la première place qu’il y aura à la compagnie, pour mon courage et ma fermeté que j’ai eus envers les hommes à réoccuper une tranchée que les Boches avaient abandonnée.

 

Il est vrai que personne ne voulait s’aventurer à la réoccupation de cette tranchée. Je fis une patrouille, puis une fois sûr qu’il n’y aurait pas de danger, toute la section entre en sa possession.

 

Le commandant me fit des félicitations devant toute la compagnie en me disant que la prochaine fois,  je serai cité à l’ordre du jour.

 

Pour le moment, nous sommes au repos à 8 km en arrière où nous faisons un petit exercice matin et soir.

 

Je me porte toujours très bien. J’oubliais de te dire que le soir, une fois la tranchée réoccupée, le x régiment devait attaquer.

 

Nous étions soutien à notre gauche. Une fois l’heure de l’attaque, nous formions une équipe de grenadiers, mais pas un n’a voulu marcher, car c’est la plus sale place. Ils sont placés à l’endroit où doit partir l’attaque, de manière à arroser les Boches de grenades dans leurs tranchées. Alors, je fais ni une ni deux, à l’heure juste de l’attaque, je me place derrière le pare-éclats qui nous sépare des Boches et je commence à les arroser de grenades en tout genre, cela m’a valu encore une bonne note.

 

Pour la 1ère fois que je montais aux tranchées, mes chefs me feront bien des félicitations. C’est tout ce que j’avais à te dire pour le moment et sitôt que j’aurai reçu ton paquet je t’écrirai à moins que je ne sois remonté aux tranchées.

 

C’est la plus sale vie qu’un homme peut mener. Nous sommes remplis de poux, nous restons pendant 8 jours sans nous laver même les mains. Nous mangeons autour des cadavres à moitié pourris, parfois même ils nous servent de chaise.

 

Toi qui es minutieux, je ne voudrais pas te voir avec nous. Ta lettre, que je viens de recevoir, a mis deux jours et celles de Chalon mettent vingt jours. Tu vois d’ici la correspondance que je peux avoir chez nous. À peine deux lettres par mois, alors tu me feras plaisir d’écrire un peu plus souvent. Ton frère qui t’embrasse bien fort. »

 

Le 25 juin, le général Guillemot le fait citer à l’ordre de la brigade pour son courage au cours d’un violent bombardement dans le secteur du fond de Buval. Le caporal Petit a le droit de porter la croix de guerre avec une étoile de bronze. Le jour même, il peut coudre ses galons de sergent sur sa Poiret.

 

Le 25 septembre 1915, le 149e R.I. participe à une attaque d’envergure impliquant l’ensemble de la 43e D.I.. Il faut absolument prendre le bois en Hache à l’ennemi.

 

Cette fois-ci, la chance n’est pas au rendez-vous. Le sergent Petit est tué le lendemain au cours d’une charge menée par sa compagnie. Ses hommes l’enterrent sur place.

 

Pour en savoir plus sur les évènements qui se sont déroulés durant cette période, il suffit de cliquer une fois sur le dessin suivant.

 

En memoire de Merieux, impressions septembre 1915

 

Le 4 octobre 1915, les deux témoins oculaires, les sergents-fourriers André Devineau et André Gérardin, confirment la mort du sergent Petit auprès de l’officier d’état civil du 149e R.I.. L’acte de décès est transcrit à la mairie de Chalon-sur-Saône le 20 mars 1916.

 

Correspondance famille Petit (2)

 

Le 16 octobre 1915, le sous-lieutenant Guyon rédige une lettre adressée au frère du sergent Petit.

 

« J’ai bien reçu votre lettre du 8 octobre. J’étais en effet en bonne amitié avec votre frère, le sergent Petit.

 

Malheureusement depuis quelque temps nous étions séparés, lui étant au 1er  bataillon et moi au 3e.

 

Je n’ai su ainsi sa mort qu’accidentellement ; elle m’a fort peiné, car je considérais Petit comme un brave garçon et un ami sincère.

 

Je ne sais pas grand-chose sur les circonstances de cet accident ; mais je suis bien certain qu’il est tombé en brave, et bien face à l’ennemi, en accomplissant tout son devoir.

 

Il a toujours été un exemple d’énergie et de bravoure à ses camarades et il a été toujours très estimé de ses chefs. 

 

Son avancement avait été rapide et il pouvait espérer monter encore.

 

Le 149e R.I. perd beaucoup en lui ; ses camarades et ses chefs le regretteront toujours.

 

Monsieur Baverey qui est au 1er bataillon va s’enquérir des circonstances qui entourèrent sa mort. Dès qu’il saura quelque chose, il vous en fera part.

 

Recevez, Monsieur, avec mes plus sincères condoléances, mes salutations très distinguées 

 

R. Guyon » 

 

La réponse du sous-lieutenant Baverey ne se fait pas attendre. Le 21 octobre 1915, il écrit ceci à  Gaston Petit.

 

« Cher ami,

 

Après renseignement pris auprès des camarades qui ont assisté aux derniers instants de votre malheureux frère, je puis vous dire qu’au moment de l’attaque, il n’a pas été possible de ramener le corps à l’arrière.

 

Ses camarades ont creusé au-devant du parapet de la tranchée une fosse qui conservera les restes de celui que le devoir a perdu. Il sera extrêmement douloureux pour vous de ne pas avoir d’autres détails, mais il m’est absolument interdit de vous décrire d’une façon précise cet endroit ; que le hasard me permette de revenir et de pouvoir vous donner tous les renseignements désirables.

 

De tout cœur avec vous, je vous envoie mes affectueuses salutations.

 

Henri Baverey. 4e compagnie du 149e R.I.. »

 

Aphonse Petit- le bois en Hache

 

Les restes mortuaires du sergent Petit, s’ils ont été retrouvés, n’ont pas été identifiés. Il y a de fortes probabilités pour qu’ils reposent dans un des ossuaires de la Nécropole de Notre-Dame-de-Lorette.

 

Alphonse Petit a été décoré  de la Croix de guerre avec une étoile de bronze et une étoile d’argent

 

Citation à l’ordre de la brigade n° 11 en date du 25 juin 1915

 

« Le 16 juin 1915 a montré sous le bombardement d’une extrême violence du fond de Buval, un sang froid et un mépris du danger qui en ont imposé à ceux qui l’entouraient et les a maintenu sur place. »

 

Le sergent Petit a obtenu la Médaille militaire à titre posthume.

 

« Sous-officier d’une bravoure réputée. Toujours au premier rang dans les moments difficiles. Tombé glorieusement le 26 septembre 1915, devant Angres. Croix de guerre avec étoile d’argent. »

 

Sepulture famille Petit

 

Le nom de ce sous-officier a été gravé sur le monument aux morts de la ville de Chalon-sur-Saône. Il a également été inscrit sur la tombe familiale au cimetière communal de Mellecey.

 

Alphonse Petit  ne s’est pas marié et n’a pas eu de descendance.

 

Pour consulter la généalogie de la famille Petit, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

Geneanet

 

Quelques années plus tard, Gaston Petit se rend en Artois avec des indications très précises fournies par des vétérans du 149e R.I. sur l’endroit où son frère est tombé. Malheureusement pour sa famille, il n’a trouvé aucune trace de sépulture.

 

Sources :

 

La fiche matricule du sergent Petit et les registres d’état civil  de sa fratrie ont été consultés sur le site des archives départementales de la Saône-et-Loire.

 

La correspondance du sergent Petit avec sa famille, les lettres des sous-lieutenants Baverey et Guyon, le cadre avec son portrait et les photographies présentées ici sont la propriété de K. Isker, petit neveu du sergent Alphonse Petit.

 

La photographie du bois en Hache a été réalisée par T. Cornet.

 

Le cliché de la sépulture familiale a été réalisé par K. Isker.

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à T. Cornet,  à K. Isker, à M. Porcher, aux archives départementales de la Saône-et-Loire et au Service Historique de la Défense de Vincennes. 

5 mai 2023

Victor Marie Voirin (1887-1937)

Victor Marie Voirin

 

Victor Marie Voirin voit le jour le 6 juillet 1887 à Champlitte, dans le département de la Haute-Saône.

 

Son père, Emmanuel, 44 ans, est marchand de chiffons. Sa mère, Benoite Goutte, âgée de 39 ans, n’exerce pas d’activité professionnelle.

