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149e R.I., un régiment spinalien dans la Grande Guerre.
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4 mars 2022

Henri Placide Joseph Fréville (1880-1947)

Henri Placide Joseph Freville

 

Les années de jeunesse

 

Henri Placide Joseph Fréville voit le jour le 9 décembre 1880 au domicile de ses parents, à Souchez, dans le Pas-de-Calais.

 

Son père, Benoît François, est un ouvrier cantonnier âgé de 39 ans. Sa mère, Appoline Célestine Joseph Roger, a 37 ans lorsqu’elle lui donne naissance. Henri est le benjamin d’une famille composée de 7 enfants. 

 

Il quitte l’école communale avec un degré d’instruction de niveau 3. Les fondamentaux de la lecture, de l’écriture et du calcul sont bien maîtrisés. Ne pouvant prolonger sa scolarité, Henri se forme à l’horticulture en devenant jardinier.

 

La conscription

 

L’année de ses vingt ans, il est déclaré « bon pour le service armé » par le conseil de révision. Il devra accomplir ses obligations militaires au 91e R.I., un régiment qui tient garnison à Mézières, dans le département des Ardennes.

 

Henri Fréville rejoint la caserne du Merbion le 15 novembre 1901. Il a toutes les qualités requises pour faire un bon soldat. Ses supérieurs lui offrent la possibilité de suivre la formation des élèves caporaux, grade qu’il obtient le 20 septembre 1902.

 

Bien noté par son capitaine, le caporal Fréville accède au grade supérieur le 26 septembre 1903. Nommé sergent fourrier, il a pour mission de tenir le magasin d’habillement de sa compagnie. Le 1er juin de l’année suivante, il est affecté à un commandement d’escouades.

 

Le sergent Fréville est envoyé dans la disponibilité le 22 septembre 1904. Cela fait plus de 34 mois qu’il porte l’uniforme. Il devient réserviste de l’armée active à partir du 1er novembre.

 

De retour à la vie civile

 

Henri Fréville s’installe quelque temps à Paris avant de se fixer définitivement dans les Vosges. La mairie d’Épinal vient de lui proposer le poste de jardinier en chef de sa circonscription. Il devra gérer les équipes qui ont en charge les espaces floraux de la ville. Il s’installe dans une des dépendances du château.

 

Chateau Epinal

 

Ce changement de région implique son rattachement militaire au 149e R.I..

 

Le 18 septembre 1905, Henri Fréville épouse Marie Hortense Angéline Paroche, à Son, un petit village ardennais. La descendance de ce couple n’a pas été retrouvée.

 

Il récupère sa tenue de sergent pour effectuer sa 1ère période d’exercice au 149e R.I. entre le 22 septembre et le 21 octobre 1907.

 

Le 20 février 1909, il est nommé sergent-major de réserve. La même année, le jardinier en chef de la ville d’Épinal occupe le poste de secrétaire général de la société d’horticulture des Vosges.

 

Henri Fréville effectue sa 2e période d’exercice à la caserne Courcy du 1er au 17 décembre 1911.

 

De nouveau sous l’uniforme pour une longue période

 

Été 1914 : la France est en passe de vivre un nouveau conflit armé contre l’Allemagne. Le 149e R.I. rappelle ses premiers réservistes le 2 août. Henri Fréville quitte, le lendemain, ses fonctions de directeur des promenades de la ville d’Épinal.

 

Le 11 août, il est promu adjudant. Le 1er octobre, il est en âge de passer dans l’armée territoriale, tout en restant affecté à son régiment.

 

Son départ pour le front a lieu le 10 avril 1915. C’est une date assez tardive lorsqu’on la compare à celles des autres sous-officiers réservistes rappelés au début de la guerre. Pour quelle raison est-il resté aussi longtemps au dépôt ? Il est impossible de le dire. Sa fiche matricule n’est pas suffisamment détaillée pour répondre à cette question. 