 

Victor est le benjamin d’une fratrie composée de 2 filles et de quatre garçons (ses deux sœurs sont toutes les deux décédées en bas âge). Son père meurt lorsqu’il a 8 ans.

 

Genealogie famille Voirin

 

La fiche matricule de Victor Voirin mentionne un degré d’instruction de niveau 3. Il sait lire, écrire et compter correctement lorsqu’il quitte l’école communale. Pour lui, il n’est pas question de poursuivre ses études. Il doit rapidement gagner sa vie pour subvenir aux besoins de la famille.

 

En 1903, Victor vit avec sa mère et son frère Louis, cordonnier né avec un pied bot (ses deux autres frères, Émile et Auguste, sont mariés alors que lui-même fête ses 16 ans). Tout comme son père et son frère Auguste, Victor devient chiffonnier.

 

Peut-être lassé par un métier peu lucratif ou par une existence qu’il juge trop ennuyeuse, Victor Voirin profite de l’arrivée des obligations militaires pour contracter un engagement volontaire avec l’armée (article 50 de la loi du 21 mars 1905).

 

Le 29 février 1908, il se rend à la mairie de Champlitte pour signer son contrat. Désireux de mettre de la distance avec son ancienne vie, il choisit de servir durant 3 ans au 1er régiment de Zouaves, une unité qui tient garnison à Alger (un bataillon et une compagnie cantonnent à la caserne d’Orléans, deux compagnies au fort national et une compagnie à Koléa).

 

Victor Voirin arrive au corps le 9 mars 1908. Nommé zouave de 2e classe le 1er novembre 1909, il n’ira pas plus loin dans la hiérarchie militaire. Ses supérieurs ne l’autorisent pas à suivre la formation des élèves caporaux.

 

Le moment venu, le zouave Voirin ne souhaite pas signer de nouveau contrat. Sa carrière sous l’uniforme s’arrête officiellement à la fin du mois de février 1911. De retour en France avec son certificat de bonne conduite validé, il retourne vivre dans sa commune natale. Le 1er mars, il passe dans la réserve de l’armée active.

 

Victor Voirin trouve un emploi de garçon brasseur. Le 26 octobre 1912, il épouse Marie Amélie Joséphine Parfait à Champlitte. Trois filles naîtront de cette union.

 

Son ancien statut d’engagé volontaire le dispense d’effectuer sa 1ère période d’exercice.

 

Victor Boivin travaille dans l’administration des postes ; il est classé non affecté entre le 7 mai 1914 et le 1er septembre 1914.

 

Une nouvelle guerre contre l’Allemagne est sur le point de commencer. L’ancien zouave Voirin est affecté au 149e R.I. C’est un régiment qui tient habituellement garnison à Épinal, mais qui a vu son dépôt déplacé à Jorquenay puis à Rolampont, près de Langres. Victor Voirin arrive dans sa nouvelle unité le 28 août 1914.

 

Il rejoint le régiment actif en Belgique le 12 décembre 1914.

 

Si sa fiche signalétique et des services ne donne pas d’indication précise sur son parcours de combattant, elle laisse tout de même supposer sa présence sur le front d’Artois en 1915 et à Verdun durant les mois de mars et avril 1916.

 

Sa fiche matricule mentionne une blessure à la tête suite à l’effondrement d’un abri, à la date du 9 novembre 1916. À cette période de sa vie, le soldat Voirin fait partie des effectifs de la 9e compagnie du 149e R.I.. Son régiment est engagé dans la Somme depuis le début du mois de septembre.

 

Pour en savoir plus sur cette journée, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

Du cote de Deniecourt-novembre 1916

 

Le soldat Voirin est dans un premier temps soigné à l’ambulance 7/21  S.P. 116. Le 10 novembre,  il est pris en charge à l’ambulance 7/13 S.P. 142.

 

Le 13 décembre, il bénéficie d’une permission de 7 jours. Le 22, il est de retour au 149e R.I.. Le numéro d’affectation de sa nouvelle compagnie n’est pas connu.

 

Une citation à l’ordre du régiment confirme sa présence sur le champ de bataille au cours de l’attaque allemande du 15 juillet 1918. Il est impossible d’en dire plus sur ce qu’il a fait après, jusqu’à la signature de l’armistice, le 11 novembre 1918.

 

Victor Voirin est mis en congé illimité de démobilisation le 19 mars 1919 par le dépôt divisionnaire du 21e R.I. à Langres.

 

Du 2 mars 1921 au 23 février 1927, il est classé dans l’affectation spéciale en tant que facteur rural à l’administration des postes et télégraphes.

 

Le 10 novembre 1928, l’ancien combattant Voirin passe dans la 2e réserve (ancienne réserve territoriale).

 

Son nouveau fascicule de mobilisation conservé à l’intérieur du duplicata de son livret militaire permet d’en savoir un peu plus sur ses obligations militaires en cas de nouveau conflit. Le réserviste Voirin, devenu infirmier, aurait dû se présenter à la mairie de Champlitte, quatre jours après l’ordre de mobilisation générale où il aurait été employé à la conduite des animaux de réquisition.

 

Fascicule de mobilisation de Victor Voirin

 

Fin 1935, Victor Voirin fait appel au Chanoine Pierre Henry et à l’ancien vicaire de Champlitte, Urbain Nurdin pour leur demander une attestation écrite prouvant les circonstances de sa blessure à la tête du 9 novembre 1916.

 

Dans quel but fait-il cette demande ? Endure-t-il des douleurs qui pourraient -être en rapport avec son ancienne blessure ? Souffre-t-il de séquelles physiques ou psychiques qui justifieraient un passage devant la commission de réforme ? Souhaite-t-il faire valoir un éventuel pourcentage de handicap ? Il est difficile de se prononcer sur le sujet. Il est vrai que contrairement à des plaies provoquées par balle ou par éclats d’obus, cette blessure n’a probablement pas laissé de trace corporelle.

 

Victor Voirin a peut-être tout simplement eu besoin d’une preuve écrite, signée par deux témoins oculaires « fiables », pour justifier d’éventuels symptômes post-traumatiques en lien avec la guerre. Ceci n’est, bien sûr, qu’une supposition.

 

Le chanoine Henry, ancien aumonier du 149e  R.I., lui rédige le compte-rendu suivant : 

 

« Le poste de secours des brancardiers divisionnaires est installé dans un ancien abri boche, abri bétonné, solidement construit dans l’ancien fossé du château. Il n’a qu’un inconvénient, c’est d’avoir ses ouvertures assez étroites, heureusement tournées du côté de l’ennemi.

 

8 novembre

 

C’est la soirée des émotions pour notre P.S.. Nuldin vient d’arriver avec 12 hommes pour enterrer les morts du 158e R.I..

 

19 h 00

 

Qu'est-ce qui prend aux Boches ? C’est à nous, à notre P.S. qu’ils en veulent. Voilà que ça tombe plus près, trop près !  Une équipée du 149e R.I. qui vient de se faire sonner dans le village se précipite en trombe dans notre abri qui se remplit. Pan, cette fois, ça y est ! En plein dessus le P.S.. On entend des cris. Les bougies se sont éteintes. On sent une forte odeur de poudre. Il y a des blessés, des tués peut-être ? Quelque chose s’écroule ; une minute d’affolement dans le noir, les hommes se précipitent à l’aveugle dans toutes les directions, au risque de marcher sur les blessés !

 

Il faut se jeter au-devant d’eux et crier : « attention aux blessés ! » et ponctuer pour cela de mots énergiques, ce que ne manquent de faire Ducuing et Legrand (aides-majors).

 

La lumière se fait, on se précipite, personne de tué.

 

Un trou dans la voûte ; l’obus, un gros, a frappé l’angle de la fenêtre, atteignant la voûte qui s’est comme vidée sur la tête de ceux qui étaient en dessous. Un homme qui a reçu les plus gros morceaux a la tête en sang. On dirait qu’il est comme scalpé, le crâne ne paraît pas entamé.

 

Ce blessé n’est pas de notre groupe. C’est un nommé Henri Voirin du 149e R.I. (9e compagnie). Il est de Champlitte et causait avec son compatriote Nuldin qui lui, en est quitte pour l’émotion.

 

Relisant ces lignes écrites en ce temps là, il m’est facile de certifier, et ceci ne sera certes pas un certificat de complaisance, que Voirin Henri, alors soldat au 149e R.I. (9e compagnie) a été blessé à Deniécourt, le 8 novembre 1916, par les blocs de ciment armé détachés de la voûte par l’éclatement d’un obus de gros calibre. Chanoine P. Henry chancelier de l’Évêché à Langres. 2 janvier 1936 »

 

L’ancien vicaire de Champlitte Urbain Nurdin témoigne à son tour :

 

 « Je connaissais très bien Monsieur Henri Voirin avant la guerre puisque lui était de Champlitte et moi vicaire de cette paroisse. Je l’avais revu souvent durant la guerre, puisqu’il était dans la même Division que moi. Lui au 149e R.I. et moi au G.B.D. 43.

 

Le 8 novembre 1916, nous devions nous revoir dans des circonstances qui auraient pu être plus tragiques, mais où néanmoins, il reçut en ma présence, une blessure à la tête que je suis bien en mesure de certifier.

 

Avec douze hommes dont on m’avait donné la direction, j’avais procédé dans cette journée du 8 novembre à l’inhumation sur le terrain, derrière nos lignes, de morts restés sur le sol ou insuffisamment enterrés. Nous étions rentrés à notre poste de secours de Deniécourt où je fus heureux de saluer mon confrère l’abbé Henry, notre aumônier divisionnaire.

 

Nous goûtions, depuis un moment, un repos bien gagné quand un bombardement acharné du village commence, puis, tout d’un coup, une corvée de soupe du 149e R.I. dont faisait partie Henri Voirin s’enfourne dans notre P.S..

 

De suite, je reconnais Voirin et avec lui, je taille une petite partie de blague. On était bien en train de rire des Boches qui se fâchaient quand tout à coup un de ses maousses nous tombe en plein dessus alors que la voûte s’effondre sur nous.

 

Nos chandelles s’éteignent. On crie : moi je n’ai rien, mais il y en a sûrement qui sont blessés. Quand une bougie s’allume, je vois mon pauvre Voirin, la tête toute en sang et le corps à moitié enseveli dans les débris. Je l’aide à se relever pour que nos majors puissent lui faire un premier pansement. Ensuite, il a été évacué vers l’arrière.

 

C’est un témoin oculaire qui certifie l’exactitude de tous ses détails comme aussi, je peux certifier le fait de la blessure de Monsieur Henri Voirin et la nature du projectile : un obus de gros calibre qui a défoncé la voûte bétonnée de notre poste de secours. Mornay, 8 janvier 1936 (il est à noter que ces deux hommes d’Église l’appellent Henri Voirin et non Victor Voirin).

 

L’ancien soldat du 149e R.I. est définitivement libéré de toutes obligations militaires le 29 février 1936.

 

Carte de combattant et livret militaire de Victor Voirin

 

Le soldat Voirin a été décoré de la croix de guerre avec une étoile de bronze.

 

Citation à l’ordre du régiment n° 66 en date du 5 décembre 1918 :

« Bon soldat, très consciencieux, s’est distingué en maintes circonstances, particulièrement le 15 juillet 1918, en Champagne où il fit preuve d’un grand sang-froid dans une mission de reconnaissance qui lui avait été confiée. »

 

Victor Marie Voirin est décédé chez lui, à Champlitte, le 10 février 1937 à l’âge de 49 ans.

 

Sources :

 

Fiche signalétique et des services consultée sur le site des archives départementales de la Haute-Saône.

 

La généalogie de la famille Rallier a été réalisée à partir des informations trouvées sur le site Généanet associée à la lecture des registres de recensement de la commune de Champlitte.

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à J.L. Poisot, aux archives de la Saône-et-Loire, au Service Historique de la Défense de Vincennes et à la mairie de Champlitte. 

21 avril 2023

Charles Élie Marcel Depierre (1892-1916)

Charles Elie Marcel Depierre

 

Charles Élie Marcel Depierre est né le 14 août 1892, aux Granges Michel, un hameau dépendant de la commune de Verrières-de-Joux, dans le département du Doubs. Élie est le 6e enfant d’une fratrie composée de 4 filles et de 5 garçons.

 

Son père, Louis Narcisse, 38 ans, et sa mère, Marie Philomène Myotte, 29 ans, exercent tous les deux le métier de cultivateur.

 

La fiche matricule d’Élie Depierre mentionne un degré d’instruction de niveau 2, ce qui laisse supposer une maîtrise moyenne de la lecture, de l’écriture et de l’arithmétique.

 

Ce degré d’instruction est probablement dû à des périodes d’absentéismes prolongés, liées aux travaux agricoles. Élie devait régulièrement aider sa famille avant même la fin de ses obligations scolaires.

 

Une fois sa scolarité terminée, Élie est contraint d’aller gagner sa vie malgré son jeune âge. Tout comme ses parents, il rejoint le milieu agricole pour aller travailler la terre. Élie pratiquera ce métier difficile jusqu'à son départ pour la conscription.

 

Solide comme un roc, il est déclaré « bon pour le service armé » par le conseil de révision du canton d’Ornans, qui l’inscrit dans la 1ère partie de la liste de l’année 1913.

 

Le 10 octobre, Élie Depierre intègre les effectifs de la 4e compagnie du 149e R.I., un régiment qui tient garnison à Épinal.

 

Sa section se fait photographier avec l’ensemble de ses cadres, peu de temps après son arrivée dans cette unité.

 

Une section de la 4e compagnie du 149e R

 

Le 30 octobre 1913, le conscrit Depierre donne des nouvelles à ses parents.

 

Texte rédigé par Elie Depierre

 

Élie Depierre porte toujours l’uniforme lorsque l’Allemagne entre en conflit avec la France en août 1914. Son régiment, qui fait partie de la réserve des troupes de couverture, doit gagner la frontière dès le 31 juillet.

 

Le 9 août, c’est le baptême du feu pour le 149e R.I.. L’attaque a lieu au Renclos des Vaches près de Wisembach. La 4e compagnie, sous les ordres du capitaine Altairac, est une des toutes premières à être engagée. Le soldat Depierre est touché par une balle à la jambe droite. Il doit être évacué vers l’arrière.

 

La période et le lieu où il est soigné ne sont pas connus. Il en est de même pour la date de son retour au sein du 149e R.I.. Sa fiche matricule indique simplement qu’il a été de nouveau blessé au cours de l’offensive allemande du 3 mars 1915, dans le secteur de Notre-Dame-de-Lorette. Cette fois-ci, c’est un éclat d’obus qui lui a généré une plaie dans la région pectorale droite.

 

Une nouvelle fois, sa fiche signalétique et des services ne mentionne pas la date et le lieu concernant sa prise en charge médicale. Il est donc impossible de dire à quel moment le soldat Depierre a rejoint son unité après sa période de convalescence.

 

A-t-il participé aux combats de mai, de juin et de septembre 1915 ? A-t-il pris part à la bataille de Verdun en mars-avril 1916 ? Il est difficile de l’affirmer avec aussi peu d’informations à disposition.

 

Début septembre 1916, le 149e R.I. est engagé dans le département de la Somme. Le 4, il doit prendre le village de Soyécourt. L’attaque est une réussite totale. Le mois suivant, le régiment contrôle une zone comprise entre la sucrerie d’Ablaincourt et le bois Bauer. C’est un secteur particulièrement dangereux. Chaque imprudence peut-être fatale.

 

Une offensive prévue depuis le 24 octobre 1916 débute le 7 novembre. Ce jour-là, Élie Depierre, devenu pionnier à la C.H.R., meurt suite à ses blessures (il n’est fait aucune mention des circonstances de sa mort sur son acte de décès).

 

Pour en savoir plus sur les évènements qui se sont déroulés au cours de cette journée, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

 

Carte journée du 7 novembre 1916

 

Le soldat Depierre repose actuellement dans la nécropole nationale de Maucourt. Sa tombe porte le n° 1564.

 

 

Son acte de décès a été transcrit à la mairie de Voires le 25 février 1919.

 

Charles Élie Marcel Depierre ne s’est pas marié et n’a pas eu de descendance.

 

Son nom a été gravé sur le monument aux morts de la commune de Durnes.

 

Pour consulter la généalogie de la famille Depierre, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

log geneanet

 

Le pionnier Depierre a été décoré de la croix de guerre avec deux étoiles de bronze.

 

Citation à l’ordre du régiment n° 107 en date du 10 mai 1916

 

« Très bon soldat courageux et discipliné. Deux blessures. »

 

Citation à l’ordre du régiment n° 28 en date du 1 décembre 1916

 

« Pionnier d’une grande bravoure, d’un zèle et d’un dévouement à toute épreuve. Blessé le 7 novembre 1916 à Gomiécourt, plaies multiples par éclat d’obus. »

 

 Il a reçu la Médaille militaire à titre posthume (J.O. du 4 septembre 1920).