 

Le 11 avril 1915, l’adjudant Fréville intègre les effectifs de la C.H.R. du régiment actif. Ses fonctions au sein de cette compagnie ne sont pas connues. Sa présence en 1ère ligne, entre la date de son arrivée à la C.H.R.. et sa 1ère blessure, reste donc compliquée à quantifier : en effet, cette compagnie n’était pas, à proprement dit, une unité combattante.

 

Sa 1ère citation à l’ordre de la brigade, obtenue le 14 juillet 1916, nous indique qu’il se trouvait dans la zone des combats, à la suite d’une attaque effectuée quelques jours auparavant, dans le secteur des deux mamelles, au nord-est de Perthe-lès-Hurlus, en Champagne.

 

Était-il encore à la C.H.R. à ce moment-là ? Était-il rattaché au poste de commandement d’un des 3 bataillons du régiment ? Il est difficile de répondre à ces questions.

 

En septembre 1916, le 149e R.I. est engagé dans le département de la Somme. Le 16 novembre, Henri Fréville est blessé au bras droit par un éclat d’obus.

 

Il est pris en charge par l’ambulance 7/21.  Sa blessure est jugée sérieuse. Elle nécessite une évacuation vers l’arrière. Le 18 novembre, il est envoyé à l’hôpital complémentaire n° 24 à Épernay, installé au quartier Marguerite.

 

Le sous-officier Fréville quitte cet établissement de soin le 24 décembre après avoir obtenu une permission de 7 jours.

 

Un cliché réalisé le 10 avril 1917 dans le Haut-Rhin, près de Belfort, confirme sa présence au sein d’une compagnie combattante du 149e R.I.. Ce jour-là, l’adjudant Fréville est photographié en présence des sous-officiers de la 10e compagnie.

 

Les sous-officiers de la 10e compagnie du 149e R

 

L’identification de cet homme a été rendue possible grâce à l’ouvrage « Et le temps, à nous, est compté » rédigé par Francis Barbe. Un cliché identique, accompagné du nom de chacun des sous-officiers, figure à l’intérieur du livre à la page 179.

 

Le 149e R.I. n’est pas engagé dans une vaste offensive au cours des premiers mois de l’année 1917. À plusieurs occasions, il occupe des secteurs sensibles, du côté du chemin des Dames.

 

Le 21 juin 1917, l’adjudant Fréville est victime de l'explosion d'un obus. Dans le cas présent, il est touché à la tête par plusieurs petits éclats. De nouveau envoyé vers l’arrière, il est soigné à l’hôpital complémentaire n° 15 du Havre à partir du 19 juillet. Trois jours plus tard, il est cité à l’ordre de l’armée.

 

Henri Fréville quitte l’établissement médical havrais le 5 août 1917. Il est de retour au corps pour le 17 septembre.

 

Le 23 octobre, le sous-officier Fréville participe à la bataille de la Malmaison.

 

Remarqué pour son courage et ses actions, il est cité à l’ordre de l’armée.

 

Pour en savoir plus sur les évènements qui se sont déroulés durant cette période, il suffit de cliquer une fois sur l’image ci-dessous.

 

La Malmaison 23 octobre 1918

 

Le 10 mars 1918, il est blessé pour la troisième fois. Cette fois-ci, des éclats d’obus lui occasionnent de multiples plaies pénétrantes au visage. L’ambulance 7/21 lui prodigue les premiers soins. En plus de ses lésions profondes de la face, l’adjudant Fréville est soigné pour une fracture du maxillaire supérieur. Il est pris en charge par les médecins de l’hôpital mixte d’Avignon, à compter du 26 mars 1918.

 

Son parcours de soins est long et douloureux. Il est renvoyé dans la zone des armées, cinq jours après la signature de l’armistice.

 

Le 23 octobre 1918, l’adjudant Fréville est affecté au 154e R.I.. Le 4 décembre, il est nommé adjudant-chef. Ce changement de grade le fait muter au 131e R.I..

 

Les années après-guerre

 

Rue François de Neufchâteau

 

Henri Fréville, mis en congé de démobilisation le 9 mars 1919, retourne à ses anciennes fonctions de directeur des promenades dans la cité spinalienne. Il s’installe avec son épouse au n° 15 de la rue François de Neufchâteau.