 

« Pionnier d’une bravoure, d’un zèle et d’un dévouement à toute épreuve. Tué glorieusement, le 7 novembre 1916, à Gomiécourt, en s’élançant à l’attaque des positions ennemies malgré une vive fusillade. A été cité. »

 

Sources :

 

Les informations concernant ce soldat sont extraites de sa fiche matricule consultée sur le site des archives départementales du Doubs et de sa fiche individuelle lue sur le site « Mémoire des Hommes ».

 

La photographie de sa sépulture a été réalisée par B. Étévé.

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à B. Étévé, à T. Vallé, au Service Historique de la Défense de Vincennes et aux archives départementales du département du Gard.

7 avril 2023

Georges Poncelet (1892-1916)

Georges Poncelet

 

Georges Poncelet naît « au hasard des garnisons » le 18 février 1892 à Vendôme, dans le département du Loir-et-Cher.

 

Son père, Louis Jules, 47 ans, est officier de cavalerie au 7e régiment de Chasseurs. Sa mère, Marie Marguerite Dumont, 35 ans, n’exerce pas d’activité professionnelle.

 

Georges est le neuvième enfant du couple. Paul, le benjamin de la fratrie, voit le jour l’année suivante.

 

Genealogie famille Poncelet

 

Attiré très tôt par les chevaux et probablement initié aux bases de l’équitation, Georges ne rêve que d’une chose, s’engager dans un régiment de cavalerie.

 

Sa fiche matricule indique un degré d’instruction de niveau 3, ce qui est une erreur. En effet, le jeune Poncelet a passé le concours d’entrée de l’école de Saint-Cyr, ce qui implique qu’il a obligatoirement suivi un enseignement secondaire complet avec obtention du baccalauréat.

 

Georges Poncelet est reçu à l’école spéciale militaire, mais il ne fait pas partie des meilleurs admis. Son numéro d’entrée ne lui laisse aucun espoir pour une intégration dans un régiment de cavalerie. Il préfère démissionner plutôt que de se former dans l’infanterie.

 

Toujours dans l’idée de servir dans un régiment de cavalerie, Georges Poncelet se rend à la mairie de Château-Thierry, le 11 octobre 1911, pour y signer un engagement volontaire de trois ans.

 

Trois jours plus tard, il intègre, comme simple cavalier, le 6e régiment de cuirassiers, une unité qui tient garnison à Sainte-Menehould. Son instruction militaire débute le 15 octobre 1911. Elle s’achève le 14 août 1912.

 

Sainte-Menehould - entrée du quartier du 6e Cuirassier

 

Son niveau d’études et son statut d’engagé volontaire lui permettent d’accéder rapidement aux premiers grades de sous-officier. Il est nommé brigadier le 22 février 1912 puis maréchal des Logis le 27 septembre.

 

Deux petits accrocs au règlement en lien avec du matériel militaire lui valent 6 jours d’arrêts simples en décembre 1912.

 

 

Les manquements à la discipline sont un peu plus nombreux l’année suivante.

 

 

Le 5 décembre 1913, le maréchal des logis Poncelet signe un nouveau contrat d’une durée d’un an. Cet engagement prendra effet à compter du 11 octobre 1914,  lorsque le précédent arrivera à échéance.

 

Georges Poncelet occupe les fonctions maréchal des logis fourrier du 1er octobre 1913 au 6 mai 1914. Le jeune homme continue de se former avec tout ce qui lui est proposé au sein de la caserne.

 

Son livret matricule d’homme de troupe indique un brevet de maître de gymnastique et mentionne des épinglettes d’honneur ; celles-ci ont probablement été obtenues grâce à d’excellentes performances au tir.

 

Le maréchal des logis Poncelet prend part aux grandes manœuvres de la 4e D.I. de cavalerie entre le 29 août et le 15 septembre 1913.

 

Le 21 décembre, il obtient son brevet d’aptitude à l’emploi de chef de peloton.

 

Un dernier manquement à la discipline lui vaut 3 jours d’arrêts simples en février 1914.

 

 

Le 7 avril 1914, Georges Poncelet se rend à Verdun pour passer les épreuves écrites du concours d’admission à l’école d’application de cavalerie de Saumur. C’est une nouvelle chance de devenir officier.

 

Reçu, il n’aura malheureusement pas la possibilité de suivre la formation. Cette fois-ci, il est rattrapé par les évènements internationaux. Un conflit armé contre l’Allemagne est sur le point de commencer. Le maréchal des logis Poncelet entre en campagne contre l’Allemagne et l’Autriche dès le 31 juillet 1914.

 

Son régiment est envoyé au sud de Montmédy en tant que troupe de couverture. Il fait partie des unités qui doivent assurer la protection frontalière le temps que la nation termine la mobilisation de ses troupes.

 

Le 6e régiment de cuirassiers prend part à la bataille des Ardennes, du côté de Neufchâteau et d’Étalle en Belgique. Georges Poncelet est nommé aspirant le 10 août 1914. Fin août, son régiment protège la retraite de l’armée française près de Vervins.

 

Descendu jusqu’aux environs de Provins, le régiment de l’aspirant Poncelet participe à la bataille de la Marne. En octobre, il prend la direction de Lens avant de se diriger sur Béthume.

 

Fin 1914, la ligne de front se stabilise. La majorité des régiments de cavalerie abandonne ses chevaux devenus inutiles. Le 6e régiment de cuirassiers met pied à terre pour aller combattre dans les tranchées des Flandres, à Nieuport.

 

Début 1915, le 6e régiment de cuirassiers  est en Artois dans le secteur d’Arras.

 

Le 24 mars 1915, Georges Poncelet est nommé sous-lieutenant à titre temporaire. Il est enfin devenu officier.

 

Ce changement de statut entraîne aussitôt son affectation au 149e R.I.. Ce régiment combat du côté d’Aix-Noulette. Le chef de corps de cette unité lui confie le commandement d’une section de la 6e compagnie.

 

Le 4 mai 1915, le lieutenant-colonel Gothié lui inflige 8 jours d’arrêts simples pour le motif suivant : « Chargé de diriger une corvée de travailleurs au boyau de Saint-Nazaire, a quitté son poste sans motif et n’a pu arrêter une panique momentanée parmi ses hommes qui se sont réfugiés dans les tranchées de 1ère ligne. Le travail a été repris une heure après. Cette punition commencera le 4 mai. ». Ce sera sa dernière punition.

 

Le sous-lieutenant Poncelet participe aux attaques de mai, de juin et de septembre 1915 sur le front d’Artois.

Le 18 octobre, il est cité à l’ordre du 21e C.A. pour avoir assumé le commandement de sa compagnie après la mort de son supérieur, le lieutenant Damideau,  tué au cours d’une attaque menée le 26 septembre.

 

Le 6 janvier 1916, le chef de corps du 149e R.I. rédige la note suivante dans le feuillet individuel de Georges Poncelet : «  Sous-lieutenant à titre temporaire provenant des sous-officiers de cavalerie ancien démissionnaire à Saint-Cyr. Officier très sérieux, admissible à Saumur en 1914, ayant bien commandé une section et même une compagnie. Proposé pour le maintien à titre définitif. »

 

Suite à une décision prise par le général commandant en chef du 8 avril 1916, le sous-lieutenant Poncelet est promu lieutenant à titre temporaire. Cette nomination est ratifiée par une décision ministérielle du 15 avril. Georges Poncelet est en même temps nommé sous-lieutenant à titre définitif dans la cavalerie (J.O. du 17 avril 1916).

 

Le lieutenant Poncelet a été photographié à Somme-Tourbe, le 21 mai 1916. Il partage sa chambre avec le sous-lieutenant Robinet.

 

 

Début septembre 1916, le 149e R.I. est engagé dans le département de la Somme, au sud-est de Péronne. Le 4, il attaque le village de Soyécourt. Le lieutenant Poncelet est cité à l’ordre de la division pour ses actions.

 

Le 149e R.I. occupe ensuite un secteur de 1ère ligne allant de la sucrerie d’Ablaincourt au bois Bauer par roulement de bataillons.

 

Les conditions de vie sont très dures. La zone occupée est sans cesse bombardée par les Allemands et les conditions météorologiques sont particulièrement exécrables.

 

Le 7 novembre, une attaque prévue depuis le 24 octobre est sur le point d’être déclenchée. Les hommes du 2e bataillon du 149e R.I. se préparent à partir à l’assaut. L’artillerie fait rage. Le lieutenant Poncelet est déchiqueté par l’explosion d’un obus sur la parallèle du départ où sa compagnie est installée.

 

Trois heures plus tard la 6e compagnie, sous les ordres du sous-lieutenant Kolb passe à l’attaque. Elle sera citée à l’ordre de l’armée.

 

Pour en savoir plus sur les événements qui se sont déroulés au cours de cette journée, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante. 

 

Carte 1 journée du 7 novembre 1916

 

Georges Poncelet est inhumé dans un premier temps à Harbonnières. Sa tombe portait le numéro 1644.

 

Il n’existe pas de sépulture individuelle militaire portant son  nom. Le corps de cet officier a probablement été restitué à la famille dans les années 20.

 

Décorations obtenues :

 

Croix de guerre avec une palme, une étoile de vermeil et une étoile d’argent

 

Citation à l’ordre du 21e C.A. n° 63 en date du 18 octobre 1915. 

 

« Le 26 septembre devant Angres, a entraîné brillamment sa section à l’attaque des tranchées ennemies sous un bombardement et une fusillade des plus violents, son commandant de compagnie ayant été mortellement frappé, a maintenu sa compagnie sous le feu en donnant l’exemple du plus grand calme. Officier d’une bravoure, d’un entrain, d’un sang-froid remarquables, s’est toujours signalé par sa belle attitude dans toutes les actions auxquelles il a pris part. »

 

Citation à l’ordre de la 43e D.I. n° 155 en date du 10 septembre 1916 :

 

« A commandé sa compagnie avec beaucoup de sang froid et d’énergie pendant les attaques des 4, 5, 6 septembre 1916, tenant des positions de soutien successives sous des tirs de barrage des plus violents et faisant preuve des plus belles qualités de commandement.  »

 

Citation à l’ordre de la Xe Armée  n° 242 en date du 3 décembre 1916 :

 

« Commandant de compagnie de premier ordre, officier brillant, d’une conscience, d’un entrain et d’un courage merveilleux. Calme et réfléchi dans le danger, a donné dans toutes les actions auxquelles il a participé sans interruption d’avril 1915 à novembre 1916, la plus haute mesure de sa valeur et de ses qualités militaires.

 

Mortellement frappé le matin du 7 novembre 1916 alors qu’il parcourait la parallèle du départ où il avait installé sa compagnie en premier élément d’assaut (était titulaire de deux citations). »

 

Légion d’honneur à titre posthume avec le même texte que sa citation à l’ordre de l’Armée (publication dans le J.O. du 25 janvier 1920).

 

Le nom de cet homme est gravé sur le monument aux morts, sur une des plaques commémoratives de l’Hôtel de Ville et sur le tableau commémoratif de l’église Saint-Crépin de la ville de Château-Thierry.

 

Georges Poncelet ne s’est pas marié et n’a pas eu de descendance.

 

Sources :

 

Dossier individuel consulté au Service Historique de la Défense de Vincennes.

 

Fiche matricule lue sur le site des archives départementales de l’Aisne.

 

La photographie présentée dans le montage est légendée : « chambre d’officiers - Poncelet et Rob - Somme-Tourbe – 21 mai 1916. »

 

Un grand merci à M. Bordes, à N. Tricat, à A. Carobbi, à M. Porcher à T. Vallé, au Service Historique de la Défense de Vincennes et aux archives départementales de l’Aisne.

24 mars 2023

Marie Georges Chaxel (1896-1966)

Marie Georges Chaxel

 

Marie Georges Chaxel voit le jour le 28 octobre 1896 à Saulcy-sur-Meurthe, dans le département des Vosges.

 

Né de père inconnu, il est l’unique enfant de Marie Hortense Chaxel. Cette femme, âgée de 23 ans, travaille comme bobineuse dans l’usine de textile N. Géliot et Fils.

 

Saulcy-sur-Meurthe

 

En 1901, Hortense Chaxel vit avec ses deux sœurs, Rosine et Mathilde, son fils et ses neveux André et René.

 

En 1907, Prosper Chaxel, le grand-père de Georges, revient à Chaulcy-sur-Meurthe. Il s’installe au domicile de ses filles Hortense et Mathilde. Son fils, Camille, en plein préparatif de mariage,demeure quelque temps avec eux en attendant de créer son propre foyer. Rosine a quitté le groupe familial.

 

Genealogie famille Chaxel

 

Georges possède un degré d’instruction de niveau 3. Il sait donc lire, écrire et compter lorsqu’il laisse derrière lui l’école communale. Une fois sa scolarité obligatoire terminée, il se fait engager dans l’usine de textile où travaillent sa mère et sa tante Mathilde.

 

En 1915, le jeune Chaxel se présente devant le conseil de révision de Saint-Dié. En bonne forme physique, il est déclaré apte aux obligations militaires. Conscrit de la classe 1916, Georges est appelé par anticipation pour cause de guerre.

 

Il quitte son métier de tisserand pour une incorporation au 149e R.I. à compter du 10 avril 1915. Georges Chaxel rejoint le dépôt du régiment deux jours plus tard. Évacué sur l’hôpital de Gérardmer le 7 septembre, il est envoyé le jour même à l’hôpital temporaire de cette commune qu’il quitte le 3 octobre. La raison de cette hospitalisation n’est pas connue.

 

Le 22 avril 1916, il part avec un groupe de soldats au 9e bataillon pour terminer son instruction.

 

Une fois sur place, il est inscrit dans les effectifs de la 35e compagnie.

 

Le 11 septembre 1916, Georges Chaxel est affecté à la 33e compagnie. Le 25, il rejoint la 8e compagnie du 149e R.I. du dépôt divisionnaire 43.

 

Le 10 novembre 1916, le soldat Chaxel intègre la 5e compagnie du 149e R.I.. Ce régiment combat dans le département de la Somme depuis le début du mois de septembre. Les conditions de vie y sont épouvantables. La dernière attaque datant du 7 novembre a été un échec total. Le gain de terrain fut dérisoire par rapport aux pertes.

 

Georges Chaxel devient rapidement agent de liaison.

 

 

Les photographies suivantes représentent la liaison de la 5e compagnie. Elles ont été réalisées aux Vervins en 1917.

 

La liaison de la 5e compagnie aux Vervins

 

 

Les clichés présentés ci-dessus proviennent tous d’un album ayant appartenu à un officier non identifié de la 5e compagnie.

 

Le 23 octobre 1917, Georges Chaxel prend part à la bataille de la Malmaison.

 

Il est cité à l’ordre du régiment, pour avoir mené à bien sa mission et pour avoir participé à une attaque contre un nid de mitrailleuses. Il peut désormais porter la croix de guerre avec une étoile de bronze.

 

Pour en savoir plus sur les évènements qui se sont déroulés durant la bataille de la Malmaison, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

 

Carte 1 journee du 23 octobre 1917 1er objectif

 

Le 149e R.I. s’oppose à des offensives allemandes à deux occasions : la première fois dans le secteur d’Arcy-Sainte-Restitue, la seconde fois dans le secteur du trou Bricot en Champagne.

 

Georges Chaxel obtient une seconde citation à l’ordre du régiment pour son dévouement durant cette période.

 

L’agent de liaison Chaxel participe ensuite à la bataille de Champagne et d’Argonne qui s’est déroulée du 25 septembre au 4 octobre 1918.

 

Le 3 octobre 1918, il est touché par des éclats d’obus devant le village d’Orfeuil. Blessé à la main gauche et au talon gauche, Georges Chaxel est envoyé à l’arrière pour être soigné à l’hospice civil S.M. (ancien couvent du Sacré-Cœur) de Chambéry du 8 au 29 octobre 1918.

 

Cette fois-ci, il est cité à l’ordre de la Division.

 

Pour en savoir plus sur les évènements qui se sont déroulés durant cette période, il suffit de cliquer une fois sur la photographie suivante.

 

Orfeuil depuis le bois la Croix

 

Complètement rétabli de ses blessures, il rejoint la 4e compagnie du C.I.D. le 1er décembre 1918. Le 3, il part avec un groupe de renfort retrouver ses anciens camarades de la 5e compagnie du 149e R.I..