 

La commission de réforme d’Épinal, réunie le 3 octobre 1919, lui propose une réforme temporaire n°1. Une plaie à la joue droite, une fracture du maxillaire et une hernie musculaire de la jambe droite légitiment une pension temporaire de 35 %.

 

Le 12 août 1921, il est réformé définitivement avec une proposition de pension temporaire évaluée à 55 %. Une forte diminution de l’acuité visuelle de l’œil droit s’ajoute aux complications liées à ces anciennes blessures de guerre.

 

Le 12 octobre 1923, la commission de réforme de Nancy diminue sa pension temporaire de 5 %. 

 

Le 25 juillet 1927, cette même commission lui accorde une pension définitive de 65 %.

 

Henri Fréville est fait commandeur de l’ordre du Mérite agricole à la fin de l’année 1932. 

 

L’ancien sous-officier du 149e R.I. meurt le 3 août 1947 à l’âge de 66 ans.

 

Decorations Henri Freville

 

Décorations obtenues :

 

Croix de guerre avec une étoile de bronze, une étoile de vermeil et deux palmes.

 

Citation à l’ordre de la brigade  n° 51  en date du 14 juillet 1916 :

 

« Le 9 juillet 1916, est allé à plusieurs reprises, sous un violent bombardement, du poste de commandement à la ligne avancée conquise, pour veiller à l’exécution de détail des ordres donnés. »

 

Citation à l’ordre du 21e C.A. :

 

« Adjudant-chef du plus grand mérite et du plus grand dévouement. Chefs des observateurs pendant le combat du 7 novembre  est resté ……….. au poste de commandement malgré le bombardement intense et trois contusions. Soldat calme et au cœur bien placé. Déjà cité à l’ordre de la brigade ( cette citation est incomplète. Une pliure sur la fiche matricule de ce sous-officier empêche la lecture intégrale du texte). »

 

Citation à l’ordre de l’armée n° 493 en date du 22 juillet 1917 :

 

« Sous-officier d’une énergie et d’un courage légendaires au bataillon. N’a cessé, comme adjudant de bataillon, de faire l’admiration de tous, par sa conduite qui lui a valu déjà deux citations et la Médaille militaire. Au front depuis novembre 1914, blessé en novembre 1916, vient d’être à nouveau blessé grièvement, à son poste de combat. »

 

Citation à l’ordre de l’armée (J.O. du 4 novembre 1917) :

 

« Adjudant-chef d’un courage, d’une bravoure et d’un dévouement au dessus de tout éloge, s’est brillamment conduit pendant les opérations du 23 octobre 1917. Se signalant à maintes reprises, dans un mépris absolu du danger, recherchant, par tous les moyens à établir la liaison entre les unités, et ce, sous un bombardement violent de feux de mousqueterie et de rafales de mitrailleuses. »

 

Médaille militaire (J.O. du 24 avril 1917 à compter du 1er avril 1917) :

 

« Sous-officier énergique et brave. A participé depuis le début de la campagne à tous les combats où son régiment a été engagé. Blessure (a déjà été cité). »

 

Autres décorations :

 

Chevalier de la Légion d’honneur par arrêté ministériel du 30 décembre 1920 pour prendre rang du 16 juin 1920.

 

Médaille interalliée de la victoire

 

Médaille commémorative française de la Grande Guerre

 

Officier d’académie (publication dans le J.O. du 27 mars 1927

 

Chevalier de l’ordre du mérite agricole (J.O. du 8 février 1912)

 

Officier de l’ordre du mérite agricole (publication dans le journal « l’express de l’est et des Vosges » du  16 février 1922)

 

Commandeur de l’ordre du mérite agricole (publication dans le journal « l’express de l’est et des Vosges » du 14 décembre 1932)

 

À l’occasion de la remise de cette décoration, le journal « l’express de l’Est et des Vosges » du 14 décembre publie l’article suivant rédigé par François Blaudez :

 

« C’est avec le plus grand plaisir que tous les Spinaliens ont appris la nouvelle de la promotion de Monsieur Henri Fréville au grade de commandeur du Mérite agricole, car le directeur de nos promenades, magicien de nos jardins, a su conquérir l’estime de tous.