 

Démobilisé le 1er septembre 1919, Georges Chaxel retourne vivre à Chaulcy-sur-Meurthe. Le 26 avril 1924,  il épouse Lucie Georgette Marguerite Gaxatte, une tisserande originaire de Sainte-Marguerite.

 

À cette époque de sa vie, Georges Chaxel est employé à la compagnie des chemins de fer de l’Est. Le couple s’installe à Sainte-Maguerite. Il sera cheminot jusqu’à la fin de sa carrière professionnelle.

 

Durant le second conflit mondial, l’ancien soldat du 149e R.I. est « affecté spécial » à la S.N.C.F. à compter du 2 septembre 1939. Il sera rendu à la vie civile le 20 juin 1943, complètement libéré de toutes obligations militaires.

 

Georges Chaxel est décédé le 9 février 1966, rue Ernest Charlier, à Sainte-Marguerite.

 

Il repose dans le cimetière de cette commune.

 

Decorations Georges Chaxel

 

Décorations obtenues :

 

Citation à l’ordre du régiment n° 76 en date du 6 novembre 1917 :

 

« A assuré parfaitement son service d’agent de liaison pendant les combats du 23 octobre 1917 au Chemin des Dames. S’est ensuite distingué dans l’attaque d’un nid de mitrailleuses ennemies. »

 

Citation à l’ordre du régiment n° 37 en date du 8 juillet 1918 :

 

« Agent de liaison d’un grand dévouement, s’est toujours présenté pour accomplir des missions de liaison les plus périlleuses. »

 

Citation à l’ordre de la division n° 385 en date du 26 novembre 1918 :

 

« Agent de liaison plein de courage, d’initiative et de dévouement. S’est acquitté de sa mission dans les circonstances les plus délicates et les plus périlleuses pendant les combats du 26 septembre au 30 octobre 1918. Blessé dans l’accomplissement de sa mission. »

 

Décoré de la Médaille militaire par décret du 7 juin 1928.

 

Autres décorations :

 

Médaille interalliée de la victoire

 

Médaille commémorative française de la Grande Guerre

 

Le registre de recensement de la commune de Sainte-Marguerite de l’année 1936 n’indique pas de descendance pour le couple Chaxel.

 

Sources :

 

La fiche signalétique et des services de Marie Georges Chaxel, le registre de recensement d’Anould de l’année 1896, les registres de recensement de Saulcy-sur-Meurthe des années 1901, 1906 et 1911, les registres de recensement de Sainte-Marguerite des années 1931 et 1936 ont été consultés sur le site des  archives départementales des Vosges.

 

Album photographique ayant appartenu à un officier du 149e R.I. (collection personnelle).

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Pierre, à A. Carrobi, à T. Vallé, aux archives départementales du Vaucluse et à la mairie de Sainte-Marguerite. 

3 mars 2023

Jean Mempontel (1892-1970)

Jean Mempotel

 

Jeunesse

 

Jean Mempontel voit le jour le 24 septembre 1892 à Ussel, dans le département de la Corrèze.

 

Ussel

 

Son père, Antoine, 25 ans, et sa mère, Marguerite Pauty, 27 ans, sont tous les deux cultivateurs. Jean est le second d’une fratrie composée de 3 filles et de 5 garçons.

 

Les Mempotel quittent la Corrèze pour venir s’installer en Lozère. Antoine y a trouvé un emploi de bûcheron. Fin 1896, la famille est domiciliée à la Capelle, commune située à 10 km au sud-est de la Canourgue. En 1898, elle vit à Soulages, un lieu-dit rattaché au village de Saint-Georges-de -Lévéjac. En 1900, cette famille demeure à Riesses, un hameau dépendant de la commune de La Malène. Chaque changement de résidence est lié à l’activité professionnelle du père.

 

La fiche matricule de Jean Mempotel mentionne un degré d’instruction de niveau 2. Sa maîtrise de l’écriture, de la lecture et du calcul a été jugée moyenne lors de la constitution du tableau de recensement.

 

Le fait d’avoir régulièrement changé d’école tout en grandissant à proximité des forêts ne lui a probablement pas donné l’envie et la possibilité d’approfondir ses études. Jean devient apprenti bûcheron après sa période de scolarité obligatoire.

 

En 1913, Jean Mempotel vit chez ses parents à Saint-Rome-de-Dôlan.

 

Sa très bonne condition physique entraîne directement son classement dans la 1ère partie de la liste de la classe 1913 lorsqu’il se présente devant les instances militaires.

 

Jean Mempotel a été déclaré « bon pour le service armé » par le médecin du conseil de révision réuni à la mairie de Massegros.

 

Au 55e R.I.

 

Le 9 octobre 1913, le conscrit Mempotel est incorporé au 55e R.I.. Il intègre les effectifs de la 11e compagnie du 3e bataillon (le 1er et le 3e bataillon du régiment cantonnent à la caserne Miollis à Aix-en-Provence. Le 2e bataillon occupe la caserne Pépin à Pont-Saint-Esprit).

 

Caserne Miollis

 

Jean Mempotel porte toujours l’uniforme lorsque les hostilités contre l’Allemagne débutent au cours de l’été 1914. Il est nommé caporal le 22 août.

 

Quatre jours plus tard, son régiment attaque le village de Mont-sur-Meurthe sous un violent feu d’artillerie. Touché par une balle à un bras et au crâne, le caporal Mempotel est évacué vers l’arrière (la durée des soins et le nom de l’hôpital où il a été pris en charge sont inconnus).

 

Jean Mempotel est promu sergent le 22 mai 1915.

 

Au 149e R.I.

 

Ses blessures n’entraînent pas sa réforme. Il retrouve le dépôt du 55e R.I. avant d’être envoyé en renfort au 149e R.I. le 15 juin 1915.

 

Le sergent Mempotel intègre les effectifs de la 9e compagnie du régiment actif le 26. À cette époque du conflit, le 149e R.I. occupe un secteur particulièrement exposé à proximité d’Aix-Noulette, dans le Pas-de-Calais.

 

Les 25, 26 et 27 septembre 1915, le régiment de ce soldat est engagé dans une vaste offensive impliquant l’ensemble de la 43e D.I.. Le 149e R.I. a pour mission de prendre le bois en Hache. Le sergent Mempontel participe à cette attaque sous les ordres du capitaine Jean. Il sort indemne de cette expérience du feu.

 

Pour en savoir plus sur cette période, il suffit de cliquer une fois sur la carte suivante.

 

Les chefs de bataillons du 149e R

 

Janvier 1916, le 149e R.I. quitte le front d’Artois. Mars-avril 1916, il combat dans le secteur du fort de Vaux près de Verdun. Le sergent Mempotel est blessé par un éclat d’obus à la jambe le 2 avril 1916. Le 5, il est soigné à l'Hôpital temporaire C à Chaumont, dans le département de la Haute-Marne. La date de son retour dans la zone des armées n’est pas connue.

 

Le 17 avril, Jean Mempotel est décoré de la croix de guerre avec une citation à l’ordre de la division.

 

Pour en savoir plus sur les évènements qui se sont déroulés durant cette période, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

L'étang de Vaux

 

Comme l’attestent les deux photographies ci-dessous, le sergent Mempotel est au 149e R.I. actif en juillet 1916. Le régiment occupe un secteur situé entre les buttes de Tahure et celles de Mesnil, près des Deux-Mamelles, en Champagne.

 

Le premier cliché, réalisé le 8 juillet au camp Laprade, montre le sergent Mempotel en compagnie de l’aspirant Loubignac, du sergent Vincent, et d’un cuistot du régiment.

 

Jean Mempotel au camp Laprade

 

Le second cliché a été réalisé dans la tranchée de l’Avion le 20 juillet. Jean Mempotel pose à côté de l’aspirant Loubignac.

 

Tranchee de l'Avion

 

Début septembre 1916, le 149e R.I. est engagé dans le département de la Somme, au sud-est de Péronne. Le 4, il  doit prendre le village de Soyécourt. Le sergent Mempotel est blessé pour la troisième fois. Cette fois-ci, il est touché par un éclat de grenade à l’épaule droite. Le 9, il est soigné à l’ambulance 15/13.

 

Pour en savoir plus sur cette période, il suffit de cliquer une fois sur le dessin suivant.

 

Hippolyte Journoud front de la Somme septembre 1916

 

La fiche matricule de ce sous-officier ne permet pas de reconstruire son parcours de soins. Elle ne donne aucune précision sur la fin de sa convalescence.

 

Le 3 avril 1917, Jean Mempotel est envoyé au dépôt d’Épinal pour instruire la classe 1918.

 

Le 21 décembre, il retourne dans la zone des armées, étant affecté à la 35e compagnie du 9e bataillon du 149e R.I..

 

Le 1er avril 1918, il rejoint, avec un groupe de renfort, la 12e compagnie du Centre d’Instruction Divisionnaire 43. 

 

Le sous-officier Mempotel quitte le C.I.D. pour réintégrer l’unité combattante le 15 août 1918. Son chef de corps l’affecte à la 10e compagnie du régiment.

 

Le sergent Mempotel participe à la bataille de Champagne et d’Argonne qui a eu lieu du 25 septembre au 4 octobre 1918.

 

Pour en savoir plus sur les évènements qui se sont déroulés durant cette période, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

Journees des 25, 26 et 27 septembre et des 1er, 2 3 et 4 octobre 1918

 

La période de l’après-guerre

 

Le 10 février 1919, Jean Mempontel épouse Maria Léa Marthe Julier à Nîmes. Le couple donnera la vie à un garçon l'année suivante.

 

Le sergent Mempotel est démobilisé par le 56e R.A.C. le 7 mars 1919. La hiérarchie militaire lui a validé son certificat de bonne conduite.

 

Le jour même, Jean Mempotel est dirigé sur le dépôt de transition des isolés de la 16e région ; il est mis à la disposition des chemins de fer de la P.L.M.. Le 16 septembre, il est classé dans l’affectation spéciale en tant qu’employé de cette compagnie.

 

Le 9 décembre 1930, l’ancien sergent du 149e R.I. est rattaché à la subdivision de Nîmes pour changement de domicile. Le 10 février 1937, il dépend de la subdivision centrale de la Seine. Le 28 novembre 1944, il réintègre la subdivision de Nîmes.

 

Sa fiche matricule ne fait aucune mention concernant une éventuelle mobilisation au cours du  second conflit mondial.

 

Jean Mempontel décède le 26 juillet 1966 à Nîmes à l’âge de 77 ans.

 

Decorations Jean Mempotel

 

Décorations obtenues :

 

Croix de guerre avec une étoile d’argent et deux étoiles de bronze

 

Citation à l’ordre de la 43e D.I. en date du 17 avril 1916 :

 

« Très courageux et très bon sous-officier, d’une conscience et d’un dévouement remarquables. Blessé une 1ère fois au début de la campagne, a été grièvement blessé de nouveau le 2 avril 1916 en organisant le travail de ses hommes dans une tranchée soumise à un violent bombardement. »

 

Citation à l’ordre de la 85e brigade en date du 14 septembre 1916 :

 

« A brillamment entraîné sa demi-section à l’attaque le 4 septembre 1916. A été blessé en se portant en avant. »

 

Citation à l’ordre du régiment en date du  25 juin 1918 :

 

« Sous-officier très énergique, le 30 mai 1918 a conduit une patrouille dans des conditions très périlleuses, forçant l’ennemi à se dévoiler et rapportant ainsi de très bons renseignements à son chef de section. »

 

Décoré de la Médaille militaire le 6 juin 1920.

 

Chevalier de la Légion d’honneur par décret du 5 juin 1957 (J.O. du 8 juin 1957)

 

Autres décorations :

 

Médaille interalliée de la victoire

 

Médaille commémorative française de la Grande Guerre

 

Pour consulter la généalogie de la famille Mempotel, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

log geneanet

 

Sources :

 

La fiche matricule du sergent Mempontel a été consultée sur le site des archives départementales de la Lozère.

 

Contrôles nominatifs des 2e et 3e trimestres de l’année 1916 du 149e R.I. des malades et des blessés traités dans les formations sanitaires détenus par les archives médicales hospitalières des armées de Limoges.

 

J.M.O. du 55e R.I.. S.H.D. de Vincennes. Réf : 26 N 644/14

 

Le plan de Nîmes provient du site « Nemausensis.com histoire de Nîmes ».

 

Le dessin a été réalisé par Hippolyte Journoud, soldat au 149e R.I.. Il fait partie du fonds Journoud propriété de la famille Aupetit.

 

Jean Mempotel possède un dossier dans la base de données Léonore. Pour y avoir accès, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

Site base Leonore

 

Un grand merci à M. Bordes, à M.H. Costecalde, à A. Carobbi, à M. Porcher, à la famille Aupetit, au Service Historique de la Défense de Vincennes, aux archives départementales de la Corrèze et de la Lozère et aux archives médicales hospitalières des armées de Limoges.

17 février 2023

Paul Chapon (1894-1916)

Paul Chapon

 

Paul Cauvet est né le 1er décembre 1894 à Salavert, un hameau situé dans le département du Gard. Sa grand-mère maternelle, Marie Pougnet,se rend à la mairie de la Grand’Combe pour y déclarer l’enfant.

 

Douze jours plus tard, Constance Philomène Cauvet, 19 ans, ouvrière des mines de la Grand’Combe, se présente devant l’adjoint au maire, Victor Fumat, pour signer l’acte de reconnaissance de maternité.

 

Le 30 octobre 1896, elle se marie avec Lucien Paul Chapon. Son époux reconnaît être le père de Paul. Le couple donne naissance à 5 filles et 6 garçons nés entre 1897 et 1919.

 

Genealogie famille Chapon

 

La fiche matricule de Paul Chapon indique un degré d’instruction de niveau 2 ; cela signifie qu’il sait moyennement lire, écrire et compter lorsqu’il quitte l’école communale. Aussitôt après sa période de scolarité obligatoire, l’adolescent se fait facilement employer par la compagnie des mines de la Grand’Combe, grande pourvoyeuse d’emplois de la région.

 

Futur soldat de la classe 1914, Paul Chapon est inscrit sous le n° 47 lorsqu’il se présente devant le conseil de révision de son canton. Le fait d’être considéré comme « soutien de famille indispensable », ne lui évite pas d’être déclaré « bon pour le service armé » par le médecin militaire. L’armée a fortement besoin de nouveaux conscrits.

 

La classe de Paul Chapon est appelée par anticipation en raison du conflit mondial.

 

Début septembre 1914, il quitte la 2e division de la compagnie des mines pour intégrer les effectifs d’une compagnie du 52e R.I.. Le 6, il est à la caserne Saint-Martin de Montélimar.

 

Sa période d’instruction s’achève fin mai 1915. Son séjour au dépôt se termine bien plus tard par rapport à la majorité des conscrits de la classe 1914. Il n'est pas possible, avec les sources disponibles, d'expliquer son envoi en renfort en même temps que la classe 1915.  A-t-il su se rendre utile ? A-t-il bénéficié d’un appui ? A-t-il profité de directives particulières ?

 

Le 29, le soldat Chapon est envoyé au 158e R.I., une unité qu’il quitte rapidement.

 

Ancien mineur, il est affecté au groupe des pionniers rattaché à la C.H.R. du 149e R.I. le 21 juin. Ce groupe d’hommes est chargé des petites tâches de Génie effectuées au sein du  régiment.

 

Le 149e R.I., sous les ordres du lieutenant-colonel Gothié, combat en Artois depuis de nombreux mois. Le secteur occupé est particulièrement dur. Les pertes sont sévères chaque fois que le régiment est engagé.

 

Le pionnier Chapon participe aux attaques de septembre 1915. Le régiment spinalien doit reprendre le bois en Hache aux Allemands.

 

Pour en savoir plus sur les évènements qui se sont déroulés durant cette période, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

Bois en Hache juin 2017

 

Janvier 1916, le 149e R.I. quitte l’Artois. Mars-avril 1916, il combat dans le secteur du fort de Vaux près de Verdun. Il faut absolument contrecarrer la grande offensive allemande débutée le 21 février.

 

Pour en savoir plus sur les évènements qui se sont déroulés durant cette période, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

L'étang de Vaux

 

Paul Chapon sort indemne de ces deux épreuves du feu.

 

Début septembre 1916, le 149e R.I. est engagé dans le département de la Somme. Le 4, ce régiment prend le village de Soyécourt. Le mois suivant, il occupe le secteur de la sucrerie d’Ablaincourt et du bois Bauer. Cette zone est extrêmement dangereuse. Il pleut quasiment tous les jours. Il faut en permanence lutter contre la boue et se protéger des incessants tirs de l’artillerie allemande.