 

Cette nouvelle distinction, qui vient s’ajouter aux glorieuses croix et médailles dont s’ornait déjà la poitrine de Monsieur Fréville, est particulièrement méritée.

 

Henri Fréville n’est pas seulement un technicien doublé d’un artiste délicat, c’est un apôtre et un propagandiste, au dévouement inlassable, qui fit et fait chaque jour la plus utile besogne pour le développement de l’horticulture.

 

Depuis 1905, il a la charge de l’entretien de nos promenades et de nos jardins. Sans amoindrir la valeur de son prédécesseur, nous devons dire que sous sa baguette magique, cette fine baguette de bambou qui complète sa silhouette familière, les plus heureuses transformations ont embelli la parure de la ville.

 

Le cours est devenu une sorte de jardin botanique par les essences et les plantes rares qu’il y dispose. La science de l’harmonie et de la couleur y apparaît chaque été dans les parterres et les corbeilles fleuries, possédant chacune un dessin particulier et original.

 

L’admirable parc du château a, lui aussi, heureusement bénéficié de ses soins.

 

C’est à Henri Fréville que nous devons l’idée et la réalisation de la roseraie municipale, merveilleux Éden fleuri qui fait l’admiration des visiteurs et des touristes, concourt par delà même les frontières à la réputation de bon goût de la ville d’Épinal.

 

Monsieur Fréville a enfin créé quatre nouveaux squares et le terrain de jeu de Chantraine.

 

Telle est l’œuvre apparente de tous du technicien et de l’artiste.

 

Mais que penser de son œuvre qui demeure poursuivie dans les serres municipales pour réaliser avec la plus scrupuleuse économie, la parade chaque année renouvelée de notre cité ?

 

Il nous faut maintenant dire l’action de l’apôtre et du propagandiste.

 

Depuis 1906, comme secrétaire plus comme secrétaire général de la société d’horticulture des Vosges (fonctions qu’il assume bénévolement), Henri Fréville consacre tous ses rares loisirs à des tournées de conférence dans les plus grands centres et même dans les plus humbles bourgades. Chaque assemblée mensuelle est en outre pour lui l’occasion de donner de précieux et pratiques conseils à de nombreux amateurs de jardins.

 

Ainsi, grâce à lui, l’art de l’horticulture si agréable et si utile pour l’économie domestique prend, depuis nos Vosges, un merveilleux essor.

 

Tels sont les titres magnifiques, qui valent à Henri Fréville, la haute distinction que le gouvernement vient de lui accorder. Il nous a été agréable de les rappeler malgré la modestie de celui qui en est l’objet. Et c’est en toute sincérité que nous lui renouvelons nos plus sincères félicitations. »

 

Pour prendre connaissance de la généalogie de la famille Fréville, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante.

 

log geneanet

 

L’adjudant-chef Fréville possède un dossier individuel dans la base de données « Léonore » sur le site des archives nationales. Pour le consulter, il suffit de cliquer une fois sur l’image suivante et d’inscrire son nom et ses prénoms dans la rubrique appropriée pour avoir accès aux documents.

 

Site base Leonore

 

Sources :

 

La fiche signalétique et des services de l’adjudant-chef Fréville et les registres d’état civil de la ville de Souchez ont été consultés sur le site des archives départementales du Pas-de-Calais.

 

Articles de presse publiés dans le journal « l’express de l’est et des Vosges ».

 

« Et le temps à nous, est compté » Lettres de guerre (1914-1919) Albert Marquand. Présentation de Francis Barbe, postface du Général André Bach.

 

La photographie de groupe représentant les sous-officiers de la 10e compagnie du 149e R.I. est extraite du fonds Gérard (collection personnelle).

 

Un grand merci à M. Bordes, à R. Mioque, à A. Carobbi, à F.Barbe, aux archives départementales du Pas-de-Calais et au Service Historique de la Défense de Vincennes. 

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