 

Le 29 octobre, Paul Chapon est mortellement blessé par plusieurs éclats d’obus, à proximité de la sucrerie de Bovent.

 

Les soldats Joseph Louis Bartet et Jean Floquet fournissent les informations nécessaires à l’officier d’état civil du 149e R.I. pour établir son acte de décès ; celui-ci est transcrit à la mairie de la Grand’Combe le 17 février 1917.

 

Pour en savoir plus sur les évènements qui se sont déroulés durant cette période, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

Secteur de la sucrerie de Genermont-Ablaincourt

 

Paul Chapon ne s’est pas marié et n’a pas eu de descendance. Il repose actuellement dans la nécropole nationale de Maucourt. Sa sépulture porte le n° 241.

 

 

Le nom de ce soldat a été inscrit sur la plaque commémorative de l’église du village de la Grand’Combe.

 

 

Le pionnier Chapon a été décoré de la Médaille militaire et de la croix de guerre à titre posthume.

 

Citation à l’ordre du régiment n° 26 en date du 1er novembre 1916

 

Médaille militaire (J.O. du 8 novembre 1920) 

 

« Pionnier remarquable, se dépensant sans compter dans les travaux qui lui étaient confiés.Travaillant souvent dans les circonstances les plus périlleuses, notamment dans la nuit du 28 au 29 octobre 1916. Tué le 29 octobre 1916 au moment où il se préparait à l’attaque des positions ennemies. A été cité ».

 

Sources :

 

Le portrait de Paul Chapon provient du livre d’or « Compagnie des mines de la Grand’Combe. Livre d’or guerre 1914-1918. Morts et survivants 1924. Imprimerie parisienne, 111 rue du Mont Cenis, 18 »

 

Les informations concernant ce soldat sont extraites de sa fiche matricule consultée sur le site des archives départementales du Gard, de sa fiche individuelle lue sur le site « Mémoire des Hommes » et du livre d’or « Compagnie des mines de la Grand’Combe ».

 

La photographie de sa sépulture a été réalisée par B. Étévé.

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à B. Étévé, à T. Vallé, au Service Historique de la Défense de Vincennes et aux archives départementales du département du Gard.

3 février 2023

Jean-Baptiste Louis Rusconi (1891-1966)

Jean-Baptiste Louis Rusconi

 

Jean-Baptiste Louis Rusconi est né le 13 août 1891 à Ornans, dans le département du Doubs, au domicile de ses parents. Son père, Jean Antoine, 38 ans, d’origine italienne, travaille comme plâtrier. Sa mère, Eugénie Striby, femme au foyer, est âgée de 27 ans. Jean Baptiste est le troisième enfant du couple.

 

Il quitte l’école communale avec un degré d’instruction de niveau 2, ce qui signifie qu’il ne sait pas très bien lire, écrite et compter.

 

Devenu cultivateur, il exerce cette profession jusqu’à son passage devant le conseil de révision.

 

C’est un jeune homme solide, sans problème de santé particulier, qui se présente devant le médecin militaire. Sa robustesse entraîne son inscription directe dans la 1ère partie de la liste du canton d’Ornans de l’année 1913. 

 

Le 8 octobre, Jean Baptiste Rusconi intègre les effectifs de la 3e compagnie du 149e R.I., un régiment en garnison à Épinal. Il sait qu’il va devoir porter l’uniforme pendant trois ans.

 

L’année suivante, le conflit contre l’Allemagne débute en août 1914. Le régiment de ce soldat, réserve des troupes de couverture, est en partance pour la frontière dès le 1er août.

 

Le 9, c’est le baptême du feu, au Renclos des Vaches près de Wisembach. Le 18, Jean-Baptiste Rusconi est nommé caporal. Le lendemain, le 149e R.I. est engagé au nord Abrechviller puis dans la région de Ménil-sur-Belvitte les 25 et 26 août.

 

Le régiment spinalien quitte les Vosges pour combattre l’ennemi, à Souain, dans le département de la Marne. Le village est pris et perdu à plusieurs reprises, les pertes sont importantes.  Le 19 septembre 1914, le caporal Rusconi est touché par une balle à l’épaule droite. Sa blessure est très sérieuse, il est évacué vers l’arrière (le lieu et la durée de son hospitalisation ne sont pas connus).

 

Pour en savoir plus sur les événements qui se sont déroulés durant cette journée, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

Souain

 

Le caporal Rusconi ne retournera plus jamais au front. La commission de réforme d’Épinal du 2 août 1915 a proposé la réforme n° 1 pour paralysie du plexus brachial droit.

 

Certificat d'origine de blessure de guerre de Jean-Baptiste Rusconi

 

Le 2 décembre, une décision ministérielle confirme le statut de réformé n° 1 pour ce caporal. Jean-Baptiste Rusconi obtient une gratification renouvelable de 3e catégorie.

 

Il est définitivement rayé des contrôles militaires. Le jeune réformé se retire à Ornans.

 

Le 16 mars 1916, il se marie avec Jeanne Joséphine Antoinette Oudot à Besançon. Neuf enfants sont nés de cette union.

 

Généalogie famille Rusconi

 

Le caporal Rusconi est décoré de la Médaille militaire.

 

Remise de la Medaille militaire au caporal Jean Baptiste Rusconi

 

En 1919, les Rusconi demeurent à Vercel-Villedieu-le-Camp.

 

Les séquelles laissées par sa blessure de guerre ne permettent plus à Jean-Baptiste Rusconi d’exercer son ancien métier. Il fait des démarches administratives pour obtenir un poste de facteur : la gravité de sa blessure lui ouvre les portes des métiers protégés. Sa demande est acceptée malgré son degré d’instruction de niveau 2.

 

Sa maîtrise de la lecture et de l’écriture a donc été jugée suffisante pour qu’il accède à cette profession. L’ancien caporal du 149R.I. était droitier. Il a pu  bénéficié d’une rééducation et d’un apprentissage de l’écriture de la main gauche.

 

Le 25 mai 1928, la commission de réforme de Besançon lui accorde une pension temporaire de 70 % pour une paralysie presque complète du bras droit.

 

Jeanne Joséphine Antoinette Rusconi est décorée de la médaille de bronze de la famille française en 1932 (J.O. du 25 février).

 

En 1928, la famille Rusconi vit à Besançon. En 1937, elle est installée au numéro 18 de la rue des papillons.

 

Carte de combattant de Jean-Baptiste Rusconi

 

Le 19 mars 1952, le médecin consultant Fontaine rédige un rapport détaillé sur les répercussions de l’ancienne blessure par balle du caporal Rusconi.

 

 

Toujours considéré comme détaché de toute obligation militaire, il se voit accorder, par la commission de réforme de Besançon du 16 septembre 1952,  une pension temporaire de 80 % pour :

 

- paralysie complète du membre supérieur droit avec ankylose de l’épaule

 

- fracture ancienne des premières côtes droites

 

- douleurs alléguées dans le territoire du plexus brachial.

 

Le 19 juin 1954, cette même commission lui concède une pension définitive de  95 %  qui lui donne droit au statut de grand mutilé de guerre pour :

 

- séquelles de blessure transfixe de la partie supérieure – hémithorax et creux sus-clavière droite par balle

 

- ankylose scapulo-humérale droite

 

- transfixion du sommet du poumon droit

 

Carte d'invalidite de Jean-Baptiste Rusconi

 

Jean Baptiste Rusconi décède le 16 octobre 1966 à son domicile, 18 rue des Papillons à Besançon. Il est inhumé au cimetière des Chaprais avec sa femme et son fils aîné, ce dernier a été déclaré mort pour la France en 1945.

 

Sepulture famille Rusconi

 

Le caporal Rusconi a été décoré de la Médaille militaire (publication J.O. du 2 août 1916).

 

« Excellent gradé, modèle d’énergie et de bravoure. A été blessé grièvement au cours de l’attaque du 18 septembre 1914. Perte de l’usage du bras droit. »

 

Sources :

 

Fiche signalétique et des services et acte de naissance du caporal Rusconi consultés sur le site des archives départementales du Doubs.

 

La photographie de la sépulture de la famille Rusconi a été trouvée sur le site « Généanet »

 

Un grand merci à M. Bordes, à A. Carobbi, à L. Rico, à la famille Parot, aux archives départementales du Doubs, à la mairie de Besançon et au service historique de la défense de Vincennes.

<< < 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 20 > >>
149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
Visiteurs
Depuis la création 840 684
Newsletter
41 abonnés
149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